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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

31 mai 2021 1 31 /05 /mai /2021 09:26

La répartition des habitats de la Région est très inégalitaire certaines zones bénéficient de l’ensemble des services (desserte, emplois, commerces, loisirs…) quand d’autres concentrent les difficultés. L’espace public est hostile aux femmes. À l’Ouest, malgré de nombreux bureaux vides, les promoteurs multiplient les projets de construction tandis que l’Est concentre la majorité des logements parfois vétustes ou surpeuplés. Il est urgent de remédier aux cloisonnements géographiques et sociaux. L’Île-de-France doit passer d’une méthode d’aménagement prédatrice, basée sur le béton et le profit à court terme à une approche d’équité et d’équilibre, qui fait de la place à la nature  dès la conception des projets. Nouvel article pour exposer les propositions des écologistes pour les élections régionales des 20 et 27 juin, après Étudier et s’émanciper, Protéger la nature et sauver le climat, Un plan de santé pour l'Île-de-FranceNourrir l'Île-de-France et Le logement d'abord !  Nous sommes présents physiquement sur le marché Bio le vendredi après-midi, et le marché dimanche matin. Vous voulez en savoir plus ? Rendez-vous sur http://idfecologie.fr/.

Élections : Aménagement de l'Île-de-France - Se déplacer et se loger

La séparation du territoire entre zones d’emplois et de logements, source de déplacements subis, doit être résolue. L’Île-de-France dispose d’un bon réseau de transports en commun, qui permet à des millions de passagers de ne pas dépendre d’un véhicule individuel. Cependant, ces transports sont souvent encombrés et souffrent d’un déficit d’investissements après cinq ans de mauvaise gestion par la droite. Le réseau de transports du quotidien doit être renforcé : fiabilité, fréquence, confort, sécurité. La grande couronne ne doit plus être condamnée à la voiture et chaque Francilien·ne doit avoir accès à un transport en commun à 15 minutes de chez soi. Il faut passer d’une logique d’infrastructures lourdes, à des offres plus légères, plus adaptées et adaptables aux caractéristiques de chaque territoire. 

Les déplacements doivent pouvoir être choisis plutôt que subis et plus personne ne doit être dépendant d’une voiture individuelle. 

Les deux tiers de nos déplacements font moins de cinq kilomètres et la marche est le mode de déplacement le plus utilisé. Nous investirons 100 millions d’euros pour aider les communes à favoriser des déplacements piétons sécurisés, confortables, et accessibles. Nous voulons faire de notre région la première région européenne du vélo. Les déplacements doux ne consomment pas d’énergie, n’émettent pas de pollution et améliorent la santé globale. En zone dense, nous voulons passer de 2% à 20% des déplacements à vélo. La Région doit pouvoir être traversée intégralement à vélo de manière sécurisée. Les secteurs de la fabrication, de l’entretien et de la logistique cyclable créeront des milliers d’emplois verts.

Après un an de crise sanitaire, le mal-être des Franciliennes et Franciliens s’est traduit par de nombreuses envies de départ et de déménagement. C’est le signe à la fois d’un déséquilibre actuel et d’une opportunité pour un autre aménagement qui réserve plus de place aux espaces naturels, aux services de proximité.

Nos engagements

1 - Des transports fiables, sûrs et accessibles à 15 minutes de chez soi 

La question des déplacements est centrale pour les Franciliennes et Franciliens  et a une incidence directe sur leur qualité de vie. L’inconfort dans les transports en commun participe de la volonté de 56% des Francilien·nes de quitter la région. Le Conseil Régional est responsable de l’organisation de la mobilité et a le pouvoir de faire évoluer nos types de mobilités, notamment en encourageant les mobilités douces, meilleures pour notre santé et le climat. 

Il est urgent que le réseau existant offre un service de qualité aux usager·ères. Les écologistes réorientent les politiques budgétaires pour améliorer en priorité la desserte, l’accessibilité, la fiabilité et le confort des transports du quotidien.  Nous encourageons aussi les projets d’extension de lignes de tramways et de métro lorsqu’elles représentent une réelle plus value pour les habitant·es. 

Pour assurer une desserte plus fine du territoire, sans artificialiser les sols de la Région, les écologistes mettent en place de nouvelles lignes de bus, notamment en grande couronne. Elles seront pensées en lien avec les nouvelles réalités de déplacements dues aux projets d’extension de ligne. Un service de qualité c’est aussi un service qui s’adapte aux besoins de chacun·e. A ce titre, les zones et les plages horaires du transport à la demande seront étendues et l’offre de transports adaptée (PAM), distincte selon les départements.  Les liaisons interrégionales et le développement des “petites lignes” seront soutenus par la Région pour sortir à terme de la dépendance à l’automobile.

L’intermodalité, au cœur des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, est la doctrine des transports du futur. Les écologistes accompagnent cette dynamique grâce à Navigo +, un abonnement unique qui donnera accès à une vingtaine de transports. Faciliter l’intermodalité c’est aussi encourager les mobilités douces en permettant aux Francilien·nes de terminer leurs déplacements par le vélo du dernier kilomètre, comme cela se fait aux Pays Bas. Des études et expérimentations de services de transport fluvial décarboné seront réalisées dans le cadre de cette intermodalité cyclable.

Nous voulons que les Francilien·nes puissent choisir leurs déplacements. Les écologistes réduisent la part de déplacements subis en déconcentrant les services et les activités. 

Élections : Aménagement de l'Île-de-France - Se déplacer et se loger

2 - Un logement digne et confortable pour tous·tes 

Un·e habitant·e de l’Île-de-France sur dix est mal logé. Absence de domicile personnel, difficultés d’accès au logement, mauvaises conditions d’habitat… le confinement et la crise sanitaire ont rendu visibles et souvent aggravé nombre de ces situations déjà critiques.

Les loyers ne sont pas suffisamment encadrés et les familles subissent les effets d’une bulle spéculative : le prix moyen de location dans le parc privé est supérieur de 26% à la moyenne nationale. Les écologistes investissent dans le logement social afin que chacun·e puisse se loger confortablement et dignement. 

Pour lutter contre le sans-abrisme et pallier la saturation des services d’hébergement, la Région écologiste met en place les dispositif “un logement d’abord” qui permettra de loger les Francilien·nes les plus vulnérables de façon durable, avec un bail et une clef et un accompagnement social. La Région entretiendra, à travers les organismes qui lui sont liés, un parc spécifiquement lié à la sauvegarde des personnes victimes de violences, dont la gestion sera concertée avec les services d’État et les associations compétentes.

La précarité énergétique participe au mal logement des Francilien·nes. La Région écologiste lancera un plan global de rénovation thermique et énergétique des logements, avec avance des frais pour les plus vulnérables, pour faire des économies sur sa facture et lutter contre le changement climatique. 

3 - Une Région sûre et apaisée 

Ces derniers mois, l’Île-de-France a été le théâtre de plusieurs faits-divers tragiques. Les causes de l’escalade de la violence dans notre région sont multiples et profondes. Aujourd’hui, plus que jamais, il est indispensable de prendre le problème à la racine et de comprendre que le courage politique est celui d’un changement de méthode.

La sécurité n’est pas une compétence de la Région en tant que telle mais est liée à certaines de ses prérogatives telles que les lycées, les transports, l’aménagement du territoire etc. Nous refusons de participer à la surenchère sécuritaire orchestrée par la droite en proposant des mesures liberticides et de surveillance de masse. A d’autant plus forte raison que c’est à cette droite que nous devons la suppression de 11.000 policier-es et l’abandon de la police de proximité.

Les écologistes militeront pour que la Police nationale renforce ses effectifs de manière durable en Ile de France. Mais nous pensons que cette question ne peut être traitée uniquement sous le prisme de la répression. Au contraire, il faut privilégier la prévention de violences et envisager la sécurité de façon globale en portant le projet du bien être et de l’apaisement, comme l’envisageait le Plan Borloo.

Nos propositions

1 - Un logement pour tous : 100 millions par an pour le logement social

Pour répondre aux besoins des Francilien·nes, prévenir et lutter contre le sans-abrisme, la Région écologiste investira dans les logements sociaux. Le Conseil Régional veillera à répartir de façon équilibrée ce parc sur l’ensemble du territoire pour éviter que certaines régions concentrent l’ensemble des difficultés sociales. 

  • 100 millions d’euros par an d’euros par an pour le logement social et très social 

  • Appuyer les dispositif de logement d’abord pour les personnes en grande vulnérabilité

  • Rééquilibrer le logement social en Île-de-France en conditionnant les aides au respect de la loi sur la construction de logements sociaux 

  • Réinvestir le comité régional de l’habitat et de l’hébergement pour promouvoir la construction de logements répondant aux besoins de la population et résoudre la crise du logement

  • Doter les missions locales et les comités locaux pour le logement des jeunes des moyens nécessaires à l’information des jeunes sur leur droit au logement et renforcer les dispositifs leur permettant d’y accéder. Création de structures d’habitat collectif pour les jeunes et intergénérationnels.

  • Mobilisation du parc intercalaire pour le logement et l’hébergement

  • Entretien d’un parc spécifiquement lié à la sauvegarde des personnes victimes de violences, dont la gestion sera concertée avec les services d’état et les associations compétentes

  • Réserver des places en structures d’hébergement pour les jeunes en rupture familiale

  • Allocation de fonds régionaux pour lutter contre le racisme environnemental qui touche les nomades et les personnes vivant en bidonvilles. Mise en place d’un fonds de résorption des bidonvilles en complément de l’État ainsi que d’une politique de diagnostic et de mise aux normes “habitat léger” des aires d’accueil des gens du voyage, souvent situées loin des centres de vie et à côté de déchetteries, d’industries et d’infrastructures polluantes. Travaux de recherche sur les évaluations d’impact sur la santé. Protection de toutes les personnes face aux risques chimiques et à la pollution de l’air. 

  • Financer la transformation de bureaux vides en logement , lieux d’activités ou hébergement

  • Soutenir les mairies et agglomérations qui mettent en œuvre l’encadrement des loyers

  • Une région engagée pour l’arrêt des expulsions sans relogement

  • La transformation des bureaux vides en logement

2 - Diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre du bâtiment grâce à la rénovation énergétique

La principale contribution directe de l’Île-de-France aux émissions de gaz à effet de serre est son bâti (50% des émissions régionales). La stratégie d’économies d’énergie, couplée avec une politique de sobriété des usages est la plus pertinente pour diminuer notre contribution aux dérèglements climatiques et améliorer directement les conditions de vie des Franciliennes et des Franciliens. La rénovation énergétique du bâti francilien est une mesure qui fait du bien au climat et au porte monnaie ! 

  • Des dispositifs de tiers financement avec Île-de-France Énergies : les travaux de rénovation des particuliers seront financés progressivement grâce aux économies d’énergie réalisées sans que le propriétaire ne débourse aucun fond 

  • Mettre en place un Observatoire régional de la précarité énergétique et garantir une meilleure information des dispositifs d’aide régional pour la rénovation 

  • Faire de l’Île-de-France un leader européen de la construction écologique en rénovant l’éclairage et le bâti public, en commençant par les lycées 

  • Encourager et prescrire les diagnostics thermiques des logements sur le modèle “SOLENI” d’accompagnement à la maîtrise de l’énergie pour les ménages en précarité. 

  • Création d’un service public régional de la performance et de la sobriété énergétique pour diminuer collectivement les usages énergétiques à tous les niveaux  et proposer des financements adaptés

  • Développer les opérations d’autoconsommation collective pour lutter durablement contre la précarité énergétique

3 - Des transports du quotidien fiables et confortables

La galère des transports est causée par le manque d’investissement dans le réseau du quotidien ainsi que par son niveau de saturation. La Région écologiste réorientera les politiques budgétaires pour améliorer en priorité l’offre de transport existante pour la rendre fiable, ponctuelle et accessible. Nous abandonnerons les infrastructures polluantes et non désirées comme le CDG Express et les lignes 17 au Bourget et 18 à Massy. Nous renforcerons l’offre de transport nécessaire pour désenclaver la Région. 

  • Investir dans l’amélioration des lignes du quotidien comme les RER B, C et D : améliorer les ascenseurs et les escalators, rénover les trains, développer la signalisation automatique, investir sur les infrastructures, créer un centre de commande unifié SNCF/RATP avant l’arrivée de Nexteo pour garantir la fiabilité des trains 

  • Relancer les études sur l’élargissement du tunnel des Halles

  • Désaturer la Gare du Nord en créant une gare de correspondance à Pleyel St Denis

  • Prolonger des lignes véritablement utiles aux Francilien·nes T5 T7, T11, T13, M4, M11 etc. 

  • Remettre en cause les projets de déconnexion de branche, dont celui du RER D, qui empêchent les Francilien·nes de se rendre directement à Paris ou en petite couronne et les obligent à changer de train sur une même ligne

  • Généraliser le bus “quart d’heure” en grande couronne et augmenter l’offre d’au moins 50%.

Élections : Aménagement de l'Île-de-France - Se déplacer et se loger

En Île-de-France, Metrobus, la régie publicitaire de la RATP, revendique 100 000 panneaux publicitaires dans le métro et sur les bus, et 724 écrans vidéos. 

Cette pression permanente ne cesse d’augmenter. Début 2020, 1300 écrans digitaux ont été implantés dans 63 gares de la Région. Pourtant, ces dispositifs consomment treize fois plus que les panneaux déroulants classiques.

Parmi les 149 propositions de la Convention citoyenne pour le climat, 7 sont consacrées à la régulation de la publicité, et notamment l’interdiction des écrans vidéos publicitaires. Malheureusement, le gouvernement fait la sourde oreille. 

Les ressources tirées de la publicité sont pourtant minoritaires : elles ne représentent que 2,5% du chiffre d’affaires de la RATP. Nous avons donc les moyens de changer de modèle. 

Les écologistes à la Région Île-de-France veulent abandonner progressivement les publicités dans les transports, en commençant par les écrans numériques très énergivores.

  • Antistress publicitaire : suppression progressive des publicités dans les transports, en commençant par les écrans numériques 

  • Extension de l’offre de transports de nuit, notamment circulation 24/24 des tramways, en veillant à ne pas gêner les riverains.

