Contre l'incinération
Mettons cette question de l'usine de méthanisation en projet à Romainville en rapport avec ceci :
450 associations locales ou nationales opposées à l'incinération ont présenté, ce 6 avril 2012, lors d’une conférence de presse, la Coordination nationale contre l’incinération des déchets ménagers (CNCIDM). Dans le cadre des élections présidentielles, 4 d'entre elles, Agir pour l’environnement, Les Amis de la Terre, le Réseau Action Climat (RAC) et le Centre National d'Information Indépendante sur le Déchets (Cniid), ont décidé de faire leur tri électif et ont rendu récemment publiques leurs Propositions Vers une nouvelle et nécessaire politique des déchets à destination des candidats, alors même que les préoccupations environnementales ne semblent plus d’actualité dans le débat politique.
« Pourtant, la gestion des déchets se situe aujourd’hui à la croisée de plusieurs enjeux écologiques et économiques majeurs, à commencer par la raréfaction des ressources naturelles et les changements climatiques. C’est pourquoi, ce document élaboré par les associations, vise à interpeller celles et ceux qui seront amené(e)s demain à mettre en œuvre les changements nécessaires, en les encourageant à réfléchir à la manière de réorienter nos processus de production vers des produits éco-conçus, moins gourmands en énergie et en ressources naturelles, et surtout moins générateurs de déchets. Ces propositions visent aussi à améliorer la transparence d’un secteur où les intérêts privés passent avant l’intérêt collectif.
Les mesures proposées s’articulent autour de 4 axes d’amélioration :
-
L’adoption d’une loi sur la durabilité des produits afin de réduire les déchets à la source
-
Le détournement des déchets de l’incinération et de la mise en décharge
-
La réforme de la fiscalité sur le traitement des déchets
-
L’amélioration de la gouvernance et de la transparence en matière de gestion des déchets
Les 10 candidats ont été invités à exprimer leurs positions et propositions sur la politique déchets, qui seront rendues publiques avant le premier tour des élections. Nous espérons qu’ils auront bien compris l’importance de repenser la gestion des déchets pour qu’elle soit génératrice de bénéfices sociaux, économiques et environnementaux.
Face à un Grenelle de l’environnement qui, il y a bientôt cinq ans, n’a apporté que peu de retombées concluantes, il est de notre rôle de faire que ce quinquennat débute par une refonte globale de la politique déchets. Et la marge de manœuvre est importante : si la France atteignait le taux de recyclage de son voisin allemand, elle pourrait fermer théoriquement la moitié de ses décharges et de ses incinérateurs. »
Les réponses d'Eva Joly
Parmi les réponses à ce questionnaire des différents partis auxquels appartiennent les élus de ce territoire, voici les réponses des écologistes à travers leur candidate, Eva Joly, et bien entendu, nous les faisons nôtres.
« C'est avec plaisir que je réponds à vos questions, qui me permettent tout d'abord de saluer les militants du village de citoyens résistants qui m'ont si chaleureusement reçus au mois d'août lors des journées d'été d'Europe Ecologie Les Verts à Clermont-Ferrand.
Question 1- la mise en œuvre dès 2012 d’une politique de sortie de l’incinération des déchets.
Très clairement oui. Je défends dans mon projet présidentiel « la refonte de la législation sur les déchets, un plan de fermeture progressive des incinérateurs, à mesure de la montée en puissance des filières alternatives » .
Question 2 - légiférer de façon contraignante afin d’interdire que les déchets recyclables, y
compris les DIB, soient brûlés dans les incinérateurs.
Vue la finitude des matières premières sur notre planète et leur surconsommation actuelle, je vous réponds oui bien évidemment. Pour ce qui est des DIB (Déchets Industriels Banals) qui sont aussi des plastiques, du bois, du carton..., je prévois dans mon projet « le suivi des déchets de construction sera mis en œuvre pour garantir leur tri et leur recyclage ».
Question 3 - interdire l’utilisation des mâchefers d’incinération des déchets en sous-couche
routière ou dans d'autres chantiers.
Chargés en métaux lourds et en dioxines, les mâchefers d'incinération n'ont rien à faire en sous-couches routières puisqu'avec les eaux de ruissellement, ils répandent leurs poisons dans la nature au péril de la santé et de l'alimentation.
Question 4 - le contrôle des installations existantes réalisé de façon inopinée et délégué à des commissions totalement indépendantes des exploitants d’incinérateurs et des pouvoirs publics.
Vous connaissez mon opiniâtreté pour l'indépendance de la justice ; de même que pour le nucléaire, il faut que la garantie d'indépendance des contrôleurs d'installations dangereuses soit assurée, et vérifier les déclarations d'intérêt et de protocoles.
