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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

10 mars 2015 2 10 /03 /mars /2015 13:33

Des manifestants s'enchaînent devant le ministère de la Santé, le 9 mars 2015, pour défendre la maternité des Lilas (©Eric Feferberg)

Le Parisien, 9 mars 2015 :

Une quinzaine de défenseurs de la maternité des Lilas se sont enchaînés lundi devant le ministère de la Santé à Paris pour l'appeler à se prononcer sur l'avenir de l'établissement, aujourd'hui menacé de fermeture, a constaté une journaliste de l'AFP.
Ils ont été évacués vers 14H45 par les forces de l'ordre, selon un photographe de l'AFP.
"Depuis des années, nous sommes trimballés de droite à gauche, on nous dit oui, puis non, donc le personnel continue à se battre, mais il en a ras-le-bol, il veut une réponse », a déclaré à l'AFP Clémentine Morel (SUD), membre du collectif citoyen de défense de la maternité des Lilas (Seine-Saint-Denis), créé en avril 2011.
Dans une lettre adressée à Marisol Touraine, ministre de la Santé, "notre conseil d'administration (CA) a fixé un ultimatum au 15 mars" pour se prononcer sur le sort de l'établissement, a indiqué la sage-femme, précisant que la ministre avait confirmé la semaine dernière "un financement jusqu'à fin juin".
En l'absence de réponse au 15 mars, le CA de la maternité disposerait de trois options, selon une source proche du dossier : placer l'établissement sous la tutelle de l'Agence régionale de santé (ARS), le mettre sous sauvegarde du tribunal de grande instance de Bobigny ou entamer une procédure de liquidation amiable.
Pilule, avortement, accouchement sans douleur : la maternité, qui pratique 1.500 accouchements par an, est emblématique de la lutte pour le droit des femmes depuis sa création il y a 51 ans. Mais ses locaux sont vétustes et elle devait être reconstruite dans le même quartier.
"Durant sa campagne, le candidat François Hollande est venu à la maternité" et "s'était engagé" en mars 2012 "à reconstruire la maternité des Lilas" dans la même commune, a rappelé Mme Morel.
Un projet de transfert à Montreuil (Seine-Saint-Denis), lancé en juin 2013, avait été abandonné en septembre dernier devant la forte opposition des équipes hospitalières, qui craignaient de devoir renoncer à la spécificité de leur approche.

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5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 14:22

Publié dans Médiapart le 28 février 2015, un plaidoyer de Denis Baupin, vice-président (EELV) de l’Assemblée nationale, pour la sauvegarde d’EDF, qui n’a plus les moyens de financer la production toujours plus coûteuse d’électricité nucléaire : « Si l’Etat veut éviter à EDF le marasme dans lequel s’enfonce Areva, il doit (lui) donner pour feuille de route le triptyque maîtrise de l’énergie, énergies renouvelables, décentralisation et réseaux intelligents ». Bonne lecture.

La catastrophe industrielle d’Areva signe la fin d’une époque : celle du nucléaire-roi à la française. C’est un signal d’alarme. Faute de réaction, elle pourrait entraîner EDF dans sa chute. Les solutions sont pourtant à portée de main. C’est à l’Etat, son actionnaire ultra-majoritaire, de prendre la main et de l’engager dans la transition énergétique.

Un business model nucléaire en chute libre

Depuis des décennies, les écologistes dénoncent le triple mythe du nucléaire français : une indépendance énergétique factice puisque dorénavant 100% de l’uranium consommé est importé ; une sécurité devenue très relative depuis que, suite à la catastrophe de Fukushima, l’Autorité de sûreté nucléaire confirme qu’un accident nucléaire majeur est possible en France ; et une électricité prétendument bon marché, mais de fait largement subventionnée par de nombreux artifices juridiques.

La quasi-faillite dans laquelle est plongée Areva est venue confirmer ce que son défunt président du directoire, Luc Oursel, déclarait il y a quelques mois devant la commission d’enquête parlementaire sur les coûts du nucléaire dont j’étais rapporteur : le business model du nucléaire s’est écroulé. Les populations demandant toujours plus de sécurité face au risque nucléaire insoutenable, le coût des installations ne cesse de croître, et sa compétitivité s’est évanouie face à des énergies renouvelables dont le coût ne cesse de décroître.

Cette commission d’enquête a mis en évidence la courbe dangereusement ascendante des coûts du nucléaire. Le rapport que la Cour des Comptes avait publié à notre demande montre une explosion des coûts d’exploitation des centrales françaises : + 21% en 3 ans, largement dûe au vieillissement des installations et aux difficultés de maintenance rencontrées par EDF. Ce rapport a aussi mis en évidence le mur d’investissement nécessaire à la remise à niveau du parc (le fameux « Grand Carénage ») : 110 milliards d’euros (et non 55 comme le prétendait le PDG d’alors de l’entreprise)… et cela alors même que la dette d’EDF est déjà critique et sans la moindre garantie que ces investissements permettent de prolonger les installations au-delà de 40 ans !

En effet, l’Autorité de sûreté (ASN) ne rate jamais une occasion de rappeler qu’il n’y a aucune garantie que les réacteurs puissent être prolongés. La cuve des réacteurs impossible à changer, et qui s’abîme sous le bombardement neutronique, pourrait bien constituer le maillon faible… à l’image de ce que subissent nos voisins belges qui découvrent que leurs réacteurs comportent des milliers de « micro » fissures, dont certaines de près de 20 centimètres ! Et, à supposer que l’Autorité de sûreté autorise la prolongation de certains réacteurs, cela ne pourrait être qu’au prix d’investissements coûteux : en effet, l’ASN estime que le niveau de sûreté de ces installations devrait être porté au niveau de l’EPR (pour un coût prévisible de l’ordre de 1 à 4 milliards par réacteur selon le cabinet WISE).

Un parc vieillissant, un coût du nucléaire neuf prohibitif

Dans de telles conditions, il convient, ne serait-ce que pour épargner les deniers publics, de se demander si ces sommes faramineuses ne seraient pas mieux investies dans des moyens de production électriques alternatifs.

Certains imaginent de remplacer le nucléaire vieux par du nucléaire neuf. Examinons cette hypothèse. Le seul réacteur alternatif existant est l’EPR. Sa construction se déroule dans de telles conditions catastrophiques (en France comme en Finlande) qu’EDF se refuse dorénavant à donner une date de mise en service et un budget définitif (il a déjà été multiplié par 3), et encore moins un prix du MWh produit. On peut cependant en avoir une évaluation au regard du contrat pharaonique qu’EDF vient de conclure avec l’Etat britannique (au prix d’un engagement extraordinairement risqué pour les consommateurs du pays) garantissant un prix d’achat du MWh pendant 35 ans qui est déjà le double du prix de l’électricité dans le pays… et près de 30% supérieur au prix du MWh produit par l’éolien !

Puisque l’EPR trop cher est quasi-mort-né, on nous parle aujourd’hui pour le remplacer, d’un EPR light (« optimisé » dans le jargon) dont personne ne connaît ni la faisabilité, ni le coût et encore moins l’acceptabilité par l’ASN. En tout état de cause, si ce chantier était lancé, il faudrait non seulement finaliser le dossier mais ensuite commencer par construire un prototype… on en a au moins pour 15 ans ! Quant à la mythique quatrième génération, qui tente de faire renaître l’éphémère Superphénix (qui s’était surtout caractérisé par ses pannes à répétition et sa dangerosité), si tant est qu’elle voit un jour le jour, elle ne serait opérationnelle que vers la fin du siècle, et pour un coût de production que personne ne se risque à prétendre compétitif.
La relève en matière nucléaire apparaît donc particulièrement fragile et extrêmement coûteuse. Pas étonnant dans ces conditions que le déclin de la filière soit si visible au niveau planétaire : alors que le nucléaire pesait pour plus de 18% de l’électricité mondiale, sa part ne cesse de décroître et avoisine aujourd’hui les 11%.

Pour comparer les filières de production, faisons la vérité des prix

Car si le lobby nucléaire a indéniablement réussi à brider les énergies renouvelables sur le territoire national, il n’en a rien été dans le reste du monde. Celles-ci connaissent dorénavant une croissance exponentielle à mesure que leurs coûts diminuent : en 2014, les deux tiers des installations électriques nouvelles dans le monde étaient renouvelables, et dès l’année prochaine les renouvelables électriques produiront dans le monde deux fois plus d’électricité que le nucléaire. En France même, les projets renouvelables les plus récents permettent de produire une électricité moins chère que celle qui sortira de l’EPR. Et ces coûts continuent de décroître, quand ceux du nucléaire ne cessent d’augmenter.

