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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

17 mars 2017 5 17 /03 /mars /2017 11:14

Biodiversité, AFP.

Whanganui est le nom de cette ville et aussi du troisième plus long cours d'eau du pays.

Whanganui est le nom de cette ville et aussi du troisième plus long cours d'eau du pays.

Un fleuve sacré pour les Maoris a été reconnu par le Parlement néo-zélandais comme une entité vivante, une décision qui pourrait être une première mondiale. Le Whanganui, troisième plus long cours d'eau du pays, a été doté, mercredi 15 mars, d'une " personnalité juridique, avec tous les droits et les devoirs attenants ", a détaillé le ministre de la justice. Traduction : les intérêts du cours d'eau seront défendus dans les procédures judiciaires par un avocat représentant la tribu et un autre le gouvernement. La tribu maorie locale Iwi, qui lutte pour la reconnaissance de ses droits sur le fleuve depuis les années 1870, a reçu 80 millions de dollars néo-zélandais (52 millions d’euros) au titre des frais de justice, et 20 millions d'euros pour améliorer l'état du fleuve. « La nouvelle législation est une reconnaissance de la connexion profondément spirituelle entre iwi [tribu] Whanganui et son fleuve ancestral. »

Le fleuve Whanganui, dans l’île du Nord, en Nouvelle-Zélande. JAMES SHOOK / CC-BY-2.5

Le fleuve Whanganui, dans l’île du Nord, en Nouvelle-Zélande. JAMES SHOOK / CC-BY-2.5

" Vision du monde "     (Ajout d'après Caroline Taïx le 20 mars 2017 pour Le Monde).

" Aujourd'hui, nous reconnaissons le sacrifice et la souffrance de la tribu Whanganui, qui s'est battue près de cent cinquante ans pour arrêter l'exploitation de cette force vitale ", a salué Te Ururoa Flavell, du Parti maori. Le texte fait valoir que le fleuve, dont le nom maori est Te Awa Tupua, est une entité vivante, " partant des montagnes jusqu'à la mer, y compris ses affluents et l'ensemble de ses éléments physiques et métaphysiques ".

Les droits et les intérêts du Whanganui pourront être défendus devant la justice. Le fleuve sera alors représenté par deux personnes : un membre de la tribu et un autre du gouvernement – de la même manière qu'un adulte parle au nom d'un enfant devant le juge. Le fleuve est ainsi mieux protégé et des plaintes pourront être déposées en son nom. La tribu n'est pas la propriétaire du fleuve mais son gardien, chargé de le protéger pour les générations actuelles et futures.

Certains pourraient juger étrange cette reconnaissance de droit pour un fleuve, a reconnu le député travailliste Adrian Rurawhe, lui-même maori. Mais pour les peuples autochtones, c'est normal, a-t-il expliqué à des journalistes néo-zélandais, avant de citer un adage maori : " Je suis la rivière et la rivière est moi. "

" Notre terre est personnifiée, explique Jacinta Ruru, codirectrice du centre de recherche maori à l'université d'Otago, en Nouvelle-Zélande. Nous nous percevons comme faisant partie de l'environnement. Notre bien-être et notre santé dépendent de ceux de notre environnement et réciproquement. " La loi a " embrassé la relation des Maoris à la terre et renverse l'idée d'une souveraineté humaine ", se félicite-t-elle.

Cette législation a été présentée par le gouvernement néo-zélandais comme une première mondiale, mais pour la juriste internationale Valérie Cabanes, auteure d'Un nouveau droit pour la Terre (Seuil, 2016), il existe des précédents. " La reconnaissance des droits de la nature est en pleine évolution dans le monde ", précise-t-elle, en évoquant des exemples en Equateur et en Bolivie, mais aussi des comtés aux Etats-Unis, ou la ville de Mexico, qui ont inscrit les droits de la nature dans les législations locales.

La croyance des peuples premiers, qui ne font pas de distinction entre humanité et nature, est à l'origine de cette affirmation des droits de la nature. Mais " de plus en plus d'Occidentaux s'engagent dans cette démarche ", explique Valérie Cabanes. Elle met en avant " la crise climatique et environnementale " pour expliquer cette évolution : " Depuis le judéo-christianisme et la suprématie de l'Occident sur le monde, l'homme s'est positionné comme dominant. Mais ce n'est qu'une vision du monde, qui est manifestement arrivée à ses limites. "

Fin mars, une initiative doit être lancée au Parlement européen pour demander la reconnaissance des droits de la nature.

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16 mars 2017 4 16 /03 /mars /2017 18:02

En 2014, le Premier ministre a voulu affaiblir la loi censée encadrer les loyers. La plus haute juridiction administrative, saisie par Julien Bayou, vient de rendre sa décision. Par Hugo Boursier le 16 mars 2017 pour Politis, à lire intégralement sur www.politis.fr.

Loi Alur : le Conseil d'État confirme un « excès de pouvoir » de Manuel Valls

Le Conseil d’État a mis fin, mercredi 15 mars, au régime d’exception décidé par l’ancien Premier ministre, à propos de l’encadrement des loyers. En août 2014, le socialiste avait décidé que la mise en place de cette disposition serait limitée « à titre expérimental à la ville de Paris ». Cette décision du Premier ministre avait empêché des millions de citoyens d'accéder à des loyers réduits dans les zones dites « tendues », où la demande, largement supérieure à l’offre immobilière, fait grimper les prix. L'institution a jugé qu'il n'appartenait pas au membre du gouvernement de s'opposer à l'application de la loi. Le porte-parole d’EELV a donc mis en ligne une pétition pour que l’encadrement des loyers soit mis en place rapidement par le gouvernement.

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16 mars 2017 4 16 /03 /mars /2017 09:01

Par Nicolas Truong le 14 mars pour Le Monde.

Edgar Morin dialogue avec le mystère

Edgar Morin a conservé intact son regard d'enfant et son goût de l'émerveillement. Né en  1921, il a, de son propre aveu, gardé indemnes les curiosités de l'adolescence. Mais le sociologue n'est pas un candide. Il a appris à se méfier autant du scientisme que de ce qu'il appelle l'" ignorantisme ". Dans Connaissance, ignorance, mystère, ouvrage qu'il présente comme son testament scientifique et poétique, l'équivalent de ce que La Voie (Fayard, 2011) est sur le plan philosophique et politique, il prévient : " N'embellissons pas l'univers en dépit de ses splendeurs. Ne le rationalisons pas non plus, malgré ses cohérences, et voyons aussi ce qui échappe à notre raison. " Car plus la connaissance augmente, plus le mystère grandit. Plus le savoir progresse, puis le mystère s'épaissit. Selon les scientifiques, la naissance de notre univers proviendrait d'un événement générateur, le Big Bang, lui-même issu d'un vide soumis à des fluctuations quantiques. Un vide plein de virtualité, en quelque sorte. Preuve que l'être ne s'oppose pas au néant.

