Absence de confiance des électeurs dans l’utilité de leur vote ?
Baisse du moral des ménages qui ne croient plus au retour de la croissance, et qui ne consomment plus ?
Abstention, absence de solidarité, nous assistons à un repli politique et économique sur son quant-à-soi qui fait la part belle aux extrémismes. La confiance se mérite.
C’est un peu ce que révèlent les derniers échanges entre le Parti Socialiste et Europe Ecologie Les Verts, au niveau local comme au niveau national : le désir des écologistes de faire passer de vraies réformes s’est révélé supérieur à l’attrait des postes, de maire-adjoints dans la municipalité comme de ministres dans le gouvernement. Alors on tord un peu la réalité pour faire croire que les écologistes sont des enfants gâtés qui refusent les cadeaux qu’on leur fait.
Et bien non !
On a bien cherché à nous acheter avec des indemnités d’élus et la notabilité qui va avec, mais ça n’a marché que pour ceux qui cherchaient leur intérêt personnel avant l’intérêt général, une minorité. Après deux ans ensemble au gouvernement, 4 ans à l’intercommunalité Est Ensemble, 6 ans à la mairie, quand nos partenaires nous refont les mêmes promesses non abouties dans le mandat précédent, on se dit qu’il y a quelque chose de pas clair, pourquoi ne l’a-t-on pas fait avant ?
C’est ce qu’exprimaient ce week-end les interventions d’une ex-ministre, Cécile Duflot, de notre secrétaire nationale Emmanuelle Cosse, et les décisions prises à tête reposée par notre Conseil Fédéral, dont voici des extraits ci-dessous. Pierre Stoeber
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Cécile Duflot au Conseil Fédéral :
(…) D’où venions-nous ? Nous avons traversé 10 ans dans l'opposition, 10 ans qui ont suivi une date funeste pour la gauche : le 21 avril 2002. Ces dix années je les ai passées souvent ici, à la direction d'un parti écologiste d'opposition. Nous avons mis 10 ans à reconstruire un espoir de changement.
Cet espoir, la nouvelle majorité n’avait pas le droit de le dilapider, de le mettre sous le boisseau, de l’enterrer sous les cendres de la déception et des promesses non tenues.
J’ai pourtant le sentiment que c’est ce qui a été en partie fait.
La sanction des électeurs le montre avec rudesse. La défaite aux élections municipales est sans précédent. C’est bien un cycle ouvert par les élections municipales de 1977 qui s’est refermé dimanche dernier. La gauche perd 155 villes. Le socialisme municipal a reçu des coups très importants, y compris dans des villes bastions comme Limoges, Quimper ou … Grenoble ! A n’en pas douter, l’effet domino de cette déroute électorale se fera de nouveau sentir.
Au sortir des municipales, le Front National dirige dix municipalités, avec tout ce que cela représente d’échec pour les forces républicaines et pour les valeurs de notre pays. La situation politique du pays n’est pas bonne : elle est lourde de menaces. Alimenté par les affaires et la déception, le risque de délitement politique est plus important que jamais. Quelque chose se désagrège sous nos yeux, sans que beaucoup ne soient capables d’en prendre la mesure réelle.
Dans ce contexte de désolation le score des listes écologistes est plus qu’une consolation, il est un espoir et constitue le socle du renouveau des forces du changement. La différentiation positive des écologistes a été appréciée et comprise. Beaucoup d’entre vous ont mené ce combat des municipales. Vous savez l’accueil qui nous a été fait, et vous savez aussi comment on a voulu nous caricaturer en opportunistes avides de postes ou en beatniks irresponsables et capricieux. Merci à vous d’avoir tenu bon sous la mitraille des préjugés et des quolibets.
Nous devons maintenant bâtir une nouvelle alliance citoyenne capable de poser les jalons d’une force écologiste majoritaire dans le pays. Comment rendre possible cette perspective ?
D’abord en entendant la souffrance des citoyens qui se sont détournés des urnes, et la demande de changement de celles et ceux qui ont envoyé plus qu’un avertissement à la majorité.
Le changement de cap réclamé depuis des mois par EELV avait anticipé cette demande. Les électeurs l’ont confirmé. Le Président de la République a pourtant choisi de poursuivre dans la même voie. Il m’est avis que continuer à participer de cette coalition gouvernementale aurait été une manière de surdité.