4 - Atteindre enfin l’accessibilité universelle des transports en commun

  • 100% des bus et des trains accessibles aux poussettes, aux fauteuils roulants et aux vélos d’ici 2030

  • Accélération de la mise en accessibilité des gares et stations de métro

  • Le réseau de transport adapté aux personnes en situation de handicap et limitées dans leurs déplacements (PAM), géré actuellement par les seuls départements, sera redéployé de manière concertée avec les EPCI et les communautés de communes afin de fonctionner comme un véritable transport à la demande qui couvre l’intégralité du territoire, y compris les franges de la région et l’ensemble des usages

  • L’ensemble des outils de communication, de signalisation et d’information d’île-de-France Mobilités seront accessibles pour les Francilien·nes concerné·es par les handicaps sensoriels, dont le FALC “facile à lire et à comprendre”. 

5 - Des réseaux de transports plus attractifs et plus sûrs

Si l’insécurité dans les transports en commun fait l’objet de projections parfois exagérées diffusées par leurs contempteurs, il est clair qu’ils demeurent souvent très hostiles aux femmes, dont 100% ont déjà subi une agression sexiste dans le cadre de leurs déplacements. 

  • Former le personnel des opérateurs de transport en commun sur la réponse aux agressions sexistes

  • Création de brigades de prévention des violences et de prise en charge des personnes vulnérables

  • Outil de signalement d’injure ou d’agression à travers l’application Navigo +, par SMS et téléphone. Chaque signalement est suivi par IDFM, les bandes de vidéosurveillance seront automatiquement enregistrées et versées au dossier de plainte

  • Île-de-France  Mobilités se portera partie civile en lieu et place des victimes en cas d’agression sexiste. 

  • Exiger de l’État le retour des forces de sécurité qu’il a supprimées (500 policiers et gendarmes)

6 - Un seul Pass Navigo + pour tous les déplacements

L’offre Navigo n’est pas adaptée à l’ensemble des transports présents sur la Région. Résultat : les forfaits s’accumulent, les tickets se multiplient et les prix augmentent. Les écologistes proposent un service d’offre globale incluant l’ensemble des transports. L’accès aux transports en commun est un enjeu environnemental et social, la tarification doit permettre à tous·tes les Francilien·nes d’accéder à ce service de façon équitable. 

  • Navigo + : une offre unique pour une vingtaine de transports y compris les transports à la demande et les transports dédiés aux personnes en situation de handicap

  • Généralisation du ticket unique intermodal pour 90 minutes pour TOUS les transports (vélo, bus, ferré T à D)

  • Application Navigo + : les horaires et les itinéraires croisant tous les modes de transports, l’état du trafic en temps réel y compris en grande couronne 

  • Outil de signalement des incidents et désagréments intégré directement à l’application

  • Data ouverte pour que les usager·es puissent s’en emparer et proposer des améliorations

7 - Une tarification sociale adaptée à toutes et tous

  • Gratuité du Pass pour tous les moins de 18 ans 

  • Accessibilité au Pass Imagin’R pour tous les moins de 25 ans même non-étudiant·es

  • Ticket toutes zones le week-end et vacances scolaires à 5 euros pour toute la famille 

  • Des forfaits à moins 50% pour les retraités

8 - 1700 km de pistes cyclables et don de vélo pour les lycéen·nes

Les écologistes veulent développer le vélo et la marche en Île-de-France pour désaturer les transports en commun et faire du vélo et de la marche des transports de masse. Les mobilités douces garantissent la pleine santé des Francilien·nes en encourageant l’activité physique et en évitant les pollutions de l’air et les pollutions sonores. 

  • Un réseau cyclable sécurisé irriguant toute l’ile de France, et des zones urbaines 100% cyclables. Création d’un réseau structurant “RER Vélo” à l’échelle de la région et diffusion d’une signalétique vélo régionale.  1700 km de voies vélo d’ici 2027.

  • Distribution progressive de vélos neufs à tous les lycéen·nes et développer les cours de vélo pour les jeunes et les adultes et création du brevet régional cycliste

  • Prêt de vélos reconditionnés  comme à la Métropole de Lyon

  • Créer une direction “vélo” au sein d’Île-de-France Mobilités

  • Promouvoir le vélo du dernier kilomètre en incluant au pass unique Navigo + l’accès à un vélo en libre-service et à des stationnements sécurisés dans les gares et les pôles multimodaux

  • Abonnement location de vélo longue durée à 1 euro pour les jeunes précaires, 10 euros pour les autres 

  • Gares 100% cyclables et accessibles universellement avec parkings sécurisés et services de réparation et de petit entretien en nombre suffisants et intégrés à l’offre Navigo + 

  • Élargir l’ensemble des dispositifs de mobilité douce à la subvention régionale “vélos adaptés” conquise par les écologistes et l’ouvrir à toutes les personnes en ayant besoin, quel que soit le taux d’incapacité reconnu par la MDPH, y compris les dispositifs de roues électriques pour les utilisateur·ices de fauteuils roulants manuels.

  • Créer un indice de cyclabilité visant à attribuer une note aux communes en fonction des infrastructures vélo mises à disposition des usagers dans les gares et les lycées.

9 - Relancer l’activité de nos villages et communes rurales

Paris et sa petite couronne concentrent la majorité des activités de la Région : 68% des emplois sont ainsi concentrés sur 6% du territoire. Les écologistes veulent garantir un accès équitable aux infrastructures et aux services aux habitants de l’ensemble de la Région, y compris en grande couronne. 

  • Une desserte de transports en commun fine et adaptée à la demande : extension des zones et plages horaires du transport  

  • Une solution de transport en commun à 15 minutes de chez soi, création de pôles de mobilité regroupant station vélos, bornes de recharges, station de covoiturage, station transport à la demande, dans les villes et villages sans offre de transport public ou partagé, en concertation avec les communes et EPCI. 

  • Organiser le retour des activités économiques et commerciales dans nos quartiers et nos villages pour les faire revivre, ne plus construire en plein champ. Soutenir la transition numérique et écologique des petits commerces

  • Rapprocher les emplois des logements grâce à la planification urbaine, ou en encourageant le télétravail 

  • Maintenir le soutien à la création d’espaces de travail partagés pour diminuer les trajets domicile-travail

  • Construction de lycées de taille moyenne en zone rurale pour rapprocher les logements des établissements scolaires

10 - Plan régional pour l’égalité dans les quartiers

Les quartiers populaires ont été complètement abandonnés par la droite qui a arrêté de soutenir la politique de la ville. Alors que les inégalités territoriales ne cessent d’augmenter depuis plus de vingt ans, il est temps de lutter contre les assignations à résidence et les inégalités

  • Rétablissement des subventions liées à la politique de la ville, supprimées par la droite et le centre

  • En lien avec la stratégie nationale “cœur de ville”, revitalisation des quartiers en soutenant les commerces et les associations locales

  • Contractualisation des politiques d’aménagement pour laisser plus de place à la nature, créer des espaces verts et des îlots de fraîcheur

  • Politique économique et de l’emploi sectorisée à partir de diagnostics régionaux. Soutenir au moins dix zones “zéro chômeur de longue durée”

  • Soutien aux initiatives locales et aux pôles territoriaux de coopération économique

  • Subventions de fonctionnement pluriannuelles pour les associations locales et les centres d’animation socioculturelle

  • 30 000 emplois tremplin pour l’intérêt général

  • Diagnostic économique de territoire et soutien aux missions locales

  • Rénovation de 130 lycées en ciblant les plus délabrés pour des conditions d’étude dignes et confortables.

  • Expérimentation de programmes de sécurité sociale alimentaire pour que tout le monde ait accès à une alimentation de qualité

  • Modernisation des transports du quotidien, en priorité les RER B et D

  • Soutien et financement des testings pour lutter contre les discriminations ; résultats rendus publics

  • Région partie civile aux côtés des victimes et si besoin portera plainte en lieu et place pour obtenir justice.

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21 mai 2021 5 21 /05 /mai /2021 10:11

L'automobile a envahi nos imaginaires depuis un siècle : il est plus facile d'imaginer la fin du monde que la fin de la voiture. Cessons de penser notre auto-mobilité comme une affaire personnelle dans une société où l'interdépendance est planétaire. Un extrait du livre d'Andrea Coccia Contro l'automobile, paru en italien chez Eris Edizioni en 2020, révisé, traduit en français par Amélie Depriester et publié le 12 avril 2021 sur Le Grand Continent https://legrandcontinent.eu/fr/2021/04/12/contre-la-voiture/. Lire aussi Les voitures vendues en 2018 conduisent le climat droit dans le murLes effets de la voiture électrique et « Une civilisation durable ne peut pas être une civilisation de la voiture ».

Contre l'automobile

L’année de la Restauration

Les données sur les ventes de voitures en 2020 ne laisse pas de place à une multitude d’interprétations différentes : ce que l’industrie automobile, l’une des plus grandes filières industrielles au monde, a vécu, est décidément une annus horribilis. Rien qu’en France, selon le CCFA, le Comité des constructeurs français d’automobiles, 1 650 118 voitures personnelles ont été immatriculées en 2020. Cela représente, en dehors des statistiques, le pire chiffre depuis 1975. Une chute nette des immatriculations par rapport à l’année précédente de 24,4 %. 

Le marché français n’est bien entendu pas le seul à avoir connu ce cauchemar. En Allemagne, la baisse a été de 19,1 %, avec 2 917 678 voitures immatriculées. En Italie, elle a été de 27,9 %, avec 1 381 496 voitures vendues. Aux États-Unis, elle a été de 13,8 %, avec 14 670 000 voitures vendues. Et les chiffres mois par mois sont encore plus effrayants : on y constate des chutes de pourcentage de près de 80 % pendant les mois les plus durs du confinement.

En bref, alors qu’en 2019 les constructeurs automobiles pouvaient se permettre d’espérer franchir le cap des 100 millions de véhicules produits par an d’ici quelques années, en 2020, leur espoir est devenu : survivre à la pandémie. Qu’est-ce que cela signifie ? Survivre en même temps que la crise du pouvoir d’achat de la population liée à la crise économique qu’elle a générée, mais aussi survivre à l’attention accrue aux stratégies alternatives de mobilité que cette crise a générée dans l’opinion publique et au sein de nombreuses communautés, principalement urbaines, désireuses d’exploiter le choc généré par le coronavirus pour proposer de nouveaux modèles de mobilité à l’échelle humaine plutôt qu’à l’échelle de la voiture.

Face à cette conjoncture, comme toute vieille structure de pouvoir sur le point de faire face à une révolution qui menace de la balayer, les constructeurs automobiles avaient deux options : vivre 2021 comme l’année du carnage ou la transformer en une année de la Restauration. Pour ce faire, ils n’ont pas attendu. La bataille a commencé immédiatement.

Le 26 mai 2020, à Étaples, dans le Pas-de-Calais, depuis une usine de Valéo, une entreprise française leader dans la production de composants automobiles, le président de la République Emmanuel Macron tient une conférence de presse. Sur l’estrade d’où il s’exprime, juste au-dessus d’un bandeau tricolore et juste en dessous du titre de son discours – Plan pour l’automobile – trois mots rejouent le rythme de la devise républicaine : Écologique, compétitif, français.

Alors que derrière le président, le visage grave, se tient le ministre de l’économie Bruno Le Maire, devant lui, le souffle suspendu, non pas des millions de citoyens mais quelques dizaines de personnes, les représentants des conseils d’administration des plus grands industriels du pays, dont l’avenir dépend des décisions du président.

Le contenu de l’annonce ? Un déluge d’argent en aides directes et indirectes à l’industrie automobile : plus de 8 milliards d’euros pleuvent ainsi sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Pour les consommateurs, dans le cadre des aides individuelles, cela prend la forme d’un « bonus écologique » allant jusqu’à 7000 euros pour l’achat d’une voiture électrique, jusqu’à 2000 pour une hybride et jusqu’à 5000 comme prime à la conversion. En outre, pour soutenir la reconversion du secteur industriel, Macron annonce 200 millions pour la transformation industrielle et 150 pour la recherche.

L’objectif à long terme du gouvernement Macron est clair : maintenir l’industrie automobile en vie en relançant le modèle classique, celui des subventions publiques, tout en continuant à encourager l’utilisation de la voiture et sa production. La seule grande différence avec les systèmes d’incitation qui ont servi de béquille au marché pendant des décennies est le label de la transition écologique, dont l’urgence est aujourd’hui indéniable, même pour le secteur automobile, qui a désormais besoin que les conducteurs remplacent les voitures à essence par des voitures électriques pour survivre.

Quasiment un an plus tard, le 31 mars 2021, à Pittsburgh, en Pennsylvanie, Joe Biden prononce un discours à la maison des syndicats de la ville. Ce n’est pas un hasard s’il a choisi ce lieu ; ce n’est pas un hasard non plus s’il a choisi de revenir à Pittsburgh. C’est là qu’il a commencé sa tournée électorale, qu’il a annoncé qu’il acceptait l’investiture démocrate et qu’il a prononcé son dernier discours avant le jour du scrutin. Trois discours importants, mais autant que celui qu’il prononce ce jour-là.

Depuis l’estrade, en effet, Biden annonce l’American Jobs Plan, le plan gigantesque d’environ 2000 milliards de dollars en dix ans pour renouveler les infrastructures américaines et effectuer la transition écologique en Amérique.

Sur les près de 1000 milliards de dollars d’investissements nets du plan annoncé par le président Biden, 174 milliards sont destinés à subventionner le marché des voitures électriques, tandis que 165 milliards seront consacrés aux stratégies de transport alternatives, aux services publics et au réseau ferroviaire. Tout cet argent, comme celui que Macron a promis aux industries françaises près d’un an plus tôt, sera mis à disposition sous forme de subventions et d’incitations pour les États, les collectivités locales et les particuliers.

En écoutant le discours de Macron d’abord et celui de Biden ensuite, beaucoup se posent la même question : comment est-il possible que les constructeurs automobiles aient autant de pouvoir ? Une question qu’il est plus utile de poser autrement : comment est-il possible qu’il soit plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin des voitures ?

