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12 octobre 2017 4 12 /10 /octobre /2017 12:48

La loi Hulot sur les hydrocarbures votée par l'Assemblée Nationale le 10 octobre devait permettre de tenir les engagements pris lors de la COP21. Par Maxime Combes, économiste, membre d’Attac France, auteur de "Sortons de l'âge des fossiles!", et Nicolas Haeringer, chargé de campagne pour 350.org, auteur de "Zéro Fossile" . Lire aussi « Aux députés français d’aller plus loin que la loi Hulot dans la lutte contre le réchauffement » et Hydrocarbures : le gouvernement a plié devant les intérêts miniers.

Vue aérienne du gisement de Lacq, dans les Pyrénées Atlantiques UIG via Getty Images

Vue aérienne du gisement de Lacq, dans les Pyrénées Atlantiques UIG via Getty Images

"J'ai été élu pour représenter les citoyens de Pittsburgh, pas de Paris", affirmait Donald Trump au mois de juin pour justifier sa décision de sortir de l'Accord de Paris. En citant la ville qui fut la capitale mondiale du charbon et de l'acier, et est désormais un emblème de la "révolution" des gaz de schiste aux États-Unis, Trump envoyait un message clair : entre le climat et les intérêts de l'industrie fossile, il avait choisi.

Un choix qui a le mérite de montrer, par un effet de miroir, l'horizon d'une politique climatique ambitieuse: suivre le chemin inverse de celui choisi par Trump. Autrement dit: assumer de prendre des décisions qui vont directement à l'encontre de l'industrie fossile.

La loi Hulot sur les hydrocarbures, qui doit-être votée par l'Assemblée nationale ce mardi 10 octobre, devait jouer ce rôle. Celui d'un symbole, d'un signal envoyé au reste de la communauté internationale: tenir les engagements pris lors de la COP21 (maintenir le réchauffement au plus près des 1,5°C) implique de redonner aux États le pouvoir de dire 'Non'. Non aux projets de l'industrie fossile, non à notre dépendance aux hydrocarbures, non aux lobbies industriels désireux de prolonger leur rente aussi longtemps que possible, quel qu'en soit le coût climatique et social.

Nous avions rendu compte, en amont de la COP21, du refus de la communauté internationale d'envisager, si ce n'est une interdiction, a minima des restrictions à l'exploitation des énergies fossiles. Nous nous attendions donc à ce que l'industrie fossile réagisse et à ce que les forces conservatrices déploient toute leur énergie pour maintenir l'existant –c'est-à-dire la possibilité de forer toujours plus loin et plus profond. En ouverture du débat parlementaire, Nicolas Hulot exhortait les députés à se montrer courageux, en soulignant la dimension libératrice de l'interdiction d'explorer et d'exploiter des gisements d'hydrocarbures: son texte de loi devait nous permettre de "retrouver notre liberté -liberté de renoncer à notre addiction aux hydrocarbures".

Grâce à une mobilisation rapide (plusieurs milliers de messages envoyés aux député.e.s siégeant dans les commissions "Affaires économiques" et "Développement durable" de l'Assemblée nationale) et à un gros travail de plaidoyer de 350.org, des Amis de la Terre, d'Attac France et des collectifs en lutte contre l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures de schiste et de couche, le texte de loi était arrivé renforcé devant l'ensemble des député.e.s.

Las, au gré d'amendements d'un gouvernement et de députés plus enclins à écouter les tenants de l'immobilisme que ceux qui, depuis des années, se mobilisent pour "mettre fin aux énergies fossiles", le projet de loi a été affaibli. Ainsi, par exemple, la fin annoncée de l'exploitation des énergies fossiles en 2040 est désormais assortie de trop nombreuses exceptions: pour le gisement de Lacq qui, toute proportion gardée, est à la France pour le gaz ce que Pittsbugh est aux États-Unis pour le charbon, pollutions locales comprises. Exception, également, pour les concessions déjà délivrées dont le terme va au-delà de 2040. Exception, toujours, pour les concessions qui ne permettraient pas aux industriels de rentrer dans leurs frais à temps. Au nom d'une conception datée de la "liberté d'entreprendre" le gouvernement a préféré protéger les droits des industriels, plutôt que commencer à résoudre le défi de ce début de 21e siècle: faire en sorte que le droit des affaires, notamment le droit minier et la liberté d'entreprendre, soient enfin soumis à l'impératif climatique.

Les reculs sur le projet de loi Hulot prouvent que notre maison brûle et que nous votons ailleurs

Nicolas Hulot n'a en effet cessé d'expliquer que le gouvernement craignait une censure des mesures contenues dans les amendements allant dans le sens d'un renforcement du texte, pour mieux justifier leur rejet. Il met ainsi en évidence le fait que notre droit (notamment le code minier et son emblématique "droit de suite") n'est pas adapté à notre époque et au défi que représente la lutte contre le réchauffement climatique. Il prouve également que l'État avance plus lentement que les juges, qui ont déjà largement intégré le fait que le droit de l'environnement devait primer sur les intérêts des industriels. Il montre enfin que l'État a une vision étriquée du droit et de son évolution: le droit n'est pas qu'une force conservatrice. Il change, s'adapte, se transforme -par le travail législatif et, parfois, dans des rapports de force, par des conflits d'interprétation. Bref: le droit n'est pas une entité figée, mais un cadre mouvant, dont l'appropriation sociale n'est pas la moindre des dynamiques transformatrices.

Les reculs du gouvernement sur le projet de loi Hulot nous montre que l'État n'a toujours pas pris la mesure de l'état d'urgence climatique dans lequel nous sommes. Il ne s'agit pas du renoncement d'un homme (Nicolas Hulot) qu'il faudrait vouer aux gémonies, mais du symptôme d'un mal plus profond. Nous continuons à faire de la politique et à voter des lois comme si le réchauffement climatique était une menace abstraite, distante. Comme s'il suffisait d'un peu de communication et de quelques modifications à la marge de cette fabuleuse machine à réchauffer la planète qu'est notre système économique.

Comme Nicolas Hulot le faisait (presque) dire à Jacques Chirac, dans le discours que le premier avait écrit pour le second, "notre maison brûle et nous votons ailleurs".

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11 octobre 2017 3 11 /10 /octobre /2017 09:01

Le réchauffement climatique entraîne le dégel de ce permafrost, libérant des gaz à effet de serre qui accélèrent le phénomène. Par Simon Roger, envoyé spécial Ile de Samoïlov, Tiksi, Iakoutsk (Russie), le 10 octobre 2017 pour Le Monde.

Depuis 1998, des chercheurs allemands se relaient chaque année dans le delta de la Léna pour étudier les sols gelés. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

Depuis 1998, des chercheurs allemands se relaient chaque année dans le delta de la Léna pour étudier les sols gelés. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

Naviguer entre les 1 500 îles disséminées dans le delta de la Léna requiert une concentration sans faille, un œil fixé sur le radar du bateau pour éviter les bancs de sable, un autre à l’affût des amers côtiers qui ponctuent cette immensité de terre et d’eau. Avant de se jeter dans la mer de Laptev, au nord de la Sibérie, le fleuve est si large que ses rives dessinent un trait flou sur la ligne d’horizon.

L’île de Samoïlov est reconnaissable à la cabane en bois, construite près du rivage, où cohabitent quelques scientifiques et les gardes de la réserve naturelle qui couvre l’embouchure du fleuve et les contreforts des monts Karaoulakh. Or une lente et irréversible érosion menace de livrer le petit édifice aux flots de la Léna. À terme, c’est l’île elle-même qui pourrait disparaître. Les fortes crues qui suivent la fonte des glaces, au printemps, fragilisent les côtes de Samoïlov.

Mais l’îlot de 5 km2 pâtit surtout de la dégradation du permafrost sous l’effet du réchauffement climatique. Appelés aussi pergélisol, ces sols dont la couche supérieure dégèle en saison chaude conservent en profondeur une température en dessous de zéro degré pendant au moins deux ans consécutifs.

« L’écosystème de Samoïlov fait face à une potentielle extinction », conclut prudemment un article de la revue Biogeosciences consacré à l’étude du site. Pour l’Allemande Julia Boike, qui a coordonné l’étude, et ses collègues de l’Institut Alfred Wegener pour la recherche polaire et marine (AWI), pas question de se résoudre à cette perspective.

Chaque année, d’avril à septembre, les chercheurs de l’AWI et leurs partenaires russes de l’Institut de recherche sur l’Arctique et l’Antarctique de Saint-Pétersbourg et de l’Institut Melnikov du permafrost de Iakoutsk se relaient sur Samoïlov afin d’y étudier l’altération des sols sédimentaires, les transformations du paysage et les interactions entre réchauffement du climat et dégel du permafrost.

En mission en septembre sur Kouroungnakh, l’île voisine de Samoïlov, un groupe de scientifiques allemands examinent la dégradation d’un type de permafrost très riche en glace. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

En mission en septembre sur Kouroungnakh, l’île voisine de Samoïlov, un groupe de scientifiques allemands examinent la dégradation d’un type de permafrost très riche en glace. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

Deux tiers de la superficie russe

L’île, équipée d’une station de recherche moderne financée par l’Institut Trofimouk du pétrole, de géologie et de géophysique de Novossibirsk, est un poste d’observation privilégié : le pergélisol occupe 95 % du territoire sibérien et les deux tiers de la superficie russe. A plus large échelle, les sols gelés couvrent le quart de l’hémisphère Nord, principalement en Alaska, au Canada, au Groenland, en Russie et en Chine.

L’Europe occidentale se distingue par un permafrost de type alpin, présent dans plusieurs massifs montagneux. D’une composition et d’une géodynamique différentes de celles de son cousin des hautes latitudes, il est sensible, comme lui, aux variations climatiques. Le 23 août, un glissement de terrain provoqué par le dégel du pergélisol a emporté huit randonneurs près du village suisse de Bondo.

« Le permafrost sibérien est à certains endroits très ancien, pouvant remonter au pléistocène [– 2,6 millions d’années à – 11 000 ans], avance Julia Boike. Il est très froid, à une température de – 9 °C environ, et il est très profond. On en a trouvé à près de 1 500 mètres de profondeur dans le nord de la Iakoutie. »

Depuis 1998, des chercheurs allemands se relaient chaque année dans le delta de la Léna pour étudier les sols gelés. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

Depuis 1998, des chercheurs allemands se relaient chaque année dans le delta de la Léna pour étudier les sols gelés. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

« À Samoïlov, il a pour autre caractéristique d’être relativement stable et très riche en matières organiques avec la présence de tourbières », ajoute l’enseignante-chercheuse avant d’enfiler d’épaisses bottes en plastique, indispensables pour progresser dans la toundra spongieuse qui domine à la surface de Samoïlov. Les jeunes doctorants qui l’accompagnent, ce matin de septembre, embarquent avec elle pour Kouroungnakh. L’île voisine présente d’imposants complexes de glace et un relief modelé par les thermokarsts, ces affaissements de terrains anciennement gelés.

Les vallées arpentées six heures durant par les chercheurs de l’AWI ruissellent d’eau. « Nous voulons comprendre si l’eau qui irrigue le terrain provient des précipitations saisonnières ou si elle résulte des blocs de glace qui fondent avec la dégradation des sols », explique la géomorphologue Anne Morgenstern, sac à dos rempli d’échantillons d’eau prélevés tout au long du trajet et carnet de notes à portée de main.