La comparaison apparaît encore moins flatteuse si on met l’ensemble des coûts sur la table : ceux payés par le consommateur, mais aussi ceux pris en charge depuis des décennies par le contribuable. Pour entretenir la flamme du nucléaire bon marché, le nucléaire a en effet bénéficié pendant des décennies de la complaisance des pouvoirs publics qui ont fait prendre en charge par la collectivité l’essentiel de ses coûts dans quatre domaines très coûteux : la recherche (50 milliards sur 50 ans), la gestion des déchets (notamment le projet Cigeo dont le coût pourrait être multiplié par 2), le démantèlement (dont le coût en France est largement sous-estimé au regard des autres pays nucléarisés) et l’assurance face au risque (quasi intégralement à la charge de la collectivité qui devra assurer évacuation et réparation, comme on l’a vu à Tchernobyl ou à Fukushima). Certes, des artifices juridiques permettent à EDF de prétendre assurer ces financements, mais la Cour des Comptes – et même les propres commissaires aux comptes d’EDF – ont attiré l’attention à plusieurs reprises sur le décalage très important entre coûts réels et coûts annoncés.

Au moment où la France doit faire des choix cruciaux quant à son avenir énergétique, c’est bien l’ensemble de ces coûts qui doivent être mis sur la table, filière par filière, pour que la collectivité soit en capacité de choisir la voie la plus pertinente pour son avenir.

La France ne peut rater la révolution énergétique mondiale

Dans ces conditions, on ne peut que s’interroger sur les motivations de ceux qui, contre vents et marées, continuent de vouloir brider l’indispensable diversification électrique française. Les enquêtes qui entourent la faillite d’Areva (et le fait qu’elle ait été masquée aussi longtemps aux décideurs) permettront de savoir quelle est la part d’aveuglement idéologique et quelle est la part des conflits d’intérêt qui ont présidé aux choix effectués par l’entreprise.

Mais, sans attendre, une question plus urgente se pose : peut-on laisser Areva entraîner dans sa chute le fleuron industriel national que constitue EDF ? Au moment où le monde entier passe à Internet (les énergies renouvelables), la France peut-elle se permettre d’en rester à son vieux Minitel (le nucléaire) et risquer de rater la mutation industrielle majeure de ce siècle, avec tout cela comporte d’enjeux en terme de compétitivité, de marchés à l’international, et donc d’emplois pour aujourd’hui et pour demain ?

Qui peut croire que c’est en restant cramponné aux vieilles certitudes qu’on s’adaptera au mieux aux mutations que les nouvelles technologies imposent à tous les secteurs industriels ? Au moment où Velib, Bla-Bla-Car ou Uber obligent les services usuels de transports à s’adapter, au moment où Mediapart et les réseaux sociaux obligent les médias traditionnels à s’adapter, au moment où Amazon et la vente en ligne obligent la Fnac, les libraires, et la grande distribution à s’adapter… qui peut croire que les grandes compagnies énergétiques basées sur les énergies de stocks (charbon, pétrole, gaz, uranium) vont pouvoir rester statiques face à l’émergence des énergies de flux et les réseaux intelligents ?

Si EDF continue de proposer des EPR plutôt qu’une offre de service énergétique combinant maîtrise de l’énergie, renouvelables, stockage, effacement, réseau intelligent, il restera aussi crédible que le commercial qui proposerait au consommateur d’aujourd’hui d’acheter un Minitel plutôt qu’une tablette et en le payant trois fois plus cher ! On aura beau construire des lignes Maginot, en prétendant que le nucléaire en marinière serait une excellence française, la réalité éclatante aux yeux du monde entier est que l’entreprise phare du nucléaire français connaît une faillite retentissante dont le discrédit rejaillit sur l’ensemble de la filière nationale (il n’est que voir les inquiétudes émises par les Britanniques sur le devenir du projet Hinkley Point, ou par les Turcs sur celui de l’Atmea).

La France a pourtant des atouts considérables : un formidable potentiel en énergies renouvelables (solaire, trois régimes de vent, des énergies marines, hydrauliques, biomasse, géothermie) en métropole et dans ses îles ; des innovateurs qui ont été et restent à la pointe en matière d’énergie (notamment le CEA en ce qui concerne le stockage ou les cellules photovoltaïque à haut rendement) ; et des entreprises dont l’Etat, en tant qu’actionnaire, peut influencer la politique industrielle.

A quelques mois de la COP21 sur le climat à Paris, il est temps que l’Etat joue son rôle de stratège dans ses entreprises à capitaux publics, à commencer par son principal énergéticien. Profondément endetté, EDF n’a pas les moyens de s’engager dans la transition énergétique si elle doit mener de front la remise à niveau de ses centrales, la construction d’un nouveau parc (en plus de ses projets dispendieux à l’étranger) et le sauvetage d’Areva.
D’autres industriels – EON, Siemens, GDF-Suez – ont fait clairement le choix de privilégier le monde de demain plutôt que celui d’hier.

Si l’Etat veut éviter à EDF le marasme dans lequel s’enfonce Areva, il doit faire des choix clairs et donner pour feuille de route à l’électricien le triptyque « maîtrise de l’énergie – énergies renouvelables – décentralisation et réseaux intelligents ». Il en va de la sauvegarde de l’entreprise, de l’indépendance de notre production électrique, mais aussi des centaines de milliers d’emplois en jeu, les secteurs industriels de la transition énergétique étant particulièrement intensifs en emplois.

Denis Baupin, vice-président (EELV) de l’Assemblée nationale.

 

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26 février 2015 4 26 /02 /février /2015 17:28

Voilà huit semaines que le Sahara algérien proteste contre l’exploitation et l’exploration des gaz de schiste à travers grèves, marches et sit-in. Initialement lancée par l’ONG environnementale In Salah Sun & Power, la protestation a été rejointe par la population locale. Les femmes sont très engagées dans le mouvement depuis le début, une première dans l’histoire de la ville d'In Salah. Vendredi 20 février, les citoyens d’In Salah ont tenu leurs actions de protestation habituelles.

 

En effet, le sit-in permanent observé sur la Place de la résistance devant le siège de la daïra, entamé le 1er janvier dernier, se poursuit toujours. Un groupe de citoyens campe également au PK 35 sur la route menant vers les forages schisteux de Gour Mahmoud, à une trentaine de kilomètres de la ville. Ce nouveau camp permanent est baptisé “Place de la résistance 2″.

« Halte à l’exploitation immédiate du gaz de schiste », pouvait-on lire dans les rues d’Alger le 24 février. Mais aussi dans d’autres grandes villes comme Oran, Tamanrasset, Boumerdès (une dizaine d’interpellations de militants), Batna et Bouira.

« La honte ! La honte ! Le gouvernement a cédé le Sahara pour quelques dollars ! » Cette mobilisation nationale contre les gaz de schiste coïncide avec le 44e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures en Algérie. L’initiative, organisée par plusieurs formations de l’opposition, a été lancée en signe de solidarité avec les populations des provinces sahariennes qui s’opposent à l’exploration et à l’exploitation des gaz de schiste.

Mais à Alger, où les manifestations sont interdites depuis 2001, des forces anti-émeutes ont été fortement déployées ce mardi 24 févier dès la première heure aux alentours de la Grande Poste, lieu où « des leaders de l’opposition » dont des députés, ont prévu la tenue d’un rassemblement pour dénoncer l’exploitation du gaz de schiste.

Les principaux leaders de la Coordination nationale pour les Libertés et la Transition Démocratique (CNLDT), Sofiane Djilali, Abderrezak Mokri, Ali Benflis et Mohsen Belabès, étaient présents à la manifestation. La répression a été immédiate, avec une vingtaine d’arrestations dans les rangs des manifestants, selon les organisateurs. Les policiers ont tout fait pour disperser la foule.

Alors que le président Abdelaziz Bouteflika a déclaré qu’il fallait « fructifier » et « tirer profit » de tous les hydrocarbures dont le gaz de schiste, la répression l’emportera-t-elle sur cette mobilisation écologique inédite en Algérie ? Selon Hocine Malti, ancien cadre de la Sonatrach, « les citoyens d’In Salah sont déterminés à se battre jusqu’au bout. » Certains commencent même à envisager une grande marche qui partirait des villes du Sud pour rejoindre Alger.

A l’appel du Collectif Contre le Gaz de Schiste en Algérie,

nous sommes allés soutenir les habitants et militants écologistes du village d’In Salah dans leur lutte contre la fracturation hydraulique.

Ce rassemblement de soutien pacifique Anti-Gaz de Schiste a eu lieu MARDI 24 FEVRIER 2015 entre 17H et 19H, devant le Consulat général d’Algérie à Paris, 11 rue d'Argentine. Nous y étions, avec plusieurs dizaines de personnes.

