La censure par le populaire
Gestions populistes de l’art et de la culture
Barbara Métais-Chastanie
Un article passionnant sur Agôn [En ligne], mis à jour le : 18/11/2014, URL : http://agon.ens-lyon.fr/index.php?id=3127
Table des matières
Du Blanc-Mesnil à Montpellier : usages populistes du « populaire »
« C’est très bien » : la vie en rose qu’on nous propose
Ce que censure veut dire
Ce que la société ne t’a pas donné
« Il appartient aujourd'hui aux êtres dissonants de résister autant que faire se peut à cette fiction discriminante de béatitude, d'une part en traquant les dérives de ce langage afin que sa vacuité saute aux yeux du plus grand nombre, d'autre part en alimentant in situ sa dissonance. L'enjeu est à la fois de déstabiliser les tenants de ce langage dominant, et de se forger une ligne de conduite critique. » Eric Chauvier, Que du Bonheur.
Depuis quelques mois, un même mot d’ordre se fait entendre ici et là : celui selon lequel les lieux d’art et de culture devraient être des lieux « populaires » et « ouverts à tous ». Rien de nouveau sous le soleil si l’on veut bien se rappeler que c’était le même élan qui guidait déjà Jean Vilar et Antoine Vitez dans la défense d’un « théâtre élitaire pour tous » (Vitez) dès les années cinquante. Pourtant le « populaire » semble aujourd’hui n’être qu’un vulgaire cache-sexe pour des politiques culturelles populistes et réactionnaires qui n’hésitent pas à prendre les commandes de lieux artistiques quand leur programmation ne s’ajuste pas aux cahiers des charges municipaux. On le sait les élus sont sensibles aux polémiques et le consensus doit régner pour éviter les risques politiques : les propositions divertissantes ont le mérite d’arrondir les angles en répondant aux attentes de collectivités souvent plus soucieuses d’aménager le territoire que de le voir se soulever sous l’effet de tensions et de désaccords profonds.
Celui qui est toujours instrumentalisé, celui pour qui parlent ceux qui agitent la poupée du « populaire » moribond, c’est le public. Le « vrai » public entendons-nous bien. Celui qui comme la Vérité d’X-Files est toujours ailleurs. Pas celui qui applaudit des deux mains les dramaturgies d’avant-garde (toujours intello celui-là), pas celui qui va trop souvent au théâtre, au musée ou qui a l’audace de lire quand sa ministre de la Culture lui rappelle que ça prend trop de temps (toujours suspect celui-là), pas celui qui baigne dans la culture, dans l’art ou dans l’école (il ne sait pas ce que c’est que le réel, celui-là). Non, le Vrai public, le Brut, l’Ignorant, le Mal-à-l’aise, celui qui sue à l’idée d’une pièce de trois heures, celui qui tremble quand on lui annonce un classique. Celui qu’on dit « empêché » après l’avoir affublé pendant longtemps de l’étiquette de « non-public ». Et c’est au nom de ce Vrai Public, qui n’a pas plus d’existence que le « Bon Chasseur » des Inconnus1, au nom du « Peuple », que le « populaire » se voit réduit au rang d’objet de culture consensuel. Ce n’est pas pour mon public, mes habitants ne veulent plus de ça, entend-on souvent ad nauseam. Car le « populaire » sait pour le peuple, pour le public, pour les habitants ce qui est « bon » pour eux, ce qui est « fait » pour eux, ce qu’ils ont « envie de voir » et ce qu’ils sont « en mesure de comprendre ».
L’actualité, au Blanc-Mesnil et à Montpellier, comme les conditions politiques actuelles, ne font que confirmer la soumission des artistes et des lieux artistiques au bon-vouloir des élus locaux. Autant de signes qui font craindre pour l’indépendance de l’art et pour le devenir de sa fonction émancipatrice.
