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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 17:03

 Absence de confiance des électeurs dans l’utilité de leur vote ?

Baisse du moral des ménages qui ne croient plus au retour de la croissance, et qui ne consomment plus ?

Abstention, absence de solidarité, nous assistons à un repli politique et économique sur son quant-à-soi qui fait la part belle aux extrémismes. La confiance se mérite.

C’est un peu ce que révèlent les derniers échanges entre le Parti Socialiste et Europe Ecologie Les Verts, au niveau local comme au niveau national : le désir des écologistes de faire passer de vraies réformes s’est révélé supérieur à l’attrait des postes, de maire-adjoints dans la municipalité comme de ministres dans le gouvernement. Alors on tord un peu la réalité pour faire croire que les écologistes sont des enfants gâtés qui refusent les cadeaux qu’on leur fait.

Et bien non !

On a bien cherché à nous acheter avec des indemnités d’élus et la notabilité qui va avec, mais ça n’a marché que pour ceux qui cherchaient leur intérêt personnel avant l’intérêt général, une minorité. Après deux ans ensemble au gouvernement, 4 ans à l’intercommunalité Est Ensemble, 6 ans à la mairie, quand nos partenaires nous refont les mêmes promesses non abouties dans le mandat précédent, on se dit qu’il y a quelque chose de pas clair, pourquoi ne l’a-t-on pas fait avant ?

C’est ce qu’exprimaient ce week-end les interventions d’une ex-ministre, Cécile Duflot, de notre secrétaire nationale Emmanuelle Cosse, et les décisions prises à tête reposée par notre Conseil Fédéral, dont voici des extraits ci-dessous.                                                                                                     Pierre Stoeber

-----------------------------------

Cécile Duflot  au Conseil Fédéral :

(…) D’où venions-nous ? Nous avons traversé 10 ans dans l'opposition, 10 ans qui ont suivi une date funeste pour la gauche : le 21 avril 2002. Ces dix années je les ai passées souvent ici, à la direction d'un parti écologiste d'opposition. Nous avons mis 10 ans à  reconstruire un espoir de changement.

Cet espoir, la nouvelle majorité n’avait pas le droit de le dilapider, de le mettre sous le boisseau, de l’enterrer sous les cendres de la déception et des promesses non tenues.

J’ai pourtant le sentiment que c’est ce qui a été en partie fait.

La sanction des électeurs le montre avec rudesse. La défaite aux élections municipales est sans précédent. C’est bien un cycle ouvert par les élections municipales de 1977 qui s’est refermé dimanche dernier. La gauche perd 155 villes. Le socialisme municipal a reçu des coups très importants, y compris dans des villes bastions comme Limoges, Quimper ou … Grenoble ! A n’en pas douter, l’effet domino de cette déroute électorale se fera de nouveau sentir. 

Au sortir des municipales, le Front National dirige dix municipalités, avec tout ce que cela représente d’échec pour les forces républicaines et pour les valeurs de notre pays. La situation politique du pays n’est pas bonne : elle est lourde de menaces. Alimenté par les affaires et la déception, le risque de délitement politique est plus important que jamais. Quelque chose se désagrège sous nos yeux, sans que beaucoup ne soient capables d’en prendre la mesure réelle.

Dans ce contexte de désolation le score des listes écologistes est plus qu’une consolation, il est un espoir et constitue le socle du renouveau des forces du changement. La différentiation positive des écologistes a été appréciée et comprise.  Beaucoup d’entre vous ont mené ce combat des municipales. Vous savez l’accueil qui nous a été fait, et vous savez aussi comment on a voulu nous caricaturer en opportunistes avides de postes ou en  beatniks irresponsables et capricieux.  Merci à vous d’avoir tenu bon sous la mitraille des préjugés et des quolibets.

 

Nous devons maintenant bâtir une nouvelle alliance citoyenne capable de poser les jalons d’une force écologiste majoritaire dans le pays.  Comment rendre possible cette perspective ?

D’abord en entendant la souffrance des citoyens qui se sont détournés des urnes, et la demande de changement de celles et ceux qui ont envoyé plus qu’un avertissement à la majorité.

Le changement de cap réclamé depuis des mois par EELV avait anticipé cette demande. Les électeurs l’ont confirmé. Le Président de la République a pourtant choisi de poursuivre dans la même voie. Il m’est avis que continuer à participer de cette coalition gouvernementale aurait été une manière de surdité.

 

On me dit, oui mais on nous a fait des propositions. Arrêtons-nous un instant sur ce point. François de Rugy les a énoncées : 

- réduction de la capacité nucléaire et donc nombre de réacteurs à fermer

- pas de nouveaux ÉPR

- pas de remise en cause gaz de schistes

- pas de remise en cause OGM 

- 100 députés à la proportionnelle

- Aéroport de Notre-Dame Des Landes (NDDL) 

- grand ministère de l'écologie à un EELV 

Il était dit-on très pro, un dossier de 8 pages, c'est dommage il en manquait 18 et cela aurait été un document  de novembre 2011 : "2012-2017 : socialistes et écologistes, ensemble pour combattre la crise et bâtir un autre modèle de vivre ensemble."

Sur la réduction de la capacité nucléaire et le nombre de réacteurs c'est précisé p. 16 : Un plan d’évolution du parc nucléaire existant prévoyant la réduction d’un tiers de la puissance nucléaire installée par la fermeture progressive de 24 réacteurs, en commençant par l’arrêt immédiat de Fessenheim et ensuite des installations les plus vulnérables.

Sur les nouveaux ÉPR c'est à la même page il est mentionné : "Dans ce cadre, le projet d’EPR de Penly, sera abandonné. Aucun nouveau projet de réacteur ne sera initié."

Sur les gaz de schistes : là c'est page 17 : L’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels (gaz et huiles de schiste) seront interdits, les permis en cours seront abrogés et les importations découragées.

Sur les OGM , pour le coup c'est le ministre de l'agriculture - désormais porte-parole du gouvernement - qui toujours été limpide sur le sujet.

Sur la proportionnelle enfin c'est p.24 : « Afin que toutes les sensibilités politiques de notre pays soient représentées au Parlement, nous réformerons le mode de scrutin aux élections législatives : 100 députés seront élus à la proportionnelle sur une liste nationale ».

 

Il y avait deux autres propositions : l'abandon de NDDL et le grand ministère

Pour NDDL, je veux redire ici, que si les travaux n'ont pas débutes en 2012-2013, c'est bien parce que présents partout à Nantes, sur le terrain, dans les immenses manifestations et aussi au plus près de ceux qui prennent les décisions, nous avons agi en commun. Le moratoire de fait sur NDDL, il date du 24 mars 2014 de la signature de l'accord entre Pascale Chiron et Johanna Roland [ têtes de listes PS et EELV à Nantes]. La formule sur l'absence de travaux tant que les recours ne seront pas terminés est chacun le sait un arrêt du projet pendant de très nombreuses années, l'ACIPA ne s'y est pas trompée, et ce n'est pas un hasard si la décision de cette formulation a dû recevoir l'approbation du premier ministre d'alors Jean-Marc Ayrault. J'en tire la leçon que cela renforce ma conviction d'une double nécessité : l'autonomie des écologistes et le rassemblement avec la gauche. Merci aux nantis d'en avoir fait la démonstration.

 

Et il restait enfin un point le fameux grand ministère.  Disons-nous la vérité : il y a une vraie marge de manoeuvre dans un ministère mais elle n’existe réellement que si l'arbitrage se fait en votre faveur. La loi ALUR a été un bon exemple pour moi, personne n'imagine la somme de bagarres quotidiennes sur les yourtes, le financement de l'hébergement d'urgence, le commissariat général à l'égalité des territoires a fait basculé les décisions du bon côté. Cela a été possible aussi grâce à nos parlementaires et j'espère que leur accueil dans un mois sera à la hauteur de l'indéfectibilité de leur soutien pendant les deux ans qui viennent de s'écouler.

La proposition semblait tenir la route, et je comprends les regrets sincères de ceux pour qui la présence des écologistes au gouvernement était un point d'appui et une aide.Qu'ils sachent dans le futur l'exprimer plus fortement que ceux qui, à longueur de journées, se faisaient les thuriféraires de nos soi-disant trahisons. 

Alors était-ce une bonne proposition ? Optiquement, oui. Mais politiquement, quelles garanties avions nous après deux ans de gouvernement commun qu’elle serait appliquée ? Aucune, puisque le Président de la République a clairement indiqué que son cap ne varierait pas d’un pouce.