Pour préserver les écosystèmes particulièrement fragiles dans cette région et diminuer notre dépendance aux énergies, nous citoyens du monde, militants engagés, écologistes soutenons les manifestants et manifestantes du Sud algérien.

Nous exigeons l’instauration d’un moratoire et d’un débat national sur le sujet.

NON au sacrifice de l’agriculture au profit de la rente gazière

NON à la pollution de l’eau et des nappes phréatiques

NON à la mise en danger de centaines d’oasis et des populations

Les premiers signataires :

Nous étions plusieurs associations écologistes du 93 présentes, parmi celles qui ont signé l’appel à ce rassemblement : ACA, Collectif Action Citoyenne pour l'Algérie, ALCAÉÉ, Association de La Communauté Algérienne Établie à l'Étranger, Bondy Ecologie, CCGSA, Collectif Contre le Gaz de Schiste en Algérie, Coordination Eau Ile-de-France, Écologie pour Tous, Taferka.

Pour plus d’informations sur la question, cet interview d’un connaisseur des hydrocarbures en Algérie : http://multinationales.org/De-l-independance-au-gaz-de-schiste-une-Algerie-malade-de-ses-hydrocarbures

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26 février 2015 4 26 /02 /février /2015 16:34

Bonjour,

Une petite information sur l'Université populaire de Bagnolet, à laquelle vous pouvez adhérer… https://upbagnolet.wordpress.com/ et upbagnolet@gmail.com

Je vous transmets le programme de leur prochain cycle de conférences et débats…

 

Face au changement climatique : comprendre et agir

 

Mercredi 4 mars

19 à 21h, Médiathèque de Bagnolet, 1 rue Marceau, Bagnolet

Venance Journé, physicienne, chercheuse au CIRED, membre du RAC (Réseau Action Climat).

« Que dit la science du changement climatique ? »

Si le changement climatique est devenu une préoccupation majeure, c’est avant tout du fait du travail intensif des scientifiques qui étudient ce phénomène depuis plus de 20 ans. Le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), dont la synthèse est parue en novembre dernier, confirme qu’il faut réagir sans plus tarder, pour atteindre l’objectif d’un réchauffement global limité à 2°C.

 

Mercredi 18 mars

19 à 21h, Médiathèque de Bagnolet, 1 rue Marceau, Bagnolet

Raphaël Claustre, ingénieur, directeur du CLER - Réseau pour la transition énergétique.

[Il est passionnant, je le recommande ! Pierre Stoeber]

« Comment agir localement face au changement climatique ? »

Le changement climatique représente une menace planétaire globale, sur laquelle les simples citoyens ne semblent avoir aucune prise. Il est pourtant possible d’agir, au niveau local, en engageant différentes démarches dans lesquelles chacun peut s’impliquer.

 

Jeudi 26 mars

19h-21h, Le Samovar, 165 Avenue Pasteur, Bagnolet

Guillaume Collanges, photographe, collectif Argos, Bagnolet.

Reportage photographique et récit : « Cap-Vert, de Lumière et de vent. Un exemple africain de transition énergétique avancé. »

Lassé de dépendre totalement du pétrole, l’archipel du Cap-Vert va passer du tout fuel au tout renouvelable en 10 ans, pour devenir le premier pays en développement 100% énergie renouvelable, et le premier pays au monde à miser entièrement sur le vent et le soleil.

 

Jeudi 2 avril

19h-21h, Château de l'étang, av. Gambetta/av. Fr. Mitterrand, Bagnolet

Débat, avec Ronan Dantec, sénateur, Porte-parole climat de l’organisation mondiale des villes « Cités et Gouvernements Locaux Unis », et Sylvie Joussaume, climatologue au CNRS, « Climat, Environnement, Société ».

« Que peut-on attendre des négociations sur le climat ? »

La 21e Conférence internationale sur le changement climatique (COP 21) aura lieu à Paris en novembre-décembre 2015, sur le site du Bourget. Elle a pour objectif de parvenir à un accord ambitieux et contraignant permettant de maintenir l’objectif d’un réchauffement limité à 2°C. Cet objectif a-t-il une chance d’être atteint ? Quelles actions peuvent être menées pour préparer et accompagner ces négociations ?

 

Samedi 4 avril

15h-18h, Serres du Château de l'étang, av. Gambetta, Bagnolet.

Atelier pratique, en collaboration avec REC, animé par Alejandra Sanchez (Greensalto).

« Vers Bagnolet en transition? »

Depuis 2006, le mouvement des « villes en transition » met en place des initiatives locales collectives visant à faire face au double défi du dérèglement climatique et de la dépendance au pétrole. Et pourquoi pas à Bagnolet ? Pour conclure ce cycle de rencontres, nous nous retrouverons pour imaginer ensemble des réalisations concrètes pour engager Bagnolet dans la Transition.

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19 février 2015 4 19 /02 /février /2015 16:46

Pour plus d’infos, allez voir http://gofossilfree.org/fr/wrap-up/. Ci-dessous, Naomi Klein : « L’industrie pétrolière risque de brûler cinq fois plus de CO2 que ce que peut en absorber l’atmosphère »

Par la Rédaction de Bastamag, 18 février 2015, http://www.bastamag.net/Naomi-Klein-L-industrie-petroliere

« Quand vous affrontez les compagnies les plus riches de la planète, le combat n’est pas équitable », prévient Naomi Klein, écrivaine et militante altermondialiste canadienne dont le nouveau livre « Tout peut changer » sort en France en mars. Ces compagnies, vous les connaissez, ce sont celles qui exploitent le pétrole, le charbon et le gaz enfouis dans le sol : BP, Exxon, Shell, Total… Si elles extraient l’ensemble des réserves fossiles qu’elles détiennent, ce ne sera plus un réchauffement mais un embrasement climatique, à cause du carbone qui sera libéré dans l’atmosphère. Pourtant, Naomi Klein demeure optimiste et voit dans la période qui s’ouvre « une opportunité unique pour notre génération » pour changer le système. Entretien.

Son nouveau livre sortira en mars en France : « Tout peut changer, capitalisme et changement Climatique » (This Changes everything), aux éditions Actes Sud. Naomi Klein, journaliste, écrivaine et militante altermondialiste canadienne s’est fait connaître par ses ouvrages critiques du capitalisme, « No Logo » puis « La stratégie du choc ». Voici des extraits d’une conférence en ligne à laquelle elle a participé avec le mouvement écologiste 350.org, le 28 janvier 2015 [1]. 350.org vient de lancer une campagne appelant les institutions financières à retirer leurs investissements des secteurs pétroliers, gaziers, et du charbon. Objectif : faire en sorte que ces multinationales ne brûlent pas la majeure partie du carbone qu’elles détiennent dans leurs gisements, ce qui serait fatal à l’atmosphère de la planète.

Le prix du baril de pétrole a considérablement chuté, passant sous la barre des 60 dollars (contre 100 dollars avant l’été). Quelles seront les conséquences de cette chute. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

Naomi Klein : Ces moments sont souvent des catalyseurs de mauvais changements. Dans les domaines du changement climatique et de l’énergie, rien n’est déterminé à l’avance. On ne peut pas prévoir si un prix du pétrole très bas va porter préjudice ou au contraire favoriser le mouvement pour le climat. Si nous n’agissons pas, il est probable qu’un prix bas va plutôt contrecarrer, pour des raisons purement économiques, toute action climatique sensée. Quand le pétrole est bon marché, les gens réagissent en consommant davantage. On le voit déjà avec certaines tendances, comme le retour des véhicules 4x4. On est en train de perdre plusieurs avancées, permises par le surcoût financier des hydrocarbures, comme le retour aux transports en commun ou le covoiturage. Ces initiatives sont pourtant préférables pour l’environnement. La chute des prix est donc plutôt une mauvaise nouvelle.

Nous sommes cependant véritablement arrivés à un moment phare. Il suffit de constater à quel point le mouvement dont nous faisons partie est en pleine croissance. Nous sommes à l’aube des rencontres de Paris [la Conférence sur le climat (COP 21), fin décembre]. Le climat va devenir la préoccupation majeure en figurant à la une des médias. Par ailleurs, si l’on regarde du côté des énergies renouvelables, l’Allemagne a su aller de l’avant en très peu de temps : 20 à 25% de son électricité provient maintenant des énergies renouvelables.

En janvier, la couverture de The Economist [hebdomadaire britannique de référence sur les questions économiques et internationales] montre une silhouette bondissant d’une pyramide de barils de pétrole. Le titre nous dit « Saisissez la balle au bond ». L’éditorial qui suit précise qu’il s’agit là « d’une opportunité unique pour notre génération » pour changer notre système énergétique de manière radicale et pour en finir avec les mauvaises habitudes de consommation.

