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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

27 août 2018 1 27 /08 /août /2018 14:27
Le bêtisier d'Europacity, 5 : à quoi bon embellir l'enveloppe, si elle est vide ?

Lire aussi L'État fait appel de l'annulation de la ZAC de Gonesse - venez à la Fête des terres de Gonesse, le dimanche 27 mai et Le projet EuropaCity jugé peu compatible avec l'environnement.

Cet été, des nuages noirs et menaçants sont arrivés dans le ciel de Gonesse

Le gouvernement et Grand Paris Aménagement menacent de passer en force

Nous avons reçu le 30 juillet la notification de la Cour d’appel de Versailles des deux appels faits contre l’annulation par le Tribunal administratif (TA) de Cergy de la création de la ZAC Triangle de Gonesse : appels du ministre Jacques Mézard et de Grand Paris Aménagement (GPA). Nous avons 2 mois pour répondre. Cet appel est complété d’une demande de sursis à exécution dont nous avons eu notification le 6 août et nous avons seulement 1 mois pour répondre. Toujours dans le domaine juridique nous avons à répondre au mémoire de la commune de Gonesse en réponse à notre recours contre l’adoption du PLU.

On se souvient aussi que le 11 juillet l'Établissement public foncier d’Île-de-France (EPFIF) poursuivait notre collectif, le CPTG, devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Pontoise, où il espérait obtenir des juges un OQTG (Ordre de Quitter la Terre de Gonesse) à l'encontre des choux, radis, carottes, courges, courgettes et autres cucurbitacées qui s'épanouissent là depuis mai 2017.

Merci à la bonne trentaine de sauveteur-e-s des terres présent-e-s de bon matin le 11 juillet au TGI de Pontoise

Merci à la bonne trentaine de sauveteur-e-s des terres présent-e-s de bon matin le 11 juillet au TGI de Pontoise

Le CPTG n’ayant pas encore de réponse à la demande d’aide juridictionnelle, le Président du CPTG lui-même a demandé le report de cette audience et le tribunal de référé a décidé le report au mercredi 12 septembre à 9h, date à laquelle nous passerons une nouvelle fois en référé au TGI de Pontoise.

Mais pour 2018-2019, le pire peut venir de la ligne 17 nord, vu que selon le directeur de GPA, le Triangle de Gonesse pourrait servir à déposer des déchets BTP ( pierres écrasées, câbles, morceaux de béton, etc.) provenant du chantier de construction de la gare de l’aéroport du Bourget. Par tous les moyens nous aurons à empêcher l’ouverture d’une telle décharge sur le Triangle, alors que la gare du Triangle n’est envisagée que pour 2027 avec toujours une incertitude sur EuropaCity et sur la ZAC.

L’enquête publique préalable à la DUP

Le commissaire enquêteur, 5 mois après la fin de l’enquête publique a donné un avis favorable à la demande de DUP (déclaration d’utilité publique de la ZAC du Triangle de Gonesse). Ceci en totale contradiction avec l’avis défavorable lors de l’enquête publique sur la révision du PLU de 2017 et la décision de mars 2018 du tribunal administratif (TA) de Cergy d’annuler la création de la ZAC. Mais rien n’est joué et on ne lâche rien !

Depuis l’annonce du projet en 2010 EuropaCity multiplie les opérations de publicité à chaque évolution même minime de son projet architectural, mais ils se gardent bien d’apporter la moindre précision sur le type d’activités qui pourraient trouver leur place à l’intérieur des surfaces commerciales, ou des espaces cirque ou exposition … alors que subsiste toujours la piste de ski.

D'autres dates à noter

Samedi 8 septembre : Un groupe musical du 93 organise une soirée et une nuit sur le Triangle. Ils feront référence à l’action contre EuropaCity. Cet événement, après la fête que nous organisons le 1er septembre, montre bien que nous n’avons pas besoin d’Auchan ni de Wanda pour que des animations voient le jour sur le Triangle.

Dimanche 16 septembre de 14h30 à 16h à la fête de l’Humanité, sur le stand de la fédération du PCF du Val d’Oise, présentation et débat sur le Triangle de Gonesse et le projet CARMA.

Vendredi 21 septembre de 18h à 22h : Fête des Possibles avec CARMA et le Labo de l’ESS à Villiers-le-Bel, maison de quartier Boris Vian.

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Le bêtisier d'Europacity 5. A quoi bon embellir l'enveloppe, si elle est vide ?

Pour séduire les habitants du territoire, le maître d'ouvrage d'Europacity ne lésine pas sur l'embellissement de son projet, afin de déclencher l'adhésion par un effet "Waouh". Il a même changé de nom. Mais les oppositions grandissent, malgré l'avis favorable de la dernière enquête publique. Quant au contenu du projet, il reste désespérément vide. Par Jacqueline Lorthiois le 1er août 2018, qui fait suite aux chapitres 1, Le Bêtisier d'Europacity, chapitre 1 : Images d'Épinal, 2, Le Bêtisier d'Europacity, chapitre 2 : La prolifération d'emplois fantômes, et 3 et Le bêtisier d'Europacity, 3. Des emplois inaccessibles à la population locale.

Le feuilleton continue, pour la huitième saison consécutive. Bien entendu, il faut des rebondissements pour maintenir les spectateurs en haleine. En témoignent deux derniers épisodes : après une bataille gagnée par un groupement d’associations opposées à Europacity (réunies autour du Collectif CPTG) [1] qui a obtenu l’annulation de l’arrêté préfectoral de création de la ZAC du Triangle de Gonesse par le Tribunal Administratif de Cergy –mais contestée en appel [2] -, la balle repasse cette fois dans le camp adverse, avec un avis favorable du commissaire-enquêteur chargé de l’enquête publique préalable à la DUP de cette même ZAC. Toutefois, le scénario a beau être chaotique, plus le temps passe et plus les arguments sur le caractère « inutile pour les habitants » de ce grand projet se renforcent ; et plus son caractère « utile pour les spéculateurs » se dévoile…

Pour entretenir l’illusion auprès des résidents du territoire et de ses partenaires et calmer la montée des oppositions, la société « Belle Etoile » - porteuse de ce complexe immobilier géant - a lancé depuis deux ans une nouvelle vague d’opérations marketing à double stratégie : répéter en boucle les promesses mirifiques - sans les justifier davantage – d’appréciables retombées économiques devant ruisseler sur cette banlieue pauvre ; faire oublier l’absence de preuves par un relooking de l’aménagement d’ensemble, destiné à distraire les habitants par la magie d’une invitation au rêve… Afin de provoquer ce que les conseillers marketing d’Auchan ont baptisé « l’effet Waouh », complaisamment décrit dans le livre « Europacity, l’aventure d’un projet » [3]. Dans une luxueuse édition, l’ouvrage nous présente ce « grand mix des cultures et des flux3 » magnifiquement emballé, propre à susciter « un mélange d’admiration et d’étonnement pour le visiteur3». Déclenchant un effet de sidération devant tant de splendeur, à la manière du loup de Tex Avery dont les yeux sortent des orbites, tandis qu’il pousse un hurlement (Waooooooouuuuhhh !!!) de plaisir admiratif… Un dessin suggestif (figure 1) nous présente le site assimilé à une huître, contenant la « perle » de ce merveilleux OVNI. Notons au passage que ce croquis (contrairement aux maquettes d’architectes présentées sur le site du maître d’ouvrage) n’évacue ni le survol des avions de Roissy, ni les entrelacs des réseaux routiers…

Figure 1 © François Maumont, in EuropaCity, l'aventure d'un projet, Ed L'Aube

Figure 1 © François Maumont, in EuropaCity, l'aventure d'un projet, Ed L'Aube

Mais tenter de mettre des étoiles dans les yeux des chalands potentiels… suffit-il à gommer les nécessaires réponses à deux questions de fond - posées dès 2011, lors de l’émergence de ce centre commercial et de loisirs - et restées depuis lors en suspens :

- 1/ Comment satisfaire tout à la fois les besoins en activités, emplois, formations, mobilité des populations locales voisines ?

- 2/… Et simultanément, comment préserver l’ensemble de ce patrimoine agricole et nourricier exceptionnel [4] ?

Dernière recette bien connue des grands groupes pratiquant généreusement la valse des étiquettes [5], le promoteur décide de débaptiser le patronyme connoté de son ancienne structure immobilière : exit Immochan, voici CEETRUS ! Tel est le nom de scène du nouvel acteur de la troupe Auchan qui fait son entrée, admirablement costumé dans un habillage reconditionné, dont on a peaufiné fioritures et paillettes… Mais hélas, à l’intérieur, nous nous heurtons toujours au même vide abyssal de contenu sur les questions qui fâchent (cf. 1 et 2) !!

CEETRUS : valse d’étiquettes dans la grande distribution [6]

L’explication du changement de titre vaut son pesant de cacahuètes. Dans une novlangue mêlant le franglais et le latin de cuisine, nous découvrons que ce nom proviendrait d’une mixture composant le menu d’un quatre-quarts : ¼ C comme City ; ¼ « See » (observer), ¼ « Trust » (confiance) et ¼ Us (co-construction) !! Le tout contracté ensuite, à la manière d’une compression du sculpteur César. Avec un sous-titre pré-Brexit digne du sketch de Coluche sur les publicités de lessive : «with citizens, for citizens » (« avec et pour les citoyens »). Tout-à-fait le slogan adéquat pour rallier les habitants des banlieues populaires du nord-est francilien !! Car CEETRUS prend ses distances avec Auchan et va presque jusqu’à renier sa filiation, pour pouvoir mieux transférer « ailleurs » le soi-disant concept futuriste mis au point avec Europacity. Sept ans de réflexion qui ont permis l’émergence d’une fonction sublimée de « développeur global », une sorte de « couteau suisse » à compétences multiples décrit par Benoît Lheureux, son directeur général : « à la fois aménageur, promoteur, gestionnaire et exploitant d’actifs commerciaux »… permettant à l’ancien professionnel de la grande distribution de se diversifier vers « les activités de loisirs, le logement, les bureaux, les espaces de santé ou de coworking [7]. » Par ce descriptif dithyrambique, CEETRUS entreprend de séduire ses futurs usagers, tout autant que les pouvoirs publics et les collectivités territoriales. Mais il susciterait plutôt chez ses détracteurs un regain de méfiance et d’incrédulité…

Car nous sommes en droit de nous interroger sur l’avenir de cette portion de banlieue nord : les concepteurs-packaging du nouvel emballage conçu par Ceetrus sont-ils si pertinents (« see » = observer !) qu’ils le prétendent ? Qualifier de City un lieu où est interdite la première fonction urbaine qu’est l’habitat… n’inspire guère confiance (« trust ! »). C’est d’ailleurs pour cette raison que nous écrivons Europacity avec un petit « c » et non pas comme l’exigerait la marque déposée EuropaCity avec un grand C – car cette majuscule est à nos yeux parfaitement usurpée : la seule grandeur qu’il convient de concéder à ce complexe démesuré est… son immense inutilité pour les « citizens »!

Une accumulation de dispositifs dits de “concertation”

Depuis 2010 et l’annonce par Auchan de son projet pharaonique, lors du débat public sur le réseau du Grand Paris Express, les consultations concernant cette nouvelle implantation se succèdent à un rythme d'enfer. Tout d’abord 2 ans de réunions de « concertation alibi » - dites « règlementaires » - organisées par l’Établissement Public d’Aménagement (EPA) Plaine de France qui se sont déroulées uniquement dans la ville de Gonesse (comme s’il s’agissait d’un équipement local, alors qu’il se revendique comme un atout du « Grand Paris – ville monde »), sans doute dans l’objectif d’éviter la procédure du débat public et de ne pas avoir à organiser une enquête publique préalable à la création de la Zone d’Aménagement Concerté (ZAC). Finalement le débat public a bien eu lieu, conduit pendant 4 mois par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) en 2016. Suivi en 2017 par un mois d'enquête publique sur le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de Gonesse (ici encore une procédure locale [8], pour un pôle d’envergure métropolitaine). Puis un mois ½ pour une nouvelle enquête préalable à la DUP (Déclaration d’Utilité Publique) de la ZAC du Triangle de Gonesse (janvier-février 2018), dont l'avis du commissaire-enquêteur a été repoussé à trois reprises, pour rendre finalement le 13 juillet un rapport favorable. Sans compter une autre enquête publique (du 23 avril au 24 mai dernier) portant sur la demande d’autorisation environnementale de la future ligne 17 Nord du métro automatique Le Bourget-Roissy, comprenant la gare "Triangle de Gonesse" [9]. Un dossier de plus de 1500 pages en A3, si volumineux et technique, que seule une dizaine de téméraires (dont notre Collectif !) s’est risquée à une réponse sur internet [10]. Et ce n’est pas fini : nous avons été saisis d’une nouvelle enquête publique qui s’est achevée le 11 juillet 2018… pour le centre de maintenance des lignes de métro 16 et 17, situé principalement à Aulnay-sous-Bois. Par ailleurs, dans le cadre de la première phase de l’élaboration de son Schéma de Cohérence Territorial (SCOT)[11], la Communauté d’agglomération Roissy-Pays de France (CARPF) organise actuellement des réunions publiques d’information. Une intercommunalité au périmètre fortement agrandi, adjoignant désormais 17 communes seine-et-marnaises aux deux anciens EPCI de l’est 95. Cet élargissement intempestif n’est pas sans nous faire craindre des ambitions de bétonnisation démultipliées : on est notamment en droit de s’inquiéter qu’une gare de métro implantée au Mesnil-Amelot (844 habitants en 2013) ne se traduise par un tartinage [12] généralisé au nord de celle-ci, mettant en grand danger ce bijou écologique qu’est la vallée de la Goëlle !!

Ainsi, nous parvenons aujourd’hui à une situation de « saturation dépassée » : nous sommes accablés par cette pléthore de gesticulations administratives successives dites de « concertation » extrêmement chronophages, ne réunissant jamais l’ensemble des acteurs concernés, dans la plus pure tradition française du "saucissonnage », condamné à maintes reprises par la Commission Européenne. Consistant à charcuter les dispositifs tout autant que notre patience, à restreindre le nombre de participants, dans le but inavoué de faire mieux avaler la potion indigeste d'un bétonnage généralisé du territoire, par petites gorgées successives, avec le moins de résistance possible.

