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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 17:08

La merveilleuse métamorphose de l’immigrant, de l’exilé qui émerge du cœur de l’Europe pour devenir Shakespeare sur les rives de la Tamise, a de quoi toucher et convaincre les plus fiers shakespeariens.

Par Lamberto Tassinari (Philosophe canadien né en Italie) pour Le Monde, 9 janvier 2016 sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/01/09/le-celebre-barde-de-stratford-n-est-pas-celui-qu-on-croit_4844527_3232.html

(Photo: gravure de William Shakespeare). CC BY 2.0 MARTIN DROESHOUT

La figure de Shakespeare se fige avec la publication, en 1623, date de parution du First Folio, un recueil des trente-six pièces de théâtre qu’on lui attribue. C’est à partir de cette date que sa « nationalisation » se met en marche, elle aboutit un siècle et demi plus tard, lorsque Shakespeare est consacré par les universités nationales sous la garantie de l’immense puissance de l’Empire britannique.

La question de la paternité des œuvres de Shakespeare n’a pourtant jamais cessé de se poser, tant peu de détails de sa vie sont connus. Cette interrogation n’est pas le résultat d’une éternelle suspicion, mais une affaire à laquelle se sont intéressés des esprits parmi les plus brillants : Walt Whitman, Charles Dickens, Mark Twain, Henry James, Sigmund Freud ont tous douté de l’homme de Stratford.

Shakespeare, ce phénomène mystérieux apparu dans la campagne anglaise dans la deuxième moitié du XVIe siècle, n’a rien de miraculeux. A la faible théorie stratfordienne, j’oppose celle qu’il me plaît d’appeler « the theory of everything » de John Florio, une théorie capable d’éclairer les mystères et de répondre à toutes les questions sans réponse de l’univers shakespearien : d’où viennent le savoir linguistique, sa culture vaste, encyclopédique, sa profonde familiarité avec plusieurs langues, avec l’Italie, la Bible, la musique, l’aristocratie ?

Théorie logiquement et philologiquement « belle », selon laquelle l’étranger polyglotte Florio a écrit des œuvres de poésie et des pièces de théâtre, soit en les laissant anonymes, soit en les signant sous le pseudonyme de William Shakespeare, soit parfois avec le seul nom de plume Shake-speare, écrit ainsi, avec un trait d’union (shake spear : « remuer la lance », soit la plume).

Giovanni Florio devenu John, né à Londres en 1553, est fils d’un prédicateur italien d’origine juive, ex-franciscain qui s’est fait protestant. Il y a notamment, dans La Tempête, un passage utopique que la critique a reconnu depuis toujours être le calque du Discours sur les sauvages de Montaigne. Or, le traducteur anglais du texte de Montaigne est, justement, John Florio, un protagoniste essentiel de la vie culturelle et littéraire de l’époque.

Un seul et unique auteur

Pourquoi ce linguiste polyglotte, lexicographe, traducteur, courtisan, ami des plus puissants parmi les nobles de son époque, durant seize ans secrétaire personnel de la reine Anne de Danemark et grand diffuseur des cultures européennes en Angleterre a-t-il été boudé par les universitaires ? Pourquoi a-t-il été classé comme un technicien ? Pourquoi les seules et rares études qui présentent Florio comme un intellectuel majeur et un écrivain de grand talent datent-elles toutes d’une courte période entre les années 1920 et 1930 ? Pourquoi, depuis, ces quatre-vingts ans de silence ? Enfin, pourquoi un acteur si important pour la connaissance de la Renaissance anglaise, et en particulier pour l’œuvre de Shakespeare, a-t-il été ignoré ?

Dans ses écrits, on retrouve une masse d’éléments, impressionnante en quantité et en qualité, qu’il partage avec les pièces de théâtre signées Shakespeare. L’analyse comparée de toute cette matière permet de conclure philologiquement qu’il s’agit en réalité d’un seul et unique auteur, John Florio, qui utilise son patronyme pour les œuvres d’érudition, et un nom de plume, Shakespeare, pour ses œuvres de fiction.

Il n’est pas surprenant que le culte du génie de Shakespeare ait été imposé au moment où l’Angleterre connaissait une extraordinaire expansion économique et militaire nécessitant également une forte affirmation culturelle. Aujourd’hui, cependant, le nom de Shakespeare, élément fondateur de l’identité anglaise, puis britannique, n’est plus proposé comme valeur artistique et culturelle par la puissance d’un empire, mais devient le fer de lance d’une offensive chauvine qui révèle plutôt, derrière l’appareillage marketing, une certaine fatigue culturelle.

L’œuvre de Shakespeare est partout lue et encore plus jouée, mais la fracture entre la vie du bourgeois évanescent de Stratford-upon-Avon et Hamlet est devenue un gouffre aux yeux d’un public qui exige des images, des faits, une vie vécue. L’invitation à célébrer le simulacre de Shakespeare ne peut plus convaincre ni enthousiasmer ; l’époque des héros nationaux, des grands écrivains pères fondateurs avec la triade classique des Dante-Cervantès-Shakespeare est révolue. Shakespeare, jadis l’icône la plus forte, est en train de se transformer.

Transculturel

Il y a quarante ans, la totalité des lecteurs ainsi que la majorité des spécialistes épousaient par tradition l’image romantique du génie solitaire et universel. À partir de la fin des années 1970, grâce à une poignée de chercheurs, le New Historicism, guidé par le critique littéraire Stephen Greenblatt, a refaçonné de manière spectaculaire l’aura shakespearienne, et c’est un barde diminué qui est ressorti de cette opération : plagiaire, prompt à collaborer, voleur de mots et d’idées auprès d’auteurs contemporains et anciens, rhétoricien, passionné des langues étrangères…

En réalité, de ce magma, c’est le portrait d’un Shakespeare transculturel qui est en train de sortir, signe qu’il y a bien une limite à l’occultation de la vérité historique. Un Shakespeare qui ressemble de plus en plus à John Florio !

Alors qu’on passe définitivement à cet autre écrivain et génial traducteur, passeur infatigable des cultures européennes et, oui, génial plagiaire qui était Florio ! Que l’on célèbre un Shakespeare impur, dont l’universalité abstraite résulte d’une complexité culturelle, linguistique et génétique : idéal et réel pour une fois coïncident. Lecteurs, étudiants, enseignants, enfin, nous tous aurions à gagner à cette substitution apocalyptique, c’est-à-dire révélatrice.

Même s’il faut reconnaître qu’il était difficile pour l’Angleterre de refuser l’offre d’un Shakespeare pur génie anglais, faite par John Florio, quatre cents ans plus tard, la merveilleuse métamorphose de l’immigrant, de l’exilé qui émerge du cœur de l’Europe pour devenir Shakespeare sur les rives de la Tamise, a de quoi toucher et convaincre les plus fiers shakespeariens.

La perte de Stratford n’affaiblira pas l’œuvre de Shakespeare. En réalité, elle la rendra plus surprenante, pas plus « divine », mais plus humaine, normale et infiniment plus touchante. Aussi universelle et « immortelle » que cette œuvre soit toujours apparue, elle révèle maintenant une genèse et une histoire jusqu’ici insoupçonnées. John Florio : un Shakespeare made in Europe nous montre que la naissance du monde moderne possède une richesse et une complexité qui remplissent d’admiration.

Le livre de Lamberto Tassinari, John Florio, alias Shakespeare (Editions Le Bord de l’Eau), sera en librairie le 18 janvier.

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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 16:40

 LA Une fois par an, chaque groupe parlementaire a l’occasion durant sa journée de « niche » parlementaire de choisir l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Le jeudi 14 janvier, c’est au tour des écologistes : 5 textes ont été déposés autour de plusieurs thématiques (alimentation, pollution, publicité...)

 

> Les cinq propositions de loi déposées par les écologistes résumées en 1 article 

> Comment soutenir la loi supprimant la pub dans les programmes jeunesse

> Pourquoi encadrer la pub destinée aux enfants ?