Une sorte d’immense congélateur

Le réchauffement du permafrost, en Sibérie comme dans les autres régions où les scientifiques ont déployé leurs instruments de mesures, est avéré. Grâce aux capteurs disposés dans plusieurs puits, forés parfois jusqu’à 100 mètres de profondeur, l’équipe germano-russe de l’expédition Léna a enregistré une augmentation de température de 1,5 à 2 °C depuis 2006.

« On assiste à une réelle tendance au réchauffement dans le sol et à une hausse des températures atmosphériques hivernales, confirme Julia Boike. Si le gradient thermique change, c’est toute la balance des flux d’énergie, d’eau, de gaz à effet de serre qui s’en trouve modifiée. » Un constat préoccupant alors que l’Arctique contribue à la régulation de toute la machine climatique terrestre.

« Le permafrost est un immense congélateur, schématise Torsten Sachs, du Centre de recherche allemand pour les géosciences (GFZ), qui entame sa huitième mission sur l’île. Si vous laissez la porte du congélateur ouverte, votre pizza dégèle, votre crème glacée fond et les microbes se nourrissent de ces éléments organiques ! » À défaut de denrées consommables, le pergélisol libère des matières organiques qui, soumises à l’activité microbienne, produisent du CO2 en présence d’oxygène ou du méthane en milieu anaérobique, à l’instar des tourbières de Samoïloov.

Ces deux gaz à effet de serre (GES) participent à l’élévation de la température qui entretient la destruction du permafrost et le largage de GES. La communauté de la recherche périglaciaire, qui nomme le phénomène « rétroaction liée au carbone du pergélisol », estime que les sols gelés stockeraient 1 500 gigatonnes de carbone, le double de la quantité de carbone dans l’atmosphère.

Sur une des îles du delta de la Léna, ce forage, qui descend à 100 mètres de profondeur, permet d’étudier l’évolution des températures des sols gelés. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

Sur une des îles du delta de la Léna, ce forage, qui descend à 100 mètres de profondeur, permet d’étudier l’évolution des températures des sols gelés. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

Réchauffement supplémentaire

Dans quelle proportion de dioxyde de carbone et de méthane le carbone relâché par les sols en dégel se fait-il ? Sachant que le méthane crée 25 fois plus d’effet de serre sur un siècle que le CO2. « C’est l’un des grands débats à venir », confesse Gerhard Krinner, chercheur CNRS à l’Institut des géosciences de l’environnement de Grenoble.

L’inquiétude est d’autant plus forte que les modèles pris en compte dans les scénarios de réchauffement du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) n’intégraient pas, jusqu’à présent, ce mécanisme de rétroaction du pergélisol. « Le réchauffement supplémentaire attribuable au dégel du permafrost est de l’ordre de 10 % », avance Gerhard Krinner. Les émissions du permafrost pourraient ainsi faire grimper le thermomètre de 0,3 °C d’ici 2100.

Dans le laboratoire de la station de recherche, maintenue à une température constante grâce à la centrale thermique alimentée par trois gros générateurs au bruit assourdissant, les chercheurs scrutent les courbes de ces gaz à effet de serre rejetés dans l’atmosphère. Les pics de méthane se répètent en été, mais l’analyse des données reste un exercice délicat dans ces hautes latitudes. La première période de mesure (2002-2012) s’est faite sans les équipements automatisés dont dispose la base moderne, opérationnelle depuis 2013.

Trois ans plus tôt, lors d’une visite à Samoïlov, le président russe Vladimir Poutine avait estimé que la coopération germano-russe sur le permafrost méritait des infrastructures plus performantes. Jusque-là, les chercheurs de l’AWI – dont la première mission sur l’île remonte à 1998 – devaient se contenter du strict minimum et se trouvaient contraints de dormir sous des tentes de toile, de se chauffer à partir du bois flotté charrié par la Léna et d’utiliser la cabane des gardes de la réserve comme quartier général.

Le bâtiment principal de la base de recherche russe, sur l’île de Samoïlov, en septembre. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

Le bâtiment principal de la base de recherche russe, sur l’île de Samoïlov, en septembre. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

À quel rythme ?

L’hivernage était alors inenvisageable. « On ne pouvait tout simplement pas enregistrer de données en hiver, témoigne Torsten Sachs. Il aurait fallu alimenter le générateur extérieur de l’époque tous les trois jours, parfois par – 40 °C, en pleine nuit polaire. » Les autres limites à l’interprétation des données collectées sont plus classiques. Dix ans constituent une période d’étude trop courte pour dégager une tendance de l’évolution des flux gazeux sur le long terme. Il faudrait aussi multiplier les points d’observation, une gageure en Sibérie, dont la superficie équivaut à plus de vingt fois la France.

À bonne distance de la nouvelle station, peinte aux couleurs du drapeau russe, l’équipe de l’AWI achève l’installation d’un « igloo » qui accueillera en 2018 le matériel informatique et électrique de la nouvelle tour météorologique. Le cocon de fibre de verre devrait offrir des conditions d’enregistrement stables, à l’abri des rafales du vent ou des tempêtes de neige qui sévissent pendant l’hiver sibérien. Comme les autres édifices bâtis sur l’île, l’igloo a un socle sur pilotis afin d’absorber les mouvements du terrain. En un an seulement, le terrain s’est affaissé de 10 cm autour des piliers de la première tour météo.

À distance de la nouvelle station de recherche russe, opérationnelle depuis 2013, un igloo en fibre de verre est installé pour protéger les équipements des conditions extrêmes des hautes latitudes. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

À distance de la nouvelle station de recherche russe, opérationnelle depuis 2013, un igloo en fibre de verre est installé pour protéger les équipements des conditions extrêmes des hautes latitudes. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

« Qu’il existe une interaction entre réchauffement du climat et dégel du permafrost, cela ne fait plus aucun doute », affirme Peter Schreiber entre deux séances d’assemblage des panneaux de l’igloo. « La question, désormais, est d’évaluer à quel rythme le permafrost va continuer de se désagréger et comment la nature va réagir à ce processus », considère l’ingénieur chargé de la station météo.

La nature reste la grande ordonnatrice face aux bouleversements que subit la Sibérie arctique, estime Fédor Selvakhov. Le chef de la station de recherche veut bien admettre certains changements dans l’environnement qui l’entoure : « Il y a vingt ans, par exemple, il n’y avait pas un seul arbre dans la région, juste la végétation rase de la toundra. En me déplaçant dans le delta l’année dernière, j’ai vu des arbres de 2 mètres de haut. »

Mais ce Iakoute né au bord de la Viliouï, un affluent de la Léna, ne croit pas aux causes anthropiques du changement climatique. « C’est le cycle de la nature. Il faisait chaud ici il y a deux cents ans, puis il a fait plus froid, et on assiste aujourd’hui à une nouvelle période chaude », soutient-il, à son bureau décoré de fossiles découverts dans les environs.

Défenses de mammouth

Quant au pergélisol, « il se réchauffe peut-être, mais pas vite ». « Lorsque l’on extrait du sol une défense de mammouth, on se rend compte que l’autre extrémité, celle encore prise dans la terre, est toujours gelée. C’est bien le signe que le permafrost demeure très froid », argumente le responsable. Conséquence inattendue du dégel des sols du Grand Nord, la chasse aux ossements fossilisés prospère en Sibérie.

Günter Stoof, alias « Molo », comprend la mentalité de ses amis russes. « C’est la nature qui décide, pas l’homme », soutient le technicien de l’AWI qui a séjourné le plus de temps sur Samoïlov. À 65 ans, il jure que cette saison sera la dernière d’une carrière riche de 48 expéditions en Arctique et en Antarctique. Originaire d’Allemagne de l’Est, il a été le plus jeune membre de l’expédition soviétique de près de deux ans (1975-1977) chargée de construire une base en Antarctique. Il a ensuite multiplié les séjours, seul ou en équipe, dans les régions polaires.

Günter Stoof, spécialiste des régions polaires, est celui qui a séjourné le plus longtemps sur la station sibérienne. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

Günter Stoof, spécialiste des régions polaires, est celui qui a séjourné le plus longtemps sur la station sibérienne. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

Au gré du parcours de Molo, une autre histoire s’esquisse, celle de la coopération entre la RDA et l’URSS pendant la guerre froide. Après la chute du mur de Berlin, un comité scientifique avait été chargé de réfléchir au fonctionnement de la recherche de l’Allemagne réunifiée. Il avait recommandé de maintenir cette expertise polaire et de la structurer autour de l’unité de recherche de l’AWI basée à Postdam. « On y a retrouvé des spécialistes comme Molo ou Christine Siegert, qui avaient vingt ans d’expérience sur le permafrost par leur travail en commun avec les Russes », retrace Anne Morgenstern.

L’étude des sols gelés s’est propagée en Russie dès le début du XXsiècle, accompagnant les choix stratégiques de Moscou. La politique d’extension vers les territoires de l’Est et du Nord, riches en hydrocarbures et en ressources minières, ne pouvait se faire sans la construction du Transsibérien. Mais pour mener à bien ce projet titanesque, il fallait d’abord développer une science de l’ingénierie sur le permafrost, omniprésent dans ces régions.

Un Institut du permafrost est créé à Moscou à la fin des années 1930, il est déplacé à Iakoutsk en 1960. La grande ville de l’Est sibérien repose intégralement sur des sols gelés. Deux galeries souterraines (à 4 et 12 m de profondeur), creusées sous les fondations de l’institut, offrent un accès « direct » au pergélisol. Les strates sableuses des parois témoignent de l’histoire géologique de la ville, construite sur une terrasse alluviale de la Léna.

À 12 mètres de profondeur, une galerie a été creusée sous l’Institut Melnakov, à Iakoutsk, pour observer in situ le permafrost. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

À 12 mètres de profondeur, une galerie a été creusée sous l’Institut Melnakov, à Iakoutsk, pour observer in situ le permafrost. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR LE MONDE

Anthrax et vastes cratères

De lourdes portes maintiennent la température des galeries sous zéro degré. « Le dégel du permafrost constitue un danger pour la planète, mais à l’échelle de la Iakoutie, pour le moment, il reste assez stable », relativise Mikhaïl Grigoriev, l’un des deux vice-présidents de l’institut, avant d’ajouter : « Dans d’autres régions, en revanche, les effets du dégel sont plus visibles, notamment à Iamal. »

Après un été 2016 anormalement chaud, la péninsule de l’ouest de la Sibérie a subi une épidémie d’anthrax – pour la première fois en Russie depuis 1941, selon l’Institut d’épidémiologie de Moscou – provoquée par le dégel du permafrost dans lequel la bactérie était conservée. Le territoire de la Iamalo-Nénétsie a fait également la « une » des médias russes après la découverte de vastes cratères. Ils résulteraient là encore du réchauffement du permafrost. « La région est riche en gaz. En dégelant, les sols libèrent des bulles gazeuses qui expliquent ces explosions », analyse M. Grigoriev.

Aucun phénomène de ce type n’a été, pour l’instant, observé à Samoïlov, ni même en Alaska ou dans le Nord canadien. Un réseau mondial, le Global Terrestrial Network for Permafrost (GTN-P), agrège aujourd’hui les informations de plus de 250 sites. Il a pour double objectif de « mutualiser les connaissances mais aussi valider les nouveaux modèles climatiques », résume Hugues Lantuit, chercheur à l’AWI, l’institution référente du réseau.

