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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

4 novembre 2017 6 04 /11 /novembre /2017 15:55

La notion de collapse civilisationnel n’est plus l’apanage des catastrophistes. Les désastres déjà visibles interdisent le déni et invitent à agir en profondeur. Par Vanina Delmas le 1er novembre 2017 pour Politis à lire sur www.politis.fr. Cf. En trente ans, près de 80 % des insectes auraient disparu en Europe et La moitié des vertébrés ont disparu en quarante ans.

Les militants d’Ende Gelände lors d’une action contre des mines de charbon dans le bassin du Rhin, en Allemagne le 26 août 2017.

Les militants d’Ende Gelände lors d’une action contre des mines de charbon dans le bassin du Rhin, en Allemagne le 26 août 2017.

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3 novembre 2017 5 03 /11 /novembre /2017 09:03

Cette déforestation s’explique par la forte augmentation des feux de forêt en 2015 et 2016. La responsabilité de l’agriculture et de l’activité minière est également soulignée. Le Monde avec AFP le 24 octobre 2017.

Une partie de la forêt brûlée à Vila Nova, au Portugal, le 17 octobre. PEDRO NUNES / REUTERS

Une partie de la forêt brûlée à Vila Nova, au Portugal, le 17 octobre. PEDRO NUNES / REUTERS

L’équivalent de la superficie de la Nouvelle-Zélande, en surfaces forestières, a disparu en 2016. Cette perte a ainsi atteint un niveau record de 29,7 millions d’hectares, selon des estimations publiées lundi 23 octobre par le Global Forest Watch (GFW). Ce bond de 51 % en un an s’explique surtout par les nombreux incendies ayant sévi dans le monde l’an dernier. Les récents brasiers en Californie et au Portugal devraient hisser 2017 vers un nouveau record de forêts détruites.

Outre les incendies, la déforestation liée à l’agriculture, la coupe de bois et l’activité minière ont également contribué à l’importante réduction des forêts en 2016.

La forte augmentation des feux de forêt en 2015 et 2016 est l’une des conséquences du courant cyclique chaud du Pacifique El Niño, le second plus intense jamais enregistré, qui a créé des conditions très sèches dans les Tropiques. Il a aussi joué un rôle dans les forêts boréales et tempérées.

Selon le GFW – un partenariat de surveillance des forêts lancé par l’organisme de recherche World Resources Institute –, le changement climatique accroît aussi l’intensité et le coût des feux de forêt.

Le Portugal a perdu 4 % de ses surfaces boisées

Le Brésil, l’Indonésie et le Portugal, notamment, ont subi des accroissements particulièrement importants de pertes de couverture forestière par le feu en 2016. Ainsi, elle a doublé au Brésil avec la région amazonienne qui a perdu 3,7 millions d’hectares, soit plus du triple de 2015. Le Portugal a perdu 4 % de ses surfaces boisées, la plus grande proportion tous pays confondus et près de la moitié des forêts calcinées dans toute l’Union européenne. Selon le rapport, la prévalence d’eucalyptus – qui brûlent facilement – combinée à une mauvaise gestion des sols et au manque de mesures de prévention comme des coupe-feu expliquent ce bilan.

La République du Congo a subi l’incendie de forêt le plus étendu jamais signalé en Afrique centrale avec 15 000 hectares détruits début 2016. A Fort McMurray, au Canada, les flammes ont ravagé en mai plus de 600 000 hectares et provoqué 8,8 milliards de dollars de dégâts.

Les incendies de forêts et la déforestation peuvent entraîner une hausse des morts prématurées, des maladies et avoir un impact économique très négatif, prévient le rapport, soulignant qu’ils peuvent aussi affecter les sources d’eau, la biodiversité et libèrent d’énormes quantités de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère.

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2 novembre 2017 4 02 /11 /novembre /2017 14:51

Ce 1er novembre 2017, l'état d'urgence promulgué au lendemain des attaques de novembre 2015 a pris fin alors que ses principales mesures sont inscrites dans le droit commun par la nouvelle loi antiterroriste, tout juste signée par Emmanuel Macron et publiée au Journal officiel. La France adopte sa législation la plus sécuritaire de la Ve République et l'une des plus liberticides d'Europe. Par Jérôme Hourdeaux le 1er novembre 2017 pour Mediapart. Lire aussi Le numérique assigné à l'état d'urgence permanentN’enterrez pas nos libertés ! et L’état d’urgence sert à restreindre le droit de manifester, constate Amnesty International.

Conférence de presse de Gérard Collomb, Emmanuel Macron et Christophe Castaner.

Conférence de presse de Gérard Collomb, Emmanuel Macron et Christophe Castaner.

Le mercredi 1er novembre 2017 restera une date historique pour le droit français : le jour où la France est entrée dans un état d’urgence permanent, instauré par la loi antiterroriste que le Parlement a adoptée le 18 octobre dernier. Conscient de l’importance du moment, le président de la République Emmanuel Macron l’a d’ailleurs voulu solennel et symbolique.

Avant son entrée en vigueur, le jour même où se terminera l’état d’urgence proclamé en novembre 2015, le texte a été publié lundi 30 octobre au Journal officiel et signé, le jour même, dans le palais de l’Élysée. Devant les photographes, le chef de l’État était encadré à sa droite par le ministre de l’intérieur Gérard Collomb. À sa gauche se trouvait non pas la ministre de la justice Nicole Belloubet mais le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, comme une métaphore de la philosophie globale de cette nouvelle loi qui vise à inscrire dans le marbre les pouvoirs exceptionnels confiés par l’état d’urgence aux autorités administratives aux dépens du juge judiciaire.

Lors d’une conférence de presse organisée après la signature du texte, Christophe Castaner et Gérard Collomb n’ont pas caché cette filiation directe. « Nous savons tous que, par nature, un état d’urgence ne doit être qu’un outil provisoire, qu’un outil temporaire. Il est fait pour faire face ponctuellement à des circonstances évidemment exceptionnelles », a reconnu le porte-parole du gouvernement. « Mais nous savons tous qu’au-delà de ce caractère provisoire, la menace terroriste est toujours là. Et elle est toujours intense », a-t-il poursuivi. « Lever l’état d’urgence n’était donc possible qu’à une seule condition, celle de renforcer notre arsenal juridique pour lutter dans le cadre du droit commun, mais avec toujours la volonté de la meilleure efficacité contre le terrorisme », a affirmé Christophe Castaner.

Pour rappel, le projet de loi antiterroriste est officiellement destiné à prendre le relais du régime d’exception en vigueur en France depuis le 13 novembre 2015 et qui, après une dernière prolongation adoptée au mois de juillet dernier, doit prendre fin le 1er novembre prochain. D’ici là, la loi « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme » aura transposé dans le droit commun quatre mesures administratives, c’est-à-dire ordonnées par un préfet ou le ministère de l’intérieur sur la base d’informations souvent fournies par les services de renseignement sous la forme de « notes blanches » succinctes, ni datées ni signées.

Les perquisitions administratives ont été rebaptisées « visites domiciliaires », au cours desquelles pourront être opérées des « saisies ». À la différence – majeure – de l’état d’urgence, ces perquisitions administratives nouvelle formule devront être autorisées par un juge judiciaire, le juge des libertés et de la détention (JLD). Autre mesure phare de l’état d’urgence, l’assignation à résidence est, elle, transformée en obligation de « résider dans un périmètre déterminé ». Les obligations de l’assigné y sont sensiblement allégées. Le périmètre notamment « ne peut être inférieur à la commune » et doit permettre « à l’intéressé de poursuivre sa vie familiale et professionnelle ».

Le projet de loi prévoit également de pérenniser la possibilité pour les préfets d’instaurer des « zones de protection » à l’intérieur desquelles les forces de l’ordre disposent de pouvoirs exceptionnels en matière de contrôle des personnes. Dans le projet de loi, ces zones deviennent des « périmètres de protection ». Mais les dérogations au droit commun restent les mêmes. Enfin, quatrième mesure de l’état d’urgence importée dans le droit commun, les préfets pourront ordonner la fermeture des lieux de culte.

Lors du passage du texte en commission mixte paritaire, les parlementaires avaient introduit une « clause d’autodestruction » frappant ces quatre mesures et stipulant que celles-ci ne sont applicables que jusqu’au 31 décembre 2020. D’ici là, la France devra vivre sous une loi qui, comme le souligne le professeur de droit public Paul Cassia, « est la plus attentatoire aux libertés individuelles de l’histoire de la Ve République, hors période où l’article 16 de la Constitution a été appliqué par Charles de Gaulle ».

Cette analyse est partagée par une coalition rassemblant la quasi-totalité des associations de défense des droits de l’homme françaises ayant bataillé depuis deux ans contre l’état d’urgence, puis contre son inscription dans le droit commun par la loi antiterroriste. Elle l’est également par les deux principales autorités administratives indépendantes compétentes en la matière, la Commission nationale consultative des droits de l’homme et le Défenseur des droits, qui ont alerté à plusieurs reprises sur les dangers et les dérives de l’état d’exception en France.

Lors de son audition par la commission des lois de l’Assemblée le 12 septembre, Gérard Collomb s’était d’ailleurs inquiété des conséquences du maintien de l’état d’urgence pour l’image de la France. Notre pays « ne peut continuer de vivre sous un régime d’exception qui nuit à son rayonnement », avait affirmé le ministère de l’intérieur pour justifier le remplacement de l’état d’urgence par son projet de loi. Le problème est que ce dernier ne risque pas de rendre à la France son titre de pays des droits de l’homme. À la fin du mois de septembre dernier, deux rapporteurs spéciaux des Nations unies avaient ainsi envoyé une lettre au gouvernement français afin d’exprimer leurs inquiétudes face au nouveau texte antiterroriste qui établit « en droit un état d’urgence permanent », écrivaient-ils.

Douze textes votés en une quinzaine d’années

Cela fait en réalité plusieurs années que l’image de la France est écornée. Fionnuala Ní Aoláin, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la protection des droits de l’homme dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, soulignait ainsi l’empilement de lois antiterroristes en France, débuté avec la loi du 9 septembre 1986 et culminant ces deux dernières décennies avec pas moins de douze textes votés en une quinzaine d’années : « Dans la mesure où la législation proposée s’appuie sur une série d’actes parlementaires promulgués depuis 1986, renforçant ainsi la capacité de l’État à lutter contre le terrorisme, le cumul des dispositions d’urgence adoptées et en cours d’adoption risque de restreindre significativement l’exercice et la protection des droits de l’homme dans le pays. »

Déjà, en janvier 2016, cinq experts du commissariat aux droits de l’homme de l’Onu avaient envoyé une lettre similaire au gouvernement français, suivie d’une déclaration publique s’inquiétant de l’adoption récente de deux lois : celle sur l’état d’urgence et celle sur les mesures de surveillance des communications électroniques internationales. « Certaines dispositions de ces lois peuvent imposer des restrictions excessives et disproportionnées à l'exercice légitime du droit à la liberté d'expression, du droit à la vie privée, du droit à la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association », écrivait le Haut-Commissariat.

Les experts soulignaient les détournements déjà constatés et permis par la nature préventive des mesures administratives, ainsi que les termes « très vagues et très vastes de la loi ». Ainsi, ils se disaient « alarmés » que « des militants écologistes aient pu faire l'objet de perquisitions et d’assignations à résidence, en application des mesures relatives à l'état d'urgence, pour prévenir des manifestations pacifiques liées à la Conférence COP 21 ou d'autres rassemblements ».

Et au mois de juillet 2015, c’est le conseil consultatif des droits de l’homme de l’Onu qui avait épinglé la France, cette fois pour la loi renseignement adoptée au mois de juin 2015, qui avait considérablement renforcé les pouvoirs des services. Ce texte « octroie des pouvoirs excessivement larges de surveillance très intrusive aux services de renseignement sur la base d’objectifs vastes et peu définis, sans autorisation préalable d’un juge et sans mécanisme de contrôle adéquat et indépendant », regrettait le conseil.