Libérons nos enfants des chaînes de la publicité
Nouvelle année, nouvelle réglementation. Le 1er janvier 2016, Taïwan interdit la publicité télévisuelle faisant la promotion de la "malbouffe" à destination des enfants, rejoignant ainsi la longue liste des pays développés (Royaume-Uni, Belgique, Suède, Irlande, Canada, Norvège, ...) ayant encadré la publicité destinée aux plus jeunes ; et faisant de la France, qui s'obstine à ne rien changer en la matière, une exception peu exemplaire.

En effet, des députés socialistes s'apprêtent à détricoter un texte d'initiative parlementaire de cette teneur, le 14 janvier en hémicycle, en raison de l'opposition du gouvernement. Cette proposition de loi prévoit la "suppression de la publicité commerciale dans les programmes jeunesse de la télévision publique".

Malgré le lobbying intense de France Télévisions, qui, par la voix de sa présidente, a sorti du chapeau le chiffre de 20 millions d'euros de recettes publicitaires issus de ces programmes (alors que ces recettes sont de seulement 13,5 M€ pour 2015, et qu'elles sont en constante diminution depuis 2011), cette loi avait été votée à une très large majorité par le Sénat, le 21 octobre 2015.

"Il n'y a pas eu d'étude d'impact", disent in fine ces députés socialistes. C'est ignorer les longues études menées par les parlementaires écologistes auprès des associations et de la société civile, ainsi que les deux rapports du Sénat puis de l'Assemblée nationale qui s'accordent à préconiser une réforme rapide d'un modèle de financement de l'audiovisuel public à bout de souffle.

Publicité, compulsivité, obésité

L'échec de l'auto-régulation est incontestable. Au lendemain de Noël, c'est par centaines que des parents affluent dans les magasins pour échanger des jouets défectueux. Et pour cause : l'apposition du label européen CE, censé garantir la sécurité des jouets et qui incombe aux fabricants de ces produits, est en vérité très peu contraignant.

De même, alors que quelques industriels de l'agro-alimentaire s'étaient engagés à ne pas saturer les programmes jeunesse de publicités, la quasi-totalité des spots diffusés dans les émissions pour enfants demeurent orientés vers des produits saturés en sucre ou en gras, s'inscrivant aux antipodes des préconisations des minuscules bandeaux déroulants qui s'affichent, non sans quelque hypocrisie, au-dessous de ces publicités !

Le lien publicité-obésité est "assez ténu", déclarait Fleur Pellerin en séance publique au Sénat. À en croire l'INPES, il est pourtant bien loin d'être inexistant ! Dans son étude de septembre 2014, la très sérieuse agence a en effet démontré l'influence directe du marketing sur les préférence alimentaires d'enfants qui ne sont pas seulement des prescripteurs d'achats au sein de la famille. En effet, parmi les pays européens, ils occupent la deuxième place des enfants recevant le plus d'argent de poche, et sont donc aussi des acquéreurs directs [Ipsos, septembre 2014].

Dès lors, l'auteur de cette proposition de loi a considéré que c'est au service public, propriété d'abord de tous les Français, qu'il appartient de retrouver l'exemplarité qui fait partie de ses missions de service public, en cessant de diffuser des messages contraires à ses valeurs : "informer, cultiver, distraire".

Cette disposition, qui s'appliquerait également aux sites Internet de la télévision publique, entrerait en vigueur au 1er janvier 2018, de manière à coïncider avec une réforme de la contribution à l'audiovisuel public.

Agir ou communiquer, il faut choisir !

Les premiers intéressés, à savoir les Français eux-mêmes, adhèrent très majoritairement à cette mesure : d'après l'Ifop, 71% d'entre eux y sont favorables, tous âges et toutes tendances politiques confondues -- en outre, 72% des sympathisants socialistes y adhèrent également.

L'hypothèse d'une suppression de ces publicités sur les 18 chaînes jeunesse privées n'a en revanche pas été retenue, car elle aurait signé l'arrêt de mort de nombre d'entre elles, qui vivent pour la plupart exclusivement de la ressource publicitaire. Cette loi prévoit néanmoins un encadrement de ces chaînes, exercé par le CSA qui devra remettre chaque année un rapport au parlement rendant compte de son action de contrôle.

C'est cette mesure juste et de portée modeste que le gouvernement entend vider de sa substance, en lui substituant une demande de rapport gouvernemental à l'horizon... du 30 juin 2017, soit après l'élection présidentielle ! Inutile pour en déterminer la portée, déjà évaluée avec précision par des travaux parlementaires antérieurs, ce rapport permettrait aux députés PS de voter une coquille vide pour en "approuver la philosophie".

Transformer une loi en machine à rapports : est-ce là l'unique ambition d'un gouvernement qui fait face, comme nombre de formations politiques historiques, à une défiance croissante de l'opinion ?

"Ce qui manque au parlement, ce ne sont pas des pouvoirs mais des parlementaires pour les exercer", disait le constitutionnaliste Guy Carcassonne. Sur des sujets de société majeurs, justement, l'expérience a montré que des parlementaires étaient prêts à user de leur indépendance, y compris contre l'avis du gouvernement. Nous parlons ici d'une petite loi, mais d'un enjeu de société considérable : la formation du citoyen de demain, cette indispensable éducation qui doit être érigée en priorité, face aux sirènes toxiques des injonctions de l'hyper-consommation inoculées dès le plus jeune âge.

> L'ancrage territorial de l'alimentation 

> Signez la pétition @APEnvironnement avant le vote de la #PPL @BrigitteAllain demain !  

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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 12:56

Une tribune passionnante de Bruno Latour (Philosophe, sociologue des sciences, professeur à Sciences Po), pour LE MONDE, le 12 janvier 2016, cf. http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/01/12/le-climat-un-nouvel-horizon-politique_4846011_3232.html

Adoption de l'accord final dans la salle plénière de la Cop21 à Paris-Le Bourget. Jean-Claude Coutausse

On avait l’habitude, naguère, de jouir d’un « temps magnifique » ou de subir un « climat pourri ». Depuis plusieurs mois, nous bénéficions d’un temps « horriblement magnifique » ! Ce qui est vrai de la météo l’est aussi de la politique. Le moment est horrible et formidable : grâce à la coïncidence entre actions terroristes, montée du Front dit national, et conclusion de la COP21, il est possible que nous sachions enfin où nous en sommes et à quelle politique nous devrions nous consacrer.

Jusqu’ici, la plupart des repères pour juger si une position était « progressiste » ou « réactionnaire » s’établissaient le long d’un seul et unique vecteur : soit on regrettait l’ancien terroir, soit on misait sur la mondialisation. Entre ces deux extrêmes, il y avait une ligne continue qui s’imposait à tous : seule variait la position du curseur. A l’avant-garde du front de modernisation, il y avait les tenants du progrès et, derrière, les gens arriérés.

Avec la contradiction bien connue selon que ce vecteur porte sur les mœurs ou sur les marchés. On peut tenir à l’émancipation des mœurs contre la mondialisation de l’économie – en gros la gauche traditionnelle – ou vouloir la libéralisation des marchés et résister à l’émancipation des mœurs – disons la droite modérée.

Mais on peut aussi appeler de ses vœux l’émancipation conjointe des mœurs et des marchés – l’idéal de modernisation frénétique partagée par les secteurs « avancés » de gauche comme de droite. Ou enfin lutter contre les deux. Pour que tout cela fonctionne comme repère, encore faut-il que les élites croient elles-mêmes à l’existence d’un monde, d’un globe qui puisse devenir, si l’on parvient à l’atteindre, celui d’une planète universellement modernisée. C’est là qu’il faut joindre l’analyse habituelle de la sphère politique à cette autre sphère : la planète qui a fait son entrée en politique.

