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6 juin 2018 3 06 /06 /juin /2018 11:51

A Antibes, des chercheurs de l’INRA préparent la sortie des pesticides chimiques. La lutte biologique s’organise à l’aide d’insectes, bactéries, champignons et phéromones. D'après Alexis Riopel le 5 juin 2018 pour Le Monde. Lire aussi L’Agriculture au glyphosate reste en Travert de la gorge des consommateurs, La France est-elle prête pour une cure de désintoxication des pesticides ? et Fongicides SDHi : vers un nouveau scandale sanitaire ?.

Salle d’élevage de Mastrus ridens, un parasitoïde qui s’attaque aux larves du carpocapse, un insecte ravageur de la pomme. BERTRAND NICOLAS / INRA

Salle d’élevage de Mastrus ridens, un parasitoïde qui s’attaque aux larves du carpocapse, un insecte ravageur de la pomme. BERTRAND NICOLAS / INRA

Pas la moindre mouche ne sort d’ici sans invitation. Entre les deux portes d’Entomopolis, des pièges collants et une lampe à rayons ultraviolets interceptent tout insecte en liberté. La précaution est de mise dans ce pavillon de l’Institut Sophia Agrobiotech à Antibes (Provence-Alpes-Côte d’Azur), car on y trouve des insectes invasifs qui font des ravages en France et d’autres espèces exotiques qu’on songe à introduire dans les campagnes afin de combattre les premières. On y organise la lutte biologique.

« Actuellement, la protection des cultures repose largement sur des substances chimiques de synthèse. Les méthodes du biocontrôle permettent une défense beaucoup plus respectueuse de l’environnement et de la santé humaine », avance Thibaut Malausa, coordinateur scientifique du biocontrôle à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), auquel l’Institut Sophia Agrobiotech est rattaché. Le biocontrôle consiste à opposer des insectes, des bactéries, des virus ou des champignons aux organismes nuisibles, à disperser des molécules odorantes pour les éloigner, à épandre des substances naturelles pour les tuer ou à réaménager le paysage pour favoriser la présence de leurs ennemis naturels.

Tube contenant des trichogrammes (Trissolcus spp.). A l’Inra, les chercheurs étudient ces auxiliaires pour développer des techniques permettant leur utilisation dans une stratégie de biocontrôle. BERTRAND NICOLAS / INRA

Tube contenant des trichogrammes (Trissolcus spp.). A l’Inra, les chercheurs étudient ces auxiliaires pour développer des techniques permettant leur utilisation dans une stratégie de biocontrôle. BERTRAND NICOLAS / INRA

« La lutte biologique existe depuis la fin du XIXe siècle, mais elle s’est peu développée parce que les pesticides chimiques étaient très abordables. Aujourd’hui, on y revient », souligne Christian Lannou, le chef du département Santé des plantes et environnement à l’INRA. Les efforts du centre de recherche méditerranéen se concentrent surtout sur la protection face aux insectes nuisibles. Cela tombe à point, puisque les insecticides de la famille des néonicotinoïdes seront interdits en France le 1er septembre, et que les agriculteurs ont un besoin urgent d’alternatives à ces neurotoxiques décimant les abeilles. Or, dans un avis publié le 30 mai, l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) relevait que les méthodes du biocontrôle apparaissent « les plus aptes à remplacer immédiatement, efficacement et durablement les néonicotinoïdes ».

Pour l’instant, le recours au biocontrôle se fait rare dans les cultures françaises. Malgré une croissance rapide (10 % à 15 % par an), cette approche ne représente que 5 % du marché des insecticides, et son emploi se concentre surtout en serre.

Guêpes minuscules, grand impact

Une quarantaine d’espèces d’insectes – bonnes et mauvaises – sont étudiées à Entomopolis, où l’ingénieur Nicolas Borowiec nous tend une petite fiole qui, au premier coup d’œil, semble vide. « Regardez bien : il y a là-dedans des centaines, peut-être des milliers d’insectes », indique-t-il. Malgré leur petite taille, les micro-guêpes de la famille des trichogrammes qui s’y trouvent sont de puissants ennemis des ravageurs. En leur qualité de « parasitoïdes oophages », elles déposent leurs larves à l’intérieur d’œufs pondus par d’autres insectes. Après quelques jours, les œufs parasités virent au noir et l’embryon hôte sert de nourriture aux jeunes trichogrammes. Avant même sa naissance, le ravageur est éliminé.