On me dit, oui mais on nous a fait des propositions. Arrêtons-nous un instant sur ce point. François de Rugy les a énoncées :
- réduction de la capacité nucléaire et donc nombre de réacteurs à fermer
- pas de nouveaux ÉPR
- pas de remise en cause gaz de schistes
- pas de remise en cause OGM
- 100 députés à la proportionnelle
- Aéroport de Notre-Dame Des Landes (NDDL)
- grand ministère de l'écologie à un EELV
Il était dit-on très pro, un dossier de 8 pages, c'est dommage il en manquait 18 et cela aurait été un document de novembre 2011 : "2012-2017 : socialistes et écologistes, ensemble pour combattre la crise et bâtir un autre modèle de vivre ensemble."
Sur la réduction de la capacité nucléaire et le nombre de réacteurs c'est précisé p. 16 : Un plan d’évolution du parc nucléaire existant prévoyant la réduction d’un tiers de la puissance nucléaire installée par la fermeture progressive de 24 réacteurs, en commençant par l’arrêt immédiat de Fessenheim et ensuite des installations les plus vulnérables.
Sur les nouveaux ÉPR c'est à la même page il est mentionné : "Dans ce cadre, le projet d’EPR de Penly, sera abandonné. Aucun nouveau projet de réacteur ne sera initié."
Sur les gaz de schistes : là c'est page 17 : L’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels (gaz et huiles de schiste) seront interdits, les permis en cours seront abrogés et les importations découragées.
Sur les OGM , pour le coup c'est le ministre de l'agriculture - désormais porte-parole du gouvernement - qui toujours été limpide sur le sujet.
Sur la proportionnelle enfin c'est p.24 : « Afin que toutes les sensibilités politiques de notre pays soient représentées au Parlement, nous réformerons le mode de scrutin aux élections législatives : 100 députés seront élus à la proportionnelle sur une liste nationale ».
Il y avait deux autres propositions : l'abandon de NDDL et le grand ministère.
Pour NDDL, je veux redire ici, que si les travaux n'ont pas débutes en 2012-2013, c'est bien parce que présents partout à Nantes, sur le terrain, dans les immenses manifestations et aussi au plus près de ceux qui prennent les décisions, nous avons agi en commun. Le moratoire de fait sur NDDL, il date du 24 mars 2014 de la signature de l'accord entre Pascale Chiron et Johanna Roland [ têtes de listes PS et EELV à Nantes]. La formule sur l'absence de travaux tant que les recours ne seront pas terminés est chacun le sait un arrêt du projet pendant de très nombreuses années, l'ACIPA ne s'y est pas trompée, et ce n'est pas un hasard si la décision de cette formulation a dû recevoir l'approbation du premier ministre d'alors Jean-Marc Ayrault. J'en tire la leçon que cela renforce ma conviction d'une double nécessité : l'autonomie des écologistes et le rassemblement avec la gauche. Merci aux nantis d'en avoir fait la démonstration.
Et il restait enfin un point le fameux grand ministère. Disons-nous la vérité : il y a une vraie marge de manoeuvre dans un ministère mais elle n’existe réellement que si l'arbitrage se fait en votre faveur. La loi ALUR a été un bon exemple pour moi, personne n'imagine la somme de bagarres quotidiennes sur les yourtes, le financement de l'hébergement d'urgence, le commissariat général à l'égalité des territoires a fait basculé les décisions du bon côté. Cela a été possible aussi grâce à nos parlementaires et j'espère que leur accueil dans un mois sera à la hauteur de l'indéfectibilité de leur soutien pendant les deux ans qui viennent de s'écouler.
La proposition semblait tenir la route, et je comprends les regrets sincères de ceux pour qui la présence des écologistes au gouvernement était un point d'appui et une aide.Qu'ils sachent dans le futur l'exprimer plus fortement que ceux qui, à longueur de journées, se faisaient les thuriféraires de nos soi-disant trahisons.
Alors était-ce une bonne proposition ? Optiquement, oui. Mais politiquement, quelles garanties avions nous après deux ans de gouvernement commun qu’elle serait appliquée ? Aucune, puisque le Président de la République a clairement indiqué que son cap ne varierait pas d’un pouce.