L’importance historique de la COP 21, c’est qu’elle permet de prendre conscience d’une tout autre direction : la planète Terre ne ressemble pas du tout au globe de la globalisation. Pour le dire de façon brutale : il n’y a pas de planète correspondant à la Terre promise de la mondialisation. Il y a eu erreur d’aiguillage ! de ce fait, les positions n’ont plus à se repérer uniquement grâce à la polarisation classique allant du local au global, du national à l’universel, de l’identité aux « grands espaces » du marché mondial. La politique classique pouvait fonctionner tant que les élites laissaient croire qu’il existait pour de bon, ce monde vers lequel on allait se modernisant.

Moment fatal et décisif

Or, voilà une trentaine d’années qu’elles ont cessé d’y croire. Ceux qui s’en sont aperçu les premiers ne sont pas seulement les écologistes, mais ceux qu’on appelle les climato-sceptiques. Contrairement à ce qu’on pense souvent, leur dénégation n’a rien d’un archaïsme ou d’un manque de connaissance. Ils ont très bien vu, en effet, que s’il n’y a pas de planète correspondant au monde vers lequel on prétend se moderniser, alors il faut se défendre en s’enfermant dans une forteresse d’inégalités. L’immense mouvement qui a permis aux 10 % les plus riches de devenir le 1 % puis le 0,1 % n’a pas de sens si l’on ne comprend pas que les élites ont abandonné tout espoir de jamais partager leur territoire avec ceux auxquels elles ont demandé de se moderniser ou de périr.

Pour comprendre qu’in a changé d’époque, il suffit de comparer le rictus de Donald Trump (« Vous êtes virés ! ») au sourire hollywoodien de Ronald Reagan. Il n’est plus possible de s’en faire accroire comme dans les années 1980 : d’optimistes, les élites sont devenues sinistres ; d’entraînantes, elles sont devenues défensives. Si l’Amérique continue à dessiner notre futur, celui que propose, entre autre, le Parti républicain fait froid dans le dos. D’autant que les masses ont parfaitement compris que si les élites elles-mêmes ne croient plus à la modernisation, il faut se rabattre dare-dare sur le peu d’identité encore disponible. De la Hongrie à la France, de l’Italie à l’Angleterre, de la Russie aux États-Unis, beaucoup de gens se comportent comme s’ils disaient : « Faute de globe, qu’on nous laisse au moins les terroirs ! » Race blanche, viande de porc, nation, drapeaux, califat, famille, n’importe quoi, mais qu’on ne se retrouve pas avec rien. Tous aux canots de sauvetage !

Évidemment, ces communautés sont imaginaires ; il ne reste pas un lopin de ces anciennes terres atomisées par la mondialisation. Mais utopie pour utopie, il est compréhensible qu’on se raccroche à celle qui paraît moins hors-sol. C’est à ce point d »’inflexion que nous nous trouvons, moment fatal et décisif : y a-t-il une autre définition de l’attachement à un sol que le territoire-terroir ou le territoire-globe ? Existe-t-il un troisième sommet qui permettrait de redistribuer toutes les positions et d’éviter la tragédie présente d’une bataille entre l’utopie de la mondialisation et celle des identités nationales ? Ce triangle n’a pas encore été dessiné, je sais bien, mais à la ligne qui joint le territoire-terroir au territoire-globe, il paraît légitime d’ajouter désormais les deux lignes qui joignent ces deux attracteurs traditionnels au troisième sommet du triangle : le territoire-Terre (ou planète ou Gè ou Gaia, peu importe le nom). C’est ce que j’ai appelé le « nouveau régime climatique ».

Il est clair que la planète rassemblée lors de l’étonnante conférence climat de Paris n’a que peu de traits communs avec l’espace aussi indifférencié qu’illimité vers lequel la mondialisation était supposée nous emmener. Elle a un climat, un sol, des limites, des lignes de front, toute une géopolitique qui ressemble aussi peu aux vielles cartes identitaires qu’au globe de l’ »ancien monde dit « naturel ». Ce troisième attracteur n’ouvre pas une troisième voie, entre l’identité et l’universel (ni bien sûr entre « socialisme » et « capitalisme », ces deux projets sans terre). Mais sa présence, son poids, sa nouveauté sont capables de bouleverser l’échiquier de la politique. Il oblige à redéfinir le sol auquel nous appartenons, et à redécouvrir qui est réactionnaire et qui est progressiste.

De toute façon, si nous ne parvenons pas à nous reterritorialiser très vite sur cette Terre, c’est hélas à une guerre des terroirs que nous allons devoir faire face. Je ne me souviens pas d’une Saint-Sylvestre où le temps ait été si « horriblement beau », ni d’une rentrée qui nous laisse si peu de temps entre une élection présidentielle décisive et l’urgence de se réapproprier le climat d’une façon si politique.

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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 15:08

Deux articles du Monde, de ce matin et d'hier.

Un site gazier à Aliso Canyon, dans la banlieue de Porter Ranch. (Dean Musgrove/Los Angeles Daily News via AP, Pool, File)

Le gouverneur de Californie a déclaré l’état d’urgence autour de Los Angeles, mercredi 6 janvier, à cause d’une fuite de méthane massive dans un puits gazier qui a forcé des milliers de résidents de la banlieue de Porter Ranch à évacuer. L’entreprise à l’origine de la fuite, Southern California Gas Company (SoCalGas), a estimé qu’entre 30 000 et 58 000 kilogrammes de méthane, un gaz inodore, étaient répandus par heure dans l’air.

Les autorités affirment que la fuite depuis le site d’Aliso Canyon de SoCalGas, qui avait été détectée le 23 octobre par des employés à plus de 2 400 mètres de profondeur, ne pose pas de danger sérieux pour la santé des riverains. Les additifs nauséabonds destinés à signaler les fuites de méthane ont tout de même provoqué chez beaucoup d’habitants des environs des nausées, saignements de nez et maux de tête.

Mais c’est surtout l’impact environnemental de cette fuite qui pourrait, lui, être dévastateur. L’autorité de la qualité de l’air en Californie (California Air Resources Board) estime que la fuite est si massive qu’elle correspond à une augmententation de la production de gaz à effet de serre pour toute la Californie de près de 25 %. « Nous ne pourrons évaluer son impact que lorsque la fuite sera définitivement arrêtée et que nous bénéficierons de chiffres », a déclaré un porte-parole de l’agence.

Cette fuite est « sans comparaison, catastrophique » car c’est du méthane, un gaz à effet de serre « 80 fois plus puissant que le CO2 à l’échelle de vingt ans, et qui agit beaucoup plus rapidement », dénonce Stephanie Pincetl, professeure de sciences environnementales, interrogée par l’AFP. C’est « l’équivalent de trois quarts des émissions de toutes les raffineries de pétrole de la Californie en un an », souligne Mme Pincetl.

 

Une immense fuite de méthane inquiète la Californie

05 Jan, Maxisciences/Gentside Découverte – La fuite de méthane en Californie

Une fuite de méthane affecte depuis octobre 2015 la région californienne de Los Angeles, aux États-Unis. Désormais localisée, il faudra encore deux à trois mois pour que le flux continu de gaz soit contenu.

Depuis octobre 2015, une fuite de méthane massive affecte la région californienne de Los Angeles, aux États-Unis. La catastrophe est d’une telle ampleur que des milliers de riverains ont dû quitter leurs maisons et la zone, le temps que les autorités parviennent à la contenir.

Dans cette visée, la société de distribution Southern California Gas Co (SoCal Gas) s’est attelée à localiser le flux de gaz. Le lundi 28 décembre, l’entreprise a annoncé avoir enfin trouvé l’origine de la fuite. Celle-ci se situerait dans un puits de forage de gaz naturel localisé à plus de 2.000 mètres sous terre, sur le site d’Aliso Canyon.

La zone, est un ancien gisement de pétrole et se trouve à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Los Angeles, dans le nord de la Vallée de San Fernando.

Une énorme fuite de gaz

Une vidéo capturée dans la région à l’aide d’une caméra thermique dévoile l’ampleur de l’incident industriel. A travers la séquence récemment mise en ligne par l’Environnement Defense Fund (EDF), on peut voir d’importantes émanations s’échapper du sol sous la forme d’un geyser noir.