Il y a de bonnes raisons de penser que si l’on met en place les mesures politiques et économiques adéquates, ce pourrait être le bon moment pour mettre un terme aux énergies fossiles et pour faire pression en faveur d’une économie décentralisée et basée sur les énergies renouvelables. Cela fait plus de dix ans que le prix du baril de pétrole est entre 80 et 100 dollars, atteignant parfois même jusqu’à 120 dollars. Le prix est monté à 100 dollars le baril suite à l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003. C’est à ce moment-là que tout a vraiment commencé.

Quel bilan peut-on dresser du travail de sensibilisation sur le changement climatique entrepris depuis une décennie ?

Naomi Klein : Pourquoi en dépit tout le travail de sensibilisation qui a été fait ces dix dernières années – « Une vérité qui dérange » [Documentaire sorti en 2006, associant le vice-Président états-unien Al Gore], le GIEC qui a reçu le Prix Nobel, ainsi que tous ces autres moments de sensibilisation autour du changement climatique –, rien ne s’est concrétisé en actions ? Parce que nous nous sommes heurtés à la puissance titanesque des gros profits générés par un prix du pétrole aussi élevé. A 100 dollars le baril, les gens deviennent dingues, c’est irrésistible. Malgré les avertissements des scientifiques, nous nous sommes précipités dans la mauvaise direction. Nous nous sommes lancés dans l’énergie fossile à outrance : les forages dans l’Arctique, les sables bitumineux et la fracturation hydraulique. Tout ça à cause des prix élevés.

Nous sommes à présent en sursis. Tout cela n’est pas définitif. Ce qui baisse peut aussi remonter et va remonter. Nous disposons d’un peu de marge de manœuvre car beaucoup des projets que nous avons laborieusement tenté de stopper sont en train de péricliter tout seuls. Beaucoup d’investisseurs se retirent des sables bitumineux ou suspendent leurs investissements qu’ils jugent trop coûteux. Il y a clairement moins de soutien au forage dans l’Arctique. Il est plus facile dans un tel contexte de remporter des victoires politiques.

« Quand vous affrontez les compagnies les plus riches de la planète, le combat n’est pas équitable »

Quand vous affrontez les compagnies les plus riches de la planète, on ne peut pas dire que le combat soit équitable. En revanche, quand leurs propres investisseurs se mettent à douter, je pense qu’il y a moyen de remporter de grandes victoires pour mettre un terme aux nouvelles frontières des combustibles fossiles, l’arrêt de la fracturation hydraulique et des forages dans l’Arctique. Tout cela est très lié à la logique du mouvement de désinvestissement et à la nécessité de laisser le charbon sous terre. Mais on sait pertinemment que l’on ne va pas gagner cette bataille du désinvestissement d’un seul coup.

Je crois que nous sommes aujourd’hui dans une bien meilleure position pour faire de telles avancées. Nous avons là une fenêtre d’opportunité et ce n’est pas le moment de nous reposer sur nos lauriers. Ce que je veux dire par là est que quand The Economist parle d’opportunité unique pour notre génération, comprenez bien, cela veut dire qu’une telle opportunité ne se représentera pas de sitôt.

Dans un contexte de crise économique, une taxe carbone est-elle toujours une bonne idée ?

Je ne pense pas qu’une taxe carbone soit la panacée mais si elle était mise en place progressivement, elle pourrait faire partie d’un ensemble de mesures nécessaires pour permettre la transition énergétique. L’une des raisons pour lesquelles il a été difficile d’exiger un certain prix pour le carbone ou de mettre en place une taxe carbone est que lorsque les consommateurs sont en difficultés, dans un contexte crise économique, il est délicat pour les politiques d’augmenter le prix de l’énergie. Pourtant lorsque le pétrole est tout à coup meilleur marché et que le montant des factures énergétiques baisse, le moment est opportun pour instaurer une taxe carbone à augmentation progressive.

Nous sommes maintenant capables de gagner des combats pour stopper l’exploitation de nos ressources en combustibles fossiles, et ce, en pleine période de chute des prix. Nous pouvons revendiquer une taxe carbone à augmentation progressive. Nous avons de formidables exemples de ce à quoi pourrait ressembler une transition énergétique rapide. Il me semble, pour être honnête, que nous vivons un moment inespéré.

Comment ne pas laisser filer cette occasion ?

J’ai été longtemps hantée par les conséquences de 2008 quand la crise financière a frappé et que nous avons tous été témoins du transfert de l’argent public vers les banques. A ce moment précis nous aurions pu assister à un véritable bon en avant, surtout aux Etats-Unis parce que Obama venait d’être élu et qu’il entendait faire du changement climatique l’une de ses priorités. Les industries automobiles faisaient faillite, c’était le moment de rédiger un plan de relance. Nous aurions pu alors dire aux banques de financer la transition énergétique. Au lieu de cela, les gens se sont démobilisés. Ils étaient dans l’attente de voir ce qu’allait faire Obama. A ce moment-là, quand nous n’avons pas saisi notre chance, je me suis demandée « connaîtrons-nous de nouveau une telle opportunité avec un tel potentiel ? ». Aujourd’hui il me semble qu’une deuxième chance nous est donnée.

Nous avons de nouveau une ouverture. De grands changements politiques sont en train de se produire. Syriza vient de gagner en Grèce, c’est un sacré message. Podemos est en train de monter en Espagne. Les partis politiques ont besoin d’être conseillés sur le prochain modèle économique et sur la forme qu’il devra prendre. Je crois que le mouvement pour le climat devrait prendre part à ce débat.

Que souhaitez-vous au mouvement pour le climat en 2015 ?

Ce qui m’obsède, c’est la sensation que l’on n’arrive pas à éviter la rétention d’information. Les gens qui travaillent sur le changement climatique n’interagissent pas suffisamment avec ceux qui travaillent pour la sphère publique et qui luttent pour les biens communs ou contre l’austérité, alors qu’il peut s’agir des mêmes personnes. Ils changent de casquette selon qu’ils abordent le climat, les coupes budgétaires ou l’austérité. D’un coup la conversation change de ton même si d’un point de vue intellectuel il est évident que l’on parle d’une seule et même chose.

J’ai beaucoup d’espoir avec la prochaine COP qui se tiendra en Europe. Je pense que cela augure de formidables opportunités : en Europe le mouvement contre l’austérité est très puissant. Plusieurs partis politiques avec des programmes anti-austérité gagnent ou sont sur le point de gagner des élections. C’est l’occasion de rassembler nos mouvements afin de discuter tous ensemble. Ce que je souhaite c’est que le mouvement ouvrier, le mouvement contre les coupes budgétaires, le mouvement pour le climat travaillent réellement ensemble pour formuler une demande cohérente en faveur d’une transition équitable, en s’appuyant sur le choc des prix pétroliers comme d’un catalyseur.

« Nous nous battons pour que ceux qui s’en tirent le plus mal soient les premiers à bénéficier d’un nouveau modèle économique »

Pourquoi nous battons-nous ? Pour garder les ressources sous terre, pour empêcher de nouvelles frontières pour les combustibles fossiles, pour des sociétés entièrement approvisionnées en énergies renouvelables, pour des transports en commun gratuits, pour que les pollueurs paient et pour que la manière dont nous financerons la transition soit juste. Nous nous battons pour que ceux qui s’en sont le plus mal tirés sous l’ancien modèle économique soient les premiers à bénéficier du nouveau modèle. Voilà certains des principes sur lesquels nous sommes tous d’accords et pour lesquels nous sommes prêts à nous rassembler.

Mon souhait pour 2015 est que nous mettions en avant cette vision claire en rassemblant tous nos mouvements car ils se mobilisent incroyablement bien. Certains d’entre vous auront peut-être lu mon article qui tentait de faire le lien entre le mouvement #BlackLivesMatter [Mouvement apparu aux Etats-Unis après l’assassinat d’un Noir par un policier blanc à Ferguson] et celui pour la justice climatique. Tout ce pour quoi nous nous battons est basé sur le principe de justice raciale. La manière dont nos gouvernements gèrent la crise climatique ne tient pas compte de la dépréciation de la vie des Noirs par rapport à celle des Blancs. Nous devons dénoncer cette gestion raciste de la crise climatique, et pour cela, il va falloir se mobiliser.

La campagne de désinvestissement, appelant les investisseurs à se désengager financièrement des secteurs pétroliers, gaziers et du charbon pour qu’ils arrêtent de brûler du carbone, marque-t-elle un tournant ?