Les premiers services rendus par les trichogrammes en France remontent aux années 1980, quand les insectes ont été relâchés pour lutter contre la pyrale du maïs. C’étaient les chercheurs de l’INRA à Antibes qui, pendant dix ans, avaient mené les essais en amont de la commercialisation du traitement. Le trichogramme protège aujourd’hui 150 000 hectares de maïs en France chaque année. On doit le relâcher en grand nombre au moment de la ponte du ravageur – c’est ce qu’on appelle la lutte biologique par inondation.

Ces micro-guêpes sont des parasitoïdes oophages : leurs larves se développent à l’intérieur des oeufs d’autres insectes qui en meurent rapidement. BERTRAND NICOLAS / INRA

Ces micro-guêpes sont des parasitoïdes oophages : leurs larves se développent à l’intérieur des oeufs d’autres insectes qui en meurent rapidement. BERTRAND NICOLAS / INRA

Toutefois, quand les entomologistes libèrent une espèce en sachant qu’elle va s’implanter durablement sur le territoire, il s’agit de « lutte biologique par acclimatation ». C’est sur cette seconde option que les chercheurs misent afin de lutter contre le carpocapse de la pomme, l’agresseur qui motive 30 % à 40 % des traitements d’insecticides dans les vergers en France.

En 2015, Nicolas Borowiec et ses collègues se sont rendus en Nouvelle-Zélande pour récupérer 500 micro-guêpes Mastrus ridens. Ce parasitoïde indigène du Kazakhstan, ennemi naturel du carpocapse, avait été implanté avec succès dans l’archipel néo-zélandais et dans plusieurs autres pays du monde. Toutefois, avant de le relâcher en Europe, l’équipe devait s’assurer que l’insecte ne s’attaquerait pas à des espèces non ciblées. Après des années d’études à Entomopolis, les chercheurs sont maintenant prêts à relâcher les premiers Mastrus ridens dès qu’ils obtiendront le financement. « La probabilité de succès est très grande », selon Nicolas Borowiec.

Dans la salle de confinement voisine, une autre guêpe miniature occupe les chercheurs. Elle s’oppose à la drosophile suzukii, une mouche d’origine japonaise qui gâche de nombreux fruits, dont les cerises, les baies et les abricots. Les producteurs sont impuissants devant cet agresseur arrivé en Europe en 2008, surtout depuis l’interdiction en 2016 de l’insecticide le plus efficace pour la tuer (le diméthoate) pour des raisons de santé publique. Or, la micro-guêpe Ganaspis, un autre parasitoïde oophage, adore déposer ses larves dans les œufs de la drosophile suzukii. Si tout va bien, les premiers lâchers pourraient avoir lieu en 2019. Toutefois, rien n’est garanti : Ganaspis n’a encore jamais été introduite dans un nouvel environnement.

Combattre le champignon par le champignon

Evidemment, la lutte biologique à l’aide d’insectes exige des agriculteurs qu’ils adaptent leurs pratiques. Ils doivent guetter très attentivement l’arrivée des ravageurs et, dès les premiers signes, disposer des diffuseurs d’insectes biodégradables dans leur culture. A cause de ces complications, les industriels préfèrent offrir des produits de biocontrôle à base de bactéries, de champignons ou de toxines, qu’ils peuvent vendre en bouteille. D’ailleurs, c’est la bactérie Bacillus thuringiensis (Bt) qui compose actuellement 70 % des ventes de bioinsecticides au niveau mondial. Très prisée en agriculture biologique, Bt cible particulièrement les larves de papillons.

Les chercheurs de l’INRA travaillent donc à identifier de nouveaux micro-organismes pour combattre d’autres nuisibles. Dans une salle de l’Institut Sophia Agrobiotech, le chercheur Michel Ponchet montre ses dernières trouvailles, les champignons Y3 et Pseudozyma. Dans des boîtes de Petri, on voit les deux mycètes qui neutralisent complètement du mildiou, des pourritures grises et des pourritures blanches. Ces maladies fongiques s’attaquent à un très large spectre de plantes (notamment la vigne, la tomate, le colza). « Les champignons que nous avons trouvés devront maintenant être adaptés industriellement par une entreprise, explique Michel Ponchet. Elle devra décider si elle les vend sous forme de spores, si elle en extrait les toxines ou si elle reproduit les toxines synthétiquement. »

En effet, le développement commercial des produits n’est pas le lot de l’INRA. Après l’identification des méthodes les plus prometteuses, l’institut donne le relais au secteur privé, qui s’occupe de les intégrer à des produits vendables. « Ici, nous faisons les travaux fondamentaux qui seront appliqués dans dix ans », résume Christian Lannou. La nature cache une multitude de solutions de rechange aux pesticides chimiques de synthèse, mais il faut prendre le temps de les découvrir.

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