Selon les estimations de l’Agence chargée de surveiller la qualité de l’air en Californie, entre 44.000 et 58.000 kilogrammes de méthane serait libérés chaque heure dans l’atmosphère. Cela représenterait près du quart des émissions habituelles de méthane de tout l’Etat de Californie, d’après CBS;

Depuis octobre 2015, la fuite aurait causé jusqu’à maintenant l’émission de plus de 77.000 tonnes de méthane dans l’air. L’Environnement Defense Fund souligne que cela équivaut à pas moins de six millions de tonnes de dioxyde de carbone si l’on considère le potentiel du méthane en tant que gaz à effet de serre.

Des conséquences majeures

« Le méthane est un puissant « forceur climatique » à court terme, avec un pouvoir réchauffant près de 80 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone dans les 20 premières années après sa libération », explique l’Environnement Defense Fund. Mais les quantités astronomiques libérées par la fuite ne sont pas dangereuses que pour l’environnement.

Les résidents du lotissement privé adjacent ont rapporté de nombreux problèmes de santé. Beaucoup d’entre eux souffraient de maux de tête, de nausées et de saignements de nez. « Je ne peux pas travailler ici. Je ne peux même pas respirer ici parfois », a témoigné pour CBS un habitant.

Dans un recours collectif, ils ont porté plainte contre SoCal Gas et ont obtenu gain de cause. La majeure partie des riverains a été relogée et deux écoles ont été fermées jusqu’à ce que l’incident soit réparé. Selon la compagnie de distribution, trois à quatre mois sont encore nécessaires pour neutraliser totalement la fuite.

Creuser un second puits

La société a récemment dévoilé son plan d’intervention. En décembre, elle a commencé à forer un puits parallèle à celui présentant la fuite afin d’intercepter ce dernier et d’acheminer le gaz vers un réservoir naturel situé à près de 2.400 mètres sous terre. La société prévoit ensuite de boucher le puits à l’origine de la fuite de méthane.

« Après avoir intercepté le puits […], nous pomperons des fluides et injecterons de la boue dans le fond du puits endommagé afin d’arrêter le flux de gaz depuis sa source, le réservoir », a commenté pour Gizmodo SoCal Gas. « Une fois le flux de gaz stoppé, nous injecterons du ciment dans le puits pour colmater la fuite de façon permanente ».

Toutefois, ce n’est probablement qu’une fois la fuite arrêtée que les autorités pourront pleinement mesurer les conséquences de l’accident. « Une fois la fuite stoppée, nous serons capables d’évaluer ce qui l’a causé et d’évaluer quelle quantité de gaz naturel s’est échappée », a conclu le porte-parole de SoCal Gas Mike Mizrahi.

 

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3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 13:34
Migrants : la France va ouvrir un camp humanitaire à Grande-Synthe

Nos voeux, et des nouvelles des migrants le 31 décembre 2015  par Maryline Baumard (Grande-Synthe (Nord) envoyée spéciale pour Le Monde, http://mobile.lemonde.fr/societe/article/2015/12/31/grande-synthe-ce-camp-de-la-honte_4839988_3224.html

Quand le soleil s’efface, le froid humide venu de la Manche envahit la ville côtière de Grande-Synthe (Nord), en périphérie de Dunkerque. Dans le camp de migrants, à deux pas du centre, il prend ses aises. Les 2 500 ou 3 000 réfugiés du lieu, majoritairement kurdes, savent que cet ennemi se glissera avant eux sous les couvertures de leur maison de toile. Mais le geste fataliste d’Ali rappelle qu’il en a vu d’autres depuis qu’il a quitté son Kurdistan natal. D’ailleurs, l’Irakien se plaint à peine. Il est là en transit, impatient de rejoindre la Grande-Bretagne. Et s’il n’y est pas fin janvier, en dépit de son « passage garanti », des 40 000 euros payés pour lui, ses enfants et son épouse, il rejoindra ce nouveau camp dont on parle déjà tant. « Il y aura des douches, de l’eau et des tentes chauffées », répète, incrédule, cet ex-traducteur du Royal Air Force College en Irak.

Un vrai camp de réfugiés devrait en effet être ouvert en janvier par la municipalité de Grande-Synthe et Médecins sans frontières (MSF). Un camp aux normes du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pouvant accueillir plus de 2 500 migrants, une première en France.

Mais cela paraît bien loin à Ali qui espère juste, ce soir-là, une livraison de bois. Le feu est un des fondamentaux de la route de l’exil. Chaque soir « ce camp de la honte », comme l’a baptisé le maire de la ville, Damien Carême (EELV), a pour obsession le bois de chauffage. Quelques scies sorties de nulle part attaquent les arbres. Parfois, une camionnette providentielle débarque, bourrée de sacs de combustible. C’est la bousculade garantie. Pire que pour la nourriture. Les enfants crient. Les femmes tendent désespérément les bras. La nuit se gagne là.

Photos: DIANE GRIMONET pour "LE MONDE"

« Une décharge à ciel ouvert »

Devant les petites tentes, des feux s’allument un à un. On se chauffe les mains, les pieds. On pose une bouilloire ou une poêle noircie. Grande-Synthe est un camp misérable. Un espace boisé, destiné à construire un écoquartier, où s’entassent plus d’un millier d’abris de tissu ; où jouent plus d’une centaine d’enfants, les pieds dans l’eau, faute de bottes. « Ce n’est pas un camp, mais une décharge à ciel ouvert, observe Delphine Visentin, la responsable de MSF. Nous tentons d’en améliorer le fonctionnement mais cela reste une zone de transit inorganisée. »

Médecins sans frontières s'estime là sur « une décharge à ciel ouvert » ; un camp inorganisé de migrants qui ont déjà payé le passage vers la Grande-Bretagne.

Les « French Doctors » ont pourtant mis en place un point pour les distributions des associations ; un espace santé cogéré avec Médecins du monde. Hormis cela et les douches qu’il faut reprendre aux passeurs – qui les faisaient payer –, c’est un champ de boue où sont plantées des tentes basses, sans la bâche qui à Calais sert de seconde peau. Sans les baraques en bois, plus chaudes. Ici les gendarmes ne laissent pas passer de matériaux de construction, ni même, certains jours, les sacs de couchage.

« Grande-Synthe, c’est Calais en pire », résume Jean-François Corty, de Médecins du monde, choqué par la présence de bébés, de femmes enceintes dans la gadoue. Le maire, président du Réseau des élus hospitaliers du Nord-Pas-de-Calais, a pourtant fait ce qu’il pouvait, installé des sanitaires, les bennes à déchets. Il est aujourd’hui dépassé. Et inquiet. « On n’est pas à l’abri d’une hypothermie », prévient la responsable MSF ; « ni d’un suicide », ajoute Hafsa Sabr, une jeune bénévole présente tous les jours depuis l’été ; déjà témoins du geste désespéré d’une maman seule avec plusieurs enfants, et d’un adolescent.

En dépit de ses quelques milliers de migrants, Grande-Synthe est une oubliée. La médiatique Calais a capté toute l’attention, avec sa maire qui en appelle régulièrement à l’armée, quand, à Grande-Synthe, l’élu gérait. « Ici, on accueille des migrants depuis 2006, observe M. Carême, jusqu’à cet été, ils étaient 80. Mais depuis leur nombre a été multiplié par 30 et c’est devenu une ville dans la ville. » Une cité d’ingénieurs, d’enseignants, d’artisans, « encampés » au milieu des 22 000 habitants dont 33 % vivent sous le seuil de pauvreté.

Aux portes de Dunkerque, à 30 kilomètres de la jungle de Calais, ils s'entassent dans la boue et le froid, l’humidité et le vent

La balle est dans le camp du préfet

Le ministère de l’intérieur a longtemps fait la sourde oreille aux appels de Damien Carême. Le 30 septembre 2015, Bernard Cazeneuve lui avait promis son aide. « Trois mois plus tard, je n’ai rien vu ; à part des forces de l’ordre », regrette M. Carême. Excédé, il a convoqué une conférence de presse avec Médecins sans frontières pour le 23 décembre. La décision qu’il fallait pour obtenir un rendez-vous avec le ministre de l’intérieur, puisqu’il a été reçu le même jour par M. Cazeneuve.