J’aimerais revenir un peu sur l’origine. Lorsque nous avons eu l’idée d’un mouvement national puis international de désinvestissement des combustibles fossiles, il existait déjà des initiatives au sein de quelques universités, encouragées à se désinvestir du charbon. En revanche il n’y avait pas encore eu d’appel général au désinvestissement des combustibles fossiles. Cet appel est né d’un coup de téléphone entre Bill McKibben [journaliste états-unien et militant écologiste, fondateur du mouvement 350.org] et moi-même après avoir lu le « Carbon Tracker research ». Cette étude montre que l’industrie des combustibles fossiles possède cinq fois plus de dioxyde de carbone en réserve que ne peut absorber l’atmosphère. En le laissant inexploité nous avons une chance de maintenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C.

Ce rapport ne nous était pas adressé, mais s’adressait aux investisseurs, comme pour les avertir de l’existence d’une bulle financière. C’était deux ans après le krach immobilier. Et on les avertit cette fois qu’une autre bulle se profile à l’horizon, qu’il faut faire en sorte d’éviter son éclatement. Evidemment que ces industries ne peuvent pas brûler cinq fois plus de carbone que ne peut en absorber l’atmosphère. Leurs actifs, leurs réserves en hydrocarbures, risqueront donc d’être perdus.

J’ai lu le rapport et j’ai pensé « Non ce n’est pas ça ». C’est nous, la bulle. Et eux prévoient bien de brûler le carbone qu’ils extraient. Ils estiment que, lorsque nos politiques affirment qu’ils maintiendront le réchauffement climatique en deçà de 2°C, ils mentent et ne le pensent pas. Les engagements de Copenhague n’étant pas contraignants, Exxon, Shell et tous les autres ont décidé qu’ils n’allaient pas se laisser inquiéter, qu’ils iraient de l’avant et brûleraient le carbone de toute manière. J’ai donc estimé qu’il ne s’agissait pas d’un avertissement destiné aux investisseurs, mais d’un avertissement qui nous était destiné à tous. La question devient donc la suivante, si nous sommes la bulle, comment inverser le cours des choses ? Comment faire en sorte que ce soit eux qui deviennent la bulle qui va éclater ? C’est de là qu’est née l’idée du désinvestissement. Cette étude a montré que c’est eux ou nous. Voilà l’enjeu.

« Les profits des industries de combustibles fossiles sont illégitimes »

Cela nous ramène à une controverse concernant le partenariat entre beaucoup d’ONG écologiques et les industries de combustibles fossiles. Partenariat basé sur l’idée fausse que nous sommes tous dans le même bateau. C’est faux et les gens le savent bien, surtout les jeunes gens. On en revient à cette étude. A chaque fois que vous l’expliquez à quelqu’un, vous contribuez à la solution en expliquant qu’il s’agit là de profits illégitimes.

Pour en revenir au prix du pétrole à la baisse, un autre élément non négligeable est celui des réserves de combustibles fossiles qui ne sont pas très performantes. Ces réserves n’ont pas un bon rendement. Nos opposants ont donc perdu leur meilleur argument, mais pas pour longtemps, d’où la nécessité de continuer à travailler avec acharnement. Les institutions qui y investissent non seulement détruisent la planète mais elles prennent des risques inutiles avec leurs dotations.

Encore une remarque au sujet du prix du charbon : lorsque l’on qualifie ce secteur de peu scrupuleux en argumentant que son plan de développement est en conflit avec la vie sur terre, nous créons un champ intellectuel et politique où il est plus facile de taxer les profits, d’augmenter les royalties et, même en cas de résistance trop forte, de nationaliser les sociétés en question. Il ne s’agit pas juste de se dissocier de ces sociétés, nous avons aussi un droit sur ces profits. Si ces profits sont si illégitimes que l’université d’Harvard [Plusieurs universités états-uniennes retirent les placements qu’elles détiennent dans le secteur des énergies fossiles, ndlr] ne devrait pas y être mêlée, les contribuables devraient aussi y avoir accès pour financer la transition énergétique et la facture d’une crise créée par ce même secteur. Il ne s’agit pas uniquement de nous dissocier de leurs profits mais potentiellement d’en récupérer une grande partie.

Traduction : Elise Gherrak / 350.org

Photo : Journée internationale du désinvestissement, Amsterdam, le 14 février 2015 (CC Nichon Glerum) - A Édimbourg (Écosse), le 13 février 2015 (CC Ric Lander) - A Kiev (Ukraine), le 13 février 2015 - A Belgrade (Serbie), le 13 février 2015 (CC Filip Andrejevic)

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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 15:02
Scandale autour du gaz de schiste californien

Le Monde.fr | 10.02.2015 | Par Corine Lesnes (San Francisco, correspondante) http://www.lemonde.fr/pollution/article/2015/02/10/scandale-autour-du-gaz-de-schiste-californien_4573377_1652666.html#l6IYKdHXl8YC8JuT.99

Le gouverneur de Californie Jerry Brown va-t-il se montrer à la hauteur de ses prétentions à diriger l’État le plus « vert » de l’Union américaine ? Un mois après avoir fixé des objectifs ambitieux lors de la cérémonie d’investiture pour son second mandat, il est sous le feu des critiques non seulement des écologistes pour son refus d’interdire la fracturation hydraulique – seule technique d’exploitation du gaz de schiste – mais aussi de l’agence fédérale de l’environnement (EPA) pour avoir autorisé les compagnies pétrolières à rejeter des eaux contaminées dans les nappes phréatiques de Californie.

Samedi 7 février, une manifestation de près de 10 000 personnes, baptisée « Marche pour un vrai leadership sur le climat », est venue réclamer dans le fief même du gouverneur, à Oakland, l’interdiction de la fracturation hydraulique dans l’État, le troisième producteur de gaz et de pétrole du pays. C’était la manifestation la plus importante jamais enregistrée aux États-Unis contre la fracturation.

Réforme « trop longuement différée »

Une semaine plus tôt, une enquête du San Francisco Chronicle accusait l’administration de Californie d’avoir laissé depuis des années les compagnies pétrolières rejeter les eaux usées de fracturation qui peuvent contenir de l’arsenic, du plomb ou encore du benzène dans des puits d’injection creusés dans des aquifères d’eau potable au risque de polluer la nappe phréatique. Or, les agriculteurs de la Vallée centrale, confrontée à une sécheresse record, puisent 90 % de leurs ressources en eau dans le sous-sol.

Selon l’agence Associated Press, qui a passé en revue les documents, les régulateurs de l’État ont autorisé – à 2 553 reprises – le rejet dans le sous-sol d’eaux usées résultant de la fracturation. Une partie des permis ont été émis avant l’arrivée au pouvoir de Jerry Brown, mais près de la moitié (46 %) pendant son premier mandat (2010-2014). Cela, alors que l’EPA l’avait mis en garde dès 2011 sur le fait que les ressources aquifères étaient insuffisamment protégées contre la pollution émanant des activités pétrolières.

La division de réglementation du pétrole, du gaz et des ressources géothermiques a plaidé la désorganisation et une mauvaise cartographie des zones protégées en vertu de la loi de 1974 (Safe Drinking Water Act). Lundi 9 février, son responsable, Steve Bohlen, a annoncé une réforme « trop longuement différée » du processus d’autorisations. Immédiatement, 140 puits de rejets, trop proches des aquifères, ont été fermés.

L’EPA a donné deux ans à l’État pour mettre fin aux pratiques interdites. Les écologistes réclament, eux, la fermeture immédiate des puits dans les zones les plus affectées par la sécheresse, qui se trouvent être aussi l’épicentre de la fracturation. « Alors que tant de Californiens sont dépourvus d’accès à une eau pure et saine, il est scandaleux de laisser la contamination par des eaux industrielles continuer », a protesté le Center for Biological Diversity, une association qui a intenté un procès à l’État en janvier 2013 pour une supervision inadéquate des forages.

300 puits ouverts chaque mois

Un cinquième de la production d’énergie fossile californienne vient de la fracturation hydraulique. Depuis dix ans, chaque mois, l’État enregistre l’ouverture de 300 nouveaux puits. « L’expansion du pétrole et du gaz menace les progrès susceptibles d’être accomplis sur le climat », déplore Kassie Siegal, la juriste du Center for Biological Diversity. Deux comtés californiens ont déjà interdit la fracturation en invoquant les risques pour la santé publique et l’environnement.

Dans son discours d’investiture début janvier, Jerry Brown a fixé comme objectif de porter à 50 % la proportion d’énergies renouvelables dans la consommation d’énergie en Californie avant 2030. Lui qui était intervenu au sommet de l’ONU en septembre 2014 pour vanter l’exemple californien, et qui compte se rendre au sommet de Paris fin 2015, soutient qu’aucune preuve n’a été apportée des dangers du « fracking » pour la Californie et que les réglementations édictées sont les plus strictes des États-Unis.