Un entêtement sourd et aveugle

Pendant ce temps, la locomotive Auchan progresse coûte que coûte dans la poursuite de son objectif initial, tel que présenté sur le site de la CNDP en 2016, concédant quelques retouches de forme à la marge, mais négligeant toujours de répondre aux deux questions fondamentales citées plus haut. Et ceci malgré la multiplication des alertes incitant le maître d’ouvrage à modifier très significativement la teneur de son Grand Projet Inutile et Imposé (GPII) [13], voire à l’abandonner. En témoignent successivement : d’abord un rapport très critique émanant de l'Autorité Environnementale (mars 2016), ensuite un avis défavorable de la Commission Départementale de la préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF) du Val d’Oise (avril 2017). Puis en Août 2017, le commissaire chargé de l'enquête PLU remet à son tour un avis défavorable, jugeant les orientations :

« - incompatibles avec le pilier environnemental par ses impacts sur le changement climatique, la destruction de ressources et l'atteinte à la biodiversité ;

- modérément compatibles avec le pilier économique. En effet, la création d'emplois et de richesses annoncée est mise à mal par des études extérieures. Elle pourrait se faire au détriment des activités présentes sur les territoires voisins (…)

- peu convaincantes sur le pilier social. L'insertion envisagée n'est pas suffisamment argumentée et même remise en question. Les objectifs en matière d'emploi sont peu en phase avec le niveau de formation local. »

Enfin, le 6 mars 2018, le Tribunal administratif de Cergy - saisi par le groupement d’associations citées plus haut1 - prononce l’annulation de l’arrêté de ZAC pris par le Préfet du Val d’Oise. Le 4 mai, l’État fait appel, mais d’ici le jugement, la zone d’aménagement est bel et bien annulée… Ce qui n’a pas empêché depuis… le commissaire chargé de l’enquête-DUP de rendre lui-même en juillet un avis favorable !

Ainsi, à moins d’un an d’intervalle, deux enquêtes publiques concernant le même sujet ont abouti à deux positions différentes. Ceci n’est pas sans rappeler le rapport final de la CNDP, qui faisait état de deux visions du monde diamétralement opposées. D’un côté une conception issue du passé, reposant sur « une société attachée aux modes de vie urbains ou aspirant à y avoir accès, mais taraudée par le chômage, et pour laquelle seul un modèle plus classique de croissance et de développement économique permet d’apporter des solutions durables14 ». De l’autre, une conception tournée vers le futur, « une société qui s’affranchirait de la course à la consommation pour aller vers davantage de sobriété et s’engagerait vers une transition écologique et énergétique [14] … » A mettre en relation avec l’interview de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire sur l’antenne d’Europe 1, se positionnant clairement dans le débat : « C’est la folie des grandeurs du XXème siècle. C’est exactement ce que je ne veux plus demain. » [15].

Visiblement, cette deuxième perception, centrée sur l’avenir, semble attirer de plus en plus d’adeptes. Nous sommes loin de ces « groupuscules associatifs » tournés en dérision par M. Blazy, maire de la commune d’accueil, lors d’une manifestation le 28 septembre 2014 contre l’urbanisation du Triangle [16]. En témoigne lors de l’enquête PLU, la remise par le CPTG de deux pétitions d’opposants, l’une numérique de 1583 signatures (dont 933 validées) et l’autre sur papier de 1012 signatures, dont 370 gonessiens (à comparer à la pétition de la mairie de Gonesse avec 145 signatures, dont on ignore la proportion de gonessiens). Et en 2018, lors de l'enquête sur la DUP, les avis atteignent un nombre record, avec 3450 réponses [17] déposées sur internet, positionnées très largement en défaveur du projet (88% « Contre »), avec seulement 379 opinions favorables. Sans compter le dépôt d’une pétition numérique avec près de 2300 signatures exprimant leur refus. On trouvera ci-après un tableau effectué par l’un de nos militants, basé sur l’analyse des contributions faisant l’objet d’une rédaction personnelle des auteurs (1150 personnes), qui compare les points de vue des partisans et des opposants, selon différents critères (voir figure 2). Distinction qui n’a pas été effectuée par le commissaire-enquêteur, qui se contente d’une analyse des avis en deux pages sur un total de 192 ( !), alors qu’il s’étend longuement sur le point de vue de Grand Paris Aménagement sur des dizaines de pages. Sa mission était pourtant de faire remonter l’expression de la société civile, plutôt que la position de l’organisme aménageur, à la fois juge et partie.

Figure 2 © Franck Deboise, CPTG

Figure 2 © Franck Deboise, CPTG

Tandis que depuis quelque temps « les nuages s’amoncellent [18] » au-dessus d’Europacity, on pourrait supposer que la structure porteuse s’attache en priorité à répondre aux critiques, à prendre mieux en compte les souhaits exprimés, ou encore à mettre en œuvre les conditions de faisabilité réclamées dans les différentes enquêtes publiques. Dans le tableau ci-dessus, la colonne de droite indique que le premier argument arrivé largement en tête des avis favorables, avec 38 %, est le critère EMPLOI. C’est pourquoi on s’attendrait à ce que le directeur général M. Chang, qui claironne partout la décision inébranlable de poursuivre l’objectif, puisse le justifier en s’attelant en urgence à renforcer cette dimension majeure. Il n’en est rien : le thème semble frappé d’une étrange léthargie depuis 2016. Le maître d’ouvrage se contente d’adopter la rondeur rassurante d’un « 10 000 emplois » - un chiffre « brut » et non net - estimé à la louche par un expert nommé par la CNDP, estimant sans doute qu’un organisme public représente une garantie suffisante pour se dispenser de plus amples approfondissements. En ne daignant même pas procéder à la réactualisation de l’étude Emploi du cabinet Sémaphores effectuée pour le compte du groupe Auchan, avec ses chiffres hautement contestables de 2009 (qui auront seulement la bagatelle de 18 ans d’âge pour une ouverture désormais repoussée en 2027 ! [19] ). J’ai analysé en détail les nombreuses incohérences et lacunes de ce document au cours des chapitres précédents (2, 3 et 4). Mais nous reviendrons plus longuement sur cette impasse regrettable.

Un malentendu fâcheux

Malgré ces données aussi approximatives qu’obsolètes, la direction d’Europacity persiste à se focaliser sur l’amélioration du critère « image », qui ne venait pourtant qu’en deuxième position, loin derrière l’Emploi chez les internautes ayant formulé un avis favorable (17,7 % des « Pour », un supporter sur 6). De plus, il semble exister un malentendu savamment entretenu entre les protagonistes sur la signification du terme. D’un côté, les habitants expriment un sentiment d’abandon, se plaignent de la mauvaise réputation de leur lieu de résidence, notamment auprès des employeurs : ils évoquent non seulement le taux élevé du chômage, la pauvreté des populations, mais aussi leur éloignement des pôles majeurs de la métropole. C’est pourquoi ils rêvent de ce grand pôle de culture et de loisirs attractif qu'on leur fait miroiter et qui serait censé redorer radicalement le blason de leur territoire, à une vaste échelle qu’on pourrait apparenter au Grand Roissy (600 000 habitants). A l’inverse, la société porteuse se soucie peu de modifier l’image - au sens «réputation» du terme - d’une portion de banlieue qui se considère reléguée, mais se concentre sur l'amélioration de l'image du complexe lui-même - au sens «séduction» et «attractivité» du mot - et à l’échelle restreinte du Triangle de Gonesse, non pas à destination des populations locales, mais de millions de visiteurs potentiels, originaires du monde entier. D’où la décision pour le moins arbitraire d’effectuer en 2017 une reprise du plan-masse, une amélioration du concept d’aménagement interne et un embellissement de l’architecture. Autant d’actions nullement réclamées par les participants à la consultation, y compris ceux qui ont exprimé un avis favorable. Mais on leur fait croire que cette reconfiguration est effectuée à leur bénéfice, comme le déclare M. Chang : « EuropaCity sera une nouvelle destination touristique, unique au monde, mêlant comme nulle part ailleurs du loisir, de la culture, du sport et des commerces [20]. Une destination qui va accueillir plus de 30 millions de visiteurs et renforcer la place de Paris dans la compétition entre les villes mondes. C’est parce que ce projet a une ambition mondiale qu’il créé une ambition nouvelle pour un territoire qui, apparemment, n’a pas le droit d’en avoir… » [21] Lapsus révélateur : est-ce à dire qu’en dehors de l’ambition portée par les groupes Auchan-Wanda, les populations ne pourraient pas en souhaiter une autre, qui leur serait destinée, par exemple ?

Europacity, à son tour bientôt débaptisé ?

Qu’une multinationale ait une visée mondiale, nous n’en doutons absolument pas, mais en quoi cela démontre-t-il que ce méga-pôle de commerces et de loisirs soit « with citizens, for citizens » du nord-est francilien ? Car pour répondre aux préoccupations des habitants, l’implantation d’un grand équipement suffit-elle à valoriser l’image d’un territoire ? Qu’il nous soit permis d’en douter : dans le cas de Disney, la direction a rapidement troqué son titre d’EuroDisney pour Disneyland-Paris. Combien de visiteurs ont déjà entendu parler de la commune d’accueil de « Chessy » sur laquelle le parc de loisirs est localisé ? De même, il est clair que si jamais Europacity voyait le jour, les publicitaires chercheraient au maximum à mettre en avant sa proximité avec Paris. C’est d’ailleurs déjà le cas dans le choix de la présentation du projet sur internet, où les distances paraissent abolies, puisque l’implantation est positionnée soi-disant « entre Paris et Roissy », alors que la capitale se trouve à 15 kms de là et que le nord du Triangle se situe sur la commune de Roissy !

L’origine du titre viendrait de l’objectif initial de rassembler sur un même pôle les plus célèbres grands magasins des différentes capitales d'Europe : on souhaitait par exemple voir figurer Harrods aux côté des Galeries Lafayette. Mais rapidement cette première hypothèse a été abandonnée, car les centres commerciaux « classiques » ne font plus recette et les enseignes ont exprimé leur refus. En témoigne l’avis très négatif déposé lors de l’enquête publique sur la ZAC du Triangle de Gonesse, par l’Union du Grand Commerce de Centre-Ville (UCV) qui regroupe les Galeries Lafayette, le Printemps, le BHV, le Bon Marché et  Monoprix [22]. Pourtant le nom d’origine a été conservé, au grand regret d'un certain nombre de partisans qui souhaitent valoriser une attractivité emblématique, à l’échelle non pas européenne, mais « mondiale » : « Quelle idée de s’appeler Europacity ! Ils sont à Paris, l’une des marques les plus fortes au monde et ils choisissent de s’appeler Europacity ! Comme s’ils étaient en Haute-Marne ou en Bavière ! Dans une Ile-de-France où il y a plus de visiteurs internationaux que d’habitants » se désolait Jean-Pierre Blat, ancien Directeur Général du Comité Régional du Tourisme Paris Ile-de-France.

Des gains environnementaux fantaisistes, une destruction irrémédiable

Quant à l’image véhiculée par la conception architecturale, le promoteur a beaucoup misé sur le prestige de l’architecte danois Bjarke Ingels, fondateur de l’agence BIG (quoi de mieux qu’une agence nommée BIG pour un équipement XXL ?), architecte vedette mondialement célèbre (classé dans le Top 100 des personnalités les plus influentes de l’année 2016 selon le Times), lauréat de grands concours internationaux (la deuxième tour du World Trade Center – 2WTC - ; le siège social de Google) … Et une réputation de spécialiste de bâtiments à haute qualité environnementale, notamment avec la réalisation d’un grand centre d’incinération à Copenhague, considéré comme un modèle d’innovation et de développement durable. D’où la promesse d’un Europacity auto-suffisant en énergie, grâce à un système sophistiqué de compensation entre deux équipements phares : la production de froid de la piste de ski devant annuler les besoins de chaleur du lagon tropical. En réalité, cette fable a été assez rapidement démontée par nos experts : les besoins s’additionnent et l’ensemble représenterait la consommation énergétique d’une ville de 140  000 habitants [23], soit la taille de Clermont-Ferrand.

De même, il est affirmé avec aplomb qu’après avoir fait disparaître 80 ha de terres agricoles, il suffirait des récoltes des 7 ha de la « ferme urbaine » pour alimenter en produits frais (et bien entendu à label biologique) les convives des 20 000 m2 d’espaces de restauration… Tandis que nos adversaires répandent la rumeur que les terres actuelles du Triangle seraient irrémédiablement polluées, parce qu’occupées par des cultures traditionnelles de céréales, utilisatrices de pesticides : quand on veut tuer son chien on l’accuse de la rage ! La réalité est bien plus prosaïque : quand il n’y a pas de futur, il ne peut y avoir de projet ! Comment des agriculteurs frappés d’expropriation, cultivant un sol à titre provisoire pourraient-ils opérer une reconversion de leurs modes de production, avec une telle épée de Damoclès au-dessus de leur tête depuis 40 ans? Il suffit de 3 ans de mise au repos pour passer d’une agriculture conventionnelle au bio. Mais se lancer dans cette filière suppose un minimum de sécurité : disposer d’un temps suffisant pour supporter des années sans revenus et récolter ensuite sur la durée les bénéfices d’un tel investissement. Il s’agit donc d’un argument totalement fallacieux : des agriculteurs précaires n’ont pas de choix !

Reste une certitude : si ces terres sont bétonnées, leur destruction est irréversible. Rappelons que les pédologues estiment entre 18 000 et 20 000 ans le temps qu’il a fallu pour bonifier ces sols, d’une profondeur exceptionnelle qui retient l’eau et dispense d’arrosage (en moyenne, en France, un sol a une profondeur comprise entre 30 et 100 cm [24] ; ici par endroits, elle est de 6 mètres)… Si une grotte préhistorique avait été découverte sur le territoire, il aurait été interdit de l’urbaniser. Mais sous prétexte que c’est la nature qui a permis la lente constitution d’un tel patrimoine, il est considéré comme sans valeur. Car l’homme est d’une incroyable prétention : quand il n’est pas présent sur un lieu, il considère que l’espace est « vide ». En témoigne la visite sur les terres de Gonesse en novembre 2016 de M. Fromantin, chargé du projet d’Exposition Universelle heureusement abandonné, s’extasiant devant le spectacle de cette séduisante «page blanche» [25]! On est en droit de s’indigner qu’aujourd’hui en France - une nation qui a accueilli la COP 21 - cette richesse millénaire ne soit pas sanctuarisée au titre de « qualités agronomiques exceptionnelles » comme le réclame la politologue Alice Leroy [26].