Jean-Vincent Placé a qualifié la rencontre avec Manuel Valls « de l’un des rendez-vous les plus politiques et les plus dignes que j’ai fait de ma vie ». Je ne peux lui faire aucun reproche, je suis celle qui a qualifié le discours du Président de la République à la conférence environnementale de septembre 2012 d' « historique et infiniment émouvant à entendre pour une écologiste. ». Mais j’ai payé pour savoir que pour certains, les mots ont vocation à rester des mots. Je fais le triste constat que c’est aussi cela qui a été sanctionné par les français dimanche : une politique ou le verbe compte plus que les actes.
A ceux qui disent que quittant mon poste de ministre j’ai davantage en tête mon destin personnel que notre avenir collectif, je réponds ceci. J’ai aimé être ministre. J’ai passionnément aimé construire des compromis et inscrire dans le marbre de la loi les avancées que nous réclamions dans les manifs ! J’ai aimé batailler contre les coupes budgétaires et plaider inlassablement contre une vision purement comptable de la gestion de notre pays. Je veux te dire, Emma, que sans ton soutien, ton appui, ton amitié et ta capacité à me faire prendre de la distance quand les temps devenaient trop durs, je ne suis pas sûre que je serai allée jusqu'au bout. Si j’avais eu le sentiment qu’il était possible d’agir encore avec utilité au sein de ce gouvernement, ne doutez pas que j’aurai poursuivi dans cette voie.
La perspective d’avoir un - ou une - écologiste numéro 2 du gouvernement était alléchante pour nous tous. C’est le propre d’un appât que d’être alléchant. Mais je crois sincèrement que se jouait là quelque chose d’essentiel qui demandait à regarder au-delà du trompe l’œil proposé. Sans changement de cap, sans davantage de fermeté face aux lobbies, sans bras de fer avec Bruxelles, sans faire le choix d’une politique de relance écologique, la transition restera un mot creux, une opération de communication destinée à être vidée de son sens comme le fût jadis le Grenelle de l’environnement.
La politique est un combat collectif qui passe par la sagesse du compromis et la patience de la modération. Mais la politique provoque aussi ces moments de cristal où l'on est face à soi-même, seule, où il faut une réponse simple : oui ou non. Je n’ignore pas que c’est une réponse qui emporte avec elle beaucoup de conséquences. Je me tiens donc devant vous, avec toute la modestie causée par les interrogations qui traversent mon esprit, mais avec l'acier de mes convictions désormais trempé au bain de la pratique réelle du pouvoir.
Le pouvoir, les écologistes ont vocation à l’exercer pour faire prendre un autre cours à l’histoire de notre pays. Je continue donc plus que jamais de défendre le principe de la participation à un gouvernement et je souhaite un jour faire part de mon expérience aux quatre, cinq, dix membres écologistes d'un futur gouvernement, dans un rapport de force différent et avec des partenaires plus désireux de conduire réellement une politique écologique, au-delà des postures de communication. (…)
Pas question pour moi, pour nous, de participer à une quelconque opposition de gauche.
Jean Luc Mélenchon et ses amis qui hier n’avaient pas de mots assez durs pour nous stigmatiser - et avait violemment attaqué la loi Alur par exemple - semblent soudain touchés par la grâce et veulent nous embrasser comme du bon pain. Mais je veux dire ici une chose bien claire : je ne crois pas à la guerre des gauches. Et l’écologie politique ne servira jamais de variable d’ajustement ou d’idiot utile dans les règlements de compte entre les forces déclinantes du productivisme.
(…)
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Emmanuelle Cosse :
Cher-e-s ami-e-s du conseil Fédéral,
Je vous retrouve aujourd’hui après plusieurs semaines d’action politique.
Des semaines intenses de campagne électorale qui se sont conclues sur une discussion politique complexe sur notre participation gouvernementale.
Dimanche dernier, au soir des élections municipales, nous avons prouvé que l’écologie avait fait son retour dans les urnes. En effet, après avoir présenté un nombre record de listes autonomes écologistes, nous avons obtenu plus de 12% au premier tour des élections municipales, au même moment ou l’on constatait un reflux à gauche. Nous avons obtenu de très beaux scores dans de nombreuses villes et fait la démonstration que jouer l’autonomie aux élections locales était un gage de réussite.
Cet engagement pour l’écologie des solutions, l’alternative au quotidien, a porté de nombreuses maires écologistes réélus. Je pense évidemment à Stéphane Gatignon, Daniel Breuiller, Michel Bourgain, Jacques Boutault, Sylvie Couchot, et tant d’autres.