L’adoption à un rythme exponentiel de textes sécuritaires a finalement transformé le pays des droits de l’homme en véritable modèle des réformes sécuritaires en Europe. En janvier 2017, Amnesty International avait publié une étude de 71 pages sur l’évolution des législations de 14 pays membres de l’Union européenne, intitulée Antiterrorisme en Europe : des lois orwelliennes. La France était, avec la Hongrie, le plus cité et le plus en pointe en matière de réforme sécuritaire. Le rapport soulignait notamment la « frénésie du gouvernement » français en matière législative.

« Il est clair que la France joue un rôle moteur », expliquait alors à Mediapart John Dalhuisen, directeur de recherche pour l’Europe d’Amnesty International. « La France a contribué à normaliser l’idée selon laquelle la menace terroriste, réelle, constitue en soi une urgence. Mais une urgence permanente, justifiant des mesures permanentes. On voit, dans les lois adoptées par certains pays, un reflet de cette logique défendue par la France, et on constate des ressemblances. Toutes suivent la même tendance : une augmentation du rôle de l’exécutif et une diminution de celui des pouvoirs parlementaires et judiciaires. »

Ce rôle de modèle législatif s’est même concrétisé au niveau européen dans un lobbying intensif de Paris au sein du Parlement européen. Comme l’avait raconté Mediapart au début du mois de juillet 2016, le gouvernement français a pesé de tout son poids pour durcir un projet de directive européenne de lutte contre le terrorisme visant à uniformiser les législations des pays de l’UE.

Le même mois, un pays se réclamait déjà du modèle français. En écho à Manuel Valls, qui avait affirmé en décembre 2015 que « l’état d’urgence, c’est l’État de droit », le président turc Recep Tayyip Erdogan justifiait ainsi le 19 juillet l’instauration dans son pays de l’état d’urgence : « L’état d’urgence n’est absolument pas contre la démocratie, la loi et la liberté ; c’est tout le contraire : [il] vise à protéger et renforcer ses valeurs. » La référence à la France s'est faite explicite le lendemain lorsque le gouvernement turc a, comme la France, invoqué l’article 15 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH), qui permet de déroger à certaines de ses dispositions en cas d’état d’exception. « La France a proclamé un état d’urgence également, et ils ont suspendu la CEDH en vertu de l’article 15 de la Convention », s’était ainsi justifié le vice-premier ministre turc Numan Kurtulmus.

Mardi, à la veille de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi antiterroriste, les associations de défense des droits de l’homme mobilisées depuis de nombreux mois ont, une nouvelle fois, rappelé les dangers de la dérive sécuritaire en cours. Dans un communiqué publié le 31 octobre, la Ligue des droits de l’homme (LDH) a notamment dénoncé une « fausse sortie de l’état d’urgence » et un « vrai recul pour l’État de droit ». Avec ce texte, écrit l’association, « l’exception s’inscrit de manière permanente dans le droit commun, l’institution judiciaire est durablement affaiblie, la présomption de culpabilité devient la règle à l’égard d’une partie de la population qui sera, une fois de plus, stigmatisée. Les droits et libertés seront traités à l’aune des besoins de l’État avec l’autorisation de fichages de masse, de surveillances généralisées et de contrôles au faciès, au prétexte de lutter contre le terrorisme ».

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2 novembre 2017 4 02 /11 /novembre /2017 09:15

La voiture électrique à batterie, à la fois partagée et 100% autonome, pourrait éliminer de façon très rapide la voiture thermique individuelle. Seulement 10 ans après l’autorisation de leur mise en circulation, 95% du kilométrage sera réalisé avec ces nouveaux véhicules dans le monde. La « durée de vie » des voitures à batteries constitue un facteur clé de cette disruption selon une étude d’importance stratégique majeure réalisée par le think-tank anglo-californien RethinkX. Par Olivier Daniélo le 30 mai 2017 pour www.techniques-ingénieur.fr

Pack de batterie ouvert composé de 16 modules de 25.2 V branchés en série = 403,2V.

Pack de batterie ouvert composé de 16 modules de 25.2 V branchés en série = 403,2V.

Un automobiliste français standard parcourt environ 15.000 kilomètres par an, c’est-à-dire une quarantaine de kilomètres par jour. Une voiture thermique à pétrole permet de parcourir environ 300.000 kilomètres. Grand maximum.

Il reste 94% de la capacité de la batterie de la Tesla Model S après qu’elle ait parcouru 200.000 kilomètres selon la dernière mise à jour (15 Mai 2017) d’une étude néerlandaise menée par une communauté de propriétaires de ce véhicule. La capacité de stockage de la batterie baisse de 1% tous les 45.000 kilomètres. En extrapolant on peut estimer que le seuil des 92% sera atteint au bout de 300.000 kilomètres et celui des 80% au bout de 780.000 kilomètres. Ce qui correspond à un demi-siècle pour un automobiliste standard.

La voiture électrique à batterie qui dure longtemps, vraiment très longtemps

Il y a 4 ans Elon Musk avait révélé que des simulations menées en laboratoire par les ingénieurs Tesla sur une batterie de 85 kWh avaient permis de réaliser 800.000 kilomètres. « Cela pourrait s’avérer erroné mais nous avons une batterie qui a permis de réaliser un demi-million de miles au laboratoire » avait déclaré avec prudence Elon Musk au média USA Today. Cela avait suscité rires et moqueries de la part des sceptiques, y compris des journalistes spécialisés automobiles et des « experts », qui pensaient que l’électrique n’était valable que pour les voiturettes de golf.

Puis dans une note publiée sur le blog de Tesla il y a 2 ans Elon Musk a indiqué que l’objectif de l’entreprise était de produire un groupe motopropulseur (powertrain) capable de résister à 1,6 millions de kilomètres. Cette révélation est passée relativement inaperçue. Mais « pourquoi achèteriez-vous une voiture capable de parcourir 1 million de miles ? » interroge Tony Seba, professeur de l’université Stanford, dans une tribune publiée sur le blog du think-tank RethinkX et intitulée « L’avance de Tesla est-elle encore plus importante qu’on ne le pense ? »

Un million de miles ?

Cela semble relever du non-sens quand on adopte un état d’esprit conservateur. Mais pas dans le cadre d’une approche innovante de la mobilité. Ce n’est pas un hasard si les géants Apple, Google et Uber investissent aussi massivement dans la conduite autonome.

Une start-up californienne, Tesloop, organise des voyages en Tesla S et X, notamment entre Los Angeles et Las Vegas. Il s’agit d’un usage intensif des batteries: une de leurs Model S a parcouru 450.000 kilomètres en 20 mois, soit environ 730 kilomètres par jour en moyenne (l’aller-retour LA/LV fait 860 kilomètres). Ceci avec la voiture la plupart du temps remplie de passagers et de bagages. Et à vitesse élevée, sur autoroute.

Il restait à la batterie de ce véhicule Tesloop 94% de sa capacité de stockage initiale au bout de 320.000 kilomètres. Et non pas au bout de 200.000 kilomètres comme dans l’étude néerlandaise. Comment expliquer la différence ? Deux facteurs dégradent les batteries : l’usage et le temps (le nombre d’années). En roulant beaucoup chaque jour le facteur temps devient marginal. Les batteries Tesla sont actuellement garanties 8 ans mais ceci pour un kilométrage « illimité ».

« Les données provenant des utilisateurs intensifs des batteries suggèrent qu’elles durent bien plus longtemps sur le terrain que ce qui était estimé » soulignent les auteurs de l’étude RethinkX. « Proterra a identifié une tendance historique portant sur un progrès de 5-6% par an de leur performance. Chanje Energy (ex Nohm) s’attend à ce que les batteries puissent durer 800.000 kilomètres dès 2021. Et Tesloop s’attend à ce qu’elles durent encore plus longtemps » affirment-ils sur la base d’interviews avec Proterra, Chanje Energy et Tesloop entre Janvier et Mars 2017.

Les batteries des concurrents, comme par exemple Nissan, « ont 3 fois moins de capacité (de stockage ndlr) que celle d’une Tesla » souligne Pierre Langlois, Docteur en Physique et spécialiste de la mobilité au Québec. « Elles doivent donc être rechargées 3 fois plus souvent. Par ailleurs, elles n’ont pas un bon système de gestion thermique de la batterie comme les véhicules de Tesla. » Au final les batteries des concurrents se dégradent plus vite.

Tesloop, avec son offre City-to-City, démontre que le dogme distillé par le lobby pétrolier selon lequel la voiture électrique est adaptée pour les petites distances urbaines et pas pour les longs trajets est vraiment infondé. « Je ne suis pas sûr que tout le monde pourra s’offrir une Tesla » ironisent parfois certains acteurs. Or, précisément, il ne sera pas nécessaire d’acheter une Tesla pour en jouir. Et elle sera librement accessible à toutes et à tous, quel que soit leur âge, leur état de santé ou leur niveau socio-économique.

RethinkX a fait le calcul. Dans l’hypothèse conservatrice d’un groupe motopropulseur capable de résister à 600.000 miles et d’une batterie à 300.000 miles, soit un seul changement de batterie, alors le coût kilométrique global des A-EV (voitures électriques autonomes), à partir de 2020, sera 10 fois inférieur à celui des voitures thermiques classiques. Ces dernières ne peuvent parcourir qu’une distance deux fois inférieure. Au mieux. S’il s’avérait nécessaire de changer 2 fois la batterie (batterie de 200.000 miles) au lieu d’une seule fois, l’impact serait de l’ordre de trois cents par mile estime RethinkX.

On estime en France que le prix de revient kilométrique (PRK) d’une Renault Twingo thermique est de 56 c€. Avec Tesloop (Tesla S) le coût global est d’environ 13 c€ par kilomètre dès à présent rapporte RethinkX (plus précisément entre 20 et 25 US cents par mile).

Une voiture électrique à batterie n’est constituée que de 20 pièces mobiles, contre 2000 pour une voiture thermique. Il en résulte des frais de maintenance beaucoup plus faibles.

Le géant américain Goodyear a signé un partenariat avec Tesloop dans la perspective de développer des pneus spécifiquement adaptés à un usage de type TaaS (« Transportation as a Service »). Actuellement les pneus coûtent « environ un cent par mile » a déclaré le PDG de Tesloop, Rahul Sonnad, à l’occasion d’une conférence organisée par la banque Morgan Stanley.

Par ailleurs une voiture capable de self-driving génère beaucoup moins d’accidents qu’une voiture qui n’est pas autonome, d’où des frais d’assurance bien plus faibles.

En outre une voiture électrique est trois fois plus efficiente qu’une voiture thermique pétrolière, d’où une facture « carburant » également plus faible. Mais pour Tony Seba c’est la durée de vie élevée des voitures à batterie qui est le facteur le plus important pour l’équation économique.

Il suffira de cliquer sur son smartphone pour qu’un A-EV vienne vous chercher. Et qu’il vous permette de réaliser une économie d’un facteur 10. Plus besoin d’attendre à une station de métro ou de bus aux horaires parfois non adaptés à vos besoins, notamment le dimanche, et parfois éloignée de votre domicile ou de votre lieu de travail. Plus besoin de perdre du temps pour aller faire le plein d’essence ou de diesel, de trouver une place de parking, de payer le garagiste, de payer une assurance, de rembourser un prêt auto, de payer des amendes, de nettoyer la voiture, et aussi de passer le permis de conduire. Et le tout en évitant d’enrichir des pays peu respectueux des droits humains fondamentaux ainsi que d’être co-responsable des marées noires et de la pollution de l’air.