Damien Carême est un maire de gauche. Hier PS, aujourd’hui EELV. Avec MSF, il a conçu un vrai camp qui, pour 1,5 million d’euros – remboursés par l’Etat –, logera tous ses migrants. Les plans sont faits, les entreprises dans les starting-blocks, les équipes de MSF sur le pont. La balle est dans le camp du préfet, qui doit donner son accord pour le lieu choisi par la municipalité.

Bien qu’alambiqué, le communiqué commun de MM. Cazeneuve et Carême promet que cela va venir. Il prend l’engagement « de renforcer les expertises en cours pour mettre en œuvre une solution très rapide qui apportera une réponse humanitaire aux besoins élémentaires des migrants, et notamment des populations vulnérables présentes sur le site, qui doivent pouvoir bénéficier d’une mise à l’abri ». Le déménagement y est aussi acté puisque « les caractéristiques marécageuses du camp actuel ne peuvent offrir de solution satisfaisante en ce sens ». Reste qu’il s’est déjà écoulé une semaine sans réponse de la préfecture et que les acteurs tiennent à un déménagement en janvier.

S’il est bien conçu pour « loger tout le monde », c’est-à-dire 2 500 à 3 000 personnes, comme le veulent la Ville et les associations, ce camp sera une première en France. « Pensé par nos logisticiens, il respectera les standards humanitaires internationaux. Les sanitaires y seront en nombre suffisant et les migrants y dormiront sous des tentes chauffées l’hiver », rappelle Mme Visentin. Les associations seront installées juste à côté, dans des bâtiments en dur. Tout ce que le gouvernement s’est refusé à mettre en place à Calais en créant un camp de jour. Ces avancées ne signifient pourtant pas que le bras de fer entre les associations et le gouvernement est terminé. Tout se négociera, du nombre de places au degré de surveillance policière.

En attendant, la vie continue dans la boue. Souma et Akram, les enfants d’Ali, ont tous deux le nez qui coule. Lundi, la consultation de MSF n’a pas désempli, apportant soins du corps et pansements à l’âme. Hafsa Sabr a, comme souvent, installé une femme fragile pour quelques jours dans l’hôtel voisin. Demain, elle courra les magasins en quête d’un hélicoptère téléguidé. Car Grande-Synthe aussi fêtera le passage en 2016 et quelques-uns des oubliés de Noël auront leur seconde chance.

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24 décembre 2015 4 24 /12 /décembre /2015 12:44

Notre tribune dans Infos Lilas

L'accord de Paris de la COP 21 est le premier accord mondial sur le climat, qui vise à un dérèglement climatique limité à +2°C. Il est en revanche profondément insuffisant dans sa mise en œuvre. Non contraignant, il est basé sur le volontariat. Or les engagements nationaux pris par l'ensemble des pays induisent un réchauffement supérieur à 3°C au moins. Cette trajectoire ne serait officiellement corrigée qu'en 2025. De fait, attendre une éventuelle mobilisation des gouvernements est irréaliste. Ce sont aux citoyens, travailleurs, associations et acteurs économiques sociaux, solidaires, coopératifs de se mobiliser auprès des collectivités. Si la municipalité des Lilas soutient les associations lilasiennes concourant à la transition énergétique, nous devons la pousser à se mobiliser au delà. Les Lilas Autrement l’appelle à s'engager elle-même, dans la perspective de l'accord de Paris, dans la réduction des gaz à effet de serre émis par la ville en signant le Pacte pour la transition qui lui a été proposé par Alternatiba en 2015. Par les marchés publics, par la coopération avec les acteurs locaux, dans nos cantines, avec les agents, ce pacte est source d’emplois et de bien vivre. D’ici là, nous souhaitons à tous les lilasiens, dans cette période difficile, une année solidaire et fraternelle.
Marie-Geneviève Lentaigne (EELV) et Mathieu Agostini (Parti de Gauche) – http://leslilas-autrement.frhttp://leslilasecologie-over-blog.comhttp://pgleslilas.fr

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23 décembre 2015 3 23 /12 /décembre /2015 11:41

par Stéphane Alliès et François Bonnet pour Médiapart, 21 décembre 2015. Des nouvelles des écologistes espagnols pour une réflexion pendant les fêtes, que nous vous souhaitons ressourçantes pour 2016 !

Soyons lucides, la gauche française est à court terme incapable de faire bon usage des leçons du vote espagnol comme, avant elles, du vote grec.
D'accord, Podemos n’est pas parvenu
à « prendre le ciel d’assaut », (voir mon commentaire, ci-dessous *1) comme l’ambitionnait son slogan de campagne. Mais le mouvement est sur un petit nuage. Moins de deux ans après son entrée dans l’arène électorale (européennes de mai 2014, 8 % des voix), une grosse année après son congrès fondateur, Podemos a déjà réussi un exploit : dynamiter le vieux système politique espagnol construit au lendemain de la mort du dictateur Franco. Le bipartisme PP (droite)/PSOE (gauche) est à l’agonie. Ces deux formations ont réuni dimanche à peine plus de la moitié de voix (50,7 %) quand, depuis plus de trois décennies, elles totalisaient 70 à 80 % des suffrages.

Les esprits chagrins en France – et ils sont nombreux à gauche – noteront seulement que l’Espagne est devenue ingouvernable et que Podemos aura loupé son pari : devancer le parti socialiste (PSOE). Peu importe qu’il le talonne (20,6 % des suffrages et 22 % pour le PSOE), peu importe qu’une nouvelle ère politique débute en Espagne, tout aussi passionnante que celles qui se sont ouvertes en Grèce, avec Syriza, ou en Italie avec le Mouvement 5 étoiles, sans parler du Portugal qui expérimente depuis un mois une étonnante coalition des gauches.

Nos conservateurs de droite et de gauche crieront au populisme inepte, promettront un feu de paille, dénonceront démagogie et confusion. Ils avaient fait de même avec Syriza puis avec l’arrivée à la tête du parti travailliste anglais de Jeremy Corbyn. Et ils retourneront aussitôt dans leurs petites cuisines pour y entretenir leur seule obsession : l’élection présidentielle de 2017.

C’est une réaction de survie compréhensible, tant le miroir que tendent Podemos et d’autres mouvements progressistes européens est accablant pour les gauches françaises. Voilà que l’Espagne montre à son tour que des alternatives peuvent se forger, que la politique peut être réenchantée, que le seul choix n’est pas entre l’extrême droite raciste et des gouvernements néolibéraux, comme tentent de nous en convaincre aujourd’hui François Hollande et Manuel Valls.

Podemos n’est qu’une histoire espagnole, sans comparaison possible avec la situation française, nous disent encore ceux qui veulent briser le miroir. Oui, pour partie, mais évidemment non. Car ce qui s’est construit en Espagne depuis 2011, depuis le mouvement des indignés et ses prolongements politiques, l’a été sur des bases étonnamment communes aux deux pays :

– D’abord une crise financière et économique sans précédent depuis 1929. Articulée à la bulle immobilière espagnole, sa violence fut certes sans commune mesure en Espagne, où le taux de chômage (20 %) reste aujourd’hui près du double du taux français (10,5 %). Mais nous avons en commun les précarités érigées en règle nouvelle du salariat, les déstructurations en profondeur de l’État et de ses systèmes de protection, l’installation durable dans un chômage de masse sur fond d’évasion fiscale des grandes entreprises et de toute-puissance du système financier.

– Ensuite un rejet massif d’une classe politique minée par les scandales de corruption, par un sentiment d’impunité généralisée. Ajoutons à cela les cumuls de mandat, des carrières politiques qui se comptent en décennies, une incapacité à renouveler les dirigeants comme à représenter des catégories entières de populations, et nous avons ce que Podemos appelle « la caste ». Pour le coup, notre oligarchie typiquement française à laquelle s’ajoutent des dirigeants politiques insubmersibles peut sembler pire encore que cette « caste » espagnole.