Cet engagement pour l’écologie s’est traduit également par une victoire inédite à Grenoble. Il ne peut pas être là aujourd’hui, mais je tiens à ce que nous félicitions tous chaleureusement Eric Piolle, nouveau maire de Grenoble. Grenoble, 160 000 habitants, dirigée par un écologiste ! C’est une première et une grande victoire !
(…)
Nous avons réussi notre pari aux élections municipales : nous voulions défendre notre projet et nos propositions, imposer la vision écologiste dans le débat. Nous voulions sortir du rapport de force défavorable dans lequel nous étions depuis la présidentielle. Ce pari est réussi, les résultats sont là.
Ce pari, nous avons réussi à le faire, malgré, il faut bien le dire, le sectarisme et l’hégémonisme de certains de nos partenaires. Dans quelques territoires, on les a vus, n’acceptant pas de voir leur royaume s’effondrer ou simplement être disputé. Pourtant, les chiffres et les additions sont clairs : sans nous, beaucoup de villes supplémentaires auraient été perdues par la gauche.
(…)
Mais notre lucidité doit nous conduire néanmoins à regarder aussi l’ensemble des résultats : la déroute socialiste est sans précédent, le Parti Communiste a perdu le quart de ses mairies. La vague à droite n’a épargné personne, pas même les écologistes.
Dans les six ans qui viennent, nous devrons continuer à être actifs, même dans l’opposition, pour ne pas voir remis à zéro les politiques ambitieuses auxquelles nous avions contribué: transports publics, alimentation bio dans les cantines, logements sociaux et abordables, nous savons toutes et tous que la droite locale n’aura de cesse de vouloir détruire ce que nous avions construit.
(…)
Cette déroute électorale, et la fracture démocratique qui s’est exprimée, auraient dû aboutir à un sursaut. Nous appelions de nos vœux depuis longtemps un changement de cap. L’intervention du Président de la République lundi dernier a montré qu’il n’avait pas eu lieu. C’est ce qui a conduit la direction du parti à prendre mardi une décision difficile : celle de ne pas participer au gouvernement Valls, malgré des propositions solides qui nous ont été faites.
Le Premier Ministre nous a fait une proposition simple : diriger un ministère de l’écologie, avec la tutelle sur l’énergie, afin de faire la loi sur la transition énergétique. Une loi qui acte la réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique (50% en 2025). Pas de construction d’EPR, la fermeture de réacteurs. Pas de changement de ligne sur les OGM, ni sur les gaz de schiste. Une réforme de la décentralisation pour aboutir à 10 régions, la mise en œuvre de la proportionnelle et enfin, à demi-mots, la fin de NDDL.
Je l’ai dit, une proposition solide et sérieuse. Dans un contexte incertain et de méfiance. Nous avons dit non. Cette décision, nous l’avons prise après de longues discussions, d’une grande qualité, sans invectives ni ultimatums. Nous l’avons prise avec responsabilité et gravité.
Car refuser une telle offre, quand on souhaite diriger et gouverner, n’est pas évident. Mais comment croire à de tels objectifs après deux ans de rude bataille au sein du gouvernement ? Comment croire à une évolution sur le nucléaire quand le nouveau ministre de l’économie et celui des affaires étrangères en font des points de leur politique ? Comment avancer sur ces sujets quand la confiance n’est pas au rendez-vous ? Surtout enfin, comment participer à un gouvernement qui a fait le choix prioritaire de la baisse des dépenses publiques au profit exclusif des entreprises, quand, pour faire de l’écologie, il faut investir, et donc renoncer à l’orthodoxie budgétaire ? C’est là le paradoxe que nous n’arrivons plus à dépasser. Si on veut créer des emplois, réindustrialiser la France et l’Europe et faire la transition énergétique, nous devons investir dans l’avenir.
(…)
Nous continuerons à rappeler aux socialistes leurs promesses et leurs responsabilités. Nous ne laisserons pas être enterrés les engagements que François Hollande a pris devant les Français en mai 2012. Dans ou en dehors du gouvernement, nous continuerons à nous battre pour offrir à la société un projet de transformation écologiste. (…)
Car ce n’est pas l’échec d’EELV aujourd’hui, si nous sommes absents de ce gouvernement. C’est celui d’une majorité et d’un président de la République qui n’a jamais cherché à construire durablement une alliance. Je vous le dis, nous reviendrons un jour au gouvernement, pas pour nous faire plaisir, mais parce que la France a besoin d’écologie.