Les terres agricoles en piégeant le carbone, en retenant l'eau, en constituant des îlots de fraîcheur dans un espace trop minéralisé permettent aux riverains de survivre. Non seulement elles approvisionnent l’espèce humaine, mais elles s’insèrent dans toute une chaîne alimentaire, végétale et animale. Il ne s’agit pas de n’importe quel territoire qu’il est possible de sacrifier sans remords : c’est la dernière « pénétrante » dans la zone agglomérée du nord-est de l’Ile-de-France (figure 3). Il n’y en a pas d’autres. On ne peut pas préserver un autre espace de nature de cette taille en banlieue nord.

Figure 3 © Source : Projet CARMA

Figure 3 © Source : Projet CARMA

Un visuel attractif, mais on a oublié la bande-son !

Fallait-il - dans un tel contexte – mettre autant de moyens techniques, financiers, pour modifier en hâte la composition architecturale d’Europacity ? Qu’il soit permis d’en douter au vu du nouvel aménagement proposé. Au départ, il s’agissait d’un « immense anneau de béton, d’acier et de verre, incliné vers le Bourget [27] », un vaste édifice clos, abritant sous une bulle différents équipements et activités, avec des toits végétalisés (certains ont même prétendu que leur biodiversité serait supérieure aux terres agricoles sacrifiées !) Une forme initiale à caractère extra-terrestre, qui avait fait l’objet de remarques moqueuses, relatées pour la première fois en septembre 2011 dans les Echos : « les opposants dénoncent (…) un complexe déconnecté de son environnement, une « soucoupe volante » dont les habitants des quartiers enclavés ne profiteront pas ». [28] De même, lors d’une émission sur France-Inter [29], l’architecte-urbaniste David Mangin avait vivement critiqué le caractère « introverti » - fermé sur lui-même - de cet ensemble compact. D’où la décision des promoteurs de reprendre le plan-masse, d’entreprendre un traitement cosmétique de rafraîchissement de l’image. Une véritable « fuite en avant ».

Car l’aménagement reconfiguré par BIG nous laisse rêveurs : finalisé à l’été 2017, le nouveau « plan directeur » consiste d’après la présentation sur internet du maître d’ouvrage à « faire évoluer la conception architecturale générale du projet, afin de renforcer son ouverture physique sur son environnement immédiat et d’améliorer ses accroches urbaines ». Pour effacer l’allure martienne initiale, il est validé une nouvelle forme éclatée en fragments, à ciel ouvert, avec des places et des rues organisées autour d’un noyau central constitué par un parc avec bassins et plantations (« de la taille du jardin des Tuileries » précise Thierry Lajoie [30]), comme un quartier de ville nouvelle. Bien que « la galerie circulante commerciale n’existe plus30 », constatons que la programmation n’a pas bougé, même si les surfaces commerciales (230 000 m2 auxquels il convient d’ajouter 20 000 m2 de restauration), sont désormais dispersées, elles représentent toujours la majorité du bâti [31].

A cet ensemble ont été adjoints en 2017, huit objets architecturaux intitulés pompeusement « bâtiments iconiques » disséminés dans l’espace (centre de congrès, salle de concert, cirque, hôtels, etc.), qui ont fait l’objet d’un concours international, dont les équipes gagnantes ont été présentées lors d’une exposition à Paris. Malgré la réputation des lauréats (« la fine fleur de l’architecture contemporaine » ironise Télérama [32]), constatons que la programmation de ces équipements a été effectuée sur une base hypothétique : nous ne disposons - cette fois encore - d’aucune étude de faisabilité sur l’existence d’une demande locale suffisante. Et ce n’est pas la poignée d’habitants triés sur le volet qui ont participé à un simulacre de « co-construction » qui peut remplacer une véritable étude de marché, basée notamment sur l’inventaire des équipements existants. A quoi bon la prouesse technique d’un mastodonte commercial et de loisirs qui ne correspondrait à aucun besoin des populations auxquelles il prétend être destiné ? (Le journaliste Pascal Priestley souligne ironiquement le prétendu «caractère presque philanthropique du projet » [33].) Exemple : quelle faisabilité d’un « centre culturel du 7ème art », à quelques encablures de la Cité du Cinéma de Luc Besson (Saint-Denis) qui peine à s’affirmer, dans une intercommunalité (Plaine Commune) dont le Contrat de Développement Territorial est dédié à « l’image » et validé comme « Territoire de la Culture et de la Création » ? Mais une sorte de “croyance magique” semble régner que l’offre engendrerait spontanément une demande… Comme s’il suffisait de plonger un animal dans l’eau pour qu’il lui pousse des nageoires !

Dans un dossier du Moniteur de 2015 à la louange d’Europacity [34], l’architecte-urbaniste François Leclercq affirme : « Il faut que ces projets d’aménagement franchissent les infrastructures, que la nature passe et créé un lien continu, il faut sortir d’une logique de plaques ». Ce dernier terme est ainsi défini par Franck Vallérugo : « une succession de projets sans lien entre eux mais très consommateurs d’espaces (aéroports, site industriel PSA, grands ensembles d’habitat populaire, zones pavillonnaires, terres agricoles interstitielles, parc d’exposition) [35] » qui rendent l’espace « illisible et difficilement praticable35 ». Or, force est de constater que le méga-pôle en question est bien conçu comme « une plaque » supplémentaire, posée sur le territoire. Car, dans le dossier d’enquête de DUP, nous constatons qu’apparaissent seulement les voiries du centre d’affaires, sans aucun raccordement avec les 80 ha du pôle, dont on attend toujours le schéma interne de rues, avenues transversales, places, etc. Par ailleurs, il n’y a pas non plus d’insertion de la ZAC dans l’environnement plus large, notamment avec l’autoroute A1 (échangeur ?) et au niveau du Boulevard Intercommunal du Parisis (BIP), nous cherchons vainement une stratégie de liaison entre le tronçon soi-disant « apaisé » traversant le Triangle à vitesse réduite et le tronçon à caractère autoroutier à l’ouest (que deviennent les camions ?)

Quant à l’« ouverture vers l’extérieur » du site, on peut s’interroger sur la pertinence d’un tel choix pour une zone aussi exposée à la pollution sonore d’un atterrissage ou d’un décollage d’avion toutes les 90 secondes. Pire encore, on prévoit un mouvement toutes les minutes, avec la mise en service en 2021 de la nouvelle aérogare T4 de Roissy-Charles de Gaulle, permettant d’accueillir 30 millions de passagers supplémentaires, venant s’ajouter aux 69,5 millions actuels (2017). Le Triangle de Gonesse, coincé entre deux aéroports, est interdit à l’habitat en raison de l’intensité du bruit du trafic aérien, auquel s’ajoutent les grondements de l’autoroute à grande circulation A1 [36] qui longe le territoire à l’est. Est-ce à dire que la pollution sonore très élevée (classée par les français en tête de toutes les nuisances) considérée comme insupportable pour des habitants, deviendrait miraculeusement soutenable pour des travailleurs ou des visiteurs ? On peut certes isoler les locaux, mais à condition d’y rester confinés, y compris en n’ouvrant pas les fenêtres, en ne sortant pas dehors. Alors comment comprendre les nombreuses activités de plein-air, vantées dans les images 3D sur le serveur du maître d’ouvrage (outre la ferme urbaine, des espaces de cueillette ou de promenade, des terrasses de cafés-restaurants, des allées pour piétons et cyclistes, des bancs pour s’asseoir, une balustrade pour admirer le point de vue sur la tour Eiffel - par temps clair, oublie-t-on de préciser ! -)

L’équipement-phare de BIG fait « flop »

Autre avatar : la réputation d’innovation et de développement soutenable de l’architecte star Bjarke Ingels a été sérieusement écornée en 2017, avec le fiasco du grand centre de traitement des déchets de Copenhague - soi-disant dernier cri – porté par l’agence BIG et qui menace faillite, après une mise en service de quelques mois. Intitulé « Amagger Bakke » (figure 4), il a été validé en 2010 par l’Agence de Traitement des déchets de l’agglomération, passant outre l’opposition de la ministre de l’environnement. Il devait fournir de l’électricité à 62 500 foyers et de l’eau chaude à 160 000 autres, tout en résolvant la délicate gestion des ordures ménagères de la capitale. Au départ, le concept semblait extrêmement innovant : un grand bâtiment en triangle, doté sur un côté d’un des plus hauts murs d’escalade du monde (80 m), des rampes en pente à l’air libre accueillant des pistes de ski, ainsi que des parcours végétalisés pour piétons et vélos et sur le toit un café panoramique et des plantations. Mais « l’image avant-gardiste de la construction se fissure [37] », l’incinérateur se révèle être un gouffre financier, avec « une facture d’un demi-milliard d’euros à la charge des contribuables37 » relate un récent article de Libération. En effet, l’équipement, pensé dans un autre contexte, se révèle aujourd’hui largement surdimensionné : le prix de l’électricité a baissé ; les habitants ont adopté un comportement plus vertueux que prévu, en pratiquant de substantielles réductions de leurs déchets à la source. Résultat : pour pouvoir fonctionner, l’usine doit importer (essentiellement du Royaume-Uni) 110 000 tonnes de déchets par an. Ce qui représente un surcoût financier et un gâchis écologique considérables. « Les ordures non triées des britanniques comportent beaucoup plus de matières plastiques et de composants chimiques que les déchets danois recyclés au préalable37 » venant aggraver la pollution générée par l’incinérateur, avec des conséquences catastrophiques pour l’environnement, notamment en mer Baltique. Un échec monstrueux qui compromet peut-être définitivement les efforts des danois pour atteindre l’objectif de « Copenhague, ville sans carbone en 2025 » !

Figure 4 © Agence BIG Ammagger Bakke, architecte : Bjarke Ingels

Figure 4 © Agence BIG Ammagger Bakke, architecte : Bjarke Ingels

On pourrait objecter qu’au Danemark, il s’agit d’un investissement public, à la différence d’Europacity, dont les groupes privés Auchan-Wanda supportent le risque financier. C’est oublier qu’un pôle prétendant attirer 31 millions de visiteurs ne peut voir le jour que s’il dispose d’une excellente desserte, ici grâce à une ligne de métro dotée d’une gare et un raccordement routier avec l’autoroute A1. Ce qui d’après les calculs du CPTG représenterait la modique somme… d’un milliard d’euros de fonds publics. Sans compter les réserves que l’on peut formuler sur les impacts très problématiques de flux importants (au moins 42 000 personnes/jour utilisant la voiture) raccordés à une autoroute saturée (200 000 véhicules/jour à hauteur de Blanc-Mesnil).

Faire une ville sans habitants ?

Pour conclure, comment peut-on prétendre agir « avec les citoyens, pour les citoyens » en urbanisant un territoire sans habitant ? Comment peut-on présenter le nouveau concept d’aménagement comme un « quartier », alors qu’il n’y a pas et qu’il ne peut y avoir de « Ville » ? Lors d’un débat organisé le 23 Mai 2018 par Mediapart [38] entre M. Lebon (directeur du développement d’Europacity) et Jean-Yves Souben, vice-président du CPTG, a eu lieu un échange assez vif entre les deux protagonistes. A M. Lebon qui évoquait une fois de plus la volonté de sa direction de faire une « ville », M. Souben rétorquait : «il ne peut y avoir de ville sans habitant ! » Réponse sidérante de son interlocuteur : « Dans les villes, il y a des cimetières : il n’y a pas d’habitant ! »

Bévue révélatrice de l’énorme inutilité de ce méga-complexe : les Auchan, Wanda et consorts auront beau s’échiner à faire « repeindre en vert » leur soucoupe volante, où même à la disperser « façon puzzle » à la manière des Tontons Flingueurs : EUROPACITY N’A PAS ET N’AURA PAS DE DESTINATAIRE. Ses promoteurs font croire que le but recherché est le bien-être, la réputation, l’emploi des populations locales. Lesquelles ? Le slogan « with citizens, for citizens » risque de revenir en pleine face de ses auteurs comme un boomerang. Avec les citoyens ? Pour les citoyens ?? Impossible !! Si un tel centre était destiné à fournir des loisirs, de la culture, des activités aux résidents du territoire, il serait construit en cœur de ville, là où sont les habitants !

Dans son excellent article paru dans TV5Monde, Pascal Priestley ironisait sur le caractère « presque » philanthropique du projet, à en croire la présentation faite par le maître d’ouvrage, qu’il résumait ainsi : « secourir un coin pourri de territoire désolé, œuvrer pour la France mais aussi pour la culture » ! Justement, pour éviter que le Triangle de Gonesse ne devienne un immense cimetière… Il faut à tout prix empêcher cet énorme GPII de s’y implanter ! Tel est le sens du cri d’alarme poussé par Marie Desplechin, écrivaine, qui dénonce « une croissance à l’ancienne, fondée sur le bétonnage des terres, le développement des aéroports, du transport routier, du tourisme de masse et de la consommation [39] »… Et qui s’insurge contre l’avis positif rendu par le dernier commissaire-enquêteur : « ce monsieur donne ses conclusions, alors que (…) il est désormais acquis que se succéderont, dans les années qui viennent, avec une violence croissante, les épisodes catastrophiques de chaleur et de sécheresse et les très grandes tempêtes39. »

A l’inverse, avec son projet agri-urbain [40], le Collectif CARMA vise à sauvegarder la vocation agricole de ces terres fertiles, dont la localisation est hostile à l’implantation humaine (et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elles n’ont pas été urbanisées !) mais dont par contre la qualité est particulièrement propice à l’accueil, au développement de toute cette vie qui, comme l’a très bien souligné Alice Leroy21, grouille sous la surface. Malheureusement, elle reste « invisible », donc niée par les professionnels et politiciens bétonneurs, dont l’autisme pousse à persévérer dans l'erreur et à minimiser la gravité de la crise écologique qui s’accélère. Je me souviens du geste respectueux de ce pédologue qui, saisissant d’une main délicate cette précieuse « terre du pays de France » s’émerveillait : « Dans une poignée comme celle-ci, il y a autant de micro-organismes vivants que d’hommes sur la planète !! »

Europacity, c’est comme Attila : là où le béton passe, l’herbe ne repousse plus ! Les promoteurs immobiliers ont beau rajouter des paillettes à leur « faux quartier » éclaté, à leurs « objets architecturaux » inanimés… impossible d’y faire pousser une âme. Il ne peut y avoir sur un tel site que des visiteurs de passage, dans une ville-fantôme désolée, comme un cimetière. Tandis que, sous nos pieds, « la vie est là, calme et tranquille » ... [41]

Europacity reconditionné ? … Une enveloppe vide.