Les deux plans, en effet, bien qu’incomparables par leur taille et leur ampleur, ont un solide centre de gravité commun : ils mettent beaucoup d’argent sur la table pour l’industrie automobile. C’est-à-dire pour les mêmes personnes qui, depuis un siècle, dirigent les politiques de mobilité dans le monde entier en investissant d’énormes ressources dans la communication, à la fois dans la publicité et la propriété directe des médias, mais aussi dans la politique, à la fois dans le lobbying et l’influence, mais aussi dans le financement direct des partis politiques.

Le résultat ? Nous nous retrouvons exactement dans la situation à laquelle nous étions confrontés avant même la pandémie : une dépendance si totale et si complète de nos sociétés à l’égard des voitures que nous sommes obligés de répondre à la question de savoir comment nous pourrions survivre sans elles d’une manière très claire : c’est impossible, il n’y a pas d’alternative. 

There is no alternative. L’adage qui, selon Mark Fisher, représentait la victoire du réalisme capitaliste fonctionne tout aussi bien pour le réalisme automobile.

Contre l'automobile

Inception

Un paysage naturel, sauvage, qui s’étend à perte de vue. Une route sinueuse et déserte, qui serpente dans un paysage à couper le souffle. Sur la route, une voiture et, autour, rien que le silence. Elle est élégante, puissante. La carrosserie brillante, de couleur presque toujours noire comme les vitres qui masquent l’intérieur, lui confère une beauté hautaine et irrésistible. Qu’elle roule à toute vitesse dans une vallée, entre les collines, au-dessus des montagnes, dans la neige, au bord d’un océan ou dans le désert, peu importe : tout ce qui compte, c’est sa totale liberté. 

Avouez-le, ces images vous sont familières : vous les avez vues défiler devant vos yeux un nombre incalculable de fois. Leur message nous poursuit chaque jour, sur tous les formats, mais les valeurs transmises sont toujours les mêmes : celle de la vitesse, de l’aventure, du privilège, de la liberté. Ces valeurs, l’industrie automobile les instille dans notre imaginaire depuis des décennies par le biais d’une campagne marketing qui dure depuis près de cent ans et coûte des milliards de dollars chaque année : la plus grande intrusion stratégique dans l’imaginaire mondial de l’histoire de l’humanité.

Souvenez-vous du film Inception, de Christopher Nolan. Leonardo DiCaprio y interprète une sorte de hacker des rêves dont la mission est de pénétrer dans l’esprit de l’héritier d’un grand industriel, joué par Cillian Murphy, pour orienter ses décisions futures en implantant une idée dans son cerveau. L’industrie automobile a réussi à pénétrer l’imaginaire mondial avec beaucoup moins de moyens : il a suffi de rivières d’argent, de dizaines et de dizaines de milliards par an investis dans la publicité, le placement de produits, le parrainage, le lobbying, ou encore le marketing.

L’argent suffit quand on sait déjà où creuser.

Selon Colin Ward, auteur de Pour en finir avec le mythe de l’automobile (Atelier de création libertaire, 1993) ce lieu à creuser était la stimulation du « rêve infantile d’une liberté individuelle absolue dont nous avons du mal à nous libérer ». Nous sommes parvenus à nous convaincre que notre possibilité d’être heureux est liée à quelque chose qui, en réalité, ressemble plus à une prison qu’à un vecteur de liberté : il suffisait d’appuyer sur le bouton de la présumée liberté totale, celle dont rêvent les enfants et les tyrans.

Presque partout, l’industrie automobile figure parmi les principaux investisseurs publicitaires. Pour la seule année 2017, environ 20 milliards de dollars ont été investis dans le secteur au Canada et aux États-Unis, près de 7 en Chine, autant si l’on regroupe seulement la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie et environ 3 milliards dans le reste de l’Europe. Près d’un milliard et demi au Japon, un milliard en Australie, et de même en Inde. Au total, cela représente environ 40 milliards de dollars. Cela ne concerne que le secteur automobile, sans compter les compagnies pétrolières et les compagnies d’assurance.

La communication est une guerre, et dans cette guerre, les constructeurs automobiles ont une énorme puissance de feu. Dans n’importe quel journal ou magazine du monde, il n’est pas difficile de trouver des publicités pour des voitures. Cela n’est pas étonnant, car l’industrie automobile investit massivement dans le journalisme et la communication, à tel point qu’elle représente pour beaucoup de groupes de presse la plus grande part de leurs revenus publicitaires. La dépendance est presque totale.

On ne peut pas y échapper. Les voitures sont partout. Elles prennent toute la place. Elles occupent notre temps.

Avec les 87 176 335 nouveaux véhicules qui ont été produits en 2018, qui viennent s’ajouter aux 1,3 milliard de voitures déjà existantes, tous ces véhicules, même quand ils sont à l’arrêt, occupent un espace immense. Une voiture de taille moyenne occupe environ 10 mètres carrés, ce qui veut dire que les voitures actuellement en circulation dans le monde occupent environ 13 milliards de mètres carrés.

Mais les voitures ne font pas qu’occuper notre espace, elles occupent aussi notre temps. Selon la Commission européenne, un Italien passe en moyenne environ 37 heures par an dans les embouteillages, un Français n’y passe (que) 30 heures. Au total, nous passons en moyenne 5 ans et 7 mois dans notre voiture au cours de notre vie. La voiture était porteuse des plus belles promesses : rouler pour aller loin, aller vite, pour transporter des objets, découvrir le monde. Mais le conducteur lambda ne fait rien de tout cela : il utilise sa voiture pour se rapprocher de son domicile, dans la lenteur et dans la solitude, en emportant tout au plus sa housse d’ordinateur. 

Rien à ajouter : le mécanisme d’Inception a parfaitement fonctionné. Ils nous ont convaincus : la voiture n’est pas seulement nécessaire, elle est indispensable à notre vie.

Avant son suicide en 2017, Mark Fisher a écrit que la plus grande victoire du capitalisme avait été de nous convaincre tous qu’il n’y avait pas d’alternative. Le pactole de l’industrie automobile est encore plus raffiné : elle a accru notre dépendance aux  voitures tout en nous amenant à les vénérer, à les considérer comme l’invention qui nous a émancipés de la nature.

Contre l'automobile

Mon royaume pour un cheval

Au sommet de la Butte Montmartre, près de 130 mètres au-dessus du niveau de la ville, se dresse la Place du Tertre. La petite place est réputée pour ses peintres, son restaurant historique, où l’on aurait inventé le terme de « Bistrot », mais aussi pour avoir été le point de départ de la Commune de Paris. À l’un des angles, juste au-dessus de la plaque indiquant le nom de la place, se trouve une stèle en marbre sur laquelle est gravée en lettres rouges la phrase suivante : « Pour la première fois, le 24 décembre 1898, une voiture à pétrole, pilotée par Louis Renault, son constructeur atteignit la place du Tertre, marquant ainsi le départ de l’industrie automobile française ». 

Bien que la voiture à pétrole conduite par Renault, qui avait à l’époque tout juste 21 ans, ressemble plus à un pousse-pousse qu’à une voiture, c’est à ce moment-là que le garçon aux cheveux roux vient de remporter le gros lot. D’un seul coup, il a réalisé un rêve qu’il nourrissait depuis au moins une décennie et a réussi la première opération de marketing de l’histoire de l’automobile. Et ça a marché. Ce jour-là, le jeune Louis reçut 12 commandes pour un modèle qui n’existait pas encore. Deux mois plus tard, il fonda Renault avec ses frères, à Boulogne-Billancourt.

Louis n’est pas le seul, dans ces années-là, à rêver de libérer l’homme du joug de la lenteur. En juin 1896, le célèbre Henry Ford menait le même combat, lui qui faisait alors ses premiers pas dans l’industrie automobile, au moment même où le jeune Renault montrait aux Parisiens que sa voiture ne craignait pas les montées. Et ils n’étaient pas les seuls, puisque Karl Benz avait déjà inventé une voiture fonctionnant au pétrole dans l’arrière-boutique d’un magasin de vélos à Mannheim, une dizaine d’années auparavant. Tels de nouveaux alchimistes, le rêve de ces pionniers et de tous les autres était de desserrer les chaînes qui retenaient l’individu lié à l’espace-temps. Pour relever la barre de la mobilité et de la liberté, ils pensaient avoir donné à l’Humanité un outil révolutionnaire : chacun pourrait aller n’importe où et n’importe quand, ne dépendre ni de l’horaire des trains ni de la fatigue d’un cheval.

C’était un beau rêve. Mais il suffit de penser à n’importe quel périphérique de n’importe quelle grande métropole contemporaine pour voir, derrière l’effigie du rêve, le cauchemar d’un piège. L’utopie bourgeoise du droit individuel au transport motorisé à l’épreuve de la démocratisation et de la diffusion massive des voitures a enfin révélé son vrai visage.

On aurait pu s’y attendre. Après tout, la différence entre un droit et un privilège est assez claire : si vous étendez un droit à tout le monde, le monde s’améliore ; si vous essayez de massifier un privilège, le monde devient un enfer.

La vitesse est un privilège, elle l’a toujours été. Ce n’est pas un hasard si la noblesse s’est fondée sur la possession de chevaux, c’est-à-dire sur le privilège de pouvoir se déplacer plus vite que les autres. Dis-moi combien de temps il te faut pour te déplacer et je te dirai l’étendue de ta richesse et celle de ta liberté. Et 99,9 % de la population mondiale est très peu riche et très peu libre. La classe des super riches, les 0,1 %, a désormais dépassé la relation avec l’espace et le temps qu’entretiennent les mortels ordinaires.

Tout le reste du monde se déplace en voiture. En Italie, 30 millions de personnes prennent chaque jour leur voiture pour se rendre au travail ou à l’école. 70 % d’entre eux le font seuls.

Même si, à ses débuts, la voiture a pu être un privilège, elle a aujourd’hui perdu son statut, puisque tout le monde possède désormais une voiture. Et passer son temps à conduire pour aller travailler est une forme d’esclavage.

« Un cheval ! Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! », s’exclamait le Richard III de Shakespeare sur le champ de bataille de Bosworth. C’est qu’à l’époque, le moyen le plus rapide d’échapper à la mort était le cheval. La mobilité est le seul salut face à la mort : Richard III est prêt à renoncer au pouvoir dont il comprend alors toute la futilité. Si le Barde devait aujourd’hui réécrire sa tragédie, le nouveau Richard, confronté au même destin, ne troquerait certainement pas son royaume contre une voiture. À quoi bon ? Pour rester coincé dans les bouchons parmi les pauvres blessés ? Il lui faudrait plutôt un hélicoptère, ou un jet privé.

La voiture n’est plus une affaire de riches puisque, dans l’immédiat après-guerre, les plus grands groupes industriels du monde ont dû inventer un moyen de maintenir les niveaux de production qui avaient été atteints en temps de guerre. Après s’être enrichis en produisant des armes, des camions, des wagons et des avions pendant la guerre, il ne leur restait qu’un seul choix : celui de faire de la voiture un produit de masse.

Il ne leur restait plus qu’à lancer la reconstruction d’après guerre, le boom économique, et à exploiter l’intuition de l’Italien Piero Puricelli, qui, dans les années 1920, avait conçu et dessiné la première autoroute européenne, la Milano-Laghi. Cette idée en séduisit plus d’un. Le IIIe Reich en particulier, en particulier, qui, dès les années 1930, fit appel à l’Italien pour concevoir le réseau autoroutier allemand permettant d’assurer la rapidité des déplacements des troupes blindées pendant la guerre. Les constructeurs automobiles et les producteurs de pétrole pouvaient être soulagés : le boom économique de l’après-guerre était sur le point d’ouvrir un énorme marché ; il ne restait plus qu’à préparer le terrain pour créer une dépendance de masse.

L’idée n’était pas nouvelle. Henry Ford, le même homme qui offrit 50 000 dollars à Hitler pour son anniversaire en 1939 et qui lui inspira certains des écrits antisémites les plus virulents de l’époque, décida d’offrir 1 000 dollars à ses ouvriers à Noël 1912. Ce n’était pas un acte de générosité : il avait besoin de clients, et il comptait sur le fait que ses ouvriers utiliseraient cet argent pour acheter un exemplaire de son célèbre modèle T, sa voiture la moins chère, qui se vendait sur le marché pour environ 600 dollars.

Plus de cent ans plus tard, l’entreprise a cessé de construire ce modèle, mais l’objectif de Henry Ford a été largement atteint : presque tout le monde a une voiture. Le fait de posséder une voiture, s’il a souvent été apparenté à une révolution, de commodité et presque de luxe, est devenu une prison. Si tout le monde se déplace, personne ne se déplace.

Contre l'automobile

Manuel pour arrêter de conduire 

La dépendance à l’égard des automobiles est-elle si réelle et totale qu’elle nous a amenés à penser qu’il n’existait pas d’alternatives crédibles ? Eh bien, il est temps de les trouver. Crise énergétique, crise économique, crise environnementale, crise sociale, crise politique. Nous pouvons tourner autour du pot autant que nous le voulons, mais nous sommes témoins des affres d’un système économique en phase terminale.

La voiture est une addiction, pas une nécessité. Comme l’héroïne. Nous en sommes dépendants sur le plan économique, industriel, politique, social et individuel. Mais le plus gros problème lié à l’industrie automobile n’est pas l’impact environnemental. Le problème, c’est notre survie et celle de nos sociétés qui, si elles ne se libèrent pas au plus vite de la voiture, seront condamnées à vivre dans un nouveau Moyen Âge.

La conscience qu’un tel système est un ennemi à combattre est déjà bien répandue. Il nous faudra probablement encore quelques années avant que le match puisse sérieusement commencer, mais en attendant, nous devons construire l’alternative, et nous devons la construire en partant de nos cerveaux, en désamorçant l’inception qui a colonisé notre imagination.

Nous devons avoir la force de réfléchir à nouveau, tous ensemble, et le faire rapidement. Nous devons commencer par la base, en prenant conscience que nous sommes les victimes d’un système qui nous exploite, et nous devons également reconstituer ce que nous sommes sur le point de perdre à jamais : le tissu social. Et il ne s’agit pas là d’un discours luddiste de briseurs de machine : car pour arrêter de conduire, la première alliée sera la technologie, en pensant de biais, en sortant des schémas qu’on nous a mis en tête.

