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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

15 septembre 2018 6 15 /09 /septembre /2018 09:56

" Les arbres sont des créatures sociales et sociables ". L'écrivain américain Richard Powers fait des rois des végétaux les vrais héros de " L'Arbre-monde ", son nouveau roman. Ces arbres si importants dans l'imaginaire littéraire et, matière première du papier, dans l'économie de l'édition. Et pour cause : l'arbre porte en lui l'écriture dans le liber, pellicule végétale située entre le bois et l'écorce, et étymologie latine du mot " livre ". Propos recueillis par Florence Noiville pour Le Monde.

« L’Arbre-monde » de Richard Powers

Découvert en 1985 avec Trois fermiers s'en vont au bal (Cherche-Midi, 2004), Richard Powers est l'un des écrivains les  plus puissants de la scène littéraire américaine. Après des études de physique, il se lance en littérature, explorant les relations entre sciences (physique, génétique), technologies et art (la musique en particulier). Il reçoit en  2006 le National Book Award pour La  Chambre aux échos (Cherche-Midi, 2008). Dans son douzième roman, L'Arbre-monde, ses héros mesurent près de 100 mètres de hauteur et sont vieux de plusieurs siècles : ce sont les arbres autour desquels s'enroulent les destins de neuf personnes convergeant vers la Californie, où un séquoia géant est menacé de destruction. Un éco-roman dont l'auteur explique qu'il a profondément changé sa propre manière d'être au monde et ses liens avec les autres vivants, les " non-humains ".

Pour l'écriture de ce roman, vous vous êtes installé dans les Appalaches. E vous n'en êtes pas revenu. Vous vivez avec et parmi les arbres. Qu'est-ce qui vous frappe ?

J'ai été stupéfait de découvrir, pendant les six ans passés à faire des recherches pour ce roman, que 95  % à 98  % des forêts américaines avaient été abattues. Toutes les forêts de feuillus originelles ont disparu. J'avais lu qu'un des rares endroits où l'on peut encore trouver des vestiges de la forêt primaire est l’arrière-pays reculé des Great Smoky Mountains. Il y a trois ans – j'étais encore immergé dans l'écriture –, je suis allé les voir, dans le Tennessee. Je pensais savoir à quoi m'attendre. J'avais tort ! Au moment où j'ai pénétré dans la forêt primaire, j'ai compris à quoi ressemblaient les forêts de ce pays lorsque les Européens sont arrivés. A quoi elles ressemblaient il y a des milliers d'années, depuis la fin de l'ère glaciaire. Dans une forêt primaire, les sons, les odeurs, les sensations sont différentes. La biodiversité est d'une richesse qui saute aux yeux, même pour un néophyte en langage des arbres.

" L'Arbre-monde ", votre roman, suggère que ces derniers ont beaucoup à nous dire…

Tous, de l'aralie épineuse – la " canne du diable ", bizarrement tordue, aux énormes feuilles composées – à l'imposant tulipier – qui peut atteindre sept ou huit mètres de circonférence – ont beaucoup à nous apprendre. Exemple ? Un arbre isolé attaqué par des insectes est capable de diffuser des insecticides pour se défendre. L'arbre émet des signaux chimiques aéroportés pour prévenir ses congénères, qui peuvent ainsi se protéger. Ou pourrait dire que les arbres s'associent en un vaste système immunitaire partagé. Plus incroyable : ils peuvent être reliés par des filaments de champignon qui s'insinuent dans les cellules des racines et tissent une toile souterraine sur des kilomètres carrés. Ces réseaux fongiques s'apparentent à une immense économie solidaire qui unit même des espèces différentes. Les arbres partagent leur nourriture et leurs remèdes. Un sapin de Douglas géant peut renflouer un bouleau malade ou rabougri ! Les arbres sont des créatures bien plus sociales et sociables que nous ne l'imaginons. Il n'y a pas d'individu isolé dans une forêt.

Le fait que les arbres aient un " plan de développement ", comme vous dites dans la si belle histoire du châtaignier de l'Iowa, sur une échelle de temps considérable, ne rend-il pas les destins de vos personnages humains quasi dérisoires en comparaison ?

La vie humaine n'est en aucun cas dérisoire. Mais nous ne sommes pas l'unique centre de la création. S'il y a une dimension politique dans mon roman, c'est celle-là : il y a du sens en dehors de nous, humains. Et nous devons changer notre façon de l'appréhender. La fiction, qui fait directement appel aux affects, à l'identification et au besoin de récit, est une arme unique pour influer sur les cœurs et les esprits, comme les statistiques et l'argumentation peuvent rarement le faire.

L'idée que les arbres peuvent prendre soin les uns des autres est présente dans les mythes comme celui de Philémon et Baucis. Redécouvrons nous aujourd'hui ce que les Anciens savaient depuis longtemps ?

Quand j'ai dit à mon entourage que j'écrivais un roman où les arbres sont des personnages parmi d'autres, j'ai senti du scepticisme. Mais plus je mesurais les relations de dépendance entre arbres et humains, plus je me demandais pourquoi il existait si peu de livres de ce type. Puis j'ai pris conscience du fait qu'une grande part de la littérature place le non-humain au cœur de l'imaginaire (lire ci-contre). Depuis les mythes grecs et les  fables d'Ovide jusqu'à l'animisme dans la  tradition européenne du conte populaire, ou aux panthéismes des littératures indigènes, les arbres sont partout, représentés comme des créatures actives, avec des besoins et des desseins. Ce n'est qu'avec l'essor d'un humanisme individualiste et utilitariste en Occident que notre littérature a sombré dans l'obsession exclusive d'une psychologie intime qui n'assigne de sens qu'à l'individu, comme si les humains offraient la seule histoire possible. Peut-être nous sommes-nous persuadés d'avoir pris définitivement l'ascendant sur la nature. Que ce qui se joue entre humains et non-humains est désormais scellé en notre faveur. Pourtant, la nature revient nous hanter et la grande épopée de notre tentative de survie sur Terre se rejoue sur un mode urgent et tragique.

Après les incendies qui ont ravagé la Californie cet été, le président Donald Trump a déclaré qu'il faudrait abattre les arbres car, s'il y avait moins d'arbres, il y aurait moins d'incendies…

Cette déclaration grotesque mais dévastatrice me met en rage. En l'espace de vingt mois, cette administration a entrepris de démanteler l'essentiel d'une législation environnementale cruciale, conquise de haute lutte. Plus rien n'est en sécurité aux États-Unis, pas même nos parcs nationaux, dont certains sont déjà offerts en pâture à l'exploitation mercantile. Cette remarque ahurissante de Trump s'inscrit dans une vision paternaliste qui place les hommes au-dessus des femmes, les Blancs au-dessus des autres races, les Américains au-dessus des autres nations, et confère aux humains un pouvoir absolu sur tous les êtres vivants.

