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1 octobre 2019 2 01 /10 /octobre /2019 12:32

Pour l’agronome et théoricien de la collapsologie, tout l’enjeu est de limiter l’impact sur les populations de ce bouleversement provoqué par le réchauffement climatique. Propos recueillis par Audrey Garric le 28 septembre 2019 pour Le Monde. Lire aussi Il faut immédiatement mettre en œuvre une nouvelle organisation sociale et culturelle et « Nous sommes l’espèce la plus coopérative du monde vivant ».

L’ingénieur agronome français et chercheur indépendant et transdisciplinaire Pablo Servigne, en janvier 2018 à Paris. Serge Picard / Agence VU

L’ingénieur agronome français et chercheur indépendant et transdisciplinaire Pablo Servigne, en janvier 2018 à Paris. Serge Picard / Agence VU

Amazonie en feu, Bahamas ravagées par le cyclone Dorian, terres épuisées, records de température au mois de juillet. Partout, les témoignages de la catastrophe climatique en cours s’accumulent, s’ajoutant aux conflits géopolitiques et à la fébrilité des marchés financiers. Les collapsologues y voient autant de signes avant-coureurs de l’effondrement à venir de notre civilisation. Une ou des catastrophes auxquelles il faut se préparer, estime l’agronome Pablo Servigne, coauteur de plusieurs livres, dont le best-seller Comment tout peut s’effondrer (Seuil, 2015).

Dans les années 1980, on a annoncé l’hiver nucléaire, dans les années 2000, la fin du pétrole, et maintenant, l’apocalypse écologique et climatique. Pourquoi devrait-on vous croire lorsque vous annoncez un effondrement imminent ?

On s’est rapproché de l’échéance : désormais, ce ne sont pas les générations futures qui sont concernées, mais celles d’aujourd’hui. Dans nos livres, nous avons essayé d’être le plus rationnels possible sur les risques systémiques que court notre société. On montre que le système humain et la biosphère sont liés, et que des effondrements dans l’un peuvent entraîner des effondrements dans l’autre. Le paradoxe, c’est que plus notre société est puissante et complexe, plus elle est vulnérable.

Dans les travaux scientifiques que l’on cite, les experts parlent de possibilité que des chocs systémiques arrivent ; il reste toujours une incertitude. Personnellement, je vais plus loin et je ne suis pas le seul. J’ai l’intuition que cela va arriver, que c’est certain. C’est une conviction qui se nourrit de science, mais qui sort du cadre strictement scientifique. En considérant la catastrophe comme certaine, on augmente les chances de l’éviter, d’agir. Et notre horizon, notre vie, notre rapport au monde changent.

Comment les crises écologique, financière et politique se nourrissent-elles ?

Les crises écosystémiques peuvent déclencher des crises humaines qui peuvent en déclencher des écosystémiques en retour. Notre société a, par exemple, provoqué un réchauffement climatique qui fait fondre les glaciers de l’Himalaya, ce qui risque de déstabiliser la région, l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, etc. Cela augmente donc le risque de conflits armés pour les ressources en eau, ce qui diminue encore la capacité à agir pour préserver l’environnement… L’hyperconnexion du fait de la mondialisation – flux économiques, d’informations, de matériaux, de ressources, etc. – vient accélérer et aggraver la dynamique de rupture.

Actuellement, c’est le calme avant la tempête. On voit de nombreux signes avant-coureurs d’effondrements partiels qui peuvent faire effet domino : le retour des autoritarismes, les canicules, les pénuries, la fébrilité des marchés financiers, les tensions géopolitiques comme la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine… C’est comme si l’on était dans une pièce où la concentration en gaz a augmenté et qu’on ne savait pas d’où allait venir l’étincelle.

Pourtant, certains experts comme le climatologue Jean Jouzel estiment que rien n’est inéluctable et que les collapsologues sous-estiment « la force de résilience de l’humain ». Que répondez-vous ?