C'est pour cette raison qu'Edgar Morin préfère le dialogique (qui intègre les contradictions) à la dialectique (où elles se résolvent par un dépassement). Chaque découverte s'accompagne de nouveaux trous noirs du savoir. " Les progrès du savoir produisent une nouvelle et très profonde ignorance, écrit-il, car toutes les avancées des sciences de l'univers débouchent sur de l'inconnu. " La philosophie des sciences doit donc " dialoguer avec le mystère ". Edgar Morin sait bien qu'il s'aventure en terrain glissant. Que le lecteur, toutefois, se rassure. Aucune concession n'est faite ici à l'idée d'un dieu tout-puissant qui aurait dans sa tête " un dessin intelligent ". Mais Edgar Morin rejette toutefois aussi bien le créationnisme que le scientisme.

héritiers d'une " Terre patrie "

Selon lui, " la vie a été banalisée et trivialisée " par la biologie moléculaire. Or la crainte de l'idéologie créationniste tout comme l'absence de finalité ne doivent pas escamoter la créativité. On le sait, les êtres vivants ont répondu au défi de la survie et se sont adaptés à leur milieu. De la photosynthèse des plantes au caractère amphibie des poissons, les exemples sont légion. Edgar Morin va plus loin, et passe de l'idée d'adaptation à celle d'aspiration. Et ose même la question : " Est-ce que ce qui a tant de fois fait émerger des ailes chez des êtres terre à terre pourrait venir d'une aspiration à expérimenter la légèreté et l'ivresse du vol ? "

Edgar Morin en est convaincu, il y a une créativité du vivant qu'une partie de la science occulte par crainte de tomber dans l'obscurantisme du créationnisme qui fait tant de dégâts au moment même où triomphent populisme et complotisme.

Car il y a bien, selon Morin, une poétique du vivant. Non seulement une esthétique, mais comme le terme grec ancien de poíêsis l'indique, " une création " à laquelle on ne prête plus guère attention. Bien sûr, cette intuition sera contestée, voire moquée. Mais Morin n'en a que faire. Aussi proche ici du mathématicien Norbert Wiener que du surréaliste André Breton, il s'émerveille de toutes les métamorphoses, de la magie de l'existence et de l'énergie créatrice des songes. Notre héritage n'est peut-être précédé d'aucun testament, comme dit le poète René Char, mais nous avons d'innombrables ascendants en nous, assure Edgar Morin. Car il y a une histoire, mais aussi une mémoire du vivant. Et nous sommes reliés aux espèces animales ou au cosmos comme à nos parents. Nous sommes les héritiers d'une " Terre patrie " qui nous a transmis gènes et ADN, mais aussi possibilité de bifurquer et d'inventer. A l'heure où le monde s'apprête à basculer dans la post-humanité avec la révolution de l'" homme augmenté " (par les prothèses et greffes en tout genre), la réflexion d'Edgar Morin tombe à point nommé. Car seule la performance technique est recherchée dans l'idéologie du transhumain, et non la recherche d'une communauté de destin.

Or il est possible d'inventer une autre manière de produire, de vivre et d'habiter la Terre. Dans le sillage de l'épistémologiste Gregory Bateson, Edgar Morin a élaboré, trente ans durant, une méthode pour relier les connaissances, contre la compartimentation du savoir. Tour à tour résistant, chercheur, intellectuel, il sait que la vie est paradoxe, dissonance et contradiction. Le voici donc qui livre un ouvrage savant sous forme de credo, voire de confession. " Une création humaine est une combinaison de transe et de conscience, de possession et de rationalité ", écrit-il. En chamane de la connaissance, Edgar Morin s'aventure aux confins des territoires du savoir. On dit souvent qu'une théorie n'est bien souvent qu'une biographie objectivée, qu'une expérience de vie conceptualisée.

Edgar Morin n'a cessé d'être à la recherche de cet " état second ", de cette extase cosmique, amoureuse ou esthétique dont il rappelle l'urgence et l'importance à l'heure de la réduction de l'homme au calcul, de l'esprit à l'ordinateur. En dépit du formidable progrès du savoir humain, " le mystère quotidien de nous-mêmes et du monde ", comme dit le philosophe Vladimir Jankélévitch, demeure. A sa manière singulière, Edgar Morin allume une lueur dans le noir afin de mettre en lumière l'obscurité qui nous entoure, dans un monde irradié par le savoir. Il reste en cela aussi fidèle aux savants qu'aux poètes, à Arago qu'à Victor Hugo, qui disait : " L'homme qui ne médite pas vit dans l'aveuglement, l'homme qui médite vit dans l'obscurité. "

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14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 09:06

62,50 euros le mégawattheure, le solaire distance désormais sensiblement l'éolien, dont le coût est estimé en moyenne à 80 euros. Le Figaro, 10 mars 2017.

Le nouveau solaire deux fois moins cher que l'EPR

Les gains de compétitivité du solaire ne sont pas un vain mot. Jeudi, les résultats du quatrième appel d'offres photovoltaïque lancé par la Commission de régulation de l'énergie (CRE) se sont soldés par un prix moyen de rachat de l'électricité - il correspond au seuil de rentabilité des installations - autour de 62,50 euros le mégawattheure (MWh), soit deux fois moins que l'EPR de Flamanville http://www.lefigaro.fr/societes/2016/11/16/20005-20161116ARTFIG00282-edf-martele-que-l-epr-de-flamanville-sera-termine-en-2018.php (Manche). La production du réacteur nucléaire de nouvelle génération actuellement en chantier devrait « sortir » aux environs de 120 euros le MWh.

