Après un été riche en provocations et inquiétudes sur les choix du gouvernement en matière d’énergie et d’écologie, le discours de François Hollande en ouverture de la Conférence environnementale vendredi 14 septembre est plutôt rassurant. Oui, le cap change, et !a transition énergétique est un vrai projet de société qui doit donner plus de souffle à la politique gouvernementale !
Première grande priorité : consommer moins d’énergie grâce à la rénovation thermique d’un million de logements par an, mis aux normes énergétiques. Le doublement des plafonds du Livret A et du Livret développement durable en permettra le financement. Pour le logement privé, le crédit d’impôt développement durable et le prêt à taux zéro seront réservés à des rénovations lourdes. Voilà un levier de croissance en direction des PME auquel on pourrait enfin croire, avec la création de milliers d’emplois non délocalisables et l’annonce ce matin sur France Inter par Cécile Duflot d’un plan de formation aux savoirs faire dans le bâtiment. Outre les économies d’énergie que ces rénovations permettront pour des familles souvent modestes, le bénéfice des tarifs sociaux sur les factures de gaz et d'électricité sera élargi à 4 millions de foyers, soit quatre fois plus qu'aujourd'hui. Quant à la tarification progressive, elle pourrait être applicable au-delà des minimas sociaux, et concerner aussi l’eau si les collectivités locales veulent bien la mettre en place !
Côté énergie, le développement des énergies renouvelables et la réduction du nucléaire à long terme sont réaffirmés, avec une décroissance de 75 à 50% de sa part dans la production électrique à l’horizon 2025, La programmation de la fermeture de la centrale de Fessenheim fin 2016 permettra de préparer la France à son nouveau rôle d’expertise dans le démantèlement des centrales nucléaires ! Certes, ce n’est pas tout le programme écolo, mais c’en est une partie et l’engagement présidentiel est un point d’appui pour mener l’indispensable débat pour un avenir sans nucléaire.
Concernant les hydrocarbures non conventionnels – surtout gaz de schiste en France, mais aussi huiles de schistes présentes dans le bassin parisien, le Président a été clair : « la fracturation hydraulique, seule technique aujourd’hui connue, n’est pas exempte de risques lourds pour la santé et l’environnement ». Sept permis de recherche d’hydrocarbures encore à l’étude (sur les 61 concernant hydrocarbures conventionnels ou non, demandés ou déjà délivrés pour le sous-sol français) seront rejetés. Alors que les techniques alternatives en développement aujourd’hui sont toutes basées sur d’autres fracturations, thermique, « au méthane »… et que les dernières études confirment qu’elles sont provoquent en réplique des tremblements de terre, voilà un moratoire pour 5 ans qui nous satisfait ! La mobilisation continue pour la journée d’action mondiale contre la fracturation hydraulique, le samedi 22 septembre, où un rassemblement est prévu en Seine & Marne, à Tournan-en-Brie à 14h30, parc de Combreux, RER E. Il y aura aussi une action symbolique le même jour à Paris : l'inauguration du premier derrick intra-muros, à 11h30, place du Trocadéro.
La philosophie générale, confirmée par le premier ministre le lendemain, peut se résumer ainsi : taxer moins le travail, et plus les pollutions. Un autre modèle de développement est en marche ! A tel point qu’on a vu Mme Parisot, présidente du MEDEF, monter au créneau contre ces choix, mais aussi – plus étonnant – des leaders de la CGT et du PCF affirmer leur productivisme sans complexe. Nous le savons, produire plus, avec toujours plus de matières premières, plus de machines, conduit à moins de travail humain, Le productivisme tue l’emploi, alors que la transition énergétique indispensable décuplera le nombre d’emplois locaux. Et non délocalisables !