Greenpeace, Les Amis de la Terre et ANV-COP21 protestent contre les « entreprises pollueuses » et « l’inaction climatique » du gouvernement. Plus de 2000 manifestants recensés sur une énorme action de désobéissance civile bloquent les accès des sièges de Total, d’EDF, du MTES et de la Société Générale au quartier d'affaire de la Défense à Paris. https://ilestencoretemps.fr/republiquedespollueurs/. D’après l’Humanité, Le Monde, Reporterre le 19 avril 2019. Lire aussi Militant = délinquant - le gouvernement utilise la lutte anti-terroriste contre les activistes du climat et surtout Les citoyens ressentent l’urgence climatique et sanitaire et maintiennent la pression sur les gouvernements.
Le parvis devant la tour Total, à La Défense, le 19 avril 2019. L’accès est bloqué par les activistes qui luttent pour « l’urgence climatique ». THOMAS SAMSON / AFP
Ce devait être la plus grande action de désobéissance civile jamais organisée. Alors que se termine la "semaine de la rébellion" lancée en Europe par le tout jeune réseau "Extinction Rebellion", des militants français se sont joints ce vendredi matin au mouvement en se déployant dans quatre lieux du quartier de la Défense, au nord de Paris. En début de matinée, ils étaient plus de deux mille à empêcher l’accès à quatre bâtiments à la Défense avec ce mot d’ordre : « Bloquons la République des pollueurs ». Ils se trouvaient devant la tour Séquoia, qui abrite une antenne du ministère de la Transition écologique, et les tours EDF, Total et Société générale, attachés les uns aux autres par les bras et les jambes, empêchant les gens d’entrer. A 9 h 45, ils ont brandi certains des portraits d’Emmanuel Macron décrochés dans des mairies ces derniers mois par des militants d’ANV-COP21. Des affiches « Macron président des pollueurs » ont été collées sur les vitres de la tour, et le même slogan tagué sur le sol, en noir et en jaune.
Il faut agir
« Il faut que le gouvernement impose une politique contraignante et fasse respecter les engagements pris pendant la COP21, parce que s’il y a un effondrement, on sera la première génération concernée », a indiqué Clarisse, 18 ans, venue spécialement d’Angers. « C’est la plus grosse action que l’on ait organisée", a souligné Pauline Boyer, porte-parole d’ANV-COP21, association qui organise depuis plusieurs mois des "décrochages" des portraits d’Emmanuel Macron dans les mairies. "Là, il y a beaucoup de gens qui se sont inscrits et n’ont jamais fait de désobéissance civile de leur vie car c’est maintenant qu’il faut agir et désobéir à des lois pour dénoncer cette situation alliance toxique entre les multinationales qui verrouillent la transition énergétique"", a-t-elle ajouté.
En unissant leurs forces et leurs réseaux d’activistes prêts aux actions spectaculaires, Greenpeace, Les Amis de la Terre et ANV-COP21 (Action non violente) ont voulu frapper un grand coup.
« On n’en peut plus de cette alliance toxique entre Emmanuel Macron et les multinationales les plus polluantes", a expliqué de son côté Clément Sénéchal, de Greenpeace, lors du rassemblement jeudi de centaines de militants venus pour une "formation" à la désobéissance civile obligatoire pour participer à l’action de vendredi. L’ONG est habituée des actions spectaculaires, comme s’introduire sur le site de centrales nucléaires ou grimper sur la Tour Eiffel pour déployer une banderole, mais cette opération coordonnée de masse est une première.
« Macron, c’est le champion du business, pas du climat », assénait Gab, l’un des organisateurs, membre d’ANV-COP21, devant quelque 250 personnes, réunies dans une grande salle de Montreuil (Seine-Saint-Denis), jeudi 18 avril. Durant quatre heures, par vagues de 200 à 300 militants, ils se sont formés et préparés pour le lendemain.
« Le devoir de désobéir en tant que citoyen »
D’abord, le cadre politique. « Ses décisions politiques montrent bien que les intérêts des grandes entreprises pollueuses passent avant la lutte contre le changement climatique et la préservation de notre avenir à toutes et tous », explique une petite brochure distribuée à chaque participant. Qui détaille que 11 milliards d’euros de niches fiscales bénéficient aux énergies fossiles, ou que le gouvernement soutient des projets autoroutiers comme le grand contournement ouest de Strasbourg, ou encore la future « mégamine d’or » en Guyane. Alors, ajoute Gab, « nous avons la légitimité et même le devoir de désobéir en tant que citoyen ».
Alors que le mouvement des « gilets jaunes », qui s’exprime depuis bientôt cinq mois, a poussé le gouvernement à prendre plusieurs mesures et organiser un grand débat national, les militants pour le climat estiment ne pas être entendus, malgré de nombreuses manifestations de plusieurs dizaines de milliers de personnes depuis l’automne, et la grève scolaire de la jeunesse. Elodie Nace, chargée de la mobilisation, le déplore : « Depuis des mois, des années, nous nous mobilisons contre l’inaction climatique de ce gouvernement et des précédents : nous marchons, nous faisons grève, nous signons des pétitions… Pourtant, Emmanuel Macron ne change pas de cap. ». « Quand les “gilets jaunes” cassent, cela marche, nous, on nous ignore », peste une jeune militante venue de Lyon.
De jeunes militants sont venus de toute la France pour participer au rassemblement. © THOMAS SAMSON / AFP
La « cible » du lendemain n’est pas révélée
L’opération avait été préparée dans le plus grand secret, les militants étant prévenus de points de rendez-vous par SMS peu avant. L’action de désobéissance civile se fait selon les principes de non-violence, rappelés dans des ateliers : « Votre visage doit toujours être découvert », « aucune agression physique, verbale ou psychologique tolérée », « aucune dégradation de biens ».
La « cible » du lendemain n’est pas révélée. Elle le sera lors de rendez-vous très tôt vendredi. Mais le scénario est présenté. « Nous allons bloquer un bâtiment en perturbant son fonctionnement, en empêchant les entrées et les sorties, et nous allons aussi le transformer visuellement », explique encore Gab : « Il faudra tenir le plus longtemps possible, et ce n’est pas facile. Après l’adrénaline vient parfois l’ennui, une envie de faire pipi, mais on ne pourra pas partir. »
Sauf urgence et à condition de signaler à son binôme qu’on s’en va. La formation se fait ensuite par atelier, avec un point juridique. Chacun connaît son rôle, cycliste, « médiactiviste », etc. Ceux qui ne veulent pas prendre de risque juridique, type garde à vue, se signalent. Enfin, tout ou presque est prêt pour le lendemain.
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