Parmi les lauréats de l'appel d'offres de la CRE, le français Neoen, premier producteur indépendant d'énergies renouvelables - et troisième dans la hiérarchie derrière Engie (ex-GDF Suez) et EDF - a remporté quelque 86 MW, répartis à travers dix centrales, ce qui en fait le principal lauréat. «Ces installations devraient être opérationnelles à l'horizon de deux ans, expose Xavier Barbaro, le président de Neoen, le fait de pouvoir s'appuyer sur des prix très compétitifs tient à la fois à la baisse du coût des composants, à des conditions de financement attractives et à des critères de rentabilité plutôt sobres de la part des investisseurs.»

Fort de ce prix de 62,50 euros, le solaire distance désormais sensiblement l'éolien, dont le coût est estimé en moyenne à 80 euros. Même si les partisans respectifs de chaque énergie prennent bien soin de ne pas les opposer, force est de constater que le solaire prend de plus en plus le leadership des énergies renouvelables, à la fois en France et dans le monde. Même si, à l'échelle de la planète, les deux énergies sont aujourd'hui au coude-à-coude avec environ 70 gigawatts (GW) de puissance installée.

«Dans le solaire, nous assistons à un autre phénomène intéressant, à savoir que les centrales photovoltaïques vieillissent mieux que prévu, poursuit Xavier Barbaro, dans la plupart des cas, elles vont pouvoir tourner pendant 30 ans alors que les contrats initiaux partaient sur des durées de 20 ou 25 ans.»

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13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 09:50

Six ans après la catastrophe nucléaire, le chantier du démantèlement de la centrale reste titanesque en raison de son son coût, de sa dangerosité et de sa complexité. Par Philippe Mesmer, envoyé spécial à Fukushima (Japon) le 11 mars 2017.

Eau contaminée stockée à Okuma près de Fukushima le 23 février. TOMOHIRO OHSUMI / REUTERS

Eau contaminée stockée à Okuma près de Fukushima le 23 février. TOMOHIRO OHSUMI / REUTERS

Ces défis font craindre de nouveaux retards dans le démantèlement de la centrale, déjà prévu pour durer quarante ans, et une augmentation des coûts. En novembre 2016, le gouvernement avait revu à la hausse l’enveloppe totale allouée à la résolution de la catastrophe, à 165 milliards d’euros, contre 91 auparavant.

Rassurer les populations

Autre enjeu : rassurer les populations. Désireux de relancer l’activité économique de Fukushima, le gouvernement investit massivement dans la décontamination. L’objectif est de ramener les niveaux d’exposition pour les populations à 1 millisievert par an – norme légale d’exposition au Japon comme en France –, ce qui devrait coûter 45 milliards d’euros.

Satisfait des résultats, le gouvernement a annoncé la levée, fin mars, de l’ordre d’évacuation pour quatre nouvelles municipalités, représentant 32 000 habitants. « Après, il ne restera que 2,5 % du ­territoire de Fukushima soumis à un ordre d’évacuation », souligne le ministre de la reconstruction, ­Masahiro Imamura.

Les autorités cherchent à attirer les investissements, notamment dans les énergies renouvelables et la robotique, et à relancer les activités traditionnelles, essentiellement la pêche et l’agriculture. Pour cela, elles ont mis en place un important réseau de vérification des niveaux de radiation des aliments, poissons, viande, fruits et légumes. Les normes ont été fixées à des niveaux bas, 100 becquerels par kilo, contre 1 000 par exemple en Europe.

« Nous traitons les produits des 50 municipalités, explique Kenji Kusano, directeur adjoint au Centre de technologie agricole installé à Koriyama (département de Fukushima). C’est obligatoire pour les professionnels. Chacun peut venir faire évaluer gratuitement ses produits. » Le centre gère onze machines de Canberra, une entreprise de fabrication d’instruments de détection et de mesure de la radioactivité, à 165 000 euros l’unité. D’autres sites de vérification sont en place dans le département.

Les produits ne sont pas tous traités de la même manière. La totalité de la production de riz, soit 10 millions de sacs de 30 kg chaque année, est contrôlée. Mais pour les pêches, par exemple, seuls des échantillons prélevés aux trois points de l’exploitation affichant les niveaux de radiations les plus élevés sont vérifiés.

Par souci de transparence, les informations sont mises en ligne sur un site traduit en plusieurs langues. A l’en croire, aucun produit n’a dépassé les normes en 2016, à l’exception de poissons de rivière et de plantes ramassées dans les montagnes.

Relancer les réacteurs

« Tout cela a été évalué positivement par l’AIEA [Agence internationale de l’énergie atomique] et la FAO [Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture] », souligne M. Imamura, qui juge par ailleurs « irrationnel » le maintien par certains pays et territoires de l’interdiction d’importer des produits de Fukushima.

Les efforts consentis passent également par un travail sur la perception du département. Des événements permettant la découverte et la dégustation des produits de Fukushima se multiplient à Tokyo. L’image du boys band Tokio est abondamment utilisée.

Il s’agit aussi, pour le gouvernement, de relancer les réacteurs nucléaires à l’arrêt. Sur 43, cinq l’ont déjà été. Le 8 mars, Hideo Kishimoto, le maire de Genkai (département de Saga, Sud-Ouest), a donné son accord pour celui des tranches 3 et 4 de la centrale installée sur sa commune. En janvier, l’Autorité de régulation du nucléaire avait estimé qu’elles répondaient aux normes mises en place après la catastrophe de Fukushima.

Pour autant, la mauvaise image du nucléaire, alimentée par les mensonges formulés par le secteur, perdure. Le secteur de la distribution juge toujours difficile de proposer des produits estampillés Fukushima. Et seulement 10 % des populations évacuées, essentiellement des personnes âgées, sont revenues dans les zones où l’ordre d’évacuation a été levé.

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12 mars 2017 7 12 /03 /mars /2017 10:07
Emmanuel Macron, l’économie en marche arrière

Notes par Dany Lang et Henri Sterdyniak le 7 Mars 2017.

Après plusieurs mois de suspense, Emmanuel Macron vient de présenter son programme. Le programme économique est hélas sans surprise. Comme l’avait annoncé Jean Pisani-Ferry, ce n’est pas un programme socialiste, c’est-à-dire un programme qui voudrait donner plus de pouvoir aux citoyens dans la cité et aux travailleurs dans l’entreprise ; ce n’est pas non plus un programme écologiste qui prendrait la mesure des efforts à réaliser pour la transition écologique. C’est un programme néo-libéral, « progressiste » uniquement pour ceux qui pensent que le progrès consiste à imposer à la France d’aller vers le modèle libéral.