Un nouveau pan de recherche se développe par ailleurs sur le permafrost alpin. La prochaine Conférence européenne du permafrost, en juin 2018, à Chamonix, devrait permettre un état des lieux de ces travaux, bien avancés en Suisse mais encore embryonnaires en France.

L’érosion côtière et ses impacts économico-sociaux deviennent un autre sujet de préoccupation, le tiers des côtes du monde entier étant situé dans des zones de pergélisol. En mer de Laptev ou en mer de Beaufort (en Amérique du Nord), l’érosion du littoral atteint à certains endroits plus de huit mètres par an et conduit des communautés villageoises à planifier leur relocalisation. À Samoïlov, la cabane en bois construite près du rivage tient toujours debout. Mais pour combien de temps ?

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10 octobre 2017 2 10 /10 /octobre /2017 12:13

Durant dix-huit mois, Greenpeace a fait travailler des experts internationaux sur la protection de notre parc nucléaire face au risque terroriste. Les conclusions sont inquiétantes. Par Erwan Benezet le 10 octobre 2017 pour Le Parisien. Lire aussi Anomalies en série dans les centrales nucléaires, Le talon d’Achille du nucléaire français et Nucléaire : les entrailles du démantèlement.

Centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube). LP/Aurélie Ladet

Centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube). LP/Aurélie Ladet

Ils sont sept. Sept experts des questions nucléaires et du terrorisme, mandatés par l'ONG de défense de l'environnement Greenpeace pour échafauder les pires scénarios d'attaques sur nos 19 centrales nucléaires. Objectif : identifier les failles de sécurité, et alerter les pouvoirs publics et EDF, l'exploitant de notre parc nucléaire, sur le danger que cela représente.

Sauf que les conclusions du rapport sont tellement alarmistes que les experts et Greenpeace, pourtant rompus aux hypothèses les plus inquiétantes, ont décidé de ne rendre publique ce mardi matin qu'une version « light », expurgée des informations les plus sensibles. « Il s'agit d'alerter l'opinion et les pouvoirs publics, justifie Yannick Rousselet, chargé de campagne auprès de Greenpeace. Pas de donner des idées à des personnes mal intentionnées. » Au final, seules sept copies du rapport sont remises ce matin par Jean-François Julliard, le directeur général de Greenpeace France, à différents hauts fonctionnaires en charge des questions de défense et de sécurité au sein des institutions (ASN, IRSN et Cossen) et du gouvernement. « Le Parisien » - « Aujourd'hui en France » est le seul média à avoir pu consulter l'intégralité du rapport.

«Un déficit historique de la protection de nos installations»

Que nous apprend-il ? « Que nous connaissons un déficit historique de la protection de nos installations, et notamment des piscines de refroidissement, s'alarme Yves Marignac, l'un des contributeurs du rapport. À l'époque du lancement du programme nucléaire français, l'attention a été portée uniquement sur le risque d'emballement du coeur du réacteur. L'évolution du risque terroriste en quarante ans change tout. » Et le rapport de pointer du doigt le fait qu'aucune instance coordonnée n'existe sur la sécurité nucléaire. « Contrairement à d'autres pays, l'Autorité de sûreté nucléaire (NDLR : ASN) ne s'occupe que des questions de sécurité », reconnaît Pierre-Franck Chevet, son président.

Risque terroriste : des failles dans la sécurité des centrales nucléaires

Sollicités, ni le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, ni le haut fonctionnaire de défense et de sécurité rattaché à l'Environnement, Christophe Quintin, n'ont souhaité répondre à nos questions. L'opérateur EDF a, en revanche, bien voulu détailler les mesures de sécurité existant autour de nos centrales. Des mesures très insuffisantes, selon Greenpeace, et qui devraient impérativement être renforcées.

Les experts du rapport ont sorti leur calculette. Le renforcement des 58 piscines coûterait entre 1,6 et 2,26 Mds€ par piscine de réacteur. Celui des quatre piscines principales de La Hague, entre 11,6 et 22,6 Mds€. Et celui des 58 réacteurs (hors piscines), entre 2,7 et 3,8 Mds€ par réacteur. Au total, ce sont donc entre 140 et 222 Mds€ qu'il faudrait débourser pour mener à bien ce gigantesque chantier. Soit entre trois et cinq fois ce qu'EDF a prévu de dépenser pour prolonger la durée de vie des centrales... Mais ne pas le faire pourrait nous coûter encore bien plus cher. 

Comment ont travaillé les experts auteurs du rapport ?

Il leur aura fallu dix-huit mois de travail pour venir à bout de la montagne de documents et d'informations accumulés, et imaginer le pire pour éviter qu'il ne survienne. Parmi ces sept experts, il y a trois Français, une Allemande, deux Britanniques et un Américain. Ils sont ingénieurs, chercheurs ou encore docteurs en physique nucléaire. Certains ont travaillé pour le CEA (Commissariat à l'énergie atomique). D'autres collaborent encore régulièrement avec l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), un institut public directement rattaché aux ministres chargés de la Défense, de l'Energie, de l'Industrie, de la Recherche et de la Santé.

EDF écarté

Comment ont-ils procédé ? « Il s'agissait d'abord de réunir des personnalités reconnues, y compris par les autorités, explique Yannick Rousselet, le chargé de campagne de Greenpeace. Mais il fallait également une vision internationale, afin que chacun puisse en plus apporter l'expérience de son propre pays. »

Tous connaissent les installations nucléaires françaises par cœur, pour les avoir visitées de nombreuses fois. Ils ont également puisé dans leurs travaux antérieurs, qu'ils ont compilés, agrégés et réactualisés, afin de coller au plus près au contexte d'aujourd'hui. Le résultat est détaillé à l'extrême : types d'armes, stratégies d'attaque, terrains utilisés (par voie aérienne, terrestre ou maritime) ou engins (avions, hélicoptères, drones...), rien n'est laissé au hasard. D'où la décision prise avec Greenpeace de ne rendre publique qu'une petite partie de leur rapport. « EDF en revanche n'a pas été mis dans la boucle afin de pouvoir travailler en toute indépendance », précise l'un des contributeurs du rapport.

Zoom sur deux cas sensibles

L'usine de la Hague (Manche) est le plus grand centre de retraitement de de déchets nucléaires au monde.  PhotoPQR/«L'Est Républicain»/Alexandre Marchi

L'usine de la Hague (Manche) est le plus grand centre de retraitement de de déchets nucléaires au monde. PhotoPQR/«L'Est Républicain»/Alexandre Marchi

Le cas de la Hague interpelle. Situé à 25 km à l'ouest de Cherbourg (Manche), le site de la Hague représente le plus grand centre de retraitement de déchets nucléaires au monde. « Comment un site aussi sensible peut-il faire l'objet d'aussi peu de protection ? » s'interrogent les sept experts. En effet, il n'y a pas de dispositif de sécurité particulier pour cette installation unique au monde. « On y trouve autant de combustible usé entreposé dans les quatre piscines qu'il y a de combustible chargé ou en refroidissement dans les 58 réacteurs d'EDF », est-il détaillé dans le rapport. Soit 9 955 t à la Hague, contre 9 823 t dans l'ensemble des réacteurs de l'Hexagone, selon les derniers chiffres de l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) en 2013. Soit encore l'équivalent de 116 cœurs de réacteurs, usés mais toujours hautement radioactifs.

Centrale nucléaire de Gravelines (Nord). LP/Olivier Corsan

Centrale nucléaire de Gravelines (Nord). LP/Olivier Corsan

Les piscines, talon d'Achille du parc français. La France dispose de 62 piscines de refroidissement : une par réacteur (58), et 4 à La Hague. « Contrairement aux huit réacteurs encore en fonctionnement en Allemagne, les piscines françaises sont toutes situées en dehors du bâtiment réacteur, bien moins protégées », explique Oda Becker, la contributrice allemande du rapport. « Si leur fond est renforcé avec du béton armé et un revêtement étanche en acier, les structures qui les recouvrent tiennent davantage du hangar agricole que de l'édifice nucléaire », renchérit Yannick Rousselet, chargé de campagne de Greenpeace.

Ces piscines sont remplies d'eau, jusqu'à sept mètres au-dessus du combustible. À la fois pour « refroidir » ce dernier et protéger le personnel contre la radioactivité. « Si ce bâtiment est endommagé par une attaque, peut-on lire dans le rapport, la diminution du niveau de l'eau entraîne en quelques heures de graves rejets radioactifs. Et à terme, la fonte de toute la piscine. » « A Fukushima, si les piscines avaient elles aussi été touchées, renchérit Yves Marignac, coauteur du rapport, ce sont alors les 14 millions d'habitants de la ville de Tokyo, pourtant située à 260 km, qui auraient dû être évacués. »

Sécurité des installations nucléaires : les mesures à prendre en priorité

Quelles mesures pour assurer l'intégrité de nos centrales nucléaires, alors qu'un rapport de Greenpeace pointe un « déficit historique de la sécurité de nos installations » ?

Face aux fragilités de nos centrales, les auteurs du rapport préconisent un certain nombre de mesures. À commencer par la plus concrète d'entre elles : améliorer la protection physique des installations par leur « bunkérisation ». Pour les piscines de refroidissement, tout d'abord. Deux solutions : il faudrait soit les déplacer dans le bâtiment réacteur, mieux protégé ; soit construire autour d'elles une vraie structure protectrice de type « coque avion », à l'instar de ce qui a été fait sur l'EPR, le réacteur nouvelle génération, actuellement en construction à Flamanville dans la Manche.«»

Mais d'autres éléments ne doivent pas être oubliés. Les stations de pompage, par exemple, sont aujourd'hui mises de côté, estiment les auteurs du rapport. Leur rôle est pourtant essentiel puisqu'elles puisent dans une rivière ou la mer l'eau qui permet de refroidir le combustible, dans le cœur du réacteur ou dans les piscines. On se souvient d'invasions de méduses, de moules ou d'algues bouchant l'entrée de canalisations, comme à Gravelines (Nord). La logique est la suivante : si ces édifices sont vulnérables aux intempéries, ils peuvent aussi l'être en cas d'intentions malveillantes. « Il a fallu la grande tempête de 1999, se souvient Yannick Rousselet, chargé de campagne auprès de Greenpeace, quand la centrale du Blayais (Gironde) s'est retrouvée sous les eaux, pour prendre des mesures anti-inondation comme la construction et le rehaussement de murets. »

Dix ans plus tard, la catastrophe de Fukushima poussera l'Europe à effectuer des « stress tests » sur l'ensemble de ses centrales pour vérifier leur capacité de résistance à un accident nucléaire. Des travaux post-Fukushima ont été effectués un peu partout. Le rapport commandé par Greenpeace conclut qu'il faut aujourd'hui, face au risque terroriste, suivre la même démarche.

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8 octobre 2017 7 08 /10 /octobre /2017 10:47

Le comité norvégien a récompensé la Coalition internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN, qui regroupe près de 500 ONG) pour avoir été à l’initiative du traité d’interdiction de l’arme atomique, qu’aucun pays de l’OTAN ou membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU n’a voté. Par Marc Semo le 7 octobre 2017 pour Le Monde.  Lire aussi Désarmement nucléaire : Une chance historique et Nucléaire et démocratie dans « Le meilleur des mondes ».