– Enfin, une crise institutionnelle tout aussi grave dans les deux pays. Le régime issu de la Transition post-franquiste est à bout de souffle. Il organisait un bipartisme de fer articulé à un centralisme niant les identités régionales : le voilà incapable de répondre aux nouvelles demandes sociales et politiques. Notre Ve République est dans un état pire encore. Le mode de scrutin majoritaire aux législatives, combiné à l’hypertrophie présidentielle, étouffe tout renouvellement et ne parvient même plus à enrayer la progression d’une extrême droite désormais installée au centre du paysage.

Alors que s’est-il passé pour que partant de considérants semblables – crise économique, crise de la représentation politique, crise institutionnelle – une alternative crédible s’installe en Espagne quand les gauches françaises – c’est-à-dire les formations à la gauche du parti socialiste – se réduisent à quelques chapelles en ruines ? Et que peut nous apprendre aujourd’hui Podemos, comme l’avait fait hier Syriza, de ces échecs à répétition ?

« La gauche française doit changer »

« La gauche française doit changer, elle doit aussi changer les personnes, il lui faut trouver des réponses à l’extérieur du champ politique et des partis, il lui faut construire des leadership au pluriel qui ouvrent plusieurs voies », notait récemment Juan Luis Monedero, invité de notre émission « En direct de Mediapart » (voir vidéo ci-dessous). En une phrase, presque tout est dit. Fondateur de Podemos, en retrait aujourd’hui de sa direction mais toujours très influent, Monedero rappelait aussi ce que fut un des slogans de Podemos lors des élections européennes de 2014 : « Quelle est la dernière fois où tu as voté avec un rêve ? » VIDEO - Sur Mediapart, Juan Carlos Monedero est face à la gauche française : Isabelle Attard (députée citoyenne), Julien Bayou (EELV) et Danielle Simonnet (Parti de gauche): https://www.youtube.com/watch?v=SWPR-s5jfZ0

Les rêves français se sont évanouis depuis longtemps. Les formations de gauche, obnubilées par les stratégies de conquête du pouvoir dans le cadre fou de notre monarchie républicaine – ou d’alliances pour y participer –, ont depuis oublié l’essentiel : la société, le projet et l’attention au neuf, à ces multitudes de dynamiques émergentes qui viennent faire mourir l’ancien.

Par conséquent, il semble qu’il n’y a plus rien à attendre de leurs responsables. Congrès après congrès, élections intermédiaires après élections intermédiaires, la gauche, dans ce qu’il reste de sa pluralité, ne semble pouvoir être capable que de s’accorder sur le vote de l’état d’urgence et la vision défensive d’une république creuse et à bout de souffle.

Point de Syriza, de Podemos ou de Corbyn à venir. D’abord parce que la gauche est au pouvoir. Ou, plus précisément, parce que le pouvoir en place a été élu par la gauche. Ensuite, parce que l’austérité se fait moins brutale, et le bouc émissaire à la crise économique (le musulman) bien plus évident. Enfin, parce que l’extrême droite domine intellectuellement le paysage.

Et puis la France n’est pas entrée en guerre au début des années 2000. En même temps que l’altermondialisme, qui culminait alors chez ceux qui refusaient l’évolution de la social-démocratie européenne, des générations militantes se sont construites dans ces mobilisations pacifistes appelant à repenser les rapports nord-sud. Aujourd’hui, alors que la France s’est à son tour lancée dans « la guerre au terrorisme », où sont les manifestations ?

La question posée aux partis politiques de la gauche française est aussi insoluble au regard de son histoire politique. Depuis la révolution française de 1789, les élites gouvernantes du pays sont rétives à l’idée de parti de masse et de mobilisation générale de la société. On y préfère les clubs et les organisations d’avant-garde, ou encore des partis dont les responsables se construisent par leur capacité à conserver un appareil et à faire une carrière d’élu.

Un exemple ? Depuis vingt ans, les écologistes français n’ont jamais pris soin de faire de leur formation un mouvement de masse, attirant, intégrant des militants en nombre, mais aussi sachant apprendre des innombrables formes nouvelles de mobilisation et d’engagement. EELV demeure un petit jeu à quelques milliers de militants, pratiqué selon des règles incompréhensibles, et dont la conquête électorale semble être le seul carburant.

Le résultat ? La production, comme dans les autres partis, de « professionnels de la politique » et de quelques graves incongruités comme Jean-Vincent Placé. À qui fera-t-on croire que l’actuel président du groupe EELV au Sénat est écologiste, quand il est depuis un quart de siècle en politique avec un parcours digne d’un mini Edgar Faure de la IVe République ? Ce serait faire un mauvais procès que de décrire EELV absent des luttes locales, désertant les grands combats écologistes et aveugle aux mouvements sociaux. Mais force est de constater qu’il n’en fait rien et que chacune de ses tentatives de s’ouvrir en grand aux forces de la société ont été bloquées par des manœuvres d’appareil visant d’abord à préserver les équilibres de pouvoir internes.

« Changer les personnes, trouver des réponses à l’extérieur du champ politique », dit Monedero. Aux tentatives sans lendemain d’EELV s’ajoutent le surplace du parti de gauche et l’épuisement de son partenariat avec d’autres formations au sein du Front de gauche. Orateur de talent, animateur charismatique de la campagne présidentielle 2012, Jean-Luc Mélenchon et les siens n’auront pu transformer l’essai réussi au premier tour de la dernière présidentielle. « Le Front de gauche ressort considérablement affaibli électoralement, moralement et financièrement des élections régionales ! » notait récemment Jean-Luc Mélenchon sur son blog. « Il est d’autant plus urgent de proposer une méthode de rechange que celle-ci s’est épuisée de l’avis général. »

Tout occupé à construire un espace entre le PS et le PC (lui-même d’abord obsédé par son nombre d’élus qu’il doit à ses alliances avec le PS), Mélenchon s’est battu selon les règles obsolètes de la vieille démocratie partidaire quand les engagements collectifs se font désormais ailleurs. L’a-t-il compris trop tard en abandonnant la présidence du parti de gauche pour lancer le mouvement pour la VIe République ? Lui aussi obsédé par la présidentielle, tenant d’une conception verticale et avant-gardiste de la lutte politique, l’ancien dirigeant socialiste n’est pas plus parvenu à fédérer ce qui aurait pu constituer une alternative large et plurielle.

Nouvelles mobilisations

Le constat est aujourd’hui sinistre pour les forces se positionnant à la gauche du parti socialiste. Le quinquennat de François Hollande, s’il laisse le PS exsangue, les aura également dissoutes. Évoque-t-on la façon dont Podemos s’est appuyé sur le mouvement des indignés, et les responsables français soupirent en soulignant qu’aucune mobilisation sociale comparable n’a eu lieu en France. L’explication est un peu courte.

Podemos ne s’est pas seulement construit sur les immenses mobilisations des Indignados. Partout en Espagne ont émergé des collectifs citoyens nés de luttes locales sur des questions aujourd’hui largement négligées par les partis français : santé, éducation, aménagement, logement et expulsions, banques. Et ce sont ces dynamiques venues de la société, entretenues par ces collectifs qui ont construit des débouchés politiques (lire ici le reportage de Ludovic Lamant sur les « marées citoyennes » en Galice).

De telles luttes ont aussi lieu en France aujourd’hui. Pas seulement à Notre-Dame-des-Landes ou à Sivens. De nombreux collectifs ont émergé dans les quartiers populaires qui demeurent pourtant obstinément relégués dans l’angle mort de la politique française. Attac ou Transparency International ont porté le débat public contre les politiques des banques, les paradis offshore et l’évasion fiscale.