Jean-Vincent Placé a qualifié la rencontre avec Manuel Valls « de l’un des rendez-vous les plus politiques et les plus dignes que j’ai fait de ma vie ». Je ne peux lui faire aucun reproche, je suis celle qui a qualifié le discours du Président de la République à la conférence environnementale de septembre 2012 d' « historique  et infiniment émouvant à entendre pour une écologiste. ». Mais j’ai payé pour savoir que pour certains, les mots ont vocation à rester des mots. Je fais le triste constat que c’est aussi cela qui a été sanctionné par les français dimanche : une politique ou le verbe compte plus que les actes.

A ceux qui disent que quittant mon poste de ministre j’ai davantage en tête mon destin personnel que notre avenir collectif, je réponds ceci. J’ai aimé être ministre. J’ai  passionnément aimé construire des compromis et inscrire dans le marbre de la loi les avancées que nous réclamions dans les manifs ! J’ai aimé batailler contre les coupes budgétaires et plaider inlassablement contre une vision purement comptable de la gestion de notre pays. Je veux te dire, Emma, que sans ton soutien, ton appui, ton amitié et ta capacité à me faire prendre de la distance quand les temps devenaient trop durs, je ne suis pas sûre que je serai allée jusqu'au bout. Si j’avais eu le sentiment qu’il était possible d’agir encore avec utilité au sein de ce gouvernement, ne doutez pas que j’aurai poursuivi dans cette voie.

 

La perspective d’avoir un - ou une - écologiste numéro 2 du gouvernement était alléchante pour nous tous. C’est le propre d’un appât que d’être alléchant. Mais je crois sincèrement que se jouait là quelque chose d’essentiel qui demandait à regarder au-delà du trompe l’œil proposé. Sans changement de cap, sans davantage de fermeté face aux lobbies, sans bras de fer avec Bruxelles, sans faire le choix d’une politique de relance écologique, la transition restera un mot creux, une opération de communication destinée à être vidée de son sens comme le fût jadis le Grenelle de l’environnement.

La politique est un combat collectif qui passe par la sagesse du compromis et la patience de la modération. Mais la politique provoque aussi ces moments de cristal où l'on est face à soi-même, seule, où il faut une réponse simple : oui ou non. Je n’ignore pas que c’est une réponse qui emporte avec elle beaucoup de conséquences. Je me tiens donc devant vous, avec toute la modestie causée par les interrogations qui traversent mon esprit, mais avec l'acier de mes convictions désormais trempé au bain de la pratique réelle du pouvoir.

Le pouvoir, les écologistes ont vocation à l’exercer pour faire prendre un autre cours à l’histoire de notre pays. Je continue donc plus que jamais de défendre le principe de la participation à un gouvernement et je souhaite un jour faire part de mon expérience aux quatre, cinq, dix  membres écologistes d'un futur gouvernement, dans un rapport de force différent et avec des partenaires plus désireux de conduire réellement une politique écologique, au-delà des postures de communication. (…)

Pas question pour moi, pour nous, de participer à une quelconque opposition de gauche.

Jean Luc Mélenchon et ses amis qui hier n’avaient pas de mots assez durs pour nous stigmatiser - et avait violemment attaqué la loi Alur par exemple -  semblent soudain touchés par la grâce et veulent nous embrasser comme du bon pain. Mais je veux dire ici une chose bien claire : je ne crois pas à la guerre des gauches. Et l’écologie politique ne servira jamais de variable d’ajustement ou d’idiot utile dans les règlements de compte entre les forces déclinantes  du productivisme.

(…)

-------------------------

Emmanuelle Cosse :

Cher-e-s ami-e-s du conseil Fédéral,

Je vous retrouve aujourd’hui après plusieurs semaines d’action politique.
Des semaines intenses de campagne électorale qui se sont conclues sur une discussion politique complexe sur notre participation gouvernementale.

Dimanche dernier, au soir des élections municipales, nous avons prouvé que l’écologie avait fait son retour dans les urnes. En effet, après avoir présenté un nombre record de listes autonomes écologistes, nous avons obtenu plus de 12% au premier tour des élections municipales, au même moment ou l’on constatait un reflux à gauche. Nous avons obtenu de très beaux scores dans de nombreuses villes et fait la démonstration que jouer l’autonomie aux élections locales était un gage de réussite.

Cet engagement pour l’écologie des solutions, l’alternative au quotidien, a porté de nombreuses maires écologistes réélus. Je pense évidemment à Stéphane Gatignon, Daniel Breuiller, Michel Bourgain, Jacques Boutault, Sylvie Couchot, et tant d’autres.

Cet engagement pour l’écologie s’est traduit également par une victoire inédite à Grenoble. Il ne peut pas être là aujourd’hui, mais je tiens à ce que nous félicitions tous chaleureusement Eric Piolle, nouveau maire de Grenoble. Grenoble, 160 000 habitants, dirigée par un écologiste ! C’est une première et une grande victoire !

(…)

Nous avons réussi notre pari aux élections municipales : nous voulions défendre notre projet et nos propositions, imposer la vision écologiste dans le débat. Nous voulions sortir du rapport de force défavorable dans lequel nous étions depuis la présidentielle. Ce pari est réussi, les résultats sont là.

Ce pari, nous avons réussi à le faire, malgré, il faut bien le dire, le sectarisme et l’hégémonisme de certains de nos partenaires. Dans quelques territoires, on les a vus, n’acceptant pas de voir leur royaume s’effondrer ou simplement être disputé. Pourtant, les chiffres et les additions sont clairs : sans nous, beaucoup de villes supplémentaires auraient été perdues par la gauche.

(…)

Mais notre lucidité doit nous conduire néanmoins à regarder aussi l’ensemble des résultats : la déroute socialiste est sans précédent, le Parti Communiste a perdu le quart de ses mairies. La vague à droite n’a épargné personne, pas même les écologistes.
Dans les six ans qui viennent, nous devrons continuer à être actifs, même dans l’opposition, pour ne pas voir remis à zéro les politiques ambitieuses auxquelles nous avions contribué: transports publics, alimentation bio dans les cantines, logements sociaux et abordables, nous savons toutes et tous que la droite locale n’aura de cesse de vouloir détruire ce que nous avions construit.

(…)
Cette déroute électorale, et la fracture démocratique qui s’est exprimée, auraient dû aboutir à un sursaut. Nous appelions de nos vœux depuis longtemps un changement de cap. L’intervention du Président de la République lundi dernier a montré qu’il n’avait pas eu lieu. C’est ce qui a conduit la direction du parti à prendre mardi une décision difficile : celle de ne pas participer au gouvernement Valls, malgré des propositions solides qui nous ont été faites.

 

Le Premier Ministre nous a fait une proposition simple : diriger un ministère de l’écologie, avec la tutelle sur l’énergie, afin de faire la loi sur la transition énergétique. Une loi qui acte la réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique (50% en 2025). Pas de construction d’EPR, la fermeture de réacteurs. Pas de changement de ligne sur les OGM, ni sur les gaz de schiste. Une réforme de la décentralisation pour aboutir à 10 régions, la mise en œuvre de la proportionnelle et enfin, à demi-mots, la fin de NDDL.

Je l’ai dit, une proposition solide et sérieuse. Dans un contexte incertain et de méfiance. Nous avons dit non. Cette décision, nous l’avons prise après de longues discussions, d’une grande qualité, sans invectives ni ultimatums. Nous l’avons prise avec responsabilité et gravité.
Car refuser une telle offre, quand on souhaite diriger et gouverner, n’est pas évident. Mais comment croire à de tels objectifs après deux ans de rude bataille au sein du gouvernement ? Comment croire à une évolution sur le nucléaire quand le nouveau ministre de l’économie et celui des affaires étrangères en font des points de leur politique ? Comment avancer sur ces sujets quand la confiance n’est pas au rendez-vous ? Surtout enfin, comment participer à un gouvernement qui a fait le choix prioritaire de la baisse des dépenses publiques au profit exclusif des entreprises, quand, pour faire de l’écologie, il faut investir, et donc renoncer à l’orthodoxie budgétaire ? C’est là le paradoxe que nous n’arrivons plus à dépasser. Si on veut créer des emplois, réindustrialiser la France et l’Europe et faire la transition énergétique, nous devons investir dans l’avenir.

(…)

Nous continuerons à rappeler aux socialistes leurs promesses et leurs responsabilités. Nous ne laisserons pas être enterrés les engagements que François Hollande a pris devant les Français en mai 2012. Dans ou en dehors du gouvernement, nous continuerons à nous battre pour offrir à la société un projet de transformation écologiste. (…)

Car ce n’est pas l’échec d’EELV aujourd’hui, si nous sommes absents de ce gouvernement. C’est celui d’une majorité et d’un président de la République qui n’a jamais cherché à construire durablement une alliance. Je vous le dis, nous reviendrons un jour au gouvernement, pas pour nous faire plaisir, mais parce que la France a besoin d’écologie.

