Lors du Conseil Municipal des Lilas du 29 septembre 2010, les élus Europe Ecologie- Les Verts n'ont pas voté plusieurs délibérations. Voici un résumé de nos interventions.
Comme sur des votes précédents, nous avons voté contre les travaux de reconstruction de l'église (délibération n°18, cette fois-ci un avenant au marché déjà voté), de même que nous avons voté contre la subvention à l'école privée Notre Dame du Rosaire (délibération n°39, en l'occurrence le solde de la subvention municipale).
Certes, la loi nous oblige à entretenir les bâtiments religieux devenus propriété de la commune depuis 1905, et à financer l'école privée en fonction du nombre d'élèves la fréquentant et habitant la commune.
Néanmoins, la « désobéissance civile » est pratiquée en d'autres occasions par la majorité du Conseil sur d'autres sujets, comme par exemple l'obligation d'accueillir les enfants lors des grèves scolaires. Dans ces 2 cas, elle nous semble préférable et justifiée par notre attachement à la laïcité, et au service public de l'éducation - dont on sait qu'il est chaque année un peu plus mis à mal par la RGPP, la Révision Générale de Politiques Publiques, et les suppressions de postes dans l'Education Nationale.
Quant à la délibération n°31 du conseil municipal de ce 29 septembre, elle semble favorable à la ville des Lilas et anodine en première lecture : acquisition d’un terrain de 500m2 auprès de l’Office Public de l'Habitat de Seine Saint-Denis à l’euro symbolique et ne pose donc pas de difficulté.
De manière générale , les acquisitions ou cessions de la ville à l’euro symbolique auprès d’institutions sont effectuées afin de permettre la réalisations de projet d’intérêt général pour la population, tel qu’un espace vert ou un équipement sportif par exemple.
En revanche, la note de présentation et ses informations sur la destination de ce terrain nous questionne: « entretien satisfaisant de la parcelle et réalisation, par le biais d’un bail, d’un bain rituel par la communauté israélite des Lilas sur une partie de celle-ci. »
L’ entretien satisfaisant de la parcelle, pourquoi pas, cela voulant dire clairement que l’oph n’assume pas sa mission par rapport à ses locataires et que la cession du terrain à 1€ permettra à la ville et son performant service espaces verts d’en assurer l’entretien (l’intérêt général est respecté car ces 500m2 d’espaces verts seront correctement entretenus pour la satisfaction de tous).
Quant au bail et au bain rituel couramment appelé Mikveh, il existe actuellement 9 mikvés à Paris dont un dans le 20ème arrondissement de Paris, 4 en Seine Saint-Denis, à Aubervilliers, Le Raincy, Noisy le Grand et Pierrefitte et un à Saint-Mandé dans le 94, pour citer les plus proches de notre ville. Le Mikveh est un bain rituel utilisé pour l’ablution nécessaire aux rites de pureté dans le judaïsme, c’est un des lieux centraux de la vie communautaire et religieuse juive avec la synagogue et la yeshiva.
Sur le fond, et pour lever toute ambiguïté, la pratique des cultes étant autorisée et libre dans notre pays, nous ne sommes pas opposés, loin de là, à ce que la communauté juive des Lilas, que nous respectons, crée un mikveh sur la ville, permettant ainsi aux membres de la communauté de pratiquer rituellement leur religion s’ils le désirent.
Mais nous sommes attachés au principe de laïcité en France, qui distingue le pouvoir politique des organisations religieuses - le pouvoir politique devant rester neutre - garantissant la liberté de culte. Ce principe affirme parallèlement la liberté de conscience et ne place aucune opinion au dessus des autres (religion, athéisme, agnosticisme ou libre pensée) construisant ainsi la liberté républicaine.
Le bail, dont nous présumons qu'il sera emphytéotique, et le bain rituel, ne sont pas pour nous d’intérêt général, mais d’intérêt particulier.
Le bail emphytéotique qui lierait la ville, propriétaire du terrain, avec l’association gérant le lieu, mettrait à nouveau la ville en situation de responsabilité, en cas de problèmes éventuels d’entretien ou d’effondrement de terrain par exemple, la loi de 1905 nous ayant déjà légué l’église (rappelons que nous avons voté contre sa reconstruction par la ville).
Nous remercions le maire pour la franchise de la note de présentation et pour ne pas avoir avancé masqué sur le devenir qu'il souhaitait donné au terrain. Nous pensons qu’il aurait été souhaitable de retirer cette délibération afin de se donner le temps de la réflexion quand au devenir de cette parcelle, et à l’éventuelle cogestion envisagée, et dans le cas contraire nous votons contre.
Nous n’avons rien contre la création d’un Mikvé aux Lilas, mais nous souhaitons que la communauté trouve un terrain ou un espace privé et gère son projet comme un projet privé. Sur cette parcelle, des alternatives d’intérêt général en liaison avec la communauté israélite des Lilas tel qu’un lieu de mémoire aux victimes de la Shoah et des persécutions nazis recueillerait bien évidemment notre adhésion.