(…)
Si nous avons souhaité prendre du recul en attendant des actes, c’est avec fermeté mais avec l’espoir de voir, mardi prochain, un Premier ministre annoncer enfin une politique écologique et sociale. Et ce n’est pas de la confiance avec Europe Ecologie les Verts dont il s’agit, cela n’a pas grande importance. Non, ce qui compte, c’est la confiance avec les Française et les Français. En cela le vote de confiance n’est pas qu’un exercice parlementaire. Il faut le prendre à la lettre. Nous voulons, avec les Françaises et les Français, avoir confiance dans notre gouvernement, savoir qu’il va défendre les valeurs pour lesquelles le Président de la République a été élu : solidarité, justice et écologie. Nous attendons du Premier ministre des engagements clairs sur la transition énergétique. Nous attendons aussi qu’il clarifie ces projets en matière de décentralisation et que les erreurs grossières faites avec la loi métropole ne se répètent pas. Sans parler des dossiers majeurs pour les écologistes, NDDL, Cigeo, Europa City, la ferme des 1000 vaches, le Lyon-Turin, symbole d’une vision passéiste du progrès économique et social.
Je le dis au Président de la République et au Premier ministre, après le Pacte de responsabilité qui nous a divisé, nous voulons reconstruire un pacte de majorité. Redéfinissions ensemble les contours d’un nouvel accord qui nous rassemblera au service des Françaises et des Français.
(…)
La fracture démocratique qui s’est exprimée dimanche dernier appellera sans doute à une recomposition de la gauche. Mais je le dis à nos partenaires, notamment ceux qui font des adresses à notre conseil fédéral, pas plus que nous sommes le supplément d’âme des socialistes, nous ne serons celui de l’autre gauche. Nous sommes un parti écologiste, inscrit à gauche, qui a construit sa propre autonomie et sa propre vision du monde. Le choix n’est pas entre la social-démocratie et la petite injonction anti-austéritaire. La vraie alternative, c’est celle de l’écologie politique. (…)
Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale
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Motion portant sur la position des écologistes quant au vote de confiance du gouvernement
En 2012, les écologistes ont fait le choix de soutenir Francois Hollande au second tour de l’élection présidentielle et de participer à la mise en œuvre de l'accord de mandature signé par EELV et le Parti socialiste.
Depuis, les orientations, notamment sur le plan de la politique économique et sociale, définies par le président de la République et mises en œuvre par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, ont été avant tout déterminées par l'objectif de réduction du déficit public. Ce choix s'est fait aux dépens d'une politique volontariste en faveur de la nécessaire réduction des inégalités sociales et de l'engagement d'un nouveau modèle de développement non productiviste et respectueux de l’environnement.
Malgré les demandes répétées d'Europe Ecologie Les Verts en faveur d'un changement de cap et le signal envoyé par les Françaises et les Français à l'occasion des élections municipales de mars 2014, le Président de la République a confirmé, lors de son allocution annonçant la nomination de Manuel Valls comme nouveau Premier ministre, sa volonté de poursuivre une politique dictée par l’orthodoxie budgétaire et l'impératif comptable de réduction des budgets publics.
En conséquence, le Bureau exécutif d'Europe Ecologie Les Verts a pris la décision de ne pas participer au nouveau gouvernement.
Ainsi, considérant que le rôle du Conseil fédéral est de définir l'orientation politique générale d'Europe Ecologie les Verts et qu'il est demandé aux parlementaires écologistes de prendre en compte ces orientations dans le cadre de l'exercice de leur mandat,
Le Conseil fédéral d'Europe Ecologie Les Verts réaffirme :
· que la feuille de route du Président de la République confirmant la mise en œuvre de l'orthodoxie budgétaire portée par le TSCG et imposant une réduction brutale des dépenses publiques est incompatible avec la transition écologique ;
· que la nécessité de la transition énergétique et environnementale passe par un programme d’investissement dans les filières d'avenir ;
· la volonté des écologistes de voir mis en œuvre les engagements pris lors de la signature de l'accord de mandature avec le parti socialiste en 2011 ;
· l'autonomie de l'écologie politique ;
· que la confiance dans le gouvernement ne peut être accordée tant qu'une réorientation de la politique économique, sociale et environnementale n'aura pas été amorcée.