Ce n’est donc pas non plus un programme de rupture, puisqu’il s’inscrit dans la continuité de la politique menée par François Hollande et Manuel Valls, des 40 milliards de réduction d’impôts sans contrepartie pour les entreprises à la loi Travail. Ce programme nous propose d’accepter les demandes du grand patronat, en espérant que celui-ci daigne investir et embaucher en France.

Ainsi, les classes dirigeantes auront-elles le choix entre deux stratégies lors de ces élections. D’une part, la stratégie forte avec François Fillon, consistant en un choc brutal de destruction du droit du travail, de baisses des dépenses publiques et sociales, de réduction d’impôts pour les plus riches et les entreprises. De l’autre, la stratégie plus gradualiste d’Emmanuel Macron, les mêmes mesures étant prises plus progressivement, mais, in fine, dans la même direction.

 Dans le premier cas, il s’agit de mobiliser le petit patronat, les indépendants avec le Medef contre l’État social et les acquis sociaux (en faisant oublier la responsabilité de la mondialisation et de la financiarisation dans leurs difficultés) ; dans le second, on fait miroiter une société dynamique, libérée, d’initiative individuelle, d’enrichissement personnel, en s’appuyant sur les classes montantes d’entrepreneurs ou d’actifs indépendants. Mais sur le fond, les projets sont proches.

À travers Macron, l’élection présidentielle est l’occasion pour la technocratie de Bercy de faire passer ses réformes miracles comme la baisse des retraites et des prestations chômage, comme la réduction de l’autonomie des collectivités locales, comme les organismes paritaires. Macron est le porte-parole rêvé de cette technocratie étroitement liée aux milieux financiers qui rêve de voir appliquer ces idées rétrogrades sous des apparences civilisées.

Pour lire cette note dans son intégralité, téléchargez le PDF Notes Macron.

 

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11 mars 2017 6 11 /03 /mars /2017 12:11

Avec le verdissement de Jean-Luc Mélenchon puis celui de Benoît Hamon, renforcé par le ralliement de Yannick Jadot, les idées écologistes constituent désormais un pilier de la pensée de gauche. Par Patrick Piro le 8 mars 2017 pour Politis à lire sur www.politis.fr .

L’écologie, nouveau marqueur politique

Dimanche 15 janvier, deuxième débat télévisé de la primaire organisée par le Parti socialiste. On aborde le thème de l’écologie, et la journaliste Ruth Elkrief lance : « Est-ce qu’il ne faut pas dire la vérité aux Français, que l’environnement, ça coûte plus cher pour le portefeuille ? » Puis, précisant son angle d’attaque : « Est-ce que mettre fin au diesel n’est pas une question de bobos ? » (...)

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11 mars 2017 6 11 /03 /mars /2017 09:03
PHOTO/AFP PASCAL LACHENAUD

PHOTO/AFP PASCAL LACHENAUD

Les six premiers mois de tests ont révélé une "efficacité à 100%" du protocole Kdog visant à mettre au point une détection précoce des tumeurs cancéreuses par le seul odorat d'un chien, a indiqué mercredi à l'AFP l'Institut Curie qui porte ce projet. Par l’Indépendant avec AFP le 6 mars 2017.

Après six mois d'entraînement sur le site de Magnac-Laval (87), Thor et Nikios, les deux malinois acquis par l'Institut afin d'être formés à la détection précoce du cancer du sein ont rempli leur mission. Si bien que l'Institut Curie a annoncé un "résultat positif à 100%" de cette phase-test menée sur une cohorte de 130 femmes volontaires.

Les chiens sont dressés à "repérer les composés odorants" permettant de détecter un cancer sur une lingette imprégnée de la transpiration ou de tissus prélevés sur un sujet. Portée par une équipe pluridisciplinaire associant l'institut de recherche et des experts cynophiles, cette première étape du projet Kdog a été rendue possible par un financement participatif. Les résultats "très positifs" des six premiers mois confirment la pertinence d'une "étude clinique" qui pourra, cette fois, entrer dans le cadre d'un financement en partie porté par le programme hospitalier de recherche clinique. "Une demande est sur le point d'être déposée en ce sens", a précisé l'Institut Curie.

Cette étude clinique, qui associera quatre chiens, se déroulera sur une période de trois ans entre 2018 et 2021 et s'appuiera sur une sélection de 1.000 femmes. "Il s'agit de prendre en compte un échantillon plus important pour valider la sensibilité du projet Kdog", selon l'institut de recherche. Deux nouveaux chiens de race différente et conduits par un autre dresseur rejoindront les deux malinois pionniers du projet Kdog, afin "de démontrer également que le protocole Kdog est indépendant de la race du chien renifleur et de son maître", a expliqué Aurélie Thuleau, ingénieur en biochimie, impliquée dans le projet Kdog mené sous la houlette de la chercheuse Isabelle Fromantin.

Avec ce dispositif "simple", "non-invasif et peu coûteux", l'Institut Curie espère à terme "étendre ce processus dans les pays en voie de développement (...) où les outils de diagnostic peuvent faire défaut". Le flair très développé du chien lui permet de détecter les cancers à des stades précoces. Ce dépistage précoce permet, entre autres, "un meilleur diagnostic, un choix plus important des traitements et une plus grande chance de guérison", a souligné Aurélie Thuleau.

À l'origine du projet, "il s'agissait de se concentrer sur la nécessité de simplifier le diagnostic du cancer du sein", mais devant les excellents résultats obtenus au cours des six derniers mois, "l'équipe de travail projette sur le long terme d'étendre cette méthode de dépistage à tous les types de cancer, notamment le cancer de l'ovaire".

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10 mars 2017 5 10 /03 /mars /2017 12:07

Fort de mon expérience de négociation pour les Verts puis EELV de 2007, 2012 et 2017, quelques remarques sur la situation politique actuelle. Par Jérôme Gleizes, conseiller EELV de Paris, sur son blog le 7 mars 2017. Nous adhérons à son analyse, et sa conclusion renvoie exactement à la proposition de la Fondation Nicolas Hulot, sur ce blog : Osons le big bang démocratique.

Jamais depuis 1997, la gauche et les écologistes n’avaient eu la possibilité d’accéder au pouvoir pour mettre en place une politique qui répondent à la hauteur des crises. Pourtant après le retrait de Yannick Jadot au bénéfice de Benoît Hamon, aucun candidat de gauche n’est en capacité à l’heure actuelle de se qualifier pour le deuxième tour de la présidentielle.