La domination de l'homme sur le non-humain n'est pas la solution. Comme le dit dans le roman ma petite bande d'activistes : le contrôle tue, l'union guérit. Si nous voulons continuer à vivre sur cette planète, nous devons œuvrer à rétablir les innombrables connexions qui nous lient au monde non humain. Encore une fois, pendant des millénaires, la littérature a fait de ces connexions une matière à récits. Les romanciers sérieux d'aujourd'hui doivent se remémorer ces récits et ces mythes, et entreprendre d'en inventer de nouveaux. Nous ne sommes pas seuls au monde. Il est grand temps de faire connaissance avec nos voisins et de revenir sur terre.

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13 septembre 2018 4 13 /09 /septembre /2018 21:04

Quelques photos et mots de Lucie Ferrandon et Josiane Roger.                Lire aussi Hulot démissionne, pas nous ! Journée mondiale d'actions locales pour le climat le 8 septembre 2018.

Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris
Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris

C ‘était une marche essentiellement citoyenne qui a eu lieu samedi au départ de l’hôtel de ville, une foule variée colorée et tous âges et styles (50 000 personnes selon les organisateurs). L’ambiance était  plutôt  bon enfant voire festive, mais avec une réelle implication des participants, le désir profond de changer les choses. 

Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris
Yann Arthus-Bertrand

Yann Arthus-Bertrand

Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris

La présence de partis politiques était relativement discrète : La FI (très présente) EELV (avec une bonne troupe de militants), le PC, REV (Rassemblement des écologistes pour le vivant) et les associations nombreuses : Bloom, association vouée à la protection de la mer était représentée par une énorme pieuvre rose, Attac qui distribuait des faux billets de banque « les financement des énergies fossiles ? pas avec notre argent ! », Alternatiba …

Les citoyens et les militants ont exprimé ainsi leur crainte de voir le climat et les conditions des hommes définitivement dégradées, reste à convaincre le pouvoir politique et surtout financier d’agir !

Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris
Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris
Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris
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13 septembre 2018 4 13 /09 /septembre /2018 09:55

Pour l'économiste Daniel Cohen, le numérique donne aux consommateurs les moyens de " s'autœxploiter ". Propos recueillis par Elise Barthet, et Philippe Escande pour Le Monde le 10 septembre 2018. Ecouter aussi Comment conjuguer économie libérale et urgence environnementale ? et lire Pour un service public des données.

Daniel Cohen est directeur du département d'économie de l'Ecole normale supérieure et membre fondateur de l'Ecole d'économie de Paris. Il est aussi membre du conseil de surveillance du Monde. M. Cohen vient de publier Il faut dire que les temps ont changé… Chronique (fiévreuse) d'une mutation qui inquiète (Albin Michel, 230 pages, 19 euros). Il explique pourquoi la croissance s'est envolée dans nos sociétés avancées et pourquoi elle pourrait revenir dans la civilisation numérique qui s'annonce.

Daniel Cohen est directeur du département d'économie de l'Ecole normale supérieure et membre fondateur de l'Ecole d'économie de Paris. Il est aussi membre du conseil de surveillance du Monde. M. Cohen vient de publier Il faut dire que les temps ont changé… Chronique (fiévreuse) d'une mutation qui inquiète (Albin Michel, 230 pages, 19 euros). Il explique pourquoi la croissance s'est envolée dans nos sociétés avancées et pourquoi elle pourrait revenir dans la civilisation numérique qui s'annonce.

Dans votre livre, vous revenez sur les cinquante dernières années en analysant l'évolution des idées, des cultures, des comportements et des technologies qui nous ont fait basculer dans une nouvelle ère. Quelle place l'économie tient-elle dans cette mutation ?

Elle en est le fil conducteur. L'errance politique et sociale des cinquante dernières années tient à un facteur décisif : l'effondrement de la société industrielle, et l'immense difficulté où l'on s'est trouvé de comprendre ce qui était en train de la remplacer. La gauche, dans les années 1960, a rêvé d'une sortie du capitalisme. La droite, avec la révolution conservatrice, prônait un retour aux valeurs morales du travail et de l'effort. Toutes les deux se sont trompées. Le capitalisme n'est pas mort, et il n'est pas devenu moral…

Le titre Il faut dire que les temps ont changé est ironique. Un pacte faustien avait été signé durant la société industrielle qui consistait à faire accepter aux gens, au nom de la croissance, une déshumanisation du travail, illustrée par le taylorisme et la chaîne de production. Or, ce pacte-là, nous sommes en train de le signer à nouveau, dans la société algorithmique qui s'annonce, pour renouer avec la croissance perdue. Au travail à la chaîne et à la consommation de masse, on est en train de substituer un nouveau système tout aussi déshumanisant, celui qui nous installe derrière nos tablettes et nos ordinateurs, au bureau et chez soi. Le livre est une réflexion sur ce nouveau modèle de croissance.

Mais pourquoi la croissance manque-t-elle aujourd'hui ?

Parce que nous sommes parvenus à ce que Jean Fourastié avait prévu dès 1948 dans Le Grand Espoir du XXe siècle : une société de services. L'objet qu'elle manipule n'est plus la terre ou la matière, mais l'homme lui-même. Et comme Fourastié l'avait parfaitement anticipé, une telle société a, par nature, beaucoup de mal à générer de la croissance. Si le bien que je produis est un service aux personnes âgées, aux malades, aux enfants que j'éduque, alors la croissance bute sur la finitude du temps que je peux leur consacrer.

Pour en dégager, nous nous sommes lancés dans la chasse aux temps morts, à ce que l'économiste Philippe Askenazy appelle un nouveau stakhanovisme. Dans les années 1980, puis 1990, la reprise en main des entreprises par les actionnaires et la financiarisation de l'économie ont été à l'origine de cette nouvelle ère. Uber en est finalement l'expression parfaite. C'est toujours un chauffeur et une voiture pour aller d'un point A à un point B, mais avec un logiciel qui optimise les temps morts et organise la sortie du salariat de ses employés. Mais une fois rogné tous les temps morts, que faire ? Presser le citron et travailler toujours plus ?

Vous dites que vous vous êtes trompé sur l'interprétation du phénomène…

En effet. Fourastié croyait que le développement d'une société de services entraînerait une revalorisation du travail de l'infirmière, de l'instituteur, du restaurateur, de tous ceux dont le métier est d'être tourné vers l'homme. Développant cette idée, j'ai écrit, dans mon livre Trois leçons sur la société post-industrielle, que la valeur se créerait dans le face-à-face du prestataire avec le client. Dix ans plus tard, je constate que c'est exactement le contraire qui s'est passé. Le numérique capte la richesse et c'est le service de proximité qui tend vers la gratuité. Netflix détourne les spectateurs des salles de cinéma et les fournit en ligne.

Pour vous, la réponse est pourtant dans le numérique et les gains de productivité qu'il apporte. Pour l'instant, on ne les voit pas beaucoup…

La limite de la croissance dans une société de services, c'est l'absence de ce que les économistes appellent des économies d'échelle. Je m'occupe d'une personne à la fois, ou en tout cas d'un nombre limité d'entre elles, comme un comédien dans un théâtre. Pour toucher un nombre démultiplié de spectateurs, il faut le cinéma et la télévision. La révolution numérique engage la même transformation pour la société de services dans son ensemble.

