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28 juin 2019 5 28 /06 /juin /2019 09:03

Le Haut Conseil pour le climat pointe un écart persistant entre l’ambition climatique affichée par le pays et la faiblesse des politiques publiques. Il identifie des blocages dans les transports et le bâtiment et l’absence d’intégration des objectifs climatiques dans les politiques publiques.  D'après l'Humanité et Audrey Garric pour Le Monde le 26 juin 2019. Lire aussi Le projet de loi Énergie-Climat ne répond pas à l'urgence climatique et Les citoyens ressentent l’urgence climatique et sanitaire et maintiennent la pression sur les gouvernements.

Manifestation pour le climat, à Marseille, le 15 mars. CHRISTOPHE SIMON / AFP

Manifestation pour le climat, à Marseille, le 15 mars. CHRISTOPHE SIMON / AFP

Alors que la France suffoque de chaleur, on aimerait se dire que le pays lutte contre le dérèglement climatique de manière à limiter la répétition de ces épisodes de canicule. En réalité, l’Hexagone n’est pas sur la bonne trajectoire pour respecter ses objectifs climatiques et ne se donne pas les moyens d’y parvenir. Ce n’est pas la conclusion d’une association engagée dans un bras de fer juridique avec l’Etat mais celle du premier rapport du Haut Conseil pour le climat, l’instance indépendante lancée fin novembre 2018 par Emmanuel Macron.

Dans cette évaluation de l’action française, publiée et remise au premier ministre mardi 25 juin, les onze experts (climatologues, économistes, ingénieurs, etc.) formulent sept propositions afin d’accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’inscrire la transition vers une économie bas carbone au cœur des politiques publiques, ce qui n’est aujourd’hui pas le cas.

Le Haut Conseil pour le climat (HCC), mis en place en pleine crise des « gilets jaunes », n’a été formellement créé qu’à la mi-mai par décret. Son existence doit encore être inscrite dans la loi relative à l’énergie et au climat, examinée à partir de mercredi à l’Assemblée nationale. En quelques mois d’existence, cette autorité, dotée d’un budget de 1,2 million d’euros par an, a réussi le tour de force de dresser un panorama de la situation française, d’identifier les blocages et les options pour les résoudre.

« Les efforts de la France sont réels, mais ils sont nettement insuffisants et n’ont pas produit les résultats attendus. Tant que l’action en réponse au changement climatique restera à la périphérie des politiques publiques, la France n’aura aucune chance d’atteindre la neutralité carbone en 2050 », résume la climatologue Corinne Le Quéré, de l’université britannique d’East Anglia, qui préside le HCC.

L’Hexagone s’est donné un cap ambitieux : atteindre la neutralité carbone en 2050, en divisant les émissions par au moins six et en absorbant les rejets résiduels par des puits de carbone naturels (forêts, zonees ms humides, etc.) ou des techniques de séquestration. De quoi permettre, si tous les pays s’engageaient dans la même voie, de contenir le réchauffement planétaire à 1,5 °C d’ici à la fin du siècle, en cohérence avec l’accord de Paris de 2015.

Rythme nettement insuffisant

La neutralité carbone, que la loi énergie-climat doit inscrire dans le marbre, est « techniquement réalisable mais implique une transformation de l’économie et de la société à grande échelle », note le rapport du HCC. Or, « le rythme de cette transformation est actuellement insuffisant ». Cette trajectoire est définie par la stratégie nationale bas carbone (SNBC), l’outil de pilotage de la politique climatique du pays. Pour la première période de la SNBC, fixée pour 2015-2018, la France a dépassé de 62 millions de tonnes équivalent CO2 les budgets carbone alloués, c’est-à-dire les plafonds maximums d’émissions, soit un surplus de 3,5 %.

Les émissions de gaz à effet de serre françaises ont certes diminué de 19 % entre 1990 et 2018. Mais le rythme de baisse sur la période 2015-2018, de 1,1 % par an en moyenne comparé à 2011-2014, est « nettement insuffisant » alors que l’objectif a été fixé à − 1,9 % par la SNBC. Sans compter que cette diminution devra atteindre − 3,3 % à partir de 2025. En somme, les efforts sont près de deux fois moindres que prévu alors qu’il faudra bientôt les tripler.

La France est dans le rouge, malgré la baisse de 4,2 % des émissions enregistrée en 2018 – après trois années à la hausse depuis 2015. « Ces résultats n’indiquent pas que la situation sera meilleure dans le futur car ils sont conjoncturels et non structurels », note Corinne Le Quéré. En cause : l’hiver particulièrement doux qui a permis de réduire la consommation de chauffage et la disponibilité plus importante qu’en 2017 des centrales nucléaires.

Transports et bâtiment, deux points noirs

Les points noirs résident dans les transports et le bâtiment, les deux secteurs les plus émetteurs, qui cumulent 50 % des rejets. Les émissions des transports ont ainsi augmenté de 10 % entre 1990 et 2018, en raison de la croissance de la demande, du retard du développement des véhicules électriques et de l’absence de report modal de la voiture vers le rail, les transports en commun ou le vélo.

Les rejets du bâtiment, eux, sont en baisse, mais à un rythme trois fois inférieur qu’anticipé par la SNBC. En cause : des rénovations peu performantes (seulement 5 % d’entre elles ont permis un saut de deux classes énergétiques ou plus), sans exigence de résultat et de contrôle, ainsi qu’un retard dans l’élimination des chauffages les plus carbonés (fioul et charbon). Aujourd’hui, près de la moitié des logements en location du parc privé sont des passoires énergétiques. « Comme elle a déjà un mix électrique décarboné, du fait de l’importance du nucléaire, la France doit agir sur les émissions les plus difficiles en premier, celles qui touchent tout le monde », analyse Corinne Le Quéré.

Au-delà du détail secteur par secteur, le problème réside dans l’absence de prise en compte de la SNBC, « isolée et peu opérationnelle », dans l’ensemble des politiques publiques. Nombre de lois qui ne concernent pas directement le climat, telles que la loi de finances, la loi d’orientation pour les mobilités ou la loi agriculture et alimentation, ont en réalité un impact important sur les émissions de gaz à effet serre. « Pourtant, ces lois et les grands projets ne sont pas évalués ex ante à l’aune de leur impact sur les émissions et de leur respect des budgets carbone, regrette Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européenne pour le climat et membre du HCC. La SNBC doit être remise au cœur des politiques publiques, en s’assurant que chaque loi soit compatible. »

Révision de la taxe carbone

Les experts recommandent en outre de revoir la deuxième version de la SNBC, en cours d’élaboration. Il s’agirait d’inscrire les budgets carbone dans la loi et non plus seulement dans un décret, d’y intégrer les émissions des transports internationaux aériens et maritimes et de réfléchir à une stratégie pour les émissions importées. Ces dernières ont doublé depuis 1995, de sorte que l’empreinte carbone totale des Français atteint 11 tonnes équivalent CO2 par habitant, près de deux fois plus que les 6,6 tonnes comptabilisées dans les émissions nationales.

Ils proposent également de renforcer les instruments des politiques climatiques, à savoir les normes et réglementations, les quotas, les taxes et les subventions, de manière à instituer un prix du carbone qui oriente les choix des ménages et des entreprises. La taxe carbone, dont l’augmentation a déclenché la crise des « gilets jaunes », devra être « revue en profondeur », tant ses modalités que son assiette et ses mesures d’accompagnement, pour « garantir son appropriation sociale et son efficacité ». Enfin, il s’agira de préparer l’économie et la société, en s’assurant que la transition soit « juste et équitable » et déclinée aux échelles locales et régionales.

Le gouvernement a désormais six mois pour répondre au rapport, devant le
Parlement et le Conseil économique, social et environnemental. Dans un communiqué publié mardi soir, Edouard Philippe, tout en répétant que la lutte contre le changement climatique est « une priorité du gouvernement », reconnaît que l’action doit « être amplifiée au regard de l’urgence ». Rappelant que Corinne Le Queré sera auditionnée début juillet lors du prochain Conseil de défense écologique, il assure que le gouvernement « présentera à cette occasion les premières réponses et les suites qu’il compte donner aux recommandations du Haut Conseil, dont certaines seront prises en compte dès l’examen parlementaire du projet de loi relatif à l’énergie et au climat ».

La prochaine évaluation du HCC, à l’été 2020, suivra de nouveau l’évolution des émissions ainsi que l’action du gouvernement. Le Haut Conseil deviendra alors définitivement le gardien des engagements climatiques de la France.

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27 juin 2019 4 27 /06 /juin /2019 14:50

Le tribunal administratif de Montreuil examinait le recours d’une mère et sa fille atteintes de pathologies respiratoires lorsqu’elles vivaient en banlieue parisienne. Mardi 25 juin, il a communiqué sur une « faute » de l’Etat que le jugement nie. Par Novethic et Stéphane Mandard pour Le Monde les 25 et 26 juin 2019. Lire aussi Des ONG attaquent la France en justice pour inaction climatique et Des citoyens attaquent en justice l’Europe pour son échec à les protéger contre le réchauffement climatique.

Un communiqué reconnaît une « faute » de l’Etat pour « insuffisance » dans la lutte contre la pollution de l’air – pas le jugement !

« Historique. » Le mot est sur toutes les bouches après le jugement rendu, mardi 25 juin, par le tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Pour la première fois, l’Etat était poursuivi pour son inaction face à la pollution de l’air, visé par un recours pour « carence fautive » déposé par une mère et sa fille atteintes de pathologies respiratoires importantes. Pour la première fois, sa responsabilité a été retenue.

« C’est une décision historique, car la responsabilité de l’Etat est enfin reconnue dans un dossier de pollution de l’air, déclare au Monde François Lafforgue, l’avocat des requérantes, qui ont dû quitter la banlieue parisienne à cause de crises d’asthme qui se sont aggravées avec le pic de pollution intense de décembre 2016. Le tribunal retient la faute de l’Etat dans son incapacité à lutter contre la pollution de l’air. »

En l’occurrence, suivant les conclusions du rapporteur public, les juges ont reconnu « la responsabilité de l’Etat » pour « carence » dans la mise en œuvre du « plan de protection de l’atmosphère » en Ile-de-France. Ce plan est la stratégie de l’Etat pour « rendre aux Franciliens un air de meilleure qualité en accélérant les mesures prises pour diminuer la pollution ».

Dans son jugement, le tribunal de Montreuil estime ainsi que « l’Etat a commis une faute du fait de l’insuffisance des mesures prises en matière de qualité de l’air pour remédier au dépassement, entre 2012 et 2016, dans la région Ile-de-France, des valeurs limites de concentration de certains gaz polluants ». Il reprend également le terme de carence fautive : « Si le dépassement des valeurs limites ne peut constituer, à lui seul, une carence fautive de l’Etat en matière de lutte contre la pollution atmosphérique [...], l’insuffisance des mesures prises pour y remédier est en revanche constitutive d’une telle carence. »

Dépassements répétés des normes

La France est en infraction avec le droit européen pour ces violations répétées des normes sur la qualité de l’air. Depuis près de dix ans, elle fait l’objet de mises en demeure et autres avis motivés de la Commission européenne pour les particules fines (PM10) et le dioxyde d’azote (NO2). Au point que Bruxelles l’a renvoyée devant la Cour de justice de l’Union européenne en 2018. Au point également que, en juillet 2017, le Conseil d’Etat enjoigne au gouvernement de prendre des mesures rapides pour mettre fin à ces dépassements. Deux ans plus tard, les limites ne sont toujours pas respectées dans une dizaine d’agglomérations françaises, dont l’Ile-de-France.