Avec mes coauteurs, on a toujours mis en avant la résilience de l’humain et on n’a jamais dit que tout était foutu, au contraire. Notre démarche consiste à rouvrir des horizons malgré les catastrophes qui arrivent. A titre personnel, je pense que l’on ne peut plus éviter des grands chocs qui vont éroder, voire détruire notre société dans les années ou les décennies qui viennent. J’ai même renoncé à employer le mot « transition », que je voyais à l’origine comme le passage d’un monde A (mourant) vers un monde B (à créer). Ce terme a été édulcoré, il est aujourd’hui trop neutre et mou pour représenter notre époque. Je parle désormais d’état d’urgence et de gestion des catastrophes.

Il faut dissocier les effondrements – au pluriel –, une réalité scientifique qui est en train d’arriver, de l’effondrement – au singulier –, qui est devenu un récit. Cette histoire est très puissante car elle permet d’aller au-delà du mythe de la croissance et du progrès qui est devenu toxique ; et elle permet d’envisager une renaissance. Mais elle comporte deux risques : l’« aquoibonisme », c’est-à-dire penser que tout est foutu et donc se décourager, et puis l’autoritarisme, le fait d’en appeler à une figure d’autorité, réactionnaire, pour nous sauver.

La stratégie de communication catastrophiste empêche-t-elle véritablement d’agir ?

L’annonce des effondrements va en paralyser certains, mais aussi mettre d’autres en mouvement. Notre démarche consiste à ne pas balayer les faits sous le tapis sous prétexte qu’ils peuvent provoquer de la peur. Puisqu’on va côtoyer la peur et les catastrophes toute notre vie, nous avons préféré réfléchir à comment vivre avec, les apprivoiser, grâce à un chemin intérieur, émotionnel, spirituel, psychologique. On a utilisé la métaphore du deuil pour montrer qu’avec la peur viennent aussi la colère, le désespoir, puis l’acceptation, qui peut déboucher sur l’action. C’est pourquoi la collapsologie peut aussi mener à une sagesse, que l’on a appelée « collapsosophie », l’apprentissage de la vie en société avec l’idée de notre finitude.

Comment concilier les effondrements que vous jugez souhaitables et ceux que vous voulez éviter ?

Il y a en effet des effondrements que je ne souhaite pas, comme ceux des populations d’abeilles et d’oiseaux, des sols vivants, de l’Amazonie, des glaciers. Et d’autres que je souhaite, tels que le capitalisme ou le monde thermo-industriel, qui détruisent l’humain et la vie. C’est bien de le souhaiter d’un point de vue théorique, mais des millions de personnes risquent de se retrouver dans une situation très difficile si cela arrive vite. Il faut donc faire des compromis entre des objectifs contradictoires : mettre fin à une société qui détruit la biosphère, mais en limitant les conséquences pour les populations. Je ne sais pas comment faire, je suis un peu perdu, comme tout le monde.

Comment se préparer à des effondrements ?

Il y a trois manières, toutes nécessaires : lutter, créer des alternatives et revoir en profondeur notre rapport au monde. Ce dernier chemin, dit « intérieur », n’est pas individuel mais collectif. C’est très difficile à comprendre en France, où la spiritualité relève du domaine privé. Je pense au contraire que les questions relatives aux émotions, à ce qui fait sens, au rapport au monde et aux non-humains sont collectives.

La voie intérieure est même un préalable aux chantiers politiques qui nous attendent – mettre en place des communes autogérées, résilientes et fédérées, préparer à grande échelle les services publics aux catastrophes. Il faut retrouver des récits enthousiasmants qui font du commun. Seul l’imaginaire peut nous permettre de recréer de la vie dans les ruines de notre monde. Mais il est possible que l’on n’y parvienne pas.

Pablo Servigne interviendra au Monde Festival dans le cadre du débat sur « Comment vivre dans un monde effondré ? », animé par Audrey Garric, dimanche 6 octobre de 15 h 30 à 17 heures, à l’Opéra Bastille (amphithéâtre).

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