Nul besoin d’être prophète pour percevoir que cette nouvelle forme de mobilité va provoquer un énorme rush estime Tony Seba. Même les personnes propriétaires d’une voiture n’achèteront plus de pétrole : ils la laisseront au garage car cela leur coûtera beaucoup moins cher. Il y a un siècle certains pensaient que l’attachement entre l’homme et le cheval rendra impossible le remplacement de la voiture à cheval par la voiture à moteur. Aujourd’hui certains affirment la même chose à propos de la voiture individuelle privée. Des services que Rethink qualifie de pré-TaaS, comme par exemple Uber ou Lyft, ont démontré qu’il y avait une demande très forte pour ce type de mobilité.

Production des piles 2170 de Tesla

Production des piles 2170 de Tesla

Le plein d’électrons en 5 minutes

À l’occasion du CUBE Tech Fair qui a eu lieu du 10 au 12 Mai 2017 à Berlin, une start-up israélienne, StoreDot, a démontré qu’il est possible de charger en 5 minutes une batterie permettant de parcourir 300 miles (480 kilomètres). Lors des trajets Los Angeles / Las Vegas sur autoroute avec Tesloop, les Tesla S ne font qu’une seule charge, en milieu de voyage. Cela permet aux voyageurs d’aller aux toilettes, de prendre un café et de se dégourdir les jambes.

Charger une batterie de 100 kWh avec un ultra-chargeur de 350 kW (3,5C), permettant ainsi de faire une bonne partie du plein en une quinzaine de minute, cela aura-t-il un impact sur la durée de vie des batteries ? « Avec du 4C l’impact est vraiment marginal » affirme Marion Perrin, directrice du service stockage et systèmes électriques au sein du CEA, département des technologies solaires. « Avec du 7C cela commence un peu à chauffer ». Les super-chargeurs Tesla d’ancienne génération ont une puissance de 120 kW. Mais Elon Musk a annoncé l’arrivée d’une nouvelle génération bien au-delà de 350 kW.

Y aura-t-il assez de Lithium ?

Une batterie Tesla consomme aujourd’hui 0,8 kg de Lithium par kWh de stockage, et 0,6 kg en 2030 indique RethinkX. Les réserves mondiales sont estimées à 30 millions de tonnes au coût actuel, mais elles sont bien supérieures si l’on accepte un coût supérieur. Et « si c’était cher le lithium, on le recyclerait » a déclaré Marion Perrin. Si le coût devenait élevé, l’extraction du lithium de l’eau des océans deviendrait également rentable, mais cela ne sera pas utile.  « Le lithium, est un stock, pas un flux » insiste Tony Seba. Après avoir parcouru 500.000 kilomètres avec une batterie, le lithium est toujours là. Et il est recyclable.

Si les 32 millions de voitures françaises étaient remplacées par 3 millions d’A-EV partagés et équipés d’une batterie de 60 kWh en moyenne, alors le calcul est simple : les besoins seraient de 108.000 tonnes de lithium. La population française pesant 1% de la démographie mondiale, on peut estimer que 10,8 millions des tonnes suffiront.

Encroûtement cobaltifères. Photographie prise à bord du navire océanographique Jean Charcot, dans le port de Papeete (Tahiti) en 1986.

Encroûtement cobaltifères. Photographie prise à bord du navire océanographique Jean Charcot, dans le port de Papeete (Tahiti) en 1986.

« Tesla ferait bien de s’intéresser d’un peu plus près à la contrainte à venir sur la disponibilité de cobalt » a conseillé publiquement l’ingénieur Nicolas Meilhan, membre des Econoclastes, sur un réseau social. Il s’agit effectivement du seul élément potentiellement limitant. Mais il existe différentes chimies de batterie au lithium. Si Tesla utilise des batteries contenant du Cobalt, cet élément n’est pas indispensable. En outre les encroûtements cobaltifères, notamment dans les fonds océaniques de la Polynésie française, en contiennent de grandes quantités.

L’approche TaaS, qui permet de diviser par 10 le nombre de voitures, a un intérêt majeur dans la perspective de réduire la demande en matières premières. Elle permet aussi d’envisager la libération d’importantes surfaces dans les villes : celles des parkings. Les espaces libérés en question ont souvent une haute valeur immobilière.

Think again

L’étude publiée par RethinkX a eu un important écho dans la presse anglophone. Mais pas dans la presse française. « Pourquoi des personnes très intelligentes ne parviennent pas à anticiper les vagues disruptives ? ». Tony Seba a fait de cette thématique le cœur de ses travaux de recherche.

En 1911 Ferdinand Foch, commandant suprême des forces alliées durant la première guerre mondiale, avait déclaré que « Les avions sont des jouets intéressants mais n’ont aucune utilité militaire ». En 1928, et jusqu’en 1940, la France lançait la construction de la ligne Maginot pour se protéger rappelle Tony Seba. La ligne Maginot était considérée par les meilleurs experts militaires français comme infranchissable, ils en étaient très fiers. Pendant ce temps-là l’Allemagne nazie a mis en place la Luftwaffe, son armée de l’air. Résultat : il n’a fallu à Adolf Hitler que 6 semaines pour conquérir Paris.

« Les politiques, les insiders et les experts qui pensaient que le futur était linéaire, incrémental, juste une extention du passé, ont sous-évalué l’arrivée d’une disruption technologique (l’aviation) et ont fait des choix pour le futur basés sur des notions mainstream du passé, avec des conséquences massives pour l’Europe et le monde pour les générations à venir » analyse Tony Seba.

Au Royaume-Uni le lobby des voitures à cheval a tenté en 1865 de bloquer l’émergence de la voiture à moteur dite « self-propelled vehicule ». C’est l’origine du mot « auto-mobile » : être capable d’être mobile par soi-même, sans être tiré par un cheval. Le « locomotive act » imposait aux voitures motorisées d’être accompagnées de trois personnes. Deux à bord et une devant la voiture pour agiter un drapeau rouge (« Red flag act »). Attention danger. Et elles n’avaient pas le droit de dépasser 2 miles (3,2 km/h) en ville.  Le Royaume-Uni a par conséquent bloqué cette innovation qui cependant n’a pas disparu. Elle a simplement ressuscité aux USA.

L’industrie automobile est en bonne partie à l’origine de la puissance économique et militaire américaine. En 1950 les USA produisaient la moitié des voitures à l’échelle mondiale. « Durant la seconde guerre mondiale Ford a construit, à lui seul, 6790 bombardiers B24, 282.354 jeeps et 42.676 camions » rappelle Tony Seba. Les USA ont libéré l’Europe, y compris la France, du nazisme.

Pour Tony Seba le groupe Volkswagen qui annonce vouloir faire des voitures à batterie tout en continuant en réalité à investir massivement dans la voiture diesel, se comporte comme quand Kodak parlait de la photo numérique tout en continuant à investir massivement dans la photo argentique. Kodak a fait faillite.

Une voiture d’un écosystème TaaS permet de remplacer 10 voitures fumantes privées. Le facteur d’amplification est donc massif. RethinkX ? Repenser (re-think) le facteur X. Car la disruption de la voiture pétrolière par la voiture à batterie va être bien plus rapide qu’estimé jusqu’à présent.

Tony Seba, dans son livre « Solar trillions » publié en 2010, avait prédit une chute rapide du coût du solaire photovoltaïque permettant d’atteindre 3,5 ¢/kWh dès 2020. Ni l’Agence Internationale de l’Energie ni Greenpeace n’avaient été capables de prédire une baisse aussi rapide. Ce chercheur indépendant a mis au point une méthode d’analyse des technologies disruptives basée sur l’analyse de nombreuses ruptures technologiques qui se sont produites dans divers secteurs dans le passé.

Le déclin du pétrole

Pour Tony Seba l’émergence de l’A-EV va avoir des effets « catastrophiques » pour l’industrie pétrolière et de son prolongement, c’est à dire l’industrie de la voiture thermique. La croissance mondiale de la demande en pétrole pourrait être stoppée dès 2021 à 100 millions de barils par jour.

La multinationale pétrolière Total, dans le cadre d’une réflexion basée sur la croissance de la voiture électrique privée et n’intégrant pas du tout l’émergence du TaaS, a estimé lors du dernier sommet BNEF à New-York que ce virage n’arrivera pas avant 2030. 

Les bus du californien Proterra ont une autonomie supérieure à 500 kilomètres

Les bus du californien Proterra ont une autonomie supérieure à 500 kilomètres

Selon RethinkX, au contraire, la demande en pétrole aura chuté à 70 millions de barils par jour en 2030. Cette asphyxie du marché pétrolier par l’émergence rapide du TaaS aura des effets en jeu de domino. Les pays dont l’économie repose en bonne partie sur une rente pétrolière, comme par exemple la Russie, l’Arabie Saoudite, le Venezuela et le Nigéria, pourraient beaucoup souffrir de cette disruption.

Vers des voitures de 10-12 places

Disposer de véhicules autonomes de niveau 5 (dès 2019 selon Elon Musk) est-il indispensable pour que la disruption commence ? Tesloop a déjà prouvé que non avec des véhicules offrant 3 places pour les passagers. Ceci même en devant payer un chauffeur 15 dollars de l’heure, un coût qui sera réduit à zéro dès l’arrivée des A-EV.

L’entreprise californienne Proterra a mis au point des bus 100% électriques à batterie de 50 places capables de parcourir 560 kilomètres quand ils sont remplis de passagers. Ni les bus thermiques au diesel, au gaz fossile ou au biogaz, ni les bus à hydrogène ne peuvent rivaliser au niveau compétitivité. La croissance du marché des bus à batterie est fulgurante, notamment en Chine.

Mais Elon Musk pense que des voitures de 10 ou 12 places suffiront : « je ne suis pas sûr que le projet de bus ait vraiment du sens » a déclaré le PDG de Tesla le 3 mai 2017. La Tesla X compte 7 places. Avec l’arrivée de la mobilité 100% autonome, chercher à diluer le coût du salaire du chauffeur en augmentant le nombre de sièges dans un bus n’a plus aucun sens. Quatre Super-Tesla X d’une douzaine de places chacune sont bien plus flexibles et éviteront de faire rouler des bus parfois à moitié ou aux trois-quarts vides.

Dans ses conférences, Tony Seba explique que la conduite 100% autonome permet de réduire d’un facteur 3 la surface consommée par les véhicules sur les routes en synchronisant les freinages et les accélérations des véhicules. Un « train » de 4 super-Tesla X roulant à la queue leu-leu ne prend pas beaucoup plus de place qu’un bus de 50 places.

Tesla développe aussi des semi-remorques pour le transport des marchandises. Peut-être seront-ils commercialisés en reprenant le business-model de BetterPlace reposant sur des robots capables d’échanger les batteries très rapidement. C’est ce que croient savoir Ravi Shanker, expert en logistique, et Adam Jonas, analyste de la banque Morgan Stanley.

Sur ce marché aussi, et peut-être encore davantage que sur les autres compte-tenu des volumes kilométriques et énergétiques en question, le stockage batterie a vraiment du sens. Étant donné que les semi-remorques seront 100% autonomes (et donc sans chauffeur à payer) le temps passé pour échanger la batterie ou pour faire le plein avec l’ultra-fast charging n’aura aucune importance. Et ceci même si la batterie ne permet au semi-remorque de ne parcourir que 400 kilomètres.

Pour les opérateurs de flottes de véhicules autonomes « seul le coût et l’efficience ont de l’importance » expliquait en juin 2015 Brad Templeton qui a fait partie de l’équipe travaillant sur la Google Car. « Les Robocars (A-EV) s’en fichent du temps qu’il faut pour recharger ».

Une marée non pas noire mais électrique

Le 16 mai 2017, en direct d’un évènement innovation du groupe Volvo, Colin Mckerracher, analyste spécialisé transport de BNEF, a souligné que la vitesse d’impact de l’électrification sur les camions, les bus et les engins de construction était au centre des débats. « La chute du coût des batteries lithium-ion va se répandre vers d’autres sources de demande en carburant » a estimé l’expert. 