Une convergence idéologique historique

Si la victoire 1997 avait été la suite logique du mouvement social de 1995 contre la réforme Juppé sur les retraites, 2017 est surtout la convergence des analyses au sein des différentes familles de la gauche sur la nature de la crise. Que cela soit Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et bien sûr Yannick Jadot, pour la première fois, il y a une conscience commune qu’il doit y avoir une rupture avec le mode de production productiviste. L’approche diffère entre les familles mais le constat est le même. Jean-Luc Mélenchon a pu imposer cette analyse au sein du Front du Gauche, notamment vis-à-vis du PCF, plus productiviste et pro-nucléaire. Il insiste plus sur l’analyse matérialiste de l’entrée de l’Humanité dans l’ère de l’Anthropocène, sur l’incompatibilité entre le capitalisme et l’accumulation infinie du capital, du fait de la raréfaction des ressources naturelles non renouvelables. Benoît Hamon a pu s’imposer face au social-libéralisme du PS, porté par Manuel Valls et les différents gouvernements de François Hollande, mais surtout Arnaud Montebourg, qui n’a toujours pas intégré les limites de la planète. Sa vision est plus centrée sur la santé environnementale et sur les conséquences des crises écologiques sur la vie quotidienne, la dégradation de la santé, due aux perturbateurs endocriniens, la malbouffe. Les analyses ne sont pas identiques mais convergentes. Elles varient selon les cultures politiques. Par exemple, le programme présidentiel de Jean-Luc Mélenchon se base sur un niveau de croissance élevée et n’aborde pas le problème du découplage entre croissance du PIB et celle de la consommation des ressources et d’énergie. Benoît Hamon parle de sortie du nucléaire mais désire terminer l’EPR pour amortir les investissements déjà engagés. Les écologistes de manière générale négligent les questions syndicales et institutionnelles comme par exemple sur comment sortir du nucléaire. Cette convergence idéologique est une condition nécessaire d’une réussite politique.

Une critique partagée de l’échec de la mandature de François Hollande

Le bilan désastreux de la mandature de François Hollande l’a empêché de se représenter. La gauche a perdu toutes les élections depuis 2012. La victoire à la primaire de Benoît Hamon devant Manuel Valls confirme cette rupture. La non-tenue de la parole du candidat a provoqué un énorme désarroi parmi le peuple de gauche. N’oublions pas qu’en 2012 tous les candidats de LO à EELV avaient appelé à battre Nicolas Sarkozy pour la première fois de l’histoire de la Cinquième République. Les frondeurs ne sont jamais allés jusqu’au bout de leur logique comme EELV l’a fait, mais ils se trouvent dans la situation paradoxale de gagner contre leur parti. Le groupe parlementaire écologiste a implosé sur la divergence d’analyse de la politique Hollande entre les tenants du « There Is Not Alternative » et ceux qui pensent que l’urgence de la crise nécessite de rompre avec les anciennes politiques qui échouent toutes. Ce constat commun bute aujourd’hui sur l’absence de confiance partagée dans la capacité et les moyens de rompre. En 2000, la gauche du PS qui comprenait encore Jean-Luc Mélenchon n’était pourtant pas encore en capacité de gagner au sein du PS, et n’a pas pu empêcher les dérives sociales-libérales du gouvernement Jospin. Il a fallu en 2005 qu’il y ait le vote sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe pour qu’elle bouge et encore partiellement avec le seul départ de Jean-Luc Mélenchon. La ratification du Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance a été un des moments importants de la rupture au sein de la majorité Hollande en 2012. Il institutionnalise les politiques d’austérité, aujourd’hui pourtant critiquées par le FMI alors que le candidat Hollande avait promis une renégociation. Le non-soutien à la Grèce a montré la soumission de la France au dogme budgétaire alors qu’elle aurait pu construire une coalition politique pour lutter contre cette dérive qui participe à l’implosion de l’Europe.

Emmanuel Macron, le trouble-fête

L’ancien ministre des finances a saisi la confusion de la situation politique actuelle de la France pour tenter sa chance. Bien que responsable principale de la politique menée par François Hollande, il tente d’apparaître comme le tenant de la synthèse des idées de droite et de gauche. C’est une imposture, car son programme économique n’est que la continuation de ceux de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, qui sont eux-mêmes commandés par les préconisations de la Commission européenne. Il utilise toutes les ficelles de la communication politique pour faire croire que l’ancien est du nouveau. Pour cela, il s’appuie sur la crise interne au Parti socialiste et chez les Républicains avec le FillonGate. Au-delà de la question de l’éventuelle trahison d’Emmanuel Macron vis-à-vis de François Hollande, il est le continuateur de la politique sociale-libérale qu’il défend depuis le rapport Attali de 2008. Il est logique et même cohérent que des socialistes comme Christophe Caresche ou des écologistes comme François de Rugy le rejoignent. Le « sérieux budgétaire » est leur ligne directrice que nous retrouvons aussi chez des personnalités de droite comme François Bayrou. Il profite de la logique tribunitienne la Cinquième République pour tenter de s’imposer, mais il butera sur sa capacité à constituer une majorité parlementaire derrière lui. Cette contradiction porte en elle la fin de la Cinquième République, avec un FN en embuscade.

Emmanuel Macron par sa continuité idéologique avec les derniers présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande, n’est pas un barrage au FN, car il ne fait que retarder sa progression qui pour être stoppé, nécessite une politique alternative.