Les objectifs sont clairs : réduire les déplacements, reprendre possession de son temps, bouleverser la notion de travail, reconstruire les tissus sociaux, économiques et politiques à l’échelle de la communauté, faciliter les échanges, optimiser la consommation, et sans doute même commencer à produire sa propre énergie pour se déplacer. Si nous pouvons sortir de cette dépendance sans attendre l’effondrement des structures qui l’ont inventée, c’est en imaginant un monde où nous serons plus heureux.

Beaucoup de mesures pourraient être mises en pratique pour arrêter de conduire mais, paradoxalement, l’arrêt physique de la conduite ne sera que la dernière chose à faire. Certaines stratégies sont déjà visibles, et de fait, ceux qui vivent dans une ville desservie par les transports publics ont déjà ce choix. De nombreuses villes s’efforcent déjà depuis des années de se débarrasser des voitures, et il sera certainement important de suivre l’évolution de ces tentatives. Mais cela ne sera pas suffisant. Dans la plupart des villes, utiliser une voiture est déjà un enfer, et une vie sans voiture est déjà imaginable.

Le problème le plus complexe concerne les personnes qui ne vivent pas dans les centres urbains. Dans les banlieues résidentielles des grandes villes, tout est favorable à la voiture. Pourtant, arrêter de conduire n’est pas un défi que seuls les citadins peuvent relever. Si seuls les urbains parviennent à relever le défi, cela aura pour effet pervers de fomenter la haine de ceux qui vivent en province contre ceux qui vivent en ville. Nous devons sortir de cette guerre civile si nous voulons réussir. Pour arrêter de conduire, nous devons le faire tous ensemble et le premier pas, le plus décisif, est d’arrêter d’en faire une affaire personnelle.

Une fois que nous avons compris qu’il faudra en faire une bataille collective, nous devons nous mettre en tête autre chose : un monde qui contient peu de voitures est impossible. On ne peut pas s’imaginer vivre dans un paradis hypothétique, où nous ne prendrions le volant qu’en cas de besoin, en nous partageant les rares voitures existantes. Malheureusement, un tel monde ne peut exister : la voiture contemporaine, hyper-technologique, ne ressemble plus à la voiture mécanique des premiers jours. Les voitures d’aujourd’hui ont besoin d’une industrie ayant la capacité de se développer en permanence, et pouvant produire toujours plus. Sans cette immense économie d’échelle, et sans l’aide ostensible des États-nations, l’industrie automobile aurait déjà mis la clé sous le tapis. 

Enfin, pour réunir les conditions qui nous permettront d’arrêter de conduire, nous devons nous battre pour limiter nos temps de déplacement. Au lieu de continuer à nous plaindre, battons-nous pour récupérer ce temps et pour que l’acte de se déplacer soit lié uniquement à un choix et non à l’obligation de se présenter sur un lieu de travail comme s’il s’agissait d’une caserne. Nous prônons la diffusion du  télétravail partout où il est possible, pour renverser une coutume arbitraire et peu pratique. Si seulement nous pouvions éliminer collectivement les trajets inutiles vers le lieu de travail, nous verrions la panique dans les yeux des constructeurs automobiles en même temps que quelques étincelles de bonheur dans les nôtres.

Il est évident qu’à la base de tout cela, il faudra changer de perspective, passer du personnel au collectif. Si aujourd’hui beaucoup d’entre nous sont contraints d’utiliser la voiture parce qu’ils n’ont pas vraiment le choix, la solution n’est pas de se refermer sur nos besoins mais de s’allier, de construire une alternative à la fois directe, en mettant en place des moyens de transport alternatifs à la voiture, et indirecte, en changeant nos habitudes de déplacement. Et ainsi, accélérer la fin de la brève histoire de l’automobile sur Terre.

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22 décembre 2020 2 22 /12 /décembre /2020 09:21

La pollution atmosphérique londonienne est responsable de la mort d’une enfant de neuf ans. Telle est la conclusion rendue par un tribunal britannique mercredi 16 décembre 2020. D’après la Fondation européenne pour le climat, AFP et Stéphane Mandard pour Le Monde. Lire aussi La mauvaise qualité de l’air est un facteur supplémentaire de décès du Covid-19.

Rosamund Adoo-Kissi-Debrah montrant un portrait de sa fille, Ella Adoo-Kissi-Debrah, à Londres, le 30 novembre. HOLLIE ADAMS / AFP

Rosamund Adoo-Kissi-Debrah montrant un portrait de sa fille, Ella Adoo-Kissi-Debrah, à Londres, le 30 novembre. HOLLIE ADAMS / AFP

Des années que la question hantait les nuits et les jours de Rosamund Adoo-Kissi-Debrah : « La pollution de l’air a-t-elle tué ma fille ? » La justice britannique a fini par y apporter une réponse claire : oui, « la pollution de l’air a contribué au décès d’Ella ». Dans une décision sans précédent rendue mercredi 16 décembre à Londres, le coroner, officier de police chargé d’établir les causes des morts violentes, a jugé que le décès d’Ella Adoo-Kissi-Debrah le 15 février 2013, à l’âge de 9 ans, n’était pas seulement dû à une insuffisance respiratoire aiguë causée par un asthme sévère, comme l’avait d’abord conclu la justice en 2014, mais le résultat d’une exposition chronique à des niveaux de pollution élevés, liés au trafic routier. Ella vivait dans le quartier populaire de Lewisham, à 25 mètres du South Circular, un axe très fréquenté du sud de la capitale. « Sur le certificat de décès d’Ella, il y aura désormais la vraie raison : la pollution », confie au Monde Rosamund Adoo-Kissi-Debrah.

Derrière son masque bariolé assorti à son boubou traditionnel ghanéen, on devine un sourire de soulagement mais aussi de satisfaction après sept années d’un « rude combat ». Un combat pour Ella. Pour ses jumelles de 13 ans. Pour « toutes ces familles qui souffrent en silence ». « Cette décision ne me ramènera pas ma fille, mais j’espère qu’elle débouchera sur une prise de conscience collective, dit calmement Rosamund qui a élevé seule ses trois enfants. La pollution de l’air tue sept millions de personnes tous les ans [selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS)]. A Londres, au moins douze enfants meurent chaque année des suites de crises d’asthme à cause de l’air toxique qu’ils respirent. Ça ne peut plus durer. J’attends maintenant la réponse du gouvernement, de nos gouvernements. »

« Tueur invisible »

Après la disparition brutale d’Ella, Rosamund a abandonné son métier de professeure de psychologie et de philosophie pour « sensibiliser », « éduquer » face à cette « urgence sanitaire ». Son histoire tragique, elle l’a racontée à la presse britannique. Avec conviction. Le prestigieux Times a lancé une campagne « Clean Air for All » en 2019. Des journalistes viennent de Suède ou de Corée du Sud recueillir son témoignage. Maria Neira, directrice à l’OMS, en a fait son « ambassadrice de cœur » dans sa croisade contre la pollution de l’air. « La décision de la justice britannique est historique, s’enthousiasme la docteure Neira. Nous allons désormais pouvoir nous appuyer sur ce jugement pour passer à la vitesse supérieure, accentuer la pression sur les gouvernements et épargner des vies comme celle d’Ella qu’on n’a pas pu sauver. »

Le jugement du coroner aura une « portée juridique immense », prédit également l’avocate de la mère d’Ella, Jocelyn Cockburn. Jusqu’ici, les victimes de ce « tueur invisible » se cachaient derrière des « statistiques froides ». Désormais, elles ont un visage : le grand sourire, les yeux pétillants et les nattes virevoltantes d’Ella. Sa maman le conserve toujours précieusement auprès d’elle, sur son smartphone.

Une façon de ne jamais oublier qu’Ella, avant d’être terrassée par les crises à répétition, était une petite fille pleine de vie. Toujours dans les premiers de la classe. A 6 mois dans l’eau de la piscine municipale. A 9 mois au club de gym du quartier. Musicienne, elle jouait aussi bien du piano, de la guitare que du cornet à piston. Ella avait un rêve : devenir pilote dans la Royal Air Force.

Le cauchemar, lui, a commencé en octobre 2010. Ella et sa mère décident d’escalader le monument commémorant le grand incendie de Londres de 1666. Au cours de l’ascension, Ella se plaint de ne plus pouvoir monter les marches. Elle est à bout de souffle. Rosamund ne prête pas attention. Mais quelques jours plus tard, ses poumons sifflent comme ceux d’un vieux fumeur. Son état se dégrade. Après Noël, les médecins la placent en coma artificiel. Le début du calvaire. En un peu moins de trois ans, Ella enchaîne les séjours aux urgences et les hospitalisations. Vingt-sept, a compté Rosamund. Souvent, elle doit la porter sur son dos. Parfois, elle doit lui faire un massage cardiaque en pleine nuit quand sa respiration s’arrête. Le 15 février 2013, la nuit de la Saint-Valentin, ses « pouvoirs magiques » n’ont pas pu faire de miracle. Ella succombe d’un arrêt cardiaque à l’hôpital de Lewisham.

Lewisham, mais aussi le King’s College Hospital, le Great Ormond Street Hospital, le St George’s Hospital, le St Thomas Hospital : Rosamund et Ella avaient consulté tous les spécialistes. Les docteurs lui avaient administré des cures d’antibiotiques en intraveineuse, la boostaient aux stéroïdes, lui avaient fait passer des batteries d’examens pour détecter une épilepsie, une mucoviscidose et finir par diagnostiquer un asthme sévère. Mais aucun médecin n’avait évoqué la piste de la pollution de l’air. Et, en 2014, la justice conclut qu’Ella est morte d’une « insuffisance respiratoire aiguë causée par un asthme sévère ».

Soutien du nouveau maire de Londres

Un an plus tard, Rosamund est contactée par un certain Stephen Holgate. Professeur en immunopharmacologie à l’université de Southampton, il étudie l’asthme et la pollution de l’air depuis près de quarante ans. M. Holgate a lu l’histoire d’Ella dans la presse. Il a une intuition. Il l’expose à Rosamund : l’asthme dont souffrait la fillette a vraisemblablement été provoqué et aggravé par la pollution de l’air, et le fait d’habiter près d’une voie de circulation très dense n’a rien arrangé. « J’étais dévastée, se souvient Rosamund. Nous regardions dans la mauvaise direction : nous cherchions une explication médicale alors que la cause était environnementale. Si je l’avais su à l’époque, la première chose que j’aurais faite, c’est déménager. »

Le professeur Holgate se met au travail. Pendant deux ans, il passe ses nuits à éplucher le dossier médical d’Ella et à analyser les niveaux de pollution relevés dans son quartier. Il met en évidence que les concentrations en particules fines et en dioxyde d’azote (NO2), gaz très toxique émis principalement par les véhicules diesel, dépassent régulièrement et largement les limites légales et les recommandations de l’OMS. Surtout, il constate que les crises d’Ella et les hospitalisations surviennent majoritairement à l’automne ou en hiver, lors des pics de pollution. A contrario, ses bronches lui accordent un répit passager au printemps et à l’été, lorsque les niveaux de particules sont plus bas. Conclusion du professeur Holgate : les séjours aux urgences d’Ella ont un « lien frappant » avec les pics de pollution autour de son domicile.

Sur la base de ces nouveaux éléments, Rosamund crée une fondation, lance une pétition pour obtenir la révision des conclusions de la justice et reçoit le soutien du nouveau maire de Londres, Sadiq Khan, lui-même asthmatique, dans sa demande d’une nouvelle enquête. Elle l’obtient en décembre 2019. Un an et deux semaines d’audiences plus tard, le coroner adjoint du district sud de Londres, Philip Barlow, a été convaincu par les arguments du professeur Holgate : « Ella vivait sur le fil du rasoir. Un très petit changement pouvait avoir des conséquences dramatiques. » La nuit de l’ultime crise a coïncidé avec un épisode de pollution particulièrement sévère. Holgate va plus loin : il considère que « si les niveaux de pollution de l’air n’avaient pas dépassé les limites légales, Ella ne serait pas morte ».

De quoi engager la responsabilité des autorités locales. Lors des audiences, un représentant du Grand Londres a reconnu que les limites d’exposition au NO2 ne seraient pas atteintes avant 2025. Il a aussi admis que l’actuel premier ministre, Boris Johnson, avait retardé de trois ans, en 2010, lorsqu’il était maire de Londres, l’extension de la zone à faible émission – censée éradiquer les voitures les plus polluantes –, pour ne pas pénaliser les conducteurs après la crise économique de 2008.

« Les autorités avaient l’opportunité de prendre les mesures susceptibles de réduire les niveaux de pollution mais elles ne l’ont pas fait, a estimé le coroner adjoint, mercredi 16 décembre. Cet échec a sans doute contribué au décès d’Ella. » Le juge doit rendre un second verdict dans un mois, avec des recommandations destinées aux pouvoirs publics. Rosamund espère « une nouvelle loi contre la pollution de l’air », seule à même, selon elle, de rendre l’air un peu plus respirable dans son quartier de Lewisham. A défaut, elle se résout à « déménager » loin de ce maudit South Circular. Même si les jumelles ne sont pas prêtes à poursuivre leur vie ailleurs que dans « la maison d’Ella ».

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21 septembre 2019 6 21 /09 /septembre /2019 09:02
Sur le quai du RER B à la station Saint-Michel, à Paris, le 25 juillet 2015. (PAUL-MARIE GUYON / CITIZENSIDE.COM / AFP)

Sur le quai du RER B à la station Saint-Michel, à Paris, le 25 juillet 2015. (PAUL-MARIE GUYON / CITIZENSIDE.COM / AFP)

« Trois cents bouches du métro rejettent des particules fines à des niveaux de danger exceptionnels », déclarait au Monde Anne Hidalgo, lundi 16 septembre, avant la publication d’une cartographie inédite révélant les zones les plus polluées de la capitale. Une équipe du CNRS, épaulée par l’association Respire, a mesuré en juin ces particules fines dans le métro et dans le RER avec un appareil de haute précision (LOAC). Les résultats, diffusés mercredi 18, sont sans appel : « L’air est nettement plus pollué en particules fines dans le métro que dans l’air ambiant extérieur. »

A la station du RER A, gare de Lyon, les concentrations de PM10 (inférieurs à 10 micromètres), les particules les plus grossières, ont atteint jusqu’à dix fois celles mesurées à la surface : 300 microgrammes par mètre cube (µg/m3) contre 30 µg/m3 à l’extérieur. L’écart est également important pour les PM2,5 (inférieurs à 2,5 µm) : 50 µg/m3 versus 15 µg/m3. Mais les résultats sont encore plus impressionnants lorsque l’on s’intéresse aux particules ultrafines (PUF), d’un diamètre inférieur à 0,1 µm, que ni les appareils de surveillance mis en place par la RATP sur son réseau ni ceux d’Airparif ne mesurent, en l’absence de normes.