Notes

[1] Ce regroupement - sous la bannière du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG) - comprend des associations nationales (France Nature Environnement qui fédère 3500 associations, Les Amis de la Confédération Paysanne) régionale (FNE Ile-de-France), départementales (Val-d’Oise Environnement, Mouvement National de Lutte pour l’Environnement 93) et locales (Vivre mieux à Aulnay-sous-Bois, AFCEL 95, association familiale de Gonesse).

[2] Par le Ministre de la Solidarité des Territoires et par Grand Paris Aménagement.

[3] Voir page 26 et suivantes, in Franck Vallérugo, Jean-Pierre Gonguet, Jean-Michel Guénod, « Europacity, l’aventure d’un projet », éditions de l’Aube, 2016. 

[4] Compte tenu de l’exceptionnelle qualité de ses terres et de la rareté de sa situation (la seule pénétrante dans la zone urbanisée du Nord-Est francilien), sa préservation devrait couvrir la totalité de la partie agricole.

[5] Comme Veolia, Vinci, Vivendi, Engie, Kering, Safran, Enedis, etc.

[6] Précisons toutefois que cette mutation structurelle ne va pas jusqu’à changer de dirigeant, qui reste Vianney MULLIEZ, neveu de Gérard MULLIEZ, fondateur de la dynastie Auchan.

[7] Daniel BICARD, « Immochan devient Ceetrus, développeur global d’immobilier », in LSA Commerce & Consommation, du 05/06/2018.

[8] Rendue possible par l’absence de SCOT. Voir note 10 sur son annulation rocambolesque.

[9] Voir le dossier https://www.enquetes-publiques.com/Enquetes_WEB/FR/CONSULTER-A.awp?P1=EP18121

[10] Voir site du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG) http://nonaeuropacity.com/wp-content/uploads/2018/05/Avis_CPTG_Ligne_17Nord_23.05.2018_VF.pdf

[11] Rappelons l’existence d’un ancien SCOT Est du Val-d’Oise (SIEVO), approuvé en 2006, mis en révision par une enquête publique en 2014, qui a fait l’objet d’un avis défavorable de la Commission d’enquête. Venant contredire les regrets exprimés par les élus, il n’aurait jamais pu être validé, car il oubliait les deux communes de Gonesse et Goussainville, soit la bagatelle de 59 000 habitants (ce qui n’a pas empêché la ville de Gonesse de voter le SCOT sans sourciller !...) Une édifiante histoire relatée dans la présentation de l’avis du CPTG : http://j-lorthiois.fr/wp-content/documents/pdf/scotsievo.pdf

[12] En langage d’urbaniste, urbanisation de faible densité qui s’étale comme du beurre sur une tartine.

[13] « Grand Projet Inutile et Imposé », voir dossier très complet sur le site de Reporterre.

[14] Compte-rendu du débat public, CNDP, page 88.

[15] Nicolas HULOT, in Europe 1, le 5 juillet 2018.

[16] Vidéo https://www.youtube.com/watch?v=2bozAwjNkXI

[17] Dont 3188 exploitables, d’après l’analyse effectuée par F. DEBOISE pour le CPTG. Voir les deux annexes de l’article de Pierre SASSIER, « rapport d’expert sur la DUP d’Europacity : une étude critique », blog de Mediapart du 26 Juillet 2018.

[18] Interview de Bernard LOUP, président du CPTG par Maïram GUISSÉ, in Le Parisien du 8 Juillet 2018.

[19] A cette échéance, les chiffres ne seraient pas seulement « anciens », mais devenus carrément blettes !

[20] Notons au passage que le loisir (100 000 m2 avec le sport) et la culture (50 000 m2) sont ici mis en avant, mais l’essentiel des surfaces (250 000 m2 - surfaces de restauration comprises -) sont consacrées au commerce !!

[21] Tribune « EuropaCity, sortir de l’hypocrisie et de la caricature », in Libération du 8 déc. 2017, en réponse à une pétition « Contre la folie EuropaCity, cultiver le bien commun » signée par 159 personnalités, in Libération, le 30 nov. 2017.

[22] Avis n° 3085 du 20 février 2018.

[23] Livre blanc « Europacity, le climat et la famille Mulliez », Collectif inCOPruptibles, nov.2017, www.inCOPruptibles.org

[24] Source : Groupement d’Intérêt Scientifique GISsol : https://www.gissol.fr/publications/rapport-sur-letat-des-sols-de-france-2-849

[25] Voir la vidéo de cette visite du 14 Novembre 2016 sur le site du Conseil Départemental 95 : http://www.triangledegonesse.valdoise.fr/actualite/434/1940-visite-du-triangle-de-gonesse.htm

[26] Cf. Tribune d’Alice LEROY, « Que pèsent les champs de la plaine de France face à des rêves de bâtisseur ? », in Le Monde, 26 juillet 2018.

[27] Pascal PRIESTLEY, « Europacity, le méga-projet urbain contesté qui embarrasse le pouvoir français », in TV5Monde, 12 Juillet 2018

[28] Catherine SABBAH, « Auchan a présenté son mégaprojet Europa City » in Les Echos, le 22/09/2011

[29] Emission « CO2 mon amour » sur France Inter, le Samedi 26 mars 2016.

[30] PDG de Grand Paris Aménagement, organisme aménageur de la ZAC. Interview cité dans l’article de Nathalie Moutarde, « Le nouvel Europacity, un quartier de ville au cœur du Triangle de Gonesse », in Le Moniteur, 27 septembre 2017.

[31] A comparer à 150 000 m2 d’espaces de loisirs et 50 000 m2 de culture.

[32] Luc LE CHATELIER « Les archis sauveront-ils Europacity ? », Télérama, 11 avril 2018.

[33] Op.cit. note n° 22.

[34] « Europacity, une destination de loisirs stratégique pour le Grand Paris », in Le Moniteur, 15 mars 2015.

[35] Op.cit. note n°3

[36] Avec 90 000 véhicules/jour à hauteur de Roissy et 200 000 de Blanc-Mesnil jusqu’à porte de Paris.

[37] Elena BLUM, « A Copenhague, l’incinération des déchets dans la tourmente » in Libération, 1er avril 2018.

[38] « Le mégaprojet Europacity en débat », Mediapart, le 23 Mai 2018.

[39] Invitée par BibliObs, « Europacity, c’est le projet tout entier qui débloque ! », le 30 Juillet 2018.

[40] CARMA: Coopération pour une Ambition agricole, Rurale et Métropolitaine d'Avenir. Voir site http://carmagonesse.com

[41] Verlaine, « Le ciel est par dessus les toits ».

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22 mai 2018 2 22 /05 /mai /2018 15:08

Greenpeace dévoile aujourd’hui 22 mai son classement de la mobilité dans treize grandes villes européennes. Classée septième sur treize, Paris a encore beaucoup d’efforts à faire pour réduire la place de la voiture, développer l’utilisation du vélo au quotidien et devenir plus respirable. Copenhague et Amsterdam, première et deuxième du classement, ont elles mis les besoins des piétons et des cyclistes au centre de leur planification urbaine, au profit de la qualité de l’air et de la sécurité. Lire aussi La Commission européenne attaquée sur la pollution de l’air renvoie la France devant la Cour de justice de l’Union européenne et « Les cobayes lancent l’alerte » : appel pour la marche « vérité et justice » pour la santé environnementale.

Paris, encore loin des villes européennes modèles pour la pollution de l’air et la mobilité

La pollution de l’air est la troisième cause de mortalité en France, derrière le tabac et l’alcool - selon une étude de Santé Publique France publiée en 2016, la pollution atmosphérique est responsable de 48 000 décès prématurés par an en France. L’omniprésence de la voiture dans les villes françaises est en grande partie responsable de cette catastrophe sanitaire. Le secteur des transports, plus gros émetteur de gaz à effet de serre en France, joue également un rôle majeur dans le changement climatique.

“Paris est toujours asphyxiée par la pollution de l’air car ses rues sont encore trop encombrées par les voitures. A l’image de Copenhague, Amsterdam ou Oslo, qui privilégient la santé de leurs habitants et l’environnement, Paris doit se montrer à la hauteur de ses ambitions et avancer très concrètement vers l’objectif qu’elle s’est fixé d’une ville libérée de la voiture individuelle”, observe Sarah Fayolle, chargée de campagne pour Greenpeace France.

Greenpeace a commandé ce rapport pour souligner la corrélation entre l’amélioration de la mobilité durable d’une part, et la qualité de l’air et la sécurité des cyclistes et des piétons d’autre part. Cinq catégories ont été sélectionnées – transport public, sécurité des cyclistes et des piétons, qualité de l’air, restrictions à l’usage de la voiture / incitations aux mobilités durables et mobilité active – pour un éclairage complet sur les effets positifs d’un transport urbain performant et les effets négatifs dans les situations ou le transport n’est pas suffisamment pris en compte. L’étude réalisée par l’Institut allemand Wuppertal combine 21 indicateurs pour comparer 12 capitales et une grande ville, dans 13 pays européens. Elle donne aux villes des critères de référence pour mesurer leurs performances et leurs progrès à l’aune de ceux d’autres villes.

Synthèse du rapport “Mobilité et pollution de l’air. Classement de 13 grandes villes européennes” à télécharger.

A Paris, seuls 3% des déplacements sont effectués en vélo, une proportion qui atteint 29% à Copenhague et même 32% à Amsterdam. Paris est plutôt positionnée en queue de peloton pour la sécurité de ses cyclistes. Des villes comme Amsterdam ou Copenhague montrent bien que sécurité et utilisation du vélo vont de pair : pour développer l’usage du vélo, il faut notamment des infrastructures cyclables sécurisées, séparées et respectées.

Sur la pollution de l’air, Paris est 12ème du classement, en cohérence avec le renvoi de la France et de 12 de ses grandes villes devant la Cour de justice de l’Union européenne pour non-respect des normes de qualité de l’air la semaine dernière. “C’est la santé des habitants de nos villes, en particulier des plus jeunes et des plus vulnérables, qui est en jeu ! Sans des décisions courageuses et des mesures fortes pour réduire la place des voitures en ville, la pollution de l’air continuera à rendre nos villes irrespirables”, estime Sarah Fayolle. Le rapport complet en anglais “Living. Moving. Breathing.” est disponible ici.

Paris, encore loin des villes européennes modèles pour la pollution de l’air et la mobilité
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17 mai 2018 4 17 /05 /mai /2018 11:24

C’est au bout du délai de 2 mois ouvrant la possibilité de faire appel du jugement du TA de Cergy-Pontoise du 6 mars 2018 annulant l’arrêté préfectoral de création de la ZAC, cf.  EuropaCity: la justice annule la création du mégacomplexe commercial au nord de Paris sur ce blog, vendredi 4 mai, qu'a été prise en catimini et au niveau interministériel la décision de faire appel. Retrouvons-nous pour la Fête sur le triangle de Gonesse, dimanche 27 mai pour dire NON à EuropaCity ! OUI au projet alternatif CARMA ! Cf. http://nonaeuropacity.com/.                         Lire aussi Contre la folie EuropaCity, cultiver le bien commun et Le projet EuropaCity jugé peu compatible avec l'environnement.

L'État fait appel de l'annulation de la ZAC de Gonesse - venez à la Fête des terres de Gonesse, le dimanche 27 mai

Pendant plusieurs jours les médias n'ont pas réussi à avoir confirmation de la décision, jusqu'au 9 mai au matin où sur France Bleu le ministère de la Cohésion des territoires (ministre Jacques Mézard) a assumé pour la première fois cette décision de faire appel : "Le gouvernement confirme l'intérêt de l'aménagement de la ZAC du Triangle de Gonesse". Puis le soir même à 17h47 il y a eu une brève de l'AFP. Voir notre Revue de presse des 9 et 10 mai.

Deux jours plus tôt, le 7 mai, Le Monde publiait un article intitulé "Macron : sur l’environnement, une parole forte, mais des gestes faibles". Cette décision de faire appel de l'annulation de la ZAC du Triangle de Gonesse est l'illustration que les actes ne suivent pas les belles déclarations d'intention.

Au moment où la question de l’agriculture urbaine est sur toutes les lèvres pour assurer l’approvisionnement en produits frais et de proximité d'une population de plus en plus urbaine, quel paradoxe de voir le Ministère de la Cohésion des territoires se faire le défenseur du projet le plus destructeur de cohésion qui soit apparu sur ce territoire. Faut-il rappeler ici que le projet rencontre l'opposition des principales communes limitrophes de Gonesse, de l'unanimité du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis et provoque la mobilisation de 600 commerçants de Gonesse et des environs, qui viennent de se constituer en Collectif des commerçants et des salariés en colère « Europasdutout » !

Alors que la toute nouvelle Agence francilienne de la biodiversité -à peine installée par la Présidente de Région, Valérie Pécresse, en présence des Préfets d'Île-de-France et de Paris- vient d'annoncer son opposition au projet EuropaCity, la décision interministérielle de faire appel du jugement du Tribunal administratif de Cergy-Pontoise confirme une nouvelle fois que le Ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, n’a pas pu, ou n’a pas su, faire prévaloir sa position  et celles des différentes autorités environnementales qui sont défavorables à l’urbanisation du triangle de Gonesse : le Ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, en charge du dossier du "Grand Paris" et plus largement le gouvernement Macron-Philippe ont manifestement sacrifié le droit et l’écologie pour satisfaire certains élus du Val d'Oise qui sont piégés depuis 10 ans, dans les filets des illusionnistes milliardaires Mulliez et Wanda, pour la création d’EuropaCity.

Or la preuve est faite aujourd'hui que quiconque se penche sérieusement sur le projet Europacity en constate l’absurdité et le caractère anachronique, alors que depuis un an le nouveau Président de la République multiplie les discours sur l’exemplarité climatique et tente de refonder toute la politique étrangère française autour du respect des engagements de la COP21 et de son « Make the planet great again ! » à l'adresse du Président des USA.