(…)

Si nous avons souhaité prendre du recul en attendant des actes, c’est avec fermeté mais avec l’espoir de voir, mardi prochain, un Premier ministre annoncer enfin une politique écologique et sociale. Et ce n’est pas de la confiance avec Europe Ecologie les Verts dont il s’agit, cela n’a pas grande importance. Non, ce qui compte, c’est la confiance avec les Française et les Français. En cela le vote de confiance n’est pas qu’un exercice parlementaire. Il faut le prendre à la lettre. Nous voulons, avec les Françaises et les Français, avoir confiance dans notre gouvernement, savoir qu’il va défendre les valeurs pour lesquelles le Président de la République a été élu : solidarité, justice et écologie. Nous attendons du Premier ministre des engagements clairs sur la transition énergétique. Nous attendons aussi qu’il clarifie ces projets en matière de décentralisation et que les erreurs grossières faites avec la loi métropole ne se répètent pas. Sans parler des dossiers majeurs pour les écologistes, NDDL, Cigeo, Europa City, la ferme des 1000 vaches, le Lyon-Turin, symbole d’une vision passéiste du progrès économique et social.

Je le dis au Président de la République et au Premier ministre, après le Pacte de responsabilité qui nous a divisé, nous voulons reconstruire un pacte de majorité. Redéfinissions ensemble les contours d’un nouvel accord qui nous rassemblera au service des Françaises et des Français.

(…)

La fracture démocratique qui s’est exprimée dimanche dernier appellera sans doute à une recomposition de la gauche. Mais je le dis à nos partenaires, notamment ceux qui font des adresses à notre conseil fédéral, pas plus que nous sommes le supplément d’âme des socialistes, nous ne serons celui de l’autre gauche. Nous sommes un parti écologiste, inscrit à gauche, qui a construit sa propre autonomie et sa propre vision du monde. Le choix n’est pas entre la social-démocratie et la petite injonction anti-austéritaire. La vraie alternative, c’est celle de l’écologie politique. (…)

Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale

---------------------------

Motion portant sur la position des écologistes quant au vote de confiance du gouvernement

En 2012, les écologistes ont fait le choix de soutenir Francois Hollande au second tour de l’élection présidentielle et de participer à la mise en œuvre de l'accord de mandature signé par EELV et le Parti socialiste.

Depuis, les orientations, notamment sur le plan de la politique économique et sociale, définies par le président de la République et mises en œuvre par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, ont été avant tout déterminées par l'objectif de réduction du déficit public. Ce choix s'est fait aux dépens d'une politique volontariste en faveur de la nécessaire réduction des inégalités sociales et de l'engagement d'un nouveau modèle de développement non productiviste et respectueux de l’environnement.

Malgré les demandes répétées d'Europe Ecologie Les Verts en faveur d'un changement de cap et le signal envoyé par les Françaises et les Français à l'occasion des élections municipales de mars 2014, le Président de la République a confirmé, lors de son allocution annonçant la nomination de Manuel Valls comme nouveau Premier ministre, sa volonté de poursuivre une politique dictée par l’orthodoxie budgétaire et l'impératif comptable de réduction des budgets publics.

En conséquence, le Bureau exécutif d'Europe Ecologie Les Verts a pris la décision de ne pas participer au nouveau gouvernement.

Ainsi, considérant que le rôle du Conseil fédéral est de définir l'orientation politique générale d'Europe Ecologie les Verts et qu'il est demandé aux parlementaires écologistes de prendre en compte ces orientations dans le cadre de l'exercice de leur mandat,

 

 Le Conseil fédéral d'Europe Ecologie Les Verts réaffirme :

·         que la feuille de route du Président de la République confirmant la mise en œuvre de l'orthodoxie budgétaire portée par le TSCG et imposant une réduction brutale des dépenses publiques est incompatible avec la transition écologique ;

·         que la nécessité de la transition énergétique et environnementale passe par un programme d’investissement dans les filières d'avenir ;

·         la volonté des écologistes de voir mis en œuvre les engagements pris lors de la signature de l'accord de mandature avec le parti socialiste en 2011 ;

·         l'autonomie de l'écologie politique ;

·         que la confiance dans le gouvernement ne peut être accordée tant qu'une réorientation de la politique économique, sociale et environnementale n'aura pas été amorcée.

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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 09:56

Je vous propose de lire ces échanges en pensant à la stigmatisation qui s’est installée dans la société française envers les Roms, coupables de refus d’intégration à la société française – une idéologie reprise au plus haut niveau de l’État par l’ancien ministre de l’intérieur.            Pierre Stoeber            

 LE MONDE | 03.04.2014 | Propos recueillis par Nicolas Truong

Quels sont les ressorts psychiques, politiques et sociaux qui conduisent les hommes à devenir des tueurs de masse, qu’ils soient criminels de bureau ou tortionnaires de camp, grands ordonnateurs ou simples exécutants ? Comment comprendre le basculement dans la mécanique génocidaire, qui caractérise la barbarie nazie, la terreur hutu, le délire idéologique des Khmers rouges ? Le Monde a invité le cinéaste Rithy Panh, le journaliste écrivain Jean Hatzfeld et l'historien et politologue Jacques Sémelin, à croiser leur réflexion sur la dynamique génocidaire.

Peut-on dresser un profil type des tueurs de masse, lors de génocides aussi différents que ceux commis par les nazis, les Hutu ou les Khmers rouges ?

Rithy Panh On différencie trois types de bourreaux au Cambodge : ceux qui tuent de leurs propres mains, ceux qui délèguent et ceux qui instiguent. Les derniers sont souvent les plus pervers. À l’image de Douch, le directeur de la prison de Tuol Sleng et coresponsable du « santebal », la police politique, les instigateurs parlent plusieurs langues, maîtrisent parfaitement l’Histoire. Ce haut responsable khmer rouge a tout commandé, de la formation des bourreaux au processus d’effacement de toute trace d’humanité et d’histoire individuelle. Détruire le corps ne lui suffisait pas, il lui fallait détruire l’identité de ses victimes en leur faisant confesser des actes qu’ils n’avaient pas commis et auxquels, à force de torture, ils finissaient par croire.

Beaucoup ont également tué parce qu’ils croyaient aux mots simples et imagés utilisés dans les discours communistes. Ils comprenaient « détruire la bourgeoisie » dans un sens littéral et éliminaient effectivement les membres de la bourgeoisie. Je me suis rendu compte que créer un bourreau est bien plus facile que ce que l’on croit. Il suffit pour cela de donner le pouvoir et d’exercer la terreur simultanément sur un même individu. D’un côté vous lui donnez le pouvoir de vie et de mort, de l’autre vous l’écrasez et exigez de lui des résultats, et vous obtenez ainsi un redoutable assassin. Les têtes pensantes étaient, selon moi, les plus dangereuses, parce que les plus zélées.

Trente ans plus tard, on remarque que ce ne sont pas les moins éduqués qui ont le plus de mal à saisir les conséquences de leurs actes, mais les intellectuels. Ils n’arrivent pas à s’affranchir de quarante ans d’idéologie, ils se pensent toujours dans le cadre de l’exercice de la loi.

Jean Hatzfeld Un instituteur rwandais disait que la culture ne rend pas l’homme meilleur, mais qu’elle le rend plus efficace. Penser que les gens cultivés auraient pu être des garde-fous est parfaitement faux, ils se sont comportés exactement comme les autres. Toutefois, sur les collines du Rwanda, les choses se sont déroulées différemment. Les bourreaux tuaient en bande. Ils ont d’ailleurs été assez inégaux dans l’intensité des massacres ; certains, très enthousiastes au début, se sont rapidement lassés, et d’autres ont épousé le schéma inverse. Les tueries étaient parfois accompagnées de pillage. Était donc également en jeu un intérêt financier. C’était une sorte de rémunération, une récompense pour le travail accompli.

Ceux qui usaient beaucoup de la machette étaient prioritaires au moment des pillages. Mais il est difficile d’établir un profil type de tueurs. On dit souvent que les tueurs de masse sont des hommes ordinaires et ils l’étaient : c’étaient des agriculteurs, des commerçants qui n’avaient pas de passé extrémiste et n’avaient jamais été condamnés pour violence. Ce qui leur fait perdre ce statut d’hommes ordinaires, c’est leur attitude au cours des années qui ont suivi les massacres.

Quels sont les phénomènes qui président au déclenchement d’un génocide ? Quels sont les ressorts à l’œuvre dans cette fabrique du crime de masse ? Est-ce le contexte de guerre, l’endoctrinement, l’idéologie ?