Du Blanc-Mesnil à Montpellier : usages populistes du « populaire »
Ce jeudi 13 novembre le conseil municipal de la ville de Blanc-Mesnil a, en effet, voté la sortie du conventionnement du Forum, mettant fin au partenariat qui liait la Ville, le Département, le Ministère de la Culture et la Région Ile-de-France. Cette décision, Thierry Meignen, le nouveau Maire UMP, cherchait à la porter depuis son élection en ménageant des zones de flou et en refusant de donner des indications claires sur ses intentions. Pendant plus de sept mois, les contradictions l’auront disputé à la rétention menant l’équipe du théâtre du Forum d’incertitude en incertitude. Pour que ton chien n’aboie pas, fais-le courir ici et là. Beau précepte suivi avec soin par la nouvelle municipalité qui critiquait, elle aussi, une programmation jugée trop exigeante (« Le conventionnement est présenté comme trop contraignant, et serait contraire aux intérêts de la ville en matière culturelle », précise Xavier Croci, Directeur du Forum).
C’est cette même rhétorique populiste et paternaliste qui frappe aujourd’hui à Montpellier. La Panacée – Centre de culture contemporaine dirigé par Franck Bauchard – est sous la menace d’une mise à l’index et fait les frais d’une ingérence municipale proprement policière. Tous les projets de programmation pour l’année à venir sont suspendus au bon vouloir du nouveau Maire qui souhaite, lui aussi, autre chose pour ses habitants : le nouvel élu à la culture reprochera à La Panacée « d’avoir raté son rendez-vous avec le public ». Dimanche, La Panacée a fermé ses portes avec l’exposition « Une lettre arrive toujours à destinations ». Et l’équipe ne sait pas quand elle les réouvrira et encore moins sur quoi : un opérateur local a annoncé sur sa page Facebook une exposition à La Panacée au mois d’avril ; d’autres évènements semblent s’annoncer pour le mois de mars… Situation proprement ubuesque puisque ignorée des principaux intéressés car là aussi le directeur du lieu s’est vu confisquer la main sur sa programmation. Mis sous la tutelle d’une fonctionnaire de la Ville, La Panacée se trouve depuis septembre dans une situation proche de celle de l’âge de glace : le programme pour l’année 2015, présenté et affiné entre les mois de mai et septembre, est gelé. Il a fait l’objet d’un ensemble de critiques sur son accessibilité, son lien avec le territoire, les partenaires et artistes locaux... sans être pour autant formellement invalidé. Sous l’ère Frêche, Montpellier avait déjà raté l’occasion d’accueillir des œuvres d’artistes d’envergure, poussant ainsi Yvon Lambert à poser les valises de sa fondation en Avignon. Quelque chose de l’art du XXIe siècle semblait trouver de justes conditions d’exposition à la Panacée qui est en train de sombrer.
Philippe Saurel, l’homme de l’anti-système, dissident du PS, sera-t-il aussi bassement populiste que ses homologues de droite et d’extrême droite ? Rien d’étonnant tant le discours anti-élitiste de dénonciation des avant-gardes semble être une tendance partagée à gauche comme à droite, surtout en des temps de crise où la culture est priée de payer son tribu au social pour justifier de son utilité.
Les critiques anti-élitistes et l’interférence des problématiques artistiques et des grilles politiques ne sont pas nouvelles. On se souvient que le Front national, associé à certains élus de la droite républicaine, avait fait du Centre Chorégraphique de Rillieux-La-Pape de Maguy Marin l’une de ses principales cibles lors de sa campagne pour les municipales. La danse contemporaine à Rillieux-La-Pape ? Vous n’y pensez pas. Le contribuable n’a pas à payer pour ça.
C’était en 2001.
Pour la police des esprits, la danse contemporaine faisait alors lit commun avec l’insécurité dans la liste des choses à combattre.
Avant, il y avait eu l’éviction de Gérard Paquet à la direction du Théâtre National de la Danse et de l'Image de Châteauvallon après l’arrivée au pouvoir de Jean-Marie Chevallier à Toulon en 1995, l’une des premières Mairie FN de France avec Marignane et Orange. Le fondateur du centre culturel, ouvertement anti-fasciste, ne pouvait pas faire bon ménage avec un Maire frontiste. Après avoir refusé toute subvention de la ville, invité le groupe de rap NTM à donner un concert, il se voit poursuivi en justice et menacé de licenciement. En 1997, il est prié de quitter le lieu qu’il avait fondé en 1964.
Dix ans plus tard, c’est désormais l’UMP qui s’occupe de sangler les museaux en brandissant le pavillon réactionnaire d’un « populaire » qui n’en a plus que le costume. Les coups de force se multiplient : en avril 2014, Abdel Seshaf directeur du théâtre municipal de Roanne est licencié pour d’obscures raisons d’irrégularité de contrat par Yves Nicolin, le nouveau Maire UMP. En avril également, le nouveau Maire UMP de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, licencie cinq membres de la direction de l’Opéra-Théâtre dont le chef d’orchestre Laurent Campellonne, pour raisons économiques cette fois.