« Un niveau jamais atteint en extérieur »

La concentration en PUF a atteint en juin environ 300 µg/m3, gare de Lyon. « Un niveau jamais atteint en extérieur, où on reste en général en dessous de 10 µg/m3 », souligne Jean-Baptiste Renard, du Laboratoire de physique et chimie de l’environnement et de l’espace du CNRS, qui a conduit ce projet. Les mesures en concentration ne rendant qu’imparfaitement compte de la pollution lorsqu’il s’agit de particules aussi fines, il faut aussi les dénombrer. Et, sur le quai du RER A, les scientifiques en ont compté beaucoup : entre 300 millions et 800 millions de particules par mètre cube. Soit 10 fois plus qu’à l’extérieur. Des niveaux similaires ont été relevés sur les quais de la ligne 4 du métro, à la station Châtelet.

Des mesures ont également été faites à la station Cité et dans une rame de la ligne 10 entre Odéon et Gare d’Austerlitz. Les niveaux de pollution constatés à l’intérieur de la rame sont inférieurs à ceux mesurés dans les couloirs. Et sur les quais, c’est en tête que les pics ont été mesurés. Conseil d’Olivier Blond, le président de Respire : « N’attendez pas votre RER près de l’entrée du tunnel ! »

Pour le spécialiste de la pollution de l’air, il s’agit d’« en finir avec l’omerta ». « Tout le monde sait que le métro est pollué, mais rien ne changera tant que la RATP refusera de reconnaître la gravité du problème. Les mesures que nous avons effectuées, c’est la régie qui aurait dû les faire depuis longtemps. » A la RATP, on fait valoir que des mesures de qualité de l’air sont pratiquées « depuis vingt ans » et mises à disposition du public depuis 2018, que 56 millions d’euros auront été investis entre 2016 et 2020 pour renouveler les systèmes de ventilation, ou encore qu’une expérimentation est en cours pour « capter les particules métalliques au freinage », considérées comme la principale source de pollution.

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15 septembre 2019 7 15 /09 /septembre /2019 09:09

Greenpeace a évalué les gaz à effet de serre émis au cours de leur cycle de vie par les véhicules des douze principaux constructeurs mondiaux. Les voitures vendues en 2018 laisseront une empreinte carbone de 4,8 gigatonnes de CO2. D’après Greenpeace et Stéphane Mandard pour Le Monde le 10 septembre. Lire aussi Contre la pollution de l’air aux particules ultrafines, la réduction du trafic automobile est nécessaire, La pollution diesel coûte plus de 50 milliards de frais de santé par an aux Européens« Une civilisation durable ne peut pas être une civilisation de la voiture » et Diesel : les constructeurs automobiles continuent d’enfumer nos villes.

Greenpeace indique que la «la part de marché des SUV, trop polluants, a quadruplé au cours des dix dernières années en Europe». LP/Philippe Lavieille

Greenpeace indique que la «la part de marché des SUV, trop polluants, a quadruplé au cours des dix dernières années en Europe». LP/Philippe Lavieille

Le chiffre ne manquera pas d’alimenter les discussions dans les travées du Salon de Francfort, la grand-messe de l’automobile qui s’ouvre mardi 10 septembre. Il devrait aussi être brandi en France, sur les bancs de l’Assemblée nationale, où doit être discutée cette semaine la loi sur les mobilités. Et pour cause, il est faramineux : 4,8 gigatonnes. C’est la quantité de dioxyde de carbone (CO2) que vont émettre les voitures vendues dans le monde en 2018 au cours de leur cycle de vie, selon un rapport inédit de Greenpeace auquel Le Monde a eu accès. C’est davantage que les émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) de tous les pays de l’Union européenne (UE), estimée à 4,1 gigatonnes d’équivalent CO2.

Pour établir ce chiffre, l’ONG a évalué l’empreinte carbone des 12 premiers constructeurs mondiaux sur les cinq principaux marchés : Etats-Unis, UE, Chine, Japon et Corée du Sud. La palme du plus gros pollueur revient sans surprise au leader mondial Volkswagen, avec 582 millions de tonnes d’équivalent CO2 émis par ses 10,8 millions de véhicules vendus en 2018. Il est suivi de près par le groupe Renault-Nissan (577 millions de tonnes). Le japonais Toyota complète le podium, avec un total de 562 millions de tonnes. Des émissions de GES bien supérieures à celles d’un pays comme l’Australie (533 millions de tonnes en 2018). Avec 878 millions de tonnes, l’empreinte carbone des trois marques allemandes (Volkswagen, Daimler et BMW) dépasse celle de l’Allemagne (866 millions de tonnes).

Fiat Chrystler, champion des émissions par véhicule

Si on rapporte cette empreinte par véhicule, c’est cette fois la firme italo-américaine Fiat Chrysler qui occupe la tête du classement, avec 63,1 tonnes de GES en moyenne par voiture vendue, devant les américains Ford (61,4 tonnes) et General Motors (61,3 tonnes).

Pour mesurer cette empreinte, Greenpeace a cherché à évaluer l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre que vont émettre tout au long de leur cycle de vie (de la production au recyclage et pas seulement à l’échappement) les voitures que commercialise un constructeur au cours d’une année. Une gageure. Le calcul des valeurs des émissions de CO2 à l’échappement se fonde sur des cycles d’essais standardisés que les constructeurs sont dans l’obligation de suivre pour certifier chaque modèle, mais qui sous-estiment les niveaux d’émissions en conditions réelles de conduite. Aussi l’ONG a appliqué un facteur de correction issu des travaux de l’Agence internationale de l’énergie. Elle a opté pour 200 000 km comme « durée de vie » moyenne pour un véhicule.

Les données étant encore plus éparses concernant les émissions dues à la production et à la fin de vie (et au recyclage) des voitures, les experts de Greenpeace ont retenu respectivement 6,5 et 2,7 tonnes d’équivalent CO2 pour ces deux phases du cycle de vie. Pour être tout à fait complets, ils ont également tenté de prendre en compte les émissions en « amont » liées au carburant : extraction, raffinage, transport et distribution.

« L’urgence climatique est chaque jour plus palpable. Pourtant l’industrie automobile continue de conduire le climat droit dans le mur », commente Sarah Fayolle, spécialiste transport pour Greenpeace France.

La bataille des émissions de CO2 des voitures est d’autant plus capitale que le secteur du transport est le premier émetteur de GES au niveau européen. Et le trafic automobile représente à lui seul environ 12 % des émissions générées par les pays de l’UE. Or, si depuis 1990 l’UE a réussi à réduire ses émissions de 23 %, celles liées au transport routier ont crû d’environ 20 %.

Fin de vente des essences et diesel d’ici à 2025

La loi sur les mobilités, concoctée par la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, lorsqu’elle occupait encore le portefeuille des transports, prévoit la fin de la vente des véhicules à moteur thermiques (essence et diesel) en 2040. Beaucoup trop tard pour les écologistes. « Les constructeurs automobiles devraient planifier de toute urgence la fin des véhicules carburant au pétrole : pour limiter la hausse globale des températures à 1,5 °C, les dernières voitures essence, diesel ou hybride devront être vendues en Europe d’ici à 2028 », estime Sarah Fayolle, en se référant à une étude réalisée par le Centre aérospatial allemand.

Souvent présentées comme l’option la plus efficace (car moins onéreuse que les modèles tout-électrique) pour réduire les émissions du parc automobile, les hybrides, dont les ventes sont soutenues en France par la fameuse prime à la conversion, ne constituent pas des solutions pérennes. Utilisant une double technologie (combustion et électricité), ils peuvent produire d’importantes émissions de CO2, notamment s’ils ne fonctionnent pas de manière optimale, soit essentiellement sur des trajets courts.

Mais, pour Greenpeace, l’absence de progrès du secteur automobile dans la réduction des GES incombe surtout à la mode des SUV, ces grosses berlines aux faux airs de 4 × 4. Plus lourds et moins aérodynamiques, ils enregistrent des émissions de CO2 bien supérieures aux autres modèles. En Europe, leur part de marché a plus que quadruplé, pour passer de 8 %, en 2008, à 32 %, dix ans plus tard.

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A Paris, même les diesels les plus récents           dépassent largement les normes de pollution

Une étude inédite a permis de mesurer les émissions réelles des voitures et des deux-roues. Les nouveaux diesels aggravent les pics de pollution à l’ozone l’été.

Les voitures à moteur diesel, même les plus récentes, continuent à émettre des oxydes d’azote (NOx), gaz très toxique rendu célèbre par le scandale du « dieselgate », à des niveaux très supérieurs aux normes d’homologation et aux véhicules essence. Telle est l’une des principales conclusions d’une étude inédite à laquelle Le Monde a eu accès et dont les résultats devaient être présentés mardi 10 septembre.

Entre le 18 juin et le 16 juillet 2018, une campagne de collecte de données sans précédent a été menée dans les rues de Paris dans le cadre du projet TRUE (The Real Urban Emissions Initiative). Pilotée par le Conseil international pour un transport propre (ICCT), l’organisation non gouvernementale à l’origine de la révélation du « dieselgate », elle a permis d’obtenir une photographie précise de la réalité de la pollution automobile dans la capitale à partir des mesures effectuées sur près de 180 000 véhicules en circulation.

En utilisant des portiques équipés de lasers, les experts de l’ICCT ont pu analyser précisément la composition et la concentration des gaz et particules sortis directement des pots d’échappement. Sans possibilité de fraude, contrairement aux tests qui sont pratiqués en laboratoire lors de l’homologation des véhicules.

Premier enseignement, la majorité des véhicules qui sillonnent les rues de la capitale sont encore des diesels (64 %) et récents (28 % sont des Euro 6, immatriculés après 2014). Or, révèle l’étude, les Euro 6 diesel émettent six fois plus de NOx que la norme d’homologation (80 milligrammes par kilomètre) et 4,8 fois plus que les Euro 6 essence.

« Pas adapté à la ville »

« Cette étude nous montre une nouvelle fois que le diesel n’est pas adapté à la ville et que les émissions réelles des véhicules sont très différentes de celles annoncées par les constructeurs », commente Christophe Najdovski, adjoint à la Mairie de Paris chargé des transports. « Elle nous conforte dans notre opposition au projet du ministère de l’économie de requalifier les diesels les plus récents en Crit’Air 1 [catégorie aujourd’hui réservée aux essences les plus performantes et aux hybrides], poursuit l’élu écologiste. Il n’y a pas de diesel propre. »

Les diesels Euro 6 bénéficient pourtant de la vignette Crit’Air 2, c’est-à-dire qu’ils ne seront pas interdits à Paris avant le bannissement de tous les diesels en 2024 et qu’ils peuvent circuler même en cas de pic de pollution, le nouveau principe de circulation différenciée entrée en vigueur cet été ne s’appliquant qu’aux véhicules les plus anciens (Crit’Air 4 et 5).

Autre découverte majeure de la campagne menée par l’ICCT : au-delà de 30 °C de température extérieure, les diesels Euro 6 recrachent de 20 % à 30 % de plus de NOx qu’entre 20 °C et 30 °C. Or les NOx contribuent à la formation d’ozone lors des vagues de chaleur. « Ces résultats démontrent que les diesels mêmes récents viennent aggraver les épisodes de pollution à l’ozone auxquels nous avons été confrontés cet été et qui vont se reproduire. Aussi, tous les diesels devraient être interdits de circulation pendant les pics », considère M. Najdovski.

Dernier résultat marquant de l’étude : la pollution des deux-roues, jusqu’ici mal documentée. Les mesures de l’ICCT montrent que les motos et scooters, très présents à Paris, recrachent jusqu’à six fois plus de NOx et onze fois plus de monoxyde de carbone (CO) que les voitures essence les plus récentes. Très toxique pour l’homme, le CO est aussi un précurseur de la formation d’ozone et contribue, à l’instar des NOx, aux pics de pollution l’été.

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30 mai 2019 4 30 /05 /mai /2019 12:11

Des recommandations pour mettre en œuvre une biorégion résiliente face aux risques d’effondrement de l’Ile-de-France. Le Forum Vies Mobiles (think tank de la mobilité soutenu par la SNCF pour imaginer la transition vers des modes de vies plus durables et désirés) et l’Institut Momentum (réseau de réflexion sur les politiques de l’Anthropocène) présentent le visage d’une Île-de-France post-effondrement et proposent des recommandations pour limiter les conséquences du collapse de notre société industrialisée.               Lire aussi  La Métropole de demain sera verte ou invivable, Paris, encore loin des villes européennes modèles pour la pollution de l’air et la mobilité,              Climat, qualité de vie, inégalités : vers un « Grand Paris » des alternatives ? et « Une civilisation durable ne peut pas être une civilisation de la voiture ».

Une Biorégion Ile-de-France résiliente en 2050

Les signes d'un effondrement de nos systèmes thermo-industriels se multiplient : épuisement des ressources naturelles, dérèglement climatique, déclin de la biodiversité, congestion et pollution liées à nos déplacements croissants… S’oriente-t-on vers une catastrophe planétaire ? L’hypothèse de l’effondrement semble avoir fait son chemin et devient crédible si aucune mesure politique sérieuse n’est prise pour l’éviter. Cependant, nous avons encore la capacité d’agir.

Pour le futur : transition ou effondrement ?

Le Forum Vies Mobiles a vocation à imaginer une transition vers des modes de vie plus soutenables et désirés. Il a néanmoins souhaité s’associer à l’institut Momentum pour réfléchir à l’effondrement.

Le Forum Vies Mobiles et l’institut Momentum s’accordent sur le fait que notre système de mobilité joue un rôle central dans les risques systémiques actuels et qu’il est urgent de repenser nos modes de vie futurs en prenant conscience du caractère limité de nos ressources et de la très faible résilience des mégalopoles.

