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8 décembre 2016 4 08 /12 /décembre /2016 15:35

L’opportunité et l’efficacité de la circulation alternée déclenchée à Paris et à Lyon fait polémique. Les mesures de fond, elles, se font toujours attendre. Par Richard Schittly (correspondant à Lyon), Laetitia Van Eeckhout et Sophie Landrin pour Le Monde le 8 décembre 2016.

À Paris, ici le 6 décembre, le niveau de concentration en particules fines reste très élevé, malgré les mesures mises en place. Christophe Ena / AP

À Paris, ici le 6 décembre, le niveau de concentration en particules fines reste très élevé, malgré les mesures mises en place. Christophe Ena / AP

Une partie de la France est plongée dans un brouillard de particules fines et la situation va perdurer. Il s’agit du plus long et du plus intense pic de pollution hivernal depuis dix ans, qui met en lumière l’inertie des pouvoirs publics. Le phénomène, qui frappe essentiellement les zones urbaines, est peu lié à des transferts de pollution entre régions ou depuis l’étranger, mais à des conditions anticycloniques installées sur l’Hexagone et sur une large partie de l’Europe de l’Ouest. Elles entraînent la stabilité des masses d’air et favorisent l’accumulation des polluants locaux près du sol.

À Paris, la faiblesse du vent, de 5 à 6 km/heure tout au plus, provoque, en soirée et tôt le matin, une concentration des particules fines émises par le trafic routier, certaines installations industrielles mais aussi le chauffage, en particulier au bois. S’y ajoute un phénomène d’inversion des températures – l’air à proximité du sol est plus froid que celui de l’atmosphère – qui piège les polluants au sol (particules fines, dioxyde d’azote) comme sous un couvercle.

Pour le troisième jour consécutif, la Préfecture de police de Paris a reconduit, jeudi 8 décembre dans la capitale et dans vingt-deux communes de la petite couronne, le principe de la circulation alternée et de la gratuité des transports en commun. Airparif, l’observatoire de qualité de l’air en Ile-de-France, prévoit en effet un nouveau dépassement du seuil d’alerte (80 microgrammes par mètre cube d’air) des concentrations en particules fines.

Difficultés dans les transports en commun

La capitale n’est pas la seule touchée. Marseille, Avignon, Rouen, Grenoble ou la vallée de l’Arve sont aussi affectées. À Lyon et à Villeurbanne, où le seuil critique de 80 µg/m3 risque d’être dépassé dans les prochains jours, le préfet de région, Michel Delpuech, s’est également résolu à appliquer la circulation alternée. La mesure entrera en vigueur vendredi 9 décembre. Des dispositifs préfectoraux, comme la réduction de vitesse ou la limitation de certaines activités industrielles, avaient été pris dans le passé. Mais c’est bien la première fois que l’autorité préfectorale décide de restreindre la circulation automobile.

La mesure fait polémique. À Paris comme à Lyon, elle vient s’ajouter à des difficultés dans les transports en commun. À Lyon, ils sont affectés par une grève, alors que la ville s’apprête à célébrer la fête des Lumières, prévue du 8 au 10 décembre, une manifestation qui draine traditionnellement plusieurs millions de visiteurs. Le débat est vif sur la nécessité d’imposer la gratuité des transports. Le préfet y est favorable, la métropole dirigée par Gérard Collomb (PS) s’y oppose.

Dans la capitale, de fortes perturbations sur le réseau SNCF ont mis en doute l’utilité des restrictions du trafic automobile. Les usagers ont dû faire face mercredi à une nouvelle série noire, avec un arrachage de caténaire qui a interrompu tout le trafic au départ de la gare du Nord, après un incident similaire sur le RER B la veille. Au point que la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a demandé, mercredi, la suspension de la circulation alternée « tant que la situation ne sera pas revenue à la normale » sur le réseau SNCF.

L’épisode de pollution a relancé l’opposition entre la municipalité parisienne et la région, qui s’affrontent depuis plusieurs mois sur la question de la circulation automobile et sur le dossier de la fermeture des voies sur berge.