Pasolini annonçait déjà dans ses Écrits corsaires la puissante progression de ce nouveau fascisme, celui du conformisme, du conservatisme, de l’anti-intellectualisme et de sa suite, la consommation culturelle. Il semble que depuis le virage à droite des années quatre-vingt, il trouve sa pleine mesure.
« C’est très bien » : la vie en rose qu’on nous propose
En juin 2014, le Centre Théo Argence de Saint-Priest voit sa programmation amputée de plus de la moitié de ses spectacles. Les motifs de l’annulation ? La nouvelle mairie UMP souhaite, en effet, voir à l’affiche du théâtre des formes « plus populaires ». Le « populaire », comme nous l’explique avec forces répétitions l’édito de saison qui n’est d’ailleurs pas signé par la directrice du lieu, Anne Courel, littéralement menottée par les décisions municipales, mais par Gilles Gascon, Mai(t)re de Saint-Priest, et par Catherine Laval, 1ère adjointe à la Culture (avec majuscule), c’est donc enfoncer les portes, de préférence ouvertes : « L’accès à la culture ne se fait pas par une seule porte d’entrée. Chacun doit pouvoir venir avec sa sensibilité, sa liberté, ses goûts ; voir ou entendre ce qu’il aime et peut-être, s’il le désire, découvrir autre chose, à son rythme, en toute liberté. »
Manifestement les portes ouvertes sur la ville et ses habitants, sur des ateliers en direction des San-Priots, sur les écritures contemporaines et les problématiques qu’elles empoignent du Théâtre Théo Argence pendant les quatre années de la direction d’Anne Courel, n’étaient aux yeux du Maire et de ses acolytes que des couteaux sans manche auxquels manquait la lame.
En lieu et place de l’invention singulière d’une langue, comme pouvaient la porter Mariette Navaro, Alexandra Badea ou encore Sylvain Levey, pour ne citer que quelques auteurs associés au projet de La Fabrique, en lieu et place de la recherche collective d’un sens réunissant artistes et habitants, en lieu et place de l’invention d’une poétique et d’une politique qui répondaient à d’autres lois que celles qui règlent le parcours quotidien en tenant tête aux formes de l’exclusion, aux formes du mépris, aux formes du pessimisme, la nouvelle Mairie a donc choisi le vaudeville, l’opérette et la chanson française. Que le public se rassure pourtant, c’est « un beau programme ». C’est le Maire, lui-même, qui nous le dit et « C’est très bien » comme nous en persuadera un spectacle porté par trois interprètes qui voient « la vie en rose et c’est très chouette ! ». « C’est très bien » est programmé en décembre. Preuve que de vrais choix dramaturgiques ont guidé ces perspectives de programmation : c’est bien connu, en hiver, les couleurs, c’est que du bonheur.
Ce que censure veut dire
Romeo Castellucci, Sur le concept du visage de Dieu, 2011.
Ces formes d’ingérence policière sont aussi scandaleuses que leurs récurrences sont inquiétantes. Qu’il s’agisse du FN, de l’UMP ou du PS, la mode semble être aujourd’hui à une resucée molle du terme « populaire », vague chewing-gum qui passe de bouche en bouche, pour faire oublier qu’il a perdu son goût. Le « populaire » alors, ce « populaire » au « sens noble du terme » comme nous rappelle le Maire de Saint-Priest, quel est-il sinon ce concept flou qui se résumerait à l’équation suivante : le plus petit dénominateur commun est la seule chose à laquelle doit pouvoir se ramener une œuvre pour échapper au constat d’élitisme. On serait tenté d’en rire (jaune) si cette réappropriation populiste du populaire ne s’exprimait pas désormais par une politique de censure, institutionnelle (comme dans les cas précédemment cités) et réactionnaire (comme dans le cas d’Exhibit B de Brett Bailey2, des pièces de Rodrigo Garcia3 ou de Romeo Castellucci4, du film de Céline Sciamma5, du court-métrage de Benjamin Parent6, menacés par des groupes d’extrême droite). Il est étonnant d’ailleurs de remarquer qu’on n’a jamais autant brandi le « populaire » et son « peuple » que depuis qu’on l’a vidé de sa substance en rangeant au placard la lutte des classes et les outils de l’analyse marxiste. Baudruche vide, gonflée ici et là par de méchantes bouches, le « populaire » ne renverrait donc plus qu’à lui-même, vague « pour tous », dont on ne sait pas vraiment ce qu’il désigne sinon la perte d’une lecture dialectique où les rapports sociaux étaient pensés de manière relationnelle et antagoniste, comme autant d’« espace où pourraient émerger des rapports sociaux absolument neufs » (F. Jameson).