Contrairement à son homologue de New York, Jerry Brown est sur la ligne de Barack Obama : toutes les ressources naturelles doivent être exploitées, y compris les énergies fossiles. A chaque fois qu’il est interpellé, il renvoie les consommateurs-pollueurs à leurs responsabilités : « Tant que les Californiens effectueront 520 milliards de kilomètres chaque année dans leurs voitures et consommeront 53 milliards de litres d’essence, nous aurons besoin d’un dispositif qui inclut toutes les énergies, notait-il à la veille de la manifestation d’Oakland. Et je n’entends personne proposer de moratoire sur la conduite automobile. »

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 13:29

Comme chaque année, j'ai participé comme bédéphile de toujours, quand Yves Frémion faisait le fanzine « Le petit Mickey qui n'a pas peur des gros », et aussi écologiste, à la présélection des nominés du prix Tournesol. Mes préférés n'ont pas été retenus, mais voici quelques nouvelles du prix.         

Pierre Stoeber

Le 19éme prix Tournesol, récompensant la BD la plus écologiste de l’année, a été décerné vendredi 30 janvier en « off » du Festival BD d’Angoulême au manga coréen « Le parfum des hommes » de Kim Su-Bak, édité par l’éditeur indépendant suisse Atrabile.

Le jury, présidé par la Secrétaire nationale d’EELV, Emmanuelle Cosse, a choisi ce livre après un large débat, où « Lip », de Laurent Galandon et Damien Vidal (Dargaud) a longtemps fait figure de favori. Ce prix, organisé sous la houlette de EELV est décerné chaque année par un jury différent, composé d’écologistes, de journalistes et d’artistes de trois pays francophones.

« Le parfum des hommes » raconte une histoire authentique où l’on montre la multinationale Samsung dans ses pires agissements en Corée. L’héroïne Yumi est une ouvrière qui travaille dans les semi-conducteurs, mais ses conditions de travail, lamentables, la rendent vite leucémique, car exposée sans protection à des matériaux hautement toxiques. La firme nie évidemment toute responsabilité et tout le monde se défile, politiques, administratifs, médias : nul ne veut se mettre à dos une firme aussi puissante. Le père de Yumi, Hwang Sang-ki, va enquêter, prétexte pour Kim Su-bak de dresser un dossier implacable et universel sur la maltraitance ouvrière et le cynisme des grandes entreprises.

Le taux de maladies graves dans cette usine est très élevé, dans l’indifférence générale, mais l’auteur et son personnage dévoilent au passage les malversations financières, les spéculations et les magouilles de la firme, certes parfaitement nommée, mais représentative de toutes les grandes multinationales. Ce combat se termine par des éléments de victoire propres à développer l’espoir, mais les ripostes des grands vampires de l’industrie sont sans fin.

Inconnue en France, cette affaire exemplaire pourrait se raconter en changeant le nom de la firme ou d’activité, dans tous les pays du monde. En ce sens, Kim Su-bak a réalisé un album magistral, combinant une information sans faille et une narration soutenue. Son dessin, en noir et blanc, est très efficace et inclut parfois la photo, pour rendre plus palpable l’authenticité de l’affaire.

Kim s’était fait connaître en France par un précédent album, « Quitter la ville » (2009), déjà ancré dans la réalité des ouvriers du bâtiment.

Le 30 janvier 2015

Yves Frémion, secrétaire du Prix Tournesol
Emmanuelle Cosse, présidente du jury du prix Tournesol.

 

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 08:00

par Frédéric Lordon - Merci ! http://blog.mondediplo.net/2015-02-06-Syriza-cernee

On savait que l’expérience Syriza serait une leçon de choses en politique, la mise à nu, toutes technicités juridico-financières envolées, des ressorts fondamentaux de la puissance et de la souveraineté. De ses confiscations dans des institutions aussi. Nous y sommes – et encore plus vite que prévu.

Comme on le sait depuis longtemps, depuis le début en fait, à la question de la souveraineté, la réponse européenne est non. Saint Jean-Claude bouche d’or, qui ne loupe pas une occasion, a livré sa vision terminale de la politique : « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » [2]. Et le peuple grec est invité à crever la gueule ouverte, mais démocratiquement, c’est-à-dire d’après les traités.

Il doit être assez clair maintenant que la leçon de choses a à voir avec deux conceptions radicalement différentes de la démocratie : la démocratie comme asservissement aux traités, contre la démocratie comme souveraineté populaire. Sous la formulation alternative de « passer sous la table ou la renverser », il s’agissait bien de nommer ce point de bifurcation qui verra, selon sa résolution, l’une ou l’autre de ces conceptions l’emporter. On s’y dirige à grande vitesse et, portant au jour la vérité hors-traité des traités, la BCE vient de montrer à tous de quel bois démocratique l’Union se chauffe.

Le chantage de la BCE, ou la nudité du rapport de force

Ce que les opérations ordinaires de la politique monétaire ont usuellement pour propriété de voiler apparaît ici en pleine lumière : dans les procédures techniques du refinancement se trouve repliée toute une vision du monde et, comme toujours, c’est en situation de crise qu’elle se révèle pleinement. Couper la ligne du refinancement aux banques grecques n’admet ici aucune justification proprement monétaire. N’était-ce pas d’ailleurs par un geste souverain – car la souveraineté ne disparaît jamais complètement : elle migre – que la BCE avait décidé de détendre ses propres règles et d’admettre en collatéraux les titres de la dette grecque quoique tombés hors de la catégorie investment-grade ? C’est par un geste également souverain, mais inverse, qu’elle vient de revenir discrétionnairement sur cette facilité, manière évidente de faire savoir au gouvernement grec que, précisément, dans les dispositions qui sont les siennes, il n’est plus du tout question de lui faire la vie facile.

Dans une stratégie soigneusement graduée de la constriction, la BCE fait connaître sa force et ne met pas (encore) le système bancaire grec entièrement à genoux. Il reste à ce dernier une source de refinancement en la procédure exceptionnelle dite ELA (Emergency Liquidity Assistance). Mais d’une part cette procédure est plus coûteuse puisqu’elle fournit de la liquidité à un taux de 1,55 % contre… 0,05 % pour les procédures ordinaires. D’autre part l’ELA, en tant que programme « spécial », fait l’objet d’un strict contingentement en volume, de sorte que, la ligne étant susceptible à tout instant d’être brutalement coupée, le système bancaire grec, et le gouvernement derrière, sont installés dans la plus extrême précarité. Enfin, et peut-être surtout, les opérations ELA sont « déléguées » aux banques centrales nationales, en l’occurrence rejetées sur la Banque centrale de Grèce. La signification de ce mouvement de défausse est parfaitement claire, qui fait d’ailleurs écho aux orientations du QE (Quantitative Easing) récemment annoncé : il s’agit d’une stratégie de cantonnement. Désormais les titres de dette grecque ne finiront plus dans le bilan de la BCE elle-même, mais parqués dans celui de la Banque centrale grecque. L’avertissement est limpide : « n’imaginez pas une seconde que la menace à la sortie nous fera quelque effet, d’ailleurs nous sommes en train de créer les conditions pour que, à défaut de vous soumettre, vous preniez la porte avec vos propres encombrants ».

Nous savons donc maintenant jusqu’où va l’extrémisme libéral européen. Car Tspiras a beau en avoir considérablement rabattu, et renoncé aux annulations d’une dette pourtant insoutenable, la simple idée, à cadrage macroéconomique invariant, de réallouer la dépense publique d’une manière qui ne satisfasse pas pleinement à la conditionnalité de l’ajustement structurel est en soi une hérésie inadmissible. Certes le programme minimal d’urgence humanitaire (réaugmenter le salaire minimum et les plus basses pensions, réembaucher quelques milliers de fonctionnaires) ne pouvait se faire par simple réallocation au sein d’une enveloppe de dépense rigoureusement invariante. Certes encore, le surplus de prélèvement fiscal que Syriza a concédé devoir mettre en face est laissé à l’aléa de la capacité d’une administration fiscale extrêmement défaillante – s’il y a une seule « réforme structurelle » à conduire urgemment, c’est bien de ce côté qu’elle se trouve, tout le monde en convient, les Grecs au tout premier chef, il se pourrait même que Syriza, moins compromis que tous les autres partis dans le marécage clientéliste, soit le plus à même de la porter. Certes donc, le programme minimal appelle sans doute une extension du déficit ex ante.