Heureusement cet appel de l'État n'est pas suspensif de la décision - prise le 6 mars par le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise - d'annuler la création par le préfet du Val d'Oise de la ZAC de 280 ha du Triangle de Gonesse. La décision de la cour d'appel ne sera pas connue avant plusieurs mois. En attendant cette échéance, l'ensemble de la ZAC (dont EuropaCity pour 80 ha) reste interdite et la légitimité demeure du côté des opposants.

L'appel du gouvernement contre une décision de justice ne peut qu'encourager tous ceux qui sont conscients de l'urgence de la lutte contre le réchauffement climatique et de la richesse que représentent les terres agricoles à proximité des villes, tous les défenseurs de la biodiversité et tous les amateurs de produits maraichers de proximité de venir nombreux participer à la Fête sur le triangle de Gonesse, le dimanche 27 mai pour dire NON à EuropaCity ! OUI au projet alternatif CARMA !

Le 27 mai nos amis cyclistes parisiens organisent un accompagnement à vélo vers la fête : départ 9h place de l'Insurrection à Vanves, 9h20 Place Denfert Rochereau (XIVème), 10h place de la bataille de Stalingrad  (XIXème).

Environ 20 km (1h30) depuis Stalingrad par le Canal St-Denis, le Parc de La Courneuve, Dugny, Bonneuil-en-France et Gonesse. Retour à Stalingrad vers 19h00. Pas d'inscription obligatoire : il suffit d'être aux rdv avec son vélo et sa bonne humeur.

L'État fait appel de l'annulation de la ZAC de Gonesse - venez à la Fête des terres de Gonesse, le dimanche 27 mai
L'État fait appel de l'annulation de la ZAC de Gonesse - venez à la Fête des terres de Gonesse, le dimanche 27 mai
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23 mars 2018 5 23 /03 /mars /2018 15:29

Labellisé Grand Paris, le projet de planter 1 300 hectares est défendu par les élus locaux afin de réhabiliter une plaine polluée sur laquelle des gens du voyage sont installés. Par Garance Feitama le 23 mars 2018 pour Le Monde.                                Lire aussi Les oiseaux des campagnes disparaissent à une vitesse vertigineuse, Sylvothérapie : « les bains de forêt » améliorent votre santé et Appel : bientôt il sera trop tard… Que faire à court et long terme ?.

Image de synthèse montrant le projet de création d’une forêt domaniale d’un million d’arbres sur 1 350 hectares, à cheval sur sept communes. LAND'ACT SMAP

Image de synthèse montrant le projet de création d’une forêt domaniale d’un million d’arbres sur 1 350 hectares, à cheval sur sept communes. LAND'ACT SMAP

« Regardez ! La plaine est devenue une véritable décharge à ciel ouvert. Chaque semaine, on retrouve au moins une voiture brûlée au milieu de ces parcelles », s’agace Bernard Tailly, le maire (divers droite) de Frépillon et président du syndicat mixte d’aménagement de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt (Smapp), dans le Val-d’Oise.

Au loin, des tas de gravats, des déchets plastiques et des matériaux de toutes sortes ont envahi cette verte plaine, située à 25 kilomètres de Paris, entre Cergy-Pontoise et la vallée de Montmorency. Au milieu de ce chaos, le maire a vu fleurir depuis vingt ans de nombreux camps de fortune, où sont installées différentes communautés des gens du voyage.

La décrépitude des lieux a incité les élus locaux à prendre la décision, il y a plus de quinze ans, de transformer cet espace de 1 350 hectares à cheval sur sept communes (Méry-sur-Oise, Frépillon, Bessancourt, Taverny, Herblay, Pierrelaye et Saint-Ouen-l’Aumône) en une forêt domaniale d’un million d’arbres. Parallèlement, d’ici à 2030, 6 000 à 10 000 logements seront construits à l’orée des bois. Esquissé au début de ce siècle par un syndicat intercommunal prédécesseur du Smapp, le projet d’aménagement de la plaine – dont le plan de financement, estimé à 85 millions d’euros, n’est pas entièrement bouclé –, fait l’objet d’une concertation publique jusqu’au 2 avril ; cette phase doit marquer le début des opérations.

Ceinture verte régionale

Sur le papier, le projet labellisé Grand Paris séduit. Des arbres à perte de vue, des clairières, un centre équestre au cœur de la forêt, 90 kilomètres de chemins de randonnée, des parcours pédagogiques d’observation de la faune et de la flore, ainsi que des espaces de loisirs sont prévus. Sur le site se dressent les vestiges du domaine de la Haute Borne ; la maison de maître de cette ancienne ferme modèle, qui employait une centaine d’ouvriers, est encore en bon état, mais les bâtiments attenants, les écuries et les étables en ruine sont désormais des squats. Présentée comme un élément du patrimoine local, l’imposante bâtisse pourrait être transformée en maison de chasse.

« L’objectif est de conserver cet espace naturel qui sépare deux zones urbanisées qui ne doivent pas se rejoindre : la ville nouvelle de Cergy-Pontoise et la vallée de Montmorency, qui s’étend jusqu’à la Seine-Saint-Denis », explique Bernard Tailly.

L’implantation d’une forêt sur la plaine à proximité de celles de Saint-Germain-en-Laye et de Montmorency, et du parc régional du Vexin, entre la Seine et l’Oise, formera une ceinture verte régionale, un véritable poumon en Ile-de-France. Il faudra cependant trente à cinquante ans avant que la forêt n’arrive à maturité.

Contamination aux métaux lourds

L’initiative avait reçu l’approbation de Nicolas Sarkozy quand il était président de la République. Lors d’une visite à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, en 2010, il avait évoqué la nécessité de trouver dans le département une compensation écologique aux nuisances aériennes générées par le trafic. « Cette idée a donné une impulsion au projet de Pierrelaye-Bessancourt », se souvient M. Tailly. Mais là n’est pas l’unique but de la future forêt.

L’histoire du site se noue au XIXe siècle. Il était alors boisé aux deux tiers, lorsque la Ville de Paris acquiert plusieurs hectares pour y déverser ses eaux usées. L’épandage de cet engrais va permettre de développer les activités maraîchères sur plus de 1 600 hectares de champs et relancer l’activité locale. Pendant un siècle, on y cultive des légumes, qui finiront par être officiellement déclarés impropres à la consommation crue.

« La pollution des sols par l’eau des égouts a conduit à interdire totalement les produits du maraîchage et des cultures à la consommation humaine en 2000 », rapporte le sénateur et maire de Saint-Ouen-l’Aumône, Alain Richard (La République en marche).

Restait l’alimentation animale, mais « les rendements agricoles avaient baissé du fait de la mauvaise qualité du sol, trop sableux. Cela a précipité la dégradation du territoire, devenu un dépôt sauvage occupé par des activités illégales », résume-t-il. Une étude réalisée en 2014 par la direction départementale des territoires souligne la contamination de la plaine aux métaux lourds.

Les expropriations débuteront en 2019

« Seul l’arbre résistera à l’urbanisation et à la pollution », soutient Bernard Tailly. Mais pas n’importe lesquels : il est prévu de planter des feuillus – ne dépassant pas 40 centimètres de haut au départ – tels que le tilleul, le chêne ou encore le marronnier, car ils peuvent résister à la haute acidité des sols. Nulle place pour des conifères car leurs aiguilles, une fois tombées, acidifient naturellement la terre. Et il sera interdit de cueillir les fruits, ramasser les champignons ou consommer le gibier.

En bordure des parcelles, des bouches d’alimentation témoignent d’un siècle d’irrigation intensive. La plaine regroupe environ 6 000 parcelles, appartenant à plus de 2 500 propriétaires dont une vingtaine d’agriculteurs. Tous devront céder la place. Les négociations sont en cours pour la cession de la totalité de leurs terres. Les expropriations débuteront en 2019 avec compensation financière.

Christelle Hilbert est agricultrice à la retraite, son exploitation est installée au sud de la plaine, à Herblay. Elle possède une cinquantaine d’hectares sur le périmètre de la forêt à venir. « Il n’y a plus d’avenir à Herblay pour les agriculteurs, constate la retraitée avec amertume. On cultive encore un petit peu de céréales sur ces terres, mais elles sont seulement destinées à la consommation animale. De plus, nos champs sont détruits par le passage des voitures et des caravanes. J’ai donc hâte de m’en séparer. »

Gens du voyage à reloger

Ce que Christelle Hilbert évoque, c’est l’installation de plus d’un millier de caravanes des gens du voyage sur l’aire concernée par le projet de réaménagement. Ces derniers vont eux aussi être évacués et expropriés. Les services sociaux sont censés reloger les familles les plus défavorisées.

A Bessancourt, une cinquantaine de gens du voyage ont élu domicile à la lisière de la future forêt, le long du chemin de la Chasse. Sony Scherrer est le porte-parole de cette communauté. Il est propriétaire d’une parcelle agricole, où il a installé sa caravane en 2003. « On est sur la sellette alors qu’on n’est pas dans le périmètre de la zone. Nous sommes seulement en bordure de cette forêt, explique le trentenaire dépité. La mairie de Bessancourt a évoqué des logements sociaux dans le centre-ville pour nous mais ça ne correspond pas à notre mode de vie. Ce projet est une excuse pour nous faire partir. »

Une forêt d’un million d’arbres va être créée dans le Val-d’Oise
Une forêt d’un million d’arbres va être créée dans le Val-d’Oise
Une forêt d’un million d’arbres va être créée dans le Val-d’Oise
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19 mars 2018 1 19 /03 /mars /2018 12:23

Triangle de gonesse En réponse aux autorités qui les ont sommés d’aller cultiver leurs légumes ailleurs, les opposants au projet EuropaCity, dans le Val-d’Oise, se sont armés hier de serfouettes et de houes pour semer de l’orge. D’après Alexandra Chaignon le lundi 19 Mars 2018 pour l'Humanité. Lire aussi EuropaCity: la justice annule la création du mégacomplexe commercial au nord de Paris, Contre la folie EuropaCity, cultiver le bien commun et Le projet EuropaCity jugé peu compatible avec l'environnement.

Hier, ils étaient une bonne cinquantaine à braver le froid pour retourner cette parcelle de terre et la préparer à de nouvelles plantations. Julien Jaulin/Hanslucas

Hier, ils étaient une bonne cinquantaine à braver le froid pour retourner cette parcelle de terre et la préparer à de nouvelles plantations. Julien Jaulin/Hanslucas

C’est au bout d’un chemin émaillé de nids de poule, après avoir longé un chantier de démolition puis un vieux hangar désaffecté bordé de détritus que se trouve la parcelle du Triangle de Gonesse cultivée par les Sauveteurs de terre, ces militants opposés à l’urbanisation de la zone et plus particulièrement au mégacomplexe de commerces EuropaCity. Hier, ils étaient une bonne cinquantaine, équipés de serfouettes et de houes, à braver le froid pour retourner une bande de terre située le long de la RD 170. Objectif du jour : semer de l’orge. « Ce n’est pas le temps idéal, ça risque d’être collant, prévient d’emblée Emmanuelle Bouffée, la jardinière en cheffe du Collectif pour le triangle de Gonesse (CPTG). Mais à la guerre comme à la guerre, ou plutôt à la paix comme à la paix », rigole la militante, jardinière-paysagiste de métier et habituée des « cultures militantes », tout en dispensant ses conseils à des volontaires parfois un peu perdus.

L’opposition au projet ne cesse de croître

Cela fait bientôt un an que les opposants à l’urbanisation du triangle cultivent cette parcelle de 3 000 m2 prêtée par un agriculteur, lequel en avait gardé l’usufruit après avoir été expulsé. Le prochain grand rassemblement festif est prévu pour la fin mai, mais le 9 mars dernier, l’Établissement public foncier d’Île-de-France (Epfif), propriétaire du lopin de terre, a fait parvenir un courrier au collectif, le sommant de quitter la parcelle. « Dans le droit rural, quand un agriculteur cultive un champ, il n’a pas le droit d’être expulsé. C’est pour ça qu’on se dépêche de semer », rétorque Emmanuelle Bouffée, rappelant qu’il y a déjà du « seigle, semé à la fin de l’automne, qui pousse ». « Ce courrier est une réponse au jugement du tribunal administratif de Cergy-Pontoise qui a annulé la création de la ZAC devant permettre l’urbanisation du triangle de Gonesse », analyse Bernard Loup, le président du CPTG. D’où cet appel en urgence à venir semer ce dimanche. « L’enjeu, ce n’est pas juste cette parcelle, elle est symbolique, c’est l’ensemble du triangle », poursuit le militant environnemental, qui note que l’opposition au projet ne cesse de croître à mesure que « les nuages s’amoncellent au-dessus d’EuropaCity ».

Vanessa, habitante de Gonesse, a découvert ce mouvement il y a trois ans, un peu par hasard. « En allant travailler, j’ai vu les banderoles “Non à EuropaCity”. Comme beaucoup d’habitants de Gonesse encore aujourd’hui, je n’étais au courant de rien. J’ai voulu savoir de quoi il s’agissait », raconte la jeune femme qui, depuis, mène la bataille. « Je veux défendre notre cadre de vie et je pense que les arguments avancés par les promoteurs du projet en matière d’emplois sont surestimés. Sans compter qu’on est face à une urgence alimentaire et écologique en Île-de-France. »

Un sentiment partagé par Tania Souben, présidente de l’Amap Le Bio-Mesnil, militante de la première heure. « Au Blanc-Mesnil, notre Amap compte 56 familles. Notre problème, c’est qu’on a une liste d’attente d’au moins 20 familles. On n’a pas assez de producteurs pour fournir autant de paniers. Le projet alternatif de culture maraîchère sur le triangle pourrait permettre de répondre à la demande. » Son mari, Jean-Yves Souben, élu d’opposition au Blanc-Mesnil, dénonce pour sa part la « spéculation foncière » du projet.

La présence d’un piquet jaune surmonté d’un autocollant « Non à l’aéroport », planté au milieu du champ, rappelle que la victoire est possible. « Ici aussi, c’est une ZAD, au sens où on défend une zone, mais sans faire de copier-coller. On essaie de faire preuve d’imagination. » « Je pense que l’expérience Notre-Dame-des-Landes (NDDL) a été inspiratrice pour beaucoup d’entre nous », analyse pour sa part Emmanuelle Bouffé. « Je suis allée plusieurs fois à Nantes, pour manifester ma désapprobation au projet d’aéroport, c’est cohérent que je sois ici aussi », explique Rabha, habitante de Louvres et membre du conseil d‘administration du CPTG, par ailleurs militante de la France insoumise, qui a fait siens des propos de Bertolt Brecht : « Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. »

Pour l’heure, les autorités préfectorales ont deux mois pour faire appel de l’annulation de la ZAC, que le tribunal a motivée pour des insuffisances de l’étude d’impact, notamment sur la qualité de l’air.