Le danger François Fillon …

Le candidat des Républicains a défendu lors des primaires le programme le plus dangereux. Au-delà du programme néolibéral classique de la droite, il porte le projet le plus réactionnaire sur les questions sociétales avec le soutien du mouvement « Sens commun ». Il défend une réorientation de la politique internationale vers la Russie et le soutien aux dictateurs comme Bachar el-Assad. Cela est peu surprenant quand on regarde sa garde rapprochée, regroupant de nombreuses personnes venant de l’extrême-droite : Gérard Longuet, Hervé Novelli, Anne Méaux. Mais aujourd’hui, l’accusation de parjure selon les mots propres de certains élus déstabilise la droite républicaine. L’écart entre l’éthique défendu lors de la primaire et la réalité du comportement de François Fillon, la connaissance du salaire de Pénélope Fillon pour un travail simple que ne perçoivent pas plus de 90% de la population française, la violence des propos contre la justice et les journalistes, le sentiment d’impunité, ouvrent une nouvelle étape dans la légitimation du FN. Elles flouent encore plus la frontière entre l’extrême-droite et la droite. Quelle que soit la finalité de cette situation, son retrait ou son maintien, le mal est fait.

renforce le FN

Jamais le FN et aucun parti d’extrême-droite n’ont été si haut électoralement en France. Les mouvements d’extrême-droite progressent partout en Europe. Ils sont aux portes de la conquête du pouvoir et la France est le point faible alors qu’au siècle dernier, c’était l’Allemagne. La politique poussée par la Commission européenne aggrave la paupérisation de l’Europe. Le Conseil européen ne s’y oppose pas et s’abrite derrière les institutions européennes pour cacher la responsabilité des gouvernements des États nations européens. Tout cela alimente la défiance vis-à-vis de l’Europe alors que l’Union européenne est née pour éviter le retour de la guerre en Europe. Le parlement européen n’a pas assez de pouvoir pour s’y opposer et quand il peut, il ne le fait pas comme pour le vote du CETA. Cette défiance est le premier moteur de la progression de l’extrême-droite ou de la droite autoritaire mais en France, elle a ses propres moteurs. Son ancienneté et sa conquête de villes lui ont permis de conquérir des territoires sur lesquels son poids électoral est difficile à contester. L’impuissance des différents gouvernements à répondre aux attentes des françaises et des français ont flouté la différence entre la droite et la gauche, laissant planer la possibilité d’une troisième voie portée par l’extrême-droite. Pour le moment, la barrière n’a pas cédé mais l’attitude de François Fillon renforce le FN. Elle alimente un moteur propre à la France avec la défiance vis-à-vis des élus et du sentiment d’impunité de certains d’entre eux (Cahuzac, DSK, Balkany...). Le « tous pourri » participe à la déliquescence de la Cinquième république. Le FN pourrait profiter de l’implosion du PS et des Républicains, de l’Objet Politique Non Identifié Macron, pour élire un groupe parlementaire à la prochaine Assemblée nationales grâce à des triangulaires. L’ingouvernementalité du prochain parlement est possible avec plusieurs groupes sans majorité absolue : FN, Gauche, Droite, Macron.

Mais le FN reste un danger. Personne ne peut savoir quelles seraient les conséquences d’une victoire, mais son programme porte les germes d’une cristallisation des conflits. L’immigré reste toujours le bouc émissaire et l’autre un danger qui pousse au repli national. Ses alliés internationaux seraient les États autoritaires comme la Russie, la Hongrie ou la Syrie. Sa politique européenne amplifierait l’implosion de l’Union européenne, après le Brexit. La priorité au réarmement de la France comme politique de relance rappelle des temps obscurs. La croyance d’une guerre de civilisation entre l’Occident chrétien et l’Orient musulman invente un récit millénariste dangereux. Hormis la priorité à l’austérité, François Fillon partage des points communs inquiétants avec ces analyses qui crédibilise le FN.

Une Cinquième république à bout de souffle …

Jamais depuis la création de la Cinquième république, les conditions historiques n’ont été réunies pour son dépassement, et le passage à la Sixième. Ce n’est pas tous les jours que cela arrive. La dernière fois c’était au moment de la guerre d’Algérie que le Général de Gaulle a fait le grand saut. Les règles constitutionnelles et le Président de la République ont perdu de leur pouvoir et de leur légitimité après les présidences Sarkozy et Hollande. Le parlement est devenu une chambre d’enregistrement des décisions gouvernementales. L’usage systématique du 49.3 pour la loi Travail, lié à l’incapacité de voter une motion de censure a permis à un gouvernement d’imposer un recul historique, celui de l’inversion de la hiérarchie des normes entre les accords d’entreprise et la loi alors qu’il ne disposait d’aucune majorité parlementaire et de l’opposition de la population. La multiplication des affaires liées à la politique jette l’opprobre sur l’ensemble de la classe politique. Par ailleurs, de nombreux pays viennent de par le monde de faire des processus constituants, Équateur, Tunisie, Islande. Pour la France, seuls Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, défendent ce saut constitutionnel mais pour cela, il faut gagner l’élection présidentielle afin de pouvoir appliquer l’article 11 de la Constitution.

qui devrait être dépassée

Comment réaliser la possibilité d’une telle alliance politique ou plutôt saisir l’opportunité historique de celle-ci ? Comment transcender les égos dévastateurs qui la bloquent ? L’assurance de la défaite n’a pas permis de bouger les lignes ou plutôt chacun a la prétention de pouvoir prendre le dessus sur l’autre, et d’entrer dans le duel final. Seul Yannick Jadot en a pris le risque à ce jour mais le coût risque d’être hors de prix avec la première absence d’un candidat de l’écologie politique depuis 1974 si son alliance avec Benoît Hamon ne réalise pas un score correct. Pour permettre de transcender les égos, il faut maintenir la pression car rompre avec la Cinquième république implique de passer par le principal frein démocratique, le candidat à la présidence, qui est le seul qui peut utiliser l’article 11. Il faut donc lier les 3 candidats entre eux, comme l’ont fait Emmanuel Macron et François Bayrou. Il faut rappeler le risque de ne pas saisir une telle opportunité mais aussi montrer que le dépasser donne aussi la possibilité exceptionnelle d’entrer dans l’Histoire. Pour cela, il faut un accord sur un processus constituant rapide, au mieux dans les 6 mois. S’appliquer à soi les règles que l’on désire pour la prochaine constitution. Établir la confiance c’est ici lier ses destins dans un futur commun comme ont su le faire les forces de gauche et écologistes au Portugal.

Au-delà de l'égo, il y a des freins que nous devons analyser.

Un premier frein : la logique des partis de la Cinquième république

Si le président de la république a une place importante dans la constitution, il est adossé à un parti qui tend à se préserver et dont le financement est assuré essentiellement par le score réalisé aux élections législatives. Ce lien explique pourquoi il est difficile pour un-e député-e de s’opposer à la ligne de son parti et encore plus du président si on est dans la majorité. Ce lien élection présidentielle/législative n’a pas le même impact pour chaque force politique. Pour Jean-Luc Mélenchon, il ne veut pas commettre la même « erreur » qu’en 2012 en ne capitalisant pas le résultat de l’élection présidentielle à l’élection législative qui suit. Cette fois-ci le label « France insoumise » permettra de récupérer le financement public lié au nombre de voix obtenus. C’est une des explications des difficultés que trouvent les forces politiques soutenant Jean-Luc Mélenchon à trouver des accords locaux (PG, PCF, Ensemble !). Cette stratégie oblitère la possibilité (volonté) de gagner l’élection et de constituer des alliances victorieuses. Dépasser cette difficulté passe par une introduction de la proportionnelle dans les scrutins. Cette demande est dans tous les accords écolos/PS depuis 1997 et n’a jamais été respectée. Cela n’assure pas la confiance !