« Populaire » désigne pourtant tout autre chose que la somme de ces compromis : il est le nom de ce grand rêve, caressé par Vilar, par Vitez et par ceux qui tiennent à son exigence, le nom qui veut que l’expérience esthétique soit le fruit d’un apprentissage et qu’elle demande le temps long de ce qui se dépose, ce qui dit que le public n’existe pas mais qu’il est construit, attendu, espéré ou corseté par des formes qui dessinent pour lui la carte de ses possibilités, que chacun-e – quel-le qu’il soit – est en mesure de décider de ce qui l’intéressera ou non – car La Princesse de Clèves circule en toute main –, que la culture ne saurait se réduire à une vague collection d’objets disposés sur des étagères municipales mais qu’elle est d’abord une série de relations individuelles et collectives construites avec ceux-ci, que l’émancipation intellectuelle se découvre au cœur d’expériences esthétiques qui vous arrachent aux évidences pessimistes partout ressassées, que non « ce n’est pas bien » car l’art ne saurait se réduire à un divertissement compensatoire visant à faire oublier la vie moribonde qui se débat derrière les murs, que non « ce n’est pas bien » car l’expérience esthétique est aussi une manière d’organiser le pessimisme et de distribuer dans le réel une force critique et l’élan du nouveau, que non « ce n’est pas bien » car il est temps de forcer l’exigence à quitter l’espace de la seule vie privée pour inventer ensemble d’autres conditions d’existence, que non « ce n’est pas bien » car l’ignorance et le jugement hâtif ne doivent pas être la mesure d’une politique artistique, que non « ce n’est pas bien » car le populaire dans votre bouche n’est que paresse à chercher du contentement pour atténuer le scandale de ce monde-ci, que non « ce n’est pas bien » car la culture doit être l’objet d’enjeux discutables, et que toute forme de mainmise est une censure qui ne dit pas son nom, que non « ce n’est pas bien » car un lieu de programmation et de résidence ne doit pas se transformer en prestataire de service d’une idéologie feutrée et revancharde, que non « ce n’est pas bien » car un lieu artistique doit viser autre chose que tenir « le spectateur dans la réplétion inerte de l’homme qui a payé pour qu’on le débarrasse sans douleur de ses quelques menus fantômes. » (R. Barthes)
Ce que la société ne t’a pas donné
P.P. Pasolini, Salo ou les 120 jours de Sodome, 1976.
Sans recourir aux fausses évidences de ceux qui s’abritent parfois derrière la défense d’une culture majusculée, sans mobiliser les œuvres dites difficiles pour stigmatiser ceux qui regardent The Voice ou aiment Nabila et Lady Gaga, en refusant la simplification outrancière d’un partage hiérarchique entre ce qui est in et ce qui est off, entre ce qui est de l’ordre de la culture et ce qui est de l’ordre du spectacle, il importe de rappeler ces mots que Pier Paolo Pasolini avait écrits sur les murs du hangar où il joua pour la première fois Orgie : « Le théâtre facile est objectivement bourgeois ; le théâtre difficile est pour les élites bourgeoises cultivées ; le théâtre très difficile est le seul théâtre démocratique.
Ouvrier, ta difficulté à comprendre ce théâtre consiste en un manque pur et simple de ces instruments que la société ne t’a pas donnés. »
Il importe alors d’interroger ce que visent ceux qui brandissent cette fracture, ce qu’ils cherchent à construire en s’appuyant sur cette répartition falsifiée qui voudrait distribuer d’un côté l’art élitiste, excluant car réservé aux élus et nobles éclairés, et de l’autre une culture divertissante, tout public, pour chacun plus que pour tous.