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13 mars 2018 2 13 /03 /mars /2018 12:06

Le tribunal administratif annulera-t-il l’attribution à Veolia d’une station d’épuration francilienne ? Plusieurs spécialistes français du traitement des eaux usées, dont une filiale de Veolia, auraient tenté d’écarter un concurrent italien. Deux ONG ont porté plainte pour favoritisme. D’après Franck Johannès pour Le Monde et Renaud Lecadre pour Libération le 13 mars 2018. Alors que La qualité de l’eau se dégrade encore en France, et qu'a été enregistrée Une victoire pour l'eau publique en Île-de-France, Le droit à l’eau doit devenir une priorité politique ...

Un tunnel de transport des eaux usées reliant Sèvres (Hauts-de-Seine) à Achères (Yvelines). Photo Baptiste FENOUIL. REA

Un tunnel de transport des eaux usées reliant Sèvres (Hauts-de-Seine) à Achères (Yvelines). Photo Baptiste FENOUIL. REA

Patrick Barbalat s’est efforcé de rester calme. C’était un peu la réunion de la dernière chance. Il l’avait remporté, ce marché, bon sang, trois ans de travail, de négociations, de courbettes, d’arrangements, on jouait quand même pour 341 millions d’euros. Et puis il y a eu ce petit Italien, sorti de nulle part, qui n’avait pas compris qu’on était dans la cour des grands et qui s’apprêtait à aller devant le tribunal pour faire annuler le marché. Patrick Barbalat se rendait bien compte qu’il ne l’avait pas suffisamment pris au sérieux, que les premières manœuvres d’approche étaient maladroites. Cette fois-ci, ce 4 mars 2015, il était en mesure de mettre une trentaine de millions sur la table pour que l’Italien renonce à son recours en justice. Personne ne résiste à ça. Sauf Marco Schiavio, qui a tout enregistré et porté plainte pour « entente illicite », « corruption » et « trafic d’influence ».

Pour bien comprendre cette histoire, il faut sans doute commencer par s’aventurer dans les coulisses des marchés de l’eau en région parisienne, un monde où tout paraît réglé comme du papier à musique. Le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne, le Siaap, lance des appels d’offres, et les principales sociétés du secteur l’emportent chacune leur tour, seules ou en association avec d’autres. Le Siaap, c’est le plus grand donneur d’ordres en France pour l’environnement, un budget de 1,3 milliard d’euros pour nettoyer les eaux usées de 9 millions d’habitants de quatre ­départements, dont Paris. Il est dirigé par 33 conseillers départementaux et présidé, depuis 2001, par un élu communiste, avec la bénédiction de la droite, qui l’avait, elle, dirigé les années précédentes.

Trois entreprises engrangent régulièrement des marchés : OTV, une filiale du groupe Veolia (l’ex-Générale des eaux), ­Degrémont (une filiale de Suez), et Stereau, du groupe Saur (le numéro 3 du secteur de l’eau). Ainsi en 2009, Degrémont a décroché un ­premier marché sur l’usine d’Achères (Yvelines) ; OTV, associée à Degrémont, en a obtenu un deuxième dans la même usine en 2010 ; OTV et Stereau l’ont emporté dans un troisième en 2016, ils avaient déjà décroché ­celui de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) en 2015, et la modernisation de l’usine de Valenton (Val-de-Marne) a été attribuée à Veolia en 2017… Des marchés colossaux, entre 300 et 700 millions d’euros chacun.

Patrick Barbalat est directeur général adjoint d’OTV, le bras armé de Veolia pour le traitement des eaux. Il sait bien comment tout cela fonctionne, et est aux petits soins avec les dirigeants du Siaap : le stand obligatoire à la Fête de L’Humanité, les pleines pages de publicité dans les petits journaux du Parti communiste français, et un solide budget « divertissements » pour égayer le code des marchés publics : il a reconnu en garde à vue, en mai 2017, disposer de 800 000 euros pour entretenir l’amitié, et a notamment offert un week-end de découverte des vignobles de Beaune en octobre 2011 au président et aux cadres du Siaap : une facture de 50 000 euros, selon l’Ebdo du 2 mars.

En 2012, un appel d’offres est lancé pour la refonte de l’usine de Clichy-la-Garenne (Hauts-de Seine) qui « prétraite » les eaux usées de la région et en déverse l’excédent dans la Seine. Patrick Barbalat s’inquiète un peu quand il apprend qu’un nouveau venu veut entrer dans le jeu : Marco Schiavio, un Milanais de 47 ans, patron de la société Passavant, spécialisée dans le traitement de l’eau depuis un demi-siècle. Voilà un moment que le marché parisien l’intéresse, mais sans grand succès jusque-là. Passavant a déjà tenté de monter un groupement d’entreprises en 2009, puis en 2010, pour répondre aux appels d’offres du Siaap, mais les entreprises françaises, d’abord intéressées, ont mystérieusement renoncé au dernier moment. Marco Schiavio revient à la charge à Clichy, avec une équipe franco-italienne cette fois, et compte bien monter une offre.

A quoi rime cet étrange rendez-vous ?

Son arrivée n’est pas une bonne nouvelle pour Patrick Barbalat d’OTV, ni pour l’un de ses partenaires, Stereau, du groupe Saur, qui préféreraient que le Milanais s’occupe des eaux sales de son pays. Une première phase d’approche pour l’écarter a lieu le 28 mars 2013. Le directeur général de Stereau invite Marco Schiavio à déjeuner au restaurant Le Standard, porte Maillot, à Paris. Les deux hommes se connaissent un peu. Stereau et Passavant, la société de Schiavio, avaient déjà essayé de monter un dossier commun à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), jusqu’au jour où Stereau avait cessé donner des nouvelles, pour finalement enlever seul le marché. Marco Schiavio avait peu apprécié, et le déjeuner est remarquablement froid. Le patron de Stereau se contente de lui demander s’il tient vraiment à candidater pour la refonte de l’usine de Clichy. Le Milanais répond que oui, et se demande à quoi rime cet étrange rendez-vous.

Deux personnes mises en cause répondent

Dans un entretien au « Monde », deux dirigeants d’une filiale de Veolia mis en cause par l’entreprise italienne Passavant nient toute tentative de corruption. Sans savoir que certaines conversations ont été enregistrées à leur insu.

Le deuxième épisode intervient le 14 janvier 2014, aux vœux du Siaap, passage obligé du petit monde de l’eau. Patrick Barbalat est présenté à Marco Schiavio par son compatriote Andrea Lasagni, de GLS, une société d’ingénierie qui fait partie du groupement Passavant. Lasagni a travaillé une bonne dizaine d’années chez Veolia, et Patrick Barbalat, qui le connaît bien, en profite pour demander à Marco Schiavio s’il peut venir le voir à son hôtel le lendemain matin, à 7 h 30. L’Italien s’étonne mais n’a pas de raison de refuser.

A l’heure dite, le patron d’OTV passe à l’hôtel en coup de vent. Andrea Lasagni est présent, lui aussi. « M. Barbalat m’a dit que beaucoup de temps avait été perdu, explique Marco Schiavio, puisque la date limite de dépôt des offres pour Clichy était moins d’un mois plus tard. Il a dit que le représentant de Stereau n’avait pas fait le boulot et m’a demandé d’augmenter mon offre de 100 millions d’euros en échange d’un million d’euros. Ça n’a pas duré plus de trois minutes. »

Estomaqué, le Milanais ne répond pas. Mais la manœuvre lui paraît claire : son offre est si basse, 110 millions d’euros de moins que celle d’OTV, qu’il a toutes les chances de l’emporter. En l’augmentant d’un coup de manière artificielle – moyennant une jolie enveloppe –, il devient trop cher et le Siaap peut attribuer en toute tranquillité l’usine de Clichy à la filiale de Veolia. Les mois suivants, le marché est finalement déclaré infructueux, et chaque groupement doit retravailler son offre. Mais Marco Schiavio commence à se dire que la compétition est truquée. C’est à ce moment-là qu’il décide de s’acheter un stylo enregistreur – on en trouve à moins de 15 euros.

Un stylo enregistreur lors de l’entretien

Il ne l’a pas avec lui lors d’un troisième et curieux épisode, le 2 avril 2014, lors d’un rendez-vous organisé à Lens (Pas-de-Calais), chez un cabinet conseil. Il y a là un certain « Monsieur Pascal » que Marco Schiavio a certes déjà croisé, mais, espion novice, dont il ne ­connaît ni le nom ni la fonction. Ce « Monsieur Pascal » lui explique que Jacques Olivier, le directeur général du Siaap, est « très nerveux » à l’idée que Stereau et OTV aient laissé sa société déposer une offre – « Il a montré sa gorge, avec un geste de la main », indique Marco Schiavio – en clair, « il avait les boules ». « Il m’a dit qu’il connaissait parfaitement le système, et qu’il était sûrement possible de trouver une compensation. » L’Italien répond qu’il n’est pas intéressé. On en reste là.

Le stylo enregistreur trouve enfin son utilité le 4 mars 2015. Cette fois, Patrick Barbalat demande à Andrea Lasagni (GLS) de faire venir Marco Schiavio à l’Hôtel Méridien, porte Maillot, où il a ses habitudes. Le patron d’OTV est en position de force : son groupement vient de remporter le fameux marché de Clichy avec une offre superbe – bien qu’un peu chère : 341 millions d’euros. Degrémont, avec 371 millions, n’est pas dans la course, mais Passavant, avec 270 millions, est écartée, et Marco Schiavio ne l’admet pas. Son offre est plus basse de 71 millions que celle de Veolia, et le Siaap n’est-il pas censé ménager les deniers publics ? Le Syndicat explique qu’il n’attribue naturellement pas les marchés à l’offre la moins chère (le moins-disant), mais à la plus complète et la plus sûre (au mieux-disant), avec un système de notation complexe sur les solutions techniques proposées.

Un système complexe, mais contestable. Patrick Barbalat sait que Passavant va contester l’attribution du marché devant le tribunal administratif. Or l’annulation ou un report serait à coup sûr une catastrophe, et OTV n’a que quelques jours pour convaincre le Milanais de renoncer à son recours.

« Ça foutrait un bordel pas possible »

Patrick Barbalat arrive au Méridien avec l’un de ses proches, Didier Le Tallec, alors patron opérationnel d’OTV, qui gère les grands projets de l’Europe de l’Est à la région parisienne. En face, ils sont trois. Les trois perdants du groupement Passavant : Marco Schiavio (le mandataire et chef d’équipe), Andrea Lasagni (GLS), et Alessandro Chemise, de Tecnimont, une société de génie civil italienne. Il est un peu plus de 10 heures du matin. On confisque les téléphones pour garantir une complète confidentialité ; on prend un café, un thé citron. Le duo Barbalat-Le Tallec avance à pas prudents ; Marco Schiavio a sorti négligemment son stylo enregistreur, et laisse venir.

« Nous déjà, bien évidemment, on n’aimerait pas que vous fassiez un recours sur Clichy, attaque Le Tallec. C’est évident, parce que ça foutrait un bordel pas possible, ça nous mettrait dans une situation difficile, même globalement nos entreprises, je dirais, de l’eau française… Donc on est prêt à discuter, justement pour éviter ça. » Il admet que Passavant « a mis énormément d’investissement dans Clichy, beaucoup de temps, beaucoup d’argent, beaucoup de développement ». Et il propose « qu’en tout cas, que tout ça pour vous soit une ardoise qui soit effacée, que cette opération au minimum ne vous ait rien coûté ». C’est clair : Passavant renonce à aller au tribunal, on lui trouve en échange une aimable compensation. Andrea Lasagni le dit sans détour : « Il faudra à un moment donné faire marchand de tapis. »

Didier Le Tallec essaie d’abord de s’en tirer à moins de 10 millions d’euros, et propose à Alessandro Chemise, de Tecnimont, dont c’est le métier, de lui garantir un chiffre d’affaires d’études d’ingénierie. Qui serait prélevé sur un autre marché, et réglé par Eiffage, le grand groupe de travaux publics. « Ils s’engagent à faire en sorte de faire travailler ta boîte sur le projet, assure Didier Le Tallec, à définir le montant, Eiffage, je te parle du groupe Eiffage qui le fait. » « Et pas Bouygues ? » demande Chemise. « Pour Eiffage, y a pas de problème, poursuit Didier Le Tallec, pour Bouygues, je peux pas te dire aujourd’hui. Je ne pourrais pas comprendre que Bouygues ne suive pas, en tout cas, on s’assurera que des gens puissent leur dire qu’il faut qu’ils arrêtent leurs conneries, il faut qu’ils fassent un effort. »

Entente entre géants de l’eau et du BTP

La conversation en dit long sur les mœurs du métier : un géant de l’eau décroche un marché, il en confie les travaux à un groupe de BTP, qui en échange doit en régler les petits arrangements s’il veut continuer à travailler. Pour Clichy, Eiffage a bien compris, et le groupe est même prêt à aller à Milan en discuter avec le groupement Passavant. « Eiffage, c’est bon, on a vu le patron », confirme Patrick Barbalat. Il s’agit de Philippe Seitz, le directeur général d’Eiffage génie civil - qui n’a pas souhaité répondre aux questions du Monde. A quelle hauteur ? « Vous avez déjà une idée, hein ? » dit Marco Schiavio. « Moi j’ai une idée en tout cas sur la partie génie civil, entre 5 et 10 millions, répond Didier Le Tallec, c’est ce que je veux essayer de faire admettre, je veux dire, est-ce que ce sera oui, je ne sais pas jusqu’où ils iront, jusqu’où ils accepteront. »

Voilà de quoi attendrir Tecnimont, dont les études techniques constituent le cœur du métier. Reste Passavant. « Parce qu’il y a trois phases, dans notre proposition, reprend Patrick Barbalat. La première phase, je le répète, Didier dit, On sait que ça coûte de l’argent, beaucoup d’argent ces études, je dis on est prêt en gros à effacer la dette, on voit à peu près ce que ça coûte un. Deux : on reprend, en gros, voire même en détail les montants d’études de 5 à 10 millions d’euros, mais qui restent à négocier avec nos partenaires génie civil. Trois, pour notre famille, pour la partie génie épuratoire, Didier a aussi des propositions à faire. »

Effectivement. « On est dans la même logique du remboursement, insiste Didier Le Tallec. Est-ce que ça vous intéresse de vous joindre à moi, de faire des affaires à l’export, et on continue jusqu’à ce que vous ayez un chiffre d’affaires… » Il lui propose de lui sous-traiter un lot dans un autre marché Veolia, que ce soit au Bangladesh, au Qatar, en Colombie ou en Slovénie. « Je tourne vers l’export, parce que pour moi c’est plus compliqué de, de… La France, c’est pas raisonnable », convient Le Tallec. Parce que plus visible. Il propose donc, sur les appels d’offres que Veolia a gagnés, d’en rétrocéder une partie à Passavant. Sans appel d’offres, sans complications bureaucratiques, avec une façade légale et une marge conséquente. « C’est facile à faire sur une grosse opération », explique Didier Le Tallec. « Même pour les raisons de sécurité », ­confirme Patrick Barbalat. « C’est pas la première fois que j’arrive à placer des gens plus chers que d’autres, hein », conclut Didier Le Tallec.