Pour EELV, ce qui perturbe les négociations, c’est le deuxième volet du financement public, celui lié au nombre de députés. S’assurer d’un bon accord électoral de désistements respectifs facilite la victoire dans des scrutins uninominaux à deux tours. En 2012, François Hollande avait dénoncé l’accord entre le PS et les Verts deux jours après sa signature et avait donné une première alerte négative sur sa volonté de changer de politique. 2017 est cependant différent dans la mesure où l’accord n’est pas entre deux partis mais entre deux candidats.

Pour Benoît Hamon, il a un difficile arbitrage à faire entre sa volonté de s’imposer par rapport à un parti qui lui est majoritairement défavorable et sa confiance sur la loyauté des futurs élu-e-s par son parti. C’est un pari risqué et le principal argument contre lui de Jean-Luc Mélenchon ! : « Myriam El Khomri va telle abroger la loi qu’elle a portée ? » D’ailleurs certains députés opposés à son programme n’hésitent pas à menacer d’être les futurs frondeurs ! Ce problème de confiance est au cœur de la défiance actuelle vis-à-vis des politiques : les idées portées lors des élections seront-elles mises en application, une fois élu ? Combien de candidats socialistes iront vers le candidat conforme à leur vision politique, Emmanuel Macron ou se tairont ? Le risque que prend Benoît Hamon est aussi très grand car en cas de défaite, il sera considéré comme responsable et le PS reprendra le dessus.

Le risque pris par Jean-Luc Mélenchon est plus faible à moins d’un effondrement électoral.

Aujourd’hui, les règles et la logique de la Cinquième république bloque son dépassement. Dépasser ce frein peut se faire par un changement de constitution en renforçant les pouvoirs parlementaires, l’importance des logiques de projets sur celles des partis, en assurant un financement plus équitable des partis….

Un deuxième frein : la stratégie européenne

La question européenne est souvent évoquée comme un point de blocage. Pourtant le constat est partagé et l'urgence de le dépasser est crucial. Les politiques d’austérité menées à l’échelle européenne sont désastreuses et expliquent la montée de l'extrême-droite et de la droite autoritaire. Elles produisent des inégalités alors qu’il faudrait faire une politique d’investissement pour assurer la transition écologique de l’Europe. Pour cela, il faut renégocier les traités budgétaires pour en finir avec la priorité à la rigueur, reprendre le contrôle de la politique monétaire et donc de la Banque Centrale Européenne, se donner les moyens d’une politique budgétaire européenne. C’est ce que tout le monde appelle le plan A. La divergence porte sur le plan B. Pour Jean-Luc Mélenchon, la menace d’un plan B (sortie de l’euro, voire de l’Union européenne) rend le plan A plus efficace, lequel reste la priorité. La divergence est en fait tactique comme l’a montré le cas de la Grèce avec la rupture au sein de Syriza. La menace d’une sortie de l’euro n’a pas suffi et n’était pas suffisamment préparée. Le principe de la menace crédible n’a de sens que s’il n’existe qu’un seul plan A alors qu’en fait, il existe de nombreuses variantes. De plus, faut-il annoncer le plan B à l’avance ou le préparer en secret et pourquoi ne pas prévoir un plan C avec l’introduction d’une monnaie complémentaire à l’Euro. L’histoire nous montre qu’il faut toujours s’adapter et que l’impossible n’existe pas. Qui se souvient du projet Bancor de Keynes à Bretton Woods ? De l’annulation de la dette allemande en 1953 ? Pourquoi ne pas détourner le principe de « quantitative easing » ou de la « monnaie hélicoptère » ? Ce frein n’est que relatif tant la vraie opposition est avec ceux qui ne veulent rien changer.

Nous ne changeons radicalement de modèle institutionnel que cela soit à l’échelle européenne ou nationale que dans des moments de crise exceptionnelle. La stratégie de l’implosion est toujours un aveu d’échec, car elle produit des replis sur soi. C’est pour cela que c’est-celle du FN, pas la nôtre. Elle ne peut être maniée qu’avec prudence, même si elle ne peut pas être définitivement écartée.

Faire de la politique, c’est souvent faire des paris sur le futur. Cela nécessite bien sûr d’éliminer les futurs les moins avantageux mais dans tous les cas, pour permettre les ruptures politiques, il faut rompre avec le présent. Une possibilité d’entrer dans l’Histoire existe, tentons-la.

Ainsi aujourd’hui pour éviter le pire, l’Écologie et le changement urgent de modèle, l’Europe et sa nécessaire relance, la France et son indispensable transformation constitutionnelle ne peuvent être un simple pari, mais doivent transcender toutes les options partisanes progressistes. Nous n’avons plus le temps de nous y opposer.

PS : L'article 11 est cité. C'est la proposition commune à tous celle et ceux qui désirent passer à la sixième république. Mais cela passe par le vote d'un Président de la République qui décide de saborder la constitution de la 5e République. C'est cela entrer dans l'Histoire. Mais c'est aussi un paradoxe : les candidats sont-ils capables de se transcender pour permettre ce dépassement constitutionnel.

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10 mars 2017 5 10 /03 /mars /2017 09:29

Pour le directeur général du WWF France Pascal Canfin, notre modèle d’agro-industrie est en faillite. Un nouveau monde agricole existe déjà, il ne demande qu’à se déployer. Ce sera l’une des tâches du prochain président de la République. Publié le 3 mars 2017 dans Le Monde. Lire aussi : « Refonder un nouveau pacte agricole et alimentaire ».                                Et aussi Réduire les pesticides n’altère pas les rendements,                     Pour l’agriculture de demain, protégeons les sols européens,                   Pour un autre monde agricole et                                                                 L'agroécologie n'est pas que pour les bobos !

