Dans le cadre du débat public sur le Grand Paris, voici la motion proposée par Environnement 93, qui se rapproche en grande partie de notre position par rapport à ce projet. Une contribution intéressante.
ENVIRONNEMENT 93
UNION DES ASSOCIATIONS D'ENVIRONNEMENT DE SEINE SAINT DENIS
Association départementale agréée www.environnement93.org
Membre d'Ile de France Environnement - Affiliée à France Nature Environnement
Vaujours, le 23 septembre 2010
Projet de motion dans les débats publics GRAND PARIS
(en vue de la rédaction d'un cahier d'acteur)
L'est de la Seine Saint Denis est constitué de zones denses sans transport adéquat.
Le projet de réseau de transport structurant du Grand Paris nous proposait, pour l'est du département, des liaisons rapides depuis Clichy Montfermeil et l'aéroport du Bourget au nord, et vers la cité Descartes (Noisy le Grand) au sud, sans évoquer les gares intermédiaires et surtout les maillages avec les réseaux existants (RER B à Sevran Livry et Sevran Beaudottes, RER E à Chelles, RER A à Noisy Champs).
Le dossier rendu public le 1er septembre 2010 a modifié notre approche.
Aujourd'hui, la proposition de structuration complémentaire pour l'est de l'agglomération nous semble intéressante. En effet, les motions de nos assemblées générales, depuis des années, évoquaient: la liaison RER B Le Bourget, le musée de l'air/le Blanc Mesnil, Aulnay nord, et des prolongements vers le nord (Roissy) et le sud (Sevran/Livry/Clichy). Ceci pour répondre au besoin de désenclavement de ces banlieues.
Le projet actuel de réseau de transport du Grand Paris, dans sa ligne rouge, répond à notre demande en partie. Nous indiquons que:
La ligne devrait être au moins maillée au RER B du Bourget et non à l'aéroport d'affaires.
La gare de maillage avec le RER B à Sevran Beaudottes est présentée comme optionnelle: pour nous, elle est nécessaire tant pour la desserte des secteurs d'habitation que pour les accès aux emplois de la zone de Roissy (également pour les usagers de l'aéroport).
Nous sommes opposés à la densification du triangle de Gonesse, excepté jusqu'à la RN 370, sous forme modérée dans le cadre d'un départ de l'aéroport du Bourget. Entre le Bourget et le PIEX (Parc des Expositions de Villepinte), il faut retenir une partie commune avec la ligne rouge jusqu'à Aulnay, puis une ligne directe jusqu'au PIEX. Mais il n'est pas envisageable d'urbaniser les terres agricoles au sud de Roissy
En revanche, nous constatons avec satisfaction que les lignes bleues et vertes sont maillées à la gare RER B du Bourget (donc à la future Tangentielle nord) en provenance de Saint Denis Pleyel et de La Défense d'une part et de la ligne 14 du métro et Orly d'autre part.
L'aéroport du Bourget est pour nous un vrai sujet de désaccord avec les plans régionaux. Son maintien à si peu de distance de Paris dans une zone qui pouffait accueillir des logements et aussi du maraîchage (supprimé hier dans le département) est un vrai dommage (nuisances aériennes et effet de fracture territoriale). L'activité aéronautique devrait être reportée sur Roissy comme envisagé dans les années 70.
Nous proposons de prolonger la ligne rouge jusqu'à La Défense via Pleyel, en lieu et place de la ligne verte contestable entre Massy, Versailles et Défense en zone non urbanisée ; le RER C existant et des tramways seraient mieux adaptés.
Cela permettrait une ligne rouge complète circulaire, proche des projets Arc Express en partie ouest et qui mériterait le complément Orbival en partie est.
Sur le projet Arc Express, nous sommes favorables à des rocades qui relieraient les terminus des lignes de métro, en particulier en Seine Saint Denis.
Pour l'instant, le 93 reste flou dans les plans du projet Arc Express. Nous sommes intéressés par les propositions de l'association du 94 Orbival qui propose une liaison depuis le RER B Le Bourget (où le métro devrait aussi arriver) vers le Val de Marne, tant vers l'ouest que vers l'est. Cela peut correspondre aux prolongements de la tangentielle nord que nous souhaitons depuis longtemps.
Nous pensons qu'il faut améliorer, moderniser et terminer l'existant: par exemple, relier les gares SNCF parisiennes par des lignes de RER performantes, au lieu de penser aux seules liaisons des TGV (liaison entre les gares de l'Est et du Nord) et mailler très largement la gare Montparnasse avec des RER.
Un paramètre important pose aussi problème : le financement des investissements et la tarification des transports.
La tarification actuelle est discriminatoire et devrait faire l'objet d'une étude chiffrée prenant tous les critères en compte et d'un débat public. Son évolution (éventuelle carte unique ou autres solutions) peut changer la donne en matière d'utilisation des transports collectifs. Il faudrait au moins inclure deux ou trois hypothèses de tarification. Par exemple: tarif actuel, carte unique, gratuité...
Le débat que nous demandons est indispensable et doit faire partie de ce débat public.
Nous le demandons au président de la Commission particulière du Débat Public.
La carte unique ne sera possible que si son coût est réduit pour le maximum d'usagers : nous ne demandons pas aux parisiens ou aux proches banlieusards de payer plus. Le débat doit concerner tous les tarifs et toutes les aides et subventions dans un souci de justice sociale et territoriale. La possibilité de la gratuité doit être étudiée surtout avant d'investir dans des systèmes sophistiqués de contrôles.
Les investissements importants prévus ou nécessaires doivent être justifiés par une utilisation importante des nouvelles boucles (en tenant compte de l'impact de la tarification).
Une des sources de financement doit être les pôles d'affaires desservis : les aéroports dont l'activité est dopée par un kérosène non taxé, Saclay, La Défense etc... Toutes les entreprises devraient payer l'équivalent de la moitié de la carte orange actuelle pour tous les salariés. (Actuellement les entreprises qui s'éloignent et ne permettent plus l'utilisation des transports collectifs ne payent plus leur quote part). Une ligne transport sur les fiches de paye peut être fiscalisable. Cette révolution de la tarification et des financements doit être débattue en urgence: la baisse des tarifs voire la gratuité serait un signe fort pour préparer la société de l'après pétrole et pour répondre aux attentes des banlieues enclavées.
Il faut aussi que le transport collectif bénéficie des financements ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine) et de la manne européenne.
Il est nécessaire de tenir compte de la banlieue, une solidarité doit s'exprimer. L'Etat et l'Europe devront s'engager pour que les investissements importants nécessaires soient la réponse aux défis sociaux et environnementaux.
Remarques:
l) Le CDG Express, qui est encore présent dans le dossier, doit être remis en cause, et la transformation du RER B en métro comme prévu, complétée par des RER directs et semi directs entre Paris et Aulnay.
2) Le débranchement du T4 est aussi présent dans le dossier: un an après le débat public, il est urgent de faire avancer le dossier. Le tramway devra, à l'évidence, aller jusqu'à Noisy le Sec.
3) Enfin une décision est nécessaire sur le choix des largeurs des voitures: 2,80 mètres nous semble le meilleur choix. Il faudrait harmoniser les largeurs entre les différents moyens de transport.
Agnès Auger Présidente d'Environnement 93 01.43.32.72.95
André Cuzon Vice président chargé des transports 01.48.66.18.88