Colin Mckerracher a partagé la photo d’une machine excavatrice intégralement électrique et alimentée par une batterie lithium, et une autre photo d’un camion-poubelle Volvo équipé de lidars pour la conduite autonome.

Pour ce spécialiste « la chose la plus intéressante est la mise en place de coalitions d’intérêts entre entreprises qui sont à présent en faveur de la voiture électrique. Les compagnies minières et électriques s’associent contre les compagnies pétrolières ».

Ensemble les géants du lithium, du nickel, du cobalt, du graphite, du phosphate, du fer, du cuivre mais aussi ceux du nucléaire, de l’hydroélectricité, du solaire et de l’éolien et enfin bien sûr ceux de l’informatique, pèsent en effet très lourd. Dans un rapport récent sur la Chevy Bolt (General Motors) la banque UBS considère la voiture électrique à batterie comme « la catégorie de voiture la plus disruptive depuis la Model T de Ford ».

Morgan Stanley table sur 30% de kilomètres partagés en 2030. RethinkX, 95%

Morgan Stanley table sur 30% de kilomètres partagés en 2030. RethinkX, 95%

« De nombreux éléments nous ont suggéré la préparation soutenue d’un assaut du marché de la mobilité partagée, autonome et électrique par de grosses entreprises du secteur de la technologie » a déclaré en mai 2017 Adam Jonas, directeur de la recherche sur l’industrie automobile au sein de la banque d’investissement Morgan Stanley qui gère 2 trillions de dollars d’actifs dans le monde entier. Morgan Stanley a publié le 16 avril 2016 le rapport-phare « Global Investment Implications of Auto 2.0 »

Ford, groupe qui est historiquement à l’origine de la révolution automobile américaine, est fortement engagé dans cette bataille de Titans. Papy fait de la résistance. Conscient de la menace Daimler a formé en avril 2017 une alliance avec Bosch pour développer des voitures complètement autonomes, et a annoncé parallèlement que la voiture électrique à batterie était à présent au centre de la stratégie du groupe. Le géant chinois Byd est aussi de la partie. Tout comme Renault qui vient de racheter la branche R&D d’Intel en France (Toulouse et Sophia Antipolis).

« Nous croyons que la concurrence la plus importante pour Tesla viendra en fin de compte des entreprises tech les plus grandes et au capital le plus important à l’échelle mondiale » a affirmé Adam Jonas. « Beaucoup de ces entreprises – telles que Alphabet, Apple et d’autres – sont déjà en train de tester des véhicules pleinement autonomes sur les routes ».

Alphabet, une filiale de Google, a en effet commencé a tester en avril 2017, via son unité Waymo, des voitures 100% autonomes avec des passagers réels. Apple, la plus grande capitalisation boursière du monde avec une valeur qui dépasse à présent 800 milliards de dollars, a reçu en avril 2017 l’autorisation de tester des voitures 100% autonomes sur les routes publiques de Californie.

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1 novembre 2017 3 01 /11 /novembre /2017 09:08

Avant la 23e conférence internationale sur le climat (COP 23) du 6 au 17 novembre 2017 à Bonn, les Nations unies sonnent l’alerte sur les efforts très insuffisants des États pour contenir le réchauffement. Après 2030, il sera trop tard. Par Pierre Le Hir le 21 octobre 2017 pour Le Monde

Sur le mont Kenya, en 2015. Le photographe a matérialisé avec des flammes la limite du glacier Lewis en 1987. À la date du cliché, il avait perdu 120 mètres. Simon Norfolk

Sur le mont Kenya, en 2015. Le photographe a matérialisé avec des flammes la limite du glacier Lewis en 1987. À la date du cliché, il avait perdu 120 mètres. Simon Norfolk

La bataille du climat n’est pas encore perdue, mais elle est très mal engagée. À ce stade, il existe un « écart catastrophique » entre les engagements pris par les États pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et les efforts nécessaires pour respecter l’accord de Paris adopté lors de la COP21, en décembre 2015 – à savoir contenir la hausse de la température planétaire « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », en essayant de la limiter à 1,5 °C. C’est la mise en garde qu’adresse l’ONU Environnement (ex-Programme des Nations unies pour l’environnement), dans un rapport publié mardi 31 octobre.

Ce n’est pas la première alerte lancée par l’organisation, qui s’appuie sur un large réseau international de scientifiques. Mais elle prend un ton particulièrement pressant, à quelques jours de l’ouverture de la COP23 (du 6 au 17 novembre à Bonn, en Allemagne) et après un été cataclysmique, durant lequel une succession d’ouragans, d’inondations et d’incendies a montré la vulnérabilité des pays riches comme pauvres aux dérèglements climatiques.

Un tiers du chemin

Certes, une bonne nouvelle semble se confirmer : les émissions mondiales annuelles de CO2 issues de la combustion de ressources fossiles (charbon, pétrole et gaz) et de l’industrie cimentière, qui représentent 70 % du total des rejets de gaz à effet de serre, se sont stabilisées depuis 2014, à un peu moins de 36 milliards de tonnes (gigatonnes ou Gt). Cela s’explique par une moindre croissance du recours au charbon en Chine mais aussi aux États-Unis – les deux plus gros pollueurs de la planète – et par l’essor concomitant des filières renouvelables, à commencer par le solaire, particulièrement en Chine et en Inde.

Toutefois, note le rapport, cette stabilisation n’a été observée que sur une courte période et la tendance « pourrait s’inverser si la croissance de l’économie mondiale s’accélère ». En outre, le bilan est plus mitigé si l’on considère non seulement le CO2 mais aussi le méthane et l’ensemble des gaz à effet de serre, également produits par l’agriculture, les changements d’utilisation des terres et la déforestation. Le total des émissions, d’environ 52 Gt équivalent CO2 en 2016, marque ainsi une légère progression par rapport aux années antérieures.

Une courbe d’émissions à inverser au plus vite

Une courbe d’émissions à inverser au plus vite

On est donc très loin de la baisse drastique des émissions indispensable pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Afin de contenir le réchauffement sous 2 °C, il faudrait plafonner les rejets mondiaux à 42 Gt en 2030, calculent les experts. Et viser un maximum de 36 Gt pour conserver un espoir de rester sous la barre de 1,5 °C. Des études scientifiques récentes – dont l’ONU Environnement indique qu’elle tiendra compte dans ses prochains rapports – concluent même qu’il faudrait en réalité parvenir à un niveau beaucoup plus bas, d’environ 24 Gt seulement en 2030, pour éviter l’emballement climatique.

Or, les engagements pris en 2015 par les 195 pays parties prenantes de l’accord de Paris, dont 169 l’ont à ce jour ratifié, ne permettront que d’accomplir « approximativement un tiers » du chemin, préviennent les rapporteurs. À supposer que tous les États respectent l’intégralité de leurs promesses, parfois conditionnées à l’obtention de financements internationaux et de surcroît non contraignantes, la Terre s’achemine aujourd’hui vers une hausse du thermomètre de 3 à 3,2 °C à la fin du siècle. Sans effort supplémentaire, en 2030, l’humanité aura consommé 80 % de son « budget carbone », c’est-à-dire la quantité de CO2 qu’elle peut encore relâcher dans l’atmosphère sans dépasser 2 °C de réchauffement. Et elle aura épuisé la totalité du budget lui permettant de ne pas aller au-delà de 1,5 °C.

Hausse prévisible des températures en fonction des trajectoires d'émissions

Hausse prévisible des températures en fonction des trajectoires d'émissions

Autrement dit, « il est urgent d’accélérer l’action à court terme et de renforcer les ambitions nationales à long terme ». Le temps est compté : « Il est clair que si l’écart [entre les réductions d’émissions nécessaires et les engagements des pays] n’est pas comblé d’ici à 2030, il est extrêmement improbable que l’objectif de maintenir le réchauffement global bien en dessous de 2 °C puisse encore être atteint », insiste le rapport.

« La situation est très préoccupante, commente le climatologue Jean Jouzel, ex-vice-président du groupe de travail scientifique du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Les premiers bilans des politiques nationales montrent que globalement, on est plutôt en dessous des engagements pris à Paris. Et, sans les États-Unis, il sera très difficile de demander aux autres pays de rehausser leur ambition. » En tout état de cause, ajoute-t-il, « on reste très loin du compte : pour garder une chance de rester sous les 2 °C, il faudrait que le pic des émissions soit atteint en 2020 au plus tard. »

D’où l’appel des Nations unies à mettre à profit le « dialogue facilitateur » prévu par l’accord de Paris entre les parties signataires, en 2018, pour revoir à la hausse les contributions nationales, qui doivent être révisées tous les cinq ans. « La plupart des pays du G20, souligne le rapport, ont besoin de nouvelles politiques et actions pour remplir leurs engagements. » C’est aussi à l’automne 2018 que le GIEC doit publier un rapport spécial sur la possibilité ou non de ne pas franchir le niveau de 1,5 °C, ainsi que sur les conséquences d’un réchauffement de plus grande amplitude.

« Opportunités »

L’ONU Environnement veut pourtant rester optimiste. À ses yeux, il est encore « possible » d’éviter la surchauffe généralisée. « Une rupture dans les technologies et les investissements peut réduire les émissions, tout en créant d’immenses opportunités sociales, économiques et environnementales », assure son directeur, le Norvégien Erik Solheim.

La solution la plus radicale est connue : elle consiste à laisser sous terre entre 80 et 90 % des réserves de charbon, la moitié de celles de gaz et environ un tiers de celles de pétrole. Ce qui suppose, en première priorité, de ne plus construire de nouvelles centrales à charbon et de programmer l’arrêt de près de 6 700 unités actuellement en service.

Mais, poursuivent les rapporteurs, d’autres leviers doivent aussi être actionnés. En agissant avec volontarisme dans tous les secteurs économiques, ce sont de 30 à 40 Gt par an qui pourraient être soustraites à l’atmosphère. À eux seuls, la promotion des filières solaire et éolienne, l’amélioration de l’efficacité énergétique, le développement de modes de transports alternatifs, l’arrêt de la déforestation et le reboisement pourraient faire chuter les émissions annuelles de 22 Gt. L’humanité n’a pas encore brûlé toutes ses cartouches. Mais elle est entrée dans la zone de tous les dangers.

Concentration record de CO2 dans l’atmosphère en 2016

La concentration atmosphérique de CO2 a atteint, en 2016, le niveau record de 403,3 parties par million (ppm), contre 400 ppm en 2015, a annoncé, lundi 30 octobre, l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Ce niveau, qui s’explique par la conjonction des activités humaines émettrices de gaz à effet de serre et d’un puissant phénomène El Niño, est supérieur de 45 % à celui de l’époque préindustrielle. « La dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c’était il y a 3 à 5 millions d’années : la température était de 2 °C à 3 ° plus élevée [qu’aujourd’hui] et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres, indique l’OMM.  Cette hausse rapide est susceptible de déclencher une modification sans précédent des systèmes climatiques et d’entraîner de graves bouleversements écologiques et économiques. »

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31 octobre 2017 2 31 /10 /octobre /2017 09:29

Du côté des écoféministes – l’écologie contre les violences sexistes… Par Lorène Lavocat le 28 octobre 2017 pour Reporterre.

Violences sexuelles, violence à la Terre, une même culture

« La nature est une femme publique. Nous devons la mater, pénétrer ses secrets et l’enchaîner selon nos désirs. » Ainsi parlait le philosophe Francis Bacon à la fin du XVIe siècle. Quatre cents ans plus tard, le désastre écologique et les violences sexistes viennent douloureusement confirmer la prééminence de cette vision.