Les dirigeants de l’ICAN Beatrice Fihn, Daniel Hogsta et Grethe Ostern au siège de leur coalition à Genève le 6 octobre. MARTIAL TREZZINI/ AP

Les dirigeants de l’ICAN Beatrice Fihn, Daniel Hogsta et Grethe Ostern au siège de leur coalition à Genève le 6 octobre. MARTIAL TREZZINI/ AP

Très symboliquement, le traité d’interdiction totale des armes nucléaires a été ouvert à la ratification, le 20 septembre, lors de l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) à New York, au lendemain des propos incendiaires du président américain, Donald Trump, menaçant d’« anéantir la Corée du Nord ».

Approuvé en juillet par 122 États membres de l’ONU sur 192, ce texte est le résultat d’une longue bataille commencée en 2007 par l’International Campaign to Abolish Nuclear Weapons (ICAN), une coalition de près de 500 organisations non gouvernementales agissant dans 95 pays et saluée, vendredi 6 octobre, par le prix Nobel de la paix.

« Nous vivons dans un monde où le risque d’une utilisation des armes nucléaires est plus grand qu’il ne l’a jamais été depuis longtemps », a expliqué Berit Reiss-Andersen, présidente du comité Nobel norvégien, justifiant le choix du jury. L’objectif est d’encourager les efforts pour un désarmement nucléaire alors que s’exacerbent les tensions en Asie du Nord-Est, avec la fuite en avant de Pyongyang défiant Washington, comme au Moyen-Orient, alors que le président américain menace de remettre en cause l’accord mettant sous contrôle pour dix ans le programme nucléaire de Téhéran.

« L’élection du président Trump a mis beaucoup de gens très mal à l’aise à l’idée qu’il puisse, à lui seul, autoriser l’utilisation des armes nucléaires », a précisé Beatrice Fihn, la directrice de l’ICAN, qui a appelé « les nations à interdire dès maintenant » l’arme atomique.

Le traité entrera en vigueur quand il aura été ratifié par cinquante États. Il ne s’appliquera qu’à ceux qui l’auront signé et ratifié. Ce texte de dix pages vise à une mise hors-la-loi internationale des armes nucléaires, comme le sont déjà les armes biologiques depuis 1972 et les armes chimiques depuis 1993.

Équilibre de la terreur

Fondé sur un argumentaire autant éthique que politique et relevant que l’arme atomique aurait « des conséquences catastrophiques sur le plan humanitaire », il interdit « en toutes circonstances de développer, tester, produire, acquérir, posséder ou stocker des armes nucléaires ». En outre, la menace de l’utilisation de l’arme nucléaire comme fondement de la dissuasion est aussi interdite.

Le combat de l’ICAN avait été relayé par un certain nombre de pays comme l’Autriche, le Brésil, le Mexique, l’Afrique du Sud et l’Irlande. Le traité a été rédigé et adopté en un an. Un délai très court qui s’explique par le fait que les cinq puissances nucléaires membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et les quatre autres (Israël, Inde, Pakistan et Corée du Nord) ont boycotté les travaux.

« Il n’y a rien que je souhaite plus pour ma famille qu’un monde sans arme nucléaire, mais nous devons être réalistes : qui peut croire que la Corée du Nord accepterait une interdiction des armes nucléaires ? », lançait l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, aux côtés des représentants de la France et du Royaume-Uni, au moment où commençait le dernier round des négociations. « Tout l’enjeu est de savoir si le désarmement nucléaire doit être immédiat en se fondant sur une base morale ou s’il s’agit d’un processus progressif et négocié qui tient compte des impératifs de la sécurité internationale », résumait alors un diplomate français.

Aucun des pays de l’OTAN n’a voté le traité. Le Japon, seul pays victime d’un bombardement nucléaire, non plus, comme les autres pays bénéficiant du parapluie nucléaire américain. « Ce traité risque d’avoir autant d’effet sur l’interdiction réelle des armes nucléaires qu’en a eu sur la guerre le pacte Briand-Kellogg [signé en 1928], qui visait à l’interdire », ironise Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique.

Ce Nobel relève de l’incantatoire. Le désarmement nucléaire ne se décrète pas. L’équilibre de la terreur fondé sur le nucléaire a permis tout au long de la guerre froide d’éviter l’affrontement. Selon la célèbre phrase de Raymond Aron, « la dissuasion contient l’extrême violence » dans les deux sens du terme – inclure et limiter.

Un missile d’entraînement «Minuteman 3» sur la base aérienne de Minot (Dakota du Nord), où est assurée la maintenance des quelque 150 missiles à tête nucléaire sur le territoire américain. CHARLIE RIEDEL/ AP

Un missile d’entraînement «Minuteman 3» sur la base aérienne de Minot (Dakota du Nord), où est assurée la maintenance des quelque 150 missiles à tête nucléaire sur le territoire américain. CHARLIE RIEDEL/ AP

Mobiliser les opinions publiques

Dans le monde chaotique d’après la chute du mur de Berlin, la donne a changé mais l’arme atomique reste un élément stratégique clé. Les puissances nucléaires craignent que ce traité n’affaiblisse encore un peu plus le traité de non-prolifération (TNP), qui, malgré toutes ses limites, a réussi à limiter la course à l’arme atomique.

Ce texte stipule en outre dans son article 6 que ses signataires s’engagent « à poursuivre de bonne foi des négociations » pour arrêter la course aux armements nucléaires et arriver à terme « à un traité de désarmement général et complet ». Mais sur ce point, les choses n’ont jamais réellement avancé. C’est la raison de la création de l’ICAN en 2007 à Vienne, en marge d’une conférence internationale du TNP.

Dès le début, la stratégie du mouvement a consisté à mobiliser les opinions publiques dans un maximum de pays afin d’isoler les puissances nucléaires. Elle est semblable à celle qui mena aux conventions interdisant les mines antipersonnel (1997) et les armes à sous-munitions (2008), que des pays comme les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Inde n’ont jamais signées. Mais à défaut d’être hors-la-loi, l’emploi de telles armes devient toujours plus honteux.

« L’établissement d’une nouvelle norme juridique internationale forte permet de stigmatiser les armes nucléaires et cela fera monter toujours plus la pression sur les Etats qui en sont détenteurs », explique Jean-Marie Collin, vice-président des Initiatives pour le désarmement nucléaire, qui mène la bataille en France.

Ce mouvement international bénéficie du soutien de nombreuses personnalités, des figures morales dont l’ancien Prix Nobel de la paix (1984) et archevêque sud-africain Desmond Tutu, mais aussi d’anciens chefs d’État ou de gouvernement, comme le Russe Mikhaïl Gorbatchev, ou d’anciens ministres des affaires étrangères, comme l’Américain Henry Kissinger.

L’ICAN est financée par des donateurs privés et par des contributions de l’Union européenne ou d’États, dont la Norvège, la Suisse, l’Allemagne et le Vatican. Le budget annuel de l’organisation avoisine le million de dollars. La copieuse dotation du Nobel de la paix (9 millions de couronnes suédoises, soit 940 000 euros) donnera encore plus de moyens au mouvement pour tenter de concrétiser son rêve d’un monde sans arme nucléaire.

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7 octobre 2017 6 07 /10 /octobre /2017 09:03

La France œuvre-t-elle contre les énergies renouvelables en Europe, tout en prétendant le contraire en public ? C'est ce que prouve un document informel transmis par Paris au Conseil européen dans le cadre de discussions sur les objectifs climatiques européens. Par Christophe Gueugneau et Jade Lindgaard le 5 octobre 2017 pour Mediapart.

Climat : à Bruxelles, la France lâche les renouvelables

La France œuvre-t-elle contre les énergies renouvelables en Europe, tout en prétendant le contraire en public ? Dans un papier informel transmis au Conseil européen dans le cadre de discussions sur les objectifs climatiques européens, Paris apparaît en retrait par rapport à ses positions officielles. Ces mêmes propositions ont été défendues lors du Conseil informel des ministres de l'énergie à Tallinn (Estonie) les 19 et 20 septembre.

En octobre 2014, les dirigeants européens ont adopté trois objectifs pour 2030 : réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % (par rapport à 1990), porter la part des énergies renouvelables à au moins 27 % de la consommation et améliorer l’efficacité énergétique d’au moins 27 %. Ces directives énergie-climat devraient, en toute logique, être revues à la hausse pour permettre la mise en œuvre de l’Accord de Paris demandant la neutralité carbone d’ici 2050.

Pourtant, dans un « non papier » — l'appellation officielle de ce type de documents —, daté du 12 septembre, que s’est procuré Mediapart, et dont RTL et le site Contexte ont révélé l’existence, le gouvernement français souhaite au contraire alléger les obligations favorables aux renouvelables.

Climat : à Bruxelles, la France lâche les renouvelables
Climat : à Bruxelles, la France lâche les renouvelables
Climat : à Bruxelles, la France lâche les renouvelables

Au cours de la décennie 2020-2030, la trajectoire d’augmentation du solaire, de l’éolien, de la géothermie et de la biomasse, les principales énergies renouvelables à renforcer puisque aucun projet de barrage n’est en cours, serait non linéaire et non contraignante. Concrètement, Paris propose que seulement 50 % de l’objectif 2030 doive être réalisé d’ici 2027. Compte tenu des temps longs des décisions dans l’énergie, il paraît fort improbable que l’autre moitié de l’objectif soit atteignable en trois ans. Au passage, cela signifie que si Emmanuel Macron parvenait à faire deux mandats, il laisserait le soin à son successeur de faire la moitié des efforts demandés en seulement trois ans.

De plus, Paris s’oppose à une intervention de la Commission européenne pour assurer « un rattrapage » au cas où la somme des objectifs nationaux ne permette pas d’atteindre la cible européenne de 27 %. Les autorités françaises refusent également la création d’une plateforme financière européenne d’investissements dans les renouvelables, estimant que chaque État membre est le plus compétent pour définir le meilleur moyen de respecter ses engagements. Pourtant ce type de système permettrait d’aider les pays qui peinent à emprunter, comme la Roumanie et la Pologne. Cette distance vis-à-vis de la logique communautaire s’entrechoque avec le volontarisme pro-Union affiché par Emmanuel Macron.