Rithy Panh Avant tout massacre, il y a une idée. Douch était un instituteur, professeur de mathématiques, licencié de littérature, féru de Marx, de Mao et Staline. Il a passé sa vie en prison, il avait manifesté contre la corruption, l’injustice et le mépris de la bourgeoisie intellectuelle citadine pour les classes populaires.

Douch se spécialise dans la tuerie en 1971. Entre 1971 et 1975, les Khmers rouges développent une méthode de torture, forgent une nouvelle langue ainsi qu’une formation destinés au génocide. Comment travailler la frustration, donner le pouvoir à ceux qui sont plus malléables et effacer l’État pour le remplacer par le parti ? En effet, qui dit État dit société civile, contre-pouvoir et désaccord politique. Mais, à partir de 1975, alors que le Cambodge n’est pas en guerre, le pays bascule dans le massacre et l’on tue au nom d’une idée, au nom de l’Angkar, c’est-à-dire de « l’organisation », du « Kampuchéa démocratique ».

Et, comme dans tout projet idéologique, il faut manipuler le langage puisque les mots sont le support des gestes. Les Khmers rouges ne parlent plus du peuple cambodgien mais du « nouveau peuple cambodgien ». Le parti est devenu l’État, la question de l’impunité ne se pose même plus puisque tous ces massacres se font dans le cadre de la loi.

Jean Hatzfeld Il existe des analogies frappantes entre la Shoah et le génocide du Rwanda. D’abord, il y a l’avènement d’un dictateur qui déclare lors de sa première allocution publique que certains sont de trop dans la société. Ensuite des déclarations récurrentes s’insinuent dans les discours politiques mais aussi les pièces de théâtre, les blagues ou les jeux radiophoniques. Et, peu à peu, il y a un crescendo dans les violences physiques, dans le marquage, l’exclusion, la discrimination et l’exclusion de la population rejetée. Le sentiment d’immunité s’affirme. Et puis arrive la guerre. Sans le chaos qu’elle provoque, sans l’état de non-droit qu’elle installe, le crime de masse n’est pas possible.

Au Rwanda, on commence à tuer en 1959, en 1963, en 1973 et puis en 1982, avec chaque fois une immunité de plus en plus affirmée. C’est exactement ce qui s’est produit dans l’Allemagne des années 1930 : on commence par casser les vitrines des commerces juifs et puis, quand la guerre éclate, en 1939 en Allemagne et en 1992 au Rwanda, prendre la machette pour tuer son voisin devient possible. La guerre l’autorise. En temps de paix, des milices auraient pu se comporter comme ça, mais pas des agriculteurs. À la question : aurions-nous pu basculer dans le camp des bourreaux ? La réponse tient en une remarque : les grandes idées étaient contredites par l’expérience de la cohabitation avec les Tutsi et ceux chez qui cette contradiction permanente n’éveille pas la moindre remise en cause sont des bourreaux. Et les bourreaux ne sont pas exactement des hommes ordinaires.

Jacques Sémelin Le passage à l’acte est parfois rapide mais il est pourtant préparé par des années de stigmatisation. Comment ce processus de destruction monte-t-il en puissance ? Je trouve cette citation de Tacite très éclairante : « Quelques-uns l’ont voulu, d’autres l’ont fait, tous l’ont laissé faire. » Or, l’exécuteur n’existe que parce qu’il y a derrière lui toute une chaîne de commandement au sommet de laquelle évoluent ceux qui pensent et organisent le génocide.

Certains ont fait des calculs stratégiques et politiques pour valider leur participation à l’organisation des massacres. Il s’agissait de conquérir le pouvoir en éliminant une partie de la population. Mais, cette vision rationnelle des choses ne permet pas de tout expliquer, quelque chose la dépasse qui relève d’un processus psychopathologique : une perception délirante de l’ennemi. Le massacre est avant tout un processus mental qui déforme les représentations de l’autre, au point qu’il devient possible de violer, de torturer ou de tuer. Les nazis ont eu une perception délirante et fantasmatique des juifs.

Dans la mécanique génocidaire, on est à la frontière de l’imaginaire et du réel. Et, dans des pays en crise, ces idéologies affirment que, si l’on se débarrassait de cette population, les choses iraient mieux. Les génocidaires induisent une polarisation « eux/nous » qui parle aux populations touchées par la crise. Or, ce contexte précède l’acte de tuer. Et lorsque cette idéologie accède au pouvoir, les mots préforment l’acte de tuer et de massacrer, car la population stigmatisée commence à ne plus appartenir à l’univers social. Et, dès que la guerre éclate, les hommes vont être capables de tuer au nom de la liberté ou de la patrie, en toute impunité.

Jean Hatzfeld Les choses sont différentes au Rwanda parce qu’il y a deux ethnies, une histoire et beaucoup de fantasmes. Les Tutsi, peuple d’aristocrates, auraient opprimé les Hutu pendant leurs quatre cents ans de royauté. Ce qui est historiquement faux, mais qui prend néanmoins corps dans les fantasmes collectifs. Et parce que les Tutsi sont plus grands, moins noirs, ont les traits plus fins, sont plus arrogants, ils voudraient exploiter les Hutu, et profiter de la guerre qui se profile pour les asservir de nouveau.

Pourtant, depuis 1959, les Tutsi sont rentrés dans le rang et ont même disparu des sphères élevées de l’administration et de l’armée, conséquence des quotas mis en place. Perdure néanmoins ce fantasme sur l’ethnie. Les ethnies ne sont jamais un problème en période de croissance mais permettent la crispation en période de crise. Or, la guerre se profile, éclate et, avec le discours anti tutsi toujours latent, les massacres commencent. Sont alors passés sous silence ces crimes, personne n’en parle ou alors de façon très concrète, en nombre de tués… A l’instant où les tueries commencent, le discours idéologique perd son importance, il n’a plus besoin d’être constamment justifié, il va de soi. Et la seule chose qui importe, c’est d’en finir le plus vite possible.

Dans quelle mesure la conformité au groupe de tueurs, la grégarité mimétique des individus en bande, la soumission à l’autorité favorisent-elles l’entrée dans la mécanique génocidaire ?

Jacques Sémelin Le psychologue américain Stanley Milgram (1933-1984) s’est intéressé à ce phénomène, dans l’une de ses expériences de psychologie sociale destinées à étudier le fonctionnement dit « agentique ». Le chercheur prend un sujet ignorant tout de son expérience, qu’il place dans la peau d’un exécuteur à qui il enjoint d’envoyer des décharges électriques (fictives) à un autre sujet (qui est en réalité un comédien) si celui-ci ne répond pas correctement à la question posée par l’autorité scientifique. Plus cet « élève » se trompe, plus la décharge est importante, les cris effrayants. La question est de savoir à partir de quel moment l’individu va cesser de l’envoyer. Or, au moins 60 % des gens envoient des doses quasi-mortelles.

À partir d’un moment, celui supposé envoyer les décharges demande à l’expérimentateur s’il prend toute la responsabilité de ce qui peut se passer. Ce dernier acquiesce et, à partir de ce moment-là, le sujet se concentre uniquement sur les manettes. Il va entrer dans un fonctionnement agentique et ça se vérifie sur le terrain : pendant les massacres, la question de la finalité n’est plus posée.

Jean Hatzfeld Et ce phénomène est renforcé par le sentiment d’accomplir un travail en partant massacrer des gens. Au Rwanda, les journées des bourreaux ressemblaient à des journées aux champs, on partait le matin, on tuait et on revenait vers 15 heures. Et tous devaient prétendre participer aux massacres, au risque de recevoir une lourde punition. C’est en tout cas ce qu’ils pensaient : la première fois que vous désobéissiez, vous deviez vous acquitter d’une amende de 1 000 à 2 000 francs. Sachant qu’une bière valait à l’époque 300 francs, la punition était en fait très légère. Mais les bourreaux se sentaient néanmoins contraints de prendre part aux tueries. Et comme personne ne disait rien, le sentiment d’immunité allait crescendo : ni l’Église, ni les Burundais, ni les casques bleus ne s’interposaient. Or, le travail étant commencé, il fallait le finir, et plus vite on le terminerait, plus vite on serait débarrassé de cette situation et on n’aurait plus à parler de cette histoire.

Mais la dynamique de groupe et l’effet d’entraînement ne jouent-ils pas également un grand rôle dans les tueries ?

Jacques Sémelin Bien sûr, la volonté de faire comme les autres est le facteur principal du passage à l’acte, selon l’historien américain Christopher Browning. Pour moi, l’individu n’est pas monstrueux en tant que tel, il le devient quand il est impliqué dans la dynamique monstrueuse d’un crime de masse. Or l’opérateur de cette métamorphose, c’est le groupe. C’est l’influence du groupe primaire de tueurs qui entraîne la population et engendre cette puissance destructrice.