Sur les transports en commun, « il y a eu de gros problèmes », a rétorqué la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, « c’est à la région de s’en occuper. Je demande à la présidente de la région de se consacrer à sa tâche plutôt que d’être toujours en train de polémiquer sur d’autres sujets ». « Les perturbations sur le réseau SNCF ne justifient pas que la mesure soit suspendue, appuie Christophe Najdovski, adjoint (Europe Ecologie-Les Verts) à la maire de Paris chargé des transports. La santé publique reste la priorité. Abandonner à la moindre difficulté la lutte contre la pollution de l’air serait un aveu d’impuissance. »

Sanctions peu dissuasives

Une chose est sûre, dans l’agglomération parisienne, le dispositif de circulation alternée qui inclut de nombreuses dérogations a été peu respecté. L’agence de la qualité de l’air n’a enregistré, mardi, qu’une baisse de 5 % à 10 % du trafic par rapport à une journée habituelle. Le niveau de concentration en particules fines est resté très élevé, atteignant plus de 100 µg/m3 en moyenne, quatre à cinq fois plus qu’à l’ordinaire.

En mars 2014, le dispositif avait été mieux suivi et avait permis de réduire le trafic routier de 18 % à Paris et de 13 % dans la petite couronne. Résultat : la concentration de particules fines PM10 (d’un diamètre inférieur à 10 microns) avait diminué en moyenne de 6 % et celle de dioxyde d’azote de 10 %. Aux heures de pointe, ces baisses étaient plus importantes, jusqu’à – 20 %.

« La circulation alternée ne résout pas tout, mais peut avoir une certaine efficacité face à un pic pourvu qu’elle soit respectée », défend M. Najdovski, qui réclame une intensification de la surveillance. Mardi, 10 249 véhicules ont été contrôlés et 4 064 ont fait l’objet d’une verbalisation, des chiffres en baisse mercredi. Mais les sanctions sont relativement peu dissuasives. Les automobilistes en infraction sont passibles d’une amende de deuxième classe de 35 euros, ramenée à 22 euros si elle est payée immédiatement.

Évidentes limites

La circulation alternée présente d’évidentes limites car elle ne vise pas les véhicules les plus polluants. La municipalité parisienne a décidé de les éliminer progressivement d’ici à 2020 et de mettre en place une zone de circulation restreinte. À compter du 16 janvier 2017, pour circuler dans Paris, les voitures devront arborer sur leur pare-brise une vignette de couleur témoignant de son niveau de pollution, la Crit’air. Avec ces pastilles, les pouvoirs publics pourront agir plus efficacement lors des pics de pollution en ne laissant rouler que les véhicules électriques et de normes Euro récentes.

D’autres décisions urgentes s’imposent concernant les émissions liées au chauffage au bois, aux activités industrielles et agricoles, au développement des transports en commun et à la conversion du parc automobile pour supprimer les véhicules les plus polluants, notamment les diesel. À l’étranger, des capitales comme Londres, Stockholm, Oslo ou Dublin ont notamment instauré un péage urbain pour décongestionner leur centre-ville.

La France n’a pas pris la mesure des enjeux sanitaires de la pollution de l’air qui provoque chaque année 48 000 décès et coûte à la société 101 milliards d’euros par an. Les gouvernements successifs ont durant des années subventionné la motorisation la plus polluante, faisant de l’Hexagone le champion du diesel. Le silence de Ségolène Royal, la ministre de l’environnement, depuis le début de l’épisode de pollution actuel, est l’illustration s’il le fallait de l’immobilisme du gouvernement.

Météo France prévoit durant le week-end une petite perturbation et un léger renforcement du vent sur le nord de la France qui permettra de faire retomber temporairement les niveaux de pollution. Mais un temps sec et peu venteux devrait se réinstaller ensuite pour une quinzaine de jours.

La gare Montparnasse à Paris le 7 décembre. FRANCOIS MORI/ AP

La gare Montparnasse à Paris le 7 décembre. FRANCOIS MORI/ AP

« Davantage que les pics, la pollution chronique a le plus fort impact sur la santé »

À Paris, entre 2007 et 2010, les pics ont été responsables de 7 % de la mortalité et des hospitalisations cardiaques liées à la pollution de l’air, les 93 % restantes étant provoquées par la pollution quotidienne. Sylvia Medina, médecin épidémiologiste, responsable du programme de surveillance air et santé à Santé publique France, étudie depuis des années l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique. Entretien par Audrey Garric pour Le Monde le 8 décembre 2016.

Quels sont les effets pour la santé de la pollution de l’air ?

À court terme, la pollution va entraîner des symptômes plutôt bénins, comme des toux, des gênes respiratoires légères, des irritations des yeux et de la gorge. Les personnes qui ont des problèmes de santé, qui sont âgées, ou qui sont plus exposées à la pollution que d’autres, peuvent nécessiter un recours aux soins pour des affections respiratoires ou cardio-vasculaires et, dans les cas les plus graves, des décès peuvent survenir.