Question 5 - un moratoire sur la construction d’incinérateurs ou sur l’extension des incinérateurs déjà existants.
Mon plan de fermeture progressive des incinérateurs implique bien sûr de tout faire pour éviter leur construction ou leur extension. A cause de la santé en effet, mais aussi pour des raisons écologiques qui demandent de réduire, trier et recycler les déchets.
Question 6 - études du type de celle de l’INVS (Institut National de Veille Sanitaire) réalisées suffisamment à distance de la mise en oeuvre des nouvelles normes, quinze années minimum, afin que la démonstration de l’innocuité totale pour la santé humaine soit probante.
Je préconise la création d'un Institut national de recherche en santé environnementale. Pour les pesticides, les pollutions électromagnétiques, comme pour les molécules issues de l'incinération, l'objectif est d'anticiper les risques liées à la diffusion des produits dont la dangerosité est établie, ou suspectée, quels que soient les taux des normes, du fait de leur accumulation.
Question 7 - Autour des incinérateurs existants et de ceux en construction, mise en place de registre départemental cancers.
Le nombre de cancers évolue de façon effroyable. Je suis pour la mise en place de registres départementaux Cancers dans toute la France, afin que l'Institut national de recherche en santé environnementale que je préconise ait les données pour combattre ce fléau du XXIème siècle.
Question 8 - un débat national, démocratique et transparent sur la gestion des déchets.
Comme vous, les écologistes sont convaincus de l'intérêt et de la faisabilité de ce que nous appelons les alternatives à l'incinération. Il faut en débattre, convaincre, lors des révisions des plans départementaux ; mais aussi à l'échelle nationale, sur la question des déchets comme sur d'autres, je suis pour un dialogue environnemental avec les acteurs de la société civile, les ONG, les collectivités locales.
Question 9 - légiférer de façon contraignante sur la réduction des déchets à la source. Adopter une loi générale sur la durabilité des produits. Interdiction des sacs plastiques.
En tant que candidate porteuse du projet écologiste, j'ai aussi pour objectif l'éco-conception des produits, leur non obsolescence, la réduction drastique des suremballages. Le pétrole est en train de devenir rare et il y a bien mieux à en faire que des sacs plastiques.
Question 10 - un amendement à la loi du 27 juin 2002 qui donne un échéancier aux conseils généraux et aux syndicats intercommunaux pour accélérer le tri et le recyclage de toutes les matières recyclables, en premier lieu les déchets organiques compte tenu qu’ils sont source de gros problèmes dans les phases ultérieures du traitement des déchets.
Il y a dans tous les départements des plans de prévention qui se mettent en place. Ils sont souvent bien timides aux yeux des écologistes. A la suite d'un débat et du dialogue environnemental que je préconise qui permettra un diagnostic partagé de la situation, nous pourrons établir un calendrier et des taux de détournement plus ambitieux. Pour notre part, un taux de 60 à 70 % devrait être atteint.
Pour ce qui est des déchets organiques, contrairement à nos voisins, la France commence seulement à découvrir l'intérêt de la méthanisation et du compostage, ce qui apporte valorisation énergétique et agronomique. C'est pourquoi, il faut les collecter à part et développer cette filière.
Question 11 - la mise en place de la redevance incitative, avec correctif social, afin de mieux trier.
Je suis tout à fait pour remplacer la taxe d'enlèvement des ordures ménagères par une redevance incitative, pour appeler les citoyens à mieux trier. Une telle redevance, au poids, ou au nombre de bacs levés permettra un paiement inversement proportionnel à la quantité de déchets à enfouir. De façon générale, je prône une tarification progressive de l'électricité, du gaz et de l'eau, pour
décourager le gaspillage.
Question 12 - que les collectivités renoncent aux DSP et aux marchés globaux, pour des
prestations de service ou un travail en régie.
De façon générale, je suis pour créer un droit de regard sur la gestion de l'entreprise délégataire d'une DSP. Pour ce qui est des déchets ménagers, en effet, il est nettement préférable que les collectivités ne s'en remettent pas aux grands groupes multinationaux qui n'attendent que des volumes de plus en plus grands non triés pour les enfouir ou les incinérer. Je partage les réflexions que vous avez écrites dans votre manifeste : les collectivités peuvent mettre en place des régies, des prestations de service pour garder la main sur leurs déchets, leur devenir et... la vente de ce qui est recyclé ou valorisé.
Amitiés écologiques, Eva Joly »
Voila ce qui guide les écologistes Europe Ecologie Les Verts des villes proches et d'Est Ensemble dans leur action sur le projet d'usine de tri-méthanisation à Romainville.
commenter cet article …