Alors que les opposants à la loi Travail ont manifesté dans toute la France ce mardi, Reporterre a demandé à neuf chercheurs, syndicalistes et associatifs de proposer d’autres réformes que la flexibilisation pour lutter contre le chômage. Voici les bonnes idées des Pinçon-Charlot, de Philippe Bihouix, Pablo Servigne et d’autres analystes. Par Lorène Lavocat le 12 septembre 2017 pour Reporterre. Nous diffuserons ces bonnes idées sur plusieurs articles. Lire aussi Réforme du marché du travail : des mesures idéologiques sans effets sur l’emploi et de graves reculs des droits des salariés.
Ce mardi 12 septembre, plusieurs organisation syndicales et associations manifestent « pour refuser les ordonnances de destruction sociale ». Reporterre a déjà abordé le contenu de ces textes « pour le renforcement du dialogue social » qui doivent être adoptés par le Conseil des ministres le 22 septembre. Aujourd’hui, nous avons souhaité vous présenter des réformes alternatives pour « lutter contre le chômage de masse », suivant l’objectif affiché par Emmanuel Macron.
Et, puisque pour le président, les opposants aux ordonnances ne sont que des « fainéants », des « cyniques », des « extrêmes » qui ne proposent rien, nous avons demandé à neuf personnes — chercheurs, syndicalistes, associatifs — de nous donner « leur » mesure pour créer des emplois. Voici leurs idées.
- « Mettre fin au CICE et au Pacte de responsabilité pour réorienter les fonds publics vers d’autres politiques d’emploi plus efficaces », par Michel et Monique Pinçon-Charlot.
- « Basculer les charges sociales vers une fiscalité écologique », par Philippe Bihouix.
- « Relancer le débat public sur la réduction du temps de travail », par Aurore Lalucq.
- « Mettre en place des aides à la reconversion pour créer des millions d’emplois paysans », par Pablo Servigne.
- « Soutenir l’économie sociale et solidaire », par Mireille Bruyère.
- « Renforcer la lutte contre les discriminations raciales et sexistes au travail », par Omar Slaouti.
- « Investir dans les secteurs du bien-être social et de la transition écologique », par François-Xavier Devetter.
- « Créer une vraie sécurité sociale professionnelle pour accompagner la transition écologique de notre modèle productif », par Julien Rivoire.
Aujourd'hui :
Michel et Monique Pinçon-Charlot : « Mettre fin au CICE et au Pacte de responsabilité pour réorienter les fonds publics vers d’autres politiques d’emploi plus efficaces. »
Michel et Monique Pinçon-Charlot sont sociologues, auteurs de nombreux ouvrages consacrés aux classes riches, notamment Les Prédateurs au pouvoir. Main basse sur notre avenir, publié cette année.
La France est devenue le plus gros payeur de dividendes en Europe avec 33,9 milliards d’euros versés, au deuxième trimestre 2017, aux actionnaires, selon l’indice Janus Henderson Global. Le patron de l’entreprise Radiall, Pierre Gattaz, lobbyiste en chef du Medef, vient de s’acheter un domaine dans le Lubéron pour 11 millions d’euros. Emmanuel Macron, le porte-parole du Medef à l’Élysée, ne pouvait donc pas donner d’autre signe d’allégeance à ses camarades de classe, les soi-disant « créateurs de richesse », que de pilonner les travailleurs, transformés eux en « coûts » et en « charges », en leur enlevant encore plus de protections et de droits.
Pierre Gattaz s’était engagé en 2014 à créer 1 million d’emplois en échange du « Pacte de responsabilité », conçu par Emmanuel Macron, alors secrétaire général adjoint de l’Élysée. Ce pacte diabolique représentait 40 milliards d’euros de prélèvements en moins pour les entreprises sur 3 ans. Aucun contrôle n’étant prévu par le couple Hollande-Macron, le million d’emplois n’a jamais vu le jour. Il en a été de même pour le Crédit impôt compétitivité emploi (CICE), dont le coût est estimé à 33 milliards d’euros pour les années 2013 et 2014, toujours, donc, sans contrepartie. Aussi n’avons-nous pas été étonnés d’apprendre, par le Canard enchaîné du 6 mai 2014, que l’augmentation des dividendes versés, en 2013, aux actionnaires de l’entreprise Radiall, dirigée par Pierre Gattaz, soit 646.843 €, correspond aux trois quarts de ce que l’entreprise du patron du Medef a perçu au titre du CICE. Ces milliards d’euros perçus indûment doivent impérativement être restitués dans les caisses de l’État pour créer des emplois !
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