Pourquoi imaginer une Île-de-France après l’effondrement ?

Le Forum Vies Mobiles préconise d’anticiper la possibilité d’un effondrement systémique afin d’en limiter autant que possible les conséquences par l’adoption de modes de vie plus sobres en énergie, de politiques d’évitement des déplacements inutiles ou subis et de politiques de résilience des territoires.

Caractérisée par une densité humaine et bâtie hors normes, la métropole francilienne, engorgée par des embouteillages à répétition, souffre de pics de pollution et de plus en plus souvent de températures caniculaires en été. Son extrême dépendance à un système de production et de distribution lui-même mondialisé la rend vulnérable. De ce fait, elle constitue un cas d’école pour penser l’effondrement et la manière de l’anticiper via une politique de sortie du « tout voiture » et plus généralement, la fin de notre addiction au pétrole et de la dépendance alimentaire.

Triptique Porte de Saint-Cloud : au centre, état actuel; à droite, vision 2050 si les recommandations sont suivies, à gauche, si aucune mesure n'est prise. ¢Caroline Delmotte.

Triptique Porte de Saint-Cloud : au centre, état actuel; à droite, vision 2050 si les recommandations sont suivies, à gauche, si aucune mesure n'est prise. ¢Caroline Delmotte.

Biorégion Île-de-France 2050

Dans le projet Biorégion Ile-de-France, Yves Cochet, Agnès Sinaï et Benoit Thévard de l’Institut Momentum ont appliqué l’hypothèse d’une sortie de l’Anthropocène en rupture avec nos modes de vie actuels à l'Ile-de-France.

L’ambition du projet

L’automobile est au cœur d’un système désormais bien documenté qui pose des problèmes de santé publique (accidents, pollution, sédentarité), consomme et dégrade une part importante de l’espace, qu’il soit urbain ou rural et, qui plus est, participe au changement climatique.

Caractérisée par une densité humaine et bâtie hors normes, l’Île-de-France souffre de plus en plus de pics de pollution et d’embouteillages à répétition, et de son extrême dépendance à un système de production et de distribution lui-même de plus en plus mondialisé. De ce fait, elle constitue un cas limite particulièrement intéressant pour penser une sortie du « tout voiture » et plus généralement, la fin de notre addiction au pétrole.

Or, si nous sommes de plus en plus nombreux à penser qu’une transition vers des modes de vie plus désirés et plus soutenables est nécessaire, force est de constater que la prise de conscience tarde à se concrétiser dans les politiques publiques, au risque qu’il soit trop tard. Si un effondrement de notre système nous prenait de court ? Un futur désirable sera-t-il alors encore imaginable ?

Le Forum Vies Mobiles a proposé à l’Institut Momentum d’explorer un scénario francilien à horizon 2050, en rupture avec nos modes de vies actuels, répondant à trois grandes hypothèses :

  • la prise de conscience a trop tardé et l’effondrement du système actuel a eu lieu ;

  • les territoires ont dû trouver une forme nouvelle d’autonomie en termes d’approvisionnement énergétique, de production alimentaire et de modes de déplacement ;

  • et une décroissance démographique d’envergure en a résulté.

Inspirés par l’exemple concret de collectivités post-pétrole telles que San Buenaventura en Californie, Bristol et Birmingham en Angleterre, Yves Cochet, Agnès Sinaï et Benoît Thévard adoptent une approche systémique et holistique pour leur travail de scénarisation : leur idée est de transformer et de réorganiser le territoire régional autour de milieux de vie locaux, les biorégions 1 .

Pour cela, ils ne se contentent pas d’utiliser la méthode du backcasting. Ils intègrent plusieurs ruptures fondamentales au cours des prochaines années pour imaginer une Île-de-France où l’automobile aura disparu ou presque, qui sera plus résiliente de façon à tendre vers une organisation humaine viable, réellement durable, voire désirable.

Le visage de l’Île-de-France en 2050 : une réorganisation en Biorégions

A contrario de la centralisation actuelle, une nouvelle société francilienne, e rupture avec la précédente, se serait organisée progressivement en huit biorégions. Il s’agirait de territoires plus autonomes découpés de façon à permettre aux populations de vivre en indépendance alimentaire et énergétique, limitant ainsi les déplacements des individus et des marchandises. Plutôt qu’une organisation administrative et politique basée sur un découpage arbitraire (en fonction notamment des infrastructures ou des intérêts économiques et politiques), c’est l’écosystème naturel qui serait pris en compte, avec pour objectif de limiter la dépendance aux grandes industries agroalimentaires. Côté transports, le nombre de véhicules individuels serait divisé par 55, soit 90 000 voitures en Île-de-France en 2050, contre cinq millions en 2015. La traction animale serait à nouveau développée et les lignes ferroviaires secondaires réhabilitées. En 2050, la consommation énergétique de la région aura été divisée par trois et sa population par deux. L’emploi agricole deviendra la première source d’activité devant les services marchands et les services publics.

Les recommandations de Momentum pour faire face à l’effondrement en Île-de-France

Si la société actuelle ne change pas d’orientation (croissance économique, croissance des mobilités carbonées, consommation des ressources, productivisme, …), le risque d’effondrement est réel. Pour limiter ces risques, ou au moins les impacts d’un effondrement en Île-de-France, des solutions existent :

  • Diviser par deux le nombre d’habitants dans la région. Plutôt que d’attendre une décroissance démographique forcée, il faut organiser une déconcentration des activités. C’est d’autant plus plausible que l’étude Aspirations et projets de mobilité résidentielle des Franciliens du Forum montre qu’une personne sur deux souhaite quitter l’Île-de-France.

  • Réduire progressivement la consommation énergétique par habitant à une tonne équivalent pétrole, soit une division par 2,6 par rapport à la moyenne nationale actuelle. Développer un réseau de production locale d’électricité afin de tendre à l’autosuffisance énergétique.

  • Réduire les déplacements et le nombre de voitures : passer d’environ cinq millions aujourd’hui à moins de 90 000 véhicules en Île-de-France en 2050. Ouvrir les champs aux circulations pédestres ; développer une culture du cheval et de la traction animale. Valoriser et réhabiliter les lignes ferroviaires secondaires en Île-de-France.

  • Promouvoir une nouvelle donne économique basée sur la proximité des échanges, les énergies renouvelables et la gestion des communs par un établissement foncier agricole biorégional et des manufactures coopératives.

  • Promouvoir les métiers manuels et le low-tech. Passer de dix mille emplois agricoles en 2017 en Île-de-France, à environ un million et demi en 2050.

  • Transformer en polycultures les 600 000 hectares de surface agricole utile de l’Île-de-France afin de garantir son autosuffisance alimentaire.

  • Assurer la continuité des trames vertes par l’insertion de parcs agricoles urbains résorbant les entrées de villes.

  • Valoriser le rationnement comme principe d’égalité des citoyens et de lutte contre le dépassement

Le projet Biorégions 2050 a été l’objet d’une publication téléchargeable gratuitement : Télécharger la synthèse des résultats !

Télécharger la synthèse des résultats du projet Biorégions 2050

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19 mai 2019 7 19 /05 /mai /2019 09:20

L’Association du transport aérien international prévoit un doublement du trafic de passagers à l’horizon 2037. Or, explique l’auteur de cette tribune, les conséquences climatiques de ce mode de transport sont largement sous-évaluées et aucune des solutions techniques proposées n’est satisfaisante. Une tribune d'Aurélien Bigo le 15 mai 2019 publiée sur le site The conversation.              Lire aussi Taxer le kérosène des avions serait bénéfique selon une étude de la Commission Européenne.

L’avion émet 1.500 fois plus de CO2 que le train

L’impact du transport aérien sur le changement climatique a fait ces derniers mois l’objet d’une polémique croissante. Au-delà du débat sur la fiscalité se pose la question de la durabilité de ce mode de déplacement.

On questionne la pertinence de maintenir les lignes aériennes en Europe, voire la responsabilité des voyageurs, dans le sillage des Suédois qui se détournent de plus en plus de l’avion sous l’effet de la taxation des billets et de l’émergence de la « honte de voler ».

Cette situation mérite qu’on regarde les chiffres de plus près : quel est l’impact d’un trajet en avion, et plus généralement du transport aérien au niveau mondial ? Quelles perspectives d’évolution du trafic ? La technologie permettra-t-elle de limiter les émissions de manière suffisante ?

Un trajet 1.500 fois plus émetteur qu’en train

Pour comparer l’impact climatique des différents modes de transport, les chiffres les plus utilisés sont ceux des émissions de CO par voyageur au kilomètre, c’est-à-dire les émissions pour un voyageur parcourant un kilomètre grâce à ce mode de déplacement.

Sur ce critère, l’avion ressort en tête du classement des modes les plus polluants, dans des proportions similaires à la voiture individuelle et avec des émissions de l’ordre de 45 fois supérieures au TGV (ou 15 fois pour la moyenne des trains longue distance). Cela permet d’illustrer, par exemple, qu’un voyage Paris-Marseille aura le même impact en avion que pour une personne seule en voiture, mais un impact 45 fois plus important que s’il était réalisé en TGV.

La barre de gauche représente la moyenne pour le mode, celle du milieu en hachuré seulement pour les déplacements à courte distance, et à droite les déplacements longue distance qui sont plus directement comparables à l’aérien en termes de motifs.

La barre de gauche représente la moyenne pour le mode, celle du milieu en hachuré seulement pour les déplacements à courte distance, et à droite les déplacements longue distance qui sont plus directement comparables à l’aérien en termes de motifs.

On pourrait ainsi penser que l’avion et la voiture ont des impacts similaires. Sauf que la rapidité de l’avion lui permet d’atteindre des distances lointaines en très peu de temps. Alors que personne n’imaginerait faire un aller-retour Paris-Marseille en voiture dans la journée ou partir en Chine pour cinq jours, c’est justement ce que permet l’avion !

Un second critère à examiner concerne donc les émissions par heure de trajet. Une personne prête à faire 10 heures de trajet pour partir en vacances traversera la France ou atteindra un pays voisin si elle part en voiture, en train ou en car. Opter pour l’avion lui permettra de partir sur un autre continent.

Cette vitesse implique que le trajet moyen en avion est de 2.400 km, loin devant les autres transports dont les trajets à longue distance sont généralement de l’ordre de 300 km et de quelques kilomètres à quelques dizaines de kilomètres tous trajets confondus. Monter dans un avion est ainsi loin d’être anodin en matière d’impact climatique comparé aux autres modes de transport.

Émissions de CO₂ par heure de transport puis par trajet, en fonction du mode de transport

Émissions de CO₂ par heure de transport puis par trajet, en fonction du mode de transport

Alors que les émissions d’un kilomètre en avion équivalent à peu près à un kilomètre effectué seul en voiture, une heure en avion est 13 fois plus émettrice qu’une heure en voiture. Monter à bord d’un avion rendra votre trajet 125 fois plus émetteur en moyenne que de monter dans une voiture ; et plus de 1.500 fois plus émetteur que de monter dans un train…

Calculer son bilan carbone personnel sur une année permet de se rendre compte de ce très fort impact, à l’échelle individuelle, d’un trajet en avion à longue distance. Par contraste, si l’on se place au niveau français ou mondial, l’impact climatique du transport aérien peut paraître relativement faible.

Si l’on regarde les statistiques françaises, les émissions de CO de l’aérien représentent ainsi seulement 2,8 % des émissions des transports et 0,8 % des émissions totales de gaz à effet de serre en 2016. Ces faibles chiffres s’expliquent par le fait que seuls les trajets internes à la France sont comptés (outre-mer compris). Les transports aériens et maritimes internationaux ne sont en effet pas pris en compte dans les chiffres des conférences des Nations unies sur le climat.

Les émissions de CO2 ne représentent qu’une partie de l’impact climatique de l’aviation

Par conséquent, le secteur se fixe ses propres objectifs climatiques (forcément peu contraignants) via l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), et les inventaires nationaux des émissions reflètent donc un périmètre purement national.

Pourtant, compter les trajets internationaux multiplie par six l’impact de l’aérien pour la France, pour le faire passer à 13,7 % des émissions des transports et 4,4 % des émissions totales du pays.

Au niveau mondial, l’aérien représente en 2015 environ 11 % des émissions de CO des transports, soit 1,5 % des émissions totales de gaz à effet de serre.

Un deuxième biais d’analyse réside dans le fait que les émissions de CO ne représentent qu’une partie de l’impact climatique de l’aviation. Parmi les autres effets les plus significatifs, les oxydes d’azote (NOx) émis dans la haute atmosphère entraînent une réduction de la quantité de méthane (CH4) et une production d’ozone (O3), deux gaz à effet de serre, ainsi que les traînées de condensation et les cirrus (nuages de la haute atmosphère) qui ont tous deux un effet réchauffant.

Sans même compter la contribution des cirrus, dont l’estimation reste très incertaine, l’effet réchauffant des émissions de l’aérien, appelé forçage radiatif, est ainsi deux fois plus fort qu’en prenant en compte seulement le CO. Il conviendrait donc de multiplier par deux l’ensemble des chiffres indiqués dans cet article pour mieux refléter l’impact climatique de l’aérien comparé aux autres modes.

Une estimation du pouvoir de réchauffement (mesuré en forçage radiatif) de l’aérien en 2005 amenait ainsi à une estimation moyenne de 3,5 % du forçage radiatif des activités humaines, et même 4,9 % en intégrant l’impact estimé des cirrus.

Au-delà de la part que représente le secteur aujourd’hui, c’est aussi sa croissance qui inquiète d’un point de vue climatique. L’Association du transport aérien international (IATA) prévoit une croissance du trafic passager de +3,5 %/an et une multiplication par 2 du trafic d’ici 2037. À ce rythme, on serait tenté de se tourner vers la technologie pour voler au secours de l’impact climatique de l’aérien.