Il n’est même pas certain que ce dernier se confirme en déficit ex post, bien au contraire. Avec un talent confirmé d’étrangleur, c’est l’UE et ses restrictions aveugles qui ont précipité la Grèce dans une dépression dont on ne trouve plus d’équivalent qu’en celle des Etats-Unis dans les années 1930. Si bien que ce que, par paresse intellectuelle, on nomme « la dette grecque » n’est en fait pas la dette des Grecs : l’explosion des déficits et l’effondrement de la croissance à partir de 2010 sont moins le produit de l’incurie grecque que d’un assassinat de politique économique administré par l’Union en guise de « sauvetage ». De sorte que lorsque les Etats-membres prêtent pour tenir la Grèce à flot, c’est en bonne partie pour écoper le naufrage qu’ils ont eux-mêmes causé. On pourrait dire par court-circuit qu’au travers de la Grèce, l’UE prête pour l’UE ! Splendide opération qui aurait toute sa place dans un théâtre de l’absurde – si l’on excepte les investisseurs dont certains, en dépit de la restructuration, auront bien profité au passage.

En tout cas la redistribution de pouvoir d’achat en direction de ceux dont on est bien certain qu’ils le dépenseront intégralement est la plus rationnelle des politiques économiques – mais d’une rationalité qui a depuis belle lurette déserté les esprits européens. C’est en vue du financement intermédiaire d’un déficit temporaire qui avait de bonnes chances de s’auto-couvrir que le gouvernement grec s’était tourné vers la BCE. Nous connaissons maintenant la réponse et nous savons quel degré d’aide les institutions européennes sont disposées à apporter au peuple grec, dont le tableau des misères devrait leur faire honte : nul.

Syriza abandonnée de tous

Ce sont des salauds. Et ils sont partout. Reuters a rendu publique la teneur d’un rapport allemand préparé en vue de la réunion des ministres des finances du 5 février [3] : c’est non sur toute la ligne. Non et rien, les deux mots de la démocratie-européenne-selon-les-traités. Croit-on que l’Allemagne soit seule en cause dans cette ligne de fer ? Nullement – ils sont partout. Ni l’Espagne, ni l’Irlande, ni – honte suprême – la France « socialiste » ne viendront en aide à Syriza. Et pour une raison très simple : aucun d’entre eux n’a le moindre intérêt à ce qu’une expérience alternative puisse seulement se tenir : dame ! c’est qu’elle pourrait réussir ! Et de quoi alors auraient l’air tous ces messieurs d’avoir imposé en pure perte à leurs populations un traitement destructeur ? De ce qu’ils sont. Des imbéciles, en plus d’être des salauds.

On n’aimerait pas être à la place de Tspiras et de ses ministres : seuls et abandonnés de tous. Mais l’Union européenne se rend-elle bien compte de ce qu’elle est en train de faire ? Il y avait de sérieuses raisons de penser qu’une combinaison minimale de dureté en coulisse et d’amabilité en façade permettrait un faux compromis qui aurait vu de facto Syriza plier sur toute la ligne ou presque – à quelques concessions-babioles dûment montées en épingle. Entre le désir de rester dans l’eurozone, les effets inertiels du recentrage de campagne, le découplage des institutions politiques qui protège un moment les gouvernants, il était probable que Tspiras aurait choisi un mauvais compromis qui gagne du temps et, laisse l’espoir (qui fait vivre) d’une possible amélioration future.

Mais il y a des degrés dans l’offense auquel, sauf à abdiquer toute dignité, un chef d’Etat peut difficilement consentir. Et tout se passe comme si l’UE était en train de pousser elle-même la Grèce vers la sortie. En s’en lavant les mains naturellement. Mais en ne laissant guère plus d’autre choix au gouvernement grec – passer sous la table ou la renverser, on n’en sort pas... C’est-à-dire, quand les conditions minimales d’estime de soi ne sont plus réunies pour passer dessous, renverser – comme on sait, la position défendue ici de longue date tient que cette Europe n’est pas amendable et que « renverser » est la seule solution offerte à un affranchissement d’avec la camisole libérale.

Si jamais on en venait à ce point critique, les événements connaitraient un de ces emballements qui font l’histoire. Car tout devrait aller très vite : séparation immédiate de la Banque centrale grecque du Système européen des banques centrales (SEBC), répudiation complète de la dette, instauration d’un contrôle des capitaux, nationalisation-réquisition des banques. Dans une interview à laquelle on n’a probablement pas assez prêté attention, Yanis Varoufakis lâche une phrase qui vaut son pesant de signification : « nous sommes prêts à mener une vie austère, ce qui est différent de l’austérité » [4]. Et en effet c’est très différent, radicalement différent même. Entre la vie austère et l’austérité, il y a l’abîme qui sépare une forme de vie pleinement assumée et la soumission à une tyrannie technique. Car il est certain que la sortie de l’euro n’aurait rien d’un dîner de gala. Mais c’est faire de la politique, et au plus haut sens du terme, que de prendre à témoin le peuple et de lui mettre en mains les termes de son choix : nous pourrions bien, en effet, être plus pauvres un moment mais, d’abord, sous une tout autre répartition de l’effort, et surtout en donnant à cette « vie austère » la signification hautement politique d’une restauration de la souveraineté, peut-être même d’un profond changement de modèle socioéconomique.

De nouveau la politique

En tout cas pour la première fois depuis très longtemps, il y a à la tête d’un pays européen des gens qui savent ce que c’est vraiment que la politique – une histoire de force, de désirs et de passions –, soit l’exact contraire des comptables-eunuques qui gouvernent partout ailleurs, à l’image du têtard à binocles dont la couverture de L’Obs, qu’on créditerait ici volontiers d’un second degré inhabituellement fielleux, révèle qu’il est l’une des têtes pensantes de François Hollande.

[Incidemment, pour savoir à quoi ressemblent de vrais hommes politiques, c’est-à-dire des gens qui ont touché l’essence de la politique, une essence violente et forte, il faut regarder la tête des anciens directeurs du Shin Beth, le service secret israélien, interviewés dans le formidable documentaire Gate keepers, et qui, quoi qu’on pense par ailleurs de leur action [5], ont eu à agir en l’un des lieux de la planète où l’essence tragique du politique se donne à voir sous sa forme la plus haute. Et puis après admirer une photo de Michel Sapin. Ou le sourire d’Emmanuel Macron.]

Il n’est pas inopportun de faire pareil rappel, car ce tragique-là plane aussi sur la Grèce, qui doit compter avec ses salauds de l’intérieur. Dans un article qui éclaire un aspect oublié de la situation grecque, Thierry Vincent [6] ne fait pas que remettre en mémoire le passé somme toute pas si lointain des colonels, mais la réalité très présente d’un appareil d’Etat gangrené pas seulement par la corruption ordinaire mais aussi par des forces sombres, substructure étatique constituée, comme toujours, autour des appareils de force, police, justice, armée, dont les connivences avec les néo-nazis d’Aube Dorée sont maintenant patentées, et où macèrent potentiellement les pires tendances factieuses. L’obsession économique finirait presque par faire oublier que le risque dominant auquel se trouve confrontée l’expérience Syriza est probablement politique, et tient moins à un rééchelonnement de dette mal fagoté qu’à ce que Thierry Vincent nomme les « coups tordus », et qu’il faudrait peut-être nommer « coup » sans autre qualificatif. Car voyons, dans les termes de notre alternative : passer sous la table, par quoi on entend ne rien obtenir de significatif, c’est épuiser l’idée même d’alternative progressiste en Grèce, et dégager la piste à la seule alternative restante – la pire. Mais renverser la table, c’est possiblement, par enchaînements successifs, entrer en confrontation directe avec le capital, et l’on sait de quelle manière les « démocraties » ont historiquement accoutumé de traiter ce genre de désaccord…

La preuve par Syriza ?

A la remorque de la psychorigidité allemande, l’Europe des ahuris, les Juncker, Moscovici, Sapin, etc., radicalement ignorants de ce qu’est vraiment la politique, jouent en toute inconscience avec le malheur des peuples, sans le moindre égard pour les forces obscures qui commencent à tournoyer au-dessus d’eux. Il faut dire qu’en matière d’ahuris, ils se sont trouvé de fameux intellectuels organiques, à l’image de Bernard Guetta, par exemple, qui entame sur le tard une improbable carrière de situationniste – mais à l’envers. Guy Debord tenait que, dans la société du spectacle, « le vrai est un moment du faux ». Chez Guetta, c’est le faux qui est un moment du vrai. Il suffit en effet de reprendre sa chronique « La preuve par Syriza » [7] et d’en inverser méthodiquement tous les termes pour avoir une représentation d’assez bonne qualité de l’état de l’UE et des gauches européennes – là où la lecture littérale livre une fantasmagorie sous produits à courir tout nu dans les prés. Car nous sommes le 27 janvier, et Guetta voit l’aube européenne se lever dans l’arrivée simultanée de Syriza et du Quantitative Easing

Or il faut avoir bonne vue, ou bien l’aide de quelques sérotoninergiques, pour voir « s’annoncer de nouvelles politiques économiques européennes » au motif que la BCE, au terme de luttes intestines longtemps indécises, cinq ans après toutes les grandes banques centrales du monde, et ayant dû attendre une situation de désinflation patentée pour être juridiquement fondée à agir, a enfin lancé son programme à elle de Quantitative Easing. Dont on sait déjà qu’il ne produira pas grand effet.