Jean Hatzfeld Un cultivateur rwandais a un jour dit : « Quand les tueries commencent, on se trouve moins gêné à manier la machette qu’à recevoir les moqueries et les gronderies des camarades. Dans ces situations, les railleries des collègues sont terribles à contrer. Si elles se répandent dans ton voisinage, elles sont du venin pour l’avenir. » Pour lui, les railleries sont plus difficiles à affronter que le sang sur la machette.

Rithy Panh Au Cambodge, on retrouve cette idée du groupe dans la logique du parti. Tu n’es plus fils de ton père, mais fils du parti. Tout lien social ou familial disparaissait à la seconde où tu intégrais une unité d’élimination. On effaçait l’histoire du bourreau au même titre que celle de la victime, on le désintégrait. J’ai toujours pensé que la mauvaise conscience, celle qui vous dit que tuer est mal, était présente chez tout le monde. Mais quand vous faites le vide autour d’un individu et que vous l’intégrez à un groupe d’individus également vidés, ça peut aller très loin.

Les massacreurs ont-ils des états d’âme ? Se rendent-ils compte qu’ils franchissent des frontières morales ?

Jacques Sémelin On peut penser qu’à partir du moment où l’on a violé des femmes et éventré des gens, on entre dans un autre univers. Mais comment repasse-t-on véritablement de l’autre côté du miroir ? Certains parviennent à reprendre une vie normale après le conflit ? Ces gens sont une énigme. N’ont-ils pas franchi encore plus le Rubicon quand ils ont massacré des enfants ? De tels actes sont très perturbants psychologiquement, individuellement et sur le plan collectif. Tout comme l’attaque de la filiation, du voisinage, surtout au Rwanda, où il y a eu une explosion du noyau familial.

Jean Hatzfeld C’est comme si l’on considérait que les enfants étaient hors de la société, ce qui est parfaitement absurde dans une logique génocidaire. Je dois dire que j’ai plutôt été frappé par l’observation contraire chez les bourreaux des collines du Rwanda. Dans une guerre « classique », on constate toujours que ceux qui ont été au front conservent des stigmates de leur passage. La guerre a changé leur comportement. En rentrant, certains deviennent alcooliques, d’autres misanthropes, extrémistes ou pacifistes. Mais presque tous deviennent quelqu’un d’autre en revenant. Ce qui n’est pas du tout le cas des tueurs à la machette que j’ai fréquentés au Rwanda. Ils ne sont marqués par rien, et si parfois ils font un effort pour se rendre humains et disent qu’ils regrettent, la seule chose qu’ils regrettent c’est d’avoir causé du tort à leur famille en allant en prison où en ayant perdu leur commerce. Ils n’ont aucun mot pour les victimes. Je suis étonné par ce blocage psychologique et leur incapacité à reconnaître l’atrocité de ce qu’ils ont fait. Ils se considèrent comme des victimes d’une machine idéologique.

Jacques Sémelin S’ils prenaient conscience de leurs actes, ils s’effondreraient psychiquement. Donc soit ils sont dans la négation, soit ils considèrent que leurs actions étaient nécessaires et dictées par la guerre.

Rithy Panh Les bourreaux ne peuvent se considérer que comme des victimes, sinon ils se pendraient. Mais ce n’est pas pour autant que leurs actes ne les ont pas marqués dans leur chair. Ils sont parfois atteints de fièvre et d’épuisement, parce qu’ils ont conservé la mémoire des gestes. Pendant les massacres, ils ne se contentaient pas de tuer le père, ils s’en prenaient également au fils et à la femme.

L’État est très friand de réconciliation, qui constitue un apogée politique. On passe très vite du jugement à la réconciliation et ça blesse les victimes quand cette transition n’est pas accompagnée de mots et de paroles écrites. Beaucoup de bourreaux se sont tournés vers la religion, pour obtenir la rédemption sans avoir à s’investir dans la société. C’est plus facile pour eux que pour les victimes. Comme on part de la pensée, il faut s’en sortir par la pensée. Mais les victimes supportent bien plus longtemps la souffrance des massacres.

Pourquoi ceux qui tuent en masse et se livrent au génocide d’une population s’adonnent-ils à des violences particulièrement cruelles, comme la torture ou le viol ? Tuer ne leur suffit pas ?

Jacques Sémelin L’un des plus beaux textes de Primo Levi parle de cette violence inutile. Puisqu’il s’agit de les tuer tous, pourquoi les faire souffrir, en effet ? C’est la question la plus dérangeante des sciences sociales. Question à laquelle on peut apporter une multiplicité de réponses. Il fallait rassembler les juifs en troupeaux pour qu’ils perdent toute individualité et que les bourreaux perçoivent des masses et non des êtres humains.

En dépit de l’idéologie et des ordres, ces gens qu’il faut tuer ont encore terriblement face humaine. Dès lors, est-ce que le crime de proximité ne revient pas à défigurer sa victime pour qu’elle n’ait plus rien d’humain ? Il se pourrait que le bourreau la déshumanise afin de ne pas avoir l’impression de s’attaquer à l’humanité.

Jean Hatzfeld Au Rwanda, les bourreaux étaient souvent bien plus cruels avec les victimes qu’ils connaissaient. C’est comme si le fait de connaître leur bourreau octroyait aux victimes le droit d’exiger d’eux une mort rapide. Or les bourreaux ne pouvaient pas l’accepter. Et comme on ne peut pas tuer quelqu’un qui vous parle, ils se montraient bien plus atroces avec ceux qui priaient. Cela décuplait leur rage parce que ces gestes religieux les ramenaient à la chrétienté, à quelque chose de connu. On tue plus facilement ce qui rampe. Dès qu’il y avait une demande, même implicite, un simple regard, ça exacerbait leur cruauté. Tout ce qui faisait déraper la mécanique les perturbait, ils craignaient l’humanité.

Comment éviter que de telles atrocités se reproduisent ?

Jacques Sémelin On a déjà dit : « Plus jamais ça », et ça a quand même recommencé… Mais quand on travaille sur ces questions, on se doit d’interroger cette problématique de la prévention. Parce que je suis pessimiste ou réaliste, je ne pense pas qu’on puisse un jour éradiquer des modes de pensée qui consistent à accuser l’autre d’être responsable d’une situation de crise. Il y aura toujours des boucs émissaires. Dès lors, il y a deux réponses : la première est à chercher du côté du mouvement social de lutte contre ces idées, de l’éducation et de l’action sociale, voire politique ; l’autre réponse est du côté de l’État. L’État démocratique doit fixer les limites, et les sociétés dont nous avons parlé sont des sociétés où l’État a légitimé ces discours de haine. On préfigure le crime de masse à travers des mots, la situation devient grave quand ces idées s’incarnent dans des institutions. Le verrou c’est l’État. C’est par lui que l’on peut juguler le développement de ces idéologies.

Jean Hatzfeld En effet, chaque fois qu’il y a un État, il y a des limites. C’est lorsque l’État est en voie d’éclatement que peut se produire un génocide. Un État bien constitué et serein sur cette question ne se pose même pas la question. Je pense qu’il n’y aurait pas eu de génocide tutsi ou juif s’il n’y avait pas eu la guerre. L’idée d’extermination est encore plus mystérieuse que celle de la conquête, de la domination ou de la guerre. Je vais conclure sur une citation d’une jeune agricultrice : « S’il y a eu un génocide, il peut y en avoir un autre, puisque la cause est toujours là et qu’on ne la connaît pas. »

 

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27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 12:48

pollution_Paris.jpgBrouillard de pollution le 11 mars à Paris. (Photo Patrick Kovarik. AFP)

 

Il est peut-être temps pour la société française de changer les marqueurs de culpabilisation de ses populations, et de réexaminer l’impact financier sur la sécurité sociale des fumeurs qui ne peuvent plus polluer qu’eux-mêmes, et des automobilistes dont certains pourraient diminuer les dégâts occasionnés.

Airparif, est chargé de surveiller la qualité de l’air en Ile-de-France, et d’alerter sur son évolution à partir d’une concentration moyenne de particules prévue au-delà de 50 microgrammes par m3 sur 24 heures. De 61 mg/m3 hier, la pollution monterait aujourd’hui à 75 mg/m3.

Les émissions de particules, poussières ultrafines, sont dues au chauffage (au bois ou au fioul), aux transports, à l’industrie et à l’agriculture. En milieu urbain dense comme en Île-de-France, le trafic routier est une cause majeure, et la pollution extérieure à l’agglomération est mineure.