Pour Claude Turmes, eurodéputé écologiste luxembourgeois, et l’un des meilleurs spécialistes en énergies renouvelables au parlement : « L’approche française risque de porter un coup fatal à la mise en œuvre en Europe de l’accord de Paris issu de la COP21. Elle permettra aux États membres dont le bouquet électrique est encore fortement carboné (l’Espagne, la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie…) d’utiliser le prétexte d’un ralentissement du déploiement des renouvelables pour prolonger la durée de vie de leurs vieilles centrales charbon avec comme conséquence l’impossibilité de se conformer aux engagements climatiques. »

L’élu pointe aussi une contradiction franco-française : « L’objectif affiché par la loi sur la transition énergétique est de réduire la part du nucléaire dans le mix de 75 % à 50 % à l’horizon 2025. Comment la position française relative à une augmentation des renouvelables décalée dans le temps permettra-t-elle de substituer ces énergies au nucléaire dans les délais prévus par la loi ? Il est hautement improbable qu’une trajectoire non-linéaire et non-obligatoire entre 2020 et 2030 permette de hisser les renouvelables à un niveau suffisant pour compenser la fermeture progressive d’une partie du parc nucléaire actuel. »

Sur le territoire national, la loi de transition énergétique fixe l’objectif de porter à 32 % la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale en 2030. Mais en réalité, elle est très en retard sur ses engagements. En 2020, 23 % de sa consommation d’énergie finale doit être assuré par des sources renouvelables (hydraulique, solaire, éolien, géothermie…). Mais fin 2015, cette part n’atteignait que 14,9 %. L’eurodéputé Yannick Jadot a protesté sur son blog : « Le gouvernement poursuit une stratégie de démolition des ambitions européennes en matière d’énergies renouvelables, au nom de la défense acharnée d’une industrie nucléaire aujourd’hui en faillite. »

Selon nos informations, le cabinet de Nicolas Hulot n’a pas été informé de la teneur de la position française. Sollicité par Mediapart jeudi 5 octobre, il n’a pas répondu à nos demandes. Lors d’un colloque sur l’énergie à l’Assemblée nationale, Barbara Pompili, présidente de la commission développement durable à l’Assemblée nationale, se contente de déclarer : « La transition énergétique est la grande priorité du gouvernement que je soutiens. Nous avons besoin de l’Union européenne pour coordonner nos efforts. »

Lors de ce même colloque, Virginie Schwarz, directrice de l’énergie au sein du ministère, a expliqué que « l’objectif 2030 avait fait l’objet d’un accord qui n’avait pas été si facile que cela à obtenir. Cet accord a été trouvé. Aujourd’hui, pour nous, la priorité c’est de le respecter, pour que ce chiffre de 27 % soit atteint en Europe. Il faut une vraie volonté politique ».

À la lecture de la note française, la question de la volonté politique du gouvernement d’Édouard Philippe sur ce sujet est officiellement posée.

N.B. : Le "non-papier" mentionné, inséré dans le document Médiapart, est accessible sur : https://assets.documentcloud.org/documents/4067479/Wk-9387-2017-Init-En.pdf

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6 octobre 2017 5 06 /10 /octobre /2017 10:09
Infographie BiG

Infographie BiG

C’est un énième camouflet pour la Commission européenne. Mercredi 4 octobre, le Parlement de Strasbourg a rejeté à la majorité absolue son projet de réglementation des perturbateurs endocriniens (PE).

Réunis en session plénière, les députés européens ont adopté, à 389 voix pour (235 voix contre et 70 abstentions), une objection au projet proposée par les groupes des socialistes (S&D) et des Verts (Verts-ALE) en septembre. La Commission devra donc revoir sa copie et proposer une autre version de ses « critères d’identification des perturbateurs endocriniens » « dans les plus brefs délais ».

Ces critères constituent un outil essentiel à l’application du grand règlement européen sur les pesticides de 2009. Ils doivent permettre d’identifier les PE afin de les retirer du marché ou de leur en interdire l’accès. Et si ces interdictions concernent d’abord les PE dans la famille des pesticides, elles devraient ensuite s’étendre à d’autres catégories de produits où ils sont également courants : cosmétiques, plastiques ou jouets.

Capables d’interagir avec le système hormonal des êtres vivants, les PE contaminent aussi bien l’environnement que les organismes humains. En s’appuyant sur les données de surveillance officielles, l’ONG Pesticide Action Network avance, dans un rapport publié mardi, qu’un tiers des fruits européens contiendraient des pesticides ayant des propriétés de perturbation endocrinienne – mandarines, oranges, raisins et pêches en tête.

Revirement de la France

Les PE participent à l’augmentation de maladies comme l’infertilité, certains cancers, le diabète et l’obésité, ainsi que des troubles de développement du cerveau (autisme, baisse de QI…). La toute dernière étude scientifique sur le sujet, publiée récemment par une équipe de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), confirmait le lien entre une exposition à certains PE pendant la grossesse et des troubles du comportement chez les petits garçons de 3 à 5 ans.

Le commissaire européen à la santé, Vytenis Andriukaitis, « regrette » le vote du Parlement, a-t-il fait savoir dans un communiqué. Le Lituanien, cardiologue de métier, porte à bout de bras le projet de réglementation, sous le feu des critiques depuis le moment même de son annonce le 15 juin 2016.

Malgré les amendements apportés au fil des mois, la communauté scientifique et la société civile jugeaient la proposition beaucoup trop laxiste.

C’était aussi le cas de certains États membres, comme la France, qui la bloquaient au sein du comité spécialisé où se réunissent leurs représentants. Mais le changement de gouvernement et la nomination de Nicolas Hulot au ministère de la transition écologique et solidaire avaient changé la donne : grâce au revirement de Paris, la Commission avait fini par arracher une majorité qualifiée le 4 juillet, après de longs mois de difficiles négociations.

Pour M. Andriukaitis, le parcours du combattant commence à ressembler à un chemin de croix. Car l’objection adoptée par les parlementaires mercredi concerne en fait un point très précis : une dérogation qui a justement permis au commissaire d’obtenir l’adhésion des Etats membres les plus rétifs à la réglementation. En particulier l’Allemagne, inquiète pour son industrie chimique.

Les eurodéputés dénoncent un abus de pouvoir

Alors que l’objectif du règlement sur les pesticides est de faire disparaître les PE du marché, cette dérogation aurait permis d’épargner les pesticides conçus spécialement pour agir sur le système endocrinien de leurs cibles. C’est-à-dire des pesticides conçus pour, justement, être des PE. Un comble pas seulement sur le principe mais aussi en termes juridiques, selon les eurodéputés. Ils considèrent en effet cette clause de « désidentification » des PE comme un abus de pouvoir de la Commission et donc illégale.

Pour eux, l’exécutif européen outrepasse ses prérogatives en aménageant des exceptions dans la loi, et donc en intervenant sur certains de ses « éléments essentiels », votés au Parlement il y a huit ans de cela.

Lors de la discussion avec les députés européens, mardi dans la soirée, le commissaire à la santé a défendu son projet, résultat d’un « solide compromis qui n’aurait pu être atteint sans cet ajout, demandé par certains États membres au cours des négociations ». Mais M. Andriukaitis a rencontré une opposition de tous les partis.

« Cette proposition est peut-être un compromis mais on ne peut pas faire de compromis avec la santé des gens », a asséné la socialiste danoise Christel Schaldemose, rappelant au passage que son pays était contre les critères tels quels. La Finlandaise du groupe Démocrates-chrétiens Sirpa Pietikäinen lui a fait écho : « C’est un compromis politique mais on ne devrait pas jouer avec la santé des gens. »

L’objection avait été, dans un premier temps, adoptée en commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire du Parlement jeudi 28 septembre, mais l’obtention d’une majorité absolue lors de la séance plénière ne relevait pas de l’évidence. Il semblerait que la question démocratique a mobilisé les eurodéputés autant que la question de santé publique.

« Compromis foireux »

« Le Parlement européen a dit : pas de mépris pour la santé, pas de mépris pour la démocratie, a déclaré l’eurodéputé du groupe Verts-ALE Yannick Jadot dans une vidéo diffusée sur son compte Twitter. La Commission maintenant a la responsabilité de revenir avec une proposition qui ne soit pas encore une fois un compromis foireux dans des salles obscures. » Pour les Socialistes et démocrates, Eric Andrieu a tweeté pour sa part : « Démocratie, principe de précaution 1, lobbyistes de l’industrie chimique 0. »

Quant aux organisations non gouvernementales comme Alliance pour la santé et l’environnement (HEAL), elles « applaudissent la décision courageuse de mettre un veto à une proposition qui manquait d’ambition et qui aurait échoué à protéger la santé humaine et l’environnement ».

La Commission a déjà quatre ans de retard sur les délais fixés par la loi, ce qui lui a valu, fin 2015, une condamnation par la Cour de justice de l’UE. Les critères d’identification des PE devaient en effet être prêts pour décembre 2013, mais des manœuvres de lobbying orchestrées par les industriels des pesticides et de la chimie avaient fait dérailler le processus au début de l’été. Il s’était, depuis, enlisé.

Le commissaire Andriukaitis et ses services ne doivent pas repartir de zéro, mais c’est tout comme. Il leur faudra à nouveau affronter des semaines, peut-être des mois de négociations avec les Etats membres. Sous la surveillance rapprochée des parlementaires aux aguets.

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5 octobre 2017 4 05 /10 /octobre /2017 09:39

Le glyphosate grippe la machine institutionnelle européenne. Pour la troisième fois, le vote sur la réautorisation de ce désherbant pour dix ans, qui devait avoir lieu jeudi et vendredi, a été repoussé, au 23 octobre. Ce principe actif rentre dans la composition de 178 pesticides autorisés en France, dont le fameux Roundup de Monsanto, l’herbicide le plus utilisé au monde.

Sur la clôture de l’usine de Monsanto de Cordoba a été tracé me mot « assassin », en octobre 2012, ALVARO YBARRA ZAVALA.

Sur la clôture de l’usine de Monsanto de Cordoba a été tracé me mot « assassin », en octobre 2012, ALVARO YBARRA ZAVALA.

Pour la Commission européenne, ce report est un énième échec dans sa bataille pour faire réautoriser ce produit pourtant considéré, depuis 2015, comme «cancérigène probable» et génotoxique (qui modifie l’ADN) par l’OMS. Selon des documents internes auxquels Libération a eu accès - grâce à une requête de documents auprès de la Commission de l’ONG Corporate Europe Observatory -, Monsanto a menacé, le 24 mai 2016, d’attaquer en justice le Commissariat européen à la santé et à la sécurité alimentaire si l’autorisation de vente du glyphosate sur dix ans n’était pas votée dans les délais impartis. La firme se dit prête à exiger des compensations «pour les préjudices imminents sérieux et irrévocables».

Neuf jours après avoir reçu cette lettre, plusieurs représentants de cette instance, dont le commissaire lui-même, Vytenis Andriukaitis, organisaient, le 2 juin 2016, une réunion avec des dirigeants de la Copa-Cogeca, le principal lobby agricole européen, ainsi que des «représentants des syndicats agricoles français, britanniques, danois et finlandais». Les membres de la Commission reprochent alors «l’absence relative du point de vue des agriculteurs dans le débat public et le manque d’efforts de mobilisation». Ils leur demandent de «concentrer leur communication» sur les gouvernements les plus récalcitrants à voter la réautorisation.

Contactée par Libération, la Commission se défend en invoquant «le droit des Etats membres et des citoyens à être correctement informés […] sur les conclusions de l’Efsa [Autorité européenne de sécurité des aliments, ndlr] […] selon laquelle le glyphosate ne devrait pas être classé comme cancérigène.» Mais les résultats de cette agence ont été récemment mis en cause. L’Efsa a basé ses conclusions sur un rapport du BFR, l’institut fédéral allemand sur l’évaluation des risques, qui est «scientifiquement inexact», assure Helmut Burtscher, de l’ONG autrichienne Global 2 000. Mi-septembre, il est apparu qu’une grande partie du rapport du BFR était un copié-collé d’une étude du lobby des pesticides. «Ils ont copié les études, mais aussi les interprétations de ces résultats faites par l’industrie», assure le biochimiste, dont l’ONG s’apprête à porter plainte contre le BFR.