Le développement de l'intelligence artificielle va favoriser ces économies d'échelle. L'une des plus belles illustrations de cela apparaît dans le film Her. Le héros tombe amoureux d'un logiciel qui a la voix de Scarlett Johansson. Il l'aime parce qu'elle sait tout de lui et sait répondre à ses désirs. Quand le corps devient nécessaire, elle recrute une femme " réelle " pour lui faire l'amour, pour un temps limité. Et puis, un jour, il découvre qu'elle est amoureuse de milliers de types comme lui… C'est ce que l'économiste appelle des rendements d'échelle ! Ils ont un prix : une profonde déshumanisation de la société.

N'est-ce pas aussi parce que le consommateur fait le travail à la place d'autres humains, ce qui, à terme, menace tous les emplois ?

Oui, nous faisons gratuitement nombre de tâches qui étaient autrefois salariées. Mais attention, ce n'est pas vraiment le consommateur qui a remplacé le guichetier de la gare, mais le logiciel qui lui permet de le faire. Le numérique donne aux consommateurs les moyens de s'autœxploiter…

Faut-il en conclure que les robots et l'intelligence artificielle vont détruire le travail rémunéré ? Force est de constater que tout le monde s'est trompé dans ce domaine depuis le début du XIXe  siècle avec les luddites qui cassaient leurs machines, ou l'économiste Jean de Sismondi qui craignait que " le roi, en tournant constamment une manivelle, fasse produire par des automates tout l'ouvrage de l'Angleterre ". Les pessimistes ont eu tort, mais les optimistes aussi en sous-estimant constamment les progrès de la machine. Il y a dix ans, personne ne pensait qu'un logiciel serait capable de conduire une voiture.

Quel impact cela pourrait-il avoir sur la structure de l'emploi ?

Nous sommes face à deux scénarios dont un seul est rassurant. Le premier est celui d'une société profondément inégalitaire où la valeur est captée tout en haut, dans les entreprises qui bénéficient d'économies d'échelle massives, comme Google, Facebook ou Amazon. La richesse créée se concentre au sommet. Les Bill Gates et autres auront toujours autour d'eux des médecins, des coachs, des avocats très bien payés. Mais plus on s'éloigne du centre, plus la richesse percole difficilement, vers des emplois raréfiés et mal payés.

Un autre scénario est possible, qui verra surgir, comme ce fut souvent le cas dans l'histoire, des complémentarités inédites entre les technologies et le travail humain. Par exemple, les infirmiers ou les éducateurs qui pourront offrir un bien meilleur service avec les nouveaux outils de l'intelligence artificielle. L'enjeu est de faire émerger une nouvelle classe moyenne avec des personnes qui ne seront pas forcément les plus qualifiées. Je crois ce scénario possible, mais il ne viendra pas tout seul. Il faut s'en donner les moyens. Il faut que les écoles et les hôpitaux puissent développer des instruments qui leur permettent d'offrir des services nouveaux utilisant les savoirs et la présence de leur personnel.

La présidence Macron s'engage-t-elle dans cette voie ?

Pour l'instant, j'ai l'impression qu'il veut surtout revaloriser le travail à la façon de Sarkozy, " travailler plus pour gagner plus ". C'est un discours profondément daté. Comme dans les années 1980, la seule solution serait le néostakhanovisme, la lutte contre les temps morts ? Le gouvernement veut revaloriser le travail, mais quel travail ?

Nous sommes à un moment où s'instaurent de nouveaux rapports entre l'homme et la technique. Il faut retrouver de la respiration, comprendre pourquoi nos sociétés ne semblent pas plus heureuses qu'il y a cinquante ans, alors que le revenu par tête a doublé depuis 1968. On ne peut pas se contenter des vieilles recettes de Reagan et Thatcher. La désocialisation des heures supplémentaires coûtera 3 milliards d'euros et n'aura pas d'impact sur l'emploi alors que le budget de l'enseignement supérieur est de 13  milliards d'euros et aurait grand besoin de ressources nouvelles. Les nouvelles générations doivent pouvoir s'approprier à leur profit les technologies nouvelles, mais sans les subir, en disposant à leur égard d'une distance critique qui n'en fasse pas les esclaves.

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13 septembre 2018 4 13 /09 /septembre /2018 09:40

Appel collectif largement signé par de nombreux économistes et écologistes de tous bords, paru le 4 septembre 2018 dans Alternatives économiques, que vous pouvez signer ici ! Lire aussi  Nous en appelons aux décideurs politiques et #PasUnEuroDePlus pour les énergies du passé !

Au nom de la sauvegarde du bien commun, nous demandons au gouvernement de lancer d’urgence un grand programme d’investissement public en faveur de la transition écologique et bas carbone, dont le montant serait isolé du déficit budgétaire.

L’été 2018, avec ses canicules, ses incendies dévastateurs, ses inondations, nous a encore rappelé combien la lutte pour conserver la biodiversité, respecter les limites planétaires et atténuer le changement climatique et ses impacts est vitale afin d’éviter une catastrophe écologique globale.

C’est aussi une lutte pour le mieux-être de tous. Nous affranchir des pesticides et d’autres polluants, du charbon, du pétrole, du gaz fossile… est impératif si nous voulons préserver notre santé, notre économie, la capacité d’agir des futures générations et construire une société résiliente. 

Les dépenses que nous affectons à nos importations d’hydrocarbures, de produits chimiques ou d’autres matières premières non renouvelables doivent aller aux emplois locaux – notamment en développant les économies d’énergie et de matières, les énergies renouvelables et une agriculture durable. Et cela au profit des territoires, sans lesquels la transition écologique ne se fera pas. Or, les émissions de gaz à effet de serre ont crû en France de 3 % en 2017, alors que le respect de l’accord de Paris imposerait qu’elles décroissent de 5 % par an. Il faut donc changer d’échelle et mobiliser des moyens nouveaux.

Cette lutte pour un développement vert et riche en emplois requiert de mettre en mouvement de nombreux leviers. Certes, il faut une régulation et une fiscalité qui donnent les bons signaux ; certes, il faut cesser d’allouer des capitaux à des actifs non durables ; mais il est fondamental d’accroître l’investissement, dans les infrastructures physiques comme dans les compétences. C’est indispensable pour réussir cette transition écologique et l’accompagner sur le plan social.

Il est urgent de mettre en place un grand programme d’investissement vert et d’isoler les fonds publics affectés à ce programme du déficit budgétaire

Pour la France, les investissements publics et privés nécessaires à l’atteinte de ces objectifs climatiques ont été estimés par le think tank I4CE entre 45 et 75 milliards d’euros par an (entre 2 % et 3 % du PIB). Or, aujourd’hui, nous ne dépensons que 31 milliards d’euros répartis à parts égales entre ménages, entreprises et acteurs publics : le compte n’y est pas. 

Pour boucler l’équation du financement de la transition bas carbone, il est nécessaire de mobiliser l’épargne des ménages et des entreprises. Celle-ci ne manque pas et les ménages cherchent un sens à leur épargne. Or, cette mobilisation ne pourra être optimisée sans un surcroît d’investissement public.

Rappelons que l’un des principaux postes à financer pour réussir cette transition est la rénovation des logements. Sans aides publiques, les ménages ne s’engageront pas dans des travaux lourds dont le temps de retour est très long.