Un bon chiffre d’affaires sur plusieurs années

Marco Schiavio lui demande quels montants il a en tête. Il ne s’agit pas de glisser une enveloppe sous la table, mais de garantir un bon chiffre d’affaires sur plusieurs années. En Slovénie par exemple, Veolia a construit une usine d’épuration pour 20 millions d’euros près de Ljubljana. « Ça coûte pas 20 millions d’euros, estime Didier Le Tallec. Ça coûte 16 millions d’euros, donc euh, Ljubljana par exemple, ce serait 5 millions [pour vous], un truc comme ça. Cinq ou sept millions. » Patrick Barbalat, pour emporter la décision, va jusqu’à 25 millions. « Parce que 25 qui rentrent, ça te fait deux années de chiffres d’affaires », dit-il à Marco Schiavio. Il ne s’agit évidemment plus de « remboursement » des frais engagés pour répondre à l’appel d’offres de Clichy, et l’Italien a bien compris : 25 millions de chiffre d’affaires garantis, plus 8 à 10 millions d’études, c’est ce qu’il peut encaisser pour renoncer au tribunal.

Marco Schiavio demande à réfléchir. Il promet d’en parler aux autres membres du groupement, à Milan. Il est quand même sidéré par les mœurs françaises, et les liens troubles avec les élus qui attribuent les marchés. « Je suis étonné de voir comment le monde politique pense avoir la capacité de couvrir le problème, dit-il. En Italie, c’est impossible. Moi je travaille en France depuis dix années, j’ai vu des choses absurdes. Absurdes… » « Oui, mais si tu veux, répond Patrick Barbalat, tu as les deux plus grands groupes mondiaux, mondiaux, en construction, qui sont français… »« Parce que vous avez le monde politique qui est avec vous », insiste Marco Schiavio. « C’est pas qu’il soit avec nous, mais enfin, bon, euh, explique Patrick Barbalat, on leur propose depuis soixante ans des technologies… Tu prends le Siaap, on a travaillé ensemble à développer des procédés, recherche et développement… Il y a aussi, avec monsieur le ministre, des choses comme ça… »

On se sépare bons amis. Six jours plus tard, le 10 mars 2015, on se retrouve au Méridien avec les patrons italiens de Tecnimont. Patrick Barbalat confirme son offre, en échange d’un renoncement à la procédure. Mais après avoir, non sans mal, obtenu du Siaap une partie des documents sur l’appel d’offres perdu, Passavant saisit le tribunal administratif en référé dès le lendemain. Veolia s’inquiétait pourtant à tort : la requête des Italiens est rejetée le 1er avril 2015. Le 21 juin suivant, ils demandent au tribunal l’annulation du marché. L’affaire est en cours.

Marco Schiavio a également porté plainte au pénal le 12 janvier dernier pour « entente illicite, corruption active, trafic d’influence et toute infraction que l’enquête mettrait à jour en relation avec les marchés publics passés par le Siaap ». Le Parquet national financier (PNF) a ordonné une enquête préliminaire, qui prendra quelques mois. « Cette affaire met en lumière la fermeture des marchés, les ententes entre groupes industriels, qui conduisent à augmenter le prix de l’eau pour les consommateurs, analyse Me Pierre-Alexandre Kopp, l’avocat de l’entrepreneur milanais. Et si les faits étaient avérés, il y aurait bien ici la preuve d’une volonté de payer quelqu’un pour qu’il retire sa plainte. »

Un recours administratif du préfet d’Île-de-France

En septembre, le Siaap confiait à Veolia la gestion de sa station d’épuration de Valenton, sur la Seine, en amont de Paris. Cette société possédait déjà l’exploitation de l’autre principale usine située en aval, à Achères. Suez, concurrent éconduit, a légitimement contesté la décision (1) : il était 10 % moins cher que son concurrent (sur un marché de 400 millions d’euros), le Siapp ayant plus ou moins pondéré un critère de gouvernance pour estimer que le mieux-disant financier (Suez) ne serait pas forcément le mieux-disant tout court (Veolia).

Plus surprenant, le préfet d’Ile-de-France, Michel Cadot, avait illico contesté cette décision. Non content d’avoir obtenu en décembre la suspension du contrat, il en réclame depuis l’annulation pure et simple - la justice administrative devant rendre sa décision ce mardi. Qu’un très haut fonctionnaire se mêle d’une bagarre proverbiale entre marchands d’eaux (toujours les mêmes, Veolia et Suez, les Dupont et Dupond du secteur, la Saur osant ponctuellement marcher sur leurs plates-bandes) est rarissime.

Deux ONG ont porté plainte au pénal

Son recours administratif est strictement technique. Néanmoins, deux ONG (l’Association pour un contrat mondial de l’eau et le Front républicain d’intervention contre la corruption), toutes deux animées par un ex-syndicaliste de Veolia, Jean-Luc Touly, en ont donné une traduction pénale dans le cadre d’une plainte pour favoritisme déposée la semaine dernière. « Le financement de la vie politique par les marchés publics n’intéresse pas forcément les usagers de l’eau, mais ça suffit », s’indigne Touly. Ce genre de propos pourrait lui valoir une nouvelle plainte en diffamation (il en a l’habitude). Sauf que le marché du Siaap se prête particulièrement à une telle interprétation…

Ce syndicat interdépartemental reste un bastion communiste, alors que ces derniers ne cessent de reculer aux élections locales en région parisienne. Et Veolia est un « compagnon de route » historique du PCF, sponsor historique de la Fête de L’Huma. Dans un récent livre (Plongée en eaux troubles, éditions Michalon), le journaliste Thierry Gadault pointait le « double langage permanent du parti », défenseur officiel des divers services publics, mais partisan de leurs délégations au privé, de préférence à Veolia, dès qu’il est aux manettes de collectivités locales. Au point de susciter l’indignation de la CGT du Siaap, dont la direction militait pour une gestion privée du traitement des eaux usées, ses salariés préférant d’évidence une gestion publique. Dans une note consultée par Libé, les cégétistes s’insurgent : « Il faudrait 246 fonctionnaires pour faire le travail de 155 agents du privé ??? De qui se moque-t-on ? »

Le partage des eaux ne concerne pas que les communistes, qui cogèrent la question en parfaite harmonie avec la droite francilienne, via André Santini, maire UDI d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et inamovible président du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif) depuis un quart de siècle. Premier syndicat intercommunal de France (144 communes), le Sedif règne sur la distribution d’eau, délaissant son traitement aux communistes. Le tout pour le plus grand bénéfice de Veolia. En 2015, après une ultime déroute aux élections locales, un coup de pouce conjoint d’André Santini et Anne Hidalgo, la maire de Paris, a permis au PCF de conserver cet ultime bastion. A l’époque, seul Patrick Devedjian, le président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, osera contester ce nouveau Yalta.

Depuis, la maire de Paris qui, sous la mandature Bertrand Delanoë, avait remunicipalisé sa distribution d’eau (mais pas son assainissement, sous gestion interdépartementale) semble ménager la chèvre et le chou. En mode pédale douce, un de ses adjoints en charge de l’eau, Mao Peninou, vient tout juste de se résoudre à un article 40, qui fait obligation à tout dépositaire d’une parcelle d’autorité publique de dénoncer au parquet un éventuel fait délictueux. Et encore, selon Marianne, ce n’est qu’après un récent coup de fil d’un confrère de France Télévisions qu’il s’y serait résolu… « Hidalgo a œuvré en 2015 à la reconduction d’un système qui était déjà en pleine tempête judiciaire, sa posture de chevalier blanc ne va pas être tenable très longtemps », résume Marc Laimé, fin connaisseur du secteur via son blog «Les Eaux glacées du calcul égoïste».

Car les affaires du Siaap ne datent pas d’aujourd’hui, la justice pénale étant déjà saisie de précédents marchés suspects, toujours pour ses usines d’assainissement. Le Canard enchaîné, et plus récemment Ebdo, ont déjà détaillé les faveurs de Veolia pour des élus franciliens : voyages à l’étranger, matchs de rugby, visites de vignobles…

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12 mars 2018 1 12 /03 /mars /2018 14:39

Nous vous l’annoncions le 20 février dans Le droit à l’eau doit devenir une priorité politique : Notez aussi, pour amplifier cette "victoire pour l'eau publique", la création d'un Collectif Eau Publique Les Lilas, qui peut être joint à collectifeaupubliqueleslilas@mail.fr, ou en laissant un message sur ce blog.

Dans la continuité d’un débat sur une régie publique de l’eau pour les habitants d’Est Ensemble, tenu en 2010, puis en 2012, et à chaque fois perdu contre la délégation de notre service public de l’eau à Véolia comme depuis une centaine d’années… voir Une victoire pour l'eau publique en Île-de-France, dans un contexte mondial Sécheresse, surexploitation : le monde a soif...

Le collectif Eau publique des Lilas invite au dialogue le 21 mars

Intérêts privés ou gestion publique ?

Ici, l'eau est gérée par VEOLIA, une multinationale dont le seul vrai métier est de rapporter de l'argent à ses actionnaires. A Paris, à l'inverse, c'est une entreprise 100% publique qui produit et distribue l'eau à tous les usagers et qui doit donc être juste en équilibre budgétaire (les gains couvrent les coûts). Il existe une opportunité de faire aux Lilas comme à Paris. Mais pour cela, nous devons nous mobiliser au plus vite, informer et faire partager cette exigence.

Pour quelle qualité ?

Notre eau, celle de VEOLIA, provient à 100% des eaux de surface, les plus polluées. Elle est décantée avec des sels d'aluminium, fortement soupçonnés d'être une des causes de la maladie d'Alzheimer. Les toxicologues recommandent de l'éviter au maximum. Elle contient aussi des résidus de pesticides de l’agriculture intensive francilienne. L'eau de Paris est à plus de 50% produite à partir d'eaux souterraines, moins polluées., elle est décantée avec du chlorure de fer, inoffensif. Aux Lilas comme à Paris, nous voulons une eau de qualité.

Égalité ?

VEOLIA a été condamnée 9 fois pour des coupures d'eau ou des réductions de débit. Le 93 est un des départements où il y a le plus de coupures. Or l'accès à l'eau doit être garanti.

Que faire ?

Grâce à la mobilisation citoyenne, nos élus ont voté pour ne pas ré-adhérer au SEDIF, lié à VEOLIA et qui gère l'eau dans une logique financière, et pour préparer le passage en régie publique mais cela ne se fera pas sans la vigilance, l'information, la mobilisation et la participation des habitants.

Nous ne disposons que de deux ans pour changer de système. D'autres villes d’ Est-Ensemble sont déjà engagées dans l'action à cette fin. Des études sont en cours, et nous voulons que les citoyen-ne-s y soient associé-e-s.

 

Le Collectif eau publique des Lilas dialogue avec la Coordination IdF et Eau de Paris le 21 mars

Réunion publique le 21 mars 2018 à 19h30,                                                              Salle des Commissions, Mairie des Lilas (entrée parking derrière la mairie)

avec 

Jean-Claude Oliva, directeur de la Coordination Eau Île-de-France

Jérôme Gleizes, administrateur de Eau de Paris,                           

et la participation de Daniel Guiraud, Maire des Lilas,

                                     Conseiller communautaire d’Est Ensemble.

Collectif « Eau Publique Les Lilas »

Nous vous invitons à nous rejoindre en écrivant à l'adresse collectifeaupubliqueleslilas@mail.fr.

 

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8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 12:16

Le projet prévoyait d’implanter d’ici à 2024 un parc d’activités à vocation touristique et culturelle sur 80 hectares de terres encore agricoles du Val-d’Oise. D’après Grégoire Allix et Rémi Barroux le 7 mars 2018 pour Le Monde. Une victoire au tribunal administratif saisi par le collectif d'associations de défense de l'environnement auquel EELV a beaucoup contribué ! Lire aussi, entre autre, Contre la folie EuropaCity, cultiver le bien commun et Le projet EuropaCity jugé peu compatible avec l'environnement.

Image de synthèse du projet de complexe touristique et commercial Europacity, dévoilée par la société Alliages et Territoires, le 27 septembre 2017. HANDOUT / AFP

Image de synthèse du projet de complexe touristique et commercial Europacity, dévoilée par la société Alliages et Territoires, le 27 septembre 2017. HANDOUT / AFP

Nouvel obstacle en travers de l’urbanisation du Triangle de Gonesse, ce territoire agricole du Val-d’Oise coincé entre les aéroports du Bourget et de Roissy, à 15 kilomètres au nord de Paris. Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, saisi par plusieurs associations de défense de l’environnement, a annulé, mardi 6 mars, l’arrêté préfectoral créant la zone d’aménagement concerté (ZAC), étape préalable à toute construction.

Sur 280 hectares, cette parcelle, devenue un symbole de la lutte pour la préservation des terres agricoles, doit couler dans le béton une gare du Grand Paris Express, un centre d’affaires de 800 000 m2 de bureaux… et les 80 hectares du mégacomplexe de loisirs et de commerces EuropaCity, qui concentre les oppositions avec sa piste de ski indoor, son parc aquatique, ses salles de spectacle, ses hôtels de luxe et ses 230 000 m2 de boutiques.