Jeudi dernier, pour la première fois, les leaders du Parlement européen ont décidé d’interdire l’entrée de leurs bâtiments aux représentants de Monsanto. La Belgique, de son côté, a montré qu’elle s’apprêtait à voter contre la réautorisation du glyphosate, avec la France, Malte et possiblement l’Autriche et l’Italie, après que la firme américaine l’a attaquée en justice, devant son propre Conseil d’Etat, fin août. L’étau se resserre sur la multinationale alors que les actions en justice, aux Etats-Unis, comme en Europe, se multiplient à son encontre. «Nos enfants nous jugeront si on ne fait rien», assure l’eurodéputé PS Eric Andrieu, qui demande l’ouverture d’une commission d’enquête au niveau européen.

Aude Massiot, 3 octobre 2017 pour Libération.

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 « Le Monde » montre comment la puissante firme américaine a fait paraître des articles coécrits par ses employés et signés par des scientifiques pour contrer les informations dénonçant la toxicité du glyphosate. Par Stéphane Foucart et Stéphane Horel le 4 octobre 2017 pour Le Monde.

Un entrepôt stockant des bidons de Roundup – glyphosate –, à Zarate, en Argentine, en mai 2014. ALVARO YBARRA ZAVALA / GETTY IMAGES

Un entrepôt stockant des bidons de Roundup – glyphosate –, à Zarate, en Argentine, en mai 2014. ALVARO YBARRA ZAVALA / GETTY IMAGES

Mémos stratégiques, courriels, contrats confidentiels… Les « Monsanto papers » continuent de livrer petits et grands secrets. Après un premier volet publié en juin dernier, Le Monde s’est à nouveau plongé dans ces dizaines de milliers de pages de documents internes que le géant de l’agrochimie a été contraint de rendre publics à la suite de procédures judiciaires engagées aux États-Unis.

Monsanto est poursuivi dans ce pays par un nombre croissant de plaignants – aujourd’hui 3 500 –, victimes ou proches de victimes décédées d’un lymphome non hodgkinien, un cancer du sang rare, et qu’ils attribuent à une exposition au glyphosate. Ce désherbant, mis sur le marché en 1974, notamment sous le nom de Roundup, s’est imposé comme un best-seller mondial en étant l’auxiliaire essentiel des semences génétiquement modifiées pour le tolérer. Monsanto lui doit sa fortune. Mais à quel prix ?

La dernière livraison de « Monsanto papers », déclassifiés au cours de l’été 2017, lève le voile sur une activité jusqu’alors méconnue de la multinationale : le ghostwriting – littéralement « écriture fantôme ».

Considérée comme une forme grave de fraude scientifique, cette pratique consiste, pour une entreprise, à agir en « auteur fantôme » : alors que ses propres employés rédigent textes et études, ce sont des scientifiques sans lien de subordination avec elle qui les endossent en les signant, apportant ainsi le prestige de leur réputation à la publication. Ces derniers sont bien entendu rémunérés pour ce précieux service de « blanchiment » des messages de l’industrie. Dans le plus grand secret, Monsanto a eu recours à ces stratégies.

Conflits d’intérêts tenus secrets

Prenons le cas du biologiste américain Henry Miller. Devenu polémiste à temps plein, il est associé à la Hoover Institution, le célèbre think tank sis à la prestigieuse université Stanford, et signe plusieurs fois par mois des tribunes au ton acerbe dans la presse américaine. Le Wall Street Journal ou le New York Times ouvrent régulièrement leurs colonnes à ses harangues contre l’agriculture biologique et ses apologies des organismes génétiquement modifiés (OGM) ou des pesticides.

La version en ligne du magazine économique Forbes accueille également ses textes. Mais en août 2017, du jour au lendemain, sans préavis, l’intégralité des dizaines de tribunes signées du nom d’Henry Miller ont disparu de son site Internet, Forbes.com. « Tous les contributeurs de Forbes.com signent un contrat leur demandant de divulguer tout conflit d’intérêts potentiel et de ne publier que leurs écrits originaux, explique au Monde une porte-parole de la publication. Quand il a été porté à notre attention que M. Miller avait violé les termes de ce contrat, nous avons retiré tous ses articles de notre site et mis fin à nos relations avec lui. »

Les documents déclassifiés le montrent sans ambiguïté : certains écrits de Henry Miller étaient en réalité concoctés par une équipe qui s’y consacrait au sein de… Monsanto. La collaboration entre le scientifique et la compagnie a, semble-t-il, débuté en février 2015. A l’époque, cette dernière prépare la gestion d’une crise qui s’annonce : le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) s’apprête à livrer son évaluation du glyphosate. Monsanto sait que le verdict de l’agence des Nations unies, attendu pour le mois suivant, sera calamiteux pour elle. Le 20 mars 2015, le glyphosate sera officiellement déclaré génotoxique, cancérogène pour l’animal et « cancérogène probable » pour l’homme.

Monsanto décide donc d’allumer des contre-feux. Un cadre de la compagnie sollicite Henry Miller, qui a déjà produit sur le sujet : « Souhaitez-vous en écrire davantage au sujet du CIRC, son processus et sa décision controversée ? lui demande-t-il par courriel. J’ai les informations de base et je peux les fournir si besoin. » M. Miller accepte, mais à condition de « partir d’un brouillon de haute qualité ». De fait, le texte qui lui est transmis semble être « de haute qualité » : il sera publié le 20 mars, presque sans modification, sur le site de Forbes.

Ni M. Miller ni la Hoover Institution n’ont répondu aux sollicitations du Monde. De son côté, Monsanto assume : « Des scientifiques de Monsanto ont simplement fourni la version de travail initiale, qu’Henry Miller a éditée et postée. Les points de vue et les opinions exprimées dans cette tribune sont les siens. »

Echange de courriels entre Monsanto et Henry Miller.
Echange de courriels entre Monsanto et Henry Miller.
Echange de courriels entre Monsanto et Henry Miller.

Echange de courriels entre Monsanto et Henry Miller.

Pratique du « ghostwriting »

Cet exemple de tromperie sur la marchandise n’est qu’un élément parmi d’autres. La stratégie mise en place par Monsanto ne se limite pas à convaincre l’opinion grâce aux médias grand public comme Forbes. À en croire les échanges des toxicologues du géant de l’agrochimie, elle concerne également de articles scientifiques en bonne et due forme, publiés dans les revues savantes. Au fil des « Monsanto papers » apparaît ainsi un faisceau d’indices suggérant que la firme pratique couramment le ghostwriting.

Comme ce cas où, en novembre 2010, Donna Farmer, une des toxicologues en chef de la firme, envoie par courriel les « 46 premières pages » d’un manuscrit. Son correspondant travaille pour Exponent, un cabinet de consultant spécialisé en affaires scientifiques, et il doit superviser la publication de l’article dans une revue scientifique. Donna Farmer a elle-même, tout simplement, biffé son propre nom de la liste des auteurs. L’étude paraîtra plus tard dans la revue Journal of Toxicology and Environmental Health, Part B, sous la seule signature des consultants extérieurs. Elle conclut à l’absence de risques du glyphosate pour le développement du fœtus et la reproduction.

Donna Farmer biffe son propre nom.
Donna Farmer biffe son propre nom.

Donna Farmer biffe son propre nom.

Si la pratique du ghostwriting est notoirement répandue dans le secteur pharmaceutique, la lecture des « Monsanto papers » pose désormais la question de son ampleur dans l’industrie chimique et agrochimique. Elle semble en effet si prégnante dans la culture de la société que ses employés eux-mêmes ont recours à ce terme sulfureux, à plusieurs reprises et sans retenue, dans leurs correspondances internes.

C’est surtout sur le front de la science que Monsanto veut allumer des contre-feux au verdict annoncé du CIRC. Une façon de procéder, écrit William Heydens, le responsable de la sécurité des produits réglementés, à ses collègues de Monsanto en février 2015, « serait d’y aller à plein régime en impliquant des experts de tous les domaines majeurs » – une option à 250 000 dollars (220 000 euros), précise-t-il. Et une autre façon, « moins chère/plus envisageable », serait de « n’impliquer les experts que sur les domaines où il y a débat (…), et d’être les auteurs-fantômes pour les parties sur l’exposition et la génotoxicité » – la capacité d’une substance à altérer l’ADN.

Echanges de Monsanto sur la constitution d'un panel Glyphosate.

Echanges de Monsanto sur la constitution d'un panel Glyphosate.

Textes lourdement amendés par la firme

Monsanto missionne Intertek, un cabinet de consultants, pour rassembler un panel d’une quinzaine d’experts extérieurs. Certains travaillent dans le monde académique, d’autres comme consultants privés. Moyennant finances, ils doivent rédiger cinq grandes synthèses de la littérature scientifique sur chaque domaine (toxicologie, épidémiologie, études animales, etc.) éclairant les liens entre cancer et glyphosate. Publiés en septembre 2016 dans un numéro spécial de la revue Critical Reviews in Toxicology, les cinq articles concluent – est-ce une surprise ? – que le glyphosate n’est pas cancérogène.

Si le financement par Monsanto est bien signalé au pied de chacun des articles, une petite notice complémentaire offre ce gage de rigueur et d’indépendance : « Ni les employés de la société Monsanto ni ses avocats n’ont passé en revue les manuscrits du panel d’experts avant leur soumission à la revue. » Or non seulement des employés de Monsanto ont « passé en revue » ces articles, mais ils les ont aussi lourdement amendés, peut-être même directement écrits. C’est en tout cas le scénario que semble dérouler la chronologie des échanges confidentiels.

Le 8 février 2015, le responsable de la sûreté des produits, William Heydens, adresse au cabinet Intertek une version de l’article principal corrigée par ses propres soins. Une cinquantaine de corrections et d’éditions diverses ont été apportées. « J’ai passé en revue l’ensemble du document et j’ai indiqué ce qui, selon moi, devrait rester, ce qui peut être supprimé et j’ai aussi fait un peu d’édition, écrit-il. J’ai aussi ajouté du texte. »

D’autres messages internes mettent en évidence les interventions éditoriales de Monsanto. La firme veut décider de tout, jusqu’à l’ordre de signature des experts, indiquant par là qui a réalisé la majeure partie du travail. Elle voudrait également taire la participation de certains des experts sélectionnés par Intertek.

William Heydens, de Monsanto, envoie ses corrections
William Heydens, de Monsanto, envoie ses corrections

William Heydens, de Monsanto, envoie ses corrections

Lustre de l’indépendance

Un échange particulièrement acide a lieu entre William Heydens – toujours lui – et l’un des scientifiques enrôlés par Intertek, John Acquavella. Monsanto connaît bien M. Acquavella : il a travaillé comme épidémiologiste pour la firme pendant quinze ans. Et c’est justement parce qu’il est un ancien employé que William Heydens n’a pas prévu qu’il apparaisse comme coauteur de l’article qu’il a pourtant contribué à écrire — pour des honoraires de 20 700 dollars (18 300 euros), comme l’indique sa facture.

La volonté de donner le lustre de l’indépendance aux cinq études est si implacable que les noms d’anciens collaborateurs de Monsanto ne doivent pas apparaître. L’explication est sèche. « Je ne vois pas mon nom dans la liste des auteurs », s’étonne John Acquavella par courriel. « Il a été décidé par notre hiérarchie que nous ne pourrions pas t’utiliser comme auteur, répond William Heydens, en raison de ton emploi passé chez Monsanto ». « Je ne pense pas que ce sera OK avec les experts de mon panel, rétorque John Acquavella. On appelle ça du ghostwriting et c’est contraire à l’éthique. » Il aura finalement gain de cause et sera mentionné comme coauteur.