« C’est un jugement historique pour les 67 000 Français qui meurent chaque année prématurément à cause de la pollution de l’air. Aujourd’hui, les victimes de la pollution comme des pesticides ne doivent plus avoir peur d’aller devant les tribunaux pour défendre leur santé, réagit Nadir Saïfi, vice-président de l’association Ecologie sans frontière (ESF). La justice envoie un message clair à l’Etat en l’incitant à ne plus protéger les lobbys pollueurs mais les citoyens. » A l’origine de la première plainte contre X pour mise en danger d’autrui après le pic de pollution de mars 2014, ESF soutient Farida et sa fille dans leur démarche. Désormais débarrassée de ses problèmes respiratoires depuis qu’elle s’est installée à Orléans, Farida ne dit pas autre chose : « J’espère que d’autres personnes dans mon cas oseront déposer plainte. »

« L’Etat prend acte de ce jugement, qui s’inscrit dans la lignée de l’arrêt du Conseil d’Etat du 12 juillet 2017, qui avait enjoint l’Etat à prendre de nouvelles mesures pour respecter les normes européennes en matière de qualité de l’air », a indiqué le ministère de la transition écologique et solidaire dans un communiqué publié mercredi 26 juin. « Depuis, le gouvernement a pris des mesures fortes afin de respecter les obligations fixées par la réglementation européenne, mais surtout garantir le droit de chaque Français de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé, en agissant d’abord sur les causes de la pollution de fond », poursuit le gouvernement. Et de citer le projet de loi d’orientation des mobilités adopté en première lecture par les députés le 18 juin qui prévoit la fin de la vente des voitures thermiques à l’horizon ou le développement des zones à faibles émissions d’ici fin 2020 dans les agglomérations les plus polluées.

Un jugement contredisant le communiqué : le recours des requérantes rejeté ?

Le tribunal a en revanche estimé que le lien de causalité entre les problèmes médicaux et la pollution n’était pas suffisamment démontré et n’a donc pas retenu la demande d’indemnisation, qui était de 160 000 euros.

Pour Me Lafforgue, qui envisage de faire appel, « la porte reste cependant ouverte pour Farida et les autres victimes de la pollution de l’air qui ont engagé des poursuites ». Olivier Blond, de l’association Respire, se dit également confiant : « Derrière Farida et sa fille, il y a des dizaines de personnes qui souffrent elles aussi de la pollution de l’air et qui ont des dossiers très solides. »

C'est à n'y plus rien comprendre, après le communiqué du tribunal et celui du gouvernement. En fait, l’Etat n’a pas été reconnu coupable de son inaction contre la pollution de l’air. Selon le gouvernement et l'avocat en droit de l'environnement, Arnaud Gossement, le recours des deux femmes a en réalité été rejeté par le tribunal. "On a affaire à une intoxication pure et simple. La responsabilité de l'État n'a pas été reconnue et il n'y a aucune carence fautive", explique-t-il à Novethic. Et de fait, le jugement (et non pas le communiqué) indique noir sur blanc que l'État "n'a pas commis de faute en prenant suffisamment rapidement les mesures d'urgence qu'il a adoptées pour lutter contre l'épisode de pollution de décembre 2016".

"Cette décision est une régression pour la cause environnementale"

De même le tribunal "rejette la demande de la requérante". Il reconnait par contre l'insuffisance du plan de protection de l'atmosphère pour l'Île-de-France. "Le Conseil d'État avait déjà souligné cette insuffisance, il n'y a rien de nouveau. Au contraire, cette décision est plutôt une régression pour la cause environnementale", indique Arnaud Gossement. 

L'avocat des plaignantes réfléchit encore avec ses clientes s'ils feront appel. De fait, le tribunal a rejeté leur demande d'indemnisation, jugeant que le lien de causalité entre leurs maladies respiratoires et l'insuffisance des mesures prises par l'État n'était pas "directement" établi au vu des éléments produits dans leur requête.

Trente-neuf instructions en cours

Selon nos informations, 39 autres dossiers similaires à celui de Farida sont en cours d’instruction dans divers tribunaux à Lyon, Lille ou Grenoble. Trois audiences sont déjà programmées devant le tribunal administratif de Paris, le 27 juin, dont celle de Clotilde Nonnez. Cette professeure de yoga parisienne avait été la première à attaquer l’Etat, en juin 2017, épuisée par les crises respiratoires à répétition.

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25 juin 2019 2 25 /06 /juin /2019 14:32

Le projet de loi Énergie-Climat est arrivé mardi 25 juin devant l’Assemblée nationale. Il fixe les nouveaux objectifs du gouvernement en matière de transition énergétique et de réduction des émissions de CO2. Il entérine ainsi l’atteinte d’une neutralité carbone en 2050, décrète l’état d’urgence climatique et écologique et prévoit aussi d'élargir le périmètre de l’article 173. Cinq points à retenir, dont le problème des logements non-isolés est le plus criant.  Une vingtaine de députés LRM voulaient interdire la location des logements étiquetés « F » et « G » d’ici 2025, sans succès. D’après Conception Alvarez pour Novethic et Isabelle Rey-Lefebvre pour Le Monde le 25 juin 2019. Lire aussi Urgence climatique : pour la simple et bonne ration, Des taxes carbone efficaces et approuvées par la population – c’est possible ! et Rétablir la justice fiscale en taxant les entreprises les plus polluantes.

Aurel, pour Le Monde.

Aurel, pour Le Monde.

1 - L’urgence écologique et climatique décrétée

C’est sans doute la mesure la plus emblématique du texte. En commission la semaine dernière, les députés ont inscrit à l'unanimité "l'urgence écologique et climatique" à l'article 1er du projet de loi. Une façon de répondre aux attentes des jeunes qui se mobilisent pour le climat depuis plusieurs mois. Avant la France, le Royaume-Uni était devenu début mai le premier pays au monde à déclarer l'urgence climatique après avoir fait l'objet de nombreux blocages de la part du mouvement Extinction Rebellion. Dix jours plus tard, le parlement irlandais approuvait lui aussi un amendement en ce sens.

2 - Neutralité carbone en 2050 sans crédits carbone internationaux

Conformément à l’engagement du gouvernement, le texte prévoit d'atteindre la "neutralité carbone" à l'horizon 2050. Ce principe suppose de ne pas émettre plus de gaz à effet de serre que le pays ne peut en absorber via notamment les forêts ou les sols. Pour y arriver, la France compte diviser par six ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Et pour compenser les émissions résiduelles, elle n’utilisera pas de crédits internationaux de compensation carbone, souvent source de polémique.

3 - Fin des subventions aux énergies fossiles

Un amendement porté par la députée Delphine Batho a été adopté en commission des affaires économiques, contre l’avis du gouvernement. Il vise à mettre fin aux subventions publiques aux énergies fossiles accordées sous forme de garanties à l’export pour des opérations liées à l’exploration, l’exploitation, le transport ou la combustion d’énergies fossiles. Entre 2015 et 2018, Bpifrance Assurance Export, qui est l’agence de crédit à l'exportation de l’État, a pris en garantie plusieurs projets d’énergie fossiles à hauteur d’environ 1,5 milliard d’euros d’argent public. La fin de ces crédits pour le charbon avait été actée en 2015 sous le précédent quinquennat.

4 - L’article 173 étendu à la biodiversité

La commission a adopté un autre amendement défendu par la députée Bénédicte Peyrol (LREM) visant à compléter l’article 173 sur le reporting extra-financier des investisseurs. Jusqu’à présent cantonné aux objectifs climatiques, celui-ci devra également prendre en compte "la préservation de la biodiversité des écosystèmes et des ressources naturelles, notamment la participation à l’objectif de zéro artificialisation nette et l’utilisation d’énergies renouvelables". Cet amendement a obtenu l’avis favorable du rapporteur et du gouvernement.

5 - L’expérimentation dans la lutte contre les « passoires thermiques » divise la majorité

L’interdiction progressive de la mise en location des passoires thermiques a été rejetée alors qu’il s’agissait d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. À la place, les députés ont prévu une expérimentation à partir de 2021 au moment de la vente de ces logements. Une part du montant de la transaction - qui ne pourra pas dépasser 5 % du produit total – sera mise sous séquestre pour financer des travaux de rénovation énergétique. L'idée est d'inciter l'acquéreur à réaliser ces travaux. L’expérimentation durera deux ans dans les zones tendues.

Les députés ont par ailleurs voté l’intégration en 2022 d’un plafond de consommation d’énergie dans les critères de définition d’un logement décent. La mesure toucherait entre 200 000 et 400 000 logements. Enfin, la révision des loyers, en cas de travaux, sera conditionnée à l’atteinte d’au moins la classe énergétique "E". 

Contre l’avis du gouvernement

Le premier ministre, Edouard Philippe, l’avait promis lors de son discours de politique générale, le 12 juin : l’acte II du quinquennat serait écologique. Le projet de loi relatif à l’énergie et au climat qui arrive, mardi 25 juin, en première lecture à l’Assemblée nationale, est l’occasion de concrétiser ce propos. Le texte, à l’origine composé de huit, puis de douze articles, en compte finalement, à l’issue du travail en commissions, une trentaine de plus, et il est assorti de 750 amendements.

L’article premier affirme, ou réaffirme, l’objectif de parvenir, avant 2050, à la neutralité carbone entre émission et absorption de gaz à effet de serre. Cela revient à diviser ces émissions par six au lieu de quatre, tel qu’inscrit dans la précédente loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, du 17 août 2015.

Or, les immeubles de tous types consomment, à eux seuls, 45 % de l’énergie du pays et émettent 25 % des gaz à effet de serre. Le résidentiel représente 31 % de la consommation et 10 % des émissions et sa rénovation massive, programmée de plan en plan depuis 2012, prend du retard. L’objectif de mettre aux normes 500 000 logements par an, dont 120 000 logements sociaux et 150 000 « passoires thermiques », n’a jamais été atteint.

En 2018, seuls 290 000 chantiers de rénovation étaient engagés, dont 90 000 vraiment performants et faisant gagner deux grades dans l’échelle des consommations d’énergie. Reste à traiter en priorité 7,4 millions de logements étiquetés F et G, c’est-à-dire qui consomment plus de 350 kilowattheures (kWh) par mètre carré et par an – les fameuses « passoires thermiques ».

Seuls les bailleurs sociaux font le travail sur leur propre parc, dont il ne reste que 20 % des logements à réhabiliter, mais ce n’est pas le cas du parc privé, notamment locatif, dont 43 % des 7,2 millions de logements sont des « passoires thermiques ». C’est un enjeu non seulement climatique, mais aussi social, puisque ces appartements énergivores sont habités par des ménages modestes ainsi soumis à des niveaux de charges insupportables.

Risques de bouleversement du marché locatif

Un groupe d’une vingtaine de députés La République en marche (LRM), emmené par Marjolaine Meynier-Millefert (Isère), coanimatrice du plan de rénovation énergétique des bâtiments, a pris le premier ministre au mot et veut passer à l’action. Leur amendement propose d’interdire purement et simplement la location des passoires thermiques, d’ici à 2025 dans les zones tendues et 2028 ailleurs. Mais, bien qu’adopté en commission du développement durable, il a dû être retiré à la demande du chef du gouvernement, inquiet des risques de bouleversement du marché locatif.

« La majorité est très divisée sur cette question, entre ceux préoccupés d’écologie, qui ne veulent pas voir sans arrêt repousser les échéances, et les élus plus proches du monde du logement, explique Marjolaine Meynier-Millefert J’ai conscience que bloquer la location de ces biens jusqu’à ce qu’ils soient mis aux normes peut être anxiogène. » La divergence de vue existe également au sein du gouvernement, entre le ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy, et celui chargé du logement, Julien Denormandie.