« L’articulation de la destruction de la nature et de l’oppression des femmes ressemble à un ruban de Möbius : les femmes sont inférieures parce qu’elles font partie de la nature, et on peut maltraiter la nature parce qu’elle est féminine », nous expliquait Émilie Hache en octobre 2016. Aiguillé.e.s par ce propos, à Reporterre, nous nous sommes dit que l’écologie avait sans doute un regard à porter sur le combat en cours contre les violences sexistes.

C’est du côté des écoféministes que nous sommes allé.e.s puiser une inspiration. Pour les écoféministes, destruction de la nature et oppression des femmes sont liées. « Qu’on parle de harcèlement sexiste ou de destruction de la nature, il s’agit dans les deux cas d’une violence banalisée et quotidienne, qui s’aggrave, et qui vient du fait qu’elles partagent une position de dominées, appuie Margot Lauwers, professeure à Perpignan et spécialiste de la littérature nord-américaine écoféministe. Mais dans les deux cas, on assiste également à une prise de conscience et à une dénonciation. » En 1974, dans le Féminisme ou la Mort, Françoise d’Eaubonne décrivait le capitalisme comme « le dernier vestige du patriarcat », en ce qu’il a mis en place une double exploitation : celle du corps des femmes et celle du corps de la Terre.

Reclaim the night and win the day

Les écoféministes invitent donc à penser l’intersectionnalité des luttes, car elles lient les différentes formes de domination et de discrimination. « Une société qui cautionne la violence faite à la Terre dans un but d’enrichissement personnel sera plus encline à être une société qui fait violence aux femmes pour un confort personnel », décrit Margot Lauwers.

De fait, « le mouvement écoféministe des années 1980 s’intéressait beaucoup à la question du harcèlement et des violences subies par les femmes », explique Isabelle Cambourakis, qui a édité de nombreux ouvrages écoféministes. Au début des années 1980, lors de l’occupation de Greenham Common, en Angleterre, les femmes du groupe Women for Life on Earth contre les armes nucléaires chantaient Reclaim the Night, chanson dans laquelle elles réclamaient de pouvoir se promener la nuit sans craindre le viol ni le harcèlement.

«  If we choose to walk alone
For us there is no safety zone
If we’re attacked we bear the blame
They say that we began the game
And though you prove your injury
The judge may set the rapist free
Therefore the victim is to blame
Call it nature, but rape’s the name

Reclaim the night and win the day
We want the right that should be our own
A freedom women have seldom known
The right to live, the right to walk alone without fear. »

« Les féministes du milieu non violent réfléchissaient alors aux liens entre la posture non violente théorique et les violences subies par les femmes, et beaucoup ont rejoint les écoféministes », raconte Isabelle Cambourakis. Leurs discussions les ont amenées à expérimenter de nouveaux modes de protestation. Manifs de nuit, action non mixte. « Ces réflexions ont largement influencé les pratiques d’action directe non violente menées par des femmes », précise l’éditrice. « Les écoféministes nord-américaines sont du côté de l’expérience, de l’art et de l’action plutôt que de la théorie, rappelle Margot Lauwers. Elles font des rituels, elles protestent en dansant, ce qui est une manière très impliquante de revendiquer. » Elles se réapproprient leur corps, ce corps qui a été dévalorisé et rendu objet par le patriarcat. La professeure voit dans ce foisonnement de modes d’action une inspiration pour le combat actuel : « L’écoféminisme peut nous aider à surmonter l’opposition binaire pacisfime/ violence et à élargir notre palette d’action ».

 

« Une solidarité active entre femmes : elles se relient, échangent, s’épaulent »

Trente ans après l’occupation de Greenham Common, les zadistes de Notre-Dame-des-Landes continuent de faire vivre ce lien entre lutte féministe et écologiste. « Sur zone, c’est comme une microsociété, on y subit le sexisme autant qu’ailleurs », note Angela, qui y vit. Avec d’autres, elles ont créé une cabane féministe qui accueille chaque semaine des goûters en mixité choisie : femmes, lesbiennes, transexuel.le.s, intersexes. « Nous discutons de ce qui se passe, des actions à mener, comme dans les réunions en grand groupe, explique-t-elle. Sauf que dans les grandes assemblées, il n’y a pas toujours un partage de la parole égalitaire, de même que lors des constructions, un homme viendra souvent conseiller une femme, quitte à lui prendre le marteau des mains. Il est de bonne volonté, mais il ne se remet pas en cause : c’est un sexisme inconscient. » Pour faire évoluer les mentalités, des habitants de la Zad mettent en place des actions de sensibilisation : atelier sur le consentement, sur le masculinisme. Il existe également un groupe d’écoute, spécialement dédié à l’accueil des personnes ayant subi une agression ou une violence sexiste. « Nous faisons des annonces avant les concerts pour que le public soit vigilant aux agressions possibles, et nous avons déjà expulsé une personne agresseuse de la zone. » Pour Angela, la lutte féministe apporte au combat « contre l’aéroport et son monde » : « L’exploitation et “l’objetisation” des femmes prend ses origines dans le patriarcat, de même que l’exploitation et “l’objetisation” de la Terre. » Ces deux luttes sont liées et doivent être menées ensemble. En août dernier, Starhawk, une militante écoféministe étasunienne et auteure de plusieurs textes fondateurs du mouvement s’est d’ailleurs rendue dans le bocage nantais.

Le campement de Greenham Common le 12 décembre 1982

Le campement de Greenham Common le 12 décembre 1982

Justement, quelles pistes ces féministes nous ouvrent-elles pour sortir enfin du carcan patriarcal ? « Avec le mouvement de libération de la parole qui opère sur les réseaux et dans les médias, une sororité s’élève, observe Pascale d’Erm, auteure du livre Sœurs en écologie. Il s’agit d’une solidarité active entre femmes : elles se relient, échangent, s’épaulent. » Les cercles de femmes comme ceux organisés sur la Zad permettent de parler librement, de partager les expériences et d’aller de l’avant ensemble. Pour Pascale d’Erm, les valeurs de l’écologie — « la résilience, l’importance accordée au temps long et aux cycles, le respect de la diversité du vivant » — peuvent apporter des angles de réflexion pour aujourd’hui : la conscience de notre interdépendance, la bienveillance et le respect de toute forme de vie.

« Radicalisation des points de vue » ou « une réconciliation entre hommes et femmes »

« Tous ces principes — que certain.e.s appellent “féminins” mais qui ne sont pas l’apanage des femmes — n’ont jamais été valorisés par le patriarcat, estime l’auteure. L’intuition, la culture du “et” — corps et esprit, intuition et raison —, l’accueil. » Elle invite ainsi les femmes, mais aussi les hommes, à se les réapproprier. Dans cette même optique, plusieurs penseurs masculins écoféministes, comme le sociologue Richard Twine, ont travaillé à la déconstruction du concept de masculinité. « Il existe un carcan masculiniste : un homme doit être si, doit réagir comme ça, note Margot Lauwers. Et l’écoféminisme laisse une grande place aux hommes, la stratégie d’émancipation peut être pensée et menée en collaboration, hommes et femmes ensemble. »

Un avis partagé par Yveline Nicolas, de l’association Adéquation, qui a organisé une rencontre autour du lien entre genre et écologie : « Malgré le fait que le harcèlement et les violences sont un phénomène massif dans nos sociétés, on observe assez peu de soutien de la part des hommes, et c’est un des nœuds du problème. » Tant que les hommes ne s’impliqueront pas dans le combat pour l’égalité, « nous n’arriverons pas à renverser cette culture de l’hégémonie et du pouvoir », prédit-elle. L’association mise sur l’éducation dès le plus jeune âge, la formation des éducateurs (enseignants, puériculteurs, animateurs…) et la sensibilisation de tous : elle a d’ailleurs publié une brochure sur les masculinités.

Violences sexuelles, violence à la Terre, une même culture

Le mouvement en cours peut-il changer la donne ? Yveline Nicolas se dit sceptique : « Les réseaux sociaux donnent l’impression d’un phénomène massif, mais dans le même temps, les associations s’appauvrissent, avec la fin des emplois aidés et la baisse des subventions. Or ce sont elles qui, au quotidien, font avancer les choses. Empiler les lois les unes sur les autres sans les appliquer ne changera rien. » Pour Pascale d’Erm, la libération de la parole peut conduire soit à de plus grandes crispations, avec une « radicalisation des points de vue », soit à « une réconciliation entre hommes et femmes » qu’elle appelle de ses vœux : « Les enjeux écologiques appellent hommes et femmes à se prendre par la main pour préserver les dernières ressources naturelles. Remettre en cause les violences et la domination sera profitable aux hommes autant qu’aux femmes. Écologie et féminisme dessinent un monde régénéré et apaisé. »

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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 09:13

Plusieurs centaines de communes éteignent désormais leur éclairage public au cœur de la nuit. Par mesure d'économie souvent, mais aussi pour lutter contre la pollution lumineuse, qui nuit à la biodiversité. Par Véronique Le Billon le 26 octobre 2017 pour Les Echos. Les enjeux n'ont pas changés depuis cet article sur les débuts du Jour de la Nuit dans Le second Jour de la Nuit, le 30 octobre 2010.

Pollution lumineuse du ciel étoilé par les éclairages urbains. - Alexandre GELEBART/REA

Pollution lumineuse du ciel étoilé par les éclairages urbains. - Alexandre GELEBART/REA

À Saint-Brieuc, il y a deux hivers, on ne parlait que de ça : sur décision du conseil municipal, des quartiers entiers étaient plongés dans le noir dès 23 heures et jusqu'au petit matin, sans plus aucun réverbère allumé pour retrouver ses clefs de voiture ou guider ses pas. « On a eu des courriers, des coups de téléphone hostiles pendant près d'un an. Mais aujourd'hui, on n'en entend plus parler, et les gens sont contents. » Jacky Desdoigts, alors adjoint à l'urbanisme à la mairie de cette ville de 50.000 habitants, défendait déjà les perspectives d'économies - 180.000 euros de moins espérés sur la facture annuelle d'électricité - et peut-être encore davantage la préservation de la biodiversité autour de cette ville des Côtes-d'Armor proche d'une réserve naturelle.

Il a bien dû repousser d'une heure l'extinction des lampadaires et affiner le découpage des rues laissées dans l'obscurité, mais il estime avoir fait école dans les communes alentour. « On a fait des réunions de concertation avec du partage d'expérience. Il y a une acculturation qui s'est faite. » Ces derniers mois, Argentan (Orne), Pessac (Gironde) ou Dax (Landes) ont à leur tour rejoint les quelque 2.000 communes qui éteignent désormais leurs rues quand (presque) tout le monde dort, selon le recensement du site NuitFrance.

« Enjeu trop méconnu », selon Nicolas Hulot, la pollution lumineuse est-elle devenue une nouvelle frontière pour l'environnement ? « La pollution lumineuse est source de gaspillage d'énergie, d'impacts sur la biodiversité nocturne et sur la santé humaine. Les élus locaux et les citoyens ont le pouvoir d'agir », estimait mi-octobre le ministre de la Transition énergétique et solidaire à l'occasion du neuvième Jour de la nuit, organisé autour de plusieurs centaines d'événements locaux avant le passage à l'heure d'hiver ce weekend.

« C'est vrai que c'est magnifique l'Europe éclairée, ce tapis de lumière, mais on se demande parfois pourquoi tout est encore allumé à 23 heures », reconnaissait aussi au début du mois, de passage aux « Echos », l'astronaute Thomas Pesquet, dont les photos et celles de son collègue russe Oleg Novitski prises depuis la Station spatiale internationale (ISS) ont pourtant fait rêver les Terriens l'hiver dernier.

Alors que le prix Nobel de médecine 2017 vient d'être décerné à trois chercheurs américains pour leurs travaux sur l'horloge biologique des êtres vivants, il est désormais admis que l'éclairage nocturne perturbe les migrations des oiseaux, les cycles de reproduction ou même, selon une étude publiée cet été dans la revue « Nature », la pollinisation de la flore.