Echanges entre William Heydens de Monsanto et John Acquavella.

Echanges entre William Heydens de Monsanto et John Acquavella.

Quand, en février 2015, ce même William Heydens évoquait la façon de procéder la « moins chère », il avançait l’« option d’ajouter les noms de [Helmut] Greim, [Larry] Kier et [David] Kirkland à la publication, mais on maintiendrait le coût au plus bas en écrivant nous-mêmes, et ils n’auraient plus qu’à éditer et écrire leur nom, pour ainsi dire ».

Professeur émérite de l’université technique de Munich (Allemagne), Helmut Greim, 82 ans, nie avoir servi de prête-nom à Monsanto. S’il a été rémunéré, assure-t-il au Monde, c’est pour un travail effectif et pour un montant raisonnable. « Je n’aurais pas pu m’acheter une Mercedes avec cet argent », dit-il avec espièglerie. Pour sa participation au panel Intertek, il affirme avoir été rémunéré « un peu plus » que les 3 000 euros qu’il a touchés de Monsanto pour un autre article de synthèse, publié tout début 2015 dans la revue Critical Reviews in Toxicology. Dans un mémo interne, un toxicologue de la firme consigne pourtant avoir été « l’auteur-fantôme de la synthèse de 2015 de Greim »

« Blague de machine à café »

Un autre des trois experts cités, David Kirkland, un Britannique de 68 ans, est consultant privé, spécialiste en génotoxicité. « Je n’ai jamais fait l’expérience du ghostwriting, indique-t-il au Monde. Je n’ai jamais mis et je ne mettrai jamais mon nom sur un article ou un manuscrit écrit par quelqu’un que je ne connais pas ou que je connais sans avoir eu l’opportunité de vérifier toutes les données. » Pour lui, la phrase de William Heydens suggérant qu’il n’aurait qu’à apposer son nom relève de la « blague de machine à café ».

Comme M. Greim, M. Kirkland est bien connu de la firme. En 2012, Monsanto l’avait déjà sollicité pour aider à la rédaction d’une importante revue de la littérature scientifique sur les propriétés génotoxiques du glyphosate. « Mon tarif journalier est fixé sur une base de huit heures, soit 1 400 livres [1 770 euros] par jour. J’estime un maximum de 10 jours (soit 14 000 livres [17 700 euros]) », écrit-il en juillet 2012, dans un courriel.

C’est un peu cher pour son interlocuteur, David Saltmiras. Ce toxicologue de Monsanto voit là « doubler » le montant de la facture ; il estime cependant que la réputation de David Kirkland, reconnu et « hautement crédible », « vaut le coût supplémentaire ». L’article sera publié en 2013 dans la revue Critical Reviews in Toxicology.

Echanges sur la mission et le tarif de David Kirkland.

Echanges sur la mission et le tarif de David Kirkland.

M. Kirkland est désormais lié à l’année à Monsanto par le biais d’un « master contract ». Ainsi qu’il l’a expliqué au Monde, ce type de contrats permet à la firme de recourir à son expertise sans être facturée à l’heure, comme le ferait un avocat. Ces forfaits à l’année prévoient cependant un plafond, « par exemple à 10 000 dollars par an », au-delà de quoi des avenants ou des contrats séparés sont signés, comme cela a été le cas pour sa participation au panel d’Intertek. M. Kirkland n’a pas souhaité révéler le montant de ce contrat.

Liés par des « master contracts »

Combien de scientifiques sont ainsi liés à Monsanto, que ce soit ponctuellement ou à l’année par des « master contracts » ? Si la firme n’a pas souhaité répondre, elle semble en tout cas capitaliser sur certains noms. Quelques-uns reviennent fréquemment dans les publications qu’elle sponsorise. Ainsi de Gary Williams, professeur de pathologie au New York Medical College (Etats-Unis), qui apparaît comme coauteur dans trois des cinq articles du panel Intertek. Il est même cité comme premier auteur de deux d’entre eux.

Comme MM. Greim et Kirkland, Gary Williams a déjà collaboré avec Monsanto. Dans ce fameux courriel de février 2015, où le responsable de la sécurité des produits lâchait que les scientifiques « n’auraient plus qu’à éditer et écrire leur nom, pour ainsi dire », il évoque un précédent. « Rappelez-vous que c’est comme ça qu’on avait géré le papier de [Gary] Williams, [Robert] Kroes et [Ian] Munro en 2000 ».

Interrogé par Le Monde, M. Williams assure pourtant avoir rédigé la partie de l’article qui lui incombait, mais dit ne pas pouvoir parler pour ses deux coauteurs – MM. Kroe et Munro étant décédés.

Monsanto nie également tout ghostwriting et évoque quelques mots extraits d’un unique courriel « sorti de son contexte ». La firme a cependant tiré un bénéfice considérable de l’article en question. Cette longue synthèse des études disponibles a été citée plus de 300 fois dans la littérature scientifique. Il est, en somme, devenu une référence. Il concluait… à l’absence de danger du glyphosate.

Les employés de Monsanto cités n’ont pas donné suite aux sollicitations du Monde ou ont redirigé vers le service communication de leur employeur.

Sebastian, 14 ans, dans les bras de sa tante à l’extérieur de sa maison dans la province du Chaco en novembre 2012. Il souffre d’hydrocéphalie et de myélomeningocèle. ALVARO YBARRA ZAVALA.

Sebastian, 14 ans, dans les bras de sa tante à l’extérieur de sa maison dans la province du Chaco en novembre 2012. Il souffre d’hydrocéphalie et de myélomeningocèle. ALVARO YBARRA ZAVALA.

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4 octobre 2017 3 04 /10 /octobre /2017 12:54

L'Assemblée nationale a voté dans la nuit de mardi à mercredi 4 octobre 2017 l'article phare du projet de loi Hulot sur la fin de la production d’hydrocarbures d’ici 2040, dans un climat parfois éloigné du « consensus » souhaité par le ministre dont c'était le baptême du feu. À l'issue de débats passionnés, les députés ont validé l'article 1er prévoyant qu'à compter de son adoption définitive par le Parlement, d'ici fin 2017, il ne pourra plus être délivré de nouveau permis d'exploration d'hydrocarbures, liquides ou gazeux. Et les concessions d'exploitation existantes ne seront pas renouvelées au-delà de 2040.

« Aux députés français d’aller plus loin que la loi Hulot dans la lutte contre le réchauffement »

Voici une tribune publiée le 2 octobre 2017 par Le Monde signée par un collectif rassemblant Naomi Klein, Nnimmo Bassey, Bill McKibben, Maxime Combes, Florent Compain, Nicolas Haeringer, Isabelle Lévy, Marieke Stein qui appelle les députés et le gouvernement français à combler les failles de la loi Hulot en restreignant strictement le droit de suite ; refusant de céder aux pressions des lobbys pétroliers et gaziers ; prenant des mesures pour réduire les importations d’hydrocarbures ; cessant de soutenir les entreprises françaises dans leurs activités extractives à l’étranger et de geler le développement des infrastructures.                             Lire surtout sur le même sujet Hydrocarbures : le gouvernement a plié devant les intérêts miniers, et aussi Les députés votent l’interdiction des gaz de schiste : insuffisant et trop tard !, La sale mine du futur code minier et Une nouvelle proposition de loi pour réformer le code minier. Par le même collectif rassemblant Les amis de la Terre, 350.org, Attac,… notez le décryptage de la Loi Hulot déposée à l'AN : « Mettre fin aux énergies fossiles » ? Note de décryptage de la loi Hulot et réaction suite à la discussion en commissions Affaires économiques et Développement durable : Loi Hulot : les améliorations doivent être confirmées et les dernières failles comblées.

Mardi 3 octobre, les députés français sont appelés à voter un texte aussi symbolique que pionnier, qui deviendra l’une des premières traductions des objectifs inscrits dans l’accord de Paris (maintenir le réchauffement climatique « bien en dessous des 2 °C ») dans la gestion des ressources en hydrocarbures. L’Assemblée nationale doit en effet adopter le projet de loi Hulot visant à mettre fin aux activités d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures sur l’ensemble du territoire français. Le titre est aussi prometteur qu’ambitieux, mais le texte actuel comporte des failles importantes

Il s’agit pourtant d’une opportunité inédite. La France deviendrait en effet le premier pays au monde à volontairement et définitivement tourner le dos à l’extraction d’hydrocarbures. Ces dernières semaines, les catastrophes climatiques se sont multipliées : enchaînement d’ouragans dans les Caraïbes, feux de forêt gigantesques aux États-Unis ou au Groenland, inondations gigantesques en Asie du Sud, effondrement de pans de montagne dans les Alpes sous l’effet de la fonte du permafrost, etc. Cette séquence nous rappelle que le changement climatique n’est pas une menace qui concerne notre avenir : il s’agit d’une réalité quotidienne, qui affecte dès aujourd’hui des millions de vies.

Pour y répondre, la « transition » d’une économie entièrement fondée sur la dépendance aux énergies fossiles vers des modes de production et de consommation plus sobres, renouvelables et durables doit se conjuguer à l’impératif présent. C’est là l’enjeu de la loi Hulot – présentée en conseil des ministres au moment même où l’ouragan Irma entamait son dévastateur parcours : prendre la mesure de ce qui nous arrive.

La transition n’est pas seulement affaire de créativité qu’il faudrait libérer et de barrières à lever, bref construire une start-up nation, vouée à « libérer » les énergies, les investissements, les bonnes volontés, les idées et les projets. Il faut au préalable redonner aux États la capacité de bloquer certains types de projets. Quitte à revenir sur des dispositions législatives telles que le « droit de suite » inscrit dans le code minier français – un texte vieux de plus de cent ans, forgé à une époque où nous pensions pouvoir forer toujours plus loin et plus profond sans conséquence.

Arsenal légal et parlementaire adéquat

Le « droit de suite » a été conçu comme une garantie donnée aux industriels que leurs investissements dans la recherche et l’exploration du sous-sol seraient systématiquement compensés par les profits que l’exploitation de ces mêmes gisements dégageraient – quel qu’en soit le coût environnemental et climatique.

Mais les gisements de charbon, de gaz et de pétrole actuellement exploités partout dans le monde sont tellement grands qu’ils suffisent à eux seuls à nous faire irrémédiablement sortir de la trajectoire d’un réchauffement de 2 °C, comme l’a montré Oil Change International dans son rapport « The Sky’s Limit ». Accorder de nouvelles concessions – permis d’exploitation – est donc totalement incompatible avec les objectifs inscrits dans l’accord de Paris.

Sa mise en œuvre implique par conséquent que les États se dotent de l’arsenal légal et réglementaire leur permettant de bloquer le développement d’infrastructures liées à l’extraction, au transport et à la combustion d’hydrocarbures. Il s’agirait là d’une première étape dans la « sénescence programmée » de l’industrie fossile, c’est-à-dire son déclin planifié et organisé, jusqu’à sa disparition.