La députée compte cependant revenir à la charge dans l’hémicycle et elle a signé, lundi 24 juin, avec 34 de ses collègues et une quinzaine d’institutions – la Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l’homme, la Fondation Abbé Pierre, le Secours catholique, le syndicat CFDT, le think tank Terra Nova –, une lettre ouverte au premier ministre qui rappelle les propositions du candidat Emmanuel Macron, qui promettait, en 2017 : « Nous allons lancer un grand plan Marshall de la rénovation du bâtiment (…). Les passoires énergétiques seront interdites à la location à partir de 2025 (…). A cette fin, via un fonds public, nous prendrons intégralement en charge les travaux des propriétaires les plus précaires, avec un remboursement au moment de la vente du bien. »

« Traiter les passoires thermiques est l’un des leviers essentiels pour agir et il serait incongru que rien ne figure à ce sujet dans le texte », estime Mathieu Orphelin, député (non inscrit mais LRM jusqu’en février) du Maine-et-Loire, proche de Nicolas Hulot. « L’idée de ce fonds public est ingénieuse et pas si coûteuse que cela, puisqu’il se renfloue au fil des ventes qui interviennent, en moyenne, tous les sept ans. Il faut une mise de départ, à inscrire au budget 2020, mais où la trouver ? Il y a de quoi s’inquiéter que, au nom de l’équilibre budgétaire, les sommes consacrées au crédit d’impôt transition énergétique aient, dans le budget 2019, été divisées par deux », déplore-t-il.

Une situation de flou juridique et financier

Quant aux professionnels de l’immobilier, ils regimbent : « Cette mesure hérisse les bailleurs au moment où l’offre locative est déjà insuffisante dans les zones tendues, plaide Frédéric Verdavaine, directeur général délégué de Nexity, premier promoteur, gestionnaire et syndic de France. On risque de freiner la fluidité du marché locatif. »

Les trois quarts des logements concernés sont situés dans des copropriétés et leurs propriétaires n’ont donc pas, seuls, le pouvoir de décider de lourds travaux : c’est à la copropriété de les entreprendre. Cet obstacle devrait être levé par une ordonnance visant à simplifier ce processus de décision. En attendant, dans le flou juridique et financier actuel, rien ne se fera.

Le gouvernement propose, en guise de lot de consolation, d’intégrer dans les critères qui définissent le logement décent sa performance énergétique, avec un seuil minimal de consommation au-dessous duquel soit il n’est pas possible de le louer, soit le locataire peut faire baisser son loyer ou exiger des travaux. « C’est une vieille idée qui remonte à 2009, se souvient Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre, déjà inscrite dans la loi de 2015 mais affadie par son décret d’application de mars 2017, puisqu’avait disparu le critère de seuil de consommation pour celui, assez vague, d’étanchéité à l’air ».

« Toutes les passoires énergétiques F et G ne sont pas des logements indécents, un qualificatif que l’on peut réserver à ceux qui consomment plus de 700 kWh par mètre carré annuel, soit environ 200 000 », rectifie-t-on au ministère de la transition écologique et solidaire. Pour Manuel Domergue, « on se battra pour faire baisser ce seuil, s’il est voté, mais c’est un premier pas ».

Face à l’exigence imprévue de ses députés, le gouvernement semble improviser. Une mesure spectaculaire a ainsi été introduite in extremis. Elle vise encore les passoires thermiques F et G. Lors de leur vente, et après un audit chiffrant les travaux à réaliser, 5 % du prix serait séquestré pour financer la mise aux normes. Une idée séduisante, mais qui soulève des questions : qui réalise l’audit ? Chez qui consigner la somme ? Comment contrôler la bonne fin des travaux ? Dans quel délai les réaliser ? Des questions qui devront être tranchées au moins en partie lors du débat parlementaire.

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25 juin 2019 2 25 /06 /juin /2019 09:04

L’historienne Isabelle Laboulais rappelle l’émergence, au cours du XVIIIe siècle, d’un nouveau rapport à la nature. Celle-ci n’est plus seulement dotée d’une valeur d’usage, mais acquiert une valeur d’échange. L’expert du secteur pétrolier Philippe Copinschi retrace le long combat des organisations internationales pour imposer la transparence dans les industries extractives, notamment à travers la norme ITIE. Deux tribunes associées du 21 juin 2019 pour Le Monde. Lire aussi COP 21 + 3 ans : les banques françaises toujours au charbon, Des maires et des associations interpellent Total sur sa responsabilité climatique, Des tremblements de terre provoqués par les humains, La sale mine du futur code minier et Le sable de la discorde en baie de Lannion.

En plein cœur de la ville de Mirny, en Sibérie orientale, une gigantesque mine de diamants 525 mètres de large et 1200 mètres de profondeur, ressemble à un vortex.

En plein cœur de la ville de Mirny, en Sibérie orientale, une gigantesque mine de diamants 525 mètres de large et 1200 mètres de profondeur, ressemble à un vortex.

Le 21 mars 1791, quelques jours avant sa mort, Mirabeau résume le principe qui doit, à ses yeux, inspirer la loi sur les mines en cours de discussion à l’Assemblée constituante par une formule à la signification ambiguë : « Les mines doivent être à la disposition nationale. » L’article 1er de la loi votée le 28 juillet 1791 fait de ce principe le cœur de la nouvelle législation minière. De là à dire que les mines sont désormais regardées comme un bien commun, il y a un pas qu’il serait hasardeux de franchir trop rapidement car la loi ne permet à la Nation ni de vendre les mines ni de les faire administrer pour son compte.

Elle marque néanmoins une rupture avec la législation à l’œuvre depuis le XVIIe siècle puisque sous la monarchie absolue aucune mine ne pouvait être exploitée sans la permission préalable du roi, qui l’accordait comme on dispense une faveur. La loi de 1791 abolit également la distinction qui avait jusqu’alors prévalu entre sol et sous-sol en attribuant le droit d’exploiter les mines au propriétaire de la surface. Ce droit ne peut lui être retiré que s’il ne veut pas ou ne peut pas exploiter un gisement identifié.

La nouvelle législation place donc la propriété privée au cœur du dispositif qui régit l’exploitation des ressources minérales et met en lumière le changement de statut des mines. Regardées jusque-là comme des biens n’appartenant à personne (res nullius), elles deviennent la propriété d’un individu, mais ne sont en aucun cas pensées comme des biens dont l’usage serait commun à tous les hommes (res communes).

Glissement terminologique

Cette évolution renvoie à l’émergence de la notion de « ressources naturelles » qui, au cours du XVIIIe siècle, remplace de plus en plus souvent dans les textes celle de « richesses de la nature », formule qui désignait auparavant des biens jugés gratuits et inépuisables. Ce glissement terminologique indique l’émergence d’un nouveau rapport à la nature, dans lequel celle-ci n’est pas seulement dotée d’une valeur d’usage mais acquiert une valeur d’échange.

Pourtant, constatant que la loi de 1791, favorable aux propriétaires du sol, encourage un « gaspillage légal » et ne contribue pas suffisamment à « la prospérité nationale », le ministre de l’intérieur Chaptal convainc en 1801 le premier consul Bonaparte de rétablir le régime des permissions préalables et d’instaurer le système des concessions. Ce dispositif s’impose aussi aux propriétaires de la surface, que la loi de 1791 avait pourtant promus en propriétaires du sous-sol. L’Etat se réapproprie donc la responsabilité de choisir l’exploitant et de fixer les limites de la concession. Ce sont les ingénieurs des mines, apparus en 1783 et regroupés depuis 1795 dans un Conseil des mines, qui en sont chargés et qui deviennent ainsi les garants d’une gestion raisonnée des ressources minérales. Au-delà des fonctions de conseil et de surveillance des exploitations qui leur incombent, leur contribution au gouvernement de la nature se matérialise par la production d’inventaires et de descriptions qui tentent de mieux faire connaître les ressources aux futurs exploitants.

Un dispositif plus favorable à l’intérêt public

Une rupture de modèle plus nette encore s’impose avec les lois de 1810 qui font de la mine une propriété immobilière, perpétuelle et entièrement distincte de la propriété du sol. Ce nouveau régime de propriété, qui rompt de manière radicale avec la loi de 1791, fut présenté par ses promoteurs comme une manière d’étayer le droit d’exploiter la mine aussi solidement que pouvait l’être le droit d’un propriétaire foncier.

Ce changement imposé en 1810 instaure aussi un dispositif plus favorable à l’intérêt public, c’est-à-dire ici à la prospérité économique. L’administration y joue un rôle croissant – la même année une autre loi fixe l’organisation du « corps impérial des Mines » – puisqu’il lui revient de répondre aux demandes de concessions en réglant l’exploitation des mines de la façon la plus avantageuse possible pour la collectivité, qui a besoin des substances minérales. Parallèlement à la volonté de développer les exploitations se déploient ainsi des formes de régulation supposées, elles aussi, promouvoir le bien public. Rétrospectivement, ces évolutions ont souvent été présentées comme l’une des causes essentielles du développement de l’industrie extractive en France.

Une mine d’extraction de cobalt et de cuivre, près de Lubumbashi, en République démocratique du Congo. Reuters Staff / REUTERS

Une mine d’extraction de cobalt et de cuivre, près de Lubumbashi, en République démocratique du Congo. Reuters Staff / REUTERS

Dans l’extraction minière, la corruption est perçue comme inévitable, voire acceptable

Les 18 et 19 juin, Paris a accueilli la Conférence mondiale de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Cette initiative, lancée en 2003, vise à promouvoir une gestion transparente des revenus issus des industries pétrolières et minières, en particulier dans les pays en développement.

Alors que l’exploitation de ressources naturelles est généralement présentée comme une aubaine pour le pays qui les possède et un gage de développement économique et de prospérité, la réalité est tout autre : bien souvent, on assiste à une généralisation de la corruption, au creusement des inégalités entre la masse miséreuse et les élites détournant l’argent public, à la disparition des activités agricoles et industrielles autres que celles liées à l’exploitation de la ressource, à une instabilité politique grandissante et, in fine, à la dérive autoritaire des régimes politiques, voire au basculement dans la guerre civile. Le Nigeria, le Venezuela ou encore la Libye en sont, parmi bien d’autres, de tristes illustrations.

L’ITIE repose sur la conviction qu’une meilleure transparence dans la gestion des revenus tirés de l’exploitation des ressources naturelles est une condition indispensable à un développement économique sain menant à une réelle réduction de la pauvreté. Pour ce faire, elle a élaboré une norme visant à promouvoir la gestion ouverte et responsable des ressources pétrolières, gazières et minières, et invité les pays producteurs ainsi que les entreprises extractives à y adhérer.

Coalitions tripartites

Cette norme exige des pays qu’ils mettent sur pied une coalition tripartite réunissant le gouvernement, les entreprises et la société civile, afin de procéder à la publication d’un large éventail d’informations sur la chaîne de valeur extractive : octroi des droits d’extraction, montant des revenus versés au gouvernement, utilisation de ces revenus tant par le gouvernement national que par les autorités locales, etc.

En renforçant ainsi la gouvernance publique et des entreprises, l’ITIE cherche à offrir aux pays producteurs les outils et les informations nécessaires pour mener des réformes permettant d’endiguer la corruption et d’assurer que les revenus extractifs bénéficient réellement aux populations locales. Aujourd’hui, plus de 50 Etats (dont nombre de pays africains) ont entrepris de mettre en œuvre la norme ITIE, soutenus par la plupart des grandes multinationales pétrolières et minières, qui voient dans cette initiative une manière d’échapper à la corruption qui règne généralement dans les pays producteurs et de démontrer leur engagement en faveur du développement économique des Etats hôtes.

Certes, le bilan de l’ITIE après plus de quinze ans d’existence semble mince. Rares sont les exemples de pays dont l’adhésion à l’ITIE y a fait significativement reculer la corruption. D’autant que l’initiative souffre de quelques faiblesses originelles, dont celle d’être purement volontaire (tant pour les Etats que pour les entreprises) et d’être dépourvue d’un véritable système de sanctions en cas de violation flagrante des engagements pris.

Imposer la norme ITIE

Pour autant, l’ITIE représente une avancée certaine dans un secteur où l’opacité et les pratiques de corruption ont longtemps été perçues comme inévitables voire acceptables. D’une part parce que cette norme constitue un standard à vocation globale, ce qui permet (du moins en théorie) de contourner le principe de souveraineté derrière lequel nombre de régimes corrompus et autoritaires s’abritent pour échapper à toute mise en cause. D’autre part parce qu’elle tend à faire de la transparence une norme et de la corruption une pratique inacceptable. Bien sûr, cela n’empêche pas (encore) les corrompus de l’être ; mais cela rend la corruption de plus en plus difficile, surtout lorsque les compagnies pétrolières et minières sont elles-mêmes soumises à la surveillance des militants de la société civile et aux contraintes de législations anticorruption dans leurs pays d’origine.