En prévision du dépassement du seuil d’information, la mairie de Paris a décidé de rendre gratuit jeudi le stationnement résidentiel pour les Parisiens, afin de les encourager à ne pas prendre leur véhicule. Cette mesure permet aux Parisiens, détenteurs d’une carte annuelle qui leur donne droit à un tarif privilégié de stationnement, de ne pas payer pour stationner leur voiture. Selon la mairie, quelque 170 000 personnes détiennent cette carte. Par ailleurs, la mairie de Paris indique dans un communiqué que si le seuil d’alerte venait à être dépassé dans les jours prochains, des mesures complémentaires seraient prises telles qu’une certaine gratuité pour les Autolib' et Velib'.

Les particules peuvent provoquer de l’asthme, des allergies, des maladies respiratoires ou cardiovasculaires, et les plus fines d’entre elles (moins de 2,5 microns), qui pénètrent dans les ramifications les plus profondes des voies respiratoires et le sang, ont été classées «cancérogènes certains» par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Lyon_velib_dans_pollution.jpg

Car, et c’est là une nouvelle remarquable alors que la France et une partie de l'Europe occidentale ont été touchées par un épisode de pollution atmosphérique inédit et que les alertes se succèdent en Asie, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a rendu publique, mardi 25 mars, sa nouvelle estimation de la surmortalité attribuable à la mauvaise qualité de l'air :   la pollution de l'air est désormais le principal risque environnemental pour la santé dans le monde. En 2012, la pollution de l'air a été responsable d'un décès sur huit au niveau mondial, soit environ 7 millions de morts – plus que le tabagisme.

Par rapport aux dernières estimations de l'organisation onusienne, qui remontent à la fin des années 2000, ce nouveau chiffre constitue un quasi-doublement. Une différence attribuable à l'augmentation de l'incidence des maladies liées à la pollution atmosphérique, mais aussi à l'amélioration des techniques d'analyse et à la prise en compte de nouvelles données.

« Cette fois, nous avons utilisé notre base de données de pollution de l'air, mais nous avons également tenu compte de données d'observation satellite ainsi que de modèles décrivant la manière dont la pollution se transporte dans l'atmosphère », explique le docteur Maria Neira, directrice du département santé publique et environnement de l'OMS. Ces progrès méthodologiques ont, par exemple, permis d'évaluer l'exposition de populations rurales qui n'avaient pu être prises en compte lors des précédentes évaluations.

En outre, les experts de l’OMS ont bénéficié de nouvelles études qui réévaluent à la hausse les effets sanitaires de certains polluants – en particulier les particules les plus fines (dites PM 2,5).

La pollution de l’air intérieur serait responsable de 4,3millions de décès annuels, tandis que l’air extérieur tuerait 3,7 millions de personnes par an. L’OMS estime qu’environ un million de personnes sont prématurément mortes d’une exposition combinée: le total n’est donc pas de 8millions, mais bien de 7millions de décès.

Cet excès a été calculé par rapport à une situation dans laquelle le niveau de pollution serait maintenu légèrement en deçà des valeurs guides de l’OMS – 10microgrammes par mètre cube (μg/m3) pour les PM 2,5.

L’essentiel des dégâts dus à la pollution intérieure est observé dans les pays en développement, où les foyers ouverts utilisés à l’intérieur des habitations pour le chauffage ou la cuisson émettent une variété de polluants. Les décès qui leur sont attribuables se répartissent entre accidents vasculaires cérébraux (34%), maladies cardiaques ischémiques (26%), broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO, 22%), infections aiguës des voies respiratoires chez l’enfant (12%) et cancer du poumon (6%).

La surmortalité due à la pollution extérieure est provoquée, quant à elle, à 80% par des maladies cardiaques ischémiques et des accidents vasculaires cérébraux, à 11%par la BPCO, et à quelque 6% par le cancer du poumon.

La pollution de l’air ambiant touche les pays en développement, mais également les pays à revenus élevés. En Europe occidentale, elle est ainsi responsable de 280 000 morts par an – bien plus qu’en Amérique du Nord, où elle est responsable de 94 000 décès annuels.

En France, le même genre d’évaluation a été mené par des chercheurs de l’Institut de veille sanitaire (InVS), dans le cadre du projet Aphekom. Neuf villes françaises totalisant 11 millions d’habitants ont été étudiées pour la période 2004 à 2006: «Notre conclusion était que si les valeurs guides de l’OMS étaient respectées pour les seules PM 2,5, il serait possible d’éviter environ 2 900 décès par an», explique Mathilde Pascal, chercheuse à l’InVS, qui a participé à ces travaux.

Ces évaluations, fondées sur des techniques d’analyse statistique, sont souvent suspectées d’exagération. «C’est plutôt l’inverse, répond Mme Neira. Il est, au contraire, probable que ces estimations demeurent en deçà de la réalité.» Les chiffres de l’OMS se fondent sur des travaux épidémiologiques évaluant l’augmentation du risque de contracter certaines pathologies à la suite d’une exposition chronique aux polluants atmosphériques. Il faut ensuite évaluer la fraction qui leur est attribuable dans l’ensemble des décès dus à ces maladies. «La méthodologie développée par l’OMS est largement utilisée par d’autres organisations, dit Mme Pascal. Elle est tout à fait consensuelle.»

Cependant, cette méthodologie ne tient pas compte de certains effets suspectés. «Pour que nous tenions compte d’une pathologie, il faut que son lien avec la pollution atmosphérique soit établi par des mécanismes connus », explique Mme Neira. Ainsi, certains troubles sanitaires, bien que statistiquement corrélés à la mauvaise qualité de l’air, ne sont pas pris en compte car imparfaitement compris. Mme Neira cite notamment l’augmentation du risque de cataracte (une maladie du cristallin), de naissances prématurées ou encore de transmission de la tuberculose.

De même, des effets neurologiques de la pollution atmosphérique commencent à être documentés par des études scientifiques mais ne sont pas encore intégrés aux analyses de l’OMS.

Des travaux récents suggèrent ainsi une réduction des facultés cognitives (mémoire de travail, etc.) chez les personnes âgées ou d’âge moyen lors des épisodes de pollution aux PM 2,5. D’autres suggèrent une augmentation du risque de démence en cas d’exposition chronique au dioxyde d’azote – un gaz notamment émis par les moteurs diesel.

(d’après « La pollution de l’air tue plus que le tabac » de Stéphane Foucart pour Le Monde, jeudi 27 mars 2014)

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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 10:49

Avec un résultat de 13,32 % et 979 voix, notre liste LES LILAS AUTREMENT a su mobiliser de nombreux Lilasiennes et Lilasiens qui ont soutenu notre projet résolument écologique, social et démocratique. Qu’ils en soient remerciés.

UN GRAND GAGNANT : L’ABSTENTION

Malgré une campagne intense et participative, la participation électorale reste faible. L’abstention a encore progressé depuis la dernière élection municipale de 2008 ; 46,75 % des inscrits soit près d’un électeur sur deux n’a pas voté.

Il est grave que la liste arrivée en tête rassemble moins de 30 % des électeurs qui seront représentés par 80 % des conseillers municipaux élus. Certains s'en félicitent... il s'agit pour nous d'une grave crise démocratique.
Dans le 93 et nationalement la droite et l'extrême droite progressent.
Aux Lilas, nous constatons avec plaisir que la droite est affaiblie avec 26,67 % des votants.
Cela nous encourage à proposer d’autres solutions pour une ville plus solidaire, tournant le dos aux solutions libérales.
La mobilisation citoyenne est plus que jamais nécessaire et Les Lilas Autrement vont s'employer à la développer pour que vive une démocratie active.

CONTINUONS TOUS ENSEMBLE

Aux Lilas, nous aurons à cœur, au-delà de l’action de nos deux élus au Conseil municipal, d’agir collectivement pour notre ville. Nous persisterons à (re)mettre en mouvement tous les citoyens autour des choix que nous avons déclinés au long de cette campagne : transformation écologique de la ville, lutte contre le mal-logement, crèche et restauration scolaire, services publics de l’eau et des déchets, comités de quartier et participation démocratique.

Les Lilas Autrement entend poursuivre son rassemblement et vous invitera à nous rejoindre lors de prochaines initiatives. 


Résultats du premier tour de l’élection municipale aux Lilas

Inscrits: 13 800

Participation: 7 642 / 55%

Exprimés: 7349 / 53,3%

Christine Samson (LO ): 198 / 2,7%

Daniel Guiraud (PS –  PC ): 4 086 / 55,6%

Virginie Grand (UMP – UDI – MODEM): 1960 / 26,7%

Fabien Dussud (POI): 126 / 1,7%

Marie-Geneviève Lentaigne (EELV – PG – Ensemble Les Alternatifs): 979 / 13,3%

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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 15:41

Le début d’un article tout à fait passionnant de Razmig Keucheyan, sociologue, pour Le Monde Diplomatique de mars 2014.   