Et l’aide de substances plus brutales encore est requise pour nous appeler à réaliser que « non, l’unité européenne n’est pas en elle-même un projet libéral »« Ce n’est qu’un début », s’exclame le défoncé, « mais que la séquence est belle ». Quand les infirmiers auront achevé de l’embarquer, on ne retiendra que le titre de l’article manifestement écrit dans des conditions à faire peur à un cycliste, mais qui dit contre toute attente une chose très vraie : le caractère probatoire de l’expérience Syriza. En effet, il va bien y avoir une « preuve par Syriza ». Mais la preuve de quoi ?

Notes

[1] Voir Sanjay Basu et David Stuckler, « Quand l’austérité tue », Le Monde Diplomatique, octobre 2014.

[2] Jean-Claude Juncker, entretienLe Figaro, 29 janvier 2015.

[3] « ECB cancels soft treatment of Greek debt in warning to Athens », Reuters, 4 février 2015.

[4] « Nous sommes prêtes à mener une vie austère », Le Monde, 25 janvier 2015.

[5] En l’occurrence, tous ceux qui ont vu le documentaire savent que ces anciens responsables des services secrets livrent une mise en accusation accablante de la politique des gouvernements israéliens depuis des décennies.

[6] Thierry Vincent, « Un espoir modéré, la crainte des coups tordus », Le Monde Diplomatique, février 2015.

[7] Bernard Guetta, « La preuve par Syriza »Libération, 27 janvier 2015.

 

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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 15:21

Le tribunal administratif avait annulé l'autorisation d'exploiter le site. Le Syctom a décidé d'abandonner son projet, ce qui lui coûtera 3 M€ de dédommagement.

Marie-Pierre Bologna | 04 Févr. 2015, 07h00 http://www.leparisien.fr/espace-premium/seine-saint-denis-93/romainville-n-aura-pas-d-usine-de-methanisation-04-02-2015-4503645.php

Le projet de transformation du centre de traitement des déchets de Romainville en usine de méthanisation, un procédé écologique mais contesté, est finalement abandonné dix ans après son lancement. (DR.)

Exit le projet d'usine de méthanisation à Romainville ! En tout cas pour ce qui est du premier procédé choisi dit de tri mécano-biologique -- il s'agit de laisser fermenter les ordures ménagères, d'en extraire ensuite le méthane réutilisé comme source d'énergie et d'en séparer la partie organique pour en faire du compost.
Lors de leur comité du 23 janvier, les membres du syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères (Syctom) ont en effet décidé l'annulation pure et simple du projet. « On ne pouvait plus continuer à s'arc-bouter contre les oppositions des habitants et des élus d'Est Ensemble. Il va cependant falloir trouver des solutions de rechange », indique-t-on au cabinet d'Hervé Marseille, le sénateur-maire UDI, qui remplace depuis décembre le socialiste François Dagnaud à la direction de l'agence des déchets ménagers. Elus et riverains s'inquiétaient d'éventuelles odeurs nauséabondes qui auraient été dégagées par la fermentation et de risques d'explosion du méthane dans les digesteurs.
Le premier coup de semonce dans ce dossier, lancé en 2005 et confié à la société Urbaser, remonte à 2013. Les magistrats du tribunal administratif de Montreuil, saisis par deux associations, avaient alors annulé l'autorisation d'exploiter le site. Selon eux, « l'importance des conséquences du projet » avait été sous-estimée et « les vices entachant l'étude de dangers ont eu pour effet de nuire à l'information complète de la population et ont été de nature à exercer une influence sur la décision du préfet de Seine-Saint-Denis d'autoriser l'exploitation du centre ».
A l'époque, le Syctom pensait modifier son projet. Mais il aurait fallu recommencer tout depuis le début avec le risque de perdre quatre ans de plus. « Ce n'est plus possible, d'autant que le centre de tri actuel, qui date de 1996, est vétuste dans ses installations », poursuit-on au Syctom. Le centre de tri traite actuellement 360 000 t de déchets -- provenant de la Seine-Saint-Denis et de Paris.
Le coût de ce rétropédalage ? Plus de 3 M€ versés à Urbaser par le Syctom en guise de dédommagement pour non-profit réalisé. « Le protocole transactionnel a été homologué par le tribunal administratif de Paris. Urbaser n'entame aucun recours », précise-t-on au Syctom. « L'urgence aujourd'hui, ce sont les travaux de rénovation du centre de tri. »
Courant février, les agents de Romainville affectés au tri sélectif vont rejoindre Paprec au Blanc-Mesnil, le temps des travaux qui devraient courir jusqu'à octobre. Le coût de l'opération ? 25 M€. « Une vingtaine d'entre eux vont suivre des formations. Leur outil de travail va être du dernier cri », assure-t-on au Syctom. Rien ne bouge pour le traitement des ordures ménagères non recyclables qui repartent de Romainville vers des centres d'incinération.
Du côté d'Est Ensemble -- la communauté d'agglomération qui avait émis un avis défavorable en décembre 2012 --, on est ravi de l'abandon du projet. « Je suis satisfait de cette bonne tournure des choses. Nous réfléchissons désormais en étroite collaboration avec le Syctom à toutes les solutions possibles », sourit le président (PS), Gérard Cosme.

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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 11:51

Un droit fragile, attaqué par les obscurantistes

Anniversaire

Les organisations féministes appellent à célébrer, ce samedi 17 janvier, la promulgation de la loi Veil. Débats et manifestation sont prévus toute la journée à Paris.

(L’humanité, vendredi 16 janvier 2015)

 « N'oublions jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. »

Les mots de Simone de Beauvoir résonnent avec fracas, quarante ans après la promulgation de la loi sur la légalisation de l'avortement. Car des vents contraires soufflent dans le pays de Voltaire, qui s'acharnent à balayer ce droit sans quoi la liberté des femmes n'aurait aucun sens. Un droit fondamental, un droit fragile que les féministes défendront bec et ongles, comme leurs aînées l'avaient fait dans l'histoire récente, en organisant de multiples initiatives ce samedi 17 janvier, jour anniversaire de la loi Veil.

Des associations, comme Osez le féminisme, débattront à la mairie du 4e arrondissement, à Paris, en présence de la ministre Marisol Touraine. Quant au Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), il appelle à se rassembler, à 14 h 30, place de la Bastille. « Nous ne sommes pas parvenues à nous entendre, regrette Suzy Rojtman, du CNDF. Nous, nous voulions célébrer ce moment dans la rue. » Une célébration en ordre dispersé alors que les anti-avortement sèment les idées obscurantistes, dans une communion entre intégristes religieux, dirigeants d'extrême droite et de l'UMP. N'étaient-ils pas 10 000 personnes à défiler « pour la vie », le 17 mars 2013, à Paris ? Ils étaient encore plus nombreux, le 19 janvier 2014, à marcher derrière le même mot d'ordre. Deux jours plus tard, une majorité d'orateurs UMP tentaient de faire capoter l'amendement qui voulait supprimer la notion de « détresse », disposition désuète alors toujours dans la loi Veil. « Pour défendre, quoi qu'on en dise, la vie, il faut conserver ces garde-fous qui sont aussi moraux », avait affirmé Marion Maréchal-Le Pen, députée FN. Autant de voix qui tentent de culpabiliser les femmes et de les enfermer dans un corps réduit à son rôle reproducteur. « L'avortement ébranle les fondements du système qui consiste à contrôler les corps et les sexualités des femmes », précise Anne-Cécile Mailfert, porte-parole d'Osez le féminisme. Des voix portées au-delà du cercle des réactionnaires. Marie-Laure Brival, gynécologue-obstétricienne, analyse : « Dans une période d'instabilité, de crise économique et sociale, on constate une certaine perméabilité à des discours qui culpabilisent les femmes, et un retour à des valeurs religieuses, morales, perçues comme une solution à nos maux. » Gynécologue à la maternité des Lilas, Marie-Laure Brival défilera en tête du cortège parisien, samedi.

Car cette action se place aussi dans la défense des services publics où se pratique l'IVG. Selon le Haut Conseil à l'égalité femmes-hommes, « plus de 130 » de ces établissements ont fermé depuis dix ans. Ce processus, pointe l'institution, rend « le parcours de soins parfois difficile et peu accessible ». Une situation qui complique davantage le droit des femmes à disposer de leur corps. Le « programme national d'actions pour améliorer l'accès à l'IVG en France », qui doit être présenté vendredi par Marisol Touraine, sera-t-il à la hauteur de cette noble cause ?

Mina Kaci

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