« L’agroécologie, l’agriculture autonome et économe ou encore la permaculture font partie des modèles qui permettront aux agriculteurs de sortir de leur dépendance aux intrants, qui les ruinent ». ZOLTAN VOROS/FLICKR/CC BY 2.0

« L’agroécologie, l’agriculture autonome et économe ou encore la permaculture font partie des modèles qui permettront aux agriculteurs de sortir de leur dépendance aux intrants, qui les ruinent ». ZOLTAN VOROS/FLICKR/CC BY 2.0

Notre agriculture est en faillite. Faillite économique : le secteur a perdu, entre 2000 et 2013, 30 % de ses emplois, exploitants et salariés ; hors subventions publiques de la Politique agricole commune (PAC), le revenu moyen des agriculteurs est de… 0 euro par an. Autrement dit, une fois avoir payé toutes ses charges et vendu ses produits, un agriculteur français dispose en moyenne d’un solde de revenu nul pour vivre, avant subventions publiques. L’agriculture industrielle est devenue un cauchemar économique pour ceux qui doivent en vivre.

Faillite humaine et sanitaire : l’utilisation intensive de pesticides explique la multiplication de certaines maladies chez les agriculteurs. L’État et la Mutualité sociale agricole reconnaissent déjà, par exemple, le lien entre la maladie de Parkinson et l’utilisation des pesticides. Et il y a fort à parier, malgré les tentatives d’étouffement depuis plusieurs années, que nous n’en sommes qu’au début d’une longue série.

Faillite environnementale : 400 millions d’oiseaux des champs ont disparu des campagnes européennes ces trente dernières années, certains sols français sont considérés par les scientifiques comme tout simplement morts. Et le dérèglement climatique en cours ne fera qu’aggraver l’inadaptation profonde de l’agriculture industrielle, fortement consommatrice d’eau, à nos territoires. Combien de temps les contribuables accepteront-ils de financer la monoculture du maïs, culture très intensive en eau en été, dans le Sud-Ouest ; alors que le climat de Montpellier et de Perpignan sera celui d’Alger dans la deuxième moitié du siècle ?

Changer de modèle

Pour tous ceux qui regardent les faits, cette triple faillite saute aux yeux. Les premières victimes sont bien sûr les agriculteurs eux-mêmes, incompris, appauvris, dépendants de leur banque, de leur coopérative, de la grande distribution, de Syngenta ou de Monsanto. Il est temps de changer de modèle et de refonder un nouveau pacte agricole et alimentaire.

Ce nouveau pacte doit être lancé dès l’arrivée à l’Elysée du futur président de la République. Le lobby de l’agriculture industrielle avait réussi, en 2007, à faire en sorte que la dynamique du Grenelle de l’environnement ne concerne que peu l’agriculture. Résultat, dix ans plus tard, la consommation de pesticides a augmenté de 25 % par rapport à 2009, alors qu’elle devait baisser de 50 % entre 2008 et 2018 ! La faillite du modèle industriel, défendu par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) notamment, est évidente.

Cette fois, le président de la République ne devra pas céder. Ce nouveau pacte agricole réunira les agriculteurs, bien sûr, dans leur diversité, mais aussi les consommateurs, les acteurs économiques comme l’industrie agroalimentaire, la grande distribution ou les banques, les élus locaux, les associations de protection de l’environnement, les professionnels de santé, etc. Car notre alimentation, nos paysages ou l’avenir de nos emplois agricoles sont un élément clé de notre contrat social, en France sans doute encore plus qu’ailleurs.

Les solutions sont là

Sur le terrain, les solutions sont là : les surfaces converties en agriculture biologique ont augmenté de 16 % en 2016. La demande dans les territoires est telle que l’Etat et les régions sont dépassés : les agriculteurs qui se convertissent en bio reçoivent leurs aides avec un retard de deux à trois ans. Les circuits courts se multiplient et permettent aux agriculteurs de regagner de la valeur ajoutée. Une étude de la Fédération nationale des centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (FNCIVAM) montre que nourrir des vaches à l’herbe, et non au maïs ensilage et au soja OGM, permet de dégager 42 % de valeur ajoutée supplémentaire.

L’agroécologie, l’agriculture autonome et économe ou encore la permaculture font partie des modèles qui permettront aux agriculteurs de sortir de leur dépendance aux intrants, qui les ruinent. Des agriculteurs ont diversifié leurs sources de revenus en devenant également producteurs d’énergies renouvelables. Les toits solaires sur les exploitations, comme la transformation des déchets agricoles en biogaz, sont autant de solutions qui doivent être encouragées à grande échelle par les pouvoirs publics.

On le voit, le nouveau monde agricole ne demande qu’à se déployer. Mais pour cela, il faut sortir de la cogestion entre le ministère de l’agriculture et la FNSEA, qui a conduit nos agriculteurs à la faillite. La future réforme de la PAC, qui sera à l’agenda du président de la République quelques semaines après son élection, devra être conduite en tandem par les ministères de l’agriculture et de l’environnement. La PAC reverse 10 milliards d’euros par an dans les exploitations agricoles, avec de moins en moins d’exigences environnementales. Le nouveau pacte agricole passé avec le monde agricole ne devra pas être piloté seulement par le ministre de l’agriculture, mais aussi par les ministres en charge de l’environnement, de la santé et de l’alimentation, car c’est bien de notre nourriture dont nous parlons !

Du « toujours plus » au « mieux »

Sortir notre agriculture de la faillite passera par des solutions innovantes et multiples et demandera du temps. Mais les réponses tiennent dans une philosophie unique : passer du « toujours plus » au « mieux », de la quantité à la qualité, de la malbouffe et du gaspillage alimentaire à une alimentation équilibrée, de qualité, qui donne du plaisir à celui qui la mange comme à celui qui la produit.

Quelle souffrance pour un agriculteur de ne pas vouloir manger les produits qu’il cultive ! Quelle souffrance de voir des millions de canards abattus dans le Sud-Ouest à cause d’une concentration industrielle qui a détruit les pare-feu que la nature avait créés, comme la diversité génétique ! Quelle souffrance pour les salariés des abattoirs de voir de leur dignité d’humain bafouée en même temps que celle de l’animal maltraité !

L’avenir de notre agriculture, c’est de retrouver des valeurs de bon sens pour recréer de la valeur économique, environnementale et sociétale. Refonder le contrat entre les agriculteurs et la société sera une des tâches majeures du prochain président de la République.

Pascal Canfin (directeur général du WWF France)

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