On ne fera pas plus (d’écologie) avec moins (de moyens). C’est pourquoi il est urgent de mettre en place un grand programme d’investissement vert. ll est par ailleurs nécessaire, dans le contexte actuel de forte contrainte budgétaire, d’isoler les fonds publics affectés à ce programme du déficit budgétaire, comme le ferait toute entreprise privée qui ne confond pas ses investissements avec ses dépenses de fonctionnement.

La France doit prendre cette mesure immédiatement. Rien ne le lui interdit vraiment. Et rien ne l’empêche, avec les autres Etats membres convaincus, d’engager dès à présent des négociations pour libérer l’investissement vert au niveau de l’Union européenne.

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11 septembre 2018 2 11 /09 /septembre /2018 12:37

Face à l’urgence, mise en lumière cet été par une succession de catastrophes écologiques, 700 scientifiques français exhortent les gouvernants français à passer de l’incantation aux actes pour enfin se diriger vers une société sans carbone. D’autant que les solutions sont disponibles. Tribune collective parue le 7 septembre 2018 dans Libération. Lire aussi « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité » : l’appel de 200 personnalités pour sauver la planète et La démission de Nicolas Hulot est une invitation à changer de cap - 10 associations écologistes lancent un appel à Emmanuel Macron.

Des panneaux solaires à Gardanne (Bouches-du-Rhône), en juin. JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

Des panneaux solaires à Gardanne (Bouches-du-Rhône), en juin. JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

Nous sommes d’ores et déjà pleinement entrés dans le « futur climatique ». Hausse des températures moyennes et récurrence des chaleurs extrêmes, y compris dans le nord de notre hémisphère tout cet été, fonte des glaciers et de la banquise, sécheresses, modification de l’aire de distribution de certains animaux et espèces végétales, destruction d’écosystèmes rares et précieux, hausse du niveau de la mer, désoxygénation et acidification des océans, etc. : les manifestations concrètes du changement climatique ne cessent de s’accumuler. Quant au futur, les projections d’impact sur les milieux, les espèces et les humains sont systématiquement revues à la hausse au fur et à mesure des nouvelles connaissances.

Et pourtant l’essentiel de la lutte pour contenir le réchauffement tarde à être mis en place. L’accord de Paris de décembre 2015 appelle à mener de front la réduction rapide et drastique de nos émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation aux impacts déjà bien réels du réchauffement. Le but : limiter la hausse des températures mondiales en dessous de 2°C d’ici à 2100 par rapport aux niveaux préindustriels.

Cela suppose d’engager une révolution de nos modes de développement, de notre rapport collectif à l’énergie et aux ressources naturelles, à la consommation, à la mobilité, au logement, aux loisirs, etc. Un projet d’une telle ampleur ne se réalisera pas en se contentant de signer un accord international. Les discours politiques ne manquent pas, du « make our planet great again » français en réponse à l’annonce du retrait américain de l’accord de Paris, à l’appel des ministres de l’environnement de l’UE, en juin, à relever le niveau d’ambition climatique de l’Europe en 2030.

Mais les discours sont insuffisants, comme le montrent les récents chiffres d’émissions de gaz à effet de serre provenant de la combustion des énergies fossiles, qui indiquent des tendances inquiétantes (+ 1,8 % en Europe et + 3,2 % en France en 2017 par rapport à 2016). Il est tout aussi crucial qu’urgent de sortir du champ de l’incantatoire et de traduire concrètement ces discours en choix politiques forts et clairs au service d’une transformation sociétale profonde.

Cette transformation, si elle est ambitieuse et représente un chemin bien différent de celui que nous suivons, n’est pas une utopie. Elle repose pour beaucoup sur des solutions déjà disponibles : diminution de la consommation d’énergie, recours à des énergies décarbonées, meilleure isolation des bâtiments, mobilité repensée évitant les moteurs thermiques, ferroutage, agriculture écologique, production ­locale, verdissement des villes, économie collaborative et circulaire, révolution numérique, etc., autant de changements qui, s’ils sont bien conçus et combinés entre eux, nous aideraient à atteindre les objectifs climatiques tout en permettant de réduire notre empreinte sur la planète, notamment en diminuant la pollution et notre impact sur la biodiversité.

Si la transition est possible, elle ne va pourtant pas de soi. Encore faut-il se saisir des solutions, puisque notre réussite collective dépendra de l’échelle et surtout de la vitesse à laquelle elles seront déployées. C’est pourquoi se préoccuper du changement climatique doit réellement devenir un objectif politique de premier ordre. Pour être cohérente, cette transition doit être transcrite dans l’ensemble des politiques sectorielles et dans tous les projets d’aménagement et de développement, en sélectionnant les solutions permettant conjointement l’efficacité climatique et la préservation de la biodiversité. Il faut également anticiper et accompagner les reconversions à l’échelle des branches économiques et des territoires. Nous en appelons donc aux décideurs politiques. Nous sommes conscients du rôle qu’ont à jouer d’autres acteurs, notamment les entreprises et la société civile, mais il appartient aux gouvernements et aux Parlements de mettre en place les conditions – législatives, réglementaires, institutionnelles, budgétaires et fiscales – d’une transition vers une société sans carbone. Ils doivent rapidement et fortement réviser leur feuille de route climatique et la rendre à la fois plus transformationnelle et plus opérationnelle. Ils doivent accepter de prendre des mesures pour agir à long terme.

Au niveau international, les opportunités de susciter une telle dynamique seront nombreuses dans les mois à venir : Global Climate Action Summit ce mois-ci en Californie, nouveau rapport du GIEC en octobre, COP 24 en Pologne en décembre, sommet climat du secrétaire général de l’ONU à New York dans un an. La neutralité carbone, qui traduit l’ambition «zéro émission nette de gaz à effet de serre», est l’objectif que les pays signataires de l’accord de Paris se sont engagés à atteindre collectivement au cours de la deuxième moitié du XXIe siècle.

Saisie par une ONG, la justice néerlandaise a condamné l’Etat des Pays-Bas à réduire de 25 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020. Ce type de recours juridique doit être pris au sérieux : un accord international n’est pas la fin mais le commencement d’un processus politique qui doit être mis en œuvre avec rigueur. Seuls des changements immédiats et des engagements de court terme, dans le cadre d’objectifs clairs et ambitieux à horizon 2030, peuvent nous permettre de relever le défi climatique. Celui-ci nous enseigne que le long terme dépend de décisions de court terme, lesquelles permettront aux générations futures de ne pas devoir se résigner au pire.

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7 septembre 2018 5 07 /09 /septembre /2018 11:15

L’appétit de ces animaux augmente en fonction de la température. Une étude dans « Science » s’inquiète de leur impact sur le riz, le maïs et le blé. D'après Clémentine Thiberge pour Le Monde le 31 août 2018. Lire aussi La hausse de CO2 dans l'atmosphère appauvrit la qualité nutritionnelle des aliments.