Etudes « très insuffisantes »

Le tribunal a estimé que l’étude d’impact présentée au printemps 2016 lors de l’enquête publique sur la création de la ZAC comportait d’importantes lacunes, notamment en matière d’environnement et d’émissions de CO2. Des lacunes « de nature à nuire à l’information complète de la population et à exercer une influence sur la décision de l’autorité administrative ».

Des associations de commerçants aux élus écologistes, MoDem ou Front de gauche de la région, cette annonce a réjoui les opposants. « On a voulu nous prendre de vitesse avec cet arrêté préfectoral, mais les porteurs du projet se sont pris à leur propre piège. Cette décision de justice nous donne l’espoir d’empêcher l’urbanisation de cette zone agricole. Après l’avis défavorable de l’autorité environnementale, ce n’est pas une surprise totale », estime Bernard Loup, président du Collectif pour le Triangle de Gonesse, qui défend la transformation de ces champs céréaliers de culture intensive en zone de maraîchage.

Créer 10 000 emplois

Pour autant, les opposants savent que leur victoire est provisoire. L’enquête publique sur l’aménagement de la ZAC s’est achevée le 21 février, et l’avis du commissaire enquêteur sur la déclaration d’utilité publique est attendu fin mars. D’ici là, le préfet du Val-d’Oise devra décider de faire appel ou non de la décision du tribunal. L’établissement public chargé d’aménager la zone pour le compte de l’Etat, Grand Paris Aménagement, va logiquement, de son côté, préparer des éléments complémentaires à l’étude d’impact pour remettre la ZAC sur ses rails.

« Il s’agit plus d’un contretemps que d’une remise en cause », assure le maire (PS) de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, qui compte sur l’urbanisation du Triangle pour apporter une bouffée d’oxygène économique à cette commune défavorisée. EuropaCity, un investissement de 3,1 milliards d’euros porté par le groupe Auchan et le conglomérat chinois Wanda, doit, à lui seul, créer 10 000 emplois. La société Alliages et Territoires, qui porte le projet, se veut également rassurante. « Les opposants avaient introduit des arguments sur le fond du projet, qui ont été rejetés, analyse David Lebon, le directeur du développement. Le tribunal ne retient que la mauvaise information du public. »

Le maire de Gonesse « en appelle au gouvernement »

Pour les promoteurs de la ZAC, la « mère des batailles » était l’arrivée du métro, grâce à la future ligne 17 du Grand Paris Express. Cette desserte est une condition à l’urbanisation de la zone. Or, sa déclaration d’utilité publique a été acquise en janvier, et le gouvernement a confirmé, le 22 février, sa mise en service à l’horizon 2027 – trois ans plus tard que prévu. « Cela nous laisse tout le temps de gérer cette péripétie », estime M. Lebon. D’autres recours suivront vraisemblablement (contre les permis de construire, notamment). « C’est une guérilla qui vise à nous faire abandonner. Mais la volonté des actionnaires est de réaliser ce projet », affirme le directeur du développement.

De son côté, le maire de Gonesse « en appelle au gouvernement pour qu’il réaffirme son soutien à l’aménagement du Triangle et rassure les investisseurs », la ZAC étant créée et aménagée par l’Etat. Un soutien compliqué. Le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a émis de vives réserves sur le projet.

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3 décembre 2017 7 03 /12 /décembre /2017 09:02

Il faut stopper ce gigantesque projet de centre commercial et de loisirs. Alors que le Grand Paris cherche sa transition écologique, les terres de Gonesse seraient une chance unique pour le maraîchage de proximité et la permaculture. Tribune collective le 30 novembre 2017. Lire aussi  Pour protéger les terres agricoles, Hulot veut taxer les bétonneurs, Le projet EuropaCity jugé peu compatible avec l'environnement et Le bêtisier d'Europacity, 3. Des emplois inaccessibles à la population locale.

Contre la folie EuropaCity, cultiver le bien commun

Un mastodonte est annoncé aux portes de Paris : à 15 kilomètres au nord du périphérique, à Gonesse, est prévue en 2019 la construction d’un des plus grands centres commerciaux au monde. Son nom ? EuropaCity. Voulu par le groupe de grande distribution français Auchan, cofinancé par le géant de l’immobilier chinois Wanda, ce « pôle de loisirs, de commerces, de culture et d’hôtellerie » engloutirait sous le béton 80 hectares de terres agricoles, parmi les plus fertiles d’Europe.

Les chiffres avancés par EuropaCity donnent le tournis : 250 000 m² consacrés au commerce, 150 000 aux loisirs et 2 700 aux chambres d’hôtel, pour un coût estimé à 3,1 milliards d’euros, auquel il faut ajouter 1 milliard d’euros d’investissement public pour la gare. Immochan, filière immobilière d’Auchan, affiche de grandes ambitions, annonçant plus de 30 millions de visites par an, soit deux fois la fréquentation de Disneyland Paris, première destination touristique en Europe.

Pour concevoir cette nouvelle infrastructure, la famille Mulliez, propriétaire d’Auchan, s’est appuyée sur les dernières trouvailles en marketing, qualifié d’« expérientiel ». Les consommateurs boudent les hypermarchés classiques ? Qu’à cela ne tienne : avec EuropaCity, ils vivront une expérience d’un type nouveau, associant dans un même lieu activités de loisirs, consommation culturelle et shopping. Comme à Dubaï, une piste de neige artificielle permettra de skier en plein été. Et comme au Mall of America de Minneapolis, les visiteurs feront l’expérience du parc d’attractions, du dîner et d’une nuit d’hôtel sur place, sans jamais quitter l’espace prévu à leur intention.

Immochan a cherché à donner au programme une apparence de compatibilité avec les exigences du développement durable : des bâtiments économes en énergie, des espaces verts et même une « ferme urbaine » sont au menu. Mais nul besoin de se livrer à de savants calculs pour mesurer le gâchis que signifierait le bétonnage des terres limoneuses du triangle de Gonesse, idéales pour les céréales et le maraîchage, ou pour entrevoir le bilan énergétique d’un mégacomplexe climatisé dédié à l’hyperconsommation. EuropaCity est en contradiction flagrante avec les engagements pris par la France lors de la signature de l’accord international de Paris sur le climat. Cela se passait en décembre 2015, au Bourget, à quelques encablures du terrain retenu pour EuropaCity.

Le commissaire-enquêteur chargé de rendre un avis sur la révision du plan local d’urbanisme (PLU) de la commune de Gonesse ne s’y est pas trompé. Dans son rapport daté du 23 août, il écrit que le projet d’Auchan et son prolongement, le « quartier d’affaires international » prévu sur une superficie qui ferait la moitié de la Défense, sont «peu compatibles avec la notion de développement durable». Au terme d’un examen méticuleux des éléments du dossier, cet expert indépendant a émis un avis défavorable à la révision du PLU de la commune.

Depuis son lancement en novembre 2011, EuropaCity bénéficie pourtant d’un soutien constant des pouvoirs publics : son inscription sur la liste des programmes labellisés « Grand Paris » n’a jamais été remise en cause. Tout se passe comme s’il suffisait qu’un acteur économique annonce, sans arguments sérieux, la création de milliers d’emplois et de « retombées économiques positives » pour qu’élus et ministres oublient les grandes déclarations sur «la maison qui brûle».

En période de chômage, nous dit-on, un investisseur qui promet de créer 10 000 postes, cela ne se refuse pas. Voire… Depuis quarante ans, la prolifération de centres commerciaux et de zones d’activités aux portes des villes françaises détruit les emplois dans les commerces de proximité et dévitalise les centres-villes. Aujourd’hui, elle menace même les grandes surfaces existantes. Le triangle de Gonesse illustre ce phénomène de cannibalisation des commerces entre eux, puisque la zone est bordée de quatre centres commerciaux qui peinent déjà à trouver leur clientèle et qui perdront au moins 3 000 emplois si le projet d’Auchan voit le jour.

EuropaCity semble rescapé d’une autre époque. Nous savons que ces investissements tombés du ciel ne peuvent nous sauver. Les emplois d’avenir viendront surtout des filières non délocalisables, des métiers de la production et de la transformation agricoles, de l’éco-construction, de la rénovation, de la réparation et de la mobilité durable.

Il est urgent de sortir d’une vision verticale et paternaliste du développement. L’aménagement du triangle de Gonesse doit associer les habitants des environs, les riverains vivant dans les cités comme ceux des pavillons. Si l’on veut réduire l’empreinte écologique et ressouder nos communautés émiettées, il faut stopper l’artificialisation des terres arables et renoncer aux équipements hors-sol.

Des métropoles européennes, comme Barcelone et Milan, l’ont compris et ont fait le choix de protéger leur patrimoine agricole. Au moment où le Grand Paris cherche de quoi sera faite sa transition écologique, les terres de Gonesse, d’une exceptionnelle qualité agronomique, constituent une chance unique. Il faut y installer du maraîchage de proximité, encourager la permaculture et l’agroforesterie. Quant aux circuits courts avec les habitants des alentours, que tout le monde appelle de ses vœux, c’est le cadre idéal pour l’expérimenter à grande échelle. Le projet alternatif Coopération pour une ambition rurale métropolitaine et agricole d’avenir (Carma) a calculé que le terrain permettrait d’alimenter en légumes sains les cantines et les hôpitaux des villes environnantes. Constitué de citoyens du Val-d’Oise et de la Seine-Saint-Denis, le Collectif pour le triangle de Gonesse a raison de combattre EuropaCity. Nous, signataires de cette tribune, soutenons leur lutte et demandons aux élus des communes concernées, du Grand Paris et du conseil régional ainsi qu’à l’Etat de renoncer à ce complexe pharaonique et ruineux. L’heure est venue de se libérer de la croissance économique considérée comme un dogme et de soutenir les initiatives locales de mise en valeur des biens communs. Il est urgent de revenir sur terre.

Signataires de la tribune, philosophes, économistes, écrivains, enseignants, climatologues, sociologues, urbanistes, paysagistes, architectes, anthropologues, paysans, ministres… : Clémentine Autain, Jean-Christophe Bailly, Delphine Batho, Mehdi Belhaj Kacem, Eric Berr, Frédéric Bonnet, Patrick Bouchain, Dominique Bourg, José Bové, Daniel Breuiller, Gilles Clément, Yves Cochet, Julie Collombat-Dubois, Olivier De Schutter, Philippe Descola, Marie Desplechin, Annie Ernaux, Dominique Gauzin-Müller, Roland Gori, Emilie Hache, Rob Hopkins, Eva Joly, Jean Jouzel, Jean-François Julliard, Naomi Klein, Christiane Lambert, Corinne Lepage, Emily Loizeau, Noël Mamère, Dominique Méda, Olivier Mongin, Edgar Morin, Fabrice Nicolino, Francis Palombi, Thierry Paquot, Pierre Rabhi, Marie-Monique Robin, Bernard Stiegler, Patrick Viveret…

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27 octobre 2017 5 27 /10 /octobre /2017 12:28

Trois intercommunalités franciliennes, dont Est Ensemble comprenant Le Pré Saint-Gervais et Les Lilas, ont refusé d'adhérer définitivement au Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif), laissant ouverte la possibilité d'une remunicipalisation. D'après la Coordination Eau Île-de-France le 20  octobre 2017. Lire aussi L’eau publique, c’est maintenant !, La qualité de l’eau se dégrade encore en France, Public-privé : La guerre de l’eau et Une nouvelle manœuvre pour faire taire les défenseurs du droit à l’eau.

Une victoire pour l'eau publique en Île-de-France

Dans un communiqué du 20 octobre, les présidents de trois Établissements publics territoriaux (EPT), MM. Braouezec, Cosme et Leprêtre pour Plaine commune, Est Ensemble et Grand-Orly-Seine-Bièvre, regroupant 1,5 millions d’usagers, soit un tiers du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF), la structure qui délègue la gestion de l'eau potable de 150 communes à Veolia, ont annoncé qu'ils ne vont pas réadhérer d’ici à la fin de l’année ! Ils mettent « en avant un débat de fond dans la société, sur la question de la gestion de l'eau », affirment que l'engagement n'est pas de « sortir ou de réadhérer coûte que coûte » et veulent prendre « deux ans supplémentaires pour travailler, réfléchir », tout en restant liés au SEDIF via une convention provisoire pour deux ans. C'est bien la reprise en régie publique de l'eau dans ces trois territoires qui pourrait à terme devenir une réalité.

Comme Politis le rappelait dans un article publié en début d'année, la réforme territoriale, en transférant la compétence de gestion de l'eau des communes aux intercommunalités, offre à ces dernières la possibilité de ne pas adhérer au Sedif, ce qui était très difficile pour les communes déjà adhérentes. Si MM. Braouezec, Cosme et Leprêtre n'ont pas franchi le pas, leur non-adhésion en laisse au moins ouverte la possibilité.

La Coordination eau Île-de-France s'est ainsi félicitée de ce temps supplémentaire qui « pourra être mis à profit pour poursuivre les études de faisabilité d’une gestion publique et déterminer les périmètres et les bons modèles techniques et économiques, pour mener le débat avec tou-tes les élu-es concerné-es et la population. Pour notre part, nous souhaitons que les citoyen-nes soient consulté-es avant toute décision définitive. Après tout, elles et ils l’ont bien gagné ! Si nous en sommes là, c’est bien grâce à elles et à eux, grâce à l’extraordinaire vague citoyenne qui a tout bousculé ces dernières semaines. Sous l’impulsion des citoyen-nes et des élu-es, de multiples débats ont eu lieu, des collectifs locaux se sont créés, des vœux ou des délibérations ont été adoptés par les conseils municipaux… Au total, la moitié des villes des trois territoires ont fait connaître d’une façon ou d’une autre, leur volonté de s’engager dans une gestion publique.

Ce pas franchi, notre mouvement s’inscrit à présent dans la durée. La Coordination Eau Île-de-France appelle à constituer partout des collectifs locaux de l’eau. Elle invite tou-tes les élu-es et les militant-es à se retrouver le jeudi 2 novembre à 19h à l’espace Robespierre (salle N°2) à Ivry (métro mairie d’Ivry) pour une appréciation collective de ce premier succès et pour préparer ensemble les étapes suivantes. »

Le projet de M. Santini d'un « Grand Paris de l'eau » pour mutualiser les moyens de production d'eau potable en Île-de-France, a été taxé, mercredi, de « projet pharaonique de création d’autoroutes de l’eau qui n’a aucun sens tant sur le plan technique que sur le plan financier » par la Ville de Paris. Elle y voit un « grand projet inutile ».

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