La loi Hulot, aussi symbolique soit-elle – la production française de gaz et de pétrole ne représente que 1 % de ce que la France consomme en hydrocarbures –, est une première étape en ce sens. Mais pour qu’elle prenne tout son sens, et qu’elle serve d’exemple au reste de la communauté internationale, les députés doivent la renforcer. Pour qu’elle « sonne la fin d’un modèle », comme l’a annoncé le ministre, elle doit notamment inclure des dispositions qui permettent à la France de ne plus accorder aucune concession – le projet de loi se limite actuellement à interdire l’octroi de permis de recherche.

Opportunité unique

La trentaine de permis de recherche actuels pourront donc être prolongés et donner potentiellement lieu à autant de concessions : c’est le cas du permis d’exploration au large de la Guyane, qui a été prolongé la semaine dernière, alors que les risques environnementaux des forages en mer sont considérables.

Cette loi doit également être assortie de mesures visant à réduire les importations d’hydrocarbures, à commencer par les plus polluants, comme les sables bitumineux et les gaz et huiles de schiste, en adéquation avec l’objectif de maintenir le réchauffement climatique au plus près des 1,5 °C.

Une première étape en ce sens serait de cesser de soutenir les entreprises françaises dans leurs activités extractives à l’étranger et de geler le développement des infrastructures (gazoducs, terminaux méthaniers, etc.) vouées à importer des hydrocarbures en France. Les députés ont une opportunité unique d’écrire une page importante de la lutte contre le réchauffement climatique. Ils ne doivent pas la gâcher !

Nnimmo Bassey, écrivain et poète nigérien, directeur de Health of Mother Earth Foundation ; Maxime Combes, Attac France ; Florent Compain, président des Amis de la Terre France ; Nicolas Haeringer, porte-parole de 350.org France ; Bill McKibben, journaliste et militant écologiste américain ; Naomi Klein, essayiste et journaliste canadienne ; Isabelle Lévy, Collectif du pays fertois contre le pétrole de schiste ; Marieke Stein, APEL 57 (association pour la préservation de l’environnement local)

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4 octobre 2017 3 04 /10 /octobre /2017 12:19

L'Assemblée nationale s'apprête à adopter, lors d'un vote solennel, le projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. Perquisitions administratives, mesures de surveillance, boites noires : les enjeux numériques du texte sont nombreux et cruciaux. L'Observatoire des libertés et du numérique (OLN) alerte les parlementaires, notamment celles et ceux qui composeront la future commission mixte paritaire qui examinera prochainement le texte
Communiqué du 3 octobre 2017. Lire aussi N’enterrez pas nos libertés !, Le projet de loi contre le terrorisme fait vaciller la séparation des pouvoirs, L’état d’urgence sert à restreindre le droit de manifester, constate Amnesty Internationa, et ce communiqué prémonitoire de la LDH membre de cet Observatoire Etat d'urgence : sans retour ?.

Le numérique assigné à l'état d'urgence permanent

La dangereuse captation de pouvoirs au profit de l'Exécutif, policiers, préfets et ministre de l'Intérieur à laquelle aboutira ce texte est en marche, par l'intégration dans le droit permanent de mesures tirées de l'état d'urgence. La logique de suspicion, le déséquilibre des pouvoirs, la restriction de libertés pour tous dans l'espace public sont autant de désastres qui nourrissent une contestation large contre ce texte.

C'est par touches que le numérique apparaît dans le texte, mais à chaque fois sur des enjeux cruciaux.

Les assignations à résidence, renommées « mesures de surveillance individuelles », sont désormais agrémentées d'une mesure inédite :  l'obligation de révéler l'ensemble de ses identifiants électroniques. Présentée sans succès lors des multiples prorogations de l'état d'urgence, cette mesure est aujourd'hui portée par le gouvernement et l'Assemblée nationale. Contraire au droit de ne pas s'auto-incriminer, elle porte une atteinte d'autant plus disproportionnée à la protection de la vie privée que tout défaut de déclaration est passible de 3 années d'emprisonnement. L'obligation privera les personnes concernées - auxquelles aucune infraction pénale, même en préparation, n'est reprochée - de toute faculté de communication privée, leurs identifiants devenant la cible de mesures de renseignement particulièrement larges et intrusives.

Les perquisitions administratives – devenues, dans un redoutable effort de « novlangue », des « visites de lieux » –  vaudront à ceux qui les subissent la saisie et l'exploitation de l'intégralité de leurs données informatiques, hors de la procédure pénale et ses garanties. L'ampleur de l'atteinte à la vie privée est sans commune mesure avec la faiblesse des exigences du texte : des critères flous (l'appartenance à l'entourage de personnes incitant au terrorisme, l'adhésion à des idées...) quant aux personnes visées, aggravés par un laxisme probatoire consistant à s'en remettre sans ciller aux notes blanches des services de renseignement, c'est à dire à des documents non sourcés, pouvant faire état de simples rumeurs, et non à des procédures d'enquête étayées.

Enfin, l’OLN s’alarme également des prolongations que ce projet offre à la loi renseignement. La captation de données de connexion de l'entourage d'une personne soupçonnée est de retour peu après avoir été censurée par le Conseil constitutionnel (dans un procès engagé par FDN, FFDN et La Quadrature du Net). Sans aucune discussion sur les enjeux de cette mesure ou les raisons de sa censure, la commission des lois puis l'Assemblée nationale se sont bornées à suivre une option suggérée par le Conseil constitutionnel, à savoir la limitation du nombre de personnes simultanément concernées par cette technique de surveillance. Or, cette limitation étant ici unilatéralement fixée par le gouvernement, elle ne saurait offrir aucune garantie contre l'abus par ce dernier de ses pouvoirs, faisant ainsi fi des principes de nécessité et de proportionnalité, rappelés notamment par la récente jurisprudence européenne qui n'a de cesse de prohiber l'accumulation massive de données par les États.

 -, le projet entend y redonner un nouveau souffle : la fin de l'expérimentation de la mesure et le rapport parlementaire prévu pour 2018 sont reportés à 2020. On peut aisément craindre que cette prolongation ne soit pas la dernière : le prétexte invoqué, l'absence déclarée de mise en œuvre, ne devraient en aucun cas empêcher un débat essentiel sur l'incompatibilité absolue de ce type de mesures avec les droits fondamentaux protégés dans une démocratie.en bref, la surveillance d'Internet via des algorithmes, forme la plus scandaleuse de la surveillance de masseQuant aux boîtes noires - 

Contre les avis les plus avisés d’organisations de défense des droits et du mouvement social, de juristes, mais aussi d’instances internationales –  récemment de deux Rapporteurs spéciaux des Nations unies –, on intègre dans le droit commun des mesures inspirées de l’état d’urgence.  

Le numérique se retrouve au croisement d'axes centraux de ce texte. Mobilisé pour la protection de la vie privée et la lutte contre les abus de la surveillance, l'Observatoire des libertés et du numérique appelle les parlementaires à refuser ces dispositifs lors de la commission mixte paritaire, en retirant purement et simplement ces dispositions du texte de loi.

Organisations signataires membres de l’Observatoire des Libertés et du Numérique : Amnesty International France, Le CECIL, Creis-Terminal, La Ligue des droits de l'Homme, La Quadrature du Net, Le Syndicat des Avocats de France, Le Syndicat de la Magistrature;

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3 octobre 2017 2 03 /10 /octobre /2017 09:49

Les "poumons de la planète" étouffent. Au lieu d’absorber les gaz qui réchauffent le climat, les forêts tropicales du monde commencent à les libérer. Par Sciences et Avenir avec AFP le 30 septembre 2017.

Les forêts étouffent - FANATIC STUDIO / SCIENCE PHOTO L / FST / Science Photo Library

Les forêts étouffent - FANATIC STUDIO / SCIENCE PHOTO L / FST / Science Photo Library

La vaste déforestation des régions tropicales a pour conséquence qu'elles émettent davantage de dioxyde de carbone qu'elles n'en capturent, perdant ainsi leur rôle historique de protection naturelle contre le changement climatique, selon une étude publiée jeudi 28 septembre 2017 dans la revue Science. Une grande partie de cette contribution carbone est due à la déforestation, à la conversion des forêts en espaces urbains tels que les fermes ou les routes. Cela dit, près de 70 % proviennent d'une source moins visible : une baisse du nombre de forêts et de la diversité des arbres dans celles qui restent.

Les forêts, une contribution essentielle... à la dégradation peu visible

Les forêts tropicales sont un rempart contre la hausse du dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Elles absorbent du carbone et l'entreposent sous forme de tiges, de feuilles et de racines. L'effet de la déforestation est clair : une diminution du nombre d'arbres qui absorbent le CO2.

Mais même des forêts apparemment intactes peuvent être dégradées ou perturbées par l'exploitation sélective, les changements environnementaux, les feux de forêt ou les maladies. « Contrairement à la déforestation, qui est facile à voir dans les images satellites, ces autres types de dégradation peuvent être difficiles à repérer », affirme l'auteur principal de l'étude, Alessandro Baccini, écologiste forestier et spécialiste de la télédétection au Woods Hole Research Centre à Falmouth, Massachusetts. "Même dégradée, la forêt ressemble encore à la forêt – même si elle est moins dense, et que son équilibre est rompu."

La lente érosion d’une fonction essentielle

Baccini et son équipe ont donc étalonné les images satellites des tropiques et créé un algorithme qui compare les parcelles de 500 mètres carrés de chaque image de chaque année de 2003 à 2014 pour calculer les gains et les pertes de densité du carbone.

L'étude  a établi que les régions tropicales dégageaient désormais environ 425 téragrammes nets par an dans l'atmosphère (un téragramme représentant un million de tonnes), soit davantage que les émissions de tous les camions et voitures des Etats-Unis en 2015. Environ 60 % de ces émissions de carbone proviennent de l'Amérique tropicale, y compris le bassin amazonien. Les forêts tropicales d'Afrique ont été responsables d'environ 24 % de la perte de carbone, et les forêts asiatiques pour 16 %. "Ces découvertes constituent un signal d'alarme pour le monde entier concernant les forêts", a commenté Alessandro Baccini. "Si nous voulons empêcher la température planétaire d'atteindre des niveaux dangereux, nous devons réduire drastiquement les émissions et augmenter la capacité des forêts à absorber et à emmagasiner le dioxyde de carbone".

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Derniers échos de la révision du PLU des Lilas

Les Sans Radio retrouvent les ondes

Europacity : le débat public se conclut sur des positions inconciliables

Le parc (George-Valbon La Courneuve) debout !

Grand Paris : non à la logique financière

Pour une gestion publique, démocratique et écologique de l'eau

Le revenu de base ? Débat mardi 14 juin 20h

C'était la Grande Parade Métèque 2016...

La nature : une solution au changement climatique en Île-de-France

Participer à la Grande Parade Métèque samedi 28 mai 2016

PLU des lilas: enfin un diagnostic et état initial de l'environnement ... à compléter

Avec la loi « Travail », où irait-on ? Débattons-en mercredi 30 mars

Réduire la place de la voiture des actes pas des paroles

La COP 21 aux Lilas

La nature est un champ de bataille

Alternatiba et le Ruban pour le climat des Lilas à la République

Un compost de quartier aux Lilas

Devoir d'asile : de l'Etat jusqu'aux Lilas

Un ruban pour le climat aux Lilas

Six propositions vertes pour une révision du PLU véritablement utile

La Grande Parade Métèque samedi 30 mai

Fête de la transition énergetique et citoyenne le 9 mai aux Lilas