Depuis la première loi « Grenelle » en 2009 jusqu'aux dernières lois sur la transition énergétique et sur la biodiversité, des textes ont commencé à prendre en compte ces notions. « Il y a une croissance exponentielle de lumière émise, donc il faut connecter le sujet aux questions de la biodiversité, de la consommation de matière première ou de l'écoconception del'éclairage », argumente Anne-Marie Ducroux, présidente de l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (Anpcen), créée il y a vingt ans par des astronomes soucieux de la qualité du halo lumineux.

Une application « contrastée »

Depuis mi-2013, un arrêté impose désormais l'extinction des bureaux une heure après le départ du dernier salarié, celle des vitrines entre 1 heure et 7 heures le matin, et celle des façades à 1 heure du matin. Pendant plusieurs semaines, les bénévoles de l'Anpcen sont allés nuitamment relever, appareil photo en main, la mise en œuvre concrète de l'arrêté. « Le premier constat, c'est qu'il n'y a pas de suivi de la part du gouvernement sur l'application de l'arrêté. Et zéro open data de la part de l'Ademe [l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie] », regrette Anne-Marie Ducroux. Le ministère de l'Energie reconnaît ne pas avoir de données consolidées. « Ce sont les maires qui sont chargés du contrôle et de la sanction de l'essentiel des bâtiments », précise-t-on boulevard Saint-Germain.

La deuxième conclusion de l'Anpcen, c'est une application « contrastée » d'une ville à l'autre : si Strasbourg, Toulouse, Nantes ou Lille font partie des bons élèves, Bordeaux, Grenoble ou Limoges affichent les moins bons taux de conformité avec les nouvelles dispositions. Au final, alors que l'Ademe évaluait l'économie d'énergie à 2 térawattheures par an, soit la consommation électrique (hors chauffage et eau chaude) de 750.000 ménages par an, il est peu probable qu'elle ait atteint ce niveau.

« Comment voulez-vous contrôler si des gens travaillent encore dans les bureaux ? Cet arrêté est surtout un effet d'annonce », balaie Dominique Ouvrard, délégué général adjoint du Syndicat de l'éclairage. « Ce qui est essentiel, ce sont les voies publiques, or il n'y a eu à ce sujet aucun arrêté publié », poursuit ce représentant des fabricants.

« Projet Pyongyang »

Si l'éclairage dans le secteur tertiaire représente au total quelque 22 térawattheures, soit 5 % de la consommation annuelle d'électricité, éteindre ou allumer la lumière reste visiblement une question politique et culturelle. « Renversant toute une mythologie de la dualité lumière/obscurité », le nom de « pollution lumineuse » a d'ailleurs mis longtemps à être accepté, « si tant est qu'il le soit », rappelait d'ailleurs dans un texte l'universitaire Samuel Challéat.

Quand certains fustigent une « nostalgie communiste », un « projet Pyongyang » ou un « couvre-feu », des collectifs (Clan du néon, Zéro watt, Pêcheurs d'énergie…) à la durée de vie variable mènent des actions pacifiques pour débrancher les enseignes lumineuses et les vitrines éclairées.

« Jusqu'à ces dernières années, il y avait une vaste croyance générale selon laquelle en éclairant fortement, on éclairait bien. C'était poussé par la filière qui y voyait son intérêt, aussi bien de la part des installateurs que des fabricants d'équipements. Mais depuis cinq ans, la filière fait son aggiornamento écologique pour éclairer 'juste' et adapter les usages », assure Philippe Badaroux, le président du Cluster Lumière, qui regroupe des entreprises de la région lyonnaise. « Quand il y a un projet d'extinction, il ne faut pas le faire sans expliquer l'ensemble des enjeux. Il faut expérimenter pendant six mois, avec les forces de gendarmerie et de police », recommande Anne-Marie Ducroux, qui a lancé, sur le modèle des villes fleuries, une nouvelle édition du classement Villes et villages étoilés.

Expérimentations dans un square

Avec une activité nocturne plus importante, les plus grandes villes n'envisagent pas, à ce stade, d'extinction nocturne. Pour Le Jour de la nuit mi-octobre, Paris a symboliquement éteint quelques monuments, et le dernier marché de performance énergétique signé en 2011 prévoit que la modernisation des éclairages « doit aller dans le sens de la réduction de la pollution lumineuse », mais sans objectif contraignant, reconnaît Patrick Duguet, responsable de l'éclairage public à la Mairie de Paris. « La réduction de la nuisance lumineuse, je la pratique naturellement quand j'améliore la performance de l'éclairage », juge-t-il.

Nuit sur la ville

Concrètement, cela commence par la suppression des lampes « boules » qui éclairent le ciel, l'orientation des flux lumineux vers les piétons ou les voitures, et par la détection de présence dans quelques rues de Paris. Dans un square du 13e arrondissement, la Mairie tente aussi de mesurer l'effet de l'éclairage sur la biodiversité : une zone est éteinte, une autre est équipée de détecteurs de présence, des couleurs d'éclairage différentes sont essayées… « On teste différentes technologies dans différentes configurations pour apprendre. Cela nous permet d'acquérir du retour d'expérience, y compris pour l'entretien de ces équipements », résume Patrick Duguet.

Revêtements réfléchissants

Autour des grandes agglomérations, des portions de rocade ou d'autoroutes urbaines sont aussi régulièrement éteintes - parfois volontairement pour des expérimentations, parfois de manière fortuite pour cause de panne - autour de Bordeaux, Toulouse ou Amiens. À Toulouse, après plusieurs années de réflexion et de débat sur la sécurité routière, la préfecture de Haute-Garonne et la mairie ont décidé d'une rénovation partielle de l'éclairage, une partie du périphérique ayant désormais vocation à rester sans candélabres. Des réflexions amenées à se multiplier, alors que d'autres procédés d'éclairage pointent, comme des catadioptres (systèmes rétroréfléchissants), mais aussi des revêtements routiers totalement réfléchissants.

Les industriels, qui voudraient accélérer le rythme de renouvellement des 11 millions de points lumineux d'éclairage public et des néons dans les bureaux, poussent à la rénovation des éclairages qui permettraient de mieux le piloter en fonction des besoins. Or avec des ressources financières contraintes dans les collectivités locales, le taux de renouvellement de l'éclairage public est aujourd'hui faible : entre 2 et 3 % maximum par an. « On doit donc construire une transition à partir de l'existant, mais on peut faire autre chose que du 'on/off' », estime Philippe Badaroux.

Lumière blanche

L'arsenal est vaste pour commencer à piloter l'éclairage public, à commencer par l'installation d'horloges astronomiques ou de variateurs dans les postes électriques. Le développement de l'éclairage LED (les diodes électroluminescentes), qui permet de raffiner les usages de la lumière et de consommer moins d'énergie, fait redouter à certains une multiplication des points lumineux.

« Il faut sortir de la pure approche énergétique. L'approche segmentée ou sectorielle aboutit à des préconisations contradictoires », estime ainsi Anne-Marie Ducroux. Le sujet est aussi technique : « Plus on va vers de la lumière blanche, plus on a d'impact sur les insectes. Il faut donc rechercher des éclairages 'chauds' », reconnaît aussi Philippe Badaroux.

S'il se dit sensible au sujet de la pollution lumineuse, Nicolas Hulot n'a pas pour l'instant annoncé de nouvelle réforme, rappelant, seulement la prochaine étape prévue déjà par les textes, à savoir l'extinction des enseignes lumineuses entre 1 heure et 6 heures du matin à compter du 1er juillet 2018. L'astronaute Thomas Pesquet, lui, prévoit de publier pour Noël un livre de ses plus belles photos du monde éclairé vu d'en haut.

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29 octobre 2017 7 29 /10 /octobre /2017 09:07

Trois ans après la mort du militant écologiste Rémi Fraisse, aucun gendarme n’a été poursuivi. La quasi-intégralité des plaintes déposées par les opposants au barrage ont été classées sans suite par le parquet d’Albi, alors que des dizaines d’entre eux ont été jugés et condamnés. Par Donatien Huet et Louise Fessard le 26 octobre 2017 pour Mediapart. Lire aussi Sivens - Le rapport de la Commission d'enquête de la LDH sur les conditions ayant conduit à la mort de Rémi Fraisse.

© Mediapart. Code : flourish.studio

© Mediapart. Code : flourish.studio

Trois ans après la mort de Rémi Fraisse, tué le 26 octobre 2014 par une grenade lancée par un gendarme, aucun représentant des forces de l’ordre ni aucun responsable public n’est poursuivi. Le maréchal des logis J., auteur du tir meurtrier, a été entendu en tant que témoin assisté en mars 2016. Et en juin 2017, le parquet de Toulouse a requis un non-lieu. Les deux juges d’instruction toulousaines à qui a été confiée l’information judiciaire ouverte à la suite de la mort du militant écologiste, âgé de 21 ans, doivent encore décider de suivre le parquet ou non.

Alors que plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées en hommage à Rémi Fraisse à Sivens (Tarn) le dimanche 22 octobre, le militant écologiste Ben Lefetey, porte-parole du collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, dénonce « une double justice à Sivens », sévère pour les opposants au barrage, laxiste pour les pro-barrage et les forces de l’ordre. Trois ans après les faits, les chiffres démontrent que cette dénonciation n’a rien d’une vue de l’esprit. En vérifiant et en analysant les données recueillies par les militants anti-barrage, on s’aperçoit que la quasi-intégralité des plaintes déposées par les opposants au barrage ont été classées sans suite par le parquet d’Albi, alors que des dizaines d’entre eux ont été jugés et condamnés, souvent en comparution immédiate, à Albi et à Toulouse. Même si chaque procédure est unique, le déséquilibre est flagrant.

  • Quel est le sort réservé aux opposants au barrage, aux pro-barrage et aux forces de l’ordre ? Survolez les bulles et déroulez le menu de l’infographie pour en savoir plus sur le profil des auteurs et des victimes, les faits reprochés, leur date, leur qualification, ainsi que leur issue judiciaire (voir notre Boîte noire).

Sur 70 opposants au barrage de Sivens jugés à Albi ou Toulouse entre août 2014 et novembre 2015, 53 ont été condamnés, dont 13 à de la prison ferme. Dix ont été relaxés. Pour sept d’entre eux, nous n’avons pas réussi à connaître la décision de justice.

Au contraire, sur les 50 plaintes connues déposées par des opposants au barrage pour des interpellations violentes, des agressions par des pro-barrage ou des dégradations en août 2014 et octobre 2016, la quasi-intégralité des plaintes (46) ont été classées sans suite par le parquet d’Albi. Pour deux, l’issue est inconnue. Et dans deux autres cas, deux informations judiciaires ont été ouvertes, celles concernant la mort de Rémi Fraisse et la blessure à la main d’une jeune militante, Elsa Moulin.

Dans cette dernière affaire, un gendarme a été mis en examen pour « violences volontaires ». Le 7 octobre 2014, le maréchal des logis-chef V. avait grièvement blessé cette éducatrice spécialisée de 25 ans en lançant une grenade de désencerclement dans la caravane où elle s’était réfugiée. Les deux juges d’instruction de Toulouse chargées de l’enquête ont notifié aux parties la fin de l’instruction début octobre 2017.

À notre connaissance, seul un pro-barrage a été condamné et à la suite d’une plainte de la société Vinci. Il s’agit d’un agriculteur, considéré comme le leader des agriculteurs de la vallée du Tescou, qui, en janvier 2015, avait bloqué la circulation sur la rocade de Montauban avec une vingtaine de tracteurs. L’agriculteur a été condamné le 10 novembre 2015 à quatre mois de prison avec sursis par le tribunal de Montauban.

