Le Jour de la Nuit est une manifestation nationale unique de sensibilisation du plus grand nombre à la protection de notre environnement nocturne et au phénomène de pollution lumineuse et de redécouverte de la nuit, de ses paysages, de sa biodiversité et de son ciel étoilé.
Ouverte à tous, la 2ème édition du Jour de la Nuit se déroulera le samedi 30 octobre prochain, jour du changement d’heure. Le temps d’une journée et d’une nuit, des manifestations seront proposées au grand public partout en France : sorties nature et astronomiques, balades nocturnes, conférences-débat, expositions, lectures de contes etc... En parallèle, de nombreuses villes éteindront symboliquement tout ou partie de leur éclairage public pour permettre l’observation du ciel étoilé et montrer leur volonté de préserver l’environnement nocturne. Programme détaillé sur www.jourdelanuit.fr
La ville des Lilas y participera aussi, avec l'extinction des éclairages de la mairie et de quelques bâtiments publics.
2010, Année Internationale de la Biodiversité
Sous le signe de la biodiversité, cette deuxième édition s’attachera à alerter l’opinion publique sur l’état et les conséquences du déclin de la biodiversité dans le monde.
Pendant le Jour de la nuit, la nature sera donc en fête : le grand public est invité à participer aux nombreuses sorties nature, balades nocturnes, écoute des animaux, expositions et animations de découverte de la faune nocturne...
Objectifs de l’évènement
En organisant ce second Jour de la nuit, les organisateurs espèrent :
• marquer un temps fort pour une meilleure reconnaissance de la pollution lumineuse et de la nécessité de protéger la nuit
• sensibiliser le grand public et les collectivités territoriales aux impacts de la pollution lumineuse (disparition de la biodiversité nocturne, de la voûte céleste, gâchis considérable d’énergie)
• renouer un lien entre les hommes et la nuit en faisant découvrir ses multiples beautés
• exprimer leur détermination à faire face aux enjeux climatiques et à la nécessité d’économiser l’énergie, à quelques semaines du sommet de Cancun sur le climat
Qui organise ?
Le Jour de la nuit est coordonné par l’association Agir pour l’environnement, www.agirpourlenvironnement.org, en partenariat avec 19 autres structures et organisations. Localement, les manifestations proposées au grand public sont proposées par une multitude de structures, associations et collectivités locales qui s’engagent au travers de la charte du Jour de la nuit. Pour la seconde fois, des structures venant de domaines d’action divers (associations de protection de l’environnement, naturalistes, d’éducation populaire, d’astronomie, du domaine de l’énergie, associations d’élus) travaillent ensemble autour de cet enjeu crucial qui est la préservation de la nuit.
Plus de 400 manifestations organisées partout en Métropole et en Outre-Mer
Retrouvez toutes les manifestations sur la carte de France interactive du Jour de la nuit sur www.jourdelanuit.fr
Plus de 400 manifestations de découverte de la nuit ou de sensibilisation à la pollution lumineuse sont organisées partout en France et dans les territoires d’Outre-mer.
Quelques exemples d’animations grand public :
- Balade dans les marais et pique-nique sous les étoiles dans les lagunes (Châteauneuf-les-Martigues, 13)
- Marche nocturne en forêt, conférence sur les rapaces nocturnes et échange des ampoules à incandescence contre des ampoules à économie d’énergie. Un pique-nique à la lueur des bougies est également proposé sous la Halle du marché (Bonnières-sur-Seine, 78)
- Parcours guidé dans le village éteint, lecture de contes depuis un balcon, ascension de l’église et observation astronomique, théâtre d’ombres, sensibilisation à la faune, chaudron chaud (Ambert, 63)
- A Tournus (71), animation très complète. Promenade découverte : petit circuit à la nuit tombante d’un pont à l’autre, sur les deux rives de la Saône. Le trajet sera ponctué d’animations festives pour petits et grands. Animations fixes sur l’Esplanade de Germersheim : « Le ciel comme si on y était ». Le public est invité à admirer le ciel grâce aux télescopes et lunettes astronomiques qui seront installés sur l’Esplanade. Les plus curieux pourront approfondir l’exploration de notre ciel grâce au planétarium du Centre Eden de Cuisery. « Raconte-moi la nuit » : Anne Prost-Cossio, conteuse et comédienne, accueille petits et grands sous sa yourte pour un voyage imaginaire au cœur de la nuit. Exposition sur la faune nocturne : le Centre Eden de Cuisery vous fait découvrir les mystères de tout ce petit monde vivant la nuit. Un kiosque vivant : Grâce aux décorations des enfants du centre de loisirs et des écoles primaires de Tournus, le kiosque à musique s’éveille pour fêter la nuit !