Même si l’ITIE continue de s’améliorer, avec un élargissement progressif des exigences portant notamment sur la transparence des contrats, beaucoup reste à faire pour parvenir à rendre le secteur extractif totalement transparent et faire en sorte que l’exploitation des ressources naturelles soit réellement bénéfique pour les populations locales.

Il est aujourd’hui temps d’accélérer dans cette direction, notamment en subordonnant tout investissement au respect de la norme ITIE. Les pays occidentaux, dont les gouvernements ne cessent, dans leurs discours, de dénoncer les pratiques de corruption, ont dans leurs mains de puissants outils pour y parvenir.

En exigeant des différentes agences d’aide au développement (Banque mondiale, Banque européenne d’investissement, Agence française de développement, etc.) qu’elles fassent de la conformité à la norme ITIE la condition de l’octroi de leur aide financière, ils pourraient enfin joindre l’acte à la parole, et participer à l’amélioration durable de la transparence, condition indispensable du développement économique et de la stabilité politique des pays producteurs de richesses naturelles.

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24 juin 2019 1 24 /06 /juin /2019 10:43

Dans un rapport du 5 avril 2019, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) recommande d’éviter de construire de nouvelles crèches ou écoles à proximité de lignes THT et de surveiller l’exposition des femmes enceintes à certains champs électromagnétiques. D’après L’ANSES et Stéphane Foucart pour Le Monde le 21 juin 2019.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande de ne pas construire de crèche à proximité de lignes à haute tension. KACPER PEMPEL / REUTERS

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande de ne pas construire de crèche à proximité de lignes à haute tension. KACPER PEMPEL / REUTERS

Eviter la construction de nouvelles crèches ou écoles à proximité de lignes à haute tension, surveiller les expositions professionnelles à certains champs électromagnétiques, en particulier s’agissant des femmes enceintes. Et poursuivre la recherche.

Telles sont les principales recommandations émises par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), dans un avis du 5 avril rendu public vendredi 21 juin, et évaluant les risques liés aux champs générés par les lignes à haute tension, certains transformateurs ou stations électriques.

L’Anses répondait à une saisine des ministères de la santé et de l’agriculture, consécutive à la publication d’une étude épidémiologique française, dite Geocap, suggérant un lien entre le fait de résider à moins de 50 mètres de l’aplomb d’une ligne à très haute tension et un risque accru de leucémie infantile pour les enfants de moins de cinq ans. Cette étude n’était pas la première, tant s’en faut, à mettre en évidence une telle association, mais d’autres enquêtes épidémiologiques donnent des résultats contradictoires.

La co-saisine par le ministère de l’agriculture était justifiée par les suspicions d’effets délétères sur les animaux d’élevage. L’Anses a abordé cet aspect dans un rapport précédent, rendu en 2015, qui ne mettait pas en évidence de liens.

Le lien de causalité n’est pas démontré

« S’agissant des suspicions d’effets sur les humains, nous avons voulu passer en revue l’ensemble de la littérature sur le sujet, des études menées in vitro ou sur l’animal, aux études épidémiologiques disponibles, explique Olivier Merckel, chef de l’unité Agents physiques, nouvelles technologies et grands aménagements à l’Anses. Plusieurs ont été publiées depuis 2010 et trouvent plutôt moins fréquemment de lien entre lignes à haute tension et leucémies infantiles que les études plus anciennes, mais un certain nombre d’entre elles indiquent toutefois une association. »

Le caractère hétérogène des résultats peut être lié à la difficulté de caractériser précisément l’exposition réelle ou encore à des facteurs de confusion insuffisamment pris en compte.

Au total les leucémies infantiles sont ainsi les seules maladies dont l’Anses estime qu’un lien avec les champs basses fréquences est « possible ». « Cela provient d’un niveau de preuve “limité” chez l’humain », dit M. Merckel. En l’absence d’étude probante sur l’animal et d’un mécanisme biologique connu susceptible d’expliquer le lien entre champs électromagnétique basses fréquences et leucémies infantiles, le lien de causalité n’est pas démontré, estiment les experts de l’Anses.

A la demande de l’agence, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a conduit une étude destinée à estimer la proportion de Français potentiellement concernés. Les résultat indiquent, précise l’Anses dans un communiqué, qu’« environ 40 000 enfants de moins de 15 ans (0,35 % de la population) sont exposés à leur domicile à un champ magnétique supérieur à 0,4 µT [microTesla], et environ 8 000 enfants (0,18 %) sont scolarisés dans une école exposée à un champ magnétique supérieur à 0,4 µT ».

Intensifier la recherche

Des liens ont également été recherchés avec d’autres pathologies, mais les données disponibles n’ont pas permis de conclure.

C’est le cas pour les tumeurs du système nerveux central de l’enfant, le cancer du sein ainsi que d’autres pathologies cancéreuses de l’adulte, de même que la maladie de Parkinson. Les experts mandatés par l’Anses se sont aussi penchés sur les expositions professionnelles – dans l’industrie, notamment, où l’utilisation de machines générant un fort champ basses fréquences expose certains salariés de manière chronique. Des suspicions de risques accrus de maladie d’Alzheimer ou de sclérose latérale amyotrophique ont été soulevées par certaines études mais, là encore, non confirmées par d’autres.

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21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 13:09

Associé notamment à des déficits de QI chez l’enfant, l’insecticide est toujours autorisé malgré des études scientifiques accablantes. Son processus de renouvellement dans l’UE arrive à son terme. Par Stéphane Horel le 17 juin 2019 pour Le Monde. Lire aussi Des résidus de pesticides dans les 3/4 des fruits et 43% des légumes non bio et Les pesticides perturbateurs endocriniens présents dans les eaux de surface en France.

D’après des estimations, l’exposition à la famille des pesticides organophosphorés est associée à 59 300 cas de déficience intellectuelle par an en Europe

D’après des estimations, l’exposition à la famille des pesticides organophosphorés est associée à 59 300 cas de déficience intellectuelle par an en Europe

C’est une famille de pesticides qui vole en moyenne 2,5 points de quotient intellectuel (QI) à chaque enfant européen. Son principal représentant, comme beaucoup de produits chimiques, porte un nom compliqué qui lui garantit le confort d’un certain anonymat. Pourtant, il contamine notre vie quotidienne. D’abord pulvérisé sur les cultures pour éliminer pucerons ou chenilles, le chlorpyrifos poursuit son existence sous la forme de traces dans les oranges, les pommes, la laitue, l’urine des enfants et le cordon ombilical des femmes enceintes.

Au fil d’un demi-siècle de pulvérisation, les données scientifiques se sont accumulées sur les effets nocifs de cet insecticide. Censé remplacer le DDT et ses effets délétères en 1965, le produit de la firme américaine Dow endommage en fait le cerveau des enfants de manière irréversible.

Les éléments scientifiques sont désormais si accablants que, d’après les informations du Monde, la Commission européenne s’apprête à proposer son retrait du marché. Or, notre enquête démontre que les autorités ont mis près de vingt ans avant d’évaluer les données du fabricant. Des données qui, de plus, étaient erronées.

Huit pays européens n’autorisent pas, ou plus, le chlorpyrifos pour un usage agricole. Depuis 2016, la France ne permet plus qu’une exception pour les épinards. Une évaluation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail a conclu à une absence d’effets nocifs dans les conditions d’usage. Mais l’exposition à l’insecticide ne s’arrête pas aux frontières : elle perdure par le biais des produits importés.

« Neurotoxique et perturbateur endocrinien »

« On peut se demander pourquoi il n’a pas déjà été interdit, déplore Barbara Demeneix, professeure de biologie au laboratoire Evolution des régulations endocriniennes (CNRS-Muséum national d’histoire naturelle) à Paris. Le chlorpyrifos est toxique pour le système nerveux central, c’est-à-dire neurotoxique, et c’est un perturbateur endocrinien qui agit notamment sur la signalisation thyroïdienne. Il peut donc interférer avec le développement du cerveau. »

Mis au point comme gaz innervant pendant la seconde guerre mondiale, les organophosphorés, dont fait partie le chlorpyrifos, ont ensuite été adaptés pour tuer les insectes à des doses plus économiques. Pour ce faire, ce dernier inhibe les circuits d’une enzyme qui dégrade un neurotransmetteur essentiel au bon fonctionnement du système nerveux central, l’acétylcholine. Or, de nombreux animaux sont également équipés de ce circuit. Parmi eux : les êtres humains.

A cela s’ajoute que l’insecticide est un perturbateur endocrinien qui interagit avec l’axe thyroïdien, comme l’a récemment démontré une équipe française. Or, les hormones thyroïdiennes jouent un rôle essentiel dans le développement du cerveau pendant la grossesse. Un déficit de ces hormones chez les mères peut entraîner des retards mentaux chez leurs enfants.

Si l’ensemble des mécanismes biologiques de sa neurotoxicité ne sont pas totalement éclaircis, il n’existe aucun doute pour les chercheurs compétents dans le domaine : le chlorpyrifos cambriole le cerveau des enfants.

Les données scientifiques viennent principalement d’études de suivi des populations menées aux Etats-Unis sur de longues durées. Leurs résultats se recoupent. Une exposition au chlorpyrifos ou à ses cousins organophosphorés, avant la naissance ou dans les mois qui suivent, est associée à des déficits de QI allant jusqu’à sept points pour les enfants plus exposés, à un retard de développement mental, une mémoire de travail réduite, des troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.

Augmentation de la fréquence de l’autisme et lésions cérébrales

Menée en Californie et publiée en mars, la dernière étude en date montre une augmentation de la fréquence de l’autisme et de lésions cérébrales précoces chez des enfants exposés au chlorpyrifos avant et après la naissance. Facteur déterminant : leurs mères vivaient à moins de 2 000 mètres d’un lieu de pulvérisation.

Peu après, la Californie, le plus grand Etat agricole américain, a annoncé son intention d’interdire le chlorpyrifos. Cinq autres Etats ont annoncé leur intention de lui emboîter le pas (Hawaï, Oregon, New York, Connecticut, New Jersey). Si l’insecticide est toujours autorisé au niveau fédéral, c’est parce que l’administration Trump en a décidé ainsi. A peine arrivé à la tête de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) début 2017, Scott Pruitt avait torpillé le processus lancé par sa propre institution, alors qu’elle s’apprêtait à l’interdire au vu des données scientifiques.

Cultures de légumes à El Ejido, dans la province d'Almeria (Espagne), en juin 2017. Le chlorpyrifos y est couramment utilisé. MARCOS GARCIA REY

Cultures de légumes à El Ejido, dans la province d'Almeria (Espagne), en juin 2017. Le chlorpyrifos y est couramment utilisé. MARCOS GARCIA REY

Plus impressionnant encore : les dégâts du chlorpyrifos sur le cerveau se voient presque à l’œil nu. En 2012, l’équipe de Virginia Rauh à l’université Columbia (New York) avait employé l’imagerie par résonance magnétique pour examiner les cerveaux de quarante enfants âgés de 6 à 11 ans. Plus ils avaient été exposés pendant la grossesse, plus l’épaisseur de leur cortex cérébral était amoindrie. « Nos travaux, concluaient les chercheurs, indiquent qu’une exposition prénatale au chlorpyrifos, à des niveaux d’utilisation courante (non professionnelle) et inférieurs au seuil montrant des signes d’exposition aiguë, a un effet mesurable sur la structure du cerveau. »

Des dommages aussi spectaculaires ont également un impact à plus grande échelle. En 2015, un groupe de scientifiques a entrepris de le mesurer. D’après leurs estimations, l’exposition à la famille des pesticides organophosphorés est associée à 13 millions de points de QI perdus et 59 300 cas de déficience intellectuelle par an en Europe. Or, chaque point de QI en moins coûte très cher à la société : il correspond à une perte de productivité sur l’ensemble d’une vie. Ces chercheurs ont évalué la facture à 146 milliards d’euros par an.