La plupart des plaintes des opposants au barrage n’ont pourtant rien de fantaisiste. Le 23 octobre 2016, lors du précédent hommage à Rémi Fraisse sur le site de Sivens, trois jeunes filles ont ainsi été légèrement blessées au couteau par un pro-barrage. Léa, 21 ans, et Swanna, 28 ans, qui ont une ITT (incapacité totale de travail) d’un jour, sont allées déposer une plainte le soir même à Albi, car les gendarmes sur place ont refusé de la recevoir.

Des témoins ont vu la scène. L’agresseur est rapidement identifié comme un pro-barrage, frère d’une adjointe au maire de Lisle-sur-Tarn, secrétaire générale de l’association Vie eau Tescou, créée pour défendre le projet de barrage. La scène a été filmée. Selon le procès-verbal des gendarmes de Gaillac chargés de l’enquête préliminaire, la vidéo montre l’accusé « l’air menaçant […] esquisser un mouvement circulaire avec ses mains en direction de jeunes femmes » puis « tenir dans sa main droite un objet pouvant ressembler au manche d’un couteau de type Opinel ». On entend « plusieurs personnes » répéter : « Il a un couteau. » Puis, « quand il s’aperçoit qu’il est filmé, il dissimule sa main dans son dos », décrit un enquêteur.

Plusieurs témoins, auditionnés par les gendarmes, ont par ailleurs vu l’homme tenir le couteau avec du sang sur la main et l’ont identifié sur capture d’écran. Entendu en audition libre et confronté à cette vidéo, l’homme reconnaît qu’il tenait bien un couteau Opinel, mais selon lui fermé dans la main. Lors d’une confrontation le 28 décembre 2016 avec les trois jeunes filles, il continue à nier toute violence. À l’issue de leur enquête, les gendarmes jugent cependant « qu’il existe une ou plusieurs raisons plausibles de présumer » que « l’infraction de violences avec armes et ITT de moins de huit jours » puisse « être retenue contre lui ». Malgré cela, l’ex-procureur de la République d’Albi Claude Dérens, qui a depuis été muté comme avocat général à Limoges, classe l’enquête sans suite le 10 février 2017 pour « infraction insuffisamment caractérisée ». Contacté, Claude Dérens nous a indiqué que n’étant plus en poste à Albi depuis septembre 2017, il ne lui était pas possible de nous répondre.

« On voit qu’il y a deux poids deux mesures, estime toutefois Christian Pince, membre du collectif Les amis des Bouilles et ingénieur retraité de Lisle-sur-Tarn. Quand une plainte pour violence est déposée par un pro-barrage, la justice est beaucoup plus efficace. » Le 24 mars 2015, pour des faits comparables, le tribunal de grande instance d’Albi avait ainsi condamné deux zadistes, accusés d’avoir blessé à la main un agriculteur pro-barrage (dix jours d’ITT). Lors d’un blocus organisé sur le site par des agriculteurs de la FDSEA début mars 2015, une rixe avait éclaté entre cinq zadistes et l’agriculteur soutenu par son cousin. L’un des deux zadistes avait écopé de trois mois de prison avec sursis. À l’audience, Claude Dérens, le même procureur, avait réclamé six mois avec sursis contre lui…

Autre cas, celui de Sylvain, un militant anti-barrage de 38 ans, qui avait déposé en décembre 2014 une plainte extrêmement détaillée concernant des violences et dégradations commises par les gendarmes à la « Maison des druides », une vieille bâtisse déclarée lieu pacifiste, sans alcool, drogue, ni produit d’origine animale sur le site de Sivens. À une douzaine de reprises à l’automne 2014, des gendarmes y sont intervenus de façon violente, malgré l’absence à l’époque de toute décision de justice d’expulsion. « Ils nous mettaient à l’écart, vidaient toutes nos affaires puis brûlaient tout », dit Sylvain, vidéo à l’appui. Il affirme avoir été matraqué à deux reprises (trois et cinq jours d’ITT). 

Là encore, l’enquête, confiée à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), a été classée sans suite par le procureur Dérens. Malgré une décision de justice annulant la déclaration d’utilité publique du barrage de Sivens le 1er juillet 2016, le jeune homme est en revanche toujours sommé par le département du Tarn de lui payer les quelque 6 000 euros engagés en frais d’huissier pour l’expulsion de la « Maison des druides », une parcelle du département sur le site de Sivens.

« Une volonté manifeste de ne pas enquêter »

Claire Dujardin, avocate de Sylvain ainsi que de Léa et Swanna, les deux jeunes femmes plus récemment blessées, envisage de déposer des plaintes avec constitution de partie civile pour obtenir l’ouverture d’informations judiciaires. « Quel ordre public protège la justice ?, demande-t-elle. Il n’y a aucun intérêt général à protéger des pro-barrage qui sont une partie privée. »

Beaucoup des plaintes déposées sont passées entre les mains de cette avocate historique des opposants au barrage. « Au départ, à l’été 2014, il s’agit d’actes gratuits de gendarmes sur la ZAD de Sivens, comme des coups de tête ou des insultes sexistes, puis les plaintes décrivent des faits de plus en plus violents, l’usage de lanceurs de balles de défense (LBD) et de grenades, et cela se termine par la mort de Rémi Fraisse, décrypte l’avocate. Ces plaintes, qui venaient alerter sur la situation et auraient dû permettre d’anticiper la suite des événements, n’ont pas été prises en compte. »

Dans la plupart des copies de procédures contre les forces de l’ordre classées sans suite qu’elle a obtenues, Claire Dujardin note « une volonté manifeste de ne pas enquêter ». « On se rend compte qu’aucun acte d’enquête n’a été réalisé, aucune recherche d’identité, aucune demande pour savoir quel gendarme était en exercice le jour des faits dénoncés », décrit-elle.

Pire : lorsque début 2015 les pro-barrage « se sont organisés en milices, là non plus il n’y pas eu de poursuites ». « C’est très inquiétant, estime l’avocate. Les dernières plaintes étaient pourtant très circonstanciées. Lors du blocus de Sivens organisé par la FDSEA début mars 2015, les pro-barrage ont agressé des automobilistes sur la route, ont séquestré des gens chez eux ou dans leurs voitures, et des gendarmes étaient présents. » Une vidéo amateur, tournée le 4 mars 2015, montre des agriculteurs menaçants et armés de bâtons bloquant une départementale près de Sivens, puis frappant une voiture sans aucune réaction des gendarmes présents.

« Les gendarmes ont été témoins de plusieurs agressions par des pro-barrage et ont laissé repartir les agresseurs sans aucun contrôle d’identité », confirme Ben Lefetey, auteur de Sivens, un barrage contre la démocratie (Les Petits matins, mars 2015). Le militant écologiste, qui habite Gaillac, a lui-même fait l’objet de nombreuses menaces de pro-barrage, sans aucune réaction de la justice. Le 14 septembre 2014, lors d’une manifestation anti-Sivens, un militant pro-barrage lui a cassé un doigt en voulant le jeter sous un camion. « Un gendarme motard m’a laissé avec mon agresseur (et de nombreux témoins qui auraient pu lui confirmer l’agression et la menace de mort) en me disant : “C’est tout ce que vous méritez”, avant de repartir accompagner le convoi de machines du chantier », affirme-t-il. Plainte classée pour « auteur inconnu ». Le mois suivant, sa maison a été taguée : « Ici vit Ben Laden. » Sa plainte a également été classée sans suite le 8 avril 2015, faute d’identification de l’auteur de l’agression. Lorsque deux sites Internet pro-barrage ont conseillé de s’en prendre à sa « Logan grise », en donnant son adresse à Gaillac, d’appliquer à ce « parasite de l’humanité » la loi du Talion, « vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied ». La justice n’a pas plus réagi. Sa plainte a elle aussi été classée sans suite pour « auteur inconnu », alors que les deux sites sont toujours en ligne.

Une manifestation contre le projet de barrage, à Albi, le 27 octobre 2014. © Reuters

Une manifestation contre le projet de barrage, à Albi, le 27 octobre 2014. © Reuters

« Il y a eu dès août 2014 la volonté de discréditer les opposants au barrage, avec chaque fois des communiqués de la préfecture les faisant passer pour des gens violents afin de justifier la répression brutale, se souvient Ben Lefetey. D’abord, les gendarmes ont cherché à fatiguer moralement et physiquement les zadistes. Puis à partir du 8 septembre, quand quelque 200 personnes occupent le site, les autorités décident de monter la répression d’un cran. Les gendarmes n’hésitaient pas à demander aux bûcherons d’abattre des arbres où des zadistes avaient grimpé. Ils ont saccagé des habitations, mis le feu aux affaires, lancé une grenade dans une caravane. » Selon Ben Lefetey, cette partialité judiciaire a eu des conséquences très graves. « La mort de Rémi Fraisse intervient dans la continuité de cette montée de la violence, demeurée impunie malgré nos plaintes », estime-t-il.

La mise en garde n’a rien d’anachronique. À Bure, où les militants antinucléaire s’opposent au projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires, la même stratégie de tension des autorités semble s’installer. Le 15 août 2017, un militant, grièvement blessé par une grenade lancée par les gendarmes, a failli perdre son pied.

Face à cette offensive judiciaire, les anti-barrage se sont organisés. Un collectif « Les Amis des bouilles » a apporté conseils juridiques et aide financière. « Notre caisse de solidarité a permis de prendre en charge près de 14 000 euros de frais d’avocat, 8 000 euros de frais de justice, une aide de 3 100 euros à la famille de Rémi Fraisse pour les frais de justice, et de dédommager à hauteur de 4 400 euros de dégâts les militants pour des affaires personnelles brûlées, vitres cassées et pneus crevés », explique Christian Pince, un des membres du collectif, ingénieur retraité de Lisle-sur-Tarn. Lui aussi regrette que la justice « ajoute foi principalement aux dépositions des gendarmes, sauf lorsqu’il y a une vidéo les démentant, comme pour Gaëtan. Et dans son cas, les gendarmes n’ont pas été poursuivis pour faux témoignage ». Condamné en comparution immédiate pour avoir fracturé la main d’un gendarme, Gaëtan, 34 ans avait été relaxé en appel, une vidéo montrant que le coup avait en fait été porté par un autre gendarme.

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28 octobre 2017 6 28 /10 /octobre /2017 14:09

Des chercheurs européens recensent un large éventail de troubles liés aux résidus de pesticides, dont des retards de développement cognitif chez l’enfant. Par Audrey Garric le 27 octobre 2017 pour Le Monde. Lire aussi Réduire les pesticides n’altère pas les rendements et La lutte contre la hausse de consommation des pesticides a échoué, Pacte pour une agriculture et une alimentation d’intérêt général et L’irrésistible expansion de l’agriculture biologique.

L’alimentation bio est bénéfique pour la santé

Le bio est a priori paré de nombreuses vertus. Mais est-il véritablement meilleur pour la santé ? Des chercheurs européens se sont penchés sur cette épineuse question, qui divise toujours plus la communauté scientifique à mesure que l’agriculture biologique gagne du terrain dans le monde.

Dans la plus vaste revue de littérature effectuée sur le sujet, publiée vendredi 27 octobre dans Environmental Health, ils recensent une série d’effets bénéfiques pour la santé humaine liée à la production et à la consommation de nourriture sans aucun engrais de synthèse ni produits phytosanitaires chimiques. Surtout, ils observent un large éventail de troubles entraînés par les résidus de pesticides, à commencer par des conséquences néfastes sur le développement cognitif de l’enfant.

Partout sur la planète, le bio progresse. Il concernait 51 millions d’hectares cultivés dans 179 pays à la fin 2015, essentiellement en Australie et en Europe. Sur le Vieux Continent, cette superficie atteignait 11 millions d’hectares la même année, soit 6,2 % des terres arables (contre 3,6 % dix ans auparavant). En France enfin, ces chiffres s’élevaient à 1,8 million d’hectares au 30 juin (+ 15 % en six mois), et 6,5 % de la surface agricole utile, selon les dernières données de l’Agence Bio.

