José Bové revient sur les déclarations du Secrétaire d’État français au commerce annonçant que la France demanderait à ses homologues européens l’arrêt des négociations du traité de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis. L’eurodéputé demande qu’en toute cohérence l’accord avec le Canada (CETA) ne soit pas ratifié.
Mathias Fekl, Secrétaire d’État au Commerce extérieur, a annoncé ce matin qu’il demande à la Commission européenne de stopper les négociations pour la mise en place d’un accord commercial de libre-échange avec les États-Unis. Il rejoint l’Allemagne, qui a déclaré l’échec des négociations ce weekend. La mobilisation européenne massive a finalement payé, je m’en félicite. Après cette victoire nous devons maintenir la pression sur le Secrétaire d’État du Commerce extérieur pour qu’il s’oppose aussi à la signature de l’Accord avec le Canada, le CETA.
Les négociations avec le Canada sont calamiteuses. Sur le volet agricole, elles vont mettre en danger l’élevage extensif dans les zones de montagne. Avons-nous réellement besoin d’importer de la viande de bœuf produite au Canada ? À cette question de bon sens, Monsieur Fekl n’a pas de réponse convaincante. Les agriculteurs canadiens qui sont relativement protégés par un système de régulation des volumes, vont être ensevelis par la vague blanche européenne de lait. Des deux côtés de l’Atlantique les petits paysans seront éliminés.
Les consommateurs et les citoyens européens se sont mobilisés ces dernières années contre la course au productivisme en agriculture. Leur détermination a débouché sur des victoires _ qui n’ont rien de symbolique _ comme l’absence de culture d’OGM dans pratiquement tous les pays de l’UE, l’interdiction d’utiliser des hormones de croissance dans l’élevage bovin ou le coup d’arrêt au glyphosate. L’Europe applique, parfois contrainte et forcée, un principe de précaution dont le gouvernement canadien n’a que faire. Il n’est pas possible d’uniformiser nos standards de consommation.
Autre raison fondamentale à mon opposition à cet Accord, le peu de cas qui est fait de la protection des Appellations d’Origine Contrôlées. Sur 1400 AOP, l’Europe n’a réussi à en faire reconnaitre que 140, soit 10%. Le score final sur ce dossier est sans appel : Canada 9 - Union européenne 1. Aucun entraineur n’oserait qualifier cela de réussite. Lactalis a déposé la marque FETA Président aux États-Unis et se tient prêt à couper les pattes aux paysans grecs. Ceci est totalement inadmissible.
Enfin pour couronner le tout, la mise en place d’un système de tribunaux arbitraux permettant aux entreprises d’attaquer les législations des États et de l’Union européenne est maintenue avec quelques correctifs mineurs. De nombreuses entreprises globales américaines ont une filiale au Canada et pourront utiliser ce dispositif pour remettre en cause des avancées sociales ou environnementales. Peu étonnant dans ces conditions que le TAFTA soit arrêté : elles n’en ont plus vraiment besoin.
Mi-octobre, je me rendrai au Canada à l’invitation de Maud Barlow et du Conseil des Canadiens. Là-bas comme ici, les gens ne veulent pas de cet accord de libre-échange. Nous avons coulé le TAFTA. Il nous reste deux mois pour couler le CETA.
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