Le feuilleton du glyphosate, herbicide connu sous le nom de Roundup, avait tenu le monde en haleine jusqu’à la reconduction de son homologation dans toute l’Union européenne pour cinq ans, fin 2017. C’est maintenant le tour du chlorpyrifos, inconnu du public. Son sort doit en effet être scellé, après avoir suivi la même procédure que le glyphosate, avant le 31 janvier 2020.

La loi a beau exiger une « évaluation indépendante, objective et transparente à la lumière des connaissances scientifiques et techniques actuelles » pour les pesticides, elle permet aux industriels de garnir leur dossier de demandes de renouvellement des études scientifiques de leur choix. Ainsi, les autorités évaluent le chlorpyrifos sur la base de données rassemblées non pas par les chercheurs traquant ses effets nocifs sur le cerveau des enfants, mais par les industriels qui en font commerce.

Plusieurs volumes d’informations complexes

Ainsi, en 2014, une « chlorpyrifos task force », créée par Dow et par les autres fabricants, soumet un dossier de demande de renouvellement de l’insecticide à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Responsable du processus, l’agence délègue alors l’examen du dossier à un « Etat membre rapporteur ». Pour le glyphosate, c’était l’Allemagne. Ici, ce sera l’Espagne. L’Espagne, premier producteur d’agrumes dans l’Union européenne, dont 9,5 % des échantillons de fruits et légumes, testés en 2016, contenaient des résidus de chlorpyrifos…

Composé de plusieurs volumes d’informations complexes qui se déploient sur plusieurs milliers de pages, ce dossier ne se feuillette pas dans une salle d’attente. Les données scientifiques qu’il comporte sont de deux natures différentes. Il est désormais censé inclure les études académiques publiées dans les revues scientifiques au cours des dix dernières années, réalisées sur financements publics pour la plupart. Une nouvelle obligation instaurée par le règlement sur les pesticides adopté par l’UE en 2009.

La sélection de la task force est plutôt maigre. Sa liste ne compte que 131 études. Soit seulement 13 % des articles scientifiques existants et disponibles, selon une analyse effectuée par l’ONG Générations futures, dont Le Monde a pu prendre connaissance. En faisant une recherche dans PubMed, l’une des principales bases de données de publications scientifiques, l’organisme a trouvé 1 023 études traitant de la toxicité du chlorpyrifos, publiées entre 2006 et 2017. En d’autres termes, près d’un millier de résultats potentiellement défavorables au chlorpyrifos « ont été complètement ignorés », conclut le rapport, encore inédit.

Etudes protégées par le secret commercial

Cela n’a pas non plus échappé à l’Etat membre rapporteur. « Les résultats disparates (nombre final de références pertinentes et fiables) (…) semblent montrer que les stratégies de recherche appliquées n’étaient pas appropriées », souligne l’Espagne dans son rapport d’évaluation du chlorpyrifos, rendu public par l’EFSA, fin 2017.

Mais le dossier du chlorpyrifos est aussi et surtout constitué d’une batterie d’études dont la quasi-totalité a été effectuée ou financée par Dow et consorts. C’est en suivant la saga du glyphosate que le public avait découvert, stupéfait, que l’EFSA faisait confiance à des industriels qui n’ont aucun intérêt à présenter leur produit sous un jour désavantageux.

Or, si le soupçon est bien là, personne n’a jamais été en mesure de jauger ces études des fabricants et leurs possibles biais : elles sont confidentielles, protégées par le secret commercial. Personne, en dehors de l’EFSA ou des experts des Etats membres, ne pouvait donc les examiner à la loupe. Personne, jusqu’en 2017.

Trois spécialistes scandinaves du développement du cerveau et de la toxicité des pesticides décident alors d’en avoir le cœur net. « De nombreuses études indépendantes constatent des effets du chlorpyrifos sur le développement du cerveau, alors que celles financées par les firmes n’en constatent aucun », souligne Axel Mie, professeur associé à l’Institut Karolinska, à Stockholm (Suède).

Anomalies troublantes

Philippe Grandjean, Christina Ruden et lui contournent le secret entourant les études des industriels. Ils s’appuient sur la loi suédoise, qui garantit un large accès aux documents de l’administration, pour demander aux autorités du pays la communication de deux études commanditées par Dow sur des rats pour étudier la neurotoxicité développementale du chlorpyrifos – soit ses effets sur le cerveau avant et après la naissance. L’une faite en 1998, l’autre en 2015 avec un insecticide très proche, le chlorpyrifos-méthyl. Puis ils patientent. Leurs efforts en valaient la peine.

Quelques mois plus tard, documents sous les yeux, les chercheurs découvrent des anomalies troublantes. Ils relèvent que des données manquent. Constatent que des protocoles statistiques ont été modifiés après l’expérience. Ou encore que les fenêtres d’exposition des ratons au chlorpyrifos et au chlorpyrifos-méthyl ne correspondent pas aux mêmes stades du développement du cerveau chez les petits humains.

Plus crucial encore : ils remarquent que l’épaisseur du cervelet des animaux les plus jeunes exposés au chlorpyrifos était significativement amoindrie à toutes les doses – faibles ou élevées. Mais Dow a complètement omis de le signaler. « A partir du moment où l’on voit des choses comme un ralentissement de la croissance du cerveau, c’est alerte rouge. Ce n’est vraiment pas quelque chose que l’on peut ignorer. C’est pourtant ce qu’ils ont fait », explique Philippe Grandjean, professeur de médecine environnementale à l’Université du Danemark du Sud et à la Harvard School of Public Health (Etats-Unis).

Mais Dow défend les méthodes de travail employées par ses scientifiques. Dans une lettre adressée à la revue Environmental Health, que dirige Philippe Grandjean et dans laquelle l’analyse des études a été publiée, des scientifiques maison et des contractants de la firme soutiennent que le rétrécissement de la taille du cervelet s’explique par un séjour des cerveaux dans du formol. Une réponse « embarrassante », selon le chercheur danois. Le formol est certes connu pour faire rétrécir les tissus cérébraux dans leur ensemble. Pas pour s’en prendre au cervelet et uniquement au cervelet.

Puzzle scientifique

Ces omissions étaient-elles vraiment involontaires ? En 1998 déjà, l’EPA avait qualifié l’étude d’« inacceptable », avant d’évoquer une « manipulation inappropriée et peu concluante des données » en 2000.

Les autorités européennes n’ont-elles donc rien vu ? La conclusion générale de l’Espagne sur la question de la neurotoxicité développementale dans son rapport d’évaluation du chlorpyrifos de 2017 indique pourtant que si. « Une nouvelle étude de neurotoxicité développementale est nécessaire pour clarifier les inquiétudes », écrit-elle parmi ces milliers de pages impénétrables pour les non-initiés.

Aux aguets sur la question, l’ONG Pesticide Action Network Europe nous a signalé que cette requête n’était pas inédite. En 2013 déjà, et dans les mêmes termes, les rapporteurs espagnols demandaient à Dow de faire cette étude. Alors pourquoi n’a-t-elle toujours pas été effectuée ?

Une seule et unique étude dans le dossier, menée en 1998, financée par Dow, truffée d’anomalies ? L’empilement de ces informations donne le vertige

Tout simplement parce que Dow n’a pas jugé « nécessaire » de la faire… C’est ce que la firme, dont la branche agrochimique s’appelle désormais Corteva, a répondu au Monde dans un courriel. « Les informations produites par la première étude de neurotoxicité développementale, ainsi que la nouvelle étude menée sur le chlorpyrifos-méthyl, sont suffisantes pour conclure qu’il n’existe aucun indice d’un mécanisme inconnu sur le système nerveux en développement. »

La réponse de l’EFSA apporte la dernière pièce décisive à ce puzzle scientifique. Si l’Espagne insistait tant auprès de Dow, c’est parce que le dossier des industriels ne comportait, depuis le départ, qu’une seule étude de neurotoxicité développementale, a expliqué un porte-parole de l’EFSA. Une unique étude datée de 1998 qu’il décrit comme souffrant de « plusieurs insuffisances » telles qu’une « absence de résultats sur le témoin positif » ou une « fenêtre d’exposition » incorrecte.

Coïncidence aux implications lourdes

Une seule et unique étude dans le dossier, menée en 1998, financée par Dow, truffée d’anomalies ? L’empilement de ces informations donne le vertige. Car c’est en fait de la seule et même étude qu’il est question dans la réponse de Dow et dans celle de l’EFSA. Mais qui est aussi celle examinée, en 2018, par le trio de scientifiques scandinaves…

Une coïncidence aux implications lourdes. Ainsi, depuis le début des années 2000, l’évaluation de la toxicité du chlorpyrifos sur le développement du cerveau des enfants par l’Europe se serait appuyée sur une seule et unique étude confidentielle aux conclusions erronées. Si grossièrement erronées que l’agence américaine EPA l’avait aussitôt consigné dans son rapport en caractères gras.

Mais cette évaluation a-t-elle été effectuée par les autorités européennes ? Aussi inouï que cela puisse paraître, la réponse est non. Des documents officiels et des correspondances avec les autorités européennes, consultés par Le Monde, montrent que l’étude n’a, en près de vingt ans, n’a jamais fait l’objet d’une évaluation.

Dow l’avait pourtant soumise à ces dernières dès décembre 1999, dans le cadre d’une procédure de renouvellement. En 2005, après examen par l’Espagne, déjà rapporteur à l’époque, le chlorpyrifos a été reconduit pour quinze ans, puis réévalué en 2014. Mais il a fallu attendre 2017 pour que l’Espagne, enfin, examine l’étude.

Si l’EFSA, créée en 2002, n’était pas responsable du précédent processus de renouvellement, elle a cependant eu l’occasion d’examiner les données à plusieurs reprises depuis lors. Critiqués ces dernières années pour leur évaluation du glyphosate, l’EFSA et son directeur exécutif, Bernhard Url, n’ont cessé de répéter que l’agence s’appuyait « principalement sur les études originales et leurs données brutes qu’ils vérifi[ai]ent eux-mêmes ».

La Commission européenne décidera du sort de l’insecticide en fonction des conclusions de l’agence, attendues dans les prochaines semaines. Dans son courriel, cette dernière précise que l’analyse d’Axel Mie et ses collègues a été « prise en compte » au cours de ces discussions qui doivent compléter et valider le rapport de l’Espagne.

Une source a en effet assuré que « la Commission ne proposera pas le renouvellement de l’autorisation du chlorpyrifos, car les inquiétudes quant aux effets sur la santé sont très claires ». Rien, en revanche, n’est encore décidé pour le chlorpyrifos-méthyl, les données n’étant « pas aussi claires ».

Corteva, pour sa part, semble prête à défendre son produit jusqu’au bout. Inscrite depuis quelques jours à peine dans le registre de transparence de l’UE, la firme estime à entre un et 1,5 million d’euros ses dépenses de l’année en activités de lobbying. Un montant qui représente une centaine de points de QI.

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L’enquête transfrontalière sur le chlorpyrifos a été lancée par Investigative Reporting Denmark et DanWatch, et effectuée en collaboration avec des journalistes de Knack, en Belgique, El Confidencial, en Espagne, Dagbladet, en Norvège, Newsweek, en Pologne, et Ostro, en Slovénie, avec une contribution du Midwest Center for Investigative Reporting, aux Etats-Unis. L’enquête a bénéficié du soutien de Journalismfund.eu.

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20 juin 2019 4 20 /06 /juin /2019 10:30

La population va continuer à croître, même si de vastes parties du globe verront leur nombre d’habitants décliner, selon un rapport de l’ONU. Pour l’agronome Marc Dufumier, l’agriculture doit tenir compte du fonctionnement de l’écosystème dans sa globalité. D’après ONU, Martine Valo et les propos de Marc Dufumier recueillis par Fabien Goubet pour Le Monde, juin 2019. Lire aussi Le « régime de santé planétaire » ? Des protéines végétales et un steak par semaine !, « Freiner la croissance de la population est une nécessité absolue » et Nourrir la planète avec une agriculture 100% biologique en 2050, c’est possible.