De nombreuses extinctions de l’éclairage public
Comme en 2009, près de 200 villes et communes vont éteindre symboliquement tout ou partie de leur éclairage public. Parmi elles, des grandes villes comme Lille, Strasbourg, Reims, Rouen, Besançon, Caen ou Annecy.
Près d’une quinzaine de parcs naturels régionaux sont aussi très mobilisés et organisent des extinctions et des animations sur leurs territoires.
De très nombreuses villes proposent des activités en plus de l’extinction.
Par exemple à Lille (Nord) :
- Extinction :
• A partir de 21h et pour la soirée, extinction de la mise en valeur par la lumière de l'Hôtel de Ville et de son Beffroi ; extinction de l'ensemble de l'éclairage de la place de la République, ainsi que les petits mâts d'éclairage situés sur la place Richebé.
• Pour tout le week-end, extinction de la mise en valeur par la lumière du Palais des Beaux-Arts (place de la République) ; installation de filtres de couleur sur les luminaires d'éclairage de la voie circulée sur le côté de la place Richebé.
- Animation :
• Balade nocturne à la découverte des créatures de la nuit au Triangle des Rouges Barres.
« Venez écouter le cri des chauves souris, sentir les mouvements de la nuit qui trahissent parfois la présence des animaux, laissez vous porter par le souffle des arbres et de l’eau. ».
Avec le service animation nature de la Ville de Lille et le réseau Naturalille.
• Observation des étoiles sur la place de la République. « En plein centre ville, la Ville de Lille éteint la lumière et le Club d’Astronomie de la Région Lilloise (CARL) vous propose une initiation à l’astronomie ! Et l'association PPJég vous propose une projection des plus beaux papillons de nuit présents à Lille... » De 21h à minuit, au centre de la place de la République.
Pour une reconnaissance de la pollution lumineuse
L’augmentation et les excès de l’éclairage artificiel font disparaître la nuit noire. En participant au Jour de la Nuit, les organisateurs reconnaissent qu’il est important de prendre en compte et sensibiliser aux conséquences de la pollution lumineuse et d’en réduire les impacts.
Pollution lumineuse : la nuit en voie de disparition
Depuis quelques années, la nuit est confrontée à la montée d’une pollution lumineuse issue d’une généralisation et d’un manque de maîtrise de l’éclairage nocturne. En dix ans, le nombre de points lumineux a augmenté de 30 % en France et s’élève à plus de 8,7 millions de points. Le parc d’éclairage public est globalement vétuste (installations âgées de 25 ans). Le plus souvent, les systèmes d’éclairage sont donc mal conçus et renvoient la lumière vers le ciel ou les habitations... Mais les effets de l’éclairage nocturne sont insidieux : il provoque la disparition du ciel étoilé, trouble fortement les écosystèmes et représente un gâchis énergétique considérable. La pollution lumineuse se traduit notamment par des sur-éclairements, un phénomène de halo lumineux, des éblouissements, des lumières intrusives...
Nous assistons en effet à une véritable course à l’éclairage dans les villes et les campagnes : l’éclairage public devient de plus en plus systématique et permanent, les panneaux publicitaires et néons en tout genre fleurissent un peu partout, les illuminations de Noël ne cessent d’augmenter, les vitrines de magasins restent allumées toute la nuit ...
Récemment reconnu, le terme de « pollution lumineuse » désigne cette nouvelle forme de nuisance environnementale.