D’autres associations ont défendu les lanceurs d’alerte. D’autres encore ont expérimenté de nouvelles formes de lutte syndicale. D’autres ont popularisé et défendu les vrais enjeux de la COP21 (voir ici notre émission). D’autres enfin ont bataillé contre la loi instituant une surveillance généralisée et dénoncent aujourd’hui les innombrables excès de l’état d’urgence, état d’urgence pourtant voté par la quasi-totalité des parlementaires écologistes et communistes...

Ce sont ces types de lutte qui, à Grenoble, ont permis la construction d’un collectif politique capable d’emporter la ville lors des dernières municipales. C’est l’exemple unique en France d’une construction politique issue de telles mobilisations où une attention toute particulière fut portée à la mise en place de pratiques politiques nouvelles : renouvellement ; non cumul des mandats ; comptes rendus de mandat et procédures révocatoires.

D’ailleurs, s’il ne devait y avoir qu’une seule leçon à retenir de l’expérience Podemos pour les gauches françaises, c’est bien celle d’un Pablo Iglesias intervenant dimanche soir pour affirmer la priorité absolue de réformes institutionnelles en vue de mettre fin à une crise de régime (réforme du système électoral et droit de révocation du chef de gouvernement, à mi-mandat).

En France, un tel sujet s’est toujours heurté aux railleries des pouvoirs en place, au prétexte que « ça ne remplirait pas les frigos des gens ». Assertion imparable de la part de ceux qui n’ont, par cette pirouette, aucunement besoin de remettre en jeu le pouvoir qu’ils accaparent. C’est aussi sur le personnage même d’Iglesias que les élites de la gauche française feraient bien de s’interroger.

Un jeune universitaire, élu eurodéputé avant de laisser son siège pour cause de « mandat tournant », faisant l’impasse sur les municipales pour soutenir des plateformes citoyennes pourtant critiques à son égard, avant de venir concurrencer un parti social-démocrate sans exclure de pouvoir partager le pouvoir avec lui... Sans présumer de ce que sera l’avenir politique de Pablo Iglesias, un tel profil est tout simplement inexistant dans la gauche française aujourd’hui. Pire, il ne pourra surgir tant que la gauche française défendra ou justifiera la “professionnalisation politique”, faisant de la vie publique un métier et de l’indemnisation de son engagement une aliénation.

De même, tant que son personnel politique ne mettra pas à bas la logique du cumul des mandats, y compris et surtout dans le temps, aucun renouvellement générationnel ni aucune diversification sociologique de la gauche française ne sera possible. Enfin, tant qu’elle fera de la démocratie représentative la seule expérience possible de l’exercice du pouvoir, elle se condamne à contempler un système médiatique et sondagier tout entier acquis à sa perte.

Étouffées dans leurs vieux habits partidaires, les formations de gauche ne peuvent seulement s’en prendre à la puissance mortifère des institutions et aux habiletés tactiques de François Hollande. Podemos est issu de dynamiques sociales mais aussi d’un long travail théorique et politique qui fait cruellement défaut à la gauche française (lire ici notre enquête La boîte à idées des intellos de Podemos).

S’appuyer sur la société et sur les nouvelles manières de s’engager ; renouveler en profondeur les pratiques politiques ; reconstruire un projet en s’adressant prioritairement à des populations aujourd’hui systématiquement ignorées (jeunes, salariés précaires, classes populaires issues de l’immigration) : les pistes sont là, évidentes et d’ailleurs souvent montrées par des responsables politiques. Mais des responsables qui les oublient aussitôt, pour préserver leur pré carré ou préparer une fois encore la prochaine échéance électorale. Dès lors, tant que la gauche française ne s’intéressera pas sérieusement à elle-même et à l’émergence de ceux qui la feront renaître sans ceux qui l’ont fait mourir, tirer des leçons d’expériences étrangères ne servira qu’à amuser une galerie de la non-évolution.

* 1 : "IZQUIERDA UNIDA - IU" (le Front de Gauche espagnol) avec ses 922.000 voix recueillies freine et empêche la liste de "PODEMOS-EQUO" (EQUO = les écolos espagnols) de devancer le PSOE des 400.000 voix qui lui manquent pour être en 2ème position de ces élections législatives : http://www.andalucesdiario.es/politica/los-922-000-votos-de-iu-truncan-el-sorpasso-de-podemos-al-psoe/

Et, ici, les copains écologistes d'Espagne entrent en congrès avec trois députés écolos, via la liste "PODEMOS-EQUO"


Ci-dessous, voici l'intervention de Rosa Martínez, candidate de Podemos-EQUO por Bizkaia ; Rosa Martínez est également porte-parole d'EQUO (le parti écolo des Espagnes) https://www.facebook.com/231459003559568/videos/998097896895671/?theater

 

 

 

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13 décembre 2015 7 13 /12 /décembre /2015 13:20

 

Ce rassemblement déclarant l’État d'urgence climatique auquel nous appelions était enthousiasmant, un moment collectif qui donne de la force. Ci-dessous le bilan des organisateurs.

Pendant ce temps, la COP 21 se concluait. Lisez aussi la Réaction d’Attac France à l’Accord de Paris samedi 12 décembre 2015 par Maxime Combes.
 

Plus de 20 000 personnes se sont rassemblées ce samedi 12 décembre autour du Champ-de-Mars pour dénoncer l'échec de la COP21 à empêcher le franchissement du seuil des 2 degrés de réchauffement, et pour déclarer l'Etat d'urgence climatique. Les barrages de police en ont retenues plusieurs milliers à l'extérieur du Champ-de-Mars. Organisé en trois jours, le rassemblement était encadré et sécurisé par près de 700 bénévoles (*). Des chaînes humaines ont commencé à se mettre en place dès 14H00. Elles  sont parties de la Tour Eiffel, symbole de la révolution industrielle et de la COP21, ont traversé le Champ-de-Mars pour rejoindre  le mur de la Paix. Elles symbolisaient ainsi un appel à l'humanité à quitter le modèle productiviste qui dérègle le  climat, à exiger la justice climatique pour  construire une paix durable et une société soutenable.

Des die-in, banderoles en feu et beaucoup de pancartes alertaient sur le fait que la COP21 mène le monde vers le dépassement du seuil gravissime des +3°C, c'est-à-dire vers une situation d'emballement incontrôlable et irréversible du climat. « Et un, et deux, et trois degrés, c’est un crime contre l’humanité »,  ont scandé les manifestants. Ils ont aussi appelé   à laisser les combustibles fossiles dans le sol, à en finir avec les paradis fiscaux pour financer  la justice climatique et  la solidarité avec les pays déjà durement touchés par  l’exode des réfugiés climatiques. Ils ont aussi mis en avant les  alternatives pour  créer des emplois climatiques, une agriculture paysanne et durable, une finance au service de l'environnement et des humains.

Les milliers de gens rassemblés devant le mur de la Paix ont pu écouter des représentants des différents mouvements qui organisaient le rassemblement du Champ de Mars dont Alternatiba, ATTAC, l'UNEF, la Confédération Paysanne-Via Campesina et les Amis de la Terre, et qui s'est conclu par des prises de paroles de la Coalition Climat 21, plateforme unitaire regroupant 130 structures mobilisées sur la COP21.

Geneviève Azam, porte-parole d'ATTAC, y a notamment dénoncé le fait que "l'accord de Paris entérine un réchauffement de la planète de plus de 3 degrés. Au lieu d'un réveil civilisationnel, c'est un renoncement programme qui s'annonce. Le climat n'attendra pas les rendez-vous prévus en 2023 ou 2025 pour mettre en péril les écosystèmes et les peuples ! "

Puis Dipti Bhatnagar, coordinatrice justice climatique et énergie pour les Amis de la terre international a affirmé que "cet accord est une sentence de mort pour les communautés en première ligne du changement climatique, celles qui sont les moins responsables et pourtant subissent les impacts les plus sévères. Les décideurs échouent à répondre à la crise climatique par l'ambition et l'urgence que la science recommande. C'est désormais aux peuples de construire le monde que nous voulons, et de s'unir pour la justice climatique et la paix."