Une plage surpeuplée à l’est de la Chine, en juillet 2018. AFP

Une plage surpeuplée à l’est de la Chine, en juillet 2018. AFP

Vieillissant et de plus en plus contrasté : tel est le visage du monde qui se dessine dans les dernières données démographiques de l’Organisation des Nations unies (ONU). Ce n’est pas une surprise, la population va continuer à croître, mais de vastes parties du globe vont dans le même temps voir inexorablement leur nombre d’habitants décliner, sauf à s’ouvrir à l’immigration.

Les démographes considèrent comme sûre à 95 % la probabilité que nous soyons entre 8,5 et 8,6 milliards en 2030. Au-delà, en 2050, la planète va devoir porter 2 milliards de terriens de plus qu’aujourd’hui pour atteindre 9,7 milliards, selon les Perspectives de la population dans le monde 2019, publiées le lundi 17 juin.

Contrastes

Un maximum d’environ 11 milliards de personnes pourrait être atteint vers la fin du siècle, selon les statistiques et les projections de la division de la population du département des affaires économiques et sociales de l’ONU, qui se livre à cet exercice de mise à jour tous les deux ans depuis le début des années 1950.

A partir de milliers de recensements et d’enquêtes, ces experts confirment : le nombre des humains croît, alors que chaque famille a de moins en moins d’enfants. En 1990, on comptait en moyenne 3,2 naissances par femme en âge de procréer, puis 2,5 en 2019. En 2050, ce taux de fécondité devrait s’établir à 2,2, sachant que 2,1 naissances sont nécessaires pour assurer le renouvellement des générations. Un tel ralentissement n’avait jamais été observé depuis le milieu du XXe siècle, même s’il ne suffit pas à freiner l’expansion du nombre d’humains.

Le monde connaît en fait des réalités extrêmement contrastées. Le nombre de naissances reste en moyenne de 4,6 par femme en Afrique subsaharienne, de 3,4 en Océanie (hors Australie et Nouvelle-Zélande), de 2,9 en Afrique du Nord et à l’ouest de l’Asie.

Les rapporteurs de cette 26e édition des Perspectives expliquent que, compte tenu des structures d’âge actuelles, « les deux tiers de la croissance prévue de la population mondiale d’ici à 2050 (…) se produiront, même si la fécondité dans les pays à fécondité élevée tombait immédiatement à environ 2 naissances par femme sur toute une vie ». Le constat vaut pour les pays qui tardent à rejoindre la tendance mondiale à une forte baisse du nombre de naissances. Aujourd’hui, près de la moitié des gens vivent dans des régions qui se situent en dessous du taux de renouvellement.

Basculement Chine-Inde

En 2050, nous serons 9,7 milliards d’humains… l’agroécologie peut parfaitement nous nourrir !

Actuellement, les naissances sont inférieures aux décès dans 55 pays – soit près d’un quart des 235 Etats ou territoires analysés dans ce rapport. Pour ceux-là, le fléchissement de la population sera d’au moins 1 % dans les trente prochaines années. Pour la moitié d’entre eux, l’évolution annoncée risque même de se solder par des pertes d’au moins 10 % – au Japon, en Grèce ou au Portugal entre autres. On attend aussi des chutes de plus de 20 % en Lituanie, Bulgarie, Lettonie.

Ensemble, les habitants d’Amérique du Nord et d’Europe devraient ainsi passer de 1,114 milliard en 2019 à 1,132 milliard en 2030, avant d’amorcer une régression à 1,120 milliard à la fin du siècle. A l’inverse, d’ici à 2050, neuf pays devraient concentrer plus de la moitié de la croissance démographique mondiale : Inde, Nigeria, Pakistan, République démocratique du Congo, Ethiopie, Tanzanie, Indonésie, Egypte et Etats-Unis.

Par ailleurs, le basculement entre les deux Etats les plus peuplés de la planète, déjà annoncé, se précise. Le 1,43 milliard de Chinois (19 % de la population mondiale) devrait abandonner prochainement la première marche du podium, car ils pourraient perdre 31,4 millions de compatriotes d’ici à 2050. Le 1,37 milliard d’habitants de l’Inde devrait les détrôner autour de 2027, car ils font davantage d’enfants et approcheront probablement 1,5 milliard.

Parmi les pays qui continuent à voir leur nombre de ressortissants augmenter rapidement, quarante-sept affichent les indices de développement socio-économiques les plus faibles. L’Afrique subsaharienne y est surreprésentée avec trente-deux pays dont la population a augmenté 2,5 fois plus rapidement que sur le reste de la planète depuis 2015. L’ONU s’inquiète à leur sujet de la « pression sur des ressources déjà tendues ». Comment relever le défi du développement durable dans ces conditions ?

« Cela faisait plusieurs années qu’on revoyait à la hausse les prévisions de la population mondiale à cause du taux de fécondité qui restait élevé en Afrique subsaharienne, rapporte Gilles Pison, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et chercheur associé à l’Institut national d’études démographiques. On se trompait en pensant qu’il ne baissait plus : en fait, il le faisait moins vite qu’ailleurs, moins que lors de la transition démographique en Asie et en Amérique latine il y a trente ou quarante ans. Cette fois, on a révisé les projections à la baisse. Reste qu’un habitant de la planète sur six naît en Afrique aujourd’hui, ce sera un sur quatre lorsque nous serons 9,7 milliards. »

Tendances de long terme

Le continent noir devrait en effet voir sa population doubler et passer de 1,3 milliard à 2,5 milliards en 2050. Celle du Niger pourrait tripler dans le même temps. Celui-ci se distingue de la tendance générale : il pourrait être le seul pays dont le taux de fécondité risque de demeurer supérieur à quatre enfants par femme en 2050. Il est à plus de sept aujourd’hui.

En Afrique subsaharienne, 62 % des gens ont moins de 25 ans. Avec 11,7 personnes dans la tranche 25 à 64 ans – en âge de travailler donc –, pour une de 65 ans ou plus, la région a le ratio le plus élevé du monde. Cette partie de la population qui augmente plus vite que les autres a donc moins d’enfants ou de retraités à soutenir. L’ONU y voit une occasion de développement, à condition que les gouvernements s’en saisissent pour investir dans la santé et l’éducation.

Pour les démographes, les flux de migration constituent désormais une « composante majeure » des évolutions de population, précise le rapport. Il y a les phénomènes qu’ils ne prévoient pas : les guerres, les catastrophes naturelles. La Syrie compte 20 % d’habitants de moins qu’en 2010 ; à Porto Rico, les cyclones ont contribué à faire partir 18 % des habitants entre 2010 et 2019.

Les experts de Perspectives notent des tendances de long terme. Pour la plupart des régions, les départs et les arrivées de migrants des années 2010 à 2020 devraient être inférieurs à ceux de la décennie précédente. En Afrique du Nord et dans l’ouest de l’Asie, l’émigration nette devrait être 48 % moins importante durant cette décennie par rapport à la précédente, 40 % en Amérique latine.

Seule l’Afrique subsaharienne a connu ces derniers temps une augmentation « substantielle » des migrations internationales avec 4,1 millions de départs, 76 % de plus que durant la période 2000-2010. L’ONU note que pour quatre pays (Biélorussie, Allemagne, Italie et Russie), l’immigration a compensé un solde naturel négatif et permis de maintenir une croissance démographique positive durant la décennie.

Marc Dufumier, au Pérou en mai. LARA JOUAUX

Marc Dufumier, au Pérou en mai. LARA JOUAUX

Professeur d’agronomie, ex-titulaire de la chaire d’agriculture comparée et de développement agricole à AgroParisTech, Marc Dufumier prône un changement de paradigme agricole en refusant le modèle imposé par les industriels et en considérant les milieux naturels cultivés dans leur globalité et leur complexité. Son livre L’agroécologie peut nous sauver vient de paraître aux éditions Actes Sud.

Vous êtes souvent présenté comme l’un des pionniers de l’agroécologie scientifique. De quoi s’agit-il ?

L’agroécologie scientifique est une branche de l’écologie consacrée aux écosystèmes aménagés par les agriculteurs. Elle vise une compréhension la plus précise possible des milieux naturels domestiqués, et ce dans toute leur complexité : les interactions entre les végétaux, les hommes et les animaux mais aussi les éléments biologiques, physiques, climatiques, etc.

C’est une approche systémique qui tente de comprendre comment les pratiques agricoles modifient, simplifient et fragilisent éventuellement les écosystèmes, et de proposer des solutions pour les faire fonctionner sans trop simplifier, ni trop fragiliser. Pour être efficace, il faut d’abord bien connaître le fonctionnement de l’écosystème dans sa globalité.

Comment en êtes-vous venu à cette discipline ?

En 1968, je suis parti en mission à Madagascar. J’étais un jeune agronome sortant de l’école, formaté et pétri de certitudes concernant le bien-fondé des engrais de synthèse, des variétés végétales à haut potentiel de rendement et de toutes les techniques agrochimiques. Les rizières inondées fourmillent de vie : poissons, escargots, grenouilles, canards qui s’occupaient de manger les ravageurs et les mauvaises herbes… Tout ce système fonctionnait très bien, et me voilà qui arrivais avec mon riz high-tech, mes produits chimiques, et qui tuais tous ces poissons, ces canards, ces escargots, bref, toutes les sources de protéines.

Ces femmes malgaches m’ont dit : « Votre riziculture améliorée merci, mais on trouve que c’est plutôt une riziculture empirée. » Elles avaient entièrement raison ! J’ai eu la chance de me rendre compte très tôt que leur objet de travail était un agroécosystème d’une profonde complexité et que raisonner uniquement en termes de génétique, de rendement, d’engrais, etc., ne menait nulle part. Pour être efficace, il faut d’abord bien connaître le fonctionnement de l’écosystème dans sa globalité.

Nous serons bientôt 10 milliards sur Terre. Une agriculture inspirée de l’agroécologie peut-elle suffire à remplir tous ces estomacs ?

Sur un plan technique, oui, c’est parfaitement possible. Il n’y a pas de recette unique : chaque écosystème est différent. Mais il existe des points communs, comme faire usage du plus intensif à l’hectare de ce qui est le moins coûteux économiquement : l’énergie solaire, le gaz carbonique et l’azote atmosphérique pour que les plantes fabriquent glucides, lipides et protéines. Il faut également limiter au maximum l’emploi d’énergies fossiles et de produits de synthèse. Pas d’inquiétude, on peut largement nourrir 10 milliards de personnes avec une agriculture intelligente et durable.

Par opposition à l’agriculture industrielle ?

Cette forme de production n’est pas durable, c’est certain. Elle est extensive et grignote toujours plus de forêts et d’espaces naturels, au lieu d’intensifier à l’hectare l’emploi de ce qui ne coûte rien. Elle repose trop sur les énergies fossiles pour le fonctionnement des engins et la fabrication d’engrais azotés et de produits pesticides, dont on s’aperçoit aujourd’hui qu’ils sont nocifs pour l’environnement voire pour la santé.

En outre, elle a remplacé par des machines une force de travail agricole qui est pourtant surabondante à l’échelle mondiale, autrement dit, au prix de la pauvreté de millions de gens qui ont dû quitter l’agriculture et vivent dans des bidonvilles plutôt que de tirer un revenu et de la nourriture du travail de la terre.

Compte tenu de la démographie, n’est-il pas difficile de tourner le dos à ces techniques ?

Nourrir correctement et durablement l’humanité tout entière est parfaitement possible. Si aujourd’hui 820 millions de personnes ont faim, et si un milliard souffrent de carences alimentaires, cela n’a rien à voir avec un manque de nourriture, mais avec les écarts de revenus. Ce sont des pauvres qui ne parviennent pas à acheter des aliments qui pourtant existent. Pour nourrir convenablement une personne, il faut environ 200 kilos de céréales (ou équivalents) par an. La production mondiale est d’environ 330 kilos aujourd’hui. Cherchez l’erreur…

Si des pauvres des favelas brésiliennes ont faim, c’est parce que le pays exporte son maïs et son soja vers les pays occidentaux pour nourrir nos cochons ou pour fabriquer des agrocarburants et donner à boire à nos voitures et à nos avions.