Les insectes pourraient causer une chute de 10 % à 25 % des récoltes pour chaque degré supplémentaire. © Martina, Fotolia

Les insectes pourraient causer une chute de 10 % à 25 % des récoltes pour chaque degré supplémentaire. © Martina, Fotolia

Les scientifiques ne cessent d’alerter : le climat a un impact sur les aliments que nous cultivons. Une étude publiée dans la revue Science le 30 août révèle que le changement climatique devrait diminuer le rendement des récoltes de céréales. Une équipe dirigée par des scientifiques des universités de Washington, du Colorado et du Vermont y rapporte que l’activité des insectes ravageurs de cultures va croître avec la hausse des températures. L’étude se base sur trente-huit espèces, dont le puceron, le perce-tige et la tordeuse du riz.

« Les pertes de récoltes pour trois céréales de base – riz, maïs et blé – vont augmenter considérablement à mesure que le climat va se réchauffer, explique Scott Merrill, chercheur à l’université du Vermont et coauteur de l’étude. La chaleur augmentant le taux métabolique et la croissance des populations d’insectes nuisibles, les cultures vont subir une pression accrue de ces ravageurs. »

Les régions tropicales moins touchées

Pour arriver à ces conclusions, l’équipe a analysé des données collectées depuis les années 1980 à partir d’expériences en laboratoire sur les taux de métabolisme et de reproduction des insectes. Contrairement aux mammifères, les insectes sont ectothermes, ce qui signifie que leur température corporelle varie en fonction de celle de leur environnement. Ainsi, la température de l’air affecte leur consommation d’oxygène, leurs besoins caloriques et donc leur taux métabolique. « Plus la température est élevée, plus leur appétit augmente, constate Scott Merrill, ce qui est dévastateur pour les cultures. »

Le lien avec la croissance de cette population animale est cependant plus complexe. Il existe en effet une température optimale à laquelle les insectes se développent le mieux. S’il fait trop chaud ou trop froid, la population augmentera plus lentement. C’est pourquoi les pertes de culture seront plus sévères dans les pays tempérés que sous les tropiques. « Les régions tempérées n’ont pas atteint cet optimum, donc si la température augmente à ces endroits, les populations vont croître plus rapidement, précise Scott Merrill. Dans les tropiques, les insectes sont déjà proches de leur température optimale, les populations vont donc diminuer ; il fera, en effet, trop chaud pour ces animaux. »

Les chercheurs ont examiné comment les insectes nuisibles réagiraient dans le cadre de divers scénarios climatiques. Selon eux, les pertes de cultures pourraient augmenter de 10 % à 25 % par degré de réchauffement. Une hausse de la température moyenne mondiale de deux degrés entraînerait des pertes de 31 % pour le maïs, 19 % pour le riz et 46 % pour le blé. Dans ces conditions, les pertes annuelles totales de cultures atteindraient respectivement 62, 92 et 59 millions de tonnes. Cette projection constitue « le scénario le moins alarmiste, précise Curtis Deutsch, chercheur à l’université de Washington et auteur principal de l’étude. Les températures pourraient augmenter de 2 à 5 0C d’ici à la fin du siècle ».

« Les chercheurs américains ont utilisé des données fiables et très simples, estime Simon Fellous, chercheur à l’INRA. Leurs résultats participent au corpus général qui nous rappelle que les modifications induites par les humains risquent de bouleverser drastiquement notre alimentation. »

« Double coup dur » pour la France

La Chine, les Etats-Unis et la France, qui produisent la majeure partie du maïs, du blé et du riz, figurent parmi les pays qui devraient connaître les plus fortes pertes, selon Scott Merrill, mais « la France aura un double coup dur car elle est grande productrice de maïs et de blé ». La réduction des rendements de ces trois cultures est particulièrement préoccupante car, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, elles sont des cultures de base pour 4 milliards de personnes et représentent environ les deux tiers de leur apport énergétique.

Les agriculteurs et les gouvernements pourraient essayer de réduire l’impact de la prolifération des insectes en utilisant la rotation des cultures ou en essayant de produire des céréales résistantes aux nuisibles, estiment les auteurs de l’étude. Mais ces modifications risquent de prendre du temps et ne sont pas accessibles à tous les pays.

« Il y a beaucoup de choses que les pays les plus riches peuvent faire pour réduire les effets négatifs en développant des stratégies de lutte intégrée contre les ravageurs, explique Scott Merrill. Mais les pays les plus pauvres, qui dépendent de ces cultures comme céréales de base, vont avoir plus de difficultés. » La lutte contre ce fléau risque donc d’accroître encore un peu plus les inégalités entre les pays face au changement climatique.

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5 septembre 2018 3 05 /09 /septembre /2018 09:01

Une étude de l’association Générations Futures, les résidus de pesticides présents dans notre alimentation, même à très faible dose, sont des perturbateurs endocriniens potentiels et repose la question des risques chroniques pour le consommateur exposé à de faibles doses. D'après Le Parisien et Le Monde le 4 septembre 2018. Lire aussi Le rapport-choc de l’IGAS sur les perturbateurs endocriniens interrogent l’inaction des pouvoirs publics, et sur le fond, Perturbateurs endocriniens : la fabrique d'un mensonge et Perturbateurs endocriniens : l’histoire secrète d’un scandale.

Des pesticides et des perturbateurs endocriniens dans notre alimentation

Boscalide, Difenoconazole, fludioxonil, Pyrimethanil… À chaque fois que vous consommez des fruits, des légumes, des céréales, de la viande, du lait, vous ingurgitez sans le savoir d’infimes doses de pesticides. D’après la dernière analyse rendue publique cet été par l’Agence de sécurité alimentaire européenne (EFSA), 96,2 % des échantillons d’aliments passés à la loupe des toxicologues ont des concentrations de résidus de produits chimiques inexistantes ou inférieures aux limites maximales autorisées en résidus.

Officiellement, rien de grave donc. Sauf que l’association écologiste Générations futures a analysé plus finement ces résultats et s’est rendu compte que sur les 109 843 résidus de pesticides trouvés par l’agence européenne dans des produits de consommation, 69 433 sont des restes de pesticides suspectés d’être des perturbateurs endocriniens, soit 6 sur 10.

Ce chiffre inquiète très sérieusement l’ONG. « Avec les perturbateurs endocriniens, ce n’est pas la dose qui fait le poison, mais la période d’exposition, souligne le porte-parole de Générations Futures François Veillerette. Si un adulte comme moi consomme des pesticides, cela n’aura pas le même effet que s’il s’agit de très jeunes enfants et surtout de fœtus qui y sont particulièrement sensibles, même à des doses très faibles. »

Des bébés confrontés à ces substances

Or, parmi les produits analysés par l’EFSA figuraient notamment des produits destinés aux bébés. Qui dit bébé dit être en croissance. Et c’est précisément à ce stade que les perturbateurs endocriniens sont les plus dangereux. « On sait que l’exposition intra-utérine aux perturbateurs endocriniens peut être responsable de malformations génitales et plus tard des problèmes d’infertilité, d’obésité, de diabète, de développement intellectuel », détaille François Veillerette.

Parmi les 350 résidus de molécules chimiques trouvés dans les 41 722 échantillons de nourriture analysés par l’EFSA, 157 substances sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens. L’une d’elles, le boscalide, est un fongicide fréquemment utilisé pour protéger les cultures de fruits et légumes. Il a été retrouvé dans pas moins de 6 815 échantillons !