En dépit de ce boom incontestable, les recherches portant sur les effets de ce mode de culture sur la santé restent peu nombreuses. « La plupart des travaux sur les impacts de la consommation ne différencient pas l’agriculture conventionnelle de celle biologique. Nous faisons aussi face à une hétérogénéité des données », explique Emmanuelle Kesse-Guyot, l’une des auteurs de l’étude, épidémiologiste et directrice de recherches à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) dans l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Inserm/INRA/CNAM/université Paris-XIII), la seule unité à travailler sur ce sujet en France.

Moins d’allergies et d’obésité

C’est pourquoi le Parlement européen a commandé un rapport scientifique sur la question, qui lui a été remis en décembre 2016. C’est ce texte – qui a ensuite été soumis à une revue à comité de lecture – qui vient d’être publié vendredi dans une version condensée et actualisée. Au total, les chercheurs ont basé leurs travaux sur 280 études internationales « affichant un niveau de preuve suffisant ».

Ils observent ainsi que la consommation fréquente ou exclusive de produits bio durant la grossesse et durant l’enfance est associée à une prévalence moindre d’allergies et d’eczéma chez les enfants. Elle entraîne aussi une baisse du risque de pré-éclampsie – une poussée brutale de la pression artérielle lors de la grossesse qui peut entraîner un accouchement prématuré, voire un décès de la mère.

Au Royaume-Uni, une étude portant sur 620 000 femmes d’âge moyen, suivies pendant neuf ans, a montré une réduction de 21 % du risque de développer un lymphome non hodgkinien – un cancer du sang rare – chez les participantes qui mangeaient fréquemment ou toujours des produits bio, comparé à celles qui n’en consommaient jamais. En France, le suivi de 62 000 personnes de la cohorte NutriNet-Santé démontre une baisse de 31 % du risque d’obésité chez les gros consommateurs de bio.

« Ces résultats doivent être pris avec précaution dans la mesure où les consommateurs de bio tendent, de manière générale, à avoir une alimentation plus équilibrée, ainsi qu’une hygiène de vie plus saine, prévient Emmanuelle Kesse-Guyot. Nous tenons compte de ces facteurs mais ils ne sont jamais totalement éliminés. »

Le cerveau menacé

Une fois ces biais gommés, reste une interprétation retenue par les scientifiques : la différence de concentration en résidus de pesticides entre les deux types d’alimentation. Dans l’Union européenne (UE), 385 produits phytosanitaires (insecticides, herbicides, fongicides) sont autorisés pour l’agriculture conventionnelle, contre vingt-six pour le bio, ces derniers étant par ailleurs moins toxiques. De sorte qu’en toute logique, « une fréquente consommation de produits bio est associée avec une exposition moindre aux pesticides », selon l’étude.

Or cette exposition comporte effectivement des dangers, pour les travailleurs agricoles en particulier qui voient augmenter leur risque de développer un diabète de type 2, certains cancers (tels les lymphomes non hodgkiniens), la maladie de Parkinson ou encore des leucémies chez l’enfant.

Mais elle concerne aussi l’ensemble de la population. Trois études épidémiologiques de grande ampleur menées aux États-Unis montrent ainsi que l’exposition de la mère, durant sa grossesse, à des insecticides organophosphorés (comme le chlorpyrifos, l’un des plus utilisés en Europe selon le rapport) conduit à des effets délétères sur le développement cognitif de son enfant. Cela se traduit par un retard de développement psychomoteur et mental au cours des sept premières années de vie, une mémoire de travail et un QI plus faibles, ainsi que davantage de risques de développer un trouble du déficit de l’attention avec des tendances à l’hyperactivité.

En Europe, l’exposition aux pesticides organophosphorés entraînerait chaque année la perte de 13 millions de points de QI, représentant une valeur de 125 milliards d’euros, soit 1 % du produit intérieur brut européen. « Bien que ce calcul soit assorti d’une certaine incertitude, il est fort probable qu’il s’agisse d’une sous-estimation, car il se concentre uniquement sur un groupe de pesticides », assure Philippe Grandjean, l’un des auteurs de l’étude, épidémiologiste et professeur de médecine environnementale au Danemark et à Harvard.

Valeurs nutritionnelles

Les scientifiques se sont également penchés sur les valeurs nutritionnelles comparées des aliments. Ils concluent que le bio présente des bénéfices « légèrement supérieurs » (davantage d’oméga-3 dans le lait et la viande et de polyphénols dans les fruits et légumes, moins de traces d’un métal toxique, le cadmium, dans les céréales) mais qu’« aucune conclusion ne peut pour l’instant être tirée quant à la santé humaine ». Un avantage est en revanche avéré : l’agriculture biologique limite le développement de bactéries résistantes aux antibiotiques, « qui constituent une menace majeure de santé publique ».

Quelle conclusion tirer de ce vaste état des lieux ? « Le bio est meilleur pour la santé, à la condition que sa production soit suffisante pour nourrir une population grandissante », assure, en son nom propre, Philippe Grandjean.

Si l’étude publiée dans Environmental Health reste prudente et ne dresse pas de bilan aussi définitif, la version envoyée au Parlement européen comportait quelques recommandations, notamment une consommation accrue de produits bio, particulièrement pour les femmes enceintes et les enfants. « Les décideurs devraient soutenir, politiquement et financièrement, l’utilisation de certaines pratiques de l’agriculture biologique et leur introduction dans l’agriculture conventionnelle », juge aussi Axel Mie, professeur assistant à l’université suédoise des sciences agricoles et à l’institut Karolinska de Stockholm, qui a coordonné les travaux.

Les chercheurs appellent enfin à accroître la recherche sur les effets du bio sur la santé. « Il y a un accent disproportionné mis sur la production d’une agriculture chimique plus efficace, qui présente un intérêt industriel, et trop peu sur la recherche non chimique, regrette M. Grandjean. L’UE n’exige même pas de tests de neurotoxicité avant l’approbation d’un pesticide, ce que nous devons changer. Nous devons réduire le fardeau des pesticides et nous assurer que les substances approuvées ne peuvent pas endommager les cerveaux de la prochaine génération. »

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28 octobre 2017 6 28 /10 /octobre /2017 09:03

Une étude publiée par « The Lancet » estime qu’un décès sur six à l’échelle de la planète est attribuable à une forme de pollution (air, eau, sol ou milieu professionnel). Par Stéphane Mandard le 20 octobre 2017 pour Le Monde. On a du mal à croire ces chiffres, trois fois plus que les morts combinées du sida, de la tuberculose et du paludisme. Lire aussi  Climat : les mauvaises nouvelles s’accumulent - La pollution de l’air touche 92 % de l’humanité et  L’environnement dégradé tue 1,7 million d’enfants chaque année sur la situation mondiale. Sur la pollution de l'air en France, lire Le Conseil d’État enjoint au gouvernement de prendre des mesures urgentes contre la pollution, Une victime de la pollution de l’air attaque l’État et Paris annonce la création d’un observatoire mondial de la pollution de l’air.

Pollution atmosphérique à Pékin, le 4 mai. NICOLAS ASFOURI / AFP

Pollution atmosphérique à Pékin, le 4 mai. NICOLAS ASFOURI / AFP

Les études se suivent et les chiffres sont de plus en plus vertigineux. Dans son rapport 2017 sur la qualité de l’air publié le 11 octobre, l’Agence européenne pour l’environnement estimait que la pollution de l’air était à l’origine de plus de 500 000 décès prématurés (avant 65 ans) en Europe par an. Celle publiée vendredi 20 octobre dans la très respectée revue médicale The Lancet porte ce décompte macabre à 6,5 millions à l’échelle de la planète pour la seule année 2015 et à un total estimé à 9 millions en ajoutant les morts liées à la pollution de l’eau et des sols (1,8 million) et en milieu professionnel (0,8 million).

Neuf millions, cela représente un décès sur six dans le monde (16 %), relève l’étude qui, pour bien prendre la mesure de la gravité de la situation, note que c’est « trois fois plus que les morts combinées du sida, de la tuberculose et du paludisme ».

Ce rapport, le premier du genre à tenter d’évaluer l’impact global de toutes les pollutions au niveau mondial, est issu de la commission « pollution et santé » du Lancet. Il est le résultat d’un projet de deux ans auquel ont contribué plus de quarante experts internationaux spécialisés dans les questions de santé et d’environnement.

« Injustice environnementale »

La plupart (plus de 70 %) des décès attribués à la pollution sont dus à des maladies non transmissibles : pathologies cardiaques, accidents vasculaires cérébraux (AVC), cancers du poumon, bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO), maladies gastro-intestinales ou encore infections parasitaires.

Si tous les pays sont touchés, ce sont essentiellement les plus pauvres qui paient le prix fort. Environ 92 % des 9 millions de victimes de la pollution se trouvent dans des pays à bas et moyen revenus (où le revenu national brut est inférieur à 12 235 dollars par habitant et par an, selon la classification de la Banque mondiale). Et l’étude précise que dans les pays où l’industrialisation se fait à marche forcée (Inde, Pakistan, Chine, Bangladesh, Madagascar et Kenya), la pollution peut être responsable de plus d’un quart de tous les décès.

Quel que soit le niveau de développement des pays, les effets de la pollution affectent de façon « disproportionnée » les populations les plus pauvres et marginalisées. Les auteurs pointent ainsi une « injustice environnementale » dont sont aussi bien victimes la communauté rom parquée dans un camp de réfugiés sur le site contaminé d’une ancienne mine au Kosovo que les habitants d’un quartier défavorisé de New York exposés aux émissions de gaz de plusieurs dépôts de bus.

Au-delà du coût humain, la commission « pollution et santé » du Lancet a également tenté d’évaluer le coût économique. Là aussi, les pays les plus pauvres sont ceux qui paient la plus lourde facture. Ainsi, dans les pays en voie de développement, le rapport estime que les maladies et les décès liés à la pollution représentent en termes de perte de productivité 1,3 % du produit intérieur brut, contre 0,5 % pour les pays industrialisés. Ce pourcentage passe à 8,3 % (contre 4,5 % pour les pays les plus développés) si on prend en compte les dépenses de santé pour un coût total de l’ordre de 4 600 milliards de dollars (3 900 milliards d’euros) par an pour l’économie mondiale, soit 6,2 % de la croissance mondiale.

Un bilan « sous-estimé »

Ce tableau, déjà bien noir, pourrait être encore plus sombre. Les auteurs estiment que leur bilan « sous-estime » la réalité en raison des « nombreux nouveaux polluants chimiques qui restent à identifier ». « Plus de 140 000 nouveaux produits chimiques et pesticides ont été synthétisés depuis 1950 », rappelle le rapport. Et, parmi les 5 000 substances les plus utilisées, moins d’un quart ont subi des tests de toxicité et d’évaluation avant leur mise sur le marché lors de la dernière décennie et seulement dans un nombre limité de pays riches.

« Malgré ses effets de grande ampleur sur la santé, l’économie et l’environnement, la pollution a été négligée dans les politiques internationales de santé, déplore Philip Landrigan, coresponsable de la commission du Lancet et professeur à l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai, à New York. Notre but est de sensibiliser à l’échelle mondiale sur l’importance de la pollution et mobiliser la volonté politique pour la combattre. »

Le rapport ne se contente pas de donner l’alerte, il formule aussi plusieurs recommandations : intégrer la pollution dans le plan d’action mondial pour la lutte contre les maladies non transmissibles de l’Organisation mondiale de la santé, faire de la prévention en matière de pollution une priorité internationale ou encore développer des systèmes de surveillance des effets de la pollution sur la santé.

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