Impacts de la pollution lumineuse sur la biodiversité
La pollution lumineuse, de par son ampleur et sa soudaineté à l’échelle de l’histoire naturelle, affecte directement la faune et la flore en perturbant significativement leur équilibre fragile. Cette nouvelle forme de pollution contribue à la disparition de la biodiversité et au morcellement des habitats naturels.
De très nombreux insectes sont menacés. Attirés par la lumière, ils viennent griller vifs sur les luminaires ou deviennent des proies faciles pour les prédateurs. D’autres insectes, comme les lucioles ou les vers luisants, ne peuvent plus se retrouver et donc se reproduire. La mort de dizaine de milliards d’insectes, qui représentent un maillon crucial dans la chaîne alimentaire, entraîne inéluctablement, des conséquences en chaîne sur l’ensemble des écosystèmes.
Les oiseaux migrateurs, qui s’orientent notamment grâce aux étoiles, voient leur système de repérage dans le temps et dans l’espace perturbé : ils sont désorientés ou éblouis et sont forcés de dévier de leur trajectoire. De plus, les oiseaux qui sont en général attirés par les grands immeubles illuminés se heurtent à ces grands bâtiments. Selon les estimations des scientifiques, ce sont chaque année, pour la seule Amérique du Nord, entre cent millions et un milliard d’oiseaux migrateurs qui viennent s’écraser de nuit contre des immeubles illuminés.
De nombreuses autres espèces sont touchées. Les chauves-souris, par exemple, désertent les clochers des églises qui sont éclairés. L’horloge interne des escargots serait déréglée tandis que d’autres espèces voient leur effectif augmenter car ils tirent profit d’un surplus d’éclairage (pigeons urbains, moineaux...).
Les étoiles s’éteignent
Le ciel étoilé disparaît dans de plus en plus de zones. Il faut s’éloigner toujours plus loin des halos lumineux, pour avoir la chance de voir les étoiles. Par exemple, la constellation de la Grande Ourse, comprend 400 étoiles visibles à l’œil nu : une quarantaine d’étoiles peuvent être observées dans les zones les moins polluées et moins d’une dizaine dans les grandes villes. A terme, l’activité amateur et professionnelle d’astronomie est donc compromise.
Plus généralement, c’est notre lien à tous avec le ciel étoilé et l’environnement nocturne qui est remis en question. A tel point que l’ONU étudie l’idée de classer le ciel étoilé comme « patrimoine commun de l’humanité ». Les civilisations se sont construites avec le ciel nocturne, comme en témoigne la configuration des sites préhistoriques, les alignements de menhirs par exemple ou l’influence des astres sur la science. Depuis toujours, la nuit a accompagné l’homme. La nuit est source d’émerveillement, de questionnement, d’inspiration.
Éclairage public : une facture énergétique et des coûts économiques significatifs
L’éclairage public engendre des consommations d’énergie et des coûts financiers loin d’être négligeables. Pour les communes, l’éclairage public représenterait 38% de la facture d’électricité, 23% de la facture globale de l’énergie et serait responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre en France. La puissance appelée est d’environ 1300 MW soit la puissance délivrée par une unité nucléaire récente à pleine charge. Ce bilan carbone pourrait être fortement diminué quand on sait que 30 à 40% de l’énergie pourrait être économisée pour les communes si les installations d’éclairage étaient de meilleure qualité, et mieux conçues avec une puissance mieux adaptée (selon l’ADEME et EDF).
Par ailleurs, l’augmentation des points lumineux entraîne des pics de consommation électrique entre 19h et 21h, en particulier en hiver. Or seules les centrales thermiques, charbon et pétrole notamment sont à même de répondre à cette forte demande, incitant ainsi la France à se doter de nouvelles capacités de production inutiles la majorité du temps.
Cette situation est en contradiction avec les objectifs politiques affichés de réduction de gaz à effet de serre. A l’heure où l’urgence climatique nous impose à tous de réduire notre consommation d’énergie, les pouvoirs publics ont le devoir de montrer l’exemple en réduisant au maximum les gaspillages d’énergie. Il est nécessaire de revenir vers une utilisation plus raisonnée de l’énergie et donc de l’éclairage artificiel.
Des solutions simples et disponibles existent !