Ce texte s’inspire de son ouvrage La nature est un champ de bataille. Essai d’écologie politique, Zones, Paris, paru au début du mois. Il y développe en particulier les liens entre la crise budgétaire des Etats et la crise environnementale: c'est la crise fiscale qui justifie la financiarisation de la nature. Après les quotas "carbone" et leurs bourses, voici les "dérivés climatiques" et les "obligations catastrophes"… un peu les "subprimes" de l'environnement ... dont seuls 3 des 200 émis depuis 15 ans ont été « déclenchées » pour réparer les dégâts climatiques !  

Quand la finance se branche sur la nature

Sécheresses, ouragans, inondations : aux quatre coins du monde, les catastrophes climatiques charrient leur lot de drames humains et d’images spectaculaires. Et posent une question prosaïque : qui paiera les dégâts ? Quand ils ont trop à perdre, les assureurs se défaussent sur les Etats. Mais ces derniers, étranglés par la dette, peinent à assumer. Ils se tournent alors vers les marchés financiers, leurs calculs glacials et leurs produits spéculatifs.

En novembre 2013, le « supertyphon » Haiyan s’abattait sur l’archipel des Philippines : plus de six mille morts, un million et demi de logements détruits ou endommagés, 13 milliards de dollars de dégâts matériels. Trois mois plus tard, deux courtiers appartenant aux compagnies d’assurances privées Munich Re et Willis Re, accompagnés de représentants du Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNISDR), présentaient aux sénateurs philippins un nouveau produit financier destiné à pallier les déficiences supposées de l’Etat en matière de gestion des désastres climatiques : le Philippines Risk and Insurance Scheme for Municipalities (PRISM). Une sorte d’emprunt catastrophe à haut rendement que les municipalités proposeraient à des investisseurs privés. Ces derniers percevraient des taux d’intérêt plantureux subventionnés par l’Etat, mais, en cas de sinistre d’une force et d’une gravité prédéfinies, ils perdraient leur mise.

« Dérivés climatiques » (weather derivatives), « obligations catastrophe » (catastrophe bonds ou cat bonds) et autres produits d’assurance climatique connaissent un succès retentissant. En plus de pays asiatiques, le Mexique, la Turquie, le Chili ou encore l’Etat américain de l’Alabama, durement affecté par l’ouragan Katrina en 2005, y ont recouru sous une forme ou une autre. Pour les promoteurs de ces instruments, il s’agit de confier l’assurance des risques naturels et tout ce qui l’entoure − primes, évaluation des menaces, dédommagement des victimes − aux marchés financiers. Mais pourquoi la finance s’imbrique-t-elle à la nature précisément au moment où celle-ci manifeste des signes d’épuisement toujours plus distincts ?

Pendant plusieurs siècles, la Terre a procuré au système économique matières premières et ressources à bas prix. L’écosystème parvenait également à absorber les déchets de la production industrielle. Or ces deux fonctions ne s’opèrent plus aussi facilement. Non seulement le prix des matières premières et de la gestion des déchets augmente, mais la multiplication et l’aggravation des désastres naturels font monter le coût global de l’assurance. Laquelle exerce une pression à la baisse sur le taux de profit des acteurs industriels. Ainsi la crise écologique n’est-elle pas seulement le reflet, mais aussi le possible déclencheur d’une crise du capitalisme.

(suite dans l’édition papier ou sur http://www.monde-diplomatique.fr/2014/03/KEUCHEYAN/50199)

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19 mars 2014 3 19 /03 /mars /2014 09:27

 Depuis plus d’une semaine, notre région traverse une alerte majeure à la pollution aux particules fines (PM 2,5) qui sont particulièrement nocives pour la santé des enfants et des personnes âgées.  Le gouvernement s’est limité à des mesures utiles (gratuité des transports en commun, réduction  de la vitesse automobile) mais insuffisante. Il aurait en effet fallu réduire de moitié la circulation automobile en imposant la circulation alternée : véhicules à numéro pair un jour, impair l’autre jour.  En réalité, la plupart des partis politiques  semblent surtout avoir peur d’indisposer les automobilistes à l’approche des élections …

Or, la situation est réellement grave et l’épisode de pollution que nous traversons n’est malheureusement pas exceptionnel. Si l’on regarde le niveau de pollution en Ile de France au cours des 5 derniers mois, on observe un dépassement répété des seuils d’alertes aux particules, avec des valeurs exceptionnelles au cours des premiers jours de mars 2014 mais également en novembre-décembre 2013.

Pollution3.PNG

 Les spécialistes de santé publique considèrent que l’objectif de réduction des particules fines devrait conduire à des valeurs inférieures à 20 microgr/m3 selon l’Union Européenne, 15 selon le Grenelle de l’environnement, 10 selon l’Organisation Mondiale de la Santé. Or, ces valeurs ont été à peu près constamment dépassées au cours des 4 derniers mois. C’est dire les efforts qui restent à accomplir pour lutter contre ce fléau. 


Vu l'ampleur de la catastrophe sanitaire : des milliers de personnes sont en détresse respiratoires depuis des jours, il est temps d'agir ! Ce n'est pas parce que les morts ne se voient pas  qu'elles n'existent pas, puisqu'elles arrivent en différé, à commencer par celles des enfants d’aujourd’hui. Après presque dix jours de pollution, le gouvernement a pris enfin la mesure qui s'impose, avec la mise en place de la circulation alternée. Les désagréments causés par une atteinte à la liberté de circuler seul en voiture sont à mettre en balance avec l'urgence sanitaire ! Qui contesterait que l'on réduise la vitesse sur une autoroute lorsqu'il y a des blessés sur le bord de celle-ci ? Qui protesterait contre une évacuation à cause d'un incendie ou d'une tempête mettant des vies en danger ? Nous sommes actuellement dans un cas similaire, face à un cas de force majeure, de santé publique.

Bien sûr, on aurait pu espérer des décisions plus ambitieuses, la loi le permettant. Par exemple, il eut été simple de décréter que dans les périmètres pollués (et pas uniquement à Paris et ses communes limitrophes), ne pourraient plus circuler que des véhicules avec au moins trois personnes dedans (sauf véhicules d’urgence ou de personnes handicapées, bien entendu).

Ça a été fait à New York après le passage de Sandy, et ça a parfaitement fonctionné du jour au lendemain, sans aucun processus législatif compliqué ou choix d’équipements longs à installer !

annonce-pont-NYC.png

Pour passer le pont, trois occupants par voiture minimum (New York, octobre 2012)

La circulation alternée ne suffira pas. Il faut aussi des mesures de long terme. La gratuité des transports en commun, de Vélib et d'Autolib n'est pas une réponse satisfaisante. La seule lutte contre le diesel non plus. Il faut encourager la marche à pied et l'utilisation massive du vélo pour les distances de quelques kilomètres. Faciliter, voire favoriser, le covoiturage pour les plus longues.
Et surtout, réduire les distances que tout un chacun a besoin de parcourir pour répondre à ses envies (loisirs, sports, amis, famille) et nécessités (travail, courses, etc.). En jouant sur le logement et l'implantation des emplois, sur tout le territoire ! Car le véritable problème n'est pas le manque de solutions de transports, mais le fait que nous en ayons tant besoin.

À la différence des autres partis politiques, les écologistes ne craignent pas de dire la vérité aux électeurs en matière de pollution. Et nous savons que les automobilistes ont le plus souvent choisi ce mode de transport faute d’accès suffisant aux transports en commun. Il ne s’agit en aucun cas de punir les personnes qui sont obligées d’utiliser ce mode de transport mais au contraire de les pousser à réduire son utilisation en développant le covoiturage, l’auto-partage, le vélo et surtout une offre de transport en commun adaptée aux besoins et aux horaires.

Pensez aux enfants et aux personnes âgées : contre la pollution, le vote utile c’est le vote écologiste !


(d’après http://eelv94plateau.wordpress.com/2014/03/15/contre-la-pollution-de-lair-le-vote-utile-cest-le-vote-ecologiste/ et http://ludovicbu.typepad.com/ludovicbu/2014/03/circulation-alternee-il-etait-temps-mais-c-est-juste-une-cautere-sur-une-jambe-de-bois-insuffisant-pollution-diesel.html )

 

 

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12 mars 2014 3 12 /03 /mars /2014 09:30

 Par Stéphane Lauer, New York, correspondant pour Le Monde.fr, cette nouvelle étonnante qui confirme nos préoccupations pour l'environnement !

forage.jpg

C'est l'histoire de l'arroseur arrosé. Celle d'un château d'eau que Rex Tillerson ne veut pas voir aux portes de son ranch, situé à Bartonville, au Texas. Avec une poignée de ses concitoyens, le citoyen américain s'oppose au projet depuis des mois. L'édifice est destiné, en particulier, à alimenter en eau les puits d'extraction de gaz de schiste situés à proximité de cette petite ville prospère proche de Dallas, selon la méthode contestée de la fracturation hydraulique.