Pour François Veillerette, porte-parole de l’association, la conclusion est que « les voies d’exposition par l’alimentation doivent donc absolument être considérées par les autorités. Malheureusement, nous n’avons pas accès à suffisamment de données pour estimer la proportion d’échantillons sur lesquels on retrouve des pesticides perturbateurs endocriniens. La seule chose que nous pouvons dire, c’est que près des deux tiers des résidus de pesticides quantifiés dans le cadre du programme de surveillance européen sont des perturbateurs endocriniens potentiels et que les voies d’exposition par l’alimentation doivent donc absolument être considérées par les autorités. »

Un consensus scientifique d’ailleurs repris en France par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) qui, dans son rapport de décembre 2017 sur les perturbateurs endocriniens, précisait que « les recherches de ces dernières années confirment la dissociation entre la dose et l’effet des perturbateurs endocriniens, cumulée avec les effets dits “cocktail”, et remettent en question les raisonnements classiques de la toxicologie » (cf. Le rapport-choc de l’IGAS sur les perturbateurs endocriniens interrogent l’inaction des pouvoirs publics).

La toxicologie classique bousculée

La toxicologie classique est de plus en plus bousculée par de profonds changements de paradigmes scientifiques. Dans une étude publiée en juin dans la revue Environmental Health Perspectives, une équipe de chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) montrait par exemple que des rongeurs mâles exposés à six pesticides communs, à des doses considérées comme sans effet nocif par les agences réglementaires, développaient des troubles métaboliques évocateurs du diabète : prise de poids doublée par rapport aux animaux non exposés, taux de cholestérol et glycémie à jeun élevés, accumulation de graisse hépatique.

Les perturbateurs endocriniens sont suspectés d’être l’une des causes de l’augmentation de certaines maladies non transmissibles (cancers hormono-dépendants, troubles neuro-comportementaux, infertilité, obésité et diabète, etc.) dans la population générale. La question de leur inclusion – au même titre que les cancérogènes, les mutagènes et les reprotoxiques – dans la réglementation européenne est au cœur d’un long feuilleton bruxellois qui dure depuis près de vingt ans.

Alors que la future loi sur l’agriculture et l’alimentation doit de nouveau être discutée fin septembre, Générations futures demande au gouvernement de prendre en compte ces résultats d’analyse et de lister au plus vite les molécules les plus problématiques pour les retirer du marché. Et elle conseille aux consommateurs, dans la mesure du possible, de privilégier l’alimentation bio.

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4 septembre 2018 2 04 /09 /septembre /2018 17:27

La question est à nouveau posée depuis la démission fracassante du ministre de la Transition écologique du gouvernement français. Gaël Giraud, chef économiste de l’Agence Française de Développement, y répond. Un entretien lumineux par Caroline Broué pour France Culture le 1er septembre 2018 à écouter sur Economie/écologie : l'impossible conjugaison ?.

 

 

 

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4 septembre 2018 2 04 /09 /septembre /2018 12:25

D’Alain Delon à Patti Smith, tous ont répondu à l’appel de Juliette Binoche et de l’astrophysicien Aurélien Barrau pour une action politique « ferme et immédiate » face au changement climatique. Publié le 3 septembre 2018 dans Le Monde.

Des pompiers américains, le 2 août 2015 à Clear Lake (Californie, Etats-Unis). Photo JOSH EDELSON-AFP

Des pompiers américains, le 2 août 2015 à Clear Lake (Californie, Etats-Unis). Photo JOSH EDELSON-AFP

Quelques jours après la démission de Nicolas Hulot, nous lançons cet appel : face au plus grand défi de l’histoire de l’humanité, le pouvoir politique doit agir fermement et immédiatement. Il est temps d’être sérieux.

Nous vivons un cataclysme planétaire. Réchauffement climatique, diminution drastique des espaces de vie, effondrement de la biodiversité, pollution profonde des sols, de l’eau et de l’air, déforestation rapide : tous les indicateurs sont alarmants. Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera presque plus rien. Les humains et la plupart des espèces vivantes sont en situation critique.

Pas trop tard pour éviter le pire

Il est trop tard pour que rien ne se soit passé : l’effondrement est en cours. La sixième extinction massive se déroule à une vitesse sans précédent. Mais il n’est pas trop tard pour éviter le pire.

Nous considérons donc que toute action politique qui ne ferait pas de la lutte contre ce cataclysme sa priorité concrète, annoncée et assumée, ne serait plus crédible. Nous considérons qu’un gouvernement qui ne ferait pas du sauvetage de ce qui peut encore l’être son objectif premier et revendiqué ne saurait être pris au sérieux. Nous proposons le choix du politique – loin des lobbys – et des mesures potentiellement impopulaires qui en résulteront.

C’est une question de survie. Elle ne peut, par essence, pas être considérée comme secondaire. De très nombreux autres combats sont légitimes. Mais si celui-ci est perdu, aucun ne pourra plus être mené.