Erik Fyrwald, directeur général de Syngenta, disait, en 2017, que « l’agriculture bio ne produira jamais assez pour nourrir le monde ». Que répondez-vous ?

Les tenants de l’agrochimie brandissent toujours le rendement à l’hectare comme argument massue. Ce qui est important, c’est, selon moi, d’accroître la valeur ajoutée à l’hectare, c’est-à-dire de prendre en compte ce qu’on produit, mais aussi ce qu’on détruit. L’agriculture productive dont parle ce monsieur produit certes beaucoup, mais elle est aussi destructive puisqu’elle emploie des produits chimiques toxiques et des carburants fossiles. Son bilan net est très faible, de l’ordre d’un cinquième du produit brut. Dans les pays industrialisés, nous ne devons pas produire plus, nous devons produire mieux.

Comment produire mieux en refusant les innovations agronomiques ?

Mais l’agroécologie ne les refuse pas, tant qu’elles respectent le fonctionnement de l’écosystème ! La plus grande erreur de l’agriculture est d’avoir oublié que l’écosystème est un enchevêtrement d’interactions incroyablement complexes. Or, nous avons misé depuis plus d’un siècle sur un seul cheval : le rendement de variétés à haut potentiel, d’abord grâce à des croisements, puis grâce à la génétique, la chimie… Cela a imposé de modifier l’écosystème afin de le rendre conforme à ce potentiel et, ce faisant, nous l’avons fragilisé, voire menacé. Résultat, nous avons obtenu des cultures certes plus productives, mais également gourmandes en engrais et sensibles aux ravageurs. Sans oublier que des espèces résistantes aux traitements commencent à apparaître. Problèmes que le lobby agrochimique compte résoudre avec d’autres variétés, OGM ou non, d’autres molécules chimiques, etc. C’est une éternelle fuite en avant qui n’a aucun sens.

Faut-il se résoudre enfin à devenir végétarien ?

Plus il y a de gens qui accèdent à la viande, plus il faut envisager une production végétale importante pour l’élevage. De 3 à 10 calories végétales sont requises pour fabriquer une calorie animale. C’est un véritable défi auquel il faut réfléchir. Car, en réduisant la viande, ce sont autant de terres agricoles destinées à l’élevage qui deviennent disponibles pour nourrir des êtres humains. Si l’on veut combattre les problèmes de malnutrition, c’est sur ce genre de levier qui réduirait les inégalités de revenus qu’il faut agir. Sans compter qu’en manger un peu moins serait aussi bénéfique à notre santé…

L’agroécologie peut nous sauver, de Marc Dufumier (Actes Sud, 176 p., 18,50 €).

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19 juin 2019 3 19 /06 /juin /2019 13:04

Même si le secteur couvre désormais plus du quart des besoins mondiaux d’électricité, la stagnation de la hausse des énergies renouvelables et le déclin du nucléaire compliquent l’atteinte des objectifs de l’accord de Paris, selon un groupe d’experts. Par Pierre Le Hir et Nabil Wakim le 18 juin 2019 pour Le Monde. Lire aussi Comment l’Europe profite à bas prix du soleil marocain, En Ile de France, les énergies renouvelables citoyennes ont le vent en poupe... et Climat : à Bruxelles, la France lâche les renouvelables.

Infographie Le Monde, Sources AIE, LAZARD

Infographie Le Monde, Sources AIE, LAZARD

C’est un paradoxe qui a de quoi inquiéter celles et ceux qui se préoccupent du climat : alors que le coût des énergies renouvelables électriques continue à baisser de manière fulgurante, le rythme d’installation de nouvelles capacités de solaire et d’éolien semble stagner au niveau mondial.

Dans son rapport annuel rendu public mardi 18 juin, le réseau international REN21, qui dresse un panorama complet de l’évolution des renouvelables dans le monde, souligne que la croissance se poursuit, mais qu’elle est comparable à celle de 2017. Un constat déjà fait, en mai, par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui s’alarmait de ce « tassement inattendu ».

C’est une mauvaise nouvelle pour la poursuite des objectifs climatiques et le respect de l’accord de Paris de décembre 2015. « Le monde ne peut pas se permettre de presser la touche “pause” concernant l’expansion des [énergies] renouvelables, et les gouvernements doivent agir rapidement pour corriger cette situation et permettre un flux plus rapide dans le développement de nouveaux projets », expliquait Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE, début mai.

Pourtant, de prime abord, les bonnes nouvelles s’accumulent sur ce front : le secteur compte pour près des deux tiers (64 %) des nouvelles capacités de production d’électricité installées en 2018 et couvre désormais plus du quart (26 %) des besoins mondiaux d’électricité, tout en employant plus de 11 millions de personnes dans le monde. La croissance est aussi importante à l’échelle urbaine, puisque plus d’une centaine de grandes villes, de Seattle à Stockholm en passant par Auckland, Nairobi ou Dar es-Salaam (Tanzanie), consomment au moins 70 % d’électricité d’origine renouvelable.

Infographie Le Monde, Sources AIE, LAZARD

Infographie Le Monde, Sources AIE, LAZARD

Le charbon reste dominant

Mais ce tableau est obscurci par les données des derniers mois. C’est la première fois, depuis 2001, que la croissance n’accélère pas d’une année sur l’autre. En 2018, les capacités installées de toutes les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, etc.) ont augmenté de 177 gigawatts, une tendance similaire à celle de l’année 2017.

Or, selon les calculs de l’AIE, les énergies renouvelables doivent croître de 300 gigawatts par an, en moyenne, entre 2018 et 2030, pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Au niveau mondial, le solaire et l’éolien occupent une part minime du mix (moins de 6 %), alors que le charbon reste dominant, avec 38 % de la production d’électricité.

Depuis quinze ans, la croissance des énergies renouvelables est portée par une diminution drastique des coûts – le solaire a baissé en moyenne de 90 % en dix ans –, mais aussi par des mécanismes de subventions. Or, dans de très nombreux pays, une diminution du soutien public et des changements de réglementation ont affecté le développement de cette énergie et de l’éolien.

C’est, par exemple, le cas en Chine. « Pékin, qui est le leader en capacité d’installation photovoltaïque et éolien, a revu, en 2018, son soutien au solaire, ce qui a abouti à une baisse de 45 % des installations », explique Rana Adib, secrétaire exécutive de REN21. Cette baisse de subventions s’explique par la volonté du gouvernement chinois de réduire l’enveloppe des coûts liés à ce soutien et de limiter les projets au modèle économique douteux.

Ralentissement dans de nombreux pays

Mais le ralentissement se ressent également dans d’autres pays. L’Allemagne, pays pionnier, en Europe, de la transition énergétique, voit ainsi le nombre de nouvelles installations éoliennes chuter lourdement. Au premier trimestre, l’installation de nouveaux parcs éoliens a produit seulement 134 mégawatts, son plus bas niveau depuis 2000. Sur l’année 2019, l’Allemagne ne devrait pas installer plus de 2 gigawatts, moitié moins que sa moyenne annuelle. En cause : le changement des règles de soutien public, mais aussi les difficultés juridiques qui s’accumulent et retardent l’exécution des projets. « Le secteur est en très grande difficulté en Allemagne », s’est alarmé, dans un communiqué, Giles Dickson, le PDG de WindEurope, l’association européenne de la filière.

Le secteur a besoin d’un soutien public important, financier et réglementaire, pour pouvoir s’imposer dans le mix électrique mondial

Infographie Le Monde, Sources AIE, LAZARD

Infographie Le Monde, Sources AIE, LAZARD

En quête de décisions audacieuses

D’autres pays illustrent ce ralentissement, causé par des modifications dans les systèmes de subventions : en Inde, très gros consommateur de charbon, l’éolien marque également le pas. Au Japon, qui a tardé à se développer dans les énergies renouvelables, le solaire ralentit.

Ces difficultés illustrent le besoin pour le secteur de conserver un soutien public important, financier et réglementaire, pour pouvoir s’imposer dans le mix électrique mondial. « Ces énergies ont besoin de politiques stables et d’une vision de long terme, ainsi que d’une réflexion sur leur intégration dans les réseaux électriques d’une manière optimale », estime Fatih Birol.

« C’est aussi le soutien politique qui a permis de baisser les coûts, rappelle Rana Abid, mais des décisions plus audacieuses sont nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques. »

Le gaz en progression

Cette difficulté à croître rapidement est d’autant plus préoccupante qu’un autre pan du secteur électrique est en grande difficulté : le parc nucléaire mondial, dont la production n’émet pas de CO2, est en déclin, et de nombreux réacteurs vont devoir cesser leur activité dans les prochaines années.

Le nucléaire représente aujourd’hui 10 % de la fourniture d’électricité dans le monde, mais cette part est en baisse : plusieurs pays, comme l’Allemagne ou la Belgique, ont décidé de sortir de l’atome, et le nombre de réacteurs en construction est faible, tant cette technologie est coûteuse et complexe.

« Sans la contribution du nucléaire, la transition énergétique mondiale sera encore plus difficile », estime Fatih Birol. Selon l’AIE, si les réacteurs actuels ferment au rythme prévu, la pression pour développer les énergies renouvelables sera encore plus importante : non seulement le solaire et l’éolien devront remplacer le charbon, mais ils vont, en plus, devoir se substituer aux centrales nucléaires.

Un bilan sombre qui devrait inciter les Etats à muscler sérieusement leurs politiques d’économies d’énergie, pour limiter les émissions de CO2 et l’augmentation du coût de la facture énergétique pour les citoyens.

En attendant, c’est une autre source d’énergie qui progresse fortement et continûment : le gaz. Il est porté par la hausse de la production du gaz de schiste américain. Dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis et en Chine, il tend à remplacer le charbon dans la production d’électricité, ce qui permet de diminuer les émissions de CO2. Mais pas de les ramener à un niveau suffisant pour respecter l’accord de Paris.

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17 juin 2019 1 17 /06 /juin /2019 11:18

Plutôt que de faire diminuer le nombre de camions, les pouvoirs publics s’attaquent aux vieilles guimbardes. Un point de vue différent sur la Zone de Faible Emission de la Métropole du Grand Paris, par Hélène Torjman le 12 juin 2019 pour Politis. Lire aussi 100 000 euros d'astreinte journalière demandés à l'Etat face à l’inaction sur la pollution de l’air et Paris, encore loin des villes européennes modèles pour la pollution de l’air et la mobilité.

Les vieilles voitures… et les nouvelles

Une fois de plus, ce sera aux « gens qui ne sont rien » de payer pour la transition écologique. Par un abus de pouvoir, plusieurs villes, dont Paris et sa petite couronne, ont décidé d’interdire les voitures jugées trop anciennes, car elles pollueraient plus que les autres. Les personnes modestes ont rarement de quoi acheter le dernier cri en matière automobile, alors que les plus aisés changent de voiture tous les trois ans. Les propriétaires des gros 4x4 qui envahissent les villes n’ont donc aucun souci à se faire, pas plus que les camionneurs, malgré des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de particules fines bien plus importantes. Le gouvernement s’était par ailleurs engagé lors du Grenelle de l’environnement à soutenir le ferroutage, pour porter sa part dans le transport de marchandises à 25 % en 2020. Il est de 10 % aujourd’hui, et le dernier train livrant des fruits et légumes à Rungis est menacé… Plutôt que de prendre des mesures ambitieuses pour diminuer le nombre de camions, les pouvoirs publics préfèrent s’attaquer aux propriétaires de vieilles guimbardes. Outre l’injustice d’une telle décision, cette politique est tout à fait contre-productive.

Tout d’abord, il s’agit d’obliger une partie de la population à acheter des voitures neuves pour faire tourner l’industrie automobile. Or, produire plus de véhicules signifie plus de matières premières extraites, plus d’énergie consommée dans la production, plus de pollution et plus de déchets (mais du travail). Cela participe à l’obsolescence accélérée qui touche les biens, les technologies, les compétences… Une telle « relance par les normes » est tout sauf écologique et sociale.