À long terme, c’est-à-dire au-delà de quelques mois, la pollution peut induire des maladies chroniques, respiratoires ou cardio-vasculaires, telles que des cancers du poumon ou des coronaropathies (famille des infarctus du myocarde). Elle a aussi des effets chez les femmes enceintes, comme des naissances prématurées car les particules fines peuvent traverser la barrière placentaire. Elle peut avoir également des conséquences sur la fonction cognitive de l’enfant, et des maladies neurologiques chez les personnes âgées. Dans les cas les plus graves, la pollution peut conduire à une réduction de l’espérance de vie et à des décès.

Quel est l’impact sur la mortalité ?

En France, la pollution due aux particules fines entraîne 48 000 décès par an, soit 9 % de la mortalité, selon l’étude que nous avons publiée en juin. Cela équivaut, dans les villes les plus polluées, jusqu’à deux ans de perte d’espérance de vie. C’est autant que les décès dus à l’alcool et deux tiers de ceux liés au tabac (78 000 morts par an).

De quelle manière les polluants affectent-ils l’organisme ?

Les particules fines, qui sont les polluants les plus étudiés, vont aller jusqu’au fond des poumons, dans les alvéoles, puis dans la circulation sanguine. À partir de là, tous les organes sont susceptibles d’être affectés. Les PM10 (d’un diamètre inférieur à 10 micromètres) et les PM2,5 (2,5 microns) entraînent des inflammations répétées, conduisant à une irritation chronique qui peut aller jusqu’à la mutation cellulaire. C’est pourquoi les particules fines sont classées comme cancérogènes certains pour l’homme par l’Organisation mondiale de la santé.

Les pics de pollution sont-ils les plus dangereux pour la santé ?

Ces pics affectent bien sûr la santé mais seulement quelques jours par an. C’est la pollution chronique, tout le reste de l’année, qui a l’impact le plus important pour notre organisme. Le seuil d’alerte, déclenché à partir de 80 microgrammes de PM10 par mètre cube d’air, a ainsi été dépassé un jour à Bordeaux et à Toulouse, 7 à Marseille, 10 à Paris, 23 à Lyon et 28 à Lille entre 2007 et 2010. Sur cette période, à Paris, ces pics ont été responsables de 7 % de la mortalité et des hospitalisations cardiaques liées à la pollution de l’air, les 93 % restantes étant provoquées par la pollution quotidienne, lors de laquelle le seuil d’alerte n’est pas déclenché mais où les polluants atmosphériques sont bel et bien présents. À Bordeaux, l’incidence liée aux pics de pollution est de 1 % et à Nancy 15 % – le maximum de notre étude.

Peut-on connaître l’impact de l’épisode actuel de pollution ?

Il est impossible de fournir en temps réel une analyse robuste de l’impact de la pollution sur la santé. Les conséquences apparaîtront peut-être dans nos indicateurs dans une ou deux semaines ; et même si, dans notre dispositif de surveillance, nous détectons, par exemple, une augmentation des consultations pour causes respiratoires, cela peut être lié au froid et aux viroses respiratoires, normales à cette période de l’année.

On fait donc des analyses rétrospectives sur plusieurs années, sur les dernières données de santé disponibles. Nous faisons alors tourner des modèles dans lesquels on contrôle les facteurs de confusion potentiels que sont, entre autres, la température, les pollens au printemps ou les virus l’hiver, pour être sûrs de pouvoir isoler l’impact de la pollution sur la mortalité.

Quelles actions peut-on mettre en place pour réduire la pollution ?

En termes de prévention, il faut agir sur toutes les sources de pollution – le chauffage, la circulation routière, les pollutions agricole et industrielle – et à toutes les échelles, réglementaire, collective et individuelle.

Comment se protéger ?

Les personnes les plus vulnérables doivent davantage se protéger, à savoir les femmes enceintes, les enfants de moins de cinq ans, les personnes âgées ou celles qui souffrent de maladies chroniques. Il s’agit d’éviter les sorties aux heures de pointe du trafic routier, ainsi que tout effort physique qui ne serait pas indispensable. Il ne faut pour autant pas se calfeutrer chez soi mais continuer à ventiler son logement et à marcher, si possible aux endroits les moins exposés.

Les sportifs ou les personnes qui travaillent en extérieur doivent également faire plus attention, en limitant leur effort physique et en s’éloignant des sources de pollution. Reste que faire du vélo s’avère plus bénéfique qu’être dans une voiture ou ne pas bouger.

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