Enfin, Jon Palais, porte-parole d'Alternatiba a appelé à "décreter l'Etat d'urgence climatique. Face au manque d'ambition et de mesures concrètes des gouvernements, c'est désormais à la société civile de gagner des batailles décisives sur le climat dans les quelques années à venir. Il nous faut continuer à  développer les alternatives qui sont déjà à notre portée, mais aussi empêcher les projets climaticides et les fausses solutions en agissant de manière non-violente et déterminée et en entrant en désobéissance civile. "

La foule des manifestants s'est dispersée dans le calme à partir de 16h30, pendant que les nombreux bénévoles nettoyaient le Champ-de-Mars et réhabilitaient même le Mur de la Paix, laissé à l'abandon et livré aux mauvaises herbes, triste symbole d'un monde où le profit et la guerre mobilisent bien plus d'énergies que la paix, la justice sociale et la transition écologique.

 

Photos ci-jointes libres de droits

 


(*) Ce rassemblement est organisé à l'initiative des collectifs suivants :
Amis de la Terre France, Alternatiba, Action Non Violente COP21, Attac France, Bizi!, Confédération Paysanne, Coordination de l’Action Non-Violente de l’Arche, Coordination Nationale Pas Sans Nous, Droit Devant !!, Ecologistas en Acción, Emmaüs Lescar Pau, End Ecocide, Mouvement pour une Alternative Non-Violente, UNEF et Via Campesina

 

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 10:42

Réaction d’Attac France au nouveau texte, jeudi 10 décembre 2015, sur le site d'Attac

Après dix jours de négociations au Bourget, un texte proche de celui qui devrait être adopté était attendu. Or le nouveau texte de 29 pages n’est pas encore celui-là ! L’essentiel des sujets traduisant les enjeux politiques de la négociation sont encore en discussion. Le texte comporte toujours en effet des options différentes pour les sujets de la différenciation des engagements, du financement, des objectifs à long terme de réduction des émissions, du niveau et des sujets de contrainte juridique. Cela fait beaucoup !

Nous savons cependant qu’il existe une option lourde, derrière le rideau d’un processus apparemment très lisse et d’une diplomatie bien rodée : le texte final va-t-il entériner la position des États-unis et de leurs alliés ?

Après avoir supprimé toute contrainte sur les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre et après avoir sorti des négociations les niveaux d’émission, l’avantage pourrait être poussé encore un peu plus loin : un inventaire des engagements serait réalisé tous les cinq ans après 2020 mais avec une révision des engagements non contraignante ; les financements eux-mêmes pourraient être laissés à l’appréciation des États et des fonds financiers.

Pour Geneviève Azam, économiste et porte parole d’Attac, « par un jeu de vocabulaire, l’accord de Paris, « universel contraignant » pourrait accomplir la volonté d’en finir avec un des piliers de la Convention de 1992 et du protocole de Kyoto : la responsabilité climatique est commune mais différenciée, elle suppose des engagements contraignants pour les pays les plus pollueurs, aussi bien en termes de niveau d’émission que de financement. Si tel était le cas, après plus de vingt ans de flottement, c’est l’autre pilier de la convention qui s’imposerait sans partage, celui de la soumission des objectifs climatiques aux règles du libre-échange et des marchés financiers ».

Pour Maxime Combes, économiste et porte-parole d’Attac France sur les enjeux climatiques, « le projet d’accord pourrait entériner un réchauffement climatique supérieur à 3 °C, sans qu’il n’y ait de perspective d’amélioration dans les prochaines années, accentuant le décalage abyssal entre l’objectif affiché et la réalité du réchauffement, entre la bulle des négociations et l’état d’urgence climatique auquel sont confrontées les populations les plus vulnérables ; la présidence française voulait un accord juste, ambitieux, équilibré et juridiquement contraignant, c’est pas gagné »

Et lire surtout  Note de décryptage Attac du 8 décembre. : présentation de la pire et de la moins mauvaise des options dans le texte en cours de négociation et des options absentes du texte.

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 09:16
Appel à un rassemblement déclarant l’état d'urgence climatique

Dans le contexte d'état d'urgence et à quelques jours de la fin de la COP21, il est plus que jamais temps de déclarer l'urgence climatique et exprimer publiquement notre détermination à exiger un accord ambitieux et contraignant pour le climat.
Ci-dessous l'appel à rassemblement pour le 12 décembre à 14h00, sur le Champ de Mars, devant la Tour Eiffel, lancé par plusieurs organisations pour déclarer l'état d'urgence climatique
http://urgenceclimatique.wesign.it/fr  (événement Facebook : https://www.facebook.com/events/1526849980974595/ ). Nous soutenons l'appel et le rassemblement, qui sera suivi d'un "meeting" au stade Charlety.

Appel à un rassemblement déclarant l’état    d'urgence climatique
Samedi 12 décembre à 14h au Champ de Mars devant la Tour Eiffel

Nous, Amis de la Terre France, Alternatiba, Action Non Violente COP21, Bizi, Confédération Paysanne, Coordination de l’Action Non-Violente de l’Arche, Mouvement pour une Alternative Non-Violente, Collectif National Pas Sans Nous, Emmaüs Lescar Pau, Unef appelons à un rassemblement massif, pacifique et déterminé déclarant l’état d’urgence climatique ce samedi 12 décembre à 14h à Paris, sur le Champ-de-Mars, devant la Tour Eiffel.

Nous vous appelons à signer et relayer massivement la pétition appelant à ce rassemblement et à se mobiliser massivement samedi prochain sur le Champ de Mars devant la Tour Eiffel.

Mobilisé-e-s par l’urgence climatique, l’exigence de justice sociale, la lutte contre toutes les formes de domination et la protection des populations affectées, nous sommes hautement préoccupé-e-s par le déroulement actuel de la COP21. Alors que ce sommet international avait pour mission d’aboutir à un accord permettant de stabiliser le climat, tout indique qu’il n’en sera rien.

Les engagements actés de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ne garantissent aucunement une stabilisation de la température moyenne au-dessous du seuil de +2°C à l’horizon 2100. Au contraire, ils nous mènent vers un dérèglement de plus de 3°C, nous faisant franchir les seuils irréversibles et incontrôlables d’emballement du climat. L’absence de mesures suffisantes et contraignantes pouvant être mises en place entre 2015 et 2020, renforce la certitude de franchir ces seuils, et pose les bases d’un véritable crime contre l’humanité. En outre, la facture humaine que nous devrons payer est alourdie par l’insuffisance criante de financements propres permettant aux pays et populations les plus vulnérables de se protéger contre les conséquences catastrophiques du dérèglement climatique en cours et à venir.

Aujourd’hui, les chefs d’État du monde entier, et notamment les États du Nord, ne sont pas à la hauteur du défi et de leur responsabilité historique dans ce moment décisif pour notre avenir commun. Or, les climatologues le confirment, il ne nous reste plus que quelques années pour agir.

On ne peut pas nous demander d’accepter l’inacceptable ! Nous devons alerter la population mondiale sur ce qui se joue à Paris. En invitant tout d’abord l’ensemble de la société civile à renforcer les alternatives et solidarités concrètes permettant de réduire immédiatement les facteurs de dérèglement et d’augmenter nos capacités à faire face à leurs effets. En appelant ensuite à la mise en place d’une vaste mobilisation citoyenne, interpellant sans relâche au cours des années à venir les dirigeant-e-s politiques et économiques en vue de changer le cours des choses pendant qu’il est encore temps.

Le samedi 12 décembre à 14 heures sur le Champ de Mars devant la Tour Eiffel nous constituerons de très larges chaînes humaines, portant les messages d’alerte et de mobilisation que nous adresserons aux peuples du monde. Les murs que nous ferons tomber ensemble deviendront des ponts. Nous aurons le visage découvert, comme signe de notre participation strictement non-violente à ce rassemblement.

Samedi, toutes et tous à Paris pour déclarer l'état d'urgence climatique !

 

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