La polémique aurait dû rester locale sauf que le propriétaire mécontent, Rex Tillerson, n'est autre que le patron d'ExxonMobil, la plus grosse compagnie pétrolière privée du monde.

UN RANCH ÉVALUÉ À PLUS DE 5 MILLIONS DE DOLLARS

M. Tillerson agit en connaissance de cause dans la mesure où il a investi plus de 31 milliards de dollars (22,5 milliards d'euros) dans l'extraction de gaz de schiste depuis qu'il est à la tête de la compagnie américaine. On imagine le nombre de châteaux d'eau que cela représente. Ceux-ci peuvent pousser comme des champignons chez les autres, mais pas sous les yeux du patron d'Exxon.

Le patron d'Exxon craint, avec un certain nombre de ses concitoyens, que les nuisances du château d'eau fassent perdre de la valeur à son luxueux ranch, évalué à plus de 5 millions de dollars. Outre l'aspect esthétique, c'est surtout le va-et-vient des camions transportant l'eau vers les puits d'extraction, qui inquiètent M. Tillerson. On le comprend : depuis 2007, il s'en est déjà ouvert pas moins de neuf à moins de deux kilomètres de sa propriété. Le dernier en date appartient à XTO Energy, un spécialiste du gaz de schiste racheté par Exxon en 2009, ce qui a permis au groupe de devenir le leader américain dans le domaine.

PLAINTE EN NOM COLLECTIF

Trois autres voisins se sont associés au patron d'Exxon pour déposer une plainte en nom collectif en 2013 arguant que « chacun des propriétaires a choisi Bartonville parce que la ville a adopté des réglementations dont le but est de prévenir des constructions indésirables ne correspondant pas à la nature du voisinage », explique le document révélé le 20 février par le Wall Street Journal.

Fin 2013, M. Tillerson avait rappelé à des membres du conseil municipal que s'il avait investi dans son ranch, c'était après s'être assuré que rien ne pourrait perturber son environnement bucolique. Ce scénario digne d'une série télé tombe assez mal, au moment où Exxon s'est lancé dans une campagne pour convaincre que l'extraction du gaz de schiste ne pouvait avoir que des retombées positives pour les communautés locales.

« JE SOUTIENS REX »

Le groupe a pu jusqu'à présent être relativement convaincant au Texas où la densité de population est assez faible, mais se heurte à beaucoup plus de réticences en Pennsylvanie ou dans l'Etat de New York, dont les sous-sols sont également riches en gaz de schiste. Quant aux défenseurs de l'environnement, ils se sont, bien entendu, engouffrés dans la brèche ouverte par cette dispute de voisinage.

Josh Fox, le réalisateur de Gasland, un documentaire violemment anti-gaz de schiste a même pris la tête d'une touchante campagne de solidarité sur Twitter pour soutenir son nouvel ami d'Exxon sous le mot clé : #ImwithRex (Je soutiens Rex). 

M. Fox s'était lancé dans ce combat après qu'un groupe pétrolier lui a proposé de forer au fond de son jardin contre la somme de 100 000 dollars. Il en faudrait sans doute beaucoup plus pour convaincre M. Tillerson, dont la rémunération a atteint 40 millions de dollars en 2012, de finir par accepter le château d'eau.

 

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6 mars 2014 4 06 /03 /mars /2014 16:21

Sous l'impulsion des élus EELV, le Conseil régional vient de valider son « plan de développement de la méthanisation » qui exclue tout soutien aux projets intégrant le Tri Mécano-Biologique (TMB). De quoi réjouir les opposants au projet d'usine TMB-méthanisation de Romainville qui utilise cette technologie. Le plan régional donne à la production de biogaz une place importante dans le total des énergies renouvelables (19 %) et entend favoriser la mise en place du tri à la source avec la collecte sélective des déchets alimentaires et leur valorisation dans de petites unités de méthanisation.


Ça bouge aussi à la Région concernant les cantines des lycées : les élus Front de Gauche et EELV se sont alliés pour obtenir une tarification sociale de la demi-pension (allant de 1,5 € à 4 € le repas en fonction du quotient familial) tandis que des efforts importants seront faits pour développer l’alimentation bio et l’approvisionnement en circuits courts.  La mise en place de cette décision se fera dès la rentrée 2014 au lycée Paul Robert des Lilas.
Nous, écologistes, nous réjouissons de ces deux bonnes nouvelles.
M-G. Lentaigne, P.Stoeber, conseillers municipaux et communautaires
06 81 17 45 61 – http://leslilasecologie.over-blog.com

 

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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 09:47

 Quand le Front de Gauche s’allie à Europe Ecologie Les Verts…  Deux mesures importantes votées pour la première fois dans une région française vendredi dernier.

Le rapport d’Henriette Zoughebi, vice-présidente aux lycées et aux politiques éducatives, préparé en grande complicité avec le groupe écologiste, institue une tarification sociale de la demi-pension dans les lycées : la tarification en dix tranches ira de 1,5 € à 4 € le repas en fonction du quotient familial. Des efforts importants sont faits pour développer l’alimentation bio et l’approvisionnement en circuits courts. Ces décisions sont rendues possibles par l’engagement pour le service public, puisque la quasi-totalité de la restauration scolaire dans les lycées d’Île-de-France est assurée en régie. Elles entreront en application dès la rentrée 2014 pour les 114 lycées de Seine-Saint-Denis et du Val-d’Oise.

Un autre projet de délibération proposait que l’Île-de-France ne soit pas soumise au Partenariat Transatlantique de Commerce et d'Investissement (TTIP ou TAFTA). Vous vous souvenez, dans « Le grand marché transatlantique ne doit pas se faire ! » sur ce blog,  http://leslilasecologie.over-blog.com/article-le-grand-marche-transatlantique-ne-doit-pas-se-faire-120895807.html, je vous avais alerté. Leur but est la modification des « dispositions réglementaires » européennes, nos droits humains, sociaux, alimentaires, écologiques,..., qu'il s’agirait d’harmoniser en supprimant les règlements et lois que les firmes transnationales considèrent comme des «expropriations indirectes» dès lors qu’elles touchent à leur rentabilité. Une machine libérale contre des États rendus incapables de maintenir des services publics (éducation, santé, etc.), de garantir la protection sociale de tous, de protéger les activités associatives, sociales et culturelles du marché, de contrôler l'activité des multinationales dans le secteur extractif ou encore d'investir dans des secteurs d'intérêt général comme la transition énergétique »

Cette délibération présenté par les 5 élus du groupe Parti de Gauche et Alternatifs a été votée et sera donc appliquée, grâce aux 52 voix d’EELV et aux 18 voix du groupe PC, tandis que PS, UMP et UDI ne participaient pas au vote.

 

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 09:55

Le groupe Europe Écologie Les Verts des Lilas n’a pas tiré un bilan satisfaisant de sa participation à la seconde mandature de la gauche, unie derrière Daniel Guiraud.

Le manque d’ambition à inscrire Les Lilas dans la transition écologique a interrompu le diagnostic d’Agenda 21 et les mesures pour le développement durable.

Les déplacements doux n’ont pas été facilités comme la loi permet qu’ils le soient dans les zones 30.

En matière de logements, peu de PLAI (logements très sociaux) ont été construits depuis 2008.

Au sein de la Communauté d’agglomération Est Ensemble, le retour de l’eau en régie publique est repoussé à 2022.

Le projet de cuisine centrale pour les repas des enfants et seniors lilasiens n’a pas pu y être défendu.

Au-delà des réunions d’information par quartiers, la démocratie et les initiatives citoyennes ne sont pas suffisamment encouragées.

La ville a oublié la laïcité pour financer au-delà des obligations légales des lieux cultuels et écoles religieuses.

La prévention en matière de sécurité n’est pas développée et se résume à la vidéo-surveillance et à l’armement de la police municipale, contre lesquels nous nous sommes prononcés comme sur tous ces dossiers depuis 2008.

Nous soutenons les choix faits par le groupe Europe Écologie-les Verts des Lilas, tout en regrettant que certains de nos élus ne le respectent pas, car nous imaginons Les Lilas autrement.

 

M-G. LENTAIGNE, P. STOEBER, conseillers municipaux et communautaires
06 81 17 45 61 - http://leslilasecologie.over-blog.com

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