Isabelle Adjani, actrice ; Laure Adler, journaliste ; Pedro Almodovar, cinéaste ; Laurie Anderson, artiste ; Charles Aznavour, chanteur ; Santiago Amigorena, écrivain ; Pierre Arditi, acteur ; Niels Arestrup, acteur ; Ariane Ascaride, actrice ; Olivier Assayas, cinéaste ; Yvan Attal, acteur, cinéaste ; Josiane Balasko, actrice ; Aurélien Barrau, astrophysicien (Institut universitaire de France) ; Nathalie Baye, actrice ; Emmanuelle Béart, actrice ; Xavier Beauvois, cinéaste ; Alain Benoit, physicien (Académie des sciences) ; Jane Birkin, chanteuse, actrice ; Juliette Binoche, actrice ; Benjamin Biolay, chanteur ; Dominique Blanc, actrice ; Gilles Boeuf, biologiste ; Mathieu Boogaerts, chanteur ; John Boorman, cinéaste ; Romane Bohringer, actrice ; Carole Bouquet, actrice ; Stéphane Braunschweig, metteur en scène ; Zabou Breitman, actrice, metteuse en scène ; Nicolas Briançon, acteur, metteur en scène ; Irina Brook, metteuse en scène ; Valeria Bruni Tedeschi, actrice, cinéaste ; Florence Burgat, philosophe ; Gabriel Byrne, acteur ; Cali, chanteur ; Sophie Calle, artiste ; Jane Campion, cinéaste ; Isabelle Carré, actrice ; Emmanuel Carrère, écrivain ; Anne Carson, auteure et professeure ; Michel Cassé, astrophysicien ; Laetitia Casta, actrice ; Bernard Castaing, physicien (Académie des sciences) ; Antoine de Caunes, journaliste, cinéaste ; Alain Chamfort, chanteur ; Boris Charmatz, chorégraphe ; Christiane Chauviré, philosophe ; Jeanne Cherhal, chanteuse ; François Civil, acteur ; Hélène Cixous, écrivaine ; Isabel Coixet, cinéaste ; Françoise Combes, astrophysicienne (Collège de France) ; François Cluzet, acteur ; Gregory Colbert, photographe, cinéaste ; Bradley Cooper, acteur ; Brady Corbet, acteur ; Béatrice Copper-Royer, psychologue ; Marion Cotillard, actrice ; Denis Couvet, écologue ; Camille Cottin, actrice ; Clotilde Courau, actrice ; Franck Courchamp, écologue (Académie européenne des sciences) ; Nicole Croisille, chanteuse ; David Cronenberg, cinéaste ; Alfonso Cuaro, cinéaste ; Willem Dafoe, acteur ; Philippe Decouflé, chorégraphe ; Sébastien Delage, musicien ; Vincent Delerm, chanteur ; Alain Delon, acteur ; Catherine Deneuve, actrice ; Claire Denis, cinéaste ; Philippe Descola, anthropologue (Collège de France) ; Alexandre Desplat, compositeur ; Manu Dibango, musicien ; Hervé Dole, astrophysicien (Institut universitaire de France) ; Valérie Dréville, actrice ; Diane Dufresne, chanteuse ; Sandrine Dumas, actrice, metteuse en scène ; Romain Duris, acteur ; Lars Eidinger, acteur ; Marianne Faithfull, chanteuse ; Pierre Fayet, physicien (Académie des sciences) ; Ralph Fiennes, acteur ; Frah (Shaka Ponk), chanteur ; Cécile de France, actrice ; Stéphane Freiss, acteur ; Thierry Frémaux, directeur de festival ; Jean-Michel Frodon, critique, professeur ; Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile ; Pierre-Henri Gouyon, biologiste ; Julien Grain, astrophysicien ; Anouk Grinberg, actrice ; Mikhaïl Gromov, mathématicien (Académie des sciences) ; Sylvie Guillem, danseuse étoile ; Arthur H, chanteur ; Ethan Hawke, acteur ; Christopher Hampton, scénariste ; Nora Hamzawi, actrice ; Ivo Van Hove, metteur en scène ; Isabelle Huppert, actrice ; Agnès Jaoui, actrice, cinéaste ; Michel Jonasz, chanteur ; Camelia Jordana, chanteuse ; Jean Jouzel, climatologue (Académie des sciences) ; Juliette, chanteuse ; Anish Kapoor, sculpteur, peintre ; Mathieu Kassovitz, acteur ; Angélique Kidjo, chanteuse ; Cédric Klapisch, cinéaste ; Thierry Klifa, cinéaste ; Panos H. Koutras, cinéaste ; Lou de Laâge, actrice ; Ludovic Lagarde, metteur en scène ; Laurent Lafitte, acteur ; Laurent Lamarca, chanteur ; Maxence Laperouse, comédien ; Camille Laurens, écrivaine ; Bernard Lavilliers, chanteur ; Sandra Lavorel, écologue (Académie des sciences) ; Jude Law, acteur; Patrice Leconte, cinéaste ; Roland Lehoucq, astrophysicien ; Gérard Lefort, journaliste ; Nolwenn Leroy, chanteuse ; Peter Lindbergh, photographe ; Louane, chanteuse ; Luce, chanteuse ; Ibrahim Maalouf, musicien ; Vincent Macaigne, metteur en scène, acteur ; Benoît Magimel, acteur ; Yvon Le Maho, écologue (Académie des sciences) ; Andreï Makine, écrivain de l’Académie Française ; Abd al Malik, rappeur ; Sophie Marceau, actrice ; Virginie Maris, philosophe ; André Markowicz, traducteur ; Nicolas Martin, journaliste ; Vincent Message, écrivain ; Wajdi Mouawad, metteur en scène ; Nana Mouskouri, chanteuse ; Jean-Luc Nancy, philosophe ; Arthur Nauzyciel, metteur en scène ; Safy Nebbou, cinéaste ; Pierre Niney, acteur ; Helena Noguerra, chanteuse ; Claude Nuridsany, cinéaste ; Michael Ondaatje, écrivain ; Thomas Ostermeier, metteur en scène ; Clive Owen, acteur ; Corine Pelluchon, philosophe ; Laurent Pelly, metteur en scène ; Raphaël Personnaz, acteur ; Dominique Pitoiset, metteur en scène ; Denis Podalydès, acteur ; Pomme, chanteuse ; Martin Provost, cinéaste ; Olivier Py, metteur en scène ; Susheela Raman, chanteuse ; Charlotte Rampling, actrice ; Raphaël, chanteur ; Régine, chanteuse ; Cécile Renault, astrophysicienne ; Robin Renucci, acteur ; Jean-Michel Ribes, metteur en scène ; Tim Robbins, acteur ; Muriel Robin, actrice ; Isabella Rossellini, actrice ; Brigitte Roüan, actrice, cinéaste ; Carlo Rovelli, physicien (Institut universitaire de France) ; Eric Ruf, directeur de la Comédie-Française ; Céline Sallette, actrice ; Rodrigo Santoro, acteur ; Marjane Satrapi, cinéaste ; Kristin Scott Thomas, actrice ; Albin de la Simone, musicien ; Abderrahmane Sissako, cinéaste ; Marianne Slot, productrice ; Patti Smith, chanteuse, écrivaine ; Sabrina Speich, géoscientifique ; Marion Stalens, réalisatrice ; Kristen Stewart, actrice ; Tom Stoppard, dramaturge ; Peter Suschitzky, chef opérateur ; Malgorzata Szumowska, cinéaste ; Béla Tarr, cinéaste ; Gilles Taurand, scénariste ; Alexandre Tharaud, musicien ; James Thierrée, danseur, chorégraphe ; Mélanie Thierry, actrice ; Danièle Thompson, cinéaste ; Melita Toscan du Plantier, attachée de presse ; Jean-Louis Trintignant, acteur ; John Turturro, acteur ; Hélène Tysman, pianiste ; Pierre Vanhove, physicien ; Karin Viard, actrice ; Polydoros Vogiatzis, acteur ; Rufus Wainwright, chanteur ; Régis Wargnier, cinéaste ; Jacques Weber, acteur ; Wim Wenders, cinéaste ; Sonia Wieder-Atherton, musicienne ; Bob Wilson, metteur en scène ; Lambert Wilson, acteur ; Jia Zhang-ke, cinéaste ; Elsa Zylberstein, actrice

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3 septembre 2018 1 03 /09 /septembre /2018 11:05

Les dégâts environnementaux infligés par l’homme sont irréversibles, alertent Gerald Markowitz et David Rosner, deux historiens des sciences américains. Gerald Markowitz (John Jay College of Criminal Justice) et David Rosner (université Columbia à New York), historiens des sciences, ont consacré toute leur carrière à l’étude des pollutions industrielles, notamment le plomb et les polychlorobiphényles. En janvier, les deux Américains ont mis en ligne des milliers de documents internes de firmes (« Toxic Docs ») qui dévoilent les stratégies des industriels pour dissimuler ces crimes environnementaux. Ils lancent une mise en garde sur les conséquences tragiques de notre usage de la planète dans cette tribune publiée par Le Monde le 1er septembre 2018. Lire aussi « Vers une planète sans pollution » : les Nations Unies proposent 50 mesures urgentes, La pollution, responsable de 9 millions de morts dans le monde par an et Les océans pollués par des particules invisibles de plastique.