Il ne s’agit pas de remettre en question l’éclairage qui peut être utile, mais de raisonner et d’organiser l’éclairage artificiel, de le rendre plus efficace et de limiter les dépenses d’énergie inutiles.
• Modifier les pratiques existantes pour endiguer la course à l’éclairage systématique
Limiter le sur-éclairage et l’éclairage dans les lieux peu fréquentés, diminuer la puissance des installations, réduire la durée de fonctionnement des éclairages...
• Adapter l’équipement pour une meilleure efficacité énergétique
La technologie existante d’éclairage public permet des économies d’énergie considérables et de diminuer ainsi la facture pour le contribuable: abat-jour, minuterie, détecteurs de présence, éclairages passifs, ampoules basse consommation type fluo compacte ou diodes électroluminescentes (LED) ... De plus, ces solutions technologiques sont vite rentabilisées par les économies d’énergie réalisées.
Eclairer pour notre sécurité ?
Les effets sécuritaires de l’éclairage n’ont pas été démontrés à ce jour, tant sur la sécurité civile que sur la sécurité routière. La majorité des cambriolages a lieu en plein jour. L’éclairage donne souvent un sentiment de sécurité sans pour autant la garantir. L’éclairage systématique des routes n’incite pas au ralentissement. A contrario on constate que les passages piétons, ronds points ou carrefours sont plus visibles lorsque l’éclairage est isolé. Un éclairage mal adapté entraîne éblouissement et fatigue des conducteurs, limitant la capacité de l’œil à s’adapter à l’obscurité.
Quelques avancées en matière d’éclairage public
Depuis plusieurs années, la pollution lumineuse est devenue une problématique qui est progressivement prise en compte par les villes, responsables d’un éclairage public qui pèse lourd dans les finances locales. À Lyon, il atteint 6 millions d'euros uniquement en fonctionnement : la ville a donc engagé un Plan Lumières axé sur l’utilisation de LED (diodes électroluminescentes), moins consommatrices d’énergie. Depuis le premier Jour de la nuit, plusieurs communes participantes ont engagé un diagnostic de leur éclairage ou sont passées à une extinction quotidienne en pleine nuit, c’est encourageant. Des initiatives intéressantes à l’étranger pourraient aussi nous inspirer. En Espagne, la Catalogne serait parvenue à réduire de plus de 60 % la pollution lumineuse en déployant des fonds de 1,2 million d'euros pour la réalisation de travaux d'aménagement environnemental afin de lutter contre ce type de pollution. A New York, plusieurs gratte-ciels diminuent leur éclairage afin de réduire le nombre d’oiseaux migrateurs qui percutent chaque année les façades des bâtiments. Des initiatives à prendre avec recul, mais qui montrent un réel engouement pour la réduction de la pollution lumineuse dans les villes.
Nuisances lumineuses : les avancées sur la réglementation nationale
L’article 41 de la loi Grenelle 1 du 3 août 2009 a mis en évidence la nécessité de prendre en compte les impacts des émissions de lumière artificielle sur le paysage et sur l’environnement en rappelant les grands objectifs de la loi : « Les émissions de lumière artificielle de nature à présenter des dangers ou à causer un trouble excessif aux personnes, à la faune, à la flore ou aux écosystèmes, entraînant un gaspillage énergétique ou empêchant l'observation du ciel nocturne feront l'objet de mesures de prévention, de suppression ou de limitation. »
L’article 173 de la loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010 constitue le deuxième étage du dispositif législatif qui détaille de quelle manière ces objectifs peuvent être atteints et a inscrit la prévention des nuisances lumineuses dans le code de l’environnement.
Un mois après la promulgation de la loi Grenelle 2, et en application de cet article, un projet de décret qui sera soumis au Conseil d’Etat a été mis en consultation auprès du public et des organismes concernés. Par la suite, des arrêtés du ministre en charge de l’environnement fixeront les prescriptions techniques qui s’appliqueront aux installations lumineuses concernées, ainsi que les délais d’application pour les installations existantes, et éventuellement les conditions dans lesquelles les arrêtés pourront être adaptés aux circonstances locales par le Préfet. Ces arrêtés seront élaborés en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés par le sujet.