Un autre point de vue sur le pacte de stabilité ou Traité pour la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance en Europe :
Le TSCG ou pacte budgétaire européen, sera voté ou non au Parlement au mois d'octobre. Il nous rappelle les débats vifs de 2005, lorsque le Traité constitutionnel européen avait été soumis au vote et rejeté par les Français. Au-delà du résultat du vote lui même, il avait donné lieu à des débats passionnés. Pour nous écologistes, la question était bien de défendre une Europe sociale et démocratique ouvrant la voie d'une transition économique vers un autre modèle plus solidaire, et disponible pour la transition énergétique. Force est de constater que cette aspiration a parfois été confondue avec un rejet de l'Europe, alors même qu'il ne peut y avoir d'avenir pour nous que dans l'espace européen, seul capable de mobiliser les forces et financements nécessaires à la transition verte.
Sept ans après, le traité présenté au vote de nos députés, arrive dans un contexte de crise profonde du modèle libéral qui avait été en grande partie rejeté. La crise financière de 2008 s'est propagée à l'ensemble des peuples et à leurs Etats, qui peinent à trouver des solutions.
L'Europe paye son incapacité à se construire comme entité politique, dotée de pouvoirs démocratiques capables de décisions fortes pour faire face aux enjeux du XXIe siècle.
Face à cette ambition le TSCG – avec ses contraintes budgétaires drastiques – apparaît surtout destiné à rassurer les pays « créanciers » de la zone euro, face aux « mauvais élèves » du sud européen. S'il permettait de lever les doutes sur la capacité de l'Europe à faire face ensemble à la crise actuelle, les écologistes le voteraient sans sourciller. Mais il a sa face sombre : l'austérité imposée aux peuples, risque d'entraîner l' Europe dans la récession, le chômage massif et les dérives autoritaires.
Le vrai sujet pour nous écologistes, c'est la capacité de l' Europe à engager la transition énergétique vers une économie verte, respectueuse des ressources de la planète, favorisant la sobriété dans nos consommations et permettant un partage équitable entre les peuples. Il s'agit ni plus ni moins de construire ensemble un modèle de développement qui préserve la paix ! Cette transition aura besoin de moyens financiers, mais elle créera aussi les emplois de demain. Dans ce contexte, le TSCG n'est sans doute qu'une étape « diplomatique », et il est probable qu'il se révèle inapplicable si la crise s'aggrave.
Il appartient à nos députés - seuls appelés à se prononcer – d'affirmer que l'objectif est bien de construire ensemble une Europe fédérale ambitieuse et solidaire, ce qui passera forcément par l'abandon d'une part de souveraineté. Le non au TSCG ou l'abstention des écologistes ne peuvent se confondre avec le repli souverainiste qui existe à droite comme dans certaines composantes de la gauche. Pour préserver la paix et ménager l'avenir, ne faisons pas du TSCG une ligne de fracture insurmontable. Mais travaillons à démontrer pied à pied comment l' Europe pourrait nous aider à construire un autre modèle.
Marie-Geneviève Lentaigne