Que masque cette mobilisation d’une fracture purement idéologique sinon l’abandon du projet émancipatoire par l’art et la culture au profit d’une politique de réparation sociale si possible rapide, peu coûteuse et consensuelle ?
Car c’est bien à ces inégalités – économiques, sociales culturelles – qui distribuent les inégalités d’accès aux œuvres qu’il faut s’attaquer et non aux jugements de surface qui n’en sont que les symptômes.
C’est à ces fabriques de l’exclusion qu’il faut s’en prendre, en interrogeant cette logique de distribution poujadiste qui décide de ce qui fait écart et de ce que « peut/veut » voir le peuple.
C’est ce parcage dans le pré carré du paternalisme social qu’il faut interroger car si on n'apprend pas à faire l'expérience d'une étrangeté (dans la langue comme dans l'Histoire), si on ne place pas la poésie, l’art ou la philosophie là où ils ne sont pas attendus (parce qu'on suppose à la place de l'autre que ça ne l'intéressera pas, parce qu'on anticipe sur une répartition a priori des compétences, des désirs et des savoirs), ils resteront l'apanage de ceux qui possèdent la langue, de ceux qui possèdent le savoir, de ceux qui savent mettre l'une après l'autre idées et réflexions et peuvent lire Dan Brown en citant du Victor Hugo.
Le véritable modèle des nantis, c’est celui qui concède à l’exclu, au précariat et au prolétariat un folklore médiocre, pour justifier et confirmer ce qu’il se proposait de démontrer.
Ce qu’il faut interroger et mettre au jour, c’est l’usage populiste et réactionnaire de l’étendard du « populaire ». Sans cela, on continuera à obéir aux frontières des « bons à penser/regarder », quand ceux qui sont seulement « bon à manger/travailler/se divertir/etc. » seront priés de passer leur chemin.
Telle était d’ailleurs l’ambition de ces lieux transformés l’un après l’autre, par des méthodes de censure municipale, en de vagues supermarchés de compromis culturels.
Je repense à ce mot d’ordre que se donnait Barthes, en conclusion de son éditorial paru dans la revue Théâtre populaire en 1954 : « Les complaisances dont jouit actuellement le théâtre bourgeois sont telles que notre tâche ne peut être d’abord que destructrice. »
Détruire donc pour empêcher cette « complicité avec la manipulation artificielle des idées avec lesquelles le néocapitalisme est en train de former son nouveau pouvoir » (P.P. Pasolini)
Détruire donc parce qu’être « laïques, libéraux, ne signifie rien, quand il manque cette force morale qui réussisse à vaincre la tentation d’être partie prenante d’un monde qui apparemment fonctionne, avec ses lois attirantes et cruelles. Il n’y a pas besoin d’être fort pour affronter le fascisme dans ses formes délirantes et ridicules. Il faut être très fort pour affronter le fascisme comme normalité, comme codification, je dirais allègre, mondaine, socialement élue, du fond brutalement égoïste d’une société. » (P.P. Pasolini)
Notes
1 Voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=4kJ4ojtHJ4M
2 Voir l’article d’Alice Carré et celui de Caroline Chatelet sur le site de la revue Agôn.
3 Les représentations de Golgota Picnic ont même été annulées en Pologne au mois de juin 2014 sous la pression des extrémistes catholiques qui menaçaient de mettre le feu au centre culturel de Zamek. En France, en 2011, des catholiques intégristes et de militants de diverses mouvances d’extrême droite avaient manifesté pour empêcher que le spectacle ait lieu.
4 En 2011, lors de sa programmation au Théâtre de la Ville, la pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu avait fait l’objet de menaces et d’importantes manifestations des catholiques extremistes et de militants de l’extrême droite.
5 Programmé dans le cadre « d’Ecole et Cinéma » , le film Tomboy (2011) de Céline Sciamma est devenu la cible d’attaques des intégristes catholiques et autres pourfendeurs de la théorie du genre (tout aussi inexistante que le Vrai public, est-il besoin de le rappeler) qui ont même été jusqu’à tenter d’en empêcher la diffusion sur la chaîne Arte.
6 C’est au court-métrage « Ce n’est pas un film de cowboy » que s’en prennent d’autres militants d’un conservatisme politique et social en se mobilisant contre sa programmation dans le cadre d’un festival du film de l’éducation en pays de Loire en novembre 2014.