Ensuite, contrairement à une croyance commune, les nouvelles voitures ne sont pas plus propres que les anciennes. Elles émettent directement moins de GES et de particules fines, c’est vrai. Mais les moteurs électriques fonctionnent avec des aimants composés de métaux rares, dont les multiples gadgets électroniques font aussi un grand usage. Et l’exploitation de ces métaux rares est une catastrophe humaine et environnementale. La connexion généralisée engendre aussi un flot croissant de données qu’il faut traiter et stocker, d’où un besoin toujours plus grand d’énergie (1). Plus profondément, nos sociétés persistent dans la frénésie de ressources qui a contribué à nous mener là où nous sommes.

Enfin, les vieilles voitures peuvent facilement être entretenues et réparées par quelqu’un d’un peu bricoleur, pour des sommes en général modiques, ce qui n’est pas le cas des nouvelles, dont il ne sert à rien d’ouvrir le capot si on n’a pas une licence d’électronique et l’outillage adéquat. Dans les termes d’Ivan Illich, les vieilles voitures sont « conviviales », elles sont sobres et favorisent l’autonomie des personnes (2). Faire durer des objets solides et simples ferait plus pour la planète que de sans cesse renouveler des produits sophistiqués et toujours plus fragiles.

(1) La Guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, Guillaume Pitron, Les liens qui libèrent, 2018.

(2) La Convivialité, Ivan Illich, Seuil, 1973.

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14 juin 2019 5 14 /06 /juin /2019 10:55

Un appel dont j'étais complice, préparé avant les élections européennes, que nous avons publié le 5 juin 2019 dans Libération : https://www.liberation.fr/debats/2019/06/05/convergeons_1731895. Pour voir les 600 premiers signataires et pouvoir signer vous-même, c’est ici : https://framaforms.org/convergeons-1559741823. Convergeons !

La marche du siècle, le 16 mars 2019 à Lyon - Photo JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

La marche du siècle, le 16 mars 2019 à Lyon - Photo JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

"Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat"

Louis Aragon. La rose et le réséda.

Les résultats des élections européennes confirment la poussée des forces nationalistes et d’extrême droite, un effondrement des partis sociaux-libéraux, ainsi que le recul important des forces de gauche de transformation. La responsabilité dans ces bouleversements du social-libéralisme au pouvoir, en avalisant et en encourageant toutes les politiques néo-libérales et antiécologiques, est manifeste.

Par ailleurs les écologistes, comme dans plusieurs pays européens, réalisent une poussée significative. Ce résultat montre que l’enjeu écologique est devenu primordial et que le clivage productivisme libéral/écologisme social prend corps.

Pour autant, les écologistes doivent prendre garde au péché d’orgueil et d’isolement.

Chaque élection est différente, nous le constaterons rapidement pour les élections municipales qui se profilent. Une hirondelle de 13,5% de voix ne fait pas le printemps de la transformation sociale et écologique et ne met personne en capacité de peser sérieusement dans le débat public et de représenter une alternative au capitalisme néo-libéral.

Ce score confère au parti écologiste une responsabilité historique accrue. Aujourd’hui, il doit plus que jamais être à la hauteur des enjeux, participer activement à la reconstruction d’un grand mouvement populaire, écologiste et social, engager une démarche qui s’adresse aux forces politiques de la gauche d’émancipation et plus largement à toutes celles et ceux qui veulent s’engager dans un tel projet.

Alors que le mouvement des Gilets Jaunes et les marches pour le climat, ont exprimé une volonté de changer de modèle de développement, de société et de vie politique, les forces politiques de l’écologie sociale, de la gauche d’émancipation, des mouvements citoyens et alternatifs, syndicaux et associatifs restent divisées, enfermées dans des habitudes usées, incapables de construire et défendre un projet commun.

Nous pensons que la division et la dispersion des forces qui se situent dans une perspective d’émancipation et qui font de l’écologie un point central de leur projet est mortifère au moment où l'immense majorité des vivants est confrontée au réchauffement de la planète, à la perte de la biodiversité, à la 6° extinction des espèces, à la déforestation, au pillage des ressources de la planète, au creusement des inégalités sociales, à l'augmentation de la pauvreté dans le monde, à la souffrance animale, aux discriminations sous toutes leurs formes.

Plutôt que les méfiances, les rancœurs, nous devons confronter avec bienveillance nos points de vue et abandonner l’esprit de clocher ou d’hégémonie, dépasser nos « petites » différences qui ont fait tant de mal ces dernières années aux millions d’individus en colère qui cherchent une solution politique au désastre environnemental, social et démocratique.

Écoutons-nous ! Trouvons les formes qui nous permettront de bâtir ensemble : assises, états généraux, constituante, archipels, actions communes ou autre fédération populaire autour de combats communs, à l’échelle locale, régionale, nationale, européenne… Rien ne doit être par avance écarté. Mettons tout sur la table sans tabous, nos projets, nos analyses, les incompréhensions réciproques comme les combats partagés ces dernières années.

Faisons tomber nos murs pour construire une nouvelle maison commune !

La préparation des élections municipales peut être l’occasion d’inverser le cours des choses. Il faudra rassembler dès avant le premier tour le camp écologiste et social, construire ensemble listes et programmes, pour prétendre gagner des milliers de municipalités. En effet, les politiques qui seront menées par les collectivités territoriales représentent une formidable opportunité de recréer de la justice sociale et d’engager la transition écologique indispensable.

Nous avons plus à partager, nous avons plus de désirs et de projets qui nous rassemblent que de différends qui nous séparent. Ne laissons pas le fossé se creuser entre les forces écologistes, les forces de gauche et nos concitoyens, qui un peu partout expérimentent, cherchent de nouveaux chemins, œuvrent dans leurs engagements citoyens, associatifs, mouvementistes, syndicaux et politiques pour une société plus juste et plus résiliente construite autour d’un axe écologiste, féministe, populaire et social.

Parce que nous partageons l’essentiel du diagnostic, parce que nous en avons assez de la désunion des forces de gauche et écologistes, nous, signataires de ce texte, nous engageons à favoriser et à participer à toutes initiatives politiques, syndicales, altermondialistes, culturelles, citoyennes, allant dans le sens du rapprochement de nos forces autour de la responsabilité écologique, de la justice sociale et de l'exigence démocratique.

La multiplicité de nos engagements et de nos parcours politiques ne doit plus être un frein mais une ressource dans laquelle puiser pour bâtir la cité écologique, la cité sociale et des justices que toutes et tous nous voulons.

A toutes celles et ceux qui déclarent vouloir se battre pour la planète et l’humanité, nous disons :

Cela ne peut plus durer, écoutons-nous, bâtissons, convergeons !

Premiers signataires : Autain Clémentine (députée), Balas Guillaume (coordinateur Génération·s), Barles Sebastien (Marseille en commun), Bessac Patrick (maire de Montreuil), Boutault Jacques (maire de Paris 2e, EE-LV), Braouezec Patrick (membre honoraire du Parlement), Coulombel Alain (secrétaire national adjoint EE-LV), Darroussin Jean Pierre (acteur, réalisateur), Desplechin Marie (écrivaine), Guédiguian Robert (réalisateur), Hardy Hélène (coordinatrice des Assises de l’écologie et des solidarités, EE-LV), Mamère Noël (ex-député), Meirieu Philippe (professeur des universités), Ponchel Matthieu (Climat social), Rivasi Michèle (députée européenne, EE-LV), Robin Marie-Monique (cinéaste, écrivaine), Romagnan Barbara (Génération·s), Serreau Coline (réalisatrice), Trouvé Aurélie (économiste et militante altermondialiste), Viveret Patrick (philosophe, militant associatif).

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Les zadistes de Gonesse ont-ils raison de s’opposer à une gare en plein champ ?

Une nouvelle ZAD près de chez vous

Pour le projet CARMA contre la reprise des travaux de la gare "Triangle de Gonesse"

Les Lilas écologie - en campagne pour gagner

Les Lilas Ecologie en campagne

Le gouvernement abandonne Europacity, pas l’artificialisation des terres agricoles

Il faut stopper EuropaCity - marche citoyenne de Gonesse à Matignon 4 et 5 octobre

Aux Lilas, les citoyens s’unissent pour produire de l’électricité verte

Les promoteurs, les arbres et la cité - lettre ouverte à BNP Paribas

Toxic Tour de Pantin à Romainville dimanche 16 juin 2019

Une Biorégion Ile-de-France résiliente en 2050

Merci aux 1779 Lilasiennes et Lilasiens qui ont voté " Pour le climat, tout doit changer ! "

Pollution de l’air dans les écoles et crèches franciliennes

Volonté politique de créer une régie publique de l’eau à Est Ensemble, mythe ou réalité ?

À la base … un revenu ?

Balade naturaliste Parcs de la Corniche des Forts et abords de la forêt de Romainville le 9 mars 2019 à 11h

La forêt de Romainville, un enjeu écologique et politique

La Forêt passe à l'attaque !

Plâtre et béton sur la Corniche

Agir ensemble pour les Coquelicots le 7 décembre

Marche pour le climat, Défendons la forêt de la Corniche des Forts

Destruction des océans, sur-pêche, pêche électrique... avec Bloom mardi 20 novembre

À Romainville, les habitants défendent une forêt sauvage contre une base de loisirs régionale

Marches pour le climat et la biodiversité 13 et 14 octobre

Les amis des coquelicots étaient bienvenus...

Amis des coquelicots, agissons ensemble vendredi 5 octobre à 18H30

La forêt urbaine de la Corniche des Forts - une chance unique à nos portes

Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris

Un coup de pouce Vert pour les Électrons solaires ! 

Le collectif Eau publique des Lilas invite au dialogue le 21 mars

Entre le nucléaire et la bougie, il y a l’intelligence - du 10 au 18 mars aux Lilas

En Ile de France, les énergies renouvelables citoyennes ont le vent en poupe...

Le Syctom a organisé une concertation réservée aux sachants – et après ?

Une enquête publique sur le PLU des Lilas… qui change la donne !

Une victoire pour l'eau publique en Île-de-France

L’eau publique, c’est maintenant !

L’Ouest de la Seine Saint-Denis se mobilise pour la création d’un service public de l’eau

Romainville : le Syctom lance une concertation préalable pour la modernisation du centre de transfert et de tri des déchets

Que sont ces CSR - Combustibles Solides de Récupération - qu’on veut brûler à Romainville ?

Ces parents qui mijotent une cantine publique

De nouvelles préconisations nutritionnelles... Pas d'usine, on cuisine !

À Romainville contre l’incinération

Une victoire de l'engagement citoyen aux cantines rebelles du 10 novembre

Derniers échos de la révision du PLU des Lilas

Les Sans Radio retrouvent les ondes

Europacity : le débat public se conclut sur des positions inconciliables

Le parc (George-Valbon La Courneuve) debout !

Grand Paris : non à la logique financière

Pour une gestion publique, démocratique et écologique de l'eau

Le revenu de base ? Débat mardi 14 juin 20h

C'était la Grande Parade Métèque 2016...

La nature : une solution au changement climatique en Île-de-France

Participer à la Grande Parade Métèque samedi 28 mai 2016

PLU des lilas: enfin un diagnostic et état initial de l'environnement ... à compléter

Avec la loi « Travail », où irait-on ? Débattons-en mercredi 30 mars

Réduire la place de la voiture des actes pas des paroles

La COP 21 aux Lilas

La nature est un champ de bataille

Alternatiba et le Ruban pour le climat des Lilas à la République

Un compost de quartier aux Lilas

Devoir d'asile : de l'Etat jusqu'aux Lilas

Un ruban pour le climat aux Lilas

Six propositions vertes pour une révision du PLU véritablement utile

La Grande Parade Métèque samedi 30 mai

Fête de la transition énergetique et citoyenne le 9 mai aux Lilas