Le canal qui se jette dans la rivière Buriganga, à Dacca, au Bangladesh, un amoncellement de déchets qui empêchent l’eau de couler. Photo Gaël Turine

Le canal qui se jette dans la rivière Buriganga, à Dacca, au Bangladesh, un amoncellement de déchets qui empêchent l’eau de couler. Photo Gaël Turine

La planète est un endroit remarquablement résilient. Au fil des siècles, l’homme en a détruit les forêts naturelles, brûlé les sols et pollué les eaux pour finalement constater que, dans l’ensemble, la planète s’en remettait. Longtemps, les villes se débarrassaient de leurs déchets dans les rivières, tandis que les premières usines construites le long de leurs rives disposaient de ces cours d’eau comme de leurs propres égouts ; autrefois sans vie, ces rivières peuvent retrouver une vie foisonnante pour peu qu’on leur en laisse le temps.

Ceux d’entre nous qui ont atteint un certain âge et ont grandi à New York se souviennent sans doute des bancs de poissons morts qui venaient s’échouer sur les rives de notre fleuve Hudson, zone morte il y a peu encore, et aujourd’hui si belle. Les forêts, rasées pour laisser place à des champs, reviendront vite une fois l’homme parti. Il suffit de se promener dans les bois verdoyants de la Nouvelle-Angleterre et d’imaginer, comme le poète Robert Frost, être les premiers à s’émerveiller de leur beauté pour tomber aussitôt sur des ruines des murets de pierre qui clôturaient autrefois les pâturages.

C’est alors seulement que nous en prenons conscience : ces arbres sont encore jeunes, et, il n’y a pas si longtemps, l’homme dénudait ces terres pour y développer pâturages et cultures. Nous nous sommes consolés en pensant que l’on pouvait gommer les atteintes que nous infligeons à l’environnement et que la nature pouvait guérir, à condition de la laisser en paix et de mettre fin à nos comportements destructeurs.

Mais une nouvelle réalité ébranle les fondements de notre droit de polluer à volonté en croyant que la nature finira par triompher. Et de plus en plus, cette réalité met au défi ce réconfort sur lequel nous nous étions reposés. Au cours du XXe siècle, nous avons non seulement modifié la surface de la Terre pour satisfaire notre dessein, mais nous l’avons fait de manière irréversible, au point qu’elle pourrait menacer notre existence même. Nous avons créé des environnements toxiques en faisant usage de technologies inédites et de matériaux de synthèse que la planète n’avait jamais connus.

Au début du XXe siècle, des usines gigantesques employant des dizaines de milliers d’ouvriers ont remplacé la fabrication à domicile et les artisans qualifiés pour devenir les lieux de production de nos vêtements, de nos chaussures et d’une myriade d’objets de consommation. La quasi-totalité des objets de notre quotidien provient de ces usines, depuis les plaques de plâtre jusqu’aux revêtements de toit et de sol en passant par nos ordinateurs ou nos environnements de travail. Dans notre cadre de vie, il n’y a rien, ou presque, qui ne sorte pas d’une usine.

Nous savons depuis longtemps que nombre de ces matériaux sont toxiques et peuvent détruire des vies. Si la nature peut se régénérer, certaines de ces substances toxiques tuent des travailleurs qui, eux, ne peuvent pas reprendre leurs vies : dans l’industrie, les ouvriers sont frappés depuis plus de deux siècles par ce fléau qu’est l’empoisonnement au plomb contenu dans les pigments des peintures ; on sait depuis le début du XXe siècle que le mercure tue les travailleurs ; et la poussière de charbon est identifiée comme cause de cancer du scrotum depuis l’époque de William Blake [artiste britannique de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle].

Mais les matériaux que nous fabriquons en usine n’ont plus rien à voir avec les produits naturels dont ils sont dérivés. Ils sont à l’origine de maladies nouvelles et de dangers auparavant inconnus. Ce sont les ouvriers qui, pour l’essentiel, ont payé le prix de la découverte de ces maladies : angiosarcome du foie causé par l’exposition au chlorure de vinyle monomère, élément constitutif des plastiques PVC ; mésothéliome causé par l’inhalation de poussière d’amiante ; leucémies causées par l’exposition au benzène et à d’autres hydrocarbures aromatiques.

Nous avons toujours sacrifié les travailleurs, victimes d’accidents industriels et de produits chimiques toxiques, mais aujourd’hui nous sommes peut-être confrontés au sacrifice de l’ensemble de la population. Plastiques et produits chimiques : des produits de synthèse que ni l’être humain ni la planète n’avaient côtoyés avant le XXe siècle sont maintenant déversés en permanence sur nos sols, dans les océans et dans l’air. Ces polluants provoquent des maladies, anéantissent les espèces et mettent l’environnement en danger.

A Anniston (Alabama), en mai. Monsanto Road longe l’usine et la décharge à ciel ouvert dans laquelle la firme américaine a déversé des milliers de tonnes de produits toxiques. Photo Samuel Bollendorff.

A Anniston (Alabama), en mai. Monsanto Road longe l’usine et la décharge à ciel ouvert dans laquelle la firme américaine a déversé des milliers de tonnes de produits toxiques. Photo Samuel Bollendorff.

Dans les années 1980, les scientifiques ont identifié les impacts environnementaux majeurs de cette cupidité : pluies acides menaçant nos forêts, trous de la couche d’ozone laissant les rayonnements dangereux atteindre la surface de la Terre. Nous avons permis aux industriels de faire usage de notre monde comme de leur décharge privée et la source de leurs profits au point de menacer l’existence même de la vie telle que nous la connaissons. Des espèces disparaissent à un rythme inédit ; les températures moyennes augmentent sur toute la planète, entraînant guerres, famines et migrations de masse.

Nous avons accepté que les ouvriers et le reste de la population soient les principales victimes de cette cupidité, mais nous risquons désormais d’accepter que des régions entières deviennent inhabitables. Tchernobyl (Ukraine) et Fukushima (Japon) sont sans doute les cas les plus connus. Mais le péril, en Europe et aux Etats-Unis, n’est plus un secret : Anniston (Alabama), Dzerjinsk (Russie), les océans et d’autres endroits à travers le monde sont pratiquement devenus des zones mortes où les produits industriels ont endommagé l’environnement de manière irrémédiable.

Alors que nous observons les effets du réchauffement climatique submerger les nations, de nouvelles questions, d’ordre plus existentiel, surgissent aujourd’hui. Nous produisons des matériaux « contre nature » pour l’être humain et la planète ; leurs conséquences sont irréversibles et rendent la vie impossible pour des millions de personnes. Nous sommes en train d’engendrer un monde dystopique où seuls les puissants et les riches seront en mesure de survivre, cloîtrés derrière les murs de leurs enclaves privilégiées. La planète est certes résiliente : elle continuera de tourner sur son axe et d’accueillir la vie. Mais que cette vie prenne la forme d’êtres humains, rien n’est moins sûr.

(Traduit de l’anglais par Gilles Berton)

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