Aligner le transport aérien sur l’objectif de l’Accord de Paris devrait donc passer par une remise en cause des hausses du trafic 

Pour ce secteur, toutefois, aucune option technologique n’est disponible à suffisamment court terme et à l’échelle nécessaire : l’avion électrique n’est pas pour demain, et serait forcément limité aux courtes distances en raison du poids des batteries ; l’hydrogène nécessiterait une rupture technologique ; même dans les scénarios les plus optimistes, les agrocarburants ne représenteraient que 20 % des carburants aériens en 2040, non sans concurrence avec les autres usages des terres et de la biomasse. Enfin, le secteur s’est fixé pour objectif d’améliorer l’efficacité énergétique des avions de 1,5 % par an entre 2009 et 2020, rythme très insuffisant pour compenser des hausses de trafic de +3,5 %/an.

Même en additionnant les contributions possibles de l’efficacité énergétique (ici supposée se maintenir à -1,5 %/an) et des agrocarburants (en négligeant leur impact à la production), un doublement du trafic impliquerait une hausse des émissions d’au moins 18 % d’ici 2037.

Pour rappel, les scénarios du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) nous indiquent qu’il faut diminuer les émissions globales de CO de 20 % d’ici 2030 par rapport à 2010 (davantage encore par rapport à aujourd’hui, les émissions ayant augmenté depuis) pour rester sous les +2 °C de réchauffement, et les diminuer de 45 % d’ici 2030 pour rester sous les +1,5 °C.

Aligner le transport aérien sur l’objectif de l’Accord de Paris devrait donc passer par une remise en cause des hausses du trafic. Ce changement peut passer en partie par des changements de comportement individuels (voyager moins loin, moins souvent, privilégier d’autres modes), mais devra aussi passer par une régulation plus forte au niveau international pour donner les bonnes incitations et faire payer au secteur le prix de sa pollution.

Au contraire, une forte hausse des émissions de l’aérien consisterait à reporter l’effort sur d’autres secteurs, ou pire encore, à nous éloigner un peu plus de l’objectif de maintenir un climat vivable pour les prochaines décennies.

De manière conscientisée ou non, la place que l’on donnera à l’aérien à l’avenir reflétera donc un choix sociétal et éthique : parmi les changements à opérer pour atteindre un monde neutre en carbone, est-on prêts à sacrifier quelques trajets en avion pour préserver des conditions de vie acceptables dans les décennies à venir ?

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16 mai 2019 4 16 /05 /mai /2019 09:08

Une étude que traîne à publier l’Europe évalue qu’une taxation de 33 centimes d’euros par litre de carburant diminuerait de 10 % les émissions de CO2 du secteur aérien. D’après Marie-Noëlle Bertrand et Stéphane Mandard le 13 Mai 2019 pour l’Humanité et Le Monde. Lire aussi Des taxes carbone efficaces et approuvées par la population – c’est possible !.

Les prévisions de trafic tablent sur un doublement du trafic aérien d’ici à 2037 pour atteindre 8,2 milliards de passagers dans le monde contre 4,1 milliards en 2017. Toby Melville/Reuters

Les prévisions de trafic tablent sur un doublement du trafic aérien d’ici à 2037 pour atteindre 8,2 milliards de passagers dans le monde contre 4,1 milliards en 2017. Toby Melville/Reuters

Taxer l’avion, oui, mais par quel bout ? Commandée par la direction générale des transports de la Commission européenne en avril 2017, une étude s’est penchée sur la question et devait initialement être rendue en mai 2018. Un an plus tard, ses conclusions n’ont toujours pas été officiellement rendues publiques. L’ONG Transport & Environnement est parvenue à les exhumer des tiroirs bruxellois. L’étude dresse un inventaire des politiques fiscales (ou plutôt de leurs faiblesses) vis-à-vis du secteur aérien au sein de l’Union européenne. Ses conclusions appellent à une petite révolution avec la mise en place d’une taxe sur le kérosène.

Selon l’étude, la mise en place d’une taxe sur le kérosène permettrait de réduire les émissions de CO2 des avions de façon importante. Moins, toutefois, qu’une hausse de la TVA, cette seconde solution impliquant pour sa part un impact plus dur sur l’emploi dans le secteur aérien. Mais, dans les deux cas, insiste l’étude, l’effet sur l’emploi global serait négligeable, de même que celui sur le PIB de l’Union européenne.

Pour parvenir à ces conclusions, les experts ont étudié les deux possibilités. À chaque fois, ils sont partis du principe qu’une taxation plus importante, répercutée sur le prix des billets, entraînera une diminution du nombre de passagers, donc de vols, donc d’émissions de CO2 (et de bruit, autre dommage collatéral de l’aviation).

Une taxe de 33 centimes d’euros par litre de kérosène

S’appuyant sur ce qui se pratique en Allemagne, ils ont d’abord envisagé l’application d’une TVA portée à 19 %. Dans ce premier cas, les émissions de CO2 du secteur aérien européen chuteraient de 18 %, avancent-ils, et le nombre de personnes affectées par les nuisances sonores de 12 %. Cela dit, les conséquences sur l’emploi iraient à l’avenant, avec une perte frisant les 18 % dans le secteur. L’effet sur le PIB et l’emploi global serait en revanche négligeable, estiment encore les experts, qui s’attendent à ce que l’argent généré par cette TVA ait un effet levier pour les autres secteurs – le revenu fiscal lié à l’aviation pour les pays de l’Union passerait selon eux de 10 milliards à 40 milliards d’euros.

Seconde hypothèse : taxer le kérosène à hauteur de 33 centimes d’euros le litre de carburant. La tendance reste la même, avec des effets moindres de toute part. Les pertes d’emploi dans le secteur se limiteraient à 11 %, tandis que là encore, ni le marché de l’emploi global, ni le PIB ne seraient affectés – le revenu fiscal passerait de 10 à 27 milliards d’euros. Les émissions de CO2 seraient elles aussi réduites, mais de seulement 10 %.

Prélèvement sur le kérosène ou hausse de la TVA ? Dans les deux cas, la mesure ferait figure de petite révolution à l’échelle européenne, et même mondiale. Certes, plusieurs pays ont déjà mis en œuvre une forme de taxe sur le transport aérien. L’Australie, le Brésil ou le Mexique la ponctionnent directement sur le billet à hauteur de 30 à 40 euros, rappelle la RTBF. La Croatie applique une TVA de 25 % et le Japon taxe le kérosène à hauteur de 8 centimes le litre.

Cependant rien, à ce jour, ne permet de réguler de façon contraignante les émissions globales de l’aviation civile (ne parlons même pas de l’aviation militaire). Exempté d’obligation en la matière, le secteur n’est pas même mentionné dans l’accord de Paris (le chapitre le concernant, lui et le transport maritime, a été biffé in extremis lors de la COP21, en 2015). En octobre 2016, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a certes adopté un accord visant à réduire les émissions de CO2 de l’aviation internationale, mais il ne repose que sur un mécanisme de marché, permettant aux compagnies aériennes de compenser l’augmentation attendue de leurs émissions (les prévisions tablent sur un doublement du trafic d’ici à 2037) via l’achat de crédits. Sa phase pilote ne débutera en outre qu’en 2021 et uniquement sur base de volontariat.

Même topo à l’échelle européenne, où l’aviation n’est amendée d’aucune taxe, ni même soumise au marché carbone. Face à l’urgence climatique, limiter son essor serait pourtant salvateur. D’autres mesures peuvent y aider. Celle, singulièrement, visant à baisser le coût du billet de train, 40 fois moins émetteur de CO2 que l’avion.

Prélèvement sur le kérosène ou hausse de la TVA ? Dans les deux cas, la mesure ferait figure de petite révolution à l’échelle européenne, et même mondiale. TPG / Photononstop

Prélèvement sur le kérosène ou hausse de la TVA ? Dans les deux cas, la mesure ferait figure de petite révolution à l’échelle européenne, et même mondiale. TPG / Photononstop

L’équivalent du retrait de 850 000 véhicules en France

Appliquée à la France, cette taxe permettrait de réduire de 9 % les émissions de gaz à effet de serre du transport aérien. Soit l’équivalent du retrait de 850 000 véhicules sur les routes françaises. Elle rapporterait en outre aux finances publiques un peu plus de 3,5 milliards d’euros de recettes fiscales supplémentaires.

Au niveau européen, le transport aérien n’est responsable que d’environ 3 % des émissions totales de gaz à effet de serre. Mais sa contribution devrait exploser dans les prochaines années. Les prévisions de trafic tablent sur un doublement d’ici à 2037, pour atteindre 8,2 milliards de passagers dans le monde, contre 4,1 milliards en 2017. En France, le trafic a augmenté de 5 % en 2017. Surtout, il est le mode de transport le plus polluant, si on le compare par personne et kilomètre parcouru : deux fois plus que la voiture, et jusqu’à 40 fois plus que le train, selon les calculs de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

Plusieurs gouvernements se sont récemment dits favorables à une taxe au niveau européen : la Belgique, en mars, après les Pays-Bas, en février. La Suède a déjà franchi le pas. Depuis le 1er avril 2018, elle applique une taxe climat de 6 à 39 euros sur les billets, en fonction de la destination. En un an, le nombre de passagers a diminué de plus de 4 % dont plus de 5 % sur les vols intérieurs.

Une « contribution climat » sur les billets d’avions

« Il est urgent de mettre fin au paradis fiscal dont bénéficie le transport aérien », exhorte Lorelei Limousin, du Réseau action climat (RAC), qui regroupe les principales organisations environnementales (Greenpeace, WWF, FNH, FNE…). Pour le RAC, le secteur aérien est le grand absent du projet de loi d’orientation des mobilités du gouvernement, dont l’examen doit débuter mardi 14 mai à l’Assemblée nationale.

En complément de la « nécessaire taxation du kérosène », le RAC propose l’instauration d’une « contribution climat » sur les billets d’avions. Elle varierait de 20 à 40 euros pour un vol national et de 50 à 100 euros pour un vol international, en fonction de la classe. « Les recettes devront contribuer au financement d’une offre alternative, comme les trains de jour et de nuit, accessible au plus grand nombre, pour éviter les déplacements en transports polluants comme l’avion », précise Lorelei Limousin.

De Matthieu Orphelin (ex-République en marche et proche de Nicolas Hulot) au mathématicien Cédric Villani (La République en marche) en passant par François Ruffin (La France insoumise), plusieurs députés de divers horizons politiques ont déposé des amendements soutenant le principe d’une contribution climat pour le transport aérien.

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12 février 2019 2 12 /02 /février /2019 12:31

Effet sur l’emploi dans le secteur automobile, investissements pour les Etats, impact environnemental… des interrogations se font jour alors que les constructeurs européens sont censés vendre un tiers de véhicules à zéro émission d’ici à dix ans. D'après Éric Béziat le 11 février 2018 pour Le Monde.                               Lire aussi « Une civilisation durable ne peut pas être une civilisation de la voiture », Le déclin programmé du moteur thermique et La voiture électrique à batterie qui dure longtemps, vraiment très longtemps.

Montage d'une Zoe, dans l'usine Renault de Flins, juin 2018. ROLAND MOURON /PLANIMONTEUR / RENAULT

Montage d'une Zoe, dans l'usine Renault de Flins, juin 2018. ROLAND MOURON /PLANIMONTEUR / RENAULT

Dans les salons de l’hôtel Meurice, à Paris, en ce début d’année 2019, Thomas Ulbrich, le responsable de l’électromobilité de Volkswagen (VW), déroule son plan d’action devant les pontes de Volkswagen France et une poignée de journalistes. Mâchoire carrée, carrure de sportif, l’un des dirigeants-clés de la marque allemande illustre son propos d’un coup ferme sur la table : « Je suis là pour vous convaincre. »

Il faut convaincre, en effet, que la voiture électrique s’apprête à débarquer massivement, ces trente-six prochains mois, dans les concessions automobiles, sur les écrans publicitaires et dans les rues de nos villes. Les constructeurs n’ont pas le choix, du moins sur le Vieux Continent : l’Union européenne (UE) leur a assigné des objectifs de réduction de CO2, en ligne avec l’accord de Paris sur le climat, à atteindre sous peine d’amendes qui pourraient se chiffrer en milliards d’euros.

Mathématiquement, pour parvenir à leur objectif, les constructeurs sont dans une absolue nécessité de vendre environ un tiers de véhicules à zéro émission d’ici à dix ans (on en était fin 2018 à un peu plus de 2 % des ventes en Europe). Et ce d’autant plus qu’avec la baisse des ventes de diesels, la seule solution pour réduire le CO2 est désormais électrique.

Un effort d’investissement sans précédent

Les constructeurs ont bien saisi l’urgence. Tous, à l’exception peut-être de Toyota, centré sur sa technologie hybride, annoncent un avenir peuplé de batteries et de bornes de charge. L’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, pionnier de l’électrique avec les Nissan Leaf et Renault Zoé, a programmé douze nouveaux véhicules 100 % électriques entre 2018 et 2022, utilisant des plates-formes communes spécifiques. La seule marque Renault annonce huit modèles pour relayer la vaillante Zoé, en tête des ventes électriques en France.

VW, bien que parti plus tard, a mis les bouchées doubles depuis le scandale du Dieselgate en 2015. Le groupe aux douze marques lance toutes ses forces dans la bataille : 44 milliards d’euros investis d’ici à 2023, 30 nouveaux véhicules d’ici à 2025 vendus annuellement à 2 ou 3 millions d’exemplaires. PSA, qui comme VW a pris le train de l’électrique de masse un peu tardivement, annonce une électrification de 100 % de sa gamme en 2025. Au total, selon le cabinet AlixPartners, les constructeurs automobiles investiront 225 milliards d’euros dans l’électrification au cours des huit prochaines années, contre 20 milliards les huit précédentes. Colossal !

« Ce sujet de la transition énergétique constitue la préoccupation majeure de tous les patrons de groupes automobiles que j’ai rencontrés ces dernières semaines », souligne Xavier Mosquet, chef du bureau de Detroit du Boston Consulting Group. M. Mosquet, avec Patrick Pélata, ancien dirigeant de Renault, s’est vu confier par le président Macron la rédaction d’un rapport « sur l’avenir de la mobilité et l’attractivité de la France ». Rendu public le 14 février, il devrait largement s’étendre sur les conséquences de ce défi.

Une adaptation industrielle profonde

Le premier effet de cette poussée électrique concerne l’organisation du système productif et d’après-vente. Le principal enjeu concerne la partie moteur et boîte de vitesses pour la production et la maintenance. Une étude de la banque UBS datant de 2017, comparant une VW Golf à moteur thermique et une Chevrolet Bolt 100 % électrique, montre que, dans cette dernière, 35 pièces sont en mouvement, contre 167 pour la Golf. Par ailleurs, la maintenance, du fait de la réduction des fluides et de la disparition du système d’échappement, ne doit plus se faire qu’au bout de 240 000 kilomètres pour la Chevrolet à batteries, contre… 16 000 kilomètres pour la Golf.

Pour faire face à ce changement, les stratégies des constructeurs varient. PSA et BMW sont partis sur des plates-formes techniques pouvant accueillir à la fois des véhicules thermiques et des véhicules électriques. « Nous avons fait le choix de la flexibilité industrielle, déclare Vincent Salimon, président de BMW France. Nous voulons offrir à nos clients toutes les possibilités en fonction de leurs besoins : du diesel au pur électrique en passant par l’hybride rechargeable. »

Les effets de la voiture électrique

D’autres, comme VW, avec sa base industrielle baptisée EMB, choisissent plutôt des plates-formes consacrées au véhicule à batteries. Mais, quelle que soit la solution retenue, le besoin en main-d’œuvre pour produire un véhicule est moindre. A Zwickau, en ex-Allemagne de l’Est, où VW a installé son usine électrique étalon, la productivité du travail pour fabriquer une voiture augmente de 20 % par rapport au même véhicule doté d’un moteur à explosion. Autrement dit, là où cinq personnes étaient nécessaires, il n’en faut plus que quatre.

Des inquiétudes sociales

Dans ces conditions, faut-il craindre un bain de sang en matière d’emploi ? La Commission européenne ne l’envisage pas. Dans une étude de 2017, elle conclut que l’électrification de l’automobile entraînera un léger gain de croissance (+ 0,1 point) et une faible perte d’emplois dans le secteur en 2030 : environ 16 600 postes en moins sur 3,4 millions au total dans la production manufacturière automobile européenne.

Mais tout le monde n’est pas aussi serein. Car la Commission semble oublier que la valeur du véhicule passe du moteur et des équipements à la batterie, qui va représenter 30 % à 50 % du coût total. L’institut FTI Consulting estime, dans un rapport de mai 2018, que ce déplacement entraîne une perte de 38 % du contenu à produire pour les fournisseurs et de 17 % pour les constructeurs. Dans ces conditions, on peut craindre la perte d’environ 130 000 emplois en Allemagne en dix-douze ans, sur les 800 000 que compte l’industrie automobile allemande. Soit 16 % de la main-d’œuvre du secteur.

Ce qui peut changer la donne, c’est la question de la localisation des emplois liés à la batterie – aujourd’hui essentiellement aux mains des entreprises asiatiques. FTI Consulting imagine, en plus de son scénario noir, un avenir positif et un gain de 267 000 emplois, si l’ensemble de l’industrie allemande importe 10 % des composants du véhicule électrique et non pas 50 %. Toute l’industrie appelle du coup de ses vœux la création d’une filière européenne de la batterie automobile. En attendant, BMW a incité son fournisseur chinois, CATL, à implanter son usine en Allemagne.

Les effets de la voiture électrique

Des automobilistes à convaincre

En imaginant que l’industrie automobile parvienne à résoudre toutes ces questions, il reste un petit détail à régler : les clients vont-ils suivre, et particulièrement en Europe ? Pour le moment, il est difficile de convaincre au-delà des aficionados de l’électrique.

« C’est ce qu’on appelle l’effet coupé cabriolet, explique-t-on au Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). Au début, vous vendez tout très vite aux fans qui se jettent dessus et puis, derrière, vous ramez pour écouler les autres. » De fait, 2 % des ventes, cela ne fait pas lourd. Le véhicule reste cher à l’achat : 25 000 euros premier prix pour une Zoé, en achetant la batterie, bonus écologique de 6 000 euros déduit.

Mais les constructeurs sont optimistes. « Une étude de l’UFC-Que choisir d’octobre 2018 montre que le coût total d’une électrique neuve, en prenant en compte l’usage, est inférieur à celui d’une thermique, explique Thomas Chrétien, le directeur des véhicules électriques de Nissan pour l’ouest de l’Europe. Et si vous partez sur un véhicule d’occasion, c’est encore plus flagrant. »

En matière d’occasion tout reste à faire. L’offre est pour le moment microscopique. Or, 80 % des particuliers achètent leur voiture sur ce marché. Chez Hyundai, qui propose tous les types d’électrification, on a entrepris d’amorcer la pompe en incitant les concessionnaires à reprendre tous les véhicules électriques, y compris des marques concurrentes.

Une facture élevée pour la collectivité

Et puis il y a la question de la charge, qui, avec la question de l’autonomie, reste la grande angoisse du conducteur. La plupart des marques font désormais installer gratuitement, ou à prix coûtant, des bornes rapides de recharge privée, lors de l’achat d’un véhicule. Elles cofinancent aussi des réseaux de bornes de recharge sur la voirie. Evidemment, tout cela pèse dans leurs comptes.

Pour rassurer le futur électroconducteur, l’écosystème va devoir aussi se transformer avec l’aide de la puissance publique. « Les constructeurs innovent, investissent, prennent des risques, souligne Christian Peugeot, le président du CCFA. A L’Etat aussi de mettre en place, mieux qu’il ne le fait aujourd’hui, des conditions d’utilisation raisonnables pour les automobilistes. Cela veut dire suffisamment de bornes de recharge. Mais aussi des incitations pratiques comme des voies réservées aux voitures électriques, des places de parking gratuites… » Et toute l’industrie de renchérir : « Il va falloir que les Etats recalculent les montants mis dans l’infrastructure », dit M. Ulbrich. « Clairement, en France, cela ne va pas assez vite », ajoute M. Salimon.

Au printemps 2018, le gouvernement français s’est engagé, dans le contrat de filière automobile 2018-2022, à garantir un ratio d’une borne de recharge pour dix véhicules en circulation (soit une estimation de 100 000 bornes en France en 2022). Mais cet effort a un coût – entre 17 et 23 milliards d’euros à horizon 2025 à l’échelle européenne – que devra prendre à sa charge, au moins pour partie, la sphère publique.

Or, celle-ci risque de se retrouver dans une pince financière. Car 30 % de véhicules qui ne passent jamais à la pompe, c’est autant de recettes fiscales en moins. En France, l’automobile rapporte 40 milliards d’euros à l’Etat (qui réinjecte 13 milliards dans les infrastructures routières).

Les effets de la voiture électrique

Un bilan environnemental mitigé

Reste la question environnementale. En matière de gaz à effet de serre, les études montrent que le véhicule 100 % électrique à batterie est la meilleure option pour l’automobile. Y compris en réalisant un calcul sur l’ensemble du cycle de vie, c’est-à-dire de la mine de lithium à l’usine de recyclage. Il faut toutefois nuancer ce résultat par le mode de production de l’électricité. Selon une étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie de 2017, la quantité de CO2 émis par un véhicule électrique en France en 2030 pourra varier du simple au double selon les choix énergétiques du pays (nucléaire, charbon, éolien…).

Mais il n’y a pas que le CO2. La batterie pose problème en tant qu’objet potentiellement polluant. Une étude de 2018 de l’Agence européenne de l’environnement a calculé l’indice global de toxicité pour les humains et pour les eaux douces de plusieurs automobiles en comparant véhicules électriques et voitures thermiques. Résultat choc : la différence en défaveur du véhicule à batterie atteint + 200 %.

Les spécialistes expliquent cet écart notamment par l’extraction des métaux rares (lithium, cobalt, etc.) présents dans les batteries. Selon ces experts, une électricité à base d’énergie renouvelable et l’amélioration des techniques d’extraction pourraient faire diminuer cet impact négatif. Mieux vaudrait s’en assurer. Autant tirer aujourd’hui les leçons du Dieselgate et éviter un « Electricgate » dans vingt ou trente ans.

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5 février 2019 2 05 /02 /février /2019 15:22

Des élus de tous bords dénoncent le démarrage des travaux de la ligne ferroviaire alors que le gouvernement a ouvert une « grande concertation » face aux oppositions – même méthode que pour le Grand Débat ? Une cinquantaine de manifestants empêchent l’accès des engins au chantier, qu’ils estiment préparatoire à la future ligne du Charles-de-Gaulle Express.  D’après Marion d’Allard et Hendrik Delaire pour l’Humanité et Le Parisien.

En contrebas des plaines agricoles qui traversent Mitry-Mory (Seine-et-Marne), des engins de chantier s’affairent déjà.

En contrebas des plaines agricoles qui traversent Mitry-Mory (Seine-et-Marne), des engins de chantier s’affairent déjà.

La vidéo a été postée lundi dernier sur les réseaux sociaux. En surplomb des plaines agricoles qui traversent Mitry-Mory, Charlotte Blandiot-Faride, maire PCF de cette commune de Seine-et-Marne y dénonce « un véritable scandale ». En contrebas, des engins de chantier s’affairent. Les travaux du Charles-de-Gaulle Express viennent de commencer. Pourtant, quinze jours auparavant, Élisabeth Borne, la ministre des Transports, a ouvert « une grande concertation » pour savoir si cette liaison ferroviaire censée relier par un trajet direct l’aéroport de Roissy et la gare parisienne de l’Est, « devait se faire ». Une concertation arrachée malgré l’hostilité des opposants, qui dénoncent un projet coûteux – 2,1 milliards d’euros, dont 1,7 milliard d’euros de prêt public – réalisé au détriment de l’amélioration des transports du quotidien.

Charlotte Blandiot-Faride ne décolère pas : « Pendant une semaine, les engins ont emprunté un chemin pavé sur lequel le concessionnaire s’était engagé à ne pas circuler. Nous avons bloqué l’accès à ce chantier le long de la ligne à grande vitesse avec une cinquantaine de personnes, dont plusieurs gilets jaunes qui nous ont contactés pour se joindre à nous ». « Depuis vendredi, il n’y a plus aucun engin de chantier le long de la LGV. Hier matin nous avons bloqué l’accès au site pour nous assurer qu’aucun engin ne revienne sur les lieux. Nous reconduisons cette opération ce mardi matin ».

Mitry-Mory, lundi matin. La maire Charlotte Blandiot-Faride (PCF) figurait parmi la cinquantaine de personnes qui ont bloqué ce matin l’accès au chantier, qu’elles estiment préparatoire au futur CDG Express. Municipalité de Mitry-Mory.

Mitry-Mory, lundi matin. La maire Charlotte Blandiot-Faride (PCF) figurait parmi la cinquantaine de personnes qui ont bloqué ce matin l’accès au chantier, qu’elles estiment préparatoire au futur CDG Express. Municipalité de Mitry-Mory.

« Nous sommes signataires d’un appel de plus de 100 élus de tous bords qui exigent que la priorité soit mise sur les transports du quotidien. Aujourd’hui, les camions arrivent et c’est intolérable. Ce chantier doit cesser », lance l’élue avant d’interpeller directement les pouvoirs publics en demandant à la ministre des Transports et au préfet de région de suspendre ces travaux : « Madame la ministre, Monsieur le préfet de région (Michel Cadot, en charge de mener la concertation – NDLR), vous m’entendez ? C’est un véritable scandale et votre concertation, de l’enfumage ! »

Du côté de SNCF Réseau et de la préfecture de région on assure que ces travaux ne signifient pas le lancement du chantier du CDG Express. « Ce sont des travaux préliminaires de déplacement de réseaux publics. Ils n’ont pas d’impact sur le service de transports et n’engagent pas les travaux principaux du CDG Express. Ils consistent à renforcer des chemins d’exploitation et sont réalisés sur des parcelles situées en dehors des emprises de propriété de la municipalité de Mitry-Mory », explique la préfecture de région, qui assure que le chantier ne débutera avant le terme de la concertation. « Le préfet de la région remettra dans le courant de la semaine son rapport sur la mission de concertation qui lui a été confiée. Cette mission doit déterminer, les conditions de réalisation du projet CDG Express permettant de garantir la neutralité de ce projet sur les transports du quotidien ».

Le ministère de la Transition écologique et solidaire, lui, temporise. « Il s’agit de travaux préparatoires en cours depuis des mois et qui naturellement se poursuivent. Mais ce n’est pas le chantier en lui-même, qui ne sera lancé qu’après la signature du contrat de concession », tente-t-on de justifier.

Mais l’argument n’apaise pas la colère. Car si le calendrier initial des travaux fixait bien le début du chantier en janvier sur les parcelles privées et au 1er février sur les parcelles publiques de la commune, « le ministère a entre-temps décidé de réentendre tout le monde. Le préfet de région n’a pas encore rendu ses conclusions. C’est bien la preuve que cette pseudo-concertation n’en est pas une », poursuit la maire de Mitry-Mory.

La question de la priorité aux transports du quotidien prend de l’ampleur

Au nombre des arguments portés, les opposants au projet de cette ligne à grande vitesse en concession privée dénoncent les dégradations à prévoir sur le RER B déjà surchargé, avec 900 000 voyageurs par jour. « Le CDG Express empruntera les voies qui régulent quotidiennement le trafic de nombreux trains, notamment du RER B », note l’association Non au Charles-de-Gaulle Express, qui craint « plus de retards sur le RER B et les autres lignes connexes, voire un blocage complet de la circulation ». En parallèle, l’association présidée par Didier Le Reste, conseiller (PCF) de Paris, juge inutile un projet d’une telle envergure alors même que « la modernisation du réseau existant » prévoit d’ores et déjà « la réalisation de la ligne 17 du métro, reliant le nord de Paris à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle ».

De Valérie Pécresse à Anne Hidalgo, la question de la priorité aux transports du quotidien prend de l’ampleur. Jusqu’alors plutôt discrètes sur le sujet, la présidente LR de la région Île-de-France et la maire PS de Paris ont ainsi demandé au gouvernement des gages concernant le RER B. Mais Élisabeth Borne, elle, persiste et signe. Tout juste la ministre des Transports a-t-elle estimé en ce qui concerne les travaux qu’il faudrait « s’assurer qu’on ne va pas imposer des conditions intenables et dégradées aux usagers du RER B, et c’est tout ça qui donnera le calendrier ». Les opposants, de leur